mercredi 17 octobre 2007 - par Zora la Rousse

De Saint-Ouen à Montmartre, si loin si proche du Grand Paris ?

Quand la réflexion politique s’invite dans un jeu de piste à travers le Montmartre d’hier et d’aujourd’hui, et le grand Paris de demain.

Miss Star Ac’ (l’aînée de mes blondes) a reçu un cadeau incroyable de son parrain (maintenant vous savez qu’on est catho... enfin surtout à Noël et à Pâques) : un jeu de piste à travers Montmartre.
Rendez-vous devant le manège place Saint-Pierre, face au célèbre marchand de tissus.

Soleil, ambiance (fête des Vendanges avec tout plein d’animations), il n’y a plus qu’à se laisser guider. À quelques stations de bus à 2 chiffres, nous voilà transportés dans une atmosphère tout aussi cosmopolite et faubourienne que certains quartiers de Saint-Ouen. Pour ceux qui s’inquiéteraient, non, je n’envisage pas la thérapie, dernière étape avant l’asile : oui il y a de nombreux moments, où Saint-Ouen, n’est pas au centre de ma vie, mais bien en périphérie.

Précision de Zora-Capello : autrefois, une partie de Saint-Ouen appartenait à Montmartre et des rues de l’actuel 18e arrondissement à Saint-Ouen.
À la formation des communes et des départements en 1790, Montmartre était une ville de la Seine. En 1860, le préfet Haussmann intègre les communes situées à l’intérieur des fortifications et fait passer la capitale de 12 à 20 arrondissements.
Paris récupère alors les parcelles (champs, habitations...) situées hors des Fortifs, mais appartenant à Saint-Ouen. C’est ainsi que les deux communes procèdent à leur échange de territoires.

medium_livret_2.2.jpg À vos marques, prêts ? Partez ! Munis de 2 livrets enfants, 1 livret parents, nous avons marché, pendant environ 2 heures, sur les traces du Montmartre d’hier et d’aujourd’hui, avec, vous l’avez compris, toujours dans un coin l’idée qu’ici, nous allions retrouver un peu de notre «  Saint-Ouen ».
Je ne vais pas vous refaire tout le parcours bien sûr, comme c’est écrit sur le livret « photocopier, tue la créativité ».
Je vous invite à l’acheter sur muse et musée pour 4 euros, ou bien à la boutique Les 3 Cailloux (8 rue des Moines, 75017 Paris, tél. : 01 58 59 00 60, M° Brochant).
En revanche, l’album photos complet de la balade est accessible ici.

Montmartre ? Savez-vous d’où vient ce nom ?
Deux possibilités, Miss Star Ac’ a choisi la 2e, sans doute parce qu’elle a déjà visité la basilique de Saint-Denis...
« Mont » pour montagne. Et « Martre » en souvenir du martyr de saint Denis qui évangélise Lutèce (ancien nom de Paris) au XIIe siècle. Décapité par les Romains, saint Denis, tel un martyr, gravit la montagne en portant sa tête.

medium_eglise_st_pierre_de_montmartre.2.jpgAprès avoir résolu différentes énigmes, nous voici devant l’église Saint-Pierre.
Construite en 1134, c’est la plus ancienne de Paris et seul vestige de l’abbaye des Dames de Montmartre (aujourd’hui beaucoup connaissent la toute proche rue des Abbesses).

Fifi Brindacier (blonde number 2, en âge seulement) nous surprend : « regarde en haut maman, la pointe, ça ressemble à l’église du Vieux Saint-Ouen ».
10 ans de psychothérapie, me pendent au nez... ?.
medium_EgliseA_P1010585.3.JPGL’église du Vieux Saint-Ouen, plusieurs fois restaurée est inscrite aux monuments historiques : sa partie la plus ancienne date du XIIe siècle.
Elle servait en effet à accueillir les nombreux pèlerins. Quatre chemins conduisaient à l’époque aux communes de Montmartre, Saint-Denis (tiens le revoilà, le voisin qui a porté sa tête à Montmartre avant de devenir le nom d’une célèbre ville du 9cube et du 20 heures de TF1), Clichy et La Chapelle. L’une de ces voies, le Chemin de la procession (actuelle rue Adrien Lessesne) permettait aux Bénédictines de Montmartre de relier Saint-Denis.

Nous poursuivons notre jeu de piste culturel : nous admirons le soleil sur les vignes, puis entre autres lieux remarquables, le passage des Brouillards que nous avons le plaisir de découvrir ainsi que sa jolie aire de jeux. Comme quoi, on peut allier conservation du patrimoine et praticité de la vie moderne.
Nous y retrouvons Saint-Denis portant sa tête et trônant en haut d’une fontaine. C’est dans ce square que les Romains auraient fait sa fête à Saint-Denis...
Puis, surprise, plus loin : un homme traverse les murs en souvenir du roman de Marcel Aymé.
Sourire, toujours grâce à notre jeu de piste en regardant de près les interphones d’habitants d’une impasse très privée qui protègent leur anonymat en utilisant des patronyes d’artistes célèbres : Matisse, Renoir, Chalder...

medium_P1040238.JPGmedium_passemur.jpgmedium_P1040282.JPG

La maison du dessinateur Poulbot, puis le Moulin de la galette. D’abord couverte de champ de blé, nous apprenons ainsi que Montmartre a ensuite été peuplée de vignes qui rapportaient plus d’argent. Les moulins ont alors été transformés en ginguettes. Puis les tavernes et bistrots ont fleuris sur la butte : le vin était soumis à une taxe dans Paris. Alors les Parisiens venaient picoler à Montmartre.

