lundi 22 juin 2015 - par Fernand Tristan Isolda

Merci à la Grèce

Voici la traduction d'un article paru dans "die Welt" ce 21 juin 2015.
Il est écrit par le "reporter' et essayiste Henrik M. BRODE (né en Pologne mais citoyen allemand) qui se trouve être un des rares opinionistes d'Outre-Rhin qui s'affirment clairement contre Merkel et contre l'U.E. née à Maastricht.
Vous trouverez ici l'article original dont j'ai souligné les quelques élèments qui correspondent aux idées que j'ai développées dans "Europe, du Diable ou du Bon Dieu ?") : 
http://www.welt.de/debatte/kommentare/article142812103/Warum-wir-den-Griechen-unseren-Dank-schulden.html

 

Nous devons remercier les Grecs. Leur entêtement nous a ouvert les yeux sur le manque de construction de l'U.E. Tout peut être dénoncé, un traité comme un mariage. Mais pas le traité de Maastricht qui doit valoir jusqu'à la fin des temps.

Peu importe le résultat du combat autour d'Athènes, et que la Grèce reste ou non dans l'euro-zone, nous devons lui être reconnaissants. Avec leur esprit particulier, entêté, tortueux, les Grecs ont brutalement rendu clair, à nos yeux de badauds autour de l'arène, ce que doit être l'Union européenne.

Non pas une communauté de valeurs comme le répètent à l'envi ses adhérents, mais une construction idéologique dont le le plus important des devoirs consiste à assurer sa propre conservation, en tant que château de cartes dont on ne saurait sortir, et en tant que palais des airs créé pour rendre hommage aux maîtres d'oeuvre et organiser de somptueuses Fêtes.
Ainsi faisons-nous l'expérience de ce qu'un pays qui a été admis dans l'euro ne peut plus en sortir. A cette éventualité, les créateurs de l'euro n'avaient jamais pensé, pas plus au fait que ce Traité-Baillon puisse être moralement contraire aux bonnes moeurs.
Illusion d'homogénéisation made in U.E.

On peut rapporter un objet consigné, déclarer civiliment nul un mariage religieux dans la très catholique Irlande, ou l'annuler purement et simplement comme le fait le Vatican en certains cas. Mais il est impossible de toucher au traité de Maastricht, qui a remplacé la "Communauté européenne" par l'U.E., et introduit l'actuelle union économique et monétaire. A l'instar des Dix Commandements il serait censé valoir jusqu'à la fin des temps.

Une absurde idée est au fondement de l'U.E., celle d'une homogénéisation de la vie sociale dans les pays membres à partir d'un travail collectif très délimité politiquement et économiquement. 
Et une telle idée, déjà très dfficilement pensable pour un pays comme l'Allemagne, où l'on n'arrive pas à s'entendre entre "Ländern" sur les dates des vacances afin d'éviter le chaos dans la circulation, devrait fonctionner pour un ensemble très complexe et diversifié qui va de l'Estonie au Portugal et de la Finlande à la Grèce !...
Le plus important instrument pour assurer cette homogénéisation devait être l'Euro, censé égaliser les différences économiques, comme le chômage en un pays et le plein-emploi dans un autre, ou un bilan commercial positif ici et négatif là.

Que dirait Woody ALLEN de ce mariage ?

Or, il ne viendrait à personne l'idée d'organiser une course de voitures où participeraient toutes les catégories de véhicules (du kart à la F1). Surtout si son très improblable résultat devait être vanté par les organisateurs comme étant une "victoire de l'égalité des chances".
C'est cet art de "l'égalité des chances" qui a conduit l'U.E. à ce que "au sud de l'Europe la situation ressemble à la grande Dépression de la crise économique mondiale", ainsi que s'exprime l'économiste Max OTTE, qui, en 2006, avait prévu une crise financière, et qui fut bien moqué pour cela. 
Le rire n'a pas duré ; en 2008 la crise était là. Et sept ans plus tard, l'U.E. est non seulement toujours occupée à gérer cette crise, mais a pratiquement fait de la Crise elle-même l'unique affaire qui tient encore ensemble et l'U.E. et la zone-Euro.
Si, comme l'a dit Woody Allen, le mariage est "la recherche de résoudre à deux des problèmes qu'on n'aurait pas eus tout seul", alors l'U.E. est un un groupe expérimental où les participants doivent en finir avec des problèmes qu'ils se seraient épargnés s'ils n'avaient pas appartenus au groupe.

