lundi 29 février 2016 - par
La Finlande, une autre victime de l’euro
Avec la préférence d’Alexis Tsipras pour les potions amères imposées par le maintien dans l’euro au lieu de retrouver une politique monétaire adaptée à son pays, le débat sur la pertinence de la monnaie européenne se fait plus discret. Pourtant, les preuves de ses méfaits s’accumulent, comme en Finlande.
Sur la mer Baltique, mieux vaut être hors de l’euro
C’est The Economist qui revient sur « l’hiver économique Finlandais » dans un récent papier et qui souligne le rôle de cette construction monétaire artificielle et néfaste. Bien sûr, on ne saurait réduire les difficultés du pays à la seule responsabilité de cette tour de Babel monétaire : la crise de Nokia (qui représentait un quart de la croissance du pays à son zénith) ou les effets de la baisse du prix des matières premières sur le voisin Russe, dont la santé économique a un effet direct sur celle d’Helsinki. Cependant, la comparaison entre les résultats économiques de la Finlande (dans l’euro) et de la Suède (hors) est frappante. Depuis 2007, le PIB de la Finlande a reculé de plus de 7%, ne parvenant pas à retrouver son niveau d’avant crise, quand celui de la Suède a progressé de près de 9%, un différentiel de 16% !
Pour des pays aussi proches, un tel écart est impressionnant. La Finlande affiche un prix du travail 10 à 15% supérieur à celui de ses principaux partenaires commerciaux. Le pays prend la même direction que les pays de la zone euro : baisse du déficit (2 points du PIB d’ici à 2019), et réforme du marché du travail, promue par l’ancien commissaire européen, ministre de l’économie, Olli Rehn, dans la même veine que le projet de loi El Khomri, permettant à chaque entreprise de passer des accords avec ses salariés, voir même suppression de jours fériés. Pour The Economist « si le pays avait conservé sa propre monnaie, le long et dur ajustement pour baisser ses coûts aurait pu être atteint beaucoup plus facilement en permettant à sa monnaie de se déprécier », une question qui fait de plus en plus débat en Finlande.
C’est malheureusement un débat que la préférence de la Grèce pour la prison européenne à l’indépendance freine plus encore. Pourtant, outre le jugement négatif de bien des « Prix Nobel d’économie* », les destins croisés de la Finlande et la Suède apportent une nouvelle preuve de la nocivité de l’euro.
* Prix de de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel, selon la même méthode que les prix Nobel, l’économie ne faisant pas partie de la liste initiale