vendredi 24 septembre 2010 - par Terra Nova

Pour une industrie de défense européenne

Alors que la directive européenne sur l’ouverture des marchés de défense suscite l’inquiétude des industriels français, il est utile d’observer l’arrêt quasi-complet du mouvement d’« européanisation » de l’industrie de défense qui avait prévalu pendant les années 90. Les politiques purement nationales développées actuellement ne sont aptes à répondre ni aux enjeux technologiques de ces secteurs, ni aux contraintes budgétaires auxquels sont soumis les Etats européens. La France, leader des industries de défense en Europe, doit prendre l’initiative de relancer la politique européenne de défense.

Le mouvement ayant présidé à la création, à la fin des années 1990 et au début des années 2000, de grands groupes européens transnationaux dans l’industrie Aéronautique, Espace, Défense (AED), semble s’être stoppé net. Depuis cette période, on voit se développer en Europe des politiques purement nationales, sans aucune coordination entre elles, notamment en France, au Royaume-Uni et en Allemagne.

Ce modèle pose un problème de financement dans la durée. Faute d’une politique industrielle concertée, la pression budgétaire actuelle, le niveau d’endettement des Etats et des facteurs d’échelle auront raison des acteurs les plus fragiles, qui seront la proie de groupes extra-européens, comme cela s’est déjà produit en Espagne, dans le domaine de l’armement terrestre, et en Allemagne, dans le domaine des chantiers navals.

Historiquement, l’attitude des gouvernements européens en matière d’AED peut être qualifiée de « schizophrène ». En juillet 2000, le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne et la Suède avaient signé un accord cadre « en vue de promouvoir une base technologique et industrielle de défense européenne », pouvant conduire « à l’acceptation d’une dépendance réciproque ». Mais cet accord n’a jamais été traduit dans les faits. Les programmes multilatéraux, quant à eux, sont au point mort. Les agences européennes, l’OCCAR et l’AED, doivent voir leurs moyens renforcés sur le modèle de l’ESA, ou être supprimées, au profit d’une coopération renforcée des agences nationales. 

La France, qui a l’industrie AED la plus puissante en Europe, avec les capacités les plus complètes, devrait prendre l’initiative d’une relance de la politique industrielle européenne de défense, en s’appuyant sur ses partenaires privilégiés, britanniques et allemands. 

Il faut, par ailleurs, soutenir l’innovation technologique. Les grands groupes sont légitimement préoccupés par le développement de grands systèmes et de leurs activités de service, qui leur offrent des revenus réguliers et prévisibles. Il faut, par conséquent, encourager les PME innovantes, favoriser leur croissance et les protéger des prédateurs.

Le modèle intégré de développement des groupes industriels d’AED doit être préféré au modèle « multidomestique ». Il a permis les succès d’Airbus, Eurocopter, Astrium (Ariane), MBDA, ou CFM (Safran-GE). Ces derniers ont pu égaler, voire dépasser, leurs concurrents américains, avec comme bénéfices additionnels : le développement d’un tissu d’équipementiers dont certains, comme Thales, Safran ou Zodiac, sont devenus des leaders mondiaux ; la création d’emplois, en particulier en France.

En France, la politique des « noyaux durs » nationaux a privé l’AED d’actionnaires industriels de référence, investis dans son développement. Il faudra à la fois : ouvrir le capital des grands groupes ; vendre certains acteurs pour préparer une fusion européenne ; assurer le contrôle de l’Etat ; renforcer l’actionnariat salarié.

En conclusion, l’AED est un outil indispensable de notre souveraineté et de notre indépendance, autant qu’un atout majeur de la balance commerciale française.

Mais l’AED est aussi une bombe à retardement budgétaire. Notre réponse doit être une industrie européenne intégrée et compétitive sur le marché mondial, disposant à la fois d’un ancrage national et régional fort, et d’implantations mondiales, garanties d’un accès au marchés internationaux. Le principal obstacle à ces rapprochements réside dans l’attitude de défiance réciproque des gouvernements européens.

 

Retrouvez l’intégralité de la note sur Terra Nova

http://www.tnova.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=1421

Notes - Gregoire Montory*


12 réactions


  • morice morice 24 septembre 2010 12:16

    Tiens , voila Terra Nova, le think thank des socialos qui vient de trouver une idée lumineuse : faire des chars Leclerc européens !


    « Prenant pour référence le Policy Network, de tendance blairiste en Grande-Bretagne, ou le Center for American Progress, think tank états-unien proche des démocrates, Terra Nova se propose de »contribuer à la rénovation intellectuelle de la gauche en France et en Europe« ...

