lundi 10 juillet 2006 - par Antoine Dufour

Pierre-Christian Taittinger, maire du 16e, répond aux questions de Paris16info

Ancien ministre puis candidat à la mairie de Paris, Pierre-Christian Taittinger, maire du 16e arrondissement depuis 1989, a bien voulu recevoir Paris16info pour répondre à quelques-unes de nos questions.

medium_pctaittinger1.2.jpg

P16i : Monsieur le maire, vous vous êtes souvent prononcé pour un élargissement des compétences des maires d’arrondissement par rapport au maire de Paris. Pourriez-vous nous expliquer votre point de vue ?

Pierre-Christian Taittinger : Le rôle actuel du maire d’arrondissement est complètement inadapté, c’est un enjeu majeur et je ferai campagne sur ce thème aux prochaines municipales. Je pense que le maire d’arrondissement devrait avoir plus de pouvoir en ce qui concerne la gestion des affaires courantes, et bien sûr le contrôle des budgets correspondants. Aujourd’hui, je ne peux même pas intervenir quand il s’agit de changer une ampoule dans une école de l’arrondissement, la décision doit émaner de la Mairie de Paris. Par ailleurs, il faut instaurer un contrat moyens-objectifs, afin que le maire de Paris s’engage sur la politique qu’il va mener. Je vous donne un exemple concret, si le maire de Paris promet de créer 6000 places de crèche, le maire du 16e saurait, dès le début, qu’il y en aura 400 ou 450 dans son arrondissement, ce qui lui permettrait de participer, à son niveau, à la réalisation de cet objectif.

P16i : Ressentez-vous un déficit d’investissement entre l’Est et l’Ouest de Paris ? En tant que maire d’arrondissement d’opposition, êtes-vous entendu de la Mairie de Paris ?

P.-C. T. : C’est vrai que nous avons moins d’investissements sur notre arrondissement qu’à l’Est de Paris. Je ne pense pas que ce soit par choix idéologique, j’avais les mêmes difficultés à me faire entendre sous Jacques Chirac ou Jean Tibéri que maintenant avec Bertrand Delanoë. Nous souffrons d’un préjugé sur l’image de l’arrondissement tel qu’il était il y a cent ans, pourtant depuis les choses ont évolué. Nous avons de très bons lycées, savez-vous que c’est en 1935, quelques mois avant le Front populaire, que furent créés les Lycées Jean de La Fontaine et Claude Bernard ? Aujourd’hui, il est impossible d’espérer, de la part de l’Etat et de la Région, un investissement aussi important dans l’arrondissement.

P16i : Est-ce à cause de la réputation d’arrondissement riche qu’aucun investissement n’est consacré à la restauration de la piscine Molitor depuis vingt ans ?

P.-C. T. : Je ne pense pas que l’on puisse la restaurer, elle est morte. Il faut la reconstruire car elle est tout à fait essentielle pour beaucoup d’habitants de notre arrondissement et pour les lycées situés à proximité. Ce désintérêt pour l’exceptionnel patrimoine du 16e ne se limite pas à la piscine Molitor, prenez par exemple le Bois de Boulogne qui a été réalisé en trois ans par Napoléon III, Haussmann et Alphand, qui a beaucoup souffert de la tempête de 1999 avec la perte de 75 000 arbres et dans lequel on ne replante que 8000 arbres par an.

P16i : Parlons des transports. Certains secteurs sont mal desservis, le prolongement du tramway fait débat. Quelle est votre position sur la politique de transport dans le 16e, dans les années à venir ?

P.-C. T. : Il faut accepter la souplesse et la diversité des modes de transport. J’ai été satisfait de lire dans l’interview de Jean-Yves Mano qu’il était favorable à mon idée de lignes de bus supplémentaires. Je pense que la création de nouvelles lignes d’autobus qui assureraient la desserte de l’arrondissement à l’intérieur du 16e et vers les 15e et 17e permettrait de réduire considérablement la circulation automobile. Des bus propres, à gaz, de 30 à 40 places, qui n’ont pas l’inconvénient des bus électriques qui doivent loger de volumineux accumulateurs. Par ailleurs, il faudrait automatiser les métros et surtout repenser l’intervalle entre les métros en fonction des heures de pointe. Il faut aussi apporter un plus grand soin à l’accessibilité de ces transports pour les mamans avec poussette et pour les personnes âgées ou handicapées.

P16i : Alors qu’on observe une forte tendance au renforcement de la démocratie participative, notre arrondissement a la particularité d’être l’un des rares à ne pas permettre aux citoyens de s’exprimer lors des Conseils de quartier. Le regrettez-vous ?

P.-C. T. : Je n’ai pas le sentiment que les Conseils de quartier soient la seule réponse au renforcement de la démocratie. Je suis très près des habitants du 16e, j’assiste à une centaine de réunions par an dans l’arrondissement. L’important, c’est l’information et la consultation des habitants. Au Conseil de Paris, le public ne peut prendre la parole. Face à près de 90 000 électeurs et électrices, il faut développer les moyens d’information et d’échange par le biais d’une radio locale spécifique au 16e.

P16i : Monsieur le Maire, je crois comprendre que vous serez candidat aux prochaines élections municipales, comment vous positionnez-vous par rapport aux primaires qui ont eu lieu dans votre parti, l’UMP, et croyez-vous que des primaires locales puissent être envisageables ?

P.-C. T. : Je serai bien sûr candidat. En ce qui concerne les primaires, je ne suis pas convaincu de leur efficacité, et j’aurais été beaucoup plus favorable à des primaires élargies sur le modèle italien. Vous aurez noté que Nicolas Sarkozy a repoussé l’idée de primaires à Lyon, à Marseille et à Bordeaux. Le principal investissement de campagne que je fais trois mois avant, c’est de m’assurer du soutien de la population par sondage. Je crois en la vertu de la proximité, et lors d’une élection municipale, l’étiquette du candidat est indifférente.




Réagir