vendredi 27 juin 2008 - par elisabeth

Le miroir des illusions : quand les « gouvernants » agitent l’épouvantail de l’élargissement pour faire passer le Traité de Lisbonne

Depuis plusieurs jours maintenant, les médias, quels qu’ils soient font chorus pour dénoncer « l’ingratitude » des Irlandais, qui n’ont pas bien voté, comme les Français et les Néerlandais, il y a trois ans. Histoire de ne pas trop heurter leur lectorat, ils ont la « bienveillance » de reconnaître que l’UE n’est pas assez attentive aux préoccupations quotidiennes des peuples… Et n’est pas assez démocratique… Mais peut-être cet « adoucissement » des critiques, par rapport au déluge qui a suivi le « non » des Français, n’est-il que l’expression des reproches émis par Nicolas Sarkozy envers l’UE… Et qui dès lors sont considérés comme « politiquement correct ».

Suite à la réunion des vingt-sept, laquelle n’a pas avancée d’un pouce, ni en matière institutionnelle ni en matière économique (que faire pour solutionner la hausse du pétrole ?), le duo franco-allemand, suivi de près par les « ayant déjà ratifié » de la première heure, agite l’épouvantail de la fin de l’élargissement… Non bien sûr en direction des peuples (la plupart sont contre la poursuite de l’élargissement, et pour le reste… on trouvera bien un « arrangement juridique » avec l’Irlande, n’est-ce pas ?)… Mais de la République tchèque et de son ennuyeux président… eurosceptique… Lequel tient particulièrement à l’entrée de la Croatie dans l’UE.

D’où les déclarations alarmistes des « dirigeants européens » :

Nicolas Sarkozy : « Sans Traité de Lisbonne, il n’y a pas d’élargissement. »

Ferenc Gyurcsany : « Si nous voulons compléter l’UE avec l’adhésion des pays des Balkans, cela nécessite sans équivoque la modification du cadre mis en place par le Traité de Nice. »

Mirek Topolanek : « Tout le monde sait que le Traité (de Lisbonne) ne pourra pas entrer en vigueur au 1er janvier 2009 et tout le monde sait que sans amendements le traité existant de Nice ne permettra pas d’élargissements supplémentaires. »

Ursula Plassnik : « La Croatie ne doit pas devenir une victime du rejet du référendum en Irlande. »

Jean-Claude Juncker : « Sans nouveau Traité, pas d’élargissement. »

A entendre toutes ces braves personnes, qui se considèrent tellement plus importantes que tout le monde, et parmi lesquelles on trouve notamment le futur président de l’Union pour 6 mois (notre président) et le postulant à un poste de président de l’UE (pour deux ans, comme prévu par le Traité dit de Lisbonne), l’estimable Jean-Claude Juncker, on ne peut être que consterné.

Car toutes ces belles déclarations, qui s’appuient (mais oui, c’est certain !) sur le Traité de Lisbonne… Et de Nice… sont fausses !

En effet, il suffit de lire le Traité de Nice… Pour comprendre que celui-ci nie complètement les belles paroles de nos chères « élites » !

En effet, les dispositions du Traité de Nice concernant la pondération des voix des nouveaux membres de l’UE au conseil (etc.) sont renégociées à chaque nouveau traité d’adhésion et font l’objet d’un acte d’adhésion distinct du traité d’adhésion. Si le Traité de Nice ne parle que de 27 pays, il n’y a rien qui empêche de faire exactement de même avec un 28e, etc.

Pourquoi cela ? Parce que, comme l’avait établi Georges Berthu (Traité de Nice, l’Europe sans repères, p. 157), la « déclaration relative à l’élargissement de l’Union européenne, précisant la place des futurs membres (les 10 futurs nouveaux plus la Roumanie et la Bulgarie), au Conseil européen, au Parlement européen, à la Commission européenne, etc., « n’a aucune valeur juridique : elle sert uniquement de référence pour la rédaction des futurs traités d’adhésion, qui seuls auront une valeur légale ».