 
Rien d'autre qu'une insolvabilité prolongée

"Nous sommes contraints à une communauté de salut" a dit le CDU Wolfgang BOSBACH, qui n'est pas économiste mais de sain entendement. Et, face à cette lancinante situation d'insolvabilité, la Chancelière s'élève et dit : "Là où il y a la volonté, il y a un chemin" [Note du traducteur : phrase de la philosophe Simone Weil]. Quelques-uns rident leur front devant une telle platitude, mais la plupart s'en contentent. Cela sonne bien (= klingt gut).

Il suffit de vouloir correctement et tout ira bien. "Le monde comme volonté et représentation". Schopenhauer peut nous saluer de sa tombe. La Chancelière a extrait "la chose en soi", écrivent les commentateurs sans une once d'ironie.
La Grèce a déjà eu un régent allemand, Otto Friedrich Ludwig von WITTELSBACH, qui dirigea le pays de 1835 à 1862. Ce roi OTTO 1° fut choisi par le peuple grec comme chef d'Etat et résida à Athènes. Angela 1° a conquis, elle, le pouvoir à distance..

.A toutes les instances et institutions elle a dit vouloir sauver la Grèce, comme s'il n'y avait pas d'accords et de pactes qui déterminent les relations entre les Etats. Pourquoi avons-nous la Commission européenne, la B.C.E., le F.M.I ? Pourquoi avons-nous un Parlement européen, si en fin de compte seule la Chancelière décide ce qu'il faut faire.


Dans la phrase sur "la volonté et le chemin" gît un potentiel autoritaire, voire déjà un totalitaire mode d'emploi. Que la volonté soit l'Unique, d'où qu'elle vienne, de cela était aussi convaincus les généraux allemands qui, fin 1942, continuaient par bravade, malgré toutes les pertes, le combat désespéré autour de Stalingrad. Et de même les dirigeants de la RDA (DDR) qui jusqu'en novembre 1989 ne voulaient pas reconnaître qu'elle était économiquement défaite.

Non, la où est la volonté, il n'y a pas toujours un chemin, à moins qu'il ne soit poursuivi sous de dictatoriales contraintes.Et l'on sait ce qu'il advient à ceux qui osent s'opposer au mot d'ordre de la Chancelière du sein même de son parti. On chercha à "changer l'ordre du jour, afin qu'au Bundestag aucun dissident ne puisse plus parler du thème de l'euro", comme s'en souvient fort bien le député Klaus-Peter WILLSCH.
A l'heure actuelle, il ne s'agit donc pas de sauver la Grèce. "Il s'agit, nous dit Claudia ROTH (les Verts, vice-Présidente du Bundestag) du Projet Europe, de notre idée d'Europe", un bien plus haut quoique virtuel Bien (Gut). D'autant plus que l'exclusion de la Grèce de la zone-Euro constituerait "un incalculable risque pour l'économie mondiale".
D'un "incalculable" facteur parle aussi le Président du Parlement européen, Martin SCHULZ, qui pointe en fait toute autre chose. Au Parlement grec, nous dit-il, siège un parti néo-nazi, "de purs nazis, adeptes déclarés du Führer" qui peuvent provoquer de sérieux troubles. Il croit aussi que "si la Grèce lâchait le lien européen, elle deviendrait un partenaire incalculable", qui se jetterait au cou de la Chine ou de la Russie.

Wir sitzen im falschen Zug/Nous sommes dans le mauvais train
Oui, l'hystérie est ici à l'oeuvre. Si l'euro échoue, ce n'est pas seulement l'Europe qui échoue, mais c'est l'Acropole qui file en Sibérie ou est déplacé dans la province de Shandong. Donc il nous faut sauver "le Projet Europe, notre Idée d'Europe" comme on sauve un bateau du naufrage.
Or ce n'est pas l'Europe qui s'enfonce, mais l'U.E., c'est à dire une vision bureaucratique de l'Europe, qui n'a pas réussi son examen pratique. Et c'est pourquoi continue à vivre en elle l'esprit de la RDA "Toujours en avant, en arrière jamais".

