vendredi 14 janvier 2011 - par Henry Moreigne

Mauvaise polémique autour d’un agenda européen

Tout secrétaire d’Etat qu’il est, Laurent Wauquiez devrait se souvenir qu’il vaut mieux tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler. Fantasme dominant d’une islamisation rampante oblige, le ministre aux affaires européennes pensait avoir enfourché le bon cheval en accusant l’Union Européenne de renier ses origines chrétiennes. L’objet par lequel le scandale arrive a pour nom : l’agenda Europa. Edité par la Commission européenne à destination des lycéens il mentionne dans son édition 2010-2011 les principales fêtes religieuses (Musulmanes, Juives, Hindoues) mais omet les chrétiennes.

L’information interpelle mais perd son caractère scandaleux si on prend le temps de se demander pourquoi. Tout d’abord, il convient de regarder un peu plus prés la philosophie et les objectifs assignés à cet agenda. Un petit tour sur le site internet qui lui est dédié permet de se faire une idée. L’agenda Europa est distribué depuis sept ans à plus de trois millions de lycéens et d’étudiants à travers l’Europe. Il contient des informations susceptibles de les aider dans les différents domaines de leur vie quotidienne ainsi que des illustrations mettant en scène les grands événements ayant jalonné l’histoire de la civilisation.

Si l’édition 2010-2011 comporte la mention de plusieurs fêtes religieuses relatives au judaïsme, à l’islam ou à l’hindouisme mais pas les fêtes religieuses chrétiennes c’est simplement parce que le choix éditorial a été mis sur la découverte des fêtes religieuses méconnues autres que chrétiennes.

L’initiative n’est peut être pas très judicieuse mais elle est loin d’être diabolique. Le concept a surtout offert un superbe cadeau de Noël à de nombreux eurosceptiques.

Ce n’est pas un hasard si la polémique a été lancée en fin d’année 2010 par un eurodéputé britannique. Dans son sillage, des associations Chrétiennes Italiennes et Polonaises manifestent leur émoi. La Conférence des évêques européens met également son grain de sel jugeant ahurissante l’absence de fêtes chrétiennes dans cet agenda.

En France, Christine Boutin, présidente du Parti chrétien-démocrate, adresse le 23 décembre une lettre à José Manuel Barroso, président de la Commission européenne, dans laquelle elle fait part de son “inquiétude”, de son “incompréhension” et même de son “indignation “. “La Commission européenne peut-elle prétendre à un oubli ? Mais comment peut-on involontairement omettre de mentionner la fête de Noël, célébrée à travers toute l’Europe par de nombreuses personnes, même non chrétiennes ?” écrit notamment Christine Boutin que la présence d’une simple illustration d’un sapin estonien à la date du 25 décembre ne convainc pas.

Le 12 janvier, Laurent Wauquiez, ministre français chargé des affaires européennes, entre dans la danse. Agenda à la main, le ministre lors d’une conférence de presse spécifique a déploré “qu’on parle de Ghandi, de la découverte de la tomate au Pérou ou de l’Antarctique“, mais pas de ce qu’est l’identité européenne.

Cette initiative, sympathique au départ, est représentative d’une Europe que je n’aime pas et qui ne s’aime pas. Cette Europe-là nie ses racines chrétiennes et met un mouchoir pudique sur ce qu’elle est. L’Europe des clochers ne s’assume pas. Or, une identité refoulée est une identité qui se venge“. “Des fêtes indoues, des fêtes chinoises, musulmanes et aucune fête chrétienne comme Noël ou Pâques. A quoi ça rime ?” a attaqué le ministre. “On a honte de notre identité chrétienne ? On a honte que l’Europe des clochers a été constitutive de notre identité européenne ?

Face à ces multiples volées de bois vert, la Commission européenne a fait amende honorable. Le porte-parole de la Commission, Frédéric Vincent, a promis une correction des éditions à venir. De son côté, le commissaire européen chargé des consommateurs va écrire dans les semaines qui viennent aux établissements ayant reçu l’agenda pour reconnaître “une bourde“.

Europe des clochers“, l’expression non choisie au hasard renvoie à celle des minarets et à la polémique autour de la visibilité de l’Islam dans le paysage public européen. Dans les pas de Charles Martel, Laurent Wauquiez pense sans doute avoir sauvé l’Europe. Mais quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage. Tout de suite c’est un peu de la construction européenne que le ministre est censé défendre qui reste sur le carreau.



