mardi 10 août 2021 - par Kamal GUERROUA.

Au fond, la crise de la Tunisie c’est pareil à celle de l’Algérie

    L'islamisme est dangereux certes. Mais s'il y a islamisme, c'est parce qu'il y a dictature. Ce sont les deux "variants" de la même pandémie : "le sous-développement". La malédiction arabo-musulmane, c'est de ne pas avoir su trancher définitivement pour la modernité. Pas forcément une modernité à l'occidentale, mais une modernité qui répond aux aspirations profondes de sa jeunesse : la démocratie. Et je pense qu'il n'y a point de démocratie sans laïcité. Qu'on le veuille ou pas, la laïcité est la condition sine qua non pour le progrès. Nous avons besoin de nation de citoyens et non pas de celle de croyants. Maintenant si ces citoyens-là veulent être tous des croyants, c'est leur liberté, mais l'idéal d'un Etat de droit étant de protéger toutes ces croyances-là au nom de la liberté du culte, lequel serait le seul garant pour la pérennité de l'Etat et la survie de la démocratie.

   Au fond, le problème tunisien est comme le problème algérien et celui de l'Egypte, du Maroc, de l'Iran. L'élite dans la peur des masses touchées par le syndrome islamiste, en connexion avec des réseaux prédateurs de puissances étrangères, souffrant d'incompétence managériale, de complexe d'infériorité, de problèmes de communication, est en train de construire des système hybrides faits d'islamo-laicisme, de militaro-islamisme, de maffio-bureaucratie, de rentiers reliés à la bourgeoisie-compradore internationale. En avance au temps de Bouguiba sur l'aspect de la laïcité, la Tunisie a accusé un retard énorme sous Ben Ali et sa régression est due, de mon point de vue, à la politique d'entrisme engagée par les islamistes pourtant réprimés, pour s'accaparer des appareils sensibles comme l'éducation et la culture. Pareil schéma peut être dressé pour l'Egypte et la Turquie. Résultat : l'islamisme est partout mais la citoyenneté est nulle part. L'Iranien Fereydoun Hoveyda a écrit, il y a quelques décennies, un livre au titre évocateur "Que veulent les Arabes ?" où il a justement mis en perspective ce dilemme de la modernité assez prégnant dans le subconscient dans nos élites en mal d'inspiration. Celles-ci veulent-elles une modernité à l'occidentale ? Le retour au Califat de Cordoue, avec notre vieille nostalgie des "foutouhat islamiya" ? Ou le régime sanguinaire des Talibans qui, par sa bêtise, a fait atterrir les Américains en Asie ? Ou celui de dictateurs comme Nasser, Saddam Hussein ou Boumédiène, lesquels ont détruit, pendant des décennies de règne sans partage, tout esprit de citoyenneté ?

Kamal Guerroua. 



11 réactions


  • pierrequiroule 10 août 2021 11:46

    Au début de l’article j’étais d’accord avec l’auteur mais quand j’ai lu « Qu’on le veuille ou pas, la laïcité est la condition sine qua non pour le progrès. » j’ai commencé à douter .

    Farouche agnostique l’histoire me prouve tout de même que les curés , jésuites et autres ont eu un rôle essentiel dans les progrès de la scolarité des masses en France . Et pourtant eux aussi recherchaient le pouvoir politique (beaucoup de députés sous la 3ème ) en même temps que le pouvoir sur les « âmes ».

    Il a suffi que le peuple se libère de ce joug ( lois sur la laïcité )pour que , gardant les acquis il poursuive sa marche vers le progrès . 

    Que les musulmans suivent le même processus et ils suivront le même chemin (celui qu’Ils choisiront ) ; en tous cas je le leur souhaite .


    • SilentArrow 12 août 2021 07:02

      @pierrequiroule

      Il faut aussi rappeler que l’église catholique a interdit les mariages entre cousins alors que l’islam, en tant que vecteur des coutumes bédouines, promeut les mariages consanguins. Il en résulte des populations à QI moyen très bas. 

      C’est un cercle vicieux : l’islam promeut les mariages consanguins qui produisent des populations peu susceptibles de pensée rationnelle, et qui de ce fait, ne parviennent pas à s’extraire de l’emprise de leurs marabouts teigneux.


  • Spartacus Lequidam Spartacus Lequidam 10 août 2021 12:29

    La pensée dans le désordre !

    La charrue avant les bœufs.

    La démocratie ne crée pas la liberté, c’est la liberté qui crée la démocratie.

    L’objectif « la démocratie » est une fausse idée car ce mot ne veut rien dire.

    La démocratie est une « étape » sur le chemin de la liberté et la prospérité, mais c’est pas elle qui donne la liberté et la prospérité, c’est une conséquence de la liberté et la prospérité....

    L’objectif devrait être « la liberté, la prospérité et la concurrence ».

    C’est un jeu de marches a passer les unes derrière les autres.

    La liberté doit être l’objectif principal et primordial. La laïcité n’est pas un vaccin contre les dictatures. C’est encore une fausse idée.

    C’est la liberté religieuse comme la laïcité qu’il faut défendre. 

    La haine des Juifs entretenue dans les pays du Magreb doit être combattue.

    Les communistes ont essayé de détruire les religions. Ils n’y ont jamais réussit.

    C’est le Pape en Pologne qui détruit le communisme, pas la démocratie. La démocratie est arrivée après.

    Pour obtenir la liberté, il faut introduire la concurrence dans le marché des idées, des religions et de l’économie. La prospérité et la démocratie suivra, la laïcité aussi.

    Le Magreb se caractérise par des dictatures national-socialistes et une opposition pour une dictature Islamiste.

