mercredi 15 janvier 2014 - par Anémone C. HUBERT

CHILI : Le conflit avec le Pérou suspend l’agenda politique

L'Amérique Latine est suspendue à la décision de la Cour Internationale de Justice de La Haye (CIJ) dans le conflit qui oppose le Pérou au Chili. Prévue le 27 janvier 2014, celle-ci doit déterminer qui obtiendra gain de cause, dans les revendications maritimes héritées de la guerre du Pacifique.

Une classe politique soudée autour d'un président.

Les médias chiliens se font l'écho d'une décision rare, émanent du Président de la République Sébastian Pinera : convoquer le Conseil National de la Défense. La réunion est prévue pour le 20 janvier 2014 au palais présidentiel de La Moneda (Santiago). Ce Conseil, créée sous la dictature d'Augusto Pinochet, a comme objectif de sauvegarder la Sécurité Nationale en cas d'urgence. C'est la seconde fois qu'un Président du Chili le convoque. Un signe, pour les observateurs politiques, que la situation entre le Pérou et le Chili reste tendue malgré les discours d'apaisements.

Autre signe, la classe politique chilienne entière s'est regroupée autour d'un Président en fin de mandat et mal aimé de son peuple. Fort critiqué durant son mandat, délégitimé à l'étranger par le mouvement étudiant de 2011, cette unification autour de Sébastian Pinera surprend. L'un des députés du Parti Pour la Démocratie (PPD), centre-gauche, Jorge Tarud a alarmé les médias nationaux avec des propos forts. Remis au pas par son parti (membre de la Nouvelle Majorité regroupant les partis alliés à la candidature de Michelle Bachelet- PS) , ses paroles jettent le trouble sur les intentions politiques du Chili. La divulgation d'un projet militaire secret, sous le gouvernement Pinera avait déjà, mis en alerte le Pérou et la Bolivie. Le Président chilien estimait dans ces documents confidentiels que le pays devait se " préparer à l'éventualité d'un conflit armé." Publié par un journal péruvien, le document indiquait que " Le Chili pourrait très bien se retrouver enveloppé dans une crise internationale, et n'est pas à l'abri d'un conflit armé. En conséquence, le pays doit pouvoir se reposer sur des moyens de dissuasion adaptés à une situation de légitime défense." Le budget de l'armée chilienne a augmenté depuis le retour de la droite au pouvoir.

Michelle Bachelet, ex-Ministre de la défense, de retour à La Moneda.

Début 2014, le Président actuel du Chili a réuni ses prédécesseurs afin d'avoir un avis commun, au sujet de la décision de La Haye. Il s'est réuni également en tête-à-tête avec la présidente élue, qui prêtera serment le 11 mars 2014. Le dossier péruvien, Michelle Bachelet le connait bien. C'est sous sa première législature que la socialiste entama l'étude du conflit juridique entre le Chili et le Pérou, lancé en 2008. Elle a averti que son gouvernement respecterait la décision juridique de la Cour Internationale de Justice des Nations Unies.

Le Chili provoque la méfiance de ses voisins péruviens et boliviens.

Historiquement, le Pérou et la Bolivie s'étaient alliés contre le Chili dans la guerre du Pacifique de 1879. De son côté, le Chili avait comme allié l'Argentine. Les conséquences de ce conflit furent que le Chili annexa des zones riches en ressources minières, appartenant aux deux pays. Pour la Bolivie, c'est le département dit du Litoral, un accès à la mer, qui fut confisqué. En 2013, à son tour, le pays attaquait le Chili devant la Cour Internationale de La Haye. A cette époque, le gouvernement de Sébastian Pinera, avait proposé d'installer un port bolivien exempté de taxes sur ce territoire. Le président Bolivien, Evo Morales, jugea que le Chili est "dangereux pour la région."

Le Pérou a utilisé les moyens de communication afin d'écorner l'image internationale du Chili. Dans un article fouillé, le média chilien en ligne, El Mostrador, dévoile des éléments laissant penser que le gouvernement d' Ollanta Humala, malgré ses dires, a favorisé une image écornée de son voisin. L'Agence de Communications Interimages d'Amérique Latine, dont le siège est situé à Miami (USA) a été contacté. A La Haye, représentés par des avocats, les deux pays avaient mis en avant dans les plaidoiries début décembre 2013, leurs arguments. La Bolivie y envoya des experts afin de voir, suivant la décision finale de la Cour, si elle pouvait récupérer des territoires comme le stipule sa Constitution. Bien que l'optimisme règne pour le peuple péruvien, le pessimisme a gagné les rangs chiliens. Les deux s'accusent déjà, de connaitre le verdict du CIJ, prévu fin janvier. Au Chili, le principal perdant économique de ce conflit maritime, serait le groupe de pêche Angelini.