    Présidé par Olivier Ferrand, ancien conseiller de Lionel Jospin et proche de Dominique Strauss-Kahn, Terra Nova regroupe responsables politiques, intellectuels et personnalités de la société civile dans un camp progressiste allant des réformistes du PCF au Modem. Marc-Olivier Padis, rédacteur en chef de la revue Esprit, occupe, par exemple, la place de directeur éditorial. On retrouve aussi Michel Rocard, l’ancien Premier ministre socialiste, à la présidence du conseil d’orientation scientifique.

    ferrand voudrait faire des armes ? Qu’il commence par des parachutes :

    ferrand, c’est à se tordre :

    Un autre se marre en se rappelant qu’Olivier Ferrand avait évoqué l’idée d’une « usine marémotrice… en Méditerranée »  ! Le même perd le sourire en ressortant un tract de campagne d’Olivier Ferrand dans lequel il explique vouloir défendre « les traditions catalanes opprimées par l’Etat français » : « Ferrand ne manque pas d’air. Il a travaillé comme directeur de cabinet auprès du Préfet Bonnet, celui qui aime faire de grands barbecues avec les paillotes ! Avant la Corse, le préfet Bonnet était en poste dans les Pyrénées-orientales. Tout le monde considère ici qu’il a maté les Catalans et Ferrand nous parle de “catalanité opprimée par l’Etat français ” avec un grand “E” ! »  

    en voilà une idée pour donner du boulot : FABRIQUONS DES ARMES...


    mécènes de Terra Nova 
    marrant , au milieu il y a ...EADS !! 

    j’en ai une autre de bonne, tiens, sur le sujet : mais je me la réserve.. ça concerne un grand copain à notre présidentiable DSK (c’est pas une marque de roulements de chars)... il fait des réunions discrètes avec des marchands d’armes fort peu recommandables.

    Mais vous saurez ça bientôt... et ça sera déplaisant à lire.... pour vous, les »penseurs" du PS... une usine marémotrice, très bonne idée le Ferrand..

    ah ah ah et ça conseille un mec qui rêve d’être président ?


    • non666 non666 24 septembre 2010 14:14

      Amusante liste d’entreprises soutenant la version vendue par le PS de la mondialisation, momo...

      Si on la compare aux entreprises memre de l’IFRI (la petite soeur du CFR), a celles qui ont mis des membres dans la French american foundation , celles qui ont des membres dans « le Siecle » , celles qui ont des membres dans le groupe de Bilderberg, ou dans la trilatérale, trouvera t’on des liens ?

      Si on regarde qui possede la presse en France et les groupes qui sont derriere, trouvera t’on d’autres liens ?

      Cela commence a puer, non ?


  • Internaute Internaute 24 septembre 2010 12:21

    « pouvant conduire à l’acceptation d’une dépendance réciproque. »

    Vous avez dit là le principal objectif de ceux qui veulent une production d’armement sous contrôle des apparatchiks de Bruxelles. Les autres arguments sur la taille des marchés ou la capitalisation des entreprises ne tiennent pas la route. A elle seule la Russie avec un budget inférieur à la France est à la pointe dans tous les segments militaires et parvient à faire tourner des usines variées et concurrentes. Elle exporte ses armements. Elle a fini son GPS (Glonass) alors qu’on n’a pas encore commencé et elle vend ses anciens missiles pour placer en orbite les satellites du monde entier.

    L’industrie de défense est le socle de l’indépendance nationale avec un in devant le dépendance, tout l’inverse de votre programme mondialiste. On peut trés bien avoir ponctuellement des synergies et des collaborations avec les pays amis. De là à abandonner sa liberté d’action il y a un pas dangereux que les mondialistes veulent nous faire franchir.

    Un défaut des pays européens est la fuite en avant technologique. Au bout du compte on a deux ou trois exemplaires du super-système qui devance tout le monde mais dont le prix est inaccessible. Par contre, on n’a rien pour défendre nos intérêts en mer face à des pirates somaliens et sur terre face à une bande de nègres qui attaquent les quartiers européens d’Abdijan.

    Le risque d’une guerre technologique devrait être compensé par la dissuation nucléaire, laquelle devient de moins en moins crédible avec un seul sous-marin opérationnel et la faiblesse de conviction de ceux qui sont sensés appuyer sur le bouton.


    • Joan Luc Joan Luc 15 octobre 2010 00:05

      «  A elle seule la Russie avec un budget inférieur à la France est à la pointe dans tous les segments militaires et parvient à faire tourner des usines variées et concurrentes. Elle exporte ses armements. »

      Il n’y a pas que le budget qui compte dans ce domaine, il y a aussi la population : 250 ou 300 MM de russes, 60 MM de français mais à peu près autant d’européens, toutes nations confondues, c’est ce qui fait la force de l’industrie russe, la faiblesse de l’industrie française mais pourrait faire aussi la force d’une industrie européenne si on voulait bien se donner la peine de dépasser les réflexes nationalistes.

