mercredi 4 juillet 2007 - par LE CHAT

D’Obélix à Gargantua

L’Hauture est le nom donné au rocher de Fos-sur-mer, qui du haut de ses 32 mètres domine la région du golfe de Fos. L’église Saint-Sauveur, bâtie sur le point le plus élevé, dont les parties les plus anciennes datent du Xe siècle, sert actuellement de décor à une exposition « D’Obélix à Gargantua », retraçant l’histoire et les coutumes alimentaires de cette partie de la Provence, de l’époque gauloise jusqu’au Moyen Age. Comme tous les étés, cet édifice de l’art roman provençal offre aux nombreux touristes visitant la région l’occasion de contempler gratuitement une exposition de qualité grâce aux services du patrimoine culturel du SAN Ouest Provence.

Le territoire situé aux abords de l’étang de Berre est attractif depuis la préhistoire, constitué d’une mosaïque de milieux naturels offrant une grande variété d’activités nourricières et agricoles. Les premiers occupants, depuis le néolithique (- 10 000 ans), avaient bien compris le potentiel alimentaire du secteur : la plaine de Crau pour ses pâturages et le gibier, la Camargue et le delta du Rhône pour la chasse et la pêche, les plaines pour les cultures de blé, de vigne et d’oliviers, la Méditerranée et l’étang de Berre pour la pêche côtière et les coquillages.

 

 

Les céréales, cultivées depuis le néolithique ancien (- 6 000 ans) sont le pilier de l’alimentation, sous forme de pain ou de bouillies. Chaque ménage possède son pétrin, mais la cuisson doit se faire au four seigneurial.

Le blé est ensilé et, côté Est, on trouve au pied de l’Hauture 70 silos à grains creusés directement dans la roche.

Vous pourrez admirer, dans l’exposition serpettes du IIe siècle av. J.-C., une houe du Ier siècle av. J.-C. et des meules utilisées par les femmes pour la confection de la farine.

Les fruits et légumes sont variés dans l’alimentation provençale du temps jadis :

- légumes verts : ail, oignon, échalote, lentille, chou, bette, poireau, épinard, laitue, bourrache, brocoli, concombre ;

- légumes racines : carotte, rave, navet, panais ;

- légumes secs : fève, pois, pois chiche, lentille, gesse ;

- fruits : coing, pomme, poire, cerise, figue, grenade, prune, pêche, abricot ;

- fruits secs : noisette, noix et pignon.

 

 

 

 

Dans le cheptel gaulois, antique et médiéval, chèvres et moutons prédominent en basse Provence, mais la consommation carnée concerne surtout le bœuf et, secondement, le porc. Les classes aisées sont celles qui ont le plus facilement accès à cette nourriture. La chasse est considérée à l’époque comme une ressource d’appoint,

cerfs et sangliers venant suppléer le déficit en bœufs. Le petit gibier est aussi consommé, composé de renards, blaireaux, chats sauvages, lapins de garenne...

Les populations côtières complètent cette alimentation en protéines animales par des coquillages (moules, huîtres, coques) et aussi par du poisson que l’on pêche à la ligne ou à la palangre. Des pêcheries fixes existaient sur le littoral, avec installation de bourdigues pour piéger le poisson. Les fouilles réalisées à Fos ont mis à jour les arêtes de nombreux poissons et coquillages vides consommés à l’époque.

Les habitants consomment peu de fromage, le manque d’herbage entraînant une production peu abondante dans les bergeries de la plaine de Crau.

Le sel est produit localement à Fos, grâce aux salins où s’évapore naturellement l’eau de mer.

La cuisine de l’antiquité est relevée grâce aux garum, produis à base de fretin, coquillages, oursins et entrailles de poissons fortement salés, un peu à la manière actuelle du nuoc man des vietnamiens. Le garum sera peu à peu supplanté par les saveurs acides des vinaigres et verjus au Moyen Âge .

La cuisine se fait avec du saindoux (gras de porc), le beurre étant alors une denrée de luxe à usage exceptionnel. L’ olivier a été introduit par les Grecs et l’utilisation de l’huile d’olive a été progressive, essentiellement pour les fritures, mais aussi pour l’éclairage.

Le miel est de l’antiquité au Moyen Âge la source essentielle de sucre, servant à la conservation des viandes et des fruits, la confection de pâtes de fruits et de confitures, entrant dans la composition de l’hydromel.

Le sucre, très rare, a longtemps été réservé pour un usage médicinal exclusif.

 

 

La boisson traditionnelle des gaulois est la bière (korma) , produite par la fermentation d’orge germé dans l’eau.

L’hydromel est, lui, produit par la fermentation d’eau et de miel.

Les provençaux des temps anciens consommaient aussi du vin et, l’antiquité et le Moyen Âge connaissent une production abondante et diversifiée (vin rouge, blanc, doux et aromatisés). Le vin se boit dans une coupelle, mais les fouilles ont mis à jour de splendides verres d’époque finement travaillés. Citons, parmis les vins, la piquette (vin+eau) que l’on servait aux dames, le nectar, le claretum qui est le vin épicé des jours de fête.

