mercredi 15 juillet 2015 - par Boogie_Five

« L’Europe Allemande » ou le retour des nationalismes européens

L’Europe Allemande ou le retour du Drang nach Osten (Marche vers l’est)

 

  L’Allemagne du XXIème siècle renoue avec sa dynamique géopolitique qui s’était momentanément interrompue pendant la Guerre Froide. Depuis la réunification en 1990, l’Allemagne n’a cessé d’étendre son influence, de la France à la Russie en passant aujourd’hui par la Grèce. Première puissance continentale, grâce à l’élargissement de l’Union Européenne et la mise en place de l’Euro, elle a déplacé le centre de gravité géopolitique depuis la capitale bruxelloise vers Berlin et Francfort, d’où partent désormais les grandes impulsions de l’histoire européenne.

  Paradoxalement, il a fallu attendre qu’elle soit en grande partie démilitarisée et neutralisée diplomatiquement pour que se réalise enfin sa stratégie d’expansion vers l’est, en faisant des partenariats économiques et non plus en suscitant des conflits dans les nations slaves. Les rapports entre l’Allemagne et la Russie, si problématiques jusqu’en 1990, se sont pacifiés et ont laissé place à une entente implicite sur le partage des aires d’influence en Europe de l’Est, dont les « frontières » restent bien floues, étant donné la situation en Ukraine et la méfiance des pays slaves, autrefois sous domination soviétique, envers le nationalisme du régime de Vladimir Poutine. 

  Dépourvue de la force armée digne d’une grande puissance, pour étendre son influence l’Allemagne s’en est remise à une stratégie offensive sur le plan économique qui a fini par dominer les institutions européennes. Prenant appui sur les exportations industrielles et l’approvisionnement énergétique venant de Russie, l’Allemagne a construit une nouvelle machine de guerre économique qui a une portée mondiale, sans même besoin d’égaler la puissance financière des banques françaises et anglaises. Riche de ses excédents en exportation, l’Allemagne, avec ses alliés germanophones, déterminent en grande partie le cours de l’Euro, les taux d’intérêt européens, le montant des investissements publics, les réformes structurelles dans les pays de l’Union, et grâce à son poids démographique, elle domine aussi la composition et les décisions de la Commission, du Parlement et du Conseil européens. En dehors de la force militaire et diplomatique, sa domination est presque totale sur le continent.

  Les différents sur la question des dettes souveraines sont liés aux divergences géopolitiques sous-jacentes qui travaillent l’Union Européenne et risquent de la disloquer. Là où un problème économique est révélé, une différentiation spatiale est à l’œuvre, et là où un accord sur la dette est conclu entre les pays de la zone Euro, un éclatement géopolitique menace la cohésion territoriale. Malheureusement, les arguments plaidant en faveur du retrait de la Grèce de la zone Euro, devenant de plus en plus majoritaires chez les politiciens européens, ne se fondent pas seulement sur un diagnostic économique : ces arguments traduisent aussi une coupure géopolitique entre le nord et le sud, à laquelle l’Union Européenne n’arrive pas à remédier.

  L’Europe méditerranéenne et atlantique, ou de l’ouest et du sud, a suivi une toute autre histoire que l’Europe « allemande », ou du nord et de l’est, et c’est la raison pour laquelle à l’avenir une convergence au sein d’une même union paraît de plus en plus hypothétique. Non pas tant pour des raisons économiques, tel qu’il est souvent relevé lors des débats sur les dettes souveraines, que pour des tendances géo-historiques qui précédent l’intégration à la communauté européenne et poursuivent leurs trajectoires aujourd’hui. Entouré par la Turquie et les pays balkaniques, la Grèce souffre d’un certain isolement depuis son indépendance de l’Empire Ottoman (1830), et la porte de sortie que pourrait offrir le commerce maritime méditerranéen puis asiatique est bloquée par les conflits qui perturbent le Proche-Orient depuis la fin de l’Empire Ottoman. La Grèce est en fait un cas très spécifique, où des réponses militaires et géopolitiques sont déterminantes pour résoudre la crise, contrairement à ce qui est prétendu par les politiciens européens, focalisés sur la gestion du marché commun. Pour le moment, la politique européenne en Grèce ne vise pas vraiment à créer un développement autonome avec ses propres débouchés, elle cherche plutôt à réformer le pays en essayant de l’adapter aux circuits économiques à l’intérieur du continent, orientés vers le nord industriel dominé par l’Allemagne. L’importance de la distance maritime et terrestre entre les deux met fortement en doute l’efficacité d’une telle stratégie.

