mardi 23 septembre 2008 - par Henry Moreigne

La Poste ou la persistance de l’erreur européenne

images.1222151261.jpgLa privatisation de La Poste engagée de façon insidieuse depuis deux mois constitue l’un des derniers grands coups de butoir contre la notion de service public à la française. Obnubilée par une libéralisation à tous crins, l’Union européenne, sous prétexte de concurrence libre et non faussée, est engagée dans une voie destructrice qui suscite de légitimes inquiétudes.

En France, nous avons nos particularités et notamment une certaine idée de l’aménagement du territoire et du rôle de l’Etat. A ce titre, La Poste et ses 12 000 bureaux répartis sur tout le territoire, constitue tout comme la SNCF des services publics qui pendant des décennies ont été le cœur de la République et le ferment du sentiment d’appartenance à une communauté qui s’appelle la France.

Face aux résistances qui se dessinent des 300 000 postiers et du monde rural, on a beau jeu de nous garantir que, contrairement aux « affirmations simplistes », il n’est nullement question de privatiser l’opérateur postal. Point de souci donc, on a trouvé mieux que le service public : des entreprises privées à qui on confie un service universel dont le respect est garanti par des missions inscrites dans la loi.

Selon les tenants de cette audacieuse théorie, le service public sentirait le renfermé et plierait sous le poids de la poussière qui en gripperait tous les rouages. « Il » serait notamment incapable d’évoluer, de moderniser ses infrastructures. L’argument est insidieux. En clair, le privé gérerait mieux que le public. Comparons ce qui peut l’être. Les objectifs ne sont pas les mêmes.

Les usagers savent eux en pratique qu’il vaut mieux habiter dans une commune où la distribution de l’eau est assurée par des régies publiques plutôt que des grands groupes spécialisés dans le domaine de l’environnement. Les factures sont généralement moins salées et les réseaux à la fin de la concession en meilleur état.

Que nos services publics manquent de liquidités pour assurer leur modernisation c’est un fait et une impasse. L’Etat français désargenté est incapable d’assumer son rôle de financeur. Est-ce une raison pour jeter le bébé avec l’eau du bain ? Sans doute pas.

L’Union européenne avec ses exceptionnels moyens financiers pourrait, si elle avait d’autres ambitions, se lancer dans la constitution d’un réseau de services publics efficients et homogénéisés porteur du germe de l’identité européenne. Il lui suffirait dans un premier temps de se substituer progressivement aux Etats nationaux dans leur fonction de principal actionnaire.

Nous avons su par le passé dans notre pays faire fusionner des services de l’énergie ou des transports morcelés. Toujours pour le meilleur et pour tirer vers le haut. Au partage de l’espoir les libéraux européens nous proposent aujourd’hui le partage de la résignation et la privatisation des recettes. On aime à dire en droit public que l’intérêt général n’est pas constitué de la somme des intérêts particuliers. Le principe à l’évidence n’est pas partagé.



40 réactions


  • Francis, agnotologue JL 23 septembre 2008 12:29

    D’accord avec le titre : "Persistance de l’erreur".

    Vous dites : ""L’Union Européenne avec ses exceptionnels moyens financiers"".

    Je trouve que cette assertion est absurde : les moyens de l’UE ne sont que la somme des contributions des Etats membres. Je ne développe pas, j’invite ceux qui liront à le faire eux-mêmes. C’est peut-être le sens de la question posée par cet article un peu succinct par ailleurs.


    • beubeuh 23 septembre 2008 14:34

      Je plusse, le budget de l’UE est plafonné à 1% du PIB, c’est-à-dire peanuts. L’article désigne le coupable : "l’Union Européenne". Il ne reste plus qu’à lui couper la tête.

      Ce genre d’approximation est pesant, au lieu de dire "l’UE", il faudrait dire la "Commission Barroso", composée essentiellement de libéraux, nommée par des gouvernement également libéraux dans leur majorité, investie par le Parlement majoritairement à droite et relayée fidèlement par un Président français de droite et libéral, élu à 53% avec une forte participation. Tout cela est parfaitement cohérent, et il s’est trouvé beaucoup de citoyens en France et en Europe pour voter pour ces gens.