 

SOURCES :

Piñera convoca al Consejo de Seguridad Nacional por fallo de La Haya

http://diario.latercera.com/2014/01/15/01/contenido/pais/31-155674-9-pinera-convoca-al-consejo-de-seguridad-nacional-por-fallo-de-la-haya.shtml

Tarud : Fallo de La Haya "seria adverso" para Chile

http://noticias.terra.cl/nacional/tarud-fallo-de-la-haya-seria-adverso-para-chile,f1564b49f3c83410VgnVCM10000098cceb0aRCRD.html

Chili, Pérou, Bolivie : Chronique d'un éternel litige de frontières

http://www.jolpress.com/article/chili-perou-bolivie-chronique-dun-eternel-litige-de-frontieres-relu-812285.html

Guerre du Pacifique

http://geopolis.francetvinfo.fr/bolivie-chili-un-differend-vieux-de-plus-de-100-ans-refait-surface-1289

El Mostrador

http://www.elmostrador.cl/pais/2014/01/15/julio-ligorria-el-arma-secreta-de-peru-para-instalar-en-el-mundo-la-imagen-de-chile-como-mal-vecino/

 



4 réactions


  • HELIOS HELIOS 16 janvier 2014 02:19

    ... le Chili a été agressé par le Perou et la Bolivie ce qui a été le depart de la guerre du Pacifique. Le Chili a gagné la guerre et comme tout gagnant d’une guerre, d’autant plus qu’il ne l’avait pas initié, a fait signer aux perdants la cession des territoires

    La decoupe maritime fait partie du traité.

    L’Argentine ne fut pas alliée du Chili pendant la guerre du pacifique. L’argentine en a même profité pour attaquer le Chili au sud et lui piquer une grande partie de la Patagonie.

    Les traités sont clairs et signés par les trois pays.

    Le Perou, devant le grand fromage de la peche a souhaité recuperer une partie du territoire maritime et explique que les decoupent internationales courantes ne sont pas faites de la même maniere. Le Perou revient sur le traité original et a demandé a la cour de La Haye de trancher. C’est fin janvier que nous connaitrons la decision de La Haye.

    L’acces a la mer Bolivien est un autre probleme. La Bolivie ne revient pas sur les traités directement, mais reclame, au nom de l’histoire un acces souverain a la mer.
    Le Chili refuse legitimement de couper son territoire en deux. Le seul endroit où cela serait possible c’est au niveau de la frontiere avec le Perou, mais justement le traité original tripartite prevoit ce cas et le Perou ne veut pas que la Bolivie ait une acces a la mer en utilisant le moindre centimetre carré de son sol.

    Par ailleurs, la Bolivie utilise plusieurs acces routiers a la mer, possede ses docks hors douane chilienne dans deux grands ports et une voie ferree va etre reactivée.

    Pour la convocation du conseil national de defense, il est normal qu’un pays qui se voit menacé par une amputation de son territoire, au minimum prepare divers niveau de réponse. Ce serait irresponsable de la part des autorités chiulienne d’ignorer le probleme.

    N’importe quel pays europeen ou occidental ferait de même et le ferait beaucoup plus tot. Personnellement je n"aurai déjà pas accepté d’arbitrage de la cours de La Haye.

    En tout etat de cause, celui qui ne dit rien a tort. Le Chili doit se defendre et la cours de La Haye doit savoir que sa decision ne sera pas seulement une petite reaffectation des jouets des uns aux autres.

    Les relations entre pays andins sont polluée par les differentes politiques internes des etats les plus faibles. Chaque fois que la Bolivie ou le Perou ont des problemes de politiques interieures, ils sortent du chapeau une quelconque revendication envers le Chili.

    Les relation entre les peuples sont bonnes, seules les relations politiques sont plutôt tendue. Nous avons vu ces 10 dernieres années la Bolivie refuser de vendre du gaz au Chili et interdire a l’Argentine de revendre le gaz qu’elle lui achete.
    Les Chjiliens ont du construire un port specifique pour les bateaux gaziers qui traversent le pacifique pour les alