vendredi 9 novembre 2007 - par Aimé FAY

Belgique : la fin du roi Albert ?

Le royaume se déchire depuis bientôt six mois et le roi, détenteur du pouvoir exécutif, semble impuissant. La riche Flandre, néerlandophone, veut faire sécession. Elle ne veut plus verser de pension alimentaire à la Wallonie, francophone. Alors, quel que soit, au fond, ce qui oppose ces deux fratries pourtant si pragmatiques qu’elles avaient pu survivre à de très nombreuses crises, le regard se porte désormais sur le roi. Pourquoi ?

D’abord, il faut dire que la ligne de partage entre Flandre et Wallonie n’est pas nouvelle. Elle date du IVe siècle à l’époque où les Francs, mérovingiens, fondent, au nord, la Flandre et, au sud d’une ligne Mouscron / Visé, la Wallonie. Des deux côtés, on parle déjà une langue différente. Puis, les siècles passent. Chahutée de part et d’autre, la Belgique demeure tant bien que mal. Même après 39- 45.

En mai 1993, le problème semble se régler. La nouvelle Constitution institue le fédéralisme avec trois régions : Bruxelles - capitale, au sud du pays flamand, la Flandre et la Wallonie. Mais la Belgique demeure fragile. Secoué par la crise économique, le ciment unitaire du royaume sera entre les mains d’Albert II, suite au décès du grand roi Baudouin 1er, le 31 juillet de cette même année.

Cependant, Albert n’est pas Baudouin et le XXIe siècle n’est pas non plus comme le précédent.

L’autorité royale n’est plus un don qu’on reçoit de Dieu. Désormais, elle se mérite et ne se décrète plus. Alors, pour les rois et les reines d’aujourd’hui, il est devenu fort agréable d’être détenteur d’une once d’autorité, pourvu, Dieu soit loué, qu’on n’ait jamais à l’exercer.

Malheureusement, c’est sur le bon roi Albert que cela tombe ! Il va devoir l’exercer cette fameuse autorité qu’il a reçue, un peu malgré lui, lors de son couronnement. De plus, comble de malchance, son royaume, c’est la Belgique. Petite par la superficie, mais grande en termes de pragmatisme. Tous les consultants internationaux le disent. Il est bon de faire des missions de consulting dans le royaume. On sait toujours où l’on va et, le donneur d’ordre n’hésite pas à vous le rappeler.

Alors, quid d’Albert II et du pragmatisme de son peuple ?

Eh bien, s’il n’arrive pas à garder son royaume entier, il perdra sa couronne. Et, il entraînera dans sa chute les autres royautés d’Europe. D’abord l’anglaise, puis l’espagnole... Tout cela, au nom du pragmatisme d’aujourd’hui. C’est-à-dire de la recherche d’efficacité en tout genre. Pourquoi embarrasser les finances publiques d’un pays par des charges royales importantes, si elles n’ont jamais aucun ROI (retour sur investissement) ?

Citoyen Albert, Majesté du royaume de Belgique, prenez votre courage à deux mains et frappez du poing sur la table. Vous avez non seulement le destin de dix millions de Flamands et de Wallons entre vos mains, mais aussi celui d’Elizabeth II, de Juan Carlos 1er, de Béatrix Ière, de Marguerite II, de Charles XVI Gustave et d’Olav V. Tous comptent sur vous !



21 réactions


  • tvargentine.com lerma 9 novembre 2007 09:52

    Avec la fin de la Belgique ,c’est la fin de cette monarchie d’une autre époque et dont les belges ont durant des années entrenus dans l’incompréhension total des français.

    La monarchie c’est l’obscurantisme absolu d’un pouvoir divin qui n’existe pas et le citoyen de base n’a pas à entrenir des riches


    • ficelle 9 novembre 2007 12:30

      Marrant que vous disiez celà, M Lerma ! On change trois mots à votre prose... monarchie, belgique et belges. Et on retrouve certain discours habituel. Devinette ? Non pas !!!


  • skof 9 novembre 2007 10:06

    Bien vu, comme souvent dans beaucoup d’articles de FAY. effectivement rois et reines d’europe doivent faire gaffe. Ils coûtent et ne servent pas trop !