8 réactions


  • juluch 14 janvier 2011 13:02

    L’Europe est d’origine Chrétienne et la France aussi !


    Les technocrates de Bruxelles et leur politiquement correct aillent se faire estimer !!!

    • jako jako 14 janvier 2011 13:15

      Bjr Juluch, l’europe est d’origine politique composée de tribues pour la plupart d’origine barbares, cela dépend ou on place le curseur.


    • jako jako 14 janvier 2011 14:04

      Oui c’est ce que dis


  • dupont dupont 14 janvier 2011 14:11

    C’est vrai quoi, s’offusquer parce que les fêtes chrétiennes ne figurent plus sur le calendrier européen, faut vraiment être nauséabond.
    C’est un peu comme ceux qui voient disparaître des pans entiers de l’Histoire de France enseignée dans nos écoles au profit de celle de lointaines tribus africaines et qui s’en indignent, ceux là puent vraiment.
    Mettons notre passé putride à la poubelle et tournons nous vers l’avenir, en direction de l’Est- Sud.Est. C’est ça ?


  • jak2pad 14 janvier 2011 15:19

    @ dupont : bien d’accord avec vous

    il faudrait limiter l’étude de l’Histoire et de la Culture à la lecture des oeuvres complètes de l’excellent auteur de cet article prodigieusement éclairant.


  • LE CHAT LE CHAT 14 janvier 2011 15:54

    une preuve de plus que l’Europe ne sert pas les européens , mais est le cheval de troie de la mondialisation destructrice !  smiley


  •  C BARRATIER C BARRATIER 14 janvier 2011 19:13

    Il s’agissait de parler de religions méconnues ? Soit, mais il en manque. N’oublions pas que les dieux sont immortrels, tous, - donc vivants ainsi que les déesses. Donc ce n’était ni prudent, ni objectif...
    Les personnages publics qui se font leur pub en s’exprimant sur le sujet ne se font pas entendre devant les calendriers qui oublient des centaines de religions, mais parlent de jeudi de l’ascension (de l’Everest ?), de lundi de Pentecôte, là il faudrait expliquer ce que c’est, pareil pour Pâques. Noël, tout le monde comprend à cause du père Noël. Le jour du mensonge aux enfants en situation d’être abusés.Mais il manque le père Janvier (le centre de la France faisait les cadeaux ce jour là).
    Plutôt que de faire des choix forcément biaisés, il vaudrait mieux ne citer aucune fête
    religieuse des uns ou des autres, mais indiquer les dates fériées dans chaque pays d’Europe. Utile pour voyager.
    Au lycée ou au collège, les enfants ne viennent pas avec le souci de mettre en avant leur religion, s’ils en ont une, mais bien d’essayer de se former en suivant les programmes, d’apprendre à construire une démonstration littéraire, philosophique, ou scientifique. Ces querelles d’un autre âge qu’on essaie de leur imposer par le biais de ce document distribué par une commission qui clairement n’est pas performante sur ce sujet représentent une inutile dispersion ..qui en plus coûte !.


  • jymb 14 janvier 2011 23:07

    Aprés avoir bien feuilleté cet agenda on peut surtout affirmer qu’il s’agit d’un magnifique condensé de propagande, d’autosatisfaction et de politiquement correct, ( page 12, premier problème mondial cité « le réchauffement climatique » réasséné ensuite sans vergogne page 76 ! , panégyrique sans nuance de l’euro ( pages 20/21) assorti de quelques descriptions joviales de ce que l’on peut considérer comme des gaspillages d’argent à couper le souffle ( cf page 92 financement du projet « moderniser le système carcéral en république dominicaine » !!!!) absence de commentaire sur l’absence de démocratie directe, de prise en compte des opinions réelles....
    Mais heureusement quelques lignes biens senties recadrent les fondamentaux de ce formidable espace de démocratie : page 9 « La commission européenne est la seule institution qui peut proposer de nouvelles lois » ou préparent l’opinion(pages 67/69) à la poursuite des politiques anti-mobilité, bien sûr pour notre bien ...
    En cherchant bien on trouve quand même quelques rares hésitations. Par exemple sur les fumeurs réduits au trottoir comme des chiens, page 58 «  » cette démarche est-elle la bonne ?"
    Combien a couté ce chez d’oeuvre qui trouvera une utilité chez moi pour caler le pied de la table ?


Réagir