jeudi 10 janvier 2008 - par Jean-François Bartone

Après le Velib, le Vel’Nature

Alors que Paris a adopté il y a quelques mois l’option « Velib », déja expérimentée depuis maintes années à Rennes ou Lyon, la ville du Mans a, elle, décidé de voir le vélo autrement.

Lorsqu’en octobre, la ville du Mans parle de mettre en service son propre Velib, les contestations sont nombreuses. D’abord, on doute que la chose soit rentable. Ensuite, alors même que le tramway n’est pas achevé, cela implique de nouveaux travaux en plein centre ville. Les riverains des quartiers Republique et Jacobins le savent, les travaux, un peu ça va, beaucoup, c’en est trop ! Le tramway ayant déjà été retardé et les travaux ayant gagné en longueur, les Manceaux sont déjà largement excédés par les pelleteuses, les grues et autres véhicules de logistique.

La ville du Mans passe cependant commande de 200 vélos, pour un montant de 117 000 €. Malgré les réticences virulentes de l’opposition UMP, le projet se poursuit. Ceci dit, les vélos manceaux s’organisent dans la plus grande discrétion et en ville, on ne voit aucun changement, ce qui porte alors à penser que ce projet a bien été annulé. Et pourtant non ! Alors qu’on inaugure la deuxième ligne du tramway vers les Sablons le 22 décembre, une autre surprise attend les riverains non loin de là. En effet, la station Velib, rebaptisée Vel’Nature, n’est pas en plein centre-ville, mais largement excentrée, au sein d’un complexe baptisé Arche de la Nature. L’Arche de la Nature est un complexe naturel créé par la ville du Mans en 1998 et qui permet d’avoir accès à un immense parc vert à environ 20 minutes du centre-ville. L’Arche est également réserve naturelle, composée d’animaux en captivité ou non. Elle permet d’avoir accès au bois de l’Epau et à son abbaye. Le projet était déjà écologique bien avant l’heure et il suffit d’aller sur le site pour s’en rendre compte : http://www.arche-nature.org/FrmMainArche.html. Pour en revenir au sujet, le projet inaudible, quasiment clandestin en a surpris plus d’un, à commencer par les opposants UMP. Ces vélos ont donc avant tout pour vocation, la promenade périphérique et non plus la promenade intra-muros. Le pratique est délaissée au profit du loisir pur. Le système est alors en test avec 46 vélos et principalement des cycles tous terrains comme des cross ou des VTT. Pour l’instant, le seul point de location offre environ 22 kilomètres de pistes. Le système testé roule à bas régime et c’est le principal reproche des détracteurs : «  On ne pourra louer ces vélos que les mercredis, samedis et dimanches, pour deux heures minimum et à la journée, en laissant une pièce d’identité et un chèque de caution. C’est trop compliqué !  »

Et pourtant, Jean-Claude Boulard souhaiterait ne pas s’arrêter là dans le cadre de sa "ceinture verte" aussi appelé "boulevard vert". L’objectif est d’achever la rénovation et la construction de différentes pistes cyclables qui devraient offrir 57 kilomètres environ de chemins en pleine nature aux abords du Mans. Le Mans dispose actuellement d’une centaine de kilomètres de pistes cyclables à l’intérieur de la ville avec un aménagement qui est souvent très pratique. La mairie souhaiterait étendre son dispositif sur 5 autres sites au sein de l’agglomération et pourquoi pas même, introduire les vélos au sein même de la ville... Mais au sein de la majorité municipale les avis sont plutôt réservés : « Le velib, c’est trop cher pour Le Mans ! Imaginez que chaque vélo demande 1 800 à 2 500€ d’entretien ? » Si l’on prend en compte, les quelques difficultés financières qu’induisent la création du nouveau stade MMArena au sud de l’agglomération, on comprendra que les finances de la ville ne peuvent pas permettre de gros excès. Il manque en effet quelque 1,6 million d’euros pour boucler le projet, reste à savoir si la ville pourra les débourser... Alors ces vélos semblent se destiner avant tout à la balade et qui plus est en périphérie de ville, tout en faisant partie de la municipalité.

Le centre social des quartiers sud a livré son premier bilan le 5 janvier et le résultat est plutôt convainquant puisque pendant les fêtes, les locations ont été quasiment complètes à chaque ouverture. La mairie attend donc de voir le résultat se confirmer pour ajouter 40 vélos supplémentaires et pourquoi pas un autre point de location. Si cette idée fonctionne, nul doute que cela donnera des idées à d’autres grandes villes de France qui ne privilégieront plus seulement l’utile pour leurs habitants, mais y joindront l’agréable. Encore faut-il que ces villes disposent de suffisamment d’espaces boisés et que l’accès à la ville ne soit pas long. Car la géographie du Mans offre cette particularité d’être entourée de forêts aux portes même de la ville. Le vélo n’est plus alors un phénomène urbain, mais un véritable lien entre ville et nature... Affaire à suivre, d’autant que les élections municipales pourraient venir jouer les trouble-fêtes.




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