  • jeff jeff 23 septembre 2008 12:40

    oui bien entendu ,mais la privatisation des services publics est inscrite dans la directive Européenne et date de 1992 ..

    je viens de l’entendre sur Europe 1de la bouche d’un postier ,le débat était justement sur la capitalisation de la poste ...

    il manque 3 milliards d’€urosà la Poste pour continuer à se moderniser ,elle ouvre donc son capital à des investisseurs privés .

    à terme ,il n’y aura plus de services nationalisés ,c’est voulù et préconisé par l’Union Européenne !

    alors ,il faudra bien faire avec .......


  • tmd 23 septembre 2008 13:02

    J’aimerais bien que La Poste soit vraiment un service public, c’est à dire qu’elle serve le public. Parce qu’entre les horaires d’ouverture des bureaux étriqués, incompatibles avec les horaires de bureau de n’importe quel employé, les files d’attente à rallonge, et les guichetiers qui décrochent à peine bonjour en maugréant quand ils doivent se lever pour aller chercher votre recommandé, franchement, un service public comme ça, j’ai pas envie de le défendre.


  • ZEN ZEN 23 septembre 2008 13:23

    .
    Il ne s’agit que d’une ouverture du capital !

    Chez nos voisins allemands, ça se passe comme ça

    En Suède, il faut être prêt à faire parfois plus de 10km pour aller chercher un paquet postal au supermarché de la ville voisine
    Avis aux habitants de la Creuse...

    Alors, choisissez !


  • ZEN ZEN 23 septembre 2008 13:26

    Il ne s’agit pas d’"erreur européenne", mais d’un plan concerté depuis longtemps...

    La privatisation rampante et les méthodes coercitives à objectifs purement commerciaux sont déjà en cours...


  • ZEN ZEN 23 septembre 2008 13:34

    Heureusement, l’opinion, pas bête, ne suit pas...
    Chat échaudé...

    "l’Elysée sait que l’état de l’opinion ne lui est pas du tout favorable au changement de statut de La Poste. Selon un sondage du JDD, huit Français sur dix s’y déclarent opposés. Plus préoccupant encore pour le gouvernement : les élus locaux, y compris ceux de sa majorité, sont franchement hostiles à cette évolution. Le sujet s’est même invité dans la campagne sénatoriale. Et à chaque fois, la tonalité a été la même : pas question de toucher à La Poste. L’évolution du statut y est vue comme un premier pas vers la privatisation du dernier service public, présent sur tout le territoire.

     Le fait que les obligations de service public de La Poste (desserte sur tout le territoire, délivrance du courrier six jours sur sept, ouverture de comptes bancaires pour tous même les plus démunis, maintien du statut des fonctionnaires) aient été inscrites dans la loi ne calme pas les appréhensions. Depuis la privatisation de Gaz de France, menée contre tous les engagements pris deux ans auparavant et figurant même dans la loi, la parole du gouvernement est démonétisée. Et il le sait.

     Un référendum d’initiative populaire sur La Poste risquerait donc de tourner à son désavantage. Sans compter qu’il créerait un précédent qui pèserait durablement sur la conduite gouvernementale. Pour conjurer le risque, l’Elysée essaie donc de se rassurer. ..." (Mediapart)


  • TSS 23 septembre 2008 13:37

    la poste etait(est) un service public qoui qu’on en dise et que ceux qui se rejouissent de sa privatisation se

    disent bien que, privatisée elle sera au service des actionnaires et qu’ils n’en sont pas !!!...alors !!



  • Francis Francis 23 septembre 2008 14:34

    Un nouveau futur échec de l’UE, après les services de renseignements téléphoniques ...


  • Bulgroz 23 septembre 2008 14:42

    Depuis 2006, La Poste n’assure plus le paiement des retraites mais verse une cotisation libératoire de 2 milliards d’Euros par an à

    l’établissement public national de financement des retraites de La Poste (EPNFRLP). Les engagementsde retraites repris sur les comptes de l’état sont de 130 Milliards et les versements de pensions en 2007 ont été de 21 milliards.

    Cette charge de 21 milliards annuelle est appelée à augmenter encore mais ne figure plus sur le comptes de la Poste mais de l’Etat, c’est à dire du contribuable.

    Cela tient du miracle !!!

    Si l’Etat n’avait pas repris à sa charge les pensions des retraités anhuelles, (21 milliards), La Poste aurait été tenue de multiplier son Chiffre d’affaire de 20 milliards par 2, uniquement pour les retraités.

