Abou Dhabi et le Golf
"Nous avons des relations très spéciales avec les Emirats-Arabes-Unis. Et cette base militaire, qui va couvrir toute la région, va aider à protéger les Emirats-Arabes-Unis et d’autres alliés dans la région. Car la région est très sensible" a déclaré le ministre de la Défense, M. Hervé MORIN.

Mais pourquoi Abou Dhabi et les Emirats Arabes Unis ?
Pour le golf ?
Avec neuf Français au départ de l’Abu Dhabi Golf Championship, le rêve de voir un tricolore briller sous le soleil des Emirats semble permis. Ce serait un beau cadeau pour le golf Français en ce début d’année 2009 car, depuis le démarrage de la saison et ses 6 tournois déjà disputés, les Français brillent plutôt par leur absence en haut des leaderboards. Il faut en effet descendre au 78ème rang du classement de la Race to Dubaï pour voir apparaître le nom du premier, Thomas Levet... ?
Le Golf Persique, Arabique et l’E.A.U.
Le journal Jeune Afrique datant du 19 août 1972 en parle très bien, cité dans un article de Chris Kutschera : la volonté d’un homme, le Cheikh Zayed.
" Quand les pétroliers de l’Iraq Petroleum Co. ont commencé à prospecter la région en 1948-1949, ils ne s’arrêtaient même pas à Abou Dhabi, une minuscule bourgade de pêcheurs, ramassée autour d’un vieux fort de terre. Ils allaient directement à Dubai ou à Charja, où résidait l’agent politique anglais et où l’on pouvait prendre une douche fraîche...Le pétrole n’y a été découvert qu’en 1958-1959, et ce n’est qu’en 1959-1960 qu’on a observé les premiers véritables changements : le premier immeuble en "dur" a été construit en 1964. En 1971, les redevances pétrolières versées au successeur du Cheikh Chakbout, le Cheikh Zayed, se sont élevées à 174 millions de livres sterling. Cette production devrait atteindre 50 millions de tonnes cette année (1972) et 100 millions de tonnes en 1974, avec l’exploitation du gisement d’Asab. Les revenus, eux, pourraient atteindre le chiffre vertigineux de 500 millions de livres sterling en 1975 !
La France et les Emirats Arabes Unis sont unis depuis 1995 par un accord de "coopération militaire". Le porte-avion nucléaire Charles de Gaulle est notamment acceuilli dans le port d’Abou Dhabi lors de ses campagnes dans l’océan indien.
De part son excellente position géographique, les E.A.U. sont au coeur de la première région pétrolière et gazière mondiale.
"Cette zone hautement stratégique, qui relie le golfe Persique à l’océan Indien, est vitale pour les économies occidentales, tout blocus du détroit pouvant entraîner une interruption des approvisionnements en pétrole " (Mer et Marine).
Selon Business 24 (Emirats-Arabes-Unis) corlobe.tk, "La base militaire française aux Emirats-Arabes-Unis a été créée dans le cadre d’un partenariat stratégique avec ce pays. Elle sera opérationnelle à la fin du mois de mai prochain, a déclaré Hervé Morin, le ministre de la défense qui assistait à l’inauguration d’un salon militaire et à une conférence." où Thales International Moyen-Orient (la filiale aboudhabienne de Thales) vient de sceller une alliance stratégique avec IGG (International Golden Group PJSC), société basée à Abou Dhabi et comptant parmi les principaux fournisseurs du gouvernement, des forces armées et autres organismes de sécurité des Emirats arabes unis.
Thales et IGG se sont entendus sur un accord de coopération visant à assurer la protection des infrastructures nationales critiques, notamment celles liées à l’exploitation des ressources de pétrole et de gaz aux Emirats arabes unis. Les deux sociétés sont bien placées pour fournir des technologies de pointe et une gamme complète de services dans ces domaines vitaux.
