mardi 7 juillet 2015 - par
La Grèce et la zone euro peuvent-elles trouver un accord ?
La très large victoire d’Alexis Tsipras lors du référendum renforce considérablement sa main. Et dès lundi matin, il a sacrifié Yanis Varoufakis, dans un geste d’apasiement qui semble indiquer qu’il souhaite vraiment négocier. Le conseil européen d’aujourd’hui a-t-il seulement une chance d’aboutir ?
Prélude à la sortie de la zone euro ?
Les plus de 60% réunis par le premier ministre dimanche ont représenté une sacré douche froide pour les créanciers de la Grèce. Avec un tel soutien, sa position sort largement renforcée, Syriza ayant fait le vide. Mais dès dimanche soir, l’Allemagne a répliqué par sa propre douche froide, le ministre de l’économie, du SPD, Sigmar Gabriel, jugeant alors que les négociations sur un nouveau plan d’aide étaient « difficilement concevables ». Hier, il est allé plus loin en affirmant que « la Grèce doit présenter de nouvelles propositions qui aillent au-delà des précédentes, si elle souhaite se maintenir dans la zone euro, en ajoutant qu’Athènes risquait de se retrouver prochainement en état de faillite ».
En outre, si la BCE a prolongé l’aide aux banques Grecques, en réalité, elle a gardé le même plafond, tout en ajustant les décotes sur les garanties présentées par ces dernières. En outre, une partie grandissante des élites européennes prone désormais la sortie de la Grèce de la zone euro, entre VGE et une partie des Républicains. D’ailleurs les marchés parient désormais majoritairement sur la sortie de la Grèce de la zone euro. Bref, entre de nombreux pays de la zone euro où il semble très aléatoire de faire passer le moindre relâchement de la saignée de la Grèce et une tendance perceptible à la résignation devant la sortie de la Grèce, on pourrait penser qu’il s’agit du scénario le plus probable.
Le compromis reste-t-il possible ?
Même si je persiste à croire que la sortie de la zone euro représente la seule voie durable de sursaut pour la Grèce, l’hypothèse d’un accord de dernière minute reste possible. En effet, les déclarations et les annonces des dernières heures pourraient bien faire partie du rituel de la négociation. Devant un Alexis Tsipras sorti renforcé du référendum, les créanciers pourraient bien vouloir montrer leur fermeté et lui indiquer qu’ils sont prêts à laisser, ou faire partir la Grèce, pour lui céder le moins d’espace possible, même s’ils souhaitent éviter une sortie de la zone euro, aux conséquences imprévisibles et capable de renforcer les partis de la contestation, comme Podemos en Espagne, ou AfD en Allemagne.
D’ailleurs, Alexis Tsipras a fait un geste fort dès lundi matin avec l’annonce du départ de Yanis Varoufakis, unanimement dénoncé par ses partenaires européens. Sa tête représente un vrai geste en direction des créanciers du pays. Et même si les opinions publiques et une partie importante des élus d’une partie des pays de la zone euro refusent absolument tout compromis, il reste aussi la possibilité de trouver un accord qui parviendrait à satisfaire tout le monde : pas de vraie réduction de la dette Grecque, mais un étalement supplémentaire de son échéancier et / ou une baisse des taux, contre une augmentation de l’excédent primaire d’Athènes et de nouvelle coupes ou hausses d’impôt…
Parce que les intentions et les préférences des parties prenantes ne sont toujours pas claires, il est difficile de savoir comment évoluera la situation. Les ouvertures d’Athènes et les déclarations très dures de Berlin continuent d’entretenir une situation aussi instable qu’imprévisible.