lundi 26 mars 2007 - par Azür

Un petit vélo dans la tête...

Samedi 17/03/2007 se clôturait à Melsheim (67) le 13e cycle de ciné-conférences, « Les carnets de voyage », qui, chaque hiver, offre aux habitants d’un petit coin d’Alsace de découvrir de plus vastes horizons.

A l’initiative de Pierre Kayser, un infatigable globe-trotteur, ces soirées permettent de rencontrer par l’image d’autres cultures en évitant soigneusement les itinéraires des agences de voyages et le discours convenu des offices du tourisme. Les Carnets de voyage, c’est du brut de décoffrage, de l’authentique, sans édulcorants, sans colorants ni conservateurs d’aucune sorte. Les habitués des clubs de vacances et des hôtels de luxe sont priés de chausser des pataugas s’ils ne veulent pas se ruiner les pieds avec leurs tongs griffées Kenzo !

Cet hiver, la série a commencé et s’est clôturée par un voyage à vélo, un moyen de déplacement ordinaire facilitant les rencontres extraordinaires. Myriam Walter et Arnaud Dulieu qui en tandem ont relié Anchorage à Ushuaia, soit 17.648 km en une année sans assistance technique à travers les Amériques par des températures allant de -20 °C à +40 °C, eurent le privilège d’ouvrir le cycle ( !) de ciné-conférences. Et Pierre Kayser le clôtura avec l’expédition cyclotouristique qu’il a mis sur pied pour une vingtaine d’amis désireux de découvrir Cuba, soit 900 km en 11 jours avec assistance technique.

Deux projets à la fois similaires et différents, mettant plus l’accent sur l’enrichissement produit par les rencontres que sur la performance cycliste. Les uns comme les autres ont trouvé dans leurs périples le supplément d’âme de plus en plus nécessaire à la survie dans notre société de surconsommation.

Myriam Walter et Arnaud Dulieu ont décidé de partir en tandem dans tous les sens du terme. Entre les piqûres des maringouins de l’Alaska estival et la morsure du froid de l’hiver austral en Terre de Feu, ils ont connu de multiples situations avec pour seule alternative efficace celle de l’optimisme. Et c’est très probablement cela qui leur a permis de ne jamais être considérés, notamment en Amérique latine, comme des gringos. Entre la magnificence des paysages traversés à la force des mollets et les regards pénétrants de certains visages photographiés, il est possible de percevoir les dimensions de l’infini.

Moyen économique et écologique de voyager, le vélo fait rapidement tomber les barrières sociales, linguistiques et culturelles. Il est au 4e rang des moyens de déplacement dans le monde et son usage est inversement proportionnel au niveau de vie des habitants, et la distance parcourue par personne est proportionnelle à la surface de la région du monde où elle habite. Pour les internautes, le site www.clocyte.be donne envie de partir à ceux qui le peuvent et fait voyager ceux qui restent.

Alors dans l’immédiat : en selle ! Et à l’hiver prochain pour la 14e édition des Carnets de voyages...



2 réactions


  • Marsupilami Marsupilami 26 mars 2007 16:27

    Très bon article sur une très intéressante initiative.

    Perso j’ai jamais voyagé à vélo (je préfère la grande randonnée à pied) mais je suis un fan de carnets de voyages. J’en ai fait beaucoup, à la fois par écrit, en dessins et en peinture. La pratique du dessin et de la peinture permet un formidable contact avec les populations locales, à mille lieues des clic-clac Kodak des photomaniaques. On se fait ainsi plein de connaissances et d’amis sans aucune difficulté, vu que l’art est un langage universel. Et c’est encore plus vrai au contact des plus pauvres.

    Petite anecdote marrante : un jour à Jaïpur (Inde) j’étais en train de dessiner un des éléphants qui orne une des monumentales portes de la ville. J’étais assailli et harcelé par une meute de bambins qui finissaient par m’empêcher de dessiner tant ils étaient nombreux. Tout à coup est apparu un flic muni de son lathi (bâton) qui les a chassés. C’était pas cool mais ça ne partait pas d’un mauvais sentiment de sa part : il avait la fibre artistique et était tout content de voir qu’on dessinait un monument de sa ville... et de pouvoir regarder en paix l’éxécution de ce travail.

    Autre anecdote marrante, en Thaïlande cette fois. Cela se passait à Chiang Maï. J’étais en train de dessiner un what (temple bouddhiste) dans la cour d’un monastère, sous un arbre d’où tombaient d’abominables fourmis rouges dont je supportais stoïquement les morsures tant j’étais concentré sur mon dessin. Au bout de quelques heures, le moine en chef de ce monastère est venu me trouver, m’a offert du thé et d’abominables et puants cigares birmans, on est devenus potes et j’ai ainsi appris plein de choses que je n’aurais jamais sues si je m’étais contenté de faire une photo vite fait. En plus il m’a demandé si je voulais bien faire son portrait. Je lui ai dit OK. Il a alors immédiatement éteint son cigare puant, s’est mis en méditation profonde dans la position du lotus et n’a pas pris une seule inspiration visible pendant une heure. Une vraie statue, le meilleur modèle que j’ai jamais rencontré. Le portrait fini, il s’est immédiatement remis à respirer normalement et a allumé un nouveau cigare birman puant. Je suis ensuite allé faire une photocopie de ce portrait dans une boutique et la lui ai filé. Il était enchanté et m’a offert plein d’épices et de cigares birmans puants.

    Bref le carnet de voyage c’est aussi et parfois surtout le dessin et la peinture.

    Bon, j’arrête là, des anecdotes comme ça, j’en ai plein. Pour finir un lien sur le site de Nicolas Bouvier.


  • ZEN zen 30 mars 2007 07:46

    @ Azür

    Bonjour,

    Votre article de lundi m’a inspiré et m’a invité à prolonger la discussion sur le vélo, réel et rêvé :

    http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=21472

    Cordialement


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