mercredi 20 février 2019 - par William Kergroach

Après le Brexit, « Rule, Britannia ! »

La presse et les experts autorisés répètent à l'envi que le Royaume-Uni a un sombre avenir. Hors l'Europe, point de salut... C'est oublier qu'avant de rejoindre le rang des laquais serviles de Washington, Londres était au centre d'un empire aux frontières inégalées. La Grande-Bretagne a inventé le commerce international, reste un des derniers points dynamiques d'Europe et les canons de sa Majesté sont encore opérationnels...

La formidable opportunité d’émancipation du vieil empire britannique, offerte par le Brexit, est née d’une monumentale erreur d’analyse. Le 23 juin 2016, le premier ministre David Cameron, coupé comme nombre de ses homologues de la réalité du pays, croit qu’il peut proposer un référendum à la population britannique : « Voulez-vous quitter l’Union Européenne ? » Le premier ministre est convaincu, comme toute l’élite internationale de la capitale, qu’il va imposer l’attachement européiste de la « City », la première place financière au monde, aux ploucs eurosceptiques du parti UKIP qui progressent en province… Raté, malgré une campagne médiatique alarmiste, la population répond « oui » à 51,9% !

James Cameron repart évidemment se cacher dans les jupes de la finance, aussitôt embauché par l’entreprise américaine First Data Corp., comme Gordon Brown avant lui, recruté par le fonds de gestion Pimco, ou l’inégalable Tony Blair, parti chez JP Morgan…

N’en déplaise, le processus de sortie de la Grande-Bretagne (British Exit, contracté en « Brexit ») est enclenché. Désormais, les élites londoniennes et Bruxelles font tout pour faire revenir la population sur sa décision.

Depuis les débuts de la construction européenne, le Royaume-Uni n’a pourtant cessé d’exiger un partenariat à la carte. Ceux qui ont l’occasion de visiter la Grande-Bretagne constatent encore aujourd’hui que les étals du pays, s’ils ne sont toujours pas ouverts aux fruits et légumes des pays du sud de l’Europe, proposent à l’envi les produits agricoles du Commonwealth.

Les Britanniques ont réussi à repousser le cauchemar du terrorisme en ne rétablissant pas de frontière physique en Irlande du Nord. Les enragés de l’IRA n’auront pas de « check points » britanniques à faire exploser. De toute façon, tout le monde en Irlande a intérêt à ce que le miracle économique perdure. Il y a 400 000 emplois à la clé de chaque côté de la frontière.

Par ailleurs, le risque de voir les entreprises financières de la City partir s’installer à Wall Street ou sur d’autres places financières européennes n’est pas passé aux actes. La Finance internationale, Rothschild parmi d’autres, est déjà chez elle à Londres. Le pays reste exceptionnellement dynamique en termes de business et d’innovation et les Britanniques n’ont pas à apprendre le commerce. 

Alors, si l’Amérique de Donald Trump ne veut plus jouer au grand frère, ce n’est pas plus mal, car la Grande-Bretagne n’a jamais oublié son passé d’empire ni ses partenaires du Commonwealth. Elle piaffait d’impatience de reprendre sa place au sommet et de redéployer ses soldats dans ses colonies. La réouverture d’une base britannique à Bahreïn, en 2018, et les nombreux projets de redéploiement de la présence britannique en Asie du Sud et dans l’Océan indien en sont la preuve. Qu’on se le dise, « Rule, Britannia !, Britannia rule the waves ! », la chanson patriotique du régiment royal du Norfolk, n’est plus un vestige en terre d’Albion. Les soldats de sa Majesté reprennent la mer.

 



8 réactions


  • Rantanplan Paracétamol 20 février 2019 09:54

    Après l’antiquité tardive baptisée « moyen-age », Rome n’a jamais retrouvésa position hégémonique.

    Le « saint » Empire Romain Germanique était plus romain que germanique, si ce n’est que le pape était bien resté à Rome (la ville, pas l’empire).

    L’épopée coloniale est terminée pour les Anglais comme pour les Français.


    • julius 1ER 21 février 2019 10:29

      @Paracétamol

      rien à dire de plus mais pour avoir vécu quelques années en Angleterre j’ai le souvenir d’anglais toujours nostalgiques de leur empire un peu inconsciemment d’ailleurs comme si l’EMPIRE n’avait jamais cessé d’exister ???? 

      paradoxe ou traumatisme ... that is the question ?????
      cette illusion d’empire maintenue par cette idée du Commonwealth explique peut-être encore cela et je pense que ce Brexit a été réalisé pour une part déterminante avec ce genre de pensée sous-jacente contredite dans les faits puisque la plus grosse part du commerce du RU est réalisée avec les pays intra-UE !!!
      en fait n’en déplaise à l’auteur je pense que les Anglais se suicident en quittant l’UE 
      en fait c’est très Shakespearien comme attitude !!!


  • velosolex velosolex 20 février 2019 10:21

    « C’est oublier qu’avant de rejoindre le rang des laquais serviles de Washington, Londres était au centre d’un empire aux frontières inégalées. »

    Ben, c’est justement le cœur du problème. Pas mal d’anglais, pas seulement des vieux colonels nostalgiques de l’empire des indes n’ont pas vu que le monde avait évolué, et qu’il ne savait à rien de bomber le torse quand on n’a plus de muscles...L’article très superficiel, ne traite pas non plus du problème de l’immigration, qui a été en réalité la goutte d’eau qui a fait débordé le brexit, dans une Angleterre ultra libérale, et qui a laminé les salaires des plus pauvres, les mettant en compétition avec les polonais : Bruxelles étant montré comme le bouc émissaire. Rien de changé, l’europe a été montré comme l’origine du mal, vieux réflexe de toujours. Quand à la disparition de la frontière physique de l’Irlande du nord, appartenant toujours au royaume uni, c’est justement l’europe qui l’a imposée. Ces imbéciles n’avaient même pas anticipé les conséquences catastrophiques. Des économistes faisaient remarqué qu’avant que la date du brexit soit patente, le fret des marchandises sera impacté bien avant, par l’absence d’accord et d’incertitude, un porte container mettant une quinzaine de jours d’un continent à l’autre. 


  • Decouz 20 février 2019 11:58

    Les anciennes colonies comme l’Inde dicteront ou négocieront leurs conditions, rien ne dit que ce sera plus avantageux que les conditions européennes pour le Royaume Uni, et rien ne dit que ces anciennes possessions aient une préférence pour traiter avec leur ancien maître.


  • François Vesin François Vesin 20 février 2019 13:39

    Et si nous étions totalement hors sujet ?

    Je vous invite à lire le lien ci-dessous qui fait état

    d’un Brexit totalement téléguidé par La City 

    dans la perspective d’une gouvernance mondialisée

    dont elle serait la principale gestionnaire ...

    http://lesakerfrancophone.fr/geopolitique-du-brexit

    L’avenir du Royaume Uni et à fortiori les peuples qui le composent

    ne pèsent rien dans cette perspective, pas moins en tous cas que

    l’effondrement programmé de toutes les autres nations européennes !


    • Clouz0 Clouz0 20 février 2019 14:23

      @François Vesin

      Comme il est toujours intéressant de savoir à qui l’on a affaire, votre lien ci-dessus, est en provenance de Russia Today, avec comme intervenante Valérie Burgault :

      "Valérie Bugault, 2ème sur la liste de l’UPR pour la circonscription Ile-de-France présentera une conférence à Massy sur le thème : « Pourquoi faut-il sortir de l’Union Européenne ? ».
      La conférence sera suivie d’un débat de la salle avec les candidats de la liste IDF qui seront présents.


      On situe mieux.


    • François Vesin François Vesin 20 février 2019 14:54

      @Clouz0
      «  On situe mieux ... »

      Encore un amoureux des petites boites sans lesquelles certains petits
      « esprits » étriqués se plaisent à enfermer ceux qui ne leur ressemblent pas
      1) mon lien est en provenance du Saker-Francophone
      2) RT France semble être le dernier espace de liberté médiatique
      si j’en crois la présence de Frédérique Tadeï...
      3) je revendique haut et fort mon voeu de voir la France
      s’affranchir de l’empire maastrichien, de l’euro et de L’OTAN


  • julius 1ER 21 février 2019 11:38

    La formidable opportunité d’émancipation du vieil empire britannique, offerte par le Brexit, est née d’une monumentale erreur d’analyse.

    @l’auteur, 

    finalement si je devais retenir une chose de cet article ce serait cette phrase tellement ambigue, paradoxale et oxymorienne et qui finalement ne veut pas dire grand-chose .... c’est de la masturbation intellectuelle rien de plus, rien de moins !!!


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