Campagne électorale en Algérie : démarrage sur les chapeaux de roue pour Jil Jadid
Pour Jil Jadid, le moins qu’on puisse dire, c’est que la campagne électorale a démarré sur les chapeaux de roue. Ainsi, au premier jour de cette campagne, le président du parti, Soufiane Djilali, s’est rendu à la maison de la presse Tahar Djaout où il a rencontré les journalistes auxquels il a rendu un vibrant hommage pour le combat qu’ils mènent, depuis plusieurs années maintenant, pour la liberté et la démocratie. Ceci est un symbole fort sachant que le parti Jil Jadid fait de l’instauration d’un « Etat de droit », en Algérie, son cheval de bataille.
Et, on le sait, un Etat ne peut être qualifié d’ « Etat de droit » que si, entre autre, sa presse, diversifiée, tant publique que privée y jouit d’une liberté d’expression et les journalistes ne rencontrent aucune entrave à l’exercice de leur métier.
Pour Jil Jadid donc la campagne électorale commence plutôt bien. Pourvu que ça continue. Pourvu que ça ne soit pas qu’une « campagne ponctuelle » dans cette campagne ! Mais, la question que l’on peut se poser est : une hirondelle seule, peut-elle faire le printemps ? Car, si à Alger, c’est le président du parti himself, lui-même, qui mène cette campagne, qui « mouille son maillot » comme je l’ai déjà dit dans un précédent article, qu’en est-il dans les autres wilayas ? Pour l’instant, aucun écho ne nous parvient des autres circonscriptions électorales. Les candidats aux législatives dans ces wilayas reçoivent-ils des consignes quant à la façon de mener cette campagne de la direction du parti ? Ou alors sont-ils livrés à eux-mêmes ? Ou alors encore, n’est-ce pas le manque d’information qui pousse à s’interroger et à émettre des hypothèses probablement farfelues ? On peut aussi émettre l’hypothèse que ceux-ci ont, de leur propre chef, opté pour la tactique de « chacun pour soi et Dieu pour tous », l’essentiel étant de décrocher le fameux sésame pour occuper un siège à l’APN. Au premier jour de cette campagne électorale, rien n’apparaît sur le site. Il y a, manifestement, un manque d’information et de coordination. Les automatismes ne sont pas encore bien rodés. Il faudra peut-être attendre deux ou trois jours pour avoir une idée globale sur le déroulement de cette campagne et sur qui fait quoi et où ! A Bordj Bou Arréridj, par exemple, jusqu’à maintenant nous n’avons rien vu et rien entendu. Aucun des panneaux d’affichage qui se trouvent au chef lieu de wilaya ne porte l’affiche d Jil Jadid. Il est vrai que le manque de civisme qui caractérise nos enfants ne facilite pas les choses puisque sitôt les affiches collées sitôt elles sont déchirées et arrachées, mais aucune d’elle ne porte la trace, les stigmates d’une affiche de JIL Jadid. Nous en sommes réduits, en fin de compte, à la politique de « wait and see ».
A Bordj Bou Arréridj, le parti Jil Jadid est enfin apparu ! Au 3° jour de cette campagne électorale. Il a établi son QG au 1er étage d’une vielle demeure de style colonial, mitoyenne à l’ancienne salle de la culture Cheikh Ibrahimi. Une petite banderole sur laquelle figure le sigle et la devise du parti, « le devoir d’agir », paraît, malheureusement, comme orpheline. Fixée sur la balustrade en fer forgé du balcon, elle parait si minuscule qu’elle n’attire vraiment pas les regards des passants, très pressés peut-être, à l’heure qu’il était ( 9h du matin) de rejoindre le siège de l’APC qui se trouve aussi dans ce vieux quartier de la ville. Le QG était vide. Aucune affiche n’est accrochée au mur dont un pan entier menace ruine. Seule note d’espoir : à droite de ce QG, se trouve la citadelle El Mokrani, qui est le symbole par excellence la ville et qui continue de témoigner d’un passé glorieux de l’Algérie ; un passé fait de luttes incessantes et de résistance contre le colonialisme français.
Voilà, le décor est planté.
Aujourd’hui, la lutte des algériens a pris une autre forme. Cette lutte n’a besoin ni de fusils rouillés ni d’armes sophistiquées pour être gagnée, mais de confrontation d’idées entre les différents protagonistes. Les gagnants ne seront pas seulement les partis politiques qui auront su, par des arguments convaincants et des promesses réalistes, capter les voix des électeurs, mais le peuple algérien dans son ensemble. Car, le parlement qui sortira de ces élections sera certainement différent du précédent. Il y a une flopée de partis politiques qui y participent (dont Jil Jadid) ce qui veut dire que la future APN sera forcément représentative de tous les courants politiques qui traversant la société algérienne.
La lutte d’aujourd’hui est politique.
L’Algérie étant libre et indépendante de puis cinquante ans, c’est contre le sous- développement sous toutes ses formes, qui nous poursuit comme une malédiction, que la lutte est engagée. Elle est engagée politiquement dans des élections législatives qu’on espère propres et honnêtes.
Je dois vous avouer qu’à la vue de cette banderole, j’ai ressenti un sentiment contradictoire. Un sentiment de fierté et de « fielté » en même temps. Ce deuxième mot n’existe pas. Pas la peine de chercher. Vous ne le trouverez dans aucun dictionnaire de la langue française. Ni dans le Larousse ni dans le Robert. C’est un néologisme de mon cru qui exprime bien le sentiment de fiel, d’amertume que m’a envahi, ce matin, pour la simple raison que je n’ai pas eu la chance d’être jeté dans l’arène de ce duel politique.