vendredi 13 juillet 2007 - par Alain Lafon

L’Etat UMP veut reprendre les commandes du schéma-directeur de la région Ile-de-France

Dans un discours prononcé le 26 juin dernier à l’occasion de l’inauguration d’un nouveau terminal de l’aéroport de Roissy, le président de la République s’est très clairement exprimé pour une reprise en main par l’Etat - et donc par le gouvernement UMP - du processus de révision du schéma-directeur de la région Île-de-France.

« Je ne souhaite pas que l’on adopte un nouveau schéma directeur de la région Île-de-France avant d’être allé au bout de ces questions et d’avoir défini une stratégie efficace dans ces domaines. Je propose donc que l’ensemble des administrations concernées soient mobilisées dès l’automne 2007 sous l’œil attentif du gouvernement pour préparer les propositions d’actions nécessaires dans les champs que je viens d’évoquer, et qu’un comité interministériel d’aménagement du territoire dédié à l’Île-de-France se tienne fin 2008 pour adopter ce nouveau plan stratégique et le schéma-directeur correspondant, ainsi que les textes législatifs ou réglementaires nécessaires. »

Exemple classique de retour de balancier centralisateur dans un processus de décentralisation quand ses effets ne conviennent plus au pouvoir en place...

Restons lucide nous assistons à un nouvel épisode du bras de fer engagé depuis plusieurs années entre la majorité de gauche du Conseil régional d’Île-de-France et le pouvoir UMP. La prise de position du président de la République a le mérite d’officialiser la campagne de guerilla organisée depuis plusieurs années par le pouvoir UMP pour s’opposer à la mise en oeuvre de dispositions prévues par la loi par un Conseil régional dirigé par l’opposition (comme il est vrai 20 régions françaises sur 22). A titre d’exemple, dans les Yvelines, le lancement d’un office foncier départemental pour s’opposer à l’office foncier régional, le lancement d’un schéma-directeur d’aménagement départemental, l’opération d’intérêt national "Seine aval"... Ces opérations peuvent bien évidemment avoir leur utilité et permettre de mieux prendre en compte les spécificités du territoire dans l’hypothèse où elles ne sont pas instrumentalisées en machines de guerre politique pour la reconquête du pouvoir.

Il n’empêche que le citoyen de base que je suis attache de l’importance à l’enquête publique prévue à l’automne. Ce sera une première dans un domaine qui engagera durablement notre paysage quotidien.

Militons pour qu’elle ait bien lieu en temps et en heure et formons le voeu que le Conseil régional ne s’abandonne pas aux délices des paradis élyséen et poursuivent le processus engagé depuis près de trois années.



4 réactions


  • NPM 13 juillet 2007 11:30

    En fait, le vrai but du gouv est de rendre des terrains constructible, parce que trés peu de terrain le sont en Idf, d’ou la pénurie de logement.


  • tvargentine.com lerma 13 juillet 2007 11:39

    La meilleure des réformes serait de faire élire le Maire de Paris par les habitants de Paris Ile de France et de constitué un gouvernement de Paris Ile de France et non plus d’avoir une multitude de petits barons locaux qui veulent chacun leur stade,leur piscine,leur piste cyclable...mais dont chacun ne s’incrit dans un shéma directeur.

    Le résultat est qu’à l’heure actuel,nous avons une citadelle qui construit un mur autour de Paris (la Mairie PS/VERT) et que dans les banlieues,les citoyens n’ont pas d’autres choix que de prendre leur véhicule pour ce déplacer de banlieue à banlieue,en passant par Paris car on ne supprime pas en 10 ans 200 ans de centralisme,et qu’en terme d’espace de construction,des communes ne font aucun effort pour construire.

    Un vrai gouvernement de Paris Ile de France,serait un bon choix,car élu aux suffrages universelles à la proportionnelle.


    • Alain Lafon Alain Lafon 13 juillet 2007 19:21

      En l’état actuel d’avancement du dossier de révision, l’affaire est à mon avis complètement politique.

      Le gouvernement UMP ne supporte manifestement pas le partage du pouvoir en Ile-de-France - le quart de la population et de l’activité économique française - avec un conseil régional qui n’est pas de son bord.

      Ce n’est pas une raison pour « casser le thermomètre ». Le respect des règles élémentaires de la démocratie est pour moi de laisser le processus de révision aller à son échéance. D’autant plus qu’un travail considérable a été réalisé par les différents acteurs et que l’enquête publique de l’automne permettra aux citoyens de s’exprimer sur un projet abouti.