    La commission Europénne a donné son feu vert à ce tour de passe passe en estimant que c’est la dernière fois.

    LA Poste avec 2,4 milliards de fonds à fin 2007 propres n’a plus les moyens de sa survie même après avoir été débarassée de cette dette de pensions incroyable maintenant à la charge de tous les français.

    La commission européenne, tout comme moi, disons : assez de gabegie !!!

    Les postiers sont des incultes économiques irresponsables.

  • jeff jeff 23 septembre 2008 14:53

    il faudrait par contre revoir le terme "usager "pour un service public payant ,....

    à partir du moment où vous affranchissez une lettre ,vous payez pour un recommandé ,il y a contrat ,parce que vous avez payé ,donc la poste doit s’acquitter dans les meilleurs délais d’un travail qui lui a été confié et réglé d’avance ..

    .vous êtes client ,il y a nuance ,idem pour la Sncf ,la Ratp ,et consorts ,vous avez déboursé une somme pour un service ,je redis ,vous êtes client ,il faudra bien que les services publics vendant un service se mettent ça en tête ....

    la poste.....doit également mettre suffisamment de personnel derrière les guichets ,qui d’entre nous n’a pas fait la queue pendant perpète pour un envoi ou un retrait de commandé ou un colis ,alors que derriére la vitre ,d’autes employés discutent le bout de gras ,et ne sont pas du tout occupés !....
    c’est trop facile .....

    alors vous pensez bien ,l’usager, on n’en a rien à foutre ,mais le client doit être satisfait ,et il faudra bien que cette culture du service public refuge bien pratique se modifie ,nous ne sommes plus en 1945 !


    • Francis Francis 23 septembre 2008 20:19

      Sans juger sur le fond de votre intervention .. oh et puis merde, si, elle est puante, vous voulez en bouffer du libéralisme ? Et bien, vous allez en bouffer, rendez-vous dans 10 ans quand les lettres arriveront avec une semaine de retard, parceque les postiers seront des CDD à répèt’, payés au lance pierre.

      Ce que je voulais dire, c’est que du point de vue du droit, que ça soit avec une entreprise publique ou privée, vous passez un contrat, avec des obligations réciproques (le paiement d’un prix pour ce qui vous concerne), ça , ça ne change pas. Par contre, là où il faut être attentif, c’est sur le "cahier des charges" des entreprises privées qui reprennent à leur compte des missions de service publics (je rappelle pour l’assemblée, que l’Union des postes, fut la première organisation internationale a voir existé sur la planète).


    • Marc Bruxman 24 septembre 2008 01:41

      Sans juger sur le fond de votre intervention .. oh et puis merde, si, elle est puante, vous voulez en bouffer du libéralisme ? Et bien, vous allez en bouffer, rendez-vous dans 10 ans quand les lettres arriveront avec une semaine de retard, parceque les postiers seront des CDD à répèt’, payés au lance pierre.

      Et il y a dix ans on me disait que mon téléphone ne marcherait plus sans France Sodomie. Depuis ma facture de téléphone a fondu j’ai internet a pas cher. Merci Free ! Et merci le libéralisme d’avoir permis la concurrence et d’avoir atomisé les prix des communications. 

      Et franchement si y’a eu des dégats collatéraux chez FT pour que toute la population en profite, je n’en suis pas trop attristé !

      Cela dit pour la poste, ca va être moins glorieux. Mais on n’aura bientot plus besoin de poste vu que le courrier se dématérialise (à part pour les colis). Et donc autant laisser au privé le soin de gérer la liquidation ils le feront mieux que le gouvernment. Et comme ils rachéteront un "pack" comprenant d’autres activités rentables, disons que le coût de restructuration devrait pouvoir être amorti. 


