samedi 15 septembre 2018 - par Laurent Herblay

Nouvelles illusions européennes en Grèce

En un mois, la « sortie officielle de la mise sous tutelle de la Grèce » a été annoncée et Tsipras s’est mis à promettre des baisses d’impôts et des dépenses sociales en vue des législatives prévues dans un an. Mais derrière les discours officiels, difficile de ne pas voir l’effarante impasse dans laquelle est le pays, les derniers plans étant tout aussi aberrants que les précédents.

 

Déni de réalité et temps acheté…
 
Les discours officiels des dirigeants européens et de Tsipras sont hallucinants. Ce dernier a un sacré culot d’oser promettre quoique ce soit aujourd’hui pour attirer les électeurslui qui avait promis la fin de l’austérité et de la tutelle européenne il y a quatre ans, avant de suivre les politiques menées par ses prédécesseurs, qu’il avait pourtant tant critiquées. En outre, il promet de respecter ses engagements européens, dont on sait qu’ils ne sont guère compatibles avec ses promesses de hausses des salaires et des dépenses publiques et de baisses des impôts. Oublie-t-il que son pays doit dégager un excédent budgétaire primaire de 3,5% du PIB jusqu’en 2022 et encore 1,5% du PIB en… 2060  ! On attendra également de voir ses promesses sur le salaire minimum mensuel, passé de 760 à 586 euros…
 
 
Il y a un an, il a signé un programme d’austérité d’une durée de plus de 40 ans  ! Si le pays va mieux, en partie grâce au tourisme, dans un contexte où les pays arabes ont perdu bien des visiteurs internationaux, et d’une conjoncture internationale plutôt porteuse (croissance, faible taux d’intérêt), on peut craindre que le pays ait traversé une phase relativement plus facile. Tout retournement conjoncturel pèserait lourdement sur une économie aussi fragile, contrainte de dégager de tels excédents budgétaires primaires, une terrible camisole austéritaire pour le pays. Et bien évidement, il est ridicule de parler de sortie de la mise sous tutelle pour un pays encore engagé pour plus de quatre décennies à une austérité sévère, dont l’applilcation sera en outre vérifiée pas moins d’une fois par trimestre  !
 
Beaucoup d’analystes soulignent d’ailleurs que ces plans sont des illusions et que jamais la Grèce ne pourra tenir de tels objectifs. The Economist a livré deux papierssaignants sur le sujet. Dans le premier, il dénonce des « objectifs exagérément ambitieux  » et rappelle que le (pourtant peu bienveillant) FMI plaide pour un allègement de la dette… Le journal des élites globalisées soulignent que ces politiques ont été contre-productives, pointant une baisse des investissements de 60%, outre le recul du PIB d’un quart. Les banques sont encore en difficulté, et le pays souffre d’une démographie d’autant plus vieillissante que des centaines de milliers de jeunes ont quitté le pays avec la crise.
 
 
 
En clair, la Grèce n’est malheureusement que dans le nouveau chapitre de ces plans inhumains, anti-démocratiques et inefficaces qu’elle accepte depuis plus de huit ans. Elle finira par ne pas rembourser, tant il est évident que le moindre retournement de conjoncture brisera ce fragile et malsain équilibre. Le pire est que beaucoup avait déjà écrit il y a déjà plus de huit ans


12 réactions


  • Olivier 15 septembre 2018 15:59

    Les joies de la démocratie libérale et financière. Mais rassurez-vous, nous n’avons qu’une quinzaine d’années à attendre pour que les français soient dans la même situation que les grecs. On verra les bobos gobeurs des médias se mettre à pleurnicher sur leur sacro-saint niveau de vie. 


  • jjwaDal jjwaDal 15 septembre 2018 20:10

    Tout a été mis en oeuvre pour sauver les banques privées grecques mais aussi allemandes et françaises (principalement) de leurs inconséquences (prêts à haut risque au secteur privé pour l’essentiel). La Grèce est toujours en situation de banqueroute (comme ailleurs on a demandé au public de secourir le privé) malgré une vente à la découpe et donc quitte à faire crever le peuple grec, on continuera à repousser l’échéance normale (défaut) jusqu’à la prochaine crise mondiale qui sonnera le glas des espoirs insensés que la Grèce rembourse une dette qui n’est que partiellement la sienne ( l’Etat grec et le peuple grec ne sont que partiellement responsables des dettes privées consécutives à des prêts bancaires inconséquents (eux-mêmes résultant de l’entrée dans la zone euro, une imbécilité manifeste) et une crise mondiale par dessus). Une fuite en avant dans toute son horreur.


    • baldis30 16 septembre 2018 12:38

      @jjwaDal
      bonjour,

      une solution ? à l’islandaise... !. que cela plaise ou déplaise aux banquiers ! 