La distillation du raisin avec l’alambic produit une eau de vie, ancêtre du marc de Provence actuel.

Toute cette nourriture variée est à l’origine de la cuisine provençale actuelle telle que nous la connaissons aujourd’hui, et les vitrines de l’exposition offrent au regard du public un abondant assortiment de vaisselle et d’ustensiles de cuisines anciens, assiettes, casseroles, marmites, verres, jattes, plats, cruches, soupières, hachoirs, couteaux et cuillères qui sont les couverts indispensables à l’époque.

 

 

 

Epoque gauloise, antiquité et Moyen Âge présentent quelques différences au niveau du foyer qui reste le centre de la maison, mais aussi sur la façon dont se prenaient les repas. Les gaulois prenaient leurs repas en commun et la coutume des banquets n’est jamais tombée en désuétude.

J’ai contribué à maintenir cette sympathique tradition en ripaillant à l’issue du vernissage moult toasts de tapenade, caviar d’aubergines, anchoïade et autres condiments, arrosés comme il se doit des vins rouges, rosés et blancs du vignoble provençal.

Si vous désirez en savoir plus sur l’alimentation des provençaux à l’époque de Jacquouille la fripouille, l’exposition attend ses « visiteurs » jusqu’au 14 octobre, de 10 h à 12 h et de 16 h à 19 h.

 



28 réactions


  • haddock 4 juillet 2007 10:34

    Valait mieux être un chat pas sauvage à l’ époque épique .

    Mille miaous .


  • LE CHAT LE CHAT 4 juillet 2007 10:37

    Je suis heureux d’être arrivé à faire ce papier avant le grand maitre des expositions smiley c’est cela la conccurence libre et non faussée smiley

    voilà quelques liens sur la cuisine médiévale et gauloise http://perso.orange.fr/parchemin/cuisine.htm

    http://www.histgeo.com/medievale/manger.html

    http://www.ambiani.celtique.org/images/photos/galerie/gastronomie/gastronom ie_gauloise.php


  • ZEN ZEN 4 juillet 2007 10:47

    @ The Cat

    C’est bon à savoir...ça nous change de la carbonade flamande et de la goudale...

    Si je passe par là, je viendrai te faire une caresse.


    • LE CHAT LE CHAT 4 juillet 2007 11:03

      salut mon chtibuddah , à défaut de carbonades , tu pourras goûter aux sardinades smiley

      à fos sur mer et port de bouc , c’est tous les soirs en juillet et août


  • La Taverne des Poètes 4 juillet 2007 10:49

    Salut Le Chat ! La gastronomie est aussi une forme d’art. Et c’est bien de traiter les sujets culturels locaux, pour compenser un peu le parisianisme et le mondialisme. Il faut de tout.

    Je serai en vacances vendredi soir et je compte m’y mettre aussi pour les « pages estivales » d’Agoravox et pour me reposer de mes thèmes trop sérieux habituels. J’ai déjà quelques sujets passionnants de côté.

    Mais je ne pourai rivaliser avec vous pour la gastronomie !


    • LE CHAT LE CHAT 4 juillet 2007 11:00

      Salut taverne , moi aussi je vais écrire pendant ce mois de congés sur des sujets non politiques , d’ailleurs ceux que j’ai écris sont ceux qui ont suscité le moins de commentaires , je crois que ça commence à lasser smiley) alors des sujet sur la vraie vie et peut être que ça attirera le public féminin dont tu déplorais l’absence l’autre jour smiley

      bien à toi


    • Gasty Gasty 4 juillet 2007 18:16

      @« La taverne »

      Les galettes de Pont Aven et le chouchen (l’hydromel breton).


  • haddock 4 juillet 2007 11:38

    En dehors de la gastronomie, possibilité d’ excursions en Camargue et sur la côte bleue ( calanques de Cassis , Carry le Rouet , croisière sur les canaux de Martigues , la baie de St Chamas ...

    Dans la région , un peu plus loin je me souviens d’ avoir pris un bac pour traverser , je crois le petit Rhône , il y a 40 ans et plus , quel beau souvenir !

    Villages alentour de Fos sur Mer :

    Port saint Louis du Rhône 23 km

    Port de Bouc 5 avec ou sans émissaires 5km

    Martigues ( appelée la petite Venise provençale ) 15 km

    Istres 12 km


    • LE CHAT LE CHAT 4 juillet 2007 11:47

      ça te change de Moulinsart !

      il y aussi les ruines de l’époque ligure à st blaise

      et st remy de provence est tout proche également .

      L’avantage pour le touriste se trouve aussi dans des prix nettement plus avantageux que sur la côte d’azur


  • maxim maxim 4 juillet 2007 11:44

    ah le CHAT ...... toujours tes petits articles conviviaux .... et cette région provençale qui sent bon ,et dont les effluves commencent à se faire sentir à partir de Valence sur l’autoroute ...... c’est vrai que cette cuisine est une merveille d’équilibre et rien que le parfum met en appètit ,le soleil est omniprésent,les filles sont appétissantes également( et j’en parle en connaissance de cause ,mon épouse étant mediterranéenne....).....ah les belles brunes a peau mate !!!

    région que j’ai fréquenté professionnellement ( j’ai habité à Rognac et à Sausset les pins pendant 2 ans )....

    si certaines raisons ne me retenaient pas dans ma région ,je m’installerai bien volontiers pour de bon dans le Midi ........

    je vais t’avouer quelque chose de honteux ,je loue la cuisine provençale et hier soir on a bouffé Chinois !!!!!!