  En outre, lors de la montée en puissance de l’Allemagne en Europe, qui n’a jamais été une grande puissance coloniale, les relations des pays africains et sud-américains avec les pays méditerranéens et le Royaume-Uni ont été reléguées au second plan de la stratégie diplomatique. Depuis que l’Allemagne a retrouvé son Drang nach Osten, mais sans revenir à ses tentatives de s’orienter vers le sud et l’ouest, l’ensemble du continent européen est en proie à une dissociation nord/sud et est/ouest, entre les pays atlantiques et méditerranéens d’une part, et les pays de l’Europe continentale d’autre part.

  L’Europe allemande est un maillage économique régional qui domine le nord du territoire européen et non pas une entité géopolitique qui a des ramifications à travers tout le continent, puisque les institutions européennes n’ont pas pris la place des institutions nationales. L’Europe allemande n’est même pas, pour reprendre la phrase de Metternich, une expression géographique. Ce n’est qu’une marche vers l’est qui intègre la Russie dans le jeu des puissances européennes, et où se forment de nouveaux nationalismes.

 

 

Le chassé-croisé issu des dictatures européennes d’après-guerre : une évolution politique contradictoire depuis 1989.

 

  L’héritage politique de la guerre Froide en Europe est paradoxal. Avec la crise des dettes souveraines les tendances politiques se sont inversées dans les pays anciennement soumis à des dictatures. Les pays faisant autrefois parti du bloc soviétique ont choisi des gouvernements conservateur, libéral, ou autoritaire comme en Hongrie, dont l’idéologie est l’exacte antithèse du communisme. Et les pays du sud de l’Europe qui ont connu des régimes autoritaires conservateurs jusque dans les années 1970-1980 (Espagne, Portugal et Grèce) connaissent aujourd’hui une poussée de la gauche radicale et extrême. Est-ce une simple ironie de l’histoire ou bien la traduction d’un rapport complexe entre la culture européenne et le pouvoir politique ?

  Il est souvent dit que le clivage gauche/droite ne correspond plus au monde politique européen, si ce n’est mondial. Avec la chute de l’URSS, la fin de l’histoire était imminente, la différence idéologique étant éliminée et le modèle de développement unique en tout point du globe. En somme, entre le communisme et le libéralisme, la différence n’étant plus de nature, mais de degré seulement, l’un étant considéré plus efficient que l’autre pour arriver au même but. Mais bien qu’en Europe le bloc soviétique a été rayé de la carte, les quelques régimes communistes perdurant en Asie et à Cuba nous donnent la clé pour interpréter correctement les conséquences historiques de la Guerre Froide en Europe : derrière la doxa idéologique, libérale ou communiste, se cache un tigre, un nationalisme défendant jalousement son territoire.

  Pendant la Guerre Froide, les deux blocs se faisant face étaient égaux, la solidarité qui liait les pays au sein d’un bloc juxtaposait dans une même cause idéologique la politique étrangère et la politique intérieure. Les pays faibles voulant contester l’ordre établi essayaient de se souder entre eux, malgré les sacrifices, et la défense des pays les plus pauvres se coordonnait au même niveau que la défense des individus les plus précaires dans le monde. Les pays riches défendaient une évolution politique modérée et ils s’associaient aux oligarchies les plus solides qui pouvaient résister à la violence des pauvres. La défense des pays riches était articulée à la défense des individus les plus riches dans le monde. Dans les deux blocs, nationalisme et internationalisme étaient la plupart du temps confondus, ce qui a mis en relation à travers le monde des nations qui ne s’étaient jamais alliées, l’exemple le plus célèbre étant le partenariat entre Cuba et la Russie, historiquement inédit. La Guerre Froide est une expression qui tend à l’oxymore et fausse l’interprétation, en donnant l’impression que le monde était figé, les nations bloquées à l’intérieur de leurs frontières. Or, cette période de la mondialisation fut aussi celle qui a connu la création des premières institutions internationales universellement reconnues, la période de haute croissance jamais inégalée dans les pays riches, et le début de l’accroissement exponentiel des flux maritimes internationaux. L’ouverture des frontières a commencé pendant la Guerre Froide.