Heureusement, l’UE ayant sans doute quelques problèmes de communication… Le message « officiel » n’est pas arrivé aux oreilles de la présidente finlandaise, Tarja Halonen, laquelle s’est inscrite en faux de ce chorus européen mal informé : « Je pense que l’élargissement va se poursuivre », même sans Traité de Lisbonne. Ne vous inquiétez pas, l’élargissement va continuer comme nous l’avons dit. »

Ni à celle de « l’ami » du président français… Un certain… Berlusconi lequel s’est aussi inscrit en faux, affirmant qu’il n’avait "pas de doute" sur l’adhésion de la Croatie.

La sauce n’a pas pris non plus du côté polonais, où le Premier ministre polonais Donal Tusk s’en est pris violemment à Sarkozy, jugeant "inacceptables" ses propos selon lesquels il n’y aurait pas d’élargissement sans le Traité de Lisbonne. Pour être bien entendu, ce dernier n’a pas hésité à marteler qu’il ne devait pas y avoir "de lien, quel qu’il soit", entre le traité et l’élargissement de l’Union européenne.

Evidemment… les médias français… toujours très indépendants comme on le voit… n’ont pas à un seul moment fait état des « mensonges honteux » de la plupart des dirigeants européens, qui, bien sûr, ne mentent jamais et n’agitent jamais des épouvantails à l’adresse des électeurs… et des parlementaires.



7 réactions


  • LE CHAT LE CHAT 27 juin 2008 11:38

    les réunions à Bruxelles consistent essentiellement à dilater le rectum des diptères ! et à donner de l’importance à Manuel Baroso .....


  • ronchonaire 27 juin 2008 12:11

    L’erreur réside à mon sens dans le fait de lier l’élargissement de l’UE à la ratification d’un nouveau Traité. Le premier est une décision politique et historique alors que la seconde n’est finalement qu’un détail fixant le mode de fonctionnement de l’Union ; ils n’ont donc rien à voir l’un avec l’autre.

    L’élargissement va et doit se poursuivre car les Balkans font partie intégrante de l’Europe (historiquement, culturellement et économiquement) et ont donc toute leur place au sein de l’UE. C’est le sens de l’Histoire que d’intégrer ces pays. Nous n’allons quand même pas manquer l’Histoire simplement parce que nos dirigeants et les technocrates bruxellois ne sont pas foutus de pondre des règles de fonctionnement simples et qui puissent être appliquées quel que soit le nombre de membres.

    Il y a par ailleurs un argument plus terre à terre en faveur de la poursuite de l’élargissement : en 2004, nous avons intégré 10 nouveaux pays (et encore 2 autres depuis) sur la base du Traité de Nice, qui était déjà inadapté. Intégrer 5 ou 6 pays supplémentaires ne changera rien, il faut changer le mode de fonctionnement des institutions européennes de toute façon, avec ou sans eux. Donc autant les intégrer rapidement.


  • Forest Ent Forest Ent 27 juin 2008 15:48

    Rien n’empêche la France, dans le cadre du traité de Nice, de dire à la Hongrie : "si vous ne votez pas le Traité de Lisbonne, nous voterons contre l’entrée de la Croatie". Ca ne découle pas des textes, mais des volontés politiques. L’exégèse est superflue.

    A part ça, sur le fond, cet article explicite bien le processus par lequel l’UE est devenue nuisible à l’Europe : en utilisant de plus en plus les adhésions comme des outils de politique étrangère, voire personnelles, on a de plus en plus oublié de lui donner un contenu. C’est devdenu un outil au service de gens, pas de populations.

    L’UE est déjà trop grande. L’élargir un peu l’achèvera peut-être ?


  • vivelecentre 28 juin 2008 07:40
    Alors si les nations sont un moindre mal , que les nonistes pro européen fassent des propositions concrètes sur une Europe fédérale !