    • LE CHAT LE CHAT 4 juillet 2007 11:50

      @maxim

      y’a pas de mal , tant qu’ils t’ont pas fait bouffer du chat smiley. Je suis fan de cuisine asiatique également ,et de temps en temps je manie le wok .

      T’as raison de le signaler , ça c’est un article consensuel ,la bouffe c’est sacré smiley


    • LE CHAT LE CHAT 4 juillet 2007 12:03

      @furtif

      tu as raison de le souligner , ici si tu arroses pas , n’espère pas voir de la verdure en été ( et pas d’herbe à chats smiley )


  • haddock 4 juillet 2007 12:00

    Et celui qui n’ aurait jamis pris le train bleu , reliant Miramas à Marseille , avec ses paysages époustouflants sur les calanques , celui là raterait une petite partie de sa vie . Le chef de gare , Hassan Céhef vous délivre les billets pour vraie tranche de bonheur .


  • Darkfox 4 juillet 2007 12:05

    Bon article Cela nous fait de la culture :) et on en redemande


  • Marie Pierre 4 juillet 2007 12:14

    Bonjour Le Chat,

    Merci pour cet article de vacances....

    Temps où l’étang de Berre pouvait nourrir les habitants, qui aujourd’hui est bien bien pollué. Je me souviens de St Chamas, belle plage, eau claire incitant à la baignade. Mais là... totalement interdit pour cause de métaux lourds, du temps où les usines déversaient le mercure dans les eaux de Berre.


    • LE CHAT LE CHAT 4 juillet 2007 13:06

      @MARIE PIERRE

      des études sont en cours en vue de la réhabilitation de l’étang de Berre , il faut qu’il retrouve sa salinité d’autrefois . http://www.etangdeberre.org/sommaire.htm

      quand aux métaux lours , Jean luc Benhamias nous a dit l’autre jour qu’il vaut mieux éviter de remuer le fond de l’étang .....


  • haddock 4 juillet 2007 14:01

    Super , cette année la mi-août tombe un chat-medi .


  • claude claude 4 juillet 2007 15:25

    miam !miam ! merci le chat !

    j’attends avec impatience,le prochain article sur les splendeurs gastronomiques provençales smiley

    peut-être sur cette autre merveille de l’univers : le vin !

    chalutations félines ! smiley


    • LE CHAT LE CHAT 4 juillet 2007 15:47

      Merci Claude , cet article n’est pas le dernier que j’écrirai sur les bonnes choses de la vie !


    • Gasty Gasty 4 juillet 2007 17:53

      C’est bien beau tout ça, mais est-ce qu’il fait été par là bas ???

      Parce qu’ici on déguste.... !! une averse dans mon pastis au dernier barbecue, plus une goutte de jaune.

      La désolation quoi !


    • Gasty Gasty 4 juillet 2007 18:05

      Ah ! la piquette j’ignorais qu’il s’agissait d’un vin coupé avec de l’eau.

      Un copain d’Argenteuil avait quelques pied de vignes ( dans la région oui !)et se faisait plaisir tous les ans à les récolter. Il arrivait à faire une trentaine de bouteilles. Mais alors....... !!!!! tu buvais un verre smileypas deux.

      De bons souvenir en tout cas, surtout que l’étiquette des bouteilles n’était pas conforme au contenu.


    • LE CHAT LE CHAT 5 juillet 2007 08:35

      @Gasty

      ah , c’est lui qui produisait le fameux picrate des sktechs de Coluche , le vin Lefur , le vin qui défigure ! smiley

      je crois que les cotes méditerrannéenes sont le seul coin où l’élection du petit Nicolas a pas chamboulé la météo smiley , il va même manquer d’eau pour le pastaga ,si ça tombe pas plus que ça smiley


    • haddock 5 juillet 2007 09:13

      Coluche parlait du vin Lefur , le vin qui défigure , car Nicolas , spécialiste du vin qui te laisse patatras était fermé ce jour là .


  • nephilim 4 juillet 2007 16:50

    Cela fait tres copier coller à certains moments :) mais le sujet est agreable.


  • alberto alberto 4 juillet 2007 17:39

    Bravo, Le Chat pour ton agréable cocktail, de l’Histoire, de la gastronomie, et un zest d’humour : délicieux !

    Bien à toi.


  • l'Omnivore Sobriquet l’Omnivore Sobriquet 4 juillet 2007 18:00

    Les aménagements que vous décrivez, civils ou familiaux, indiquent un plus grand développement de cette région à l’époque que l’Afrique actuellement.


    • haddock 8 juillet 2007 14:20

      Ils sont plus civils que familiaux , les aménagement . ( dont disturb , le monsieur est en transes )


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