    • jeff jeff 24 septembre 2008 10:10

      exactement Bruxman ...

      dès qu’il y a concurrence ,il y a effort de la part de celui qui jouissait d’un privilège .....

      idem pour la SNCF ,qui va devoir reviser toute sa politique ,notamment en ce qui concerne les menaces de grèves,qui font qu’elle a perdu la confiance des transports de marchandises ,la route étant plus souple et plus ponctuelle ,l’avantage ,le client est livré directement ....d’ailleurs ,elle aussi va se retrouver confrontée à la concurrence sur l’espace ferroviaire ...

      donc ,il est normal que le concurrrence vienne s’installer dans des secteurs qui avaient été monopolisés ....

      voyez les transports aériens ,pour aller d’un point X à un point Y ,vous avez le choix ,et de votre compagnie ,et des différentes tarifications proposées ....Air France n’est plus l’incontournable !

      ceci dit ,il faut contrôle de l’état certes ,mais ,il faut accepter l’idée de la concurrence ,il faut dépoussierer nos vieilles institutions !


    • jeff jeff 24 septembre 2008 10:28

      alors que dire actuellement des agissements de la poste ?

      tous les jours ,je vois un facteur différent ,souvent un ou une jeune ,certainement en CDD ,qui rame totalement ,au point que quelque fois ,lorsque je suis en bas de chez moi et que le nouveau facteur arrive ,il me demande " untel ,vous savez où il habite ? " bon ,je lui indique où la personne habite dans le quartier ,et c’est souvent répétitif ....
      idem pour les recommandés ,maintenant ,le facteur ne se donne même plus la peine de sonner chez le destinataire ,il met l’avis de passage directement dans la boîte aux lettres ..

      c’est du boulot ça ?

      de temps en temps ,je revois mon ancien facteur ,à la retraite maintenent ,celui qui a vu grandir ma famille,qui apportait le calendrier des postes ,celui à qui je laissais un billet de 100 francs ,parce qu’il faisait son vrai boulot de facteur ,il n’est pas tendre avec la poste actuelle !......


  • Krokodilo Krokodilo 23 septembre 2008 15:57

    Sans compter qu’après la poste, ce sera l’école, qu’on rebaptisera probablement services éducatifs, pour bien faire oublier la notion même d’école publique et laïque.

    Comme vous dites, les différentes affaires concernant la distribution de l’eau ont bien montré que ces boîtes appâtent les communes en leur faisant miroiter un meilleur service, des économies, et dix ans après, on constate qu’ils se sont sucrés le plus possible... Et je passe sur les ententes illégales quand il n’existe que deux entreprises...

    La notion de service public est une conception différente de la société, une recherche d’une autre voie que la folie du capitalisme et sa concurrence soi-disant libre et non faussée (on a vu récemment ce qu’il en est avec le soutien politique à Boeing et la nationalisation des pertes des banques). Une boîte privée a pour unique objectif de rémunérer ses actionnaires, et ils sont gourmands ! L’intérêt public est le dernier de ses soucis, qu’il s’agisse de pollution ou de santé publique, ou de quelque nuisance que ce soit. Depuis un siècle, la toxicité du plomb dans l’essence et celle de l’amiante sont connues, ou des cancérigènes du tabac... Les multinationales s’en contrefichent ! Idem pour les pesticides. Elles sont capables de couler une carrière d’un chercheur, d’utiliser des méthodes de bandits pour discréditer des critiques.

    Une dose d’initiative et d’entreprises privées est une bonne chose pour le dynamisme, mais seul un état fort est en mesure de veiller au bien public, du moins quand il s’y intéresse... les scandales du type Crédit lyonnais montrent simplement que les services publics eux aussi ont besoin de contrôles indépendants et d’un regard extérieur, c’est le rôle des corps d’inspection et du Parlement. Encore faut-il que les rapports de la Cour des comptes soient écoutés, et que les dirigeants ne filent pas 40 patates à Bernard Tapie, ou bientôt à TF1 pour se retirer de France 24 (les paris sont ouverts sur le bénéfice fabuleux que va extorquer TF1 à l’état).

    On ne pourra jamais concurrencer des pays émergents, sauf à faire bosser les gosses dans les mines dès 10ans, à faire bosser les jeunes filles 15 heures par jour comme certaines entreprises chinoises, etc, etc. A ce petit jeu, on sera toujours perdants.



  • Internaute Internaute 23 septembre 2008 16:52

    On apprend que le directeur de la Poste cherche à la privatiser pour obtenir les 3 milliards de liquidités nécessaires pour faire face à la nouvelle concurrence imposée par l’Union Européenne.

    Que fait-on encore avec cette UE à la con qui détruit nos emplois, détruit nos services, nous coûte des sommes folles et ne nous amène que des ennuis ?