  • Manuel Atreide Manuel Atreide 9 novembre 2007 10:56

    @ Skof et Lerma ...

    Voilà une vision bien simpliste de la monarchie. Ce système politique est en effet bien autre chose qu’une main de fer de quelques « riches » sur les « pauvres ». Les familles royales européennes ont depuis des siècles un rôle de représentation, d’incarnation de leur nation. A ce titre, les obligations qui leur incombent sont énormes et je suis intimement persuadé que l’immense majorité des gens refuseraient une telle vie. Meme dans un palais doré.

    Je suis un démocrate convaincu, et ce n’est pas pour les raisons que vous invoquez que je n’aime pas la monarchie. C’est d’abord et avant tout pour la raison qui veut que ces familles royales sont souvent les seules de leur royaume à ne pas avoir le droit de vote, à ne pas pouvoir choisir leur vie, leur destin, leur métier.

    Prenons le cas du Prince William : se pose-t-on ne serait-ce qu’un instant la question de savoir ce qu’il voudrait faire dans la vie ? Ce jeune homme a-t-il envie de vivre constamment sous l’oeil de ses « sujets », épié à chaque mouvement ? De savoir que même sa vie amoureuse sera sujet à discussion ? Qu’eventuellement, on l’empechera, comme son père, d’épouser celle qu’il aime ? Et je ne parle pas de l’hypothèse de choix sexuels différents ....

    bref, la monarchie peut aussi être vue comme un système où une nation demande à une famille de vivre sans possibilité de choix. Sans retraite non plus ... Elizabeth II regnera jusqu’à sa mort !

    @ l’auteur ...

    Votre papier est succint, un peu trop à mon gout. Vous avez quand même malgré les approximations, visé juste. Albert II est en effet l’un des rares qui a encore le pouvoir de dénouer cette crise. Car en fin de compte, c’est bien vers le roi, autorité symbolique, qu’un royaume se tourne en cas de crise majeure. Sera-t-il à la hauteur ? C’est en effet l’une des bonnes questions à poser. Pour autant, je ne pense pas qu’en cas d’echec, les autres monarchies européennes soient condamnées. Les monarchies ne trouvent pas dans l’existence des autres leur force. C’est dans la croyance que seul un roi peut incarner efficacement une ation que réside, selon moi, l’immense attraction de ce système politique.

    Bien à vous

    Manuel Atréide


  • TALL 9 novembre 2007 11:09

    Le Roi n’a quasiment rien à dire en Belgique, et ce depuis longtemps. Exemple : l’abdication du très bigot Baudouin 1er pendant 24h pour laisser passer la loi sur l’avortement sans devoir la signer ( 1990 ). Un ministre ayant pu la signer à sa place.

    Budgétairement, la dotation royale est une goutte d’eau dans le budget de l’Etat. Ce qui n’empêche pas le Roi de posséder au strict minimum ( déclarations du Palais ) : 12,5 M €, un château en France, et un yacht.

    Et lorsque la Belgique expirera, lui et toute sa famille recevront de somptueuses indemnités, et auront donc largement de quoi se retourner. Sans oublier leurs carnets d’adresses. Car l’ambiance n’est pas républicaine en Belgique, héritage culturel catholique oblige

    Enfin, quant à la disparition des autres monarchies suite à la fin inéluctable de la Belgique, cela n’a pas de sens. Car dans les pays où le Roi demeure une image populaire fédératrice, on peut rendre sa fonction purement protocolaire comme ça se fait déjà dans certains pays scandinaves.

    Conclusion : tout ceci n’est que de la propagande royaliste.


    • ficelle 9 novembre 2007 12:47

      Ziever nie, madame chapeau !


    • TALL 9 novembre 2007 13:03

      Ik ziever ni, t’es de woeraied, stoeme keek ! smiley


    • TALL 9 novembre 2007 13:06

      encore un crapuleue de ma strotje, podferdoume !