Tiens, Capello titille Zora : picoler, de « Picolo », le petit vin produit autrefois sur les coteaux de Saint-Ouen, surplombant la Seine ?
En 1860, quand Montmartre est annexé à la capitale, les vignobles disparaissent peu à peu. Sauf, celui de la rue Saint-Vincent, sauvé par le dessinateur Poulbot.
Montmartre est réputé pour être le territoire des artistes, pour l’ambiance, mais aussi la lumière des hauteurs de la butte. Pourquoi les ateliers sont en toits de verre orientés vers le Nord ? Pour éviter les ombres du soleil sur les toiles, nous apprend le livret des parents.

medium_P1040227.JPGmedium_ImpasseEcuDeFrance.jpgmedium_P1040273.JPG

medium_PlaceArmes_Archive1.3.jpgNous arpentons les ruelles, admirons les maisons anciennes, faubouriennes et je ne peux m’empêcher de voir les similitudes architecturales entre les maisons de Montmartre et de Saint-Ouen. Quel dommage qu’elles aient été conservées d’un côté du périph et sacrifiées de l’autre, sur l’autel du progrès social, c’est vrai, mais... Aïe, c’est un autre débat, je m’égare.

Nous terminons notre promenade par la place des Abbesses.
La foule est nombreuse et gaie, rassemblée autour d’un concert du groupe « Jolie Môme ». Nini peau de chien, Padam... Tout d’un coup j’ai 5 ans et je sautille sur les genoux de mon grand-père qui chantonne à tue-tête.medium_P1040295.JPG

C’est l’heure de « la pause syndicale. Nous n’avons pas de subventions ni de la droite décomplexée ni de la gauche bourgeoise, c’est-à-dire la même chose  ». Précise la chanteuse en tendant sa casquette de "Poulbot".

Tout le monde rigole. L’ouverture serait-elle en week-end à Montmartre ?
La politique, la vie de la Cité, nous accompagnent décidemment partout.

Fortifications, bd des Maréchaux, puis périphérique, malgré ces frontières visuelles et sociales, à l’aide d’un plan ou tout simplement en se promenant et en observant les bâtiments, on peut aisément constater la continuité architecturale subsistant encore aujourd’hui entre Paname et Saint-Ouen.
Et si le Grand Paris était un débat d’hier à remettre au goût d’aujourd’hui ?

© rédactionnel blog Chroniques ma banlieue
Rubrique "haut les blogs" en homepage de 20minutes.fr


Webographie


Muse et musées : jeux de pistes culturels

Site de la ville de Saint-Ouen : rubrique histoire

Wikipédia : Montmartre

Wikipédia : Saint-Ouen

Wikipédia : Saint-Denis



2 réactions


  • tvargentine.com lerma 17 octobre 2007 13:33

    Nous voyons tous depuis que cette municipalité PS-BOBO/Vert-intégristes dirigent la ville de Paris que ces gens construisent un nouveau mur de Berlin autour de Paris.

    Dans une logique économique ,on améliore les infrastructures pour améliorer la société,eux empéchent toute évolution pour permettre à une minorité de rentier de se remplir les poches avec la spéculation immobilière.

    Il faut que PARIS devienne le Grand Paris,c’est à dire qu’il englobe tout l’Ile de France et qu’il faut supprimer toutes les structures administratives actuelles (conseil général,conseil régionaux....) qui ne générent que des impots supplémentaires sans apporter de services et engendre des paliers administratif sur administratif.

    Il nous faudrait un gouvernement d’Ile de France avec un Maire de Paris élu au suffrage universel par les habitants de Paris Ile de France


  • Alain Wallestein Alain Wallestein 12 novembre 2007 23:47

    Bonjour, Je réagis rarement sur Agoravox, et quand je le fais, c’est pour commenter un article que je trouve intéressant. Vos articles style « bobo dans le 93 » m’ennuient franchement, mais là je vous ai lu avec passion. Il se trouve que j’habite à Pigalle, et que je me rend souvent à pied, le week-end, au marché aux puces de Saint-Ouen. Donc votre périple je le connais très bien. Les traversées du 18ème j’y suis abonné. J’aime beaucoup les puces de votre ville, et voir les escrocs se faire des billets au bonneteau au détriment de passants très naîfs m’amuse depuis que je suis enfant. « Alors, ou elle est la carte noire ? Non madame c’est celle là qu’il fallait tourner ! Oh la la ! ». Continuez à décrire le quartier. Vous le faites très bien. A propos, connaissez-vous l’épopée du tueur des vieilles dames du 18ème ? Thierry Paulin et Jean-Thierry Mathurin à l’automne 1984.....Thierry Paulin est mort, mais Mathurin va peut-être sortir de prison. Vous pouriez faire un article sur lui. Qu’en pensez-vous ?


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