    Pour vaincre les 2, il faut mettre en concurrence le national socialisme par la liberté d’expression libérale ou libertarienne et les caricaturer pour qu’ils laissent le pouvoir.

    Pour l’Islam, il faut mettre cette religion devant le fait de son rapport à la liberté, Ne pas accepter la femme inférieure à l’home et le racisme anti autres religions.

    Défendre les Juifs et les Chrétiens en Algérie serait la 1ere étape.

    La prochaine fois fait donc un article sur le rapport aux femmes en Algérie ou le rapport aux autres religions.


    • SilentArrow 12 août 2021 06:49

      @Spartacus Lequidam

      La charrue avant les bœufs.

      Dans le cas des pays islamiques, on pourrait même dire : la charia avant les bœufs.

  • Pascal L 10 août 2021 14:17

    Il ne faut pas oublier que les Frères Musulmans ont conquis le pouvoir par les urnes en Egypte et en Tunisie, de la même manière que le parti nazi avant eux. L’islam est une idéologie totalitaire et le Coran en est le fer de lance. Heureusement, beaucoup de Musulmans n’ont pas compris le Coran, mais il est réellement l’outil qui va permettre la soumission à cette idéologie. Tout dans ce livre conduit à la soumission, non à Dieu qui est relégué au 7ème ciel et dont le Coran ne dit pas grand chose, mais à ceux qui s’auto-revendiquent comme ses représentants sur Terre. Ces représentants qui ont condamné Averoes et encensé Abuhamid Al-Ghazali, celui qui a formalisé l’obscurantisme.

    Il ne peut y avoir de progrès dans les pays islamique sans une réforme profonde l’islam qui malheureusement est irréformable car les « représentants de Dieu » ont fait verrouiller l’idéologie par Dieu avec le dogme de l’incréation inventé au 8ème siècle.

    Au XIXème siècle, l’occidentalisation qui s’est produite dans les différents pays musulmans était une réforme en douceur, sans vraiment le dire. Malheureusement, les gardiens du Temple veillaient et ont créé en réponse les mouvements islamiques avec, en ligne de mire, un retour vers une tradition totalement inventée, fruit de l’imaginaire des califes du 8ème siècle au 10ème siècle.

    Si ce mouvement de sécularisation n’a pas fonctionné, que peut-il rester d’autre pour avancer ? L’apostasie ? En tout cas nous voyons ce mouvement avancer rapidement, car les mensonges des califes ne peuvent plus passer face au discours des historiens qui eux, on bien d’autres sources à faire valoir et dont les travaux sont accessibles avec Internet.


  • Aimable 10 août 2021 15:04

    Tous ces dégénérés de la culture islamique ne peuvent que semer le chaos , a la naissance , ils ont été livrés sans intelligence .


  • karim 10 août 2021 17:01

    Ce sont des régimes laïques qui ont toujours dirigé le monde arabe et le résultat est là : des pays en retard sur tous les plans. Alors, on ne trouve pas mieux que d’incriminer « l’islamisme » pour cacher ses échecs.Les peuples arabes sont à majorité musulmane et la cause des échecs de toutes les politiques de développement menées dans ces pays est qu’elles n’ont pas tenu compte de cette caractéristique. Si une politique tienne compte de cette caractéristique, doit-on accuser ses promoteurs d’islamistes.


    • Pascal L 10 août 2021 20:08

      @karim
      Dans toutes les idéologies politiques, ceux qui ont le pouvoir ne s’astreignent pas les règles qu’ils imposent aux autres. Ce n’est pas parce que les premiers califes portaient le titre de « mḥmd » (homme loué, homme désiré ou homme des prédilections...) puis de calife (successeurs) qu’ils s’astreignaient aux règles communes de l’islam qu’ils ont imposés à leur peuple. Aujourd’hui, nous dirions qu’ils sont laïques. D’ailleurs le roi du Maroc se fait toujours appeler « commandeur des croyants ». Nous avons aussi eu quelques pays dirigés par des Frères Musulmans (Tunisie, Egypte) et ils n’ont pas su s’imposer durablement. Est-il un moment où ces régimes ont pu faire avancer leurs pays ? N’ont-ls pas été aussi corrompus que les régimes dits « laïcs » ? 


    • SilentArrow 12 août 2021 10:07

      @karim

      Ce sont des régimes laïques qui ont toujours dirigé le monde arabe et le résultat est là : des pays en retard sur tous les plans.


      L’empire ottoman n’était pas un régime laïque et pourtant les pays qui en faisaient partie n’ont pas vu venir la révolution scientifique qui s’est produite en Europe, une révolution scientifique déclenchée par des innovations que les arabo-islamiques ont connues avant les Européens : la boussole, l’imprimerie, la poudre à canon, la numération de position. Les Ottomans ont d’ailleurs interdit l’usage de l’imprimerie presque jusqu’à la fin de l’empire. Le premier coran en arabe a été imprimé à Venise.

  • SilentArrow 12 août 2021 06:43

    @Kamal GERROUA


    L’islamisme est dangereux certes. Mais s’il y a islamisme, c’est parce qu’il y a dictature...


    ...et s’il y a dictature, c’est parce qu’il y a l’islam.

    Bravo !

    Vous arrivez tout doucement, en tournant autour, à cette conclusion qu’il est interdit de formuler : le malheur des pays arabo-islamiques, c’est l’islam.


  • cedricx cedricx 12 août 2021 15:48

    vous vous faites des illusions, la laicité n’est en aucun cas la panacée, la laicité est une autre forme de dictature ! 


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