    Cessons une fois pour toute de voter pour tout candidat appartenant à un parti politique voulant continuer dans la ligne européenne telle qu’elle est (ie PS-PC-UMP et Modem). C’est vrai qu’il ne reste pas grand monde mais entre les nationalistes et l’extrême gauche on peut quand-même trouver bonhomme à son goût.


  • Francis, agnotologue JL 23 septembre 2008 18:37

    @ tous : Ce soir ARTE diffuse à 23H00 un Théma : "Demain vous paierez l’eau de pluie". Sous ce titre provocateur se cache un documentaire intitulé "Liquidation totale" de Florian Opitz inédit de 90 mn, une enquête sur les cinq continents relative aux conséquences de la privatisation des services publics. "A travers ces images, l’ultralibéralisme apparaît comme un terrifiant accélérateur d’inégalités. A noter une intervention de Joseph Stiglitz qui dénonce, outre les méfaits de la mondialisation, solutions prônées par les organismes (dits) de régulation (FMI, BM, OMC). Un docu riche au message pragmatique et inquiétant.

    Rediffusion le 25/9 à 9H55.


  • Marc Bruxman 23 septembre 2008 21:14


    Merci Bruxelles ! Si l’UE n’était pas la, nos politiques merdiques n’auraient jamais fait cette réforme utile. Pourtant grâce à Bruxelles, plus de monopole sur les télécoms, bientot plus de monopole sur le train et maintenant la poste. C’est bien !

    En France, nous avons nos particularités et notamment une certaine idée de l’aménagement du territoire et du rôle de l’Etat. A ce titre, La Poste et ses 12 000 bureaux répartis sur tout le territoire, constitue tout comme la SNCF des services publics qui pendant des décennies ont été le cœur de la République et le ferment du sentiment d’appartenance à une communauté qui s’appelle la France.

    Oui sauf que la géographie a changée et que nombre de communes rurales se sont complétement désertifiées. 

    Et non beaucoup de Français ont d’autres sentiments d’appartenance que les services publics. 

    Face aux résistances qui se dessinent des 300 000 postiers et du monde rural, on a beau jeu de nous garantir que, contrairement aux « affirmations simplistes », il n’est nullement question de privatiser l’opérateur postal. Point de souci donc, on a trouvé mieux que le service public : des entreprises privées à qui on confie un service universel dont le respect est garanti par des missions inscrites dans la loi.

    Cela s’appelle une délégation de service public et c’est un moyen efficace de mettre plusieurs opérateurs en concurrence la ou il y aura de toute façon un monopole géographique. 
     


    • beubeuh 24 septembre 2008 11:32

      "Oui sauf que la géographie a changée et que nombre de communes rurales se sont complétement désertifiées" ... A partir de quand décidez vous qu’une commune rurale est "complètement" désertifiée ? Quand il ne reste plus que la moitié des habitants, c’est-à-dire ceux qui n’ont pas les moyens de partir, c’est-à-dire les vieux, les chômeurs, les gens modestes (durement frappés par la hausse du coût de l’essence), en gros tous ceux qui auraient le plus besoin de transports en commun efficaces et de services publics de proximités ?

      Je connais plusieurs communes de plusieurs milliers d’habitants qui se retrouvent sans rien, mais bon dans votre langage 2000 personnes c’est sans doute le désert.

      D’autre part je ne sais pas où vous avez vu qu’il n’y a plus de monopoles sur les télécoms. Des entreprises qui s’entendent pour se partager le marché et pratiquer peu ou prou les mêmes tarifs, j’appelle ça un monopole de fait.


  • Le péripate Le péripate 23 septembre 2008 22:29

     Des grands coups de boutoir donnés de manière insidieuse... Ca, ça mérite une médaille de la langue de bois... Que veux dire, en effet, insidieux ?


    Qui constitue un piège, une tromperie. D’insidieuses questions. Des compliments insidieux. Un raisonnement insidieux.


      Se dit d’une maladie dont l’apparence bénigne cache la gravité. Fièvre insidieuse.	 Qui pénètre doucement, dont les effets ne sont pas immédiatement ressentis. Un poison insidieux. Une odeur insidieuse.


      [Soutenu] Qui cherche, par des manières habiles, à tromper, à faire tomber dans un piège. Un individu insidieux. 