Un vieux juif est assis dans un train, disons entre Limanowa et Dabrowa, en Galicie (région de la Pologne). La distance n'est pas si grande mais c'est un vieux et lent train qui s'arrête à toutes les stations. Et le vieux juif de se lamenter : "Seigneur, je suis perdu, que vais-je faire..."
Un des voyageurs s'inquiète : "qu'avez-vous donc, peut-on vous aider ?". "Personne ne peut m'aider" lui répond le vieux juif les larmes aux yeux."Je suis assis dans le mauvais train, et à chaque arrêt le voyage de retour se fait encore plus long"...



7 réactions


  • César Castique César Castique 22 juin 2015 20:41

    Cette analyse est intéressante, pleine de considérations pertinentes, mais il reste que, lors des élections de 2014, ce sont 80 ou 85 % de l’ensemble des votants, qui se sont prononcés en faveur de partis européistes.


    A partir de là, Juncker et consorts peuvent toujours exciper de ces chiffres pour observer que leur U.E, est plébiscitée par les peuples européens.

  • CN46400 CN46400 23 juin 2015 10:42

    Le pb c’est que que plus je rembourse et plus la dette augmente..... (2000 Milliards hier, 2200 milliards aujourd’hui pour la France) Y-a sans doute un problème dans le smilblic.....


  • yannos99 23 juin 2015 18:17

    z’avez pas encore compris où part, où est parti tous ce beau pognon.

    C’est qu’au bout d’une pairs d’année, ça en fait du flouze. Des dizaines, centaines de milliards evaporés.... Evaporés, pas pour tous le monde.

    Mais bon dieu, y font quoi avec tous ce pognon. C’est que ça en fait...

    Réponse évidente. Si on additionne toutes les infos qui pleuvent de partout, la crise, le dereglement climatique, L.F qui annonce une cata pour septembre (?), la Fema qui commande des milliards de cartouches, de ration de survie, de cerceuil en tout genre, l’étrange construction de l’aeroport de Denver (Mais bon dieu, qu’ont ils fait de 7 000Km de fibre optique ?), La réponse s’impose d’elle même.

    Ben, ils sont en train, depuis un moment donc déjà, de construire des putains d’abris ultra perfectionnés, ça, ça coute un bras, partout sur la planète avec ce beau pognon, CQFD

    Heu, dans ces abris, on n’a pas not’ place, c’est évident. Réservé à l’élite s’il vous plait. Pour refaire une jolie civilisation, des cerveaux bien plein de bachelier, c’est l’époque (!), d’enarque et d’ingenieurs en tous genre. Oubliez le plombier polonais, lui aussi est condamné.

    J’en ai même une autre.

    Je suis un super pays plein de pognon (de mes administrés, bien sûr). J’ai les moyens techniques de balancer plein de petits robots-fusées ou autres sur un astéroïde qu’est loin, mais loin, si loin que personne ne le verra, même les autres pays plein d’pognon (qui irai imaginé un scénarios comme cela) y voie que du feu si j’oserai dire. Pour faire bonne mesure, j’envoie un avertissement.

    Rigolez pas, une mega asteroide sur Paname et hop, les bouffeurs de camenbert nous ferons plus chier. Pour faire bonne mesure et enlever d’éventuels soupçons, j’en balance une dizaine sur l’europe (choisissez vos cibles !) et voilà, le tour est joué. Extinction de la moitié de l’humanité et les autres, tellement terrifié que j’en ferais ce que je voudrai.....

    A bon entendeur.....


    • TSS 24 juin 2015 09:34

      @yannos99

       les camps de la FEMA avant d’être des refuges (appellation officielle) sont des camps

       d’internement qui deviendront ,à terme ,des camps de concentration... !!


    • yannos99 24 juin 2015 11:38

      @TSS

      Le temps de « buter » les derniers survivants, ça leur laissera la place libre.....


  • TSS 24 juin 2015 13:31

     https/www.youtube.comwatchv=s-3peOXiY98
    .


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