samedi 23 mai 2015 - par Jean-François Dedieu

Le Naturel de Mediapart

Dernièrement, le site Mediapart a publié un reportage A Mayotte, « comme au temps des colonies ». Localement, Kwezi FM et France Mayotte Matin en ont fait état parce qu’une fois de plus, une certaine bien-pensance trouve normal de toujours aborder le sujet plutôt dans une optique trop sûre de sa morale, de son progressisme, de son sens de l'Histoire.

 Revenons sur ces écrits pour ce qu’ils disent de partiel, d’univoque... pour quelques nuances sans prétendre que toute la vérité est là, sans tomber dans le travers dénoncé ! (en gras, les thèses de Mediapart)

 

"Mayotte partage avec les autres îles de l’archipel des Comores, culture, langue, religion et passé colonial..."

Le dire ainsi des Alsaciens, des Bretons, des Chtis, des Occitans, des Basques, des Catalans, des Auvergnats (liste non exhaustive) reviendrait à gommer les différences culturelles (animisme plus marqué à Mayotte), de langue (le shingazidja de la Grande-Comore est incompréhensible pour les trois autres îles). Même l’histoire coloniale n’est pas la même pour ce qui est de la chronologie, du statut (Territoire ou Protectorat). Il ne reste que la religion et si elle est "contenue" à Mayotte parce qu’elle est la France, de nombreux locaux s’en félicitent, serait-ce en toute discrétion. 

 

« Mayotte devenue le dernier département français par référendum en 2011... »

Le dire ainsi c'est faire croire au lapin sorti du chapeau alors que Mayotte demande inlassablement le statut de département depuis 1958 au moins... En outre il serait honnête de préciser que pour le moment, la départementalisation se marque par plus de devoirs que de droits. Est-ce utile de préciser que le citoyen à Mayotte coûte 4700 euros à la collectivité alors que le métropolitain bénéficie de 17300 euros, soit quatre fois plus ! (certains chiffres de l’Insee ne souffrent pas l’ambigüité).

 

"soumission à la France de peur de se faire éjecter"

Si la posture reflète le rapport du petit au puissant, la cession d’un territoire est légalement, constitutionnellement impossible sans le consentement des populations intéressées (article 53 de la Constitution). Néanmoins, le fait de ne pas se donner les moyens contre l’immigration clandestine (voir plus loin les conséquences), pourrait aboutir à un largage, issue qui contenterait le camp prétendument anticolonialiste et contempteur d’une soit disant légitimité onusienne !

Dans quelle mesure ce rapport de force annihile la demande locale alors que tous les secteurs socio-économiques sont sinistrés ?

 

"La petite île de 374 km2 pour 212000 habitants..."

Le dire ainsi, c'est oublier que l'Insee justement a pour consigne d'embrouiller si des chiffres fâchent, ce qui rend ces derniers d'autant plus difficiles à trouver, à trier, à décrypter. Depuis 2014, dans les interventions publiques des édiles, des élites, le fait que les étrangers seraient plus nombreux à Mayotte que les nationaux est implicitement reconnu. Pour contourner les statistiques officielles, en mars 2014, une enquête reprise par FMM (France Mayotte Matin) pour évaluer la population par rapport au tonnage de riz importé donne, au bas mot, un nombre compris entre 300 et 400.000 habitants (évaluation aussi avancée en 2015 par la Maire de Sada). 

 

"îles éparses et ZEE"

L’article lie la présence française à des intérêts sonnants et trébuchants liés aux ZEE (Zone Économique Exclusive) que Mayotte et les Iles Éparses valent à la France. Tout n’étant pas blanc ou noir, il serait utile de nuancer ces arguments lapidaires grâce à quelques pistes historiques comme :

- Andrian Tsouli, le sultan qui a vendu Mayotte l’aurait proposée aux Anglais...

- En 1974-75, la situation internationale (guerre froide, décolonisation, la France expulsée de la base de Diego Suarez, les immixtions dans la zone des Sud-Africains, des Chinois, etc...) a pesé sur le passage à l'acte de Mayotte

- Pourquoi garder Mayotte et non Djibouti au débouché stratégique de la Mer Rouge ?

(A suivre)

 

photos autorisées 1. flickr.fr A Moroni. 2. pixabay Vue de Sada. 



8 réactions


  • jumbo11 23 mai 2015 17:38

    pas de comments , on pourrait se faire traiier de racistes , mayotte totalement musulmanne , qs qu’on va foutre dans cette ile ?? pour les pov’cons , cherches pas tres loin , regardes toi dans un miroir , tu vas en voir un parfait exemple .


  • Le p’tit Charles 24 mai 2015 09:39

    C’est loin MAYOTTE...mais comme c’est nous qui payons d’office les politicards trouveront toujours des excuses pour garder ce bout de terre.. ?

    Toutes ces colonies (nombreuses..) nous coûtent la peau des fesses...des milliards m’ssieurs dames... !

    • Jean-François Dedieu Jean-François Dedieu 24 mai 2015 15:26

      @Le p’tit Charles. Est-ce le premier poste sur lequel les économies seraient les plus importantes ?


    • Le p’tit Charles 24 mai 2015 16:39

      @Jean-François Dedieu...Plusieurs milliards...c’est un bon début non ?


    • Jean-François Dedieu Jean-François Dedieu 24 mai 2015 17:44

      @Le p’tit Charles
      Non, plus qu’illégal, ce serait amoral...
      Je commencerais plutôt en serrant le kiki de la finance ! Ensuite, en diminuant de moitié le mille-feuilles politique et d’autant le nombre de fonctionnaires. Puis, en ne soutenant plus le nucléaire et Areva. en ne laissant plus le privé s’engraisser (sur l’eau par exemple)... En obligeant l’Europe à mettre au pot commun au niveau militaire et pourquoi pas en faisant le ménage pour éliminer les doubles-nationalités  !
      Certains parlent de remettre en cause le droit du sol...
      Ce ne sont que des pistes et parfois que des impressions mais plus d’égalité et de solidarité sont nécessaires...
      En attendant, merci Le p’tit Charles pour ce partage d’idées !


Réagir