lundi 1er octobre 2012 - par mauritanidees

Barack Hussein go home ... Welcome Obama !

Morts d'Américains obligent. Pour le Président Obama, l'Amérique est en danger, qualifiant à la tribune de l'ONU les événements de Benghazi d’« attaque contre l’Amérique ». C'est à la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, qu'il incombait à la veille de l'ouverture officielle de l'Assemblée générale annuelle de l'ONU, d'affirmer qu'il faut à tout prix combattre les « extrémistes » et soutenir les pays des printemps arabes, estimant que les « peuples du monde arabe n'avaient pas troqué la tyrannie d'un dictateur pour la tyrannie des foules ». Elle a ainsi loué « la population de Benghazi [qui]a envoyé ce message fort et limpide vendredi lorsqu'ils ont repoussé les extrémistes (...) Ils ont pleuré la perte de l'ambassadeur Stevens, un ami de la Libye libre ». On est certes loin de la distance affichée et revendiquée par les autorités américaines lorsque le communiqué de l'ambassade des États unis au Caire, diffusé avant que les conséquences dramatiques des événements de Benghazi ne soient connues, condamnait "les efforts continus d'individus mal avisés pour heurter les sentiments religieux de musulmans (...) et les tentatives d'offenser les croyants de toutes religions ».

11 septembre oblige aussi, le Président américain jure devant l'Assemblée de l'ONU : "Nous serons implacables pour traquer ces tueurs et les mener devant la justice ". l'Amérique préfère donc l'hypothèse d'un attentat prémédité par Al-Qaïda, plutôt que celle de la violence d'une foule, dépassée par sa propre émotion, des Libyens que l'Amérique a aidés et soutenus. En tout cas, cette explication est la seule de nature, à éviter pour le monde " le choc des civilisations" prédit par Samuel Huntington. Que selon les autorités américaines, un complot ait été ourdit par Al-Qaïda, pour marquer l'anniversaire du 11 septembre ou que selon l'enquête des libyens, des Maliens et des Algériens aient traversé la frontière pour attaquer le consulat américain, peu importe finalement. La vraisemblance de l'une ou l'autre des hypothèses, qui pourtant mets à mal la compétence et la réputation des services de renseignements américains pèse peu face au danger que représenterait pour le monde une logique d'affrontement de type Bushienne, opposant l'occident au monde musulman. C'est en substance ce qu'expriment ces vœux d'Hillary Clinton, « L'unité de la communauté internationale est cruciale parce que des extrémistes partout dans le monde s'échinent à nous diviser. Nous devons nous rassembler pour résister à ces forces et soutenir les transitions démocratiques en cours en Afrique du Nord et au Moyen-Orient »

A l'origine, il y eut cette « insulte visant non seulement les musulmans, mais aussi l'Amérique  », selon Barack Obama, des images insultantes pour le prophète de l'islam et un "répugnant" et stupide faux-vrai film, que la plupart des participants aux manifestations de ces derniers jours dans les villes du monde entier, n'ont pas vu. Il y eut surtout une enquête qui a montré que l'instigateur de ce faux-vrai film n'avait, à priori, aucun lien avec des comploteurs" israelo-occidentaux" ou des groupuscules connus prêchant la haine de l'islam. Cette horreur mets plus que jamais, à l'ordre du jour, la nécessaire réflexion sur l'équilibre à trouver entre une liberté d'expression, à préserver à tout prix, et les dangers de son dévoiement, qui engagent notre responsabilité à tous. Notre responsabilité, celle qui nous permet de respecter les valeurs d'autrui, même si nous ne les partageons pas, celle qui sacralise la liberté d'expression mais en même temps condamne la provocation stérile et mercantile. Provocation stérile et mercantile, c'est ce qui caractérise l'irruption de Charlie Hebdo dans un contexte aussi troublé et difficile.

Mais face à cette émotion, aussi légitime soit-elle, celle que partagent plus d'un milliard de musulmans,choqués par les images attentant délibérément leur religion, il y a nécessairement la condamnation de la violence, a fortiori lorsqu'elle se solde par la mort d'hommes. Une violence et des actes que le prophète de l'islam, lui-même, aurait certainement désapprouvés. Les réactions en occident ne peuvent donc pas être celles attendues par les manifestants - condamnation de l'intolérance religieuse - et qui auraient été toutes naturelles, si le contexte avait été autre. "Le Saint Coran nous enseigne que quiconque tue un innocent tue l'humanité tout entière, et que quiconque sauve quelqu'un, sauve l 'humanité tout entière."