  En Europe, la situation géopolitique était particulière parce que la cause nationale n’était pas en adéquation avec la cause internationale, parce qu’elle était coupée en deux parts égales sous la domination des superpuissances russe et américaine, qui représentaient les deux blocs idéologiques. En Amérique latine, en Asie de l’est et dans les pays d’Afrique qui voulaient s’émanciper des anciennes puissances coloniales, le communisme international était lié à la libération nationale, il n’y avait que le bloc occidental à contester et une seule direction était possible. Le rapport entre dominant et dominé suivait le clivage idéologique. La libération nationale était orientée contre le bloc adverse, perçu comme puissance coloniale. Tandis qu’en Europe et dans les pays africains qui étaient restés sous son égide, les idéologies locales restaient partagées entre deux types de libération ou d’affirmation nationale : une voie libérale ou communiste, puisque les deux superpuissances dominaient également sur le territoire. À l’intérieur de nombreux pays européens, il existait à la fois un courant socialiste et un courant libéral importants qui partageaient les opinions publiques en deux camps égaux qui ne laissaient pas la possibilité la domination idéologique d’un parti, comme ce fut le cas au Japon avec le parti libéral-conservateur qui a dominé la scène politique des années 1950 aux années 1990. En Europe, suite à la chute du rideau de fer en 1989, cette bipolarité idéologique a produit sur l’ensemble du continent un mélange original de socialisme de marché avec des États-providence assez importants, financés par une économie marchande prospère encadrée dans ses grandes lignes par le gouvernement, respectant globalement les libertés. Mais le compromis trouvé en Europe entre les intérêts nationaux et la bipolarité des blocs internationaux fut contradictoire : la fusion des logiques contraires a entraîné une assimilation paradoxale de valeurs autrefois antagonistes, et une permutation des mots qui identifiaient clairement les clivages idéologiques. La politique européenne après 1989 avançait dans la confusion de ses propres valeurs et seules les réponses nationales vont chercher à résoudre les contradictions qui en sont issues.

  Après 1990, quand le communisme s’est restreint à des idéologies nationales (Chine, Mongolie, Vietnam, Corée du nord, Népal et Cuba), l’Europe a retrouvé des traditions politico-culturelles qu’elle avait perdues depuis la Seconde guerre mondiale. Il n’y a plus que le seul bloc occidental, aux frontières floues et parsemé de nationalités différentes. Alors que la logique bipolaire des deux blocs avait permis de commencer une certaine ouverture entre les pays dont la stratégie diplomatique était bien identifiée, le libre-échange intégral a été mise en œuvre dans une confusion idéologique et a débouché sur la formation de nouveaux nationalismes qui ne sont plus attachés à une cause internationale. Le clivage entre dominant et dominé n’est plus un clivage idéologique, ni celui d’une nation contre un bloc, mais est devenu un clivage frontalier, d’une nation contre une autre, ou d’une nation contre le monde. Les clivages politiques ne représentent plus les logiques de bloc mais des stratégies nationales particulières. Cependant, les héritages historiques font que les pays autrefois dominés par les blocs choisissent l’idéologie contraire à celle qui les avait opprimés auparavant. Ainsi, les pays anciennement soumis à l’URSS préféreront toujours le libéralisme, même si la Russie n’est plus communiste, et de même, les pays d’Europe du sud préfèrent la gauche radicale parce qu’ils ont connu des dictatures plutôt soutenus par les démocraties occidentales.