    Mais d’une façon ou d’une autre , les nations disparaitront pas du jour au lendemain, et l’union européenne , au niveau fédéral ou au niveau européen prendra le relais nécessaires des solidarités . Sans non plus négliger l’importance accru des régions ou Länder

    Malheureusement , je crois que ces "solidarités " cachent le plus souvent des avantages ou privilèges acquis que chacun garde jalousement à l’interieur de ses frontières

    Les enjeux du 21 eme siècle sont tout autre et il est dommage de voir de plus en plus de bataille de bannière national en Europe - un jour trop ou pas assez sociale, trop bureaucratique ou trop liberale, trop politique ou pas assez- alors que le monde se structure de plus en plus autour de quelques grand pôles ou géant économique

    La Chine dans un premier temps , à moins que ce soit finalement l’Inde seront les grandes puissances mondiales du 21eme siècle

    L’europe aujourd’hui i peut ( à condition de rester élargie) faire aussi la course en tête.

    Alors tout ce qui restreint l’europe , d’une façon ou d’une autre, est néfaste pour et dans sa construction.

    Cela ne veut pas dire qu’il faut accepter n’importe quoi , mais refaire la culture de compromis et comprendre que l’europe ne peut pas être dans un premiers temps à l’image exacte de ce que rêvent les français ( leur modèle France comme par hasard..) , les Irlandais ou tout autre nation

    Vous savez quel est mon regret dans la construction démocratique de l’europe ( referendum ou ratification parlementaire ) ?

    C’est que la question soit toujours dans les deux cas une approbation ; oui ou non, approuvez vous tel ou tel texte

    L’idéal serait à mon sens que l’on propose deux textes Alternatifs

    Par exemple Fédéraliste ou unioniste, économie semi collectiviste ou liberale

    Là les peuples seraient bien obligé de choisir leur destin plutot que démontrer à longueur de scrutin leur mauvaise humeur à l’encontre de la classe politique bien souvent diabolisée ou accusée de tout les maux

    commentaire constructif ?  0

     

    > Sarkozy et les eaux profondes de l’impopularité
    par Forest Ent
     
    Alors si les nations sont un moindre mal, que les nonistes pro européen fassent des propositions concrètes sur une Europe fédérale !

    Hélas, on en a tant fait pour rien. Un exemple : l’UE promeut la libéralisation de l’énergie et du ferroviaire, et dit que pour cela il faut nationaliser les infrastructures. Pourquoi ne pas proposer la création "d’établissements publics européens" pour gérer ces infrastructures ?

    Cela ne veut pas dire qu’il faut accepter n’importe quoi , mais refaire la culture de compromis et comprendre que l’europe ne peut pas être dans un premiers temps à l’image exacte de ce que rêvent les français ( leur modèle France comme par hasard..) , les Irlandais ou tout autre nation.

    Pour l’instant, l’UE est à l’image de ce que rêvent les US, et n’est pas un compromis entre peuples européens, mais politiques européens, totalement coupés de leur électorat.

    L’idéal serait à mon sens que l’on propose deux textes alternatifs. Par exemple Fédéraliste ou unioniste, économie semi collectiviste ou liberale. Là les peuples seraient bien obligé de choisir leur destin plutot que démontrer à longueur de scrutin leur mauvaise humeur à l’encontre de la classe politique bien souvent diabolisée ou accusée de tout les maux.

    Tout à fait. Mais ce n’est peut-être pas un hasard si l’on ne nous a pas demandé quelle Europe nous voulions. Et les classes politiques sont diaboliques et coupables de tous les maux, jusqu’à preuve du contraire

    (IP:xxx.x30.45.205) le 27 juin 2008 à 23H57

     


  • dup 28 juin 2008 10:02

    je souhaite de mon vivant encore voir s’effonder cette imposture , cett euro-dictature ,monstre hideux et bureaucratique qui n’a rien apporté aux peuples que de magouilles ,du lobbying , de l’incompétance ,de la ruine ,de la spolatîon par des bureaucratres parasites .Ah non , j’oubliais , elle a apporté un règlement très utile pour les échafaudages :
    ***I
    RAPPORT
    sur la proposition relative à une directive du Parlement européen et du Conseil portant deuxième modification de la directive 89/655/CEE concernant les prescriptions minimales de sécurité et de santé pour l’utilisation par les travailleurs d’équipements de travail (2ème directive particulière au sens de l’article 16 de la directive 89/391/CEE) (COM(1998)678 – C4-0707/1998 – 1998/0327(COD))