Selon le Los Angeles Times. "Tous les acteurs [du film]et toute l'équipe sont bouleversés et ont l'impression d'avoir été exploités par le producteur"Ces mêmes acteurs déclarent dans un communiqué : "Nous sommes à 100 % contre ce film et avons été grossièrement trompés sur ses intentions et objectifs. (...) Nous sommes choqués par les réécritures radicales du scénario et les mensonges proférés à toutes les personnes impliquées". Ces constatations ferment donc le dossier de la thèse du complot israelo-occidental et ouvre celui de la bêtise et de la provocation , une provocation à laquelle ne devrait pas céder les musulmans.

Toutefois, bataille pour la réélection du Président Obama oblige. Certains commentateurs rappellent que la nouvelle posture d'Obama brouille le message adressé au monde musulman, lors de son élection, dans une volonté affirmée de rompre avec l'ère Bush. Il est loin, en effet,le discours du 04 juin 2009*, au Caire, inaugurant ce que le nouveau Président américain, "issu d'une famille kényane qui compte des générations de musulmans" avait consacré comme "nouveau départ" des relations des États Unis avec le monde musulman. Il est loin le temps où le Président Obama, de son prénom Barack Hussein, jouait avec l’ambiguïté, en citant des versets du coran, devant l'auditoire de l'illustre université Alazhar, qualifiée par lui de " haut lieu de transmission du savoir dans le monde musulman " et louée pour représenter "l'harmonie entre la tradition et le progrès". Il professait alors :

"J'ai [...] connu l'islam sur trois continents avant de venir dans la région où il a été révélé pour la première fois. Cette expérience guide ma conviction que le partenariat entre l'Amérique et l'islam doit se fonder sur ce qu'est l'islam, et non sur ce qu'il n'est pas, et j'estime qu'il est de mon devoir de président des États-Unis de combattre les stéréotypes négatifs de l'islam où qu'ils se manifestent."

"Il y a une règle essentielle qui sous-tend toutes les religions : celle de traiter les autres comme nous aimerions être traités. Cette vérité transcende les nations et les peuples. C'est une croyance qui n'est pas nouvelle, qui n'est ni noire ni blanche ni basanée, qui n'est ni chrétienne ni musulmane ni juive."

"Je sais aussi la dette que la civilisation doit à l'islam. C'est l'islam - dans des lieux tels qu'Al-Azhar -, qui a brandi le flambeau du savoir pendant de nombreux siècles et ouvert la voie à la Renaissance et au Siècle des Lumières en Europe. C'est de l'innovation au sein des communautés musulmanes (Applaudissements) - c'est de l'innovation au sein des communautés musulmanes que nous viennent l'algèbre, le compas et les outils de navigation, notre maîtrise de l'écriture et de l'imprimerie, notre compréhension des mécanismes de propagation des maladies et des moyens de les guérir. La culture islamique nous a donné la majesté des arcs et l'élan des flèches de pierre vers le ciel, l'immortalité de la poésie et l'inspiration de la musique, l'élégance de la calligraphie et la sérénité des lieux de contemplation. Et tout au long de l'histoire, l'islam a donné la preuve, en mots et en actes, des possibilités de la tolérance religieuse et de l'égalité raciale."

Mais on le sait, alors que les sondages donnent douze points d'avance au Président Barack Obama sur son concurrent Mitt Romney et bien que la politique internationale n'ait pas beaucoup d'incidence sur le vote des américains, l'enjeu est crucial pour le Président des USA. Et le premier amendement** de la constitution américaine, auquel tout américain est attaché puisqu'il garantit une totale liberté d'expression, devient dans ce contexte une soupape de sauvegarde bien utile au Président démocrate de l'Amérique. C'est pour cette raison aussi que la résolution sur "la diffamation des religions" demandée par la Turquie, soutenue par l'Organisation de la conférence Islamique, OCI en 2008, aux Nations unies n'a pas pu aboutir, même lorsqu'elle a été convertie en combat contre " l'intolérance religieuse".

Eric Damien-Sicard pour Ciesma
© Copyright mauritanidees 2012

*Transcription du discours que le président des États-Unis, M. Barack Obama, a prononcé le 4 juin 2009 à l'université du Caire (Égypte), intitulé « Un nouveau départ ».(Traduction française du Bureau des services linguistiques du département d'État), archives america.gov

** "Congress shall make no law respecting an establishment of religion, or prohibiting the free exercise thereof ; or abridging the freedom of speech, or of the press ; or the right of the people peaceably to assemble, and to petition the Government for a redress of grievances" (Constitution américaine du 17 septembre 1787 – Premier amendement de 1791



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