  L’Union européenne n’a pas repris l’ensemble des héritages historiques, pour en faire une idéologie authentique qui mêle les apports du communisme et du libéralisme, pourtant encore bien matériels et réels sur le continent. Le bloc occidental et libéral a tout recouvert de ses propres significations, comme si la Guerre Froide et l’Europe coupée en deux n’avaient jamais existé. La marche vers l’est de l’Union menée par l’Allemagne a donné l’impression que le continent ne sera jamais plus menacé par une grande division territoriale, culturelle et idéologique, qui a parcouru l’histoire depuis l’Empire romain, les Croisades et les guerres de religion entre protestants et catholiques. En contredisant le sens historique, puisque l’ensemble des pays européens ont reçu l’influence concomitante des deux anciens blocs, et en refusant de prendre cet héritage laissé par le communisme, les politiciens européens ont rendu incompréhensibles les fondements géopolitiques complexes de la construction européenne, à savoir une économie mixte très hautement qualifiée et socialement soutenable, où les libertés publiques sont garanties et les États essayent de réguler pacifiquement leurs conflits. La politique allemande depuis la réunification, avec les pays ayant subi la dictature soviétique, ont répudié leurs parts de cet héritage, sans reconnaître la dette fondatrice que la plupart des pays de l’Union européenne ont tous partagé en 1945 : la libération fondatrice du fascisme et du nazisme, à la fois par l’URSS et les USA, par le communisme et le libéralisme.



14 réactions


  • Le p’tit Charles 15 juillet 2015 08:15
    « L’Europe Allemande »...ou le retour des « FACHISTES »

  • zygzornifle zygzornifle 15 juillet 2015 08:19

    on entend déjà le bruits des bottes a Bruxelles ......


  • Osis Oxi gene. 15 juillet 2015 09:00

    Les maillons faibles devraient, en bonne logique, toujours s’unir contre le maillon fort...
    mais les maillons faibles sont très très cons, (ou plus surement encore, vendus) et c’est pour cela qu’ils sont faibles.

    Virons les doryphores de l’Europe et nous irons tous mieux.

    Les Boches reviendront toujours, disait mon grand père... et probablement aussi, déjà, tous mes aïeux depuis l’invention de la mémoire....


  • Alain 15 juillet 2015 09:09

    Cet article est « gentillet ». Il parait d’actualité. Mais il n’est qu’une opinion et sans doute pas une vérité. En surface, il parait sympa mais en grattant un peu en dessous, c’est à dire, en s’appuyant sur l’Histoire non immédiate, il est à côté de la plaque. Dommage.

    Ce n’est pas parce que des plaques bougent, que tout le monde peut se nommer Alfred Wegener. Ce n’est pas parce qu’il y a des événements historiques ou économiques, qu’il faut se prendre pour un historien ou un économiste.

    J’avoue que la situation m’amuse. Depuis 2 jours, les analyses fusent : un coup, on a recréé l’empire romain, ou l’anschluss, ou l’empire néo-colonial, ou le système de vichy, ou les nationalismes européens, ou la dictature militaire. Personne n’a encore osé parler du BigBang. Cela m’étonne.

    Bien sur, on peut voir quelques similitudes avec des instants passés, de là à ce qu’on en est des copies exactes et conformes...


    • Boogie_Five Boogie_Five 15 juillet 2015 14:31

      @Alain

      Merci d’avoir mis trois étoiles, au moins ça t’a intéressé au minimum. 

      Oui, mon article réagit par rapport à l’actualité. En quelques paragraphes, c’est difficile de retracer toute l’histoire des pays européens, c’est si vaste. J’ai essayé de pointer une tendance politique en Europe, et je n’ai pas cherché à être original. 

      L’histoire ce sont les acteurs qui la font et pas seulement les scientifiques qui analysent après-coup les événements. Un bon historien est toujours décalé par rapport à son champ d’étude, pour mettre en perspective la longue durée. Mais l’histoire immédiate répond aussi à des mouvements de fond, et en faisant des probabilités sur le futur, un historien ou un économiste, comme les autres citoyens, ne peut se fier véritablement qu’aux faits politiques, aux décisions générales qui sont prises dans les sociétés, et représentant des tendances générales qui dominent la période donné dans un espace donné. 

      Les analyses fusent et sont parfois alarmistes, c’est vrai. Mais pourquoi à ton avis ? Car tout peut-être objet scientifique. Il n’y a pas de mauvais objets et de bons objets scientifiques. L’opinion publique a une importance dans les sociétés contemporaines, elle révèle aussi des vérités, et j’insiste sur le pluriel DES vérités, qui sont plus ou moins étendues, et correspondent à des mouvements sociaux qui sont des acteurs historiques. Si j’ai donné l’impression que je me prends pour le seul acteur qui détermine le cours historique, et bien cela veut dire que je me suis mal exprimé, voilà tout. 