    • jjwaDal jjwaDal 16 septembre 2018 15:36

      @baldis30
      Même elle, ne serait que le début d’une solution. Comme c’est parti les Grecs veulent le beurre et l’argent du beurre et n’auront ni l’un ni l’autre. Il n’y a pas que les Grecs qui en sont à ce stade de déni de réalité bien entendu. C’est plus ou moins mondial et vu que tout le monde s’est lié avec des pactes « diaboliques » style « OMC », « Accords de Bâle » et que l’intérêt à court terme d’une minorité (qui dirige) va à l’encontre des intérêts à long terme de la majorité (un classique) c’est pas gagné.


  • sousmarin sousmarin 15 septembre 2018 20:20

    Depuis la chute du communisme, nous sommes rentrés dans une ère de conservatisme des dirigeants politiques et économiques ; comportement frisant l’inconscience et expliquant en grande partie l’explosion des extrêmes nationaux et internationaux. En effet, ces derniers apparaissent pour beaucoup comme la seule alternative possible à ce « consensus » mou et sans but autre qu’une « bonne » économie.

    Pour la Grèce, comme dans d’autres domaines, l’explosion aura lieu. Espérons simplement que la médiocrité des politiques actuelles n’aura pas de trop graves conséquences.


    • Paul Leleu 16 septembre 2018 00:41

      @sousmarin


      sans alternative à laquelle les gens puissent croire, les « explosions » seront sporadiques et sans lendemain... même si elles sont violentes... on reviendra aux « jacqueries » du Moyen-Age, sans horizon de tranformation politique (d’ailleurs réprimées sans pitié). 

      Il ne faut pas oublier que pendant des siècles et des siècles, les gens ont vécu en acceptant leur destin, et l’ordre social le plus injuste qui soit. Chacun essayant vaguement de tirer son épingle du jeu, ou bien de miser sur une certaine entraide. 

    • baldis30 16 septembre 2018 12:44

      @Paul Leleu
      bonjour,

      eh oui au nom de la morale ...

      « Et Satan conduit le bal... le veau d’or est toujours debout ! » ( Gounod - Faust )

      Satan ... domiciles multiples  : Genève, Wartburg, Wittenberg, Rome, La Mecque/Ryad, Jérusalem ... résidences secondaires connues à Francfort, Londres et New York


  • Legestr glaz Ar zen 16 septembre 2018 08:08

    Le 26 janvier 2015, soit le lendemain de la « victoire » de Tsipras, François Asselineau de l’UPR mettait en ligne un article intitulé : « maintenant les Grecs vont pouvoir constater que Syriza est un parti leurre ».


    La suite des événements ont confirmé totalement ses prédictions. l’Union européenne est une entité « supranationale ». Ce sont des technocrates qui dirigent l’UE. Les peuples se taisent et subissent. Les « élections » dans les pays de l’UE reviennent à élire des marionnettes. C’est simplement du cinéma.

    Lorsque les flonflons du cirque médiatique se seront éteints, ils se rendront compte que l’élection de M. Tsipras :

    • ne modifie pas le moindre article des traités TUE et TFUE, 
    • n’infléchit pas la moindre décision de la Commission européenne et de la BCE, 
    • ne change pas d’un iota la politique économique et monétaire voulue par les gouvernements de l’Allemagne, de la Finlande, des Pays-Bas et du Luxembourg, 
    • ne remédie en rien à la totale inadéquation de l’économie, du tissu industriel, et du corps social grecs à l’euro,
    • n’arrête en rien la diplomatie guerrière que Washington impose à l’UE vis-à-vis de la Russie et du reste du monde.


  • zygzornifle zygzornifle 16 septembre 2018 08:21

    Pauvre peuple Grec , pauvres italiens , pauvres espagnols , pauvre français , il y a rupture de vaseline dans les commerces de l’UE ....


    • baldis30 16 septembre 2018 12:47

      @zygzornifle
      bonjour,

      « rupture de vaseline »

       débarrassez vous d’un préjugé ridicule et qui vous coûte cher utilisez la margarine !

      si vous êtes riche achetez l’huile d’olive des quatre pays cités ... de toute façon il y aurait une bonne probabilité qu’ elle vinsse d’un seul lieu unique via de multiples transferts illégaux ...


    • zygzornifle zygzornifle 16 septembre 2018 13:40

      @baldis30


       l’huile de palme est un produit conseillé par l’UE ...

  • banban 16 septembre 2018 19:54

    https://www.youtube.com/watch?v=eqIZGw6n7hU


    A voir absolument

    Comme les 30 autre vidéos.
    bon visionnage

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