mercredi 22 août 2018 - par
Le Brexit, 2 ans après 2/2 : ce que le Brexit dit de la sortie de l’UE
Il y a quatre mois, j’avais fait un point d’étape sur le Brexit et ce que le processus de sortie de l’UE par Londres impliquait pour notre pays. L’évolution des négociations, du débat et des résultats économiques outre-Manche donne l’occasion de refaire un point sur cette première institutionnelle européenne, heureusement annonciatrice de la fin de UE, tôt ou tard.
De l’article 50 et du climat politique
C’est un débat ancien sur le blog puisque je l’avais ouvert il y a près de 6 ans, en analysant pratiquement ce que donnerait une sortie de l’UE par la procédure de l’article 50, aujourd’hui utilisée par Londres, prolongé six mois plus tard lors d’un débat avec l’UPR. Même si je reconnais volontiers que ma position a évolué sur la question, pas sur le résultat souhaité, mais sur le moyen d’y parvenir, je pense en revanche que mon analyse de 2012 sur l’article 50 était juste et qu’il ne faudra pas suivre le chemin choisi par Theresa May pour quitter l’UE. La situation est trop différente, la Grande-Bretagne étant une île hors de l’euro et de Schengen, qui ne veut qu’un changement modéré.
En effet, après le référendum, la Banque d’Angleterre a pu prendre des mesures de soutien à l’économie, ce qui ne serait pas possible en France en restant dans l’euro. Après avoir annoncé des conséquences économiques immédiates désastreuses, qui ne se sont pas matérialisées, comme le montrent les résultats de croissance, les opposants annoncent maintenant des conséquences négatives après, tout aussi questionnables que leurs mauvaises prévisions antérieures. Mieux, la baisse de l’immigration provoque une pénurie de main d’œuvre qui pousse les salaires à la hausse, ce qui montre au contraire l’intérêt du Brexit pour l’ensemble de la population et de l’économie britannique !
Cependant, la procédure de l’article 50 introduit une période étrange, où les politiques de l’UE restent en place et où le pays qui veut en sortir doit négocier avec une bureaucratie à la mauvaise volonté évidente, le tout dans une ambiance médiatique effarante où les opposants à la sortie n’hésitent pas à remettre en cause l’issue du référendum. Il est étrange de voir les représentants du peuple négocier si difficilement pour mettre en place un choix démocratique. Il n’est pas normal que le rapport de force semble tellement en faveur de la bureaucratie bruxelloise. La démocratie devrait primer naturellement et plus simplement, comme cela avait été le cas en 1981 en France ou en 1979 outre-Manche.
Plus globalement, cette période de latence ne me semble pas souhaitable, pour qui souhaiterait un véritable changement. D’abord, elle institue une forme de supériorité de l’état de droit sur la démocratie, comme Jacques Sapir l’avait remarquablement expliqué dans une série de papiers en 2013. La légitimité politique de la majorité, exprimée lors d’une élection, ne saurait être inférieure à de bien plus anciens textes légaux, qui plus est, à la légitimité contestable. Et un candidat pourrait parfaitement demander un mandat pour une sortie unilatérale et immédiate afin de pouvoir mettre en place un changement rapidement, lui donnant alors toute légitimité pour mener le Frexit hors de l’article 50.
En outre, il faut bien se rendre compte que le psycho-drame britannique n’est rien à côté de ce que serait une sortie de la France de l’UE. La pression de tous les défenseurs de ce système serait démultipliée car ils sauraient que c’est tout le châteu de cartes qui risquerait de tomber avec le départ de la France. En fait, on peut même se demander, a posteriori, si cette procédure n’a pas été conçue pour faciliter le fait de revenir sur la décision prise… Dans le cas d’un Frexit, ces deux années seraient perdues à batailler sur des détails en perdant de vue que la démocratie doit permettre une alternative et qu’il ne serait pas légitime que cette alternative ne puisse pas être mise en place avant 2 ans.
Dès l’obtention d’une majorité, il faudra pouvoir interdire le glyphosate, protéger nos agriculteurs et notre industrie, mettre fin au démantèlement du service public, lutter contre les parasites fiscaux, ou remettre la monnaie au service de l’intérêt général. En suivant l’article 50, cela ne serait possible qu’au bout de 2 ans… Voilà pourquoi une sortie unilatérale et immédiate sera la bonne voie pour le Frexit.