      En fait, en réfléchissant sur ce que tu as dis, je pense que tu interprètes différemment les événements actuels et sous ta critique concernant mon manque de méthode, que tu n’as pas vraiment décortiqué non plus, car je pourrais me critiquer moi-même, sous ta critique je perçois plutôt un désaccord sur l’interprétation. Et les désaccords de ce type, il y en a souvent chez les scientifiques. C’est pour cela que les critiques sont toujours intéressantes, encore faut-il qu’elles aillent plus au fond des choses et ne se cantonnent pas à un rapport entre maître et élève, où l’un a toujours raison sur tout et l’autre est forcément dans l’erreur. 



    • Alain 15 juillet 2015 22:45

      @Boogie_Five

      Bonjour,

      Pour te répondre, je ne suis pas historien, pas scientifique, et je ne cherche pas un rapport maitre et élève. MAIS, ton article est plus qu’un peu juste dans l’analyse (qui est en fait TON opinion). Tu commentes dans l’instant l’histoire immédiate (tu n’est pas le seul d’ailleurs). Quelques vérités, quelques vérités tronquées, quelques contre-vérités, quelques affirmations sans développement, pas de vraie mise en perspective des choses, aucune prise de hauteur par rapport aux événements en cours.
      En fait, ton texte comme je l’ai dit est gentillet à premier abord, mais c’est du blablabla inutile comme beaucoup de choses en ce moment.
      Tout le monde y va de sa petite analyse tendant vers ceci ou cela, mais il y a des événements majeurs dont on ne peut pas dire ce qu’il en sortira. Ce qui c’est passé cette dernière semaine en est un (événement majeur). Alors, chacun joue aux futuristes, au scientifique ou à l’historien. L’opinion devient alors tribune et les voies de la réflexion devient vérité. Très peu pour moi.

      Tout cela me rappelle la course à « je l’avais dit le premier », ainsi donc on analyse les chiffres du chomage avant qu’ils ne soient sortis, on a droit à comment va se finir la bataille en cours avant que les armées ne soient encore sur le terrain, et on a droit à qui sera élu à la maison blanche alors qu’on n’en est même pas aux primaires. On trouve un fil, on tire, et on brode autour et ensuite, on dit « je vous l’avais bien dit le premier ».

      Regarde déjà ton titre « l’europe allemande ou le retour des nationalismes européens ». Et relis ton sous-titre. L’europe allemande ou le retour de la marche vers l’est. Quelle cohérence entre titre et sous-titres. Pour le reste...



    • Boogie_Five Boogie_Five 16 juillet 2015 00:02

      @Alain

      Si tu me donnes pas les exemples précis à chaque que tu relèves une incohérence ou une absurdité, je vais avoir du mal à te comprendre. 

      Cependant, tu es tombé sur le mauvais poisson, parce que j’ai passé une licence d’histoire et un master de géographie, même si je suis loin d’en faire étalage lorsque je rencontre quelqu’un. C’est vrai que c’est un article d’opinion, il ne cite pas de sources et n’a pas pour but de développer une description analytique. 

      Ce que tu critiques n’est pas vraiment mon article, c’est le fait de dire son opinion sur la place publique ? Ou alors « le blabla inutile comme beaucoup de choses en ce moment », c’est à dire la démocratie d’opinion et sondagière ? 

      Je ne suis pas responsable de tout cela à la fois, il faudrait que tu précises ta critique, et sur le contenu, pas vaguement sur la forme.

       Parmi tous les mots insignifiants que tu peux lire et écouter, est-ce que tous les mots et les phrases sont semblables ? Les formules rhétoriques, l’argumentation, le style, le lexique sont-ils toujours ordonnés de la même manière, d’un rédacteur à un autre, d’un média à un autre ou même d’une langue à l’autre ? 

      Tu me dis que tu ne cherches pas te mettre dans un rapport entre maître et élève, ça ne t’empêche de juger, sans même prendre la peine de reprendre le texte, de dire que ceci ou cela est vrai ou faux, que l’analyse reste trop terre à terre, qu’elle ne prend pas de hauteur. Excusez-moi mais je peux rien faire contre la mauvaise foi. 