    Essayez donc de donner de grands coups de boutoir de manière insidieuse... 

    Enfin, peu importe. C"est du petit lait pour les convaincus d’avance.


  • hurlevent 23 septembre 2008 22:40

     Quand on voit la situation d’Alitalia aujourd’hui, on ne peut être qu’effaré par la gestion par l’état d’une entreprise publique. Gangrenée par les syndicats, prisonnière d’un système rigide, cette entreprise coule. Alors que Air France, entreprise privée, se porte plutot bien, Alitalia, entreprise publique, est dans une situation catastrophique.

    Je préfère mille fois mieux que La Poste suive le chemin d’Air France plutot que le chemin d’Alitalia. Ce n’est pas une entreprise déficitaire et prisonnière d’un carcan imposé par l’Etat et les syndicats qui va améliorer en quoi que ce soit les services publics. Par contre, une entreprise avec les moyens de son développement, elle, peut le faire.


    • beubeuh 24 septembre 2008 11:23

      Votre exemple est bidon, car certes Air France marche bien, mais je ne vois pas en quoi son activité a un quelconque rapport avec le service public. Je remarque au contraire que certaines régions luttent contre le désenclavement en subventionnant Ryanair pour qu’elle déserve des aéroports secondaires.

      L’exemple US Postals est là pour nous montrer qu’un monopole public destiné à servir l’intérêt général à tout à fait sa place, même dans une économie libérale, pour peu qu’on se donne les moyens de la réflexion sur l’efficacité du management au sein de cette entreprise.


  • rocla (haddock) rocla (haddock) 23 septembre 2008 22:46

    Krasucki kiki syndica  caca ...


  • Pourquoi ??? 24 septembre 2008 08:16

    Je veux bien qu’on soutienne la poste et les postiers.

    Encore faudrait-il qu’ils se soutiennent eux-mêmes !

    Quand on voit le nombre de grêvistes d’hier... S’ils ont choisi de se faire dévorer en silence, après tout c’est leur droit.

    Pourquoi serions-nous plus royalistes que le roi ?

    Ils me déçoivent, les postiers...


    • Francis, agnotologue JL 24 septembre 2008 08:20

      @ Pourquoi ? La Poste n’est pas l’affaire des postiers, mais de nous tous à qui elle appartient ! smiley


  • Francis, agnotologue JL 24 septembre 2008 08:19

    "Ouvrir le capital de La Poste serait commettre une erreur monumentale, à l’heure où les marchés financiers s’effondrent, à l’heure où nous n’avons jamais eu autant besoin d’un pôle financier public stable. Il serait malvenu de privilégier une logique financière de court terme, une vision dogmatique de l’économie, alors que les événements récents nous offrent l’occasion de conforter des institutions comme La Poste et La Banque postale, ou la Caisse des dépôts et consignations (CDC)."

    Par Liêm Hoang-Ngoc, maître de conférences à Paris I-Panthéon Sorbonne,’auteur de Sarkonomics (Grasset, mars 2008), interview publiée là :



    http://archives.lemonde.fr/economie/article/2008/09/22/une-erreur-monumentale_1098092_3234.html 


    • Francis, agnotologue JL 24 septembre 2008 08:31

      Il est impossible de croire que nos soldats sont en Afghanistan pour installer la démocratie alors ceux qui le prétendent sont les violeurs de la démocratie ici en France ?


  • ZEN ZEN 24 septembre 2008 08:44

    Ne pas oublier que le servive postal aux USA est public

    Je partage cet avis d’un commentateur de Rue 89 :

    ".. la poste fonctionne beaucoup moins bien depuis quelques années, où l’on a commencé à faire appel à des sous-traitants privés. Pourquoi cela : tout simplement parce que si le système économique libéral fonctionne très bien pour tout ce qui fait appel à l’innovation (par exemple, le secteur informatique, alimentaire etc…), il n’en va pas du tout de même pour des services comme la poste, qui ne réclame pas de l’innovation, mais de l’efficacité. Or, le jeu de la libre-concurrence ne favorise nullement l’efficacité : soit on est face à une multitude de petites compagnies, qui ont peu de structures et de moyens, et offrent donc des services de moindres qualités ; soit on est face à de grosses structures qui usent et abusent de leur statut monopolistique pour instaurer des prix prohibitifs. Bref, dans les deux cas, on aboutit à un résultat totalement irrationnel, face à la terne, mais tranquille gestion de l’État. Qui plus est, il ne me semble pas très sain que des services aussi essentiels que la poste, l’énergie ou le réseau ferroviaire sortent du giron de l’État. De même que la guerre est une chose trop grave pour la confier à des militaires, le noyau économique d’un pays est trop vital pour être l’apanage des économistes. D’abord en théorie : étant par essences des agents irrationnels, capables du pire comme du meilleurs, on peut difficilement laisser les économistes jongler avec le cœur du système."