    PE 286.188 10/26 RR\419928FR.doc
    FR
    la configuration et la résistance seront propres à éviter ou arrêter les chutes de hauteur et à prévenir, dans la mesure du possible, les blessures des travailleurs Justification :
    Étant donné que les dispositifs de protection collective sont souvent le facteur physique le plus important dans la prévention des chutes de hauteur, il est essentiel de préciser la définition fournie dans l’annexe. Au demeurant, il convient de souligner que différents paragraphes de l’annexe, possèdent actuellement une formulation différente en ce qui concerne la définition du concept de protection : 4.1.4 "dispositifs de protection collective anti-chute" ;4.3.4 "protections collectives" ; 4.3.7 "dispositif de protection collective contre les chutes" et cette formulation doit être harmonisée dans le projet final.
    (Amendement 9)
    Annexe, paragraphe 4.1.1. premier sous-paragraphe Si, en application de l’article 6 de la directive 89/391/CEE et de l’article 3 de la présente directive, des travaux temporaires en hauteur ne peuvent être exécutés en toute sécurité et dans des conditions ergonomiques acceptables à partir d’une aire adéquate, les équipements de travail les plus appropriés pour assurer un niveau de sécurité suffisant pendant toute l’utilisation sont choisis. Leur dimensionnement doit répondre à la nature des travaux à exécuter et aux contraintes prévisibles et permettre la circulation sans
    danger. Si, en application de l’article 6 de la directive 89/391/CEE et de l’article 3 de la présente directive, des travaux temporaires en hauteur ne peuvent être exécutés en toute sécurité et dans des conditions ergonomiques acceptables à partir d’une aire adéquate, les équipements de travail
    les plus appropriés pour assurer et maintenir le niveau de sécurité le plus élevé pendant toute l’utilisation sont choisis. Leur dimensionnement doit
    répondre à la nature des travaux à exécuter et aux contraintes prévisibles et permettre la circulation sans danger.
    Justification :
    Il s’agit de préciser que le niveau de sécurité à atteindre dans ce type de situations de travail à risques doit être aussi élevé que possible pour éviter tout imprévu.
    (Amendement 10)
    Annexe, paragraphe 4.1.2. L’utilisation d’une échelle, comme poste de travail en hauteur, doit être limitée aux circonstances où l’utilisation ’autres équipements de travail plus sûrs ne se justifie pas en raison de la courte durée L’utilisation d’une échelle, comme poste de travail en hauteur, n’est pas autorisée. Elle doit être strictement limitée aux circonstances où le faible niveau de risque et la courte durée d’utilisation le
    RR\419928FR.doc 11/26 PE 286.188
    FR
    d’utilisation et du faible niveau de risque. permettent, après évaluation des deux facteurs et pour autant que l’utilisation d’autres équipements de travail plus sûrs ne soit pas possible.

     

    (Amendement 13)
    Annexe, point 4.2.1.
    Les échelles sont placées de manière à assurer leur stabilité pendant l’utilisation. Les appuis des échelles portables reposent sur un support stable, résistant, immobile et horizontal. Les échelles suspendues autres que celles en corde sont fixées d’une manière sure, de façon à ne pas se déplacer et à éviter les mouvements de balancement. Les échelles sont placées de manière à assurer leur stabilité pendant l’utilisation.Les échelles portables ne seront dressées que sur des appuis robustes et de dimensions adéquates, de manière à assurer leur stabilité, leur immobilité et qu’elles reposent sur un support horizontal. Les échelles suspendues autres que celles en corde sont fixées d’une manière sure, de façon à ne pas se déplacer et à éviter les mouvements de balancement

    Courteline vous salue


  • dup 28 juin 2008 10:11

    ah encore ça qui vaut son pesant d’euro . Une joyeuse bande de copains qui ont une belle vie à vos frais . C’est quand même plus chouette de faire ça que de limer des pièces en acier dans un atelier sombre non ?

    http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?pubRef=-//EP//TEXT+CRE+20010614+ITEMS+DOC+XML+V0//FR

     

     


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