      Si tu n’es pas d’accord avec la vision politique qui se dégage de mon article, ne tourne pas autour du pot, dis quelle est ta vision et ne cherche pas à faire l’expert qui est au-dessus des experts. 

      En ce qui me concerne, je n’ai jamais prétendu lire l’avenir, j’essaye de mesurer la portée des faits historiques. Et sur la question de la dette grecque, au milieu de tout le blabla, chacun peut constater que les relations germano-grecques ne vont pas s’améliorer du jour au lendemain et cette confrontation perturbe le fonctionnement des institutions européennes. 

    • Alain 16 juillet 2015 08:46

      @Boogie_Five

      Déjà que je trouve ton texte léger et sans aucun intérêt intellectuel (désolé...). J’ai perdu du temps déjà à te le dire. Pour être bref, je ne compte pas y perdre encore plus de temps.


    • Boogie_Five Boogie_Five 16 juillet 2015 13:53

  • Aaltar Aaltar 15 juillet 2015 11:39

    L’analyse est relativement correcte mais au bout du prisme désigné il y a un obscurantisme de perspectives. Je détailles...

    Déjà, peut être qu’il faudrait ne pas penser en rivaux acharnés, sorte d’héritage jaloux daté de plusieurs siècles qui consiste à penser que l’autre, le voisin, n’est bon que s’il est perçu et définit comme inférieur. Le poids de l’histoire des états impériaux est lourd mais toujours présent et on ne saurait consentir réellement le partage dés lors qu’une autre nation serait plus forte que nous.

    Le destin européen ne serait alors vertueux que si nous arborons l’étendard du leadership ? C’est non seulement un grave erreur de prétention mais en plus ça revient à dire que nous ne croyons pas en ce que nous faisons (l’Europe) puisqu’en fait nous ne souhaitons de développement communautaire que s’il nous accorde le siège haut.

    Car c’est hypocrite de reprocher à l’Allemagne sa réussite sur le plan économique sous prétexte que nous ne parvenons pas à en faire autant. Notre modèle social-généreux ne nous place même pas en compétitivité puisque jamais nous n’atteindrons les résultats de notre cousin germain. Alors quoi ? Il faut s’attendre à un combat acharner pour le leadership européen, ce dernier qui viserait à contraindre l’Allemagne pour nous laisser prendre une partie de son fauteuil ?

    Quand dans les années 2000, les profondes réformes Schroeder amène l’environnement structurelle de ce qu’est l’Allemagne aujourd’hui, nous sommes encore en train de nous satisfaire béat d’être moins ennuyé qu’eux ; aujourd’hui nous allons commencer à fissurer la posture de façade en raison de leur réussite et notre latence. Au final, nous faisons naitre, renaitre, ce qui est encré dans l’histoire européenne depuis des siècles, la rivalité de nations et la renaissance des empires pourtant bien morts.

    L’enjeu du siècle à venir, pour nos société occidentale et sous surveillance anglo-saxone est de forcer l’Allemagne à ne pas réussir, à faire tout ce qui est possible pour que cet acteur majeur et centrale du continent européen reste le regard vers l’ouest plutôt que prospérant vers l’est (et faisant prospérer l’est). Si d’aventure, au lieu d’être partenaires, nous faisons de l’Allemagne des rivaux, alors ils se trouveront d’autres appuis, d’autres alliés et si la Russie se substitue à notre partenariat de développement, la situation engendrée par le refus de l’Amérique à regarder l’Allemagne redevenir une super puissance fera dégénérer la stabilité/sécurité en Europe.

    Construisons l’Europe avec le respect des différences de chacun et sans chercher à avoir par amoindrissement des autres l’importance qu’on ne parvient pas à avoir dans nos résultats. L’équilibre des forces est de plus en plus précaire, l’Europe de plus en plus fragilisée, si la construction communautaire devait vacillé, remettre l’adversité France/Allemagne en porte à faux c’est bien sombre que se dessinerait l’avenir...

    Intellectuellement il est malhonnête de reprocher sa réussite à l’Allemagne.