    • ZEN ZEN 24 septembre 2008 08:47

      Réaction d’un autre, aussi judicieuse :

      ".une part significative du travail de la Poste concerne les activités bancaires. A ce titre, la Poste remplit également une fonction sociale, notamment celle de banque de ceux que les banques n’acceptent qu’avec réticence, c’est-à-dire les pauvres. Privatiser la Poste, c’est aussi privatiser ce service bancaire dans lequel des comptes rentables contribuent à financer des comptes qui le sont moins. Eu égard à l’ensemble de l’oeuvre des sociétés privées (dont le but est le profit), vous me permettrez de douter que cette mission serait aussi bien remplie par une société privée.

      Plutôt que privatiser ce que nous avons contribué à construire, il serait peut-être plus opportun d’améliorer la qualité de service de la Poste. Evidemment, il s’agit d’un choix. Mais c’est bien ce dont il question là : choisir entre deux possibilités. Vous avez raison : le référendum permettrait sans doute de savoir quels choix nous voulons faire en termes sociaux, économiques et politiques."

      .


  • ZEN ZEN 24 septembre 2008 09:02

    Aux inconditionnels de la privatisation...

    "...Au Royaume-Uni, la « libéralisation » et la recherche du tout-profit de Royal Mail se sont traduites par une telle dégradation du service qu’une pétition géante a été lancée par la Fédération nationale des receveurs des postes : 4 millions de personnes ont réclamé le maintien des bureaux de poste.

    Cette vague de mises en concurrence et de privatisations traverse toute l’Union européenne : la poste autrichienne est entrée en Bourse en mai dernier, après les postes allemande et hollandaise. La libéralisation n’a atteint que partiellement les Etats-Unis (l’US Postal a gardé l’exclusivité de la distribution du courrier, mais pas de celle des colis). Il faut dire que le bilan des privatisations dans un autre domaine — celui de l’électricité — n’encourage pas à franchir le pas. Selon un rapport publié en juin dernier, les prix de l’électricité ont flambé depuis la privatisation, au point que deux villes de Californie, Sacramento et Davis, ont décidé de passer sous régie municipale. Un précédent à méditer au moment où les privatisations d’Electricité de France et de Gaz de France sont engagées... "(Le Monde)


  • frédéric lyon 24 septembre 2008 10:05

    La privatisation de La Poste n’est qu’un début.

    La Poste privatisée sera bientôt mise en concurrence avec des sociétés privées pour ce qui concerne la distribution du courrier.

    De plus tous les services dits "publics", qui sont exercés par des monopoles d’Etat, seront également soumis à la concurrence.

    Il est temps de mettre fin aux monopoles et d’ouvrir tous les marchés au système concurrentiel, qui est le seul qui permettent de s’assurer que les utilisateurs de ces services ne seront pas traités comme des "usagers" mais comme des clients.

    C’est à dire comme des adultes capables de faire le choix de leurs fournisseurs.

    C’est le point principal de la réforme économique libérale qui sera menée à son terme et concernera bientôt tous les marchés, y compris la distribution postale ou le transport par chemin de fer.

    La question de l’ouverture du capital des entreprises comme La Poste est d’ailleurs d’importance secondaire,


    - Pourvu que La Poste soit soumise à la concurrence.
     

    - Et pourvu qu’il soit mis fin aux statuts spéciaux des personnel, la valetaille et la pietaillle à qui on a concédé de menus avantages, exhorbitant du droit commun de tous les autres salariés, afin de les inciter à les défendre becs et ongles en défendant du même coup les monopoles ! 

    En effet, il importe peu de savoir, en fin de compte, si l’Etat possède ou non une partie du capital d’une entreprise qui est soumise à la concurrence et les grêves des employés de ces entreprises, telle que la récente grêve d’une minorité de Postiers, sont sans aucun objet.