Pour Europe 1 : "Les 300 ouvriers du chantier travaillent jour et nuit. Et pour cause : tout doit être prêt pour le 25 mai prochain, jour de l’inauguration de la base par Nicolas Sarkozy. Si la base navale est sortie de terre, il manque encore les finitions. La base aérienne, elle est déjà opérationnelle. (et nos pilotes vont pouvoir s’entraîner comme au Maroc...) C’est une première depuis cinquante ans. 400 à 500 militaires seront installés de manière permanente dans cette base située à 225 kilomètres de l’Iran à deux pas du détroit d’Ormuz. Un endroit stratégique où transitent 40% du trafic pétrolier mondial. Pour le ministre de la Défense, Hervé Morin, il s’agit "d’assurer la paix et la stabilité de la région." C’est aussi , une vitrine technologique importante pour Abou Dhabi.
Mais pour Le Mague, " Cette création d’une base française dans le Golfe peut être interprétée comme un nouvel indice de l’alignement de Sarkozy sur la stratégie américaine au Proche-Orient mais aussi comme le désir des Emirats d’échapper à une emprise américaine totale, en diversifiant leurs partenaires ou « parrains » sur la scène internationale. Cocorico contre McDo : l’influence au Moyen-Orient est un enjeu majeur pour les Etats modernes.
Parallèlement, loin des débats politiciens, l’ouverture de cette base d’Abou Dhabi suscite d’autres interrogations : est-ce un changement de politique de la France, qui jusqu’ici avait choisi d’être au Proche-Orient une puissance d’équilibre diplomatique et non une puissance militaire ? Y a-t-il un risque d’être entraîné dans un conflit local ou régional, notamment avec l’Iran, qui souhaiterait contrôler le détroit d’Ormuz ? Cette décision, prise sans consultation, n’est-elle pas en contradiction avec le souhait affiché d’associer plus étroitement le Parlement au suivi et à l’approbation des opérations extérieures ?
En tout cas, ce qu’on peut remarquer, c’est que la France singe les positions militaires américaines sans donner au Parlement français le pouvoir dont dispose le Congrès US dans le contrôle de ce secteur. "
Selon le porte-parole de la Défense, Laurent Teisseire, la France a pour ambition d’augmenter ses exportations annuelles d’armes de 5,6 milliards d’euros de commandes en 2007 à 7 milliards d’euros en 2010. A terme, l’Hexagone espère atteindre le même niveau que le Royaume-Uni, soit 13 % des parts du marché mondial. D’après un rapport du ministère de la Défense, les exportations françaises d’armes se sont légèrement érodées ces dernières années, les commandes passant de 5,74 milliards d’euros en 2006 à 5,66 milliards en 2007, malgré l’expansion du marché mondial.
En 2007, les plus gros clients français étaient l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, devant l’Espagne et les Etats-Unis.
Il y a déjà quelques années, en prélude de la nouvelle politique de la France en matière de Défense, des personnes s’étaient posées ces questions :
Patrice Bouveret : La France participe activement à la prolifération des armes conventionnelles dans le monde. Ses exportations augmentent les risques de conflits. Par ailleurs, le fait de vendre à des pays étrangers pour rentabiliser l’industrie nationale résulte d’un choix politique. Faut-il vraiment que la France fasse en partie payer ses moyens de défense par de riches clients étrangers ? Ne peut-elle en assumer le coût elle-même ?
Louis Gautier : La France a besoin d’une politique de défense. Et donc d’une industrie d’armement. Si demain, l’Union Européenne augmente ses dépenses militaires et met en commun ses industries d’armement, celles-ci pourront se rentabiliser sur le seul marché de l’Union. Et du coup, elles seront moins dépendantes des exportations hors d’Europe, dans des pays parfois contestables, pour assurer leur rentabilité. Mais la politique européenne en la matière piétine. Dans l’espoir qu’elle se concrétise, à l’horizon d’une dizaine d’années, il faut conserver l’outil industriel de l’armement français.