      « Un défaut des pays européens est la fuite en avant technologique. »
       C’est surtout un défaut des projets où la France a une place prépondérante, les projets allemands ou italiens par exemple sont plus raisonnables, plus efficaces et moins couteux (je ne parle pas spécifiquement de projets militaires).

      « Le risque d’une guerre technologique devrait être compensé par la dissuation nucléaire »

      La guerre technologique à laquelle nous pourrions avoir à faire face ne pourra pas être compensée par l’arme nucléaire car ce sera celle qui se prépare se fera à base de virus informatiques, par exemple, les russes, les chinois, les arabes sont devenus maîtres dans la matière et des attaques virales ciblées pourraient détruire nos capacités de communication et celles ci sont indispensables à la dissuasion nucléaire.

  • non666 non666 24 septembre 2010 13:28

    Apres s’etre acharné a toucher les « dividendes de la paix » en massacrant tous les programmes d’armement , ce qui nous a vallu, comme prevu dès 1981 par certains militaires de se trouver a poil au moment de la première guerre du golfe....
    ben oui, quand on sabre les programmes d’avions pour remplacer les crusader a bout de souffle, on finit en ...porte helicoptere.

    la gauche relance l’idée d’une industrie intégrée...sous controle europeen.

    En calir la France qui a financé seule, pendant 50 ans le maintiens des industries stratégiques d’armement, du nucleaire, d’aerronauètique se trouve grace a Giscard d’abord, mITTERAND ENSUITE ? CHIRAC ET SARKOZY pour finir a n’etre qu’UN des proprietaire indirects d’une industrie de defense sous controle des comissaires europeens ?

    J’imagine que la holding sera au luxembourg ou au pays bas, comme dab....
    C’est le coup de Mittal version armement.
    Privatisation des gains et des brevets, nationalisation des pertes et des subventions...
    Il n’y A AUCUNE diffrence entre les think tanks derriere Royal , DSK , Aubry ou ceux derriere l’agent des etats unis et d’israel actuellement en place(Sarkozy)

    Les médias tv, radio et presse sont entre leurs mains, et maintenant ils viennent meme dans les medias libre d’internet vendre leur soupe....


    • zelectron zelectron 25 septembre 2010 11:17

      Mitterrand à 10 heures du matin a fait désarmer les avions au salon international du Bourget en 1981, à midi la quasi totalité des stands étrangers étaient vidés de leurs généraux et personnalités, il est reparti peu après, blanc comme un linge.
      Résultat à l’époque : 80 milliard de francs de commandes étrangères annulées...
      et je ne parle pas des « dégâts collatéraux » (Schneider, etc...)


  • Chris du Fier Chris du Fier 24 septembre 2010 15:27

    C’ est Mamie Nova qui avait lançée Terra Nova en 1986.. Il me semble.

    Une réussite. A t. Chamon et à Roanne, les chars et les VAB sont en chocolat.
    Tout le monde se les arrache..

    Pareil pour notre Rafale.. Mais là, je crois qu c’est plutot Papy Bloch qui nous a fait un tour de con.

    Enfin baste.. On a la défense qu’ on mérite.


  • slipenfer 25 septembre 2010 07:59

    Propagande pour la guerre, l ’esclave,et l’usage néfaste de la technique.


  • cyaxarte 25 septembre 2010 13:38

    Cet article de propagande est un pur scandale et ne repose sur aucun fait pour l’étayer. N’ayant pas ici la place d’un article, je ne vais prendre qu’un seul exemple, le programme Eurofighter auquel la France, bien heureusement, n’a pas pris part, merci monsieur Dassault.

    Les arguments initiaux en faveur de ce programme étaient un partage des frais de développement pour un débouché de marché européen et non plus national et donc une série beaucoup plus importante qui entraînerait un moindre coût du programme au final.

    Résultat, le programme a coûté le prix de 4 fois celui du Rafale et le prix de vente de l’appareil est de l’ordre de 3 fois celui du Rafale pour des performances, disons, de moitié. Voilà l’exemple type de ce qu’est un programme européen !

    Viser par ailleurs comme modèle une agence de type ESA est une ineptie sans nom. Ceux qui écrivent savent-ils seulement ce qui se passe à l’ESA ?

    Clairement, cet article est écrit pas des gens incompétents !


  • slipenfer 25 septembre 2010 17:31

    .

    Terra Propra................................ON

    .


  • slipenfer 25 septembre 2010 17:38

    .

    Terra Sympa.....................................1


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