    • Jacques 24 septembre 2008 11:43
      Je soupçonne nombre d’intervenants ici d’être concernés par ces fameux statuts spéciaux, pas nécessairement de la poste, mais d’autre entreprises plus ou moins liées à l’état ou tout simplement fonctionnaires. Le sempiternel ‘défense du service public’ n’est pour la plupart qu’un paravent ou un épouvantail qu’on agite, destiné à cacher la vraie question : une éventuelle remise en question des statuts des employés eux-mêmes.
      A priori, il n’est (malheureusement) pas du tout à l’ordre du jour de remettre le statut des personnels de la poste en question. Ca ne l’a pas non plus d’ailleurs été lors de la fusion Suez/GDF. La raison est toujours la même : les grèves dans les secteurs liés au public ont un pouvoir de nuisance énorme, même avec une mobilisation faible. En somme, ces pseudo-privatisations sont très loin du compte, mais c’est un début.

  • rocla (haddock) rocla (haddock) 24 septembre 2008 10:25

    Il est question au gouvernement de privatiser la connerie ambiante . Au dessus de 20 ° de posts idiots suppression de parole .

    Le traité de Rome il y a maintenant plus de cinquante ans a indiqué la suppression des monopoles .

    Les situations de rente automatique n’ ayant pas de rapport avec le service rendu doivent être supprimées .

    Laisser le boulot aux gens qui ont envie de bosser .

    Les autres , comme beaucoup ici (payés automatiquement à la fin du mois ) pourront continuer de discuter de leurs fantasmes de queue devant les magasins vides dans les pays aux mains des dictateurs appliquant leurs idées imbéciles .


  • ZEN ZEN 24 septembre 2008 10:27

    Il ne faut pas perdre la mémoire et remettre cette affaire dans son contexte, en regardant ce que cela a donné dans d’autres pays (voir mes posts plus haut) et en ne prenant pas l’effet (une certaine dégradation du service postal) pour la cause (un processus de liberalisation/marchandisation déjà avancé)...

    Un exemple après d’autres de la " bruxellisation" de notre secteur public...dans le droit fil du projet de libéralisation des services .
    "L’Union européenne reste un monstre à deux visages. Côté face, les professions de foi sociales et la promesse de défendre le modèle européen. Côté pile, libéralisation et privatisation à tout crin des services publics et incitations au dumping social."

    Certains accusent la Poste d’une dégradation de certains de ses services. C’est oublier que celle-ci est le produit d’une privatisation déjà bien avancée dans les faits...

    La Poste accélère sa privatisation :


  • Mimi067 30 septembre 2008 01:52

    La Poste, un SERVICE PUBLIC ?

    Bien qu’ayant étudié quelques années le droit administratif, je n’en démords pas de cette définition : un service public, c’est, selon moi, un service rendu au public, D’ABORD. Après viennent les considérations de droit.

    A-t-on perdu notre bon sens ?

    Quel service public ? ok pour la proximité dans les campagnes. Mais ensuite...

    Qui à part les retraités et les demandeurs d’emploi peut aller chercher un courrier rec ou un colis ? Vous avez vu les horaires des bureaux de poste ??? Et les horaires de levée (16h00 à Strasbourg). Et les retards récurrents sur les colissimo, les chronoposts, les jours de grèves ? Et les taux d’intérêts au rabais payé par le contribuable (la Banque Postale se paie le luxe d’être déficitaire) ?

    A qui cela profite -t-il à part aux quelques irréductibles gaulois qui travaillent à la POste ?

    Voilà la définition du service public à la française : on ouvre un bureau de poste de 14h00 à 17h00 (ex. Agence Rhin à Strasbourg), on met des guichetiers dépressifs au comptoir qui maugréent au premier renseignement demandé, on fait attendre minimum 10 minimum tous clients qui se présentent (surtout s’il a l’air souriant) et... Label Service public, on dit à tous les gars du bureau de poste : vous pressez pas, on a encore une grèce à préparer, de toute façon on a la sécurité de l’emploi et une bonne retraite.

    Le service public à la française, c’est d’abord le service public des fonctionnaires.


    La poste a besoin d’un bon coup de ménage. Merci Bruxelles et vive l’Europe.


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