mercredi 1er avril 2009 - par Lapa

Renault-Continental : ou quand l’Europe se démasque

Deux affaires rapprochées qu’il est intéressant de mettre en parallèle pour mieux comprendre à quelle sauce nous allons être mangés.

Audace terrible. Emoi dans les institutions. Après les capotes du père Benoit provoquant tollé général et hystérie collective, après les doutes sur le 11 Septembre d’un genre de comique qui ont failli le mettre à l’index, voici que Renault a également franchi le Rubicon et se retrouve sous les feux, cette fois-ci de la commission européenne qui lui réclame des comptes. Rien que ça !

Quel tabou a donc été brisé ? Quelles ignominies ont été relevées pour une telle oprobre ? Un scandale madofien ? Un blanchiment d’argent mafieux ? Un doute sur les chambres à gaz ? Pire que cela. On n’est pas loin de la déclaration de guerre en effet : le constructeur automobile français a simplement annoncé le 20 mars dernier relocaliser dans l’usine de Flins (France), une partie de la production de son usine de Slovénie produisant des Clio. Haro sur le Baudet ! On ne plaisante pas avec la mondialisation !
 
A l’heure du libre échangisme à tout va, on comprend que cette annonce a dû donner des palpitations à nos chers membres de la commission. Serait-il possible que la délocalisation puisse aller d’un pays low cost vers ces socialo communistes français syndiqués ? Il s’agit d’un bug. Ou alors de faussement de la concurrence via des aides, voire de protectionnisme déguisé. Le protectionnisme : ce mot qui a remplacé le bolchévisme en tant qu’ennemi à abattre. Limite si on ne va pas l’accuser de violer femmes et enfants dans nos campagnes.
 
Il faut dire que Luc Châtel, qui n’est plus à une déclaration près, avait assuré que cette décision étaient due au plan d’aide de l’état. En contradiction totale avec sa lettre d’explication qu’il avait envoyé au président Slovène. Tout est bon pour se mousser sur le dos de la populace.
 
Finalement, il ne s’agit, via une relocalisation temporaire, que d’aider à désengorger l’usine Slovène qui a du mal à suivre le rythme de la demande (pas assez productifs ces ouvriers low cost apparemment). On nous assure qu’aucun emploi ne sera perdu en Slovénie. Ouf on est rassuré ! Renault a quand même été sommé de s’expliquer. Diable, la délocalisation c’est quelque chose d’inacceptable. Un pillage de technologie et de savoir faire !
 
Bizarrement par contre, la commission européenne ne montre aucune réaction quand Continental décide de fermer ses sites (dont un en France) tout en embauchant…. en Roumanie (voir liens ci-dessous) . Bien entendu il s’agit juste de pallier une baisse énorme de la demande et pas du tout d’en profiter pour produire dans un pays ou le smic doit avoisiner les 250 euros. Le président Roumain a-t-il été obligé d’écrire une lettre confondante d’explications à son homologue français ? Continental a-t-elle été sommée de fournir des explications ? Que nenni.
 
Il est vrai que dans ce cas, la loi Naturelle Européenne est parfaitement respectée. Une soi-disant concurrence libre et non faussée (bah tiens) et une délocalisation qui sert le profit des actionnaires via un transfert de compétences et d’emplois dans des pays qu’on vient d’intégrer et qui sont totalement low cost, mais plus fréquentables que la Chine et ses p’tits n’enfants. On a une morale quand même.
 
Le courant du ruisseau ne va que dans un sens. Malheur au poisson qui tenterait de le remonter.
 
Une histoire qu’il conviendra d’avoir à l’esprit pour les prochaines européennes.
 
 


9 réactions


  • Le pirate des caraibes 1er avril 2009 12:08

    Bravo pour votre article.

    Des faits qui n’ont "miraculeusement" trouvés aucun echo dans la presse ... smiley


  • dup 2 avril 2009 08:26

    ben oui , l’UE n’est qu’un (mauvais) remake de la russie sovietique . Il faut TOUT faire pour torpiller cette tour de babel satanique . D’ailleurs elle est déjà entrain de s’écrouler d’elle même . N’obeissez pas à Bruxelle , laissez ces têtes d’oeuf ,et vive la France libre


    http://www.youtube.com/watch ?v=sRFIrzG1Z9A&eurl=http ://www.agoravox.tv/article.php3?id_article=20710


  • beubeuh 2 avril 2009 10:44

    J’ai quand même une question aux contribuable que vous êtes : est-ce que vous êtes d’accord pour payer pour qu’une entreprise française localise ses emplois en France ? En l’occurence, c’est bien de cela qu’il s’agit. Et si on commence comme ça, ça va être les enchères entre tous les pays européens pour savoir lequel est pêt à mettre le plus d’argent pour garder ses emplois. De l’argent qui va in fine dans la poche des actionnaires, what else ? 

    des pays qu’on vient d’intégrer et qui sont totalement low cost, mais plus fréquentables que la Chine et ses p’tits n’enfants.

    Votre phrase sent bon le mépris. Pour info, les ouvriers roumains de la fameuse usine Dacia qui produit les Logan (le tout appartenant à Renault) ont exercé l’année dernière une grève très dure et obtenu une revalorisation salariale conséquente (près de 20% si j’ai bonne mémoire). Voilà, ces gens-là ont fait plus contre les délocalisations que tous les discours des pseudos-révolutionnaires que nous avons en France.


  • foufouille foufouille 2 avril 2009 10:58

  • logan 2 avril 2009 16:02

    quand les gens comprendront ils que fausser la concurrence via du dumping salarial ou fiscal c’est encore pire que de la fausser via des subventions ?


  • jackyd 14 avril 2009 15:11

    Bonjour, cette information a été largement reprise par les media, ce qui est étonnant c’est qu’elle n’ait pas été plus reprise par les français, tous les français(e)s, pas seulement par ceux qui sont informés et interessés par l’Europe.
    Elle aurait dû alimenter les conversations..
    Et oui, le courant ne va que dans un seul sens ! En fait, celui de la force du « marché ». Ce qui est reproché ce sont les déclarations protectionnistes ou plutôt de préférence nationale des autorités françaises (Sarkozy et Chatel) ; si la décision avait semblé prise par l’état major d’une société française sans diktat de l’Etat, elle serait passée comme une lettre à la poste, comme quand Hoover il y a quelques années, puis Dell aujourd’hui, après avoir délocalisé vers l’Irlande, décident à leur tour d’émigrer vers la Roumanie. 
    Erreur de com’ gouvernementale, mais c’est vrai expliquer au contribuable français qu’il doit payer pour sauvegarder l’emploi ailleurs, ce serait un peu difficile ... d’ailleurs, le raisonnement allemand est un peu le même, ils ne veulent pas payer pour les pays qui ont vécu à crédit. 


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