    • Nicolas Proix 17 juillet 2007 12:44

      @ Alain Lafon

      De mon point de vue, l’affaire n’est pas vraiment politique au sens où on l’entend comme lutte de partis.

      Elle l’est dans le sens où la politique est « l’affaire de la cité », et une lutte d’influence entre acteurs.

      De mon point de vue, on est ici plus confronté à une lutte entre :
      - un acteur « local » qui cherche en particulier l’amélioration de la qualité de vie de ses habitants et le rééquilibrage de son territoire, parfois aux dépends de sa compétitivité et en hypothéquant ses capacités de développement futur. Peut-être aussi en envisageant que peu les retombées de cet aménagement sur les régions voisines.

      - un acteur « national » qui veut garder une locomotive économique puissante et concurrentielle face à Londres en particulier, plus secondairement à Milan, Francfort et Madrid. Aux dépends éventuellement de l’équilibre de ce territoire, du moins dans un premier temps. Et au détriment de la qualité de vie de la population.

      Lequel a raison ? Qui saurait le dire ? Les ressources nécesaires à un développement économique national sont aussi vitales. Le développement harmonieux d’une région où vivent 12 millions d’habitants aussi.

      Là où je ne rejoins pas l’analyse du gouvernement, c’est quand il se désole d’un moindre dynamisme francilien. Que d’autres régions et d’autres métropoles, notamment au Sud-Est, se développent et créent de l’emploi, c’est plutôt un mal qu’un bien. Ceux qui croient que le « désert français » est devenu un mythe grâce à la DATAR ont des illusions plutôt tenaces.

      Les conséquences de cette prise de position me laissent également perplexe.

      1 - Je n’ai jamais compris l’intérêt du CDG Express, depuis que la consultation a élé lancée en septembre 2001 et que RFF s’est lancé dans ce projet. A part un effet de vitrine, quel intérêt ? Et surtout, à quel prix ? Qu’on rétorque que tout sera financé par de l’argent privé ne répond en rien à la question. C’est de l’argent privé qui pourrait être investi ailleurs, et je ne pense pas trouver un seul Francilien pour dire qu’il n’y aurait pas des besoins plus urgents ni plus pressants.

      2 - Etendre les capacités de Roissy, oui, mais jusqu’à quel niveau ? Combien de temps Gonesse, Sarcelles, Gousssainville et de manière générale la moitié du Val d’Oise pourra-t-elle supporter un trafic sans cesse croissant ?

      3 - A mon sens, si le TGV ne représente pas une solution-miracle, il constitue néanmoins une très nette amélioration par rapport à l’avion, autant en termes de pollution sonore qu’en termes d’émission de polluants. Vu le nombre de trajets inférieurs à 600 km effectués par avion au départ de Roissy, une sérieuse reconversion est possible . . . à condition qu’on en donne les moyens à la SNCF. Pourquoi ne cherche-t-on pas à créer enfin un raccord TGV digne de ce nom entre Massy et Valenton, au lieu d’empiéter sur le RER C qui n’a vraiment pas besoin de cela pour détériorer encore sa très faible qualité de service ?

      @ Arthur Mage :

      Certes, cette citation du Général de Gaulle à Paul Delouvrier est connue comme le point de départ de l’aménagement francilien. Mais :

      - Peut-on conclure à une réussite ? Le RER, oui. Mais le plan n’a été réalisé qu’à moitié (rappelons que des lignes F et G étaient prévues dans le plan initial, ainsi qu’une rocade intégrale). Mais les villes nouvelles, « pôles structurants » de la banlieue ? Une année entière de budget y a passé, seules deux d’entre elles (Cergy-Pontoise et Saint-Quentin-en-Yvelines) ont pleinement réussi, Marne-la-Vallée est encore en chantier, quant à Evry et surtout Sénart, c’est nettement plus laborieux.

      - La situation était complètement différente ! La loi Defferre (1982 . . .) n’étant pas passée par là, la Région n’existait même pas en tant que collectivité territoriale. Ce n’est que depuis cette loi qu’elle a compétence d’aménagement, et, en ce qui concerne l’Île-de-France, ce n’est que depuis 1995 et le SDRIF qu’elle n’a d’ailleurs pas pu élaborer (l’Etat lui avait déjà imposé un oukase assez clair).

      Il me semble donc un peu facile d’affirmer que l’Etat a « pris les devants ». Personne d’autre n’avait les moyens ni le droit de le faire . . .

      Aujourd’hui, c’est clairement une lutte d’influence entre deux entités qui ne seront jamais d’accord sur ce sujet . . . fussent-elles du même bord politique.


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