    • Boogie_Five Boogie_Five 15 juillet 2015 14:55

      @Aaltar


      « Le destin européen ne serait alors vertueux que si nous arborons l’étendard du leadership ? »
      Non, le destin européen ne sera vertueux que lorsque les nations abandonneront définitivement leurs souverainetés et s’intègrent complètement dans des institutions fédérales européennes. La réussite économique de l’Allemagne n’est pas le problème, c’est l’usage politique qui en fait qui provoque un déséquilibre géopolitique, menaçant la cohésion territoriale de l’Union. Paradoxalement, c’est le manque de leadership européen du gouvernement allemand qui cause tous les malentendus. Parce que la majorité des états européens se rangent derrière l’Allemagne pour satisfaire des intérêts nationaux, provoquant des conflits bilatéraux entre plusieurs nations, ce qui ne devrait pas exister dans une union confédérale. Et bien que la réussite économique de l’Allemagne soit indéniable, sa politique européenne est médiocre parce qu’elle est jalouse de sa propre souveraineté et ne veut surtout pas partager les fruits de sa politique intérieure avec ses partenaires européens. 

      Et les vieux empires ne sont pas tout à fait morts, comme le humus tombé au bas des arbres, ils nourrissent le sol et font pousser de nouvelles plantes. 

    • Aaltar Aaltar 16 juillet 2015 14:05

      @Boogie_Five

      Ca ne se fera pas. Je ne sais pas s’il faut rajouter « hélas » ou non vu que je n’ai pas d’avis personnel sur la question.


  • Elliot Elliot 15 juillet 2015 14:02

     

    Enivrés par leur toute-puissance, applaudis par le chaland qui avait craint pour la solidité des murs de sa prison et qui est dorénavant rassuré car le carcan de l’Euro dans lequel il se débat ( syndrome de Stockholm ? ) est provisoirement sauvé, les janissaires de Bruxelles n’en finissent pas de se congratuler.

    Les Français donnent l’impression d’être rassurés par l’étau qui se resserre sur les Grecs ( comme Pétain rassurait la France et était applaudi par elle, oublieuse de la déroute de ses armées attribuée au Front populaire ) 

    Il est d’ailleurs remarquable que Madame Merkel, qui étend son emprise sur l’Europe avec un gant de velours tissé de fil barbelé, a le triomphe discret, preuve au choix de duplicité politique ou d’un grand savoir vivre.

    Elle laisse aux satellites de son Eurocour le privilège de s’ébaubir de leur grande sagacité, la sagacité consistant à choisir le camp du plus fort contre le faible et à renier les plus élémentaires principes de solidarité.

    Bien que le dénouement de l’affaire grecque visât aussi à impressionner et à faire passer le goût de la fronde à de nouvelles populations rétives aux sacrifices, on ne peut évacuer l’hypothèse que de mauvais esprits pourraient s’aviser d’entrer en dissidence.

    Alors, au besoin, si une prochaine crise d’épilepsie spéculative venait à ébranler le système, si le bric fait de nouveau des misères au broc, on remobilisera les citoyens à point nommé pour leur changer les idées et ce ne sont pas les ennemis de l’intérieur qui manquent à la panoplie des leurres.

    Mais toutes ces péripéties n’empêchent pas l’Euro et l’Europe allemande de pourrir de l’intérieur : pour le moment ces institutions tyranniques s’accommodent assez bien de leur désaffection, elles ont adapté la démocratie à leur sauce, contrôlent les médias et repoussent dans les marges les voix discordantes mais il y a des paramètres qui échappent à leur omniscience : la concurrence est grande pour accéder aux matières premières, les Brics tissent leur toile, la puissance économique de l’Europe bénéficie encore de la vitesse acquise mais navigue à l’erre quand d’autres ont mis le turbo et surtout il manque un grand projet pour mobiliser les énergies plutôt que de les démobiliser au service du veau d’or.

    Et ce projet sera avant tout national dans sa réalisation et internationaliste dans son esprit.


    • Boogie_Five Boogie_Five 15 juillet 2015 15:04

      @Elliot

      Oui, c’est ça qui manque aujourd’hui dans la politique des pays européens, une vision internationaliste qui intègre plusieurs modèles de développement possibles. La réussite des Brics est justement de faire coopérer des systèmes économiques et des cultures politiques assez différents. En Europe, nous avons oublié le pluralisme politique, la diversité des théories économiques. Bref, alors que l’Union Européenne passe son temps à faire la leçon aux autres, elle a oublié ce qu’était...la démocratie. 

Réagir