    • TALL 9 novembre 2007 15:56

      Pour être complet, j’ajoute que chez nous, même le gouvernement est protocolaire, puisque tout le monde fraude smiley


    • stephanemot stephanemot 10 novembre 2007 14:26

      L’éditeur de Point de Vue et de Royals est basé à Roulers / Roeselare dans les Vlaanderen. Albert n’a plus qu’à demander à Dassault junior de ressusciter Jours de France.

      Et Beatrix pourra surveiller d’encore plus près son image... quitte à demander au francophone Sarkozy comment faire retoucher les bourrelets disgrâcieux :


  • Anto 9 novembre 2007 11:27

    je suis d’accord avec les commentaires disant que la chute eventuelle de la monarchie belge n’aura pas de consequences sur les autres monarchies europeennes. Cependant, en supposant que vous ayez raison, j’aimerais savoir pourquoi vous pensez que c’est la monarchie britannique qui chutera en premier. J’aurais, au contraire, pense que c’etait celle qui avait les bases les plus solides (du monde). Non ?


    • adeline 9 novembre 2007 19:54

      Mr Anto à part les journaux « points de vues gala paris match et voici » peux de gens s"inquiétent de la disparition de ces parasites de l’Histoire......


  • Nicolas de Pape 9 novembre 2007 11:30

    La Belgique n’est pas encore morte car il est encore plus compliqué de se séparer que de rester ensemble. Mais il est vrai que le pouvoir du Roi en période de formation du gouvernement est quasi-absolu. Ainsi, personne ne lui a dicté de confier les dossiers institutionnels aux présidents du Sénat et de la Chambre et de demander au formateur Yves Leterme de poursuivre la formation du gouvernement sur les dossiers socio-économiques. En cas de scission, la Belgique rétrécie à Wallonie + Bruxelles pourrait très bien « récupérer » Albert et en faire son Roi. A la république de Flandre de s’inscrire à l’ONU et à devenir le 28e membre de l’UE.


    • TALL 9 novembre 2007 13:27

      Illusions sur le véritable pouvoir du Roi des Belges, car ce n’est que la version officielle que je qualifierais de « protocolaire ». Vu que quasiment aucune initiative importante du Roi ne peut se concrétiser sans l’accord des partis.

      Ici en l’occurence, le plan actuel qui consiste à en-commissionner l’institutionnel avait déjà été proposé par JL De Haene au début de l’été. J’en ai d’ailleurs parlé dans ce récent article, où je l’ai pronostiqué en plus smiley

      Da’s strafe toebak, hein pey ?


  • Harald 9 novembre 2007 11:34

    Ah ! Revoilà notre Mr Bean de l’économie en reportage pour Point de Vue/Images du Monde maintenant !

    Et cet appel vibrant dans le dernier paragraphe. : Soutenons la monarchie ! Sauvons nos Rois et Reines !

    J’en pleure. De rire.


  • tvargentine.com lerma 9 novembre 2007 11:42

    C’est encore trop d’argent dépensé dans un pays ou il existe encore des pauvres et qui ne peuvent en bénéficier

    Il n’y a rien de tel que de se faire imposer des « monarches » d’une autre époque qui vivent dans une bulle dorée au frais du contribuable

    Cette conception est dépassée


  • Jacques 9 novembre 2007 12:00

    Fin des régimes spéciaux.

    Fin de la Belgique.

    Fin de la monarchie en Belgique (une espèce de régime spécial de retraite dès la naissance pour une personne).

    Le monde change, en mieux ! smiley


  • Arthur 9 novembre 2007 19:35

    Les partis, à force de vouloir tirer la couverture à eux, la déchirent et l’hiver approche pour les citoyens.


  • alambic 11 novembre 2007 21:22

    Si des pays comme le Danemark ou la Suède n’ont pas besoin d’un monarque, il en va tout autrement de la Belgique. Mais dans l’histoire de la Belgique, on a la caricature du fait qu’un peuple n’a et ne pourra jamais décider de son destin.En effet en 1830 le wallon de Namur savait-il ou voulait-il simplement créé un état nommé Belgique et cohabité avec les Flamands ? Et en 1960 le marollien de Bruxelles a-t-il librement voulu vivre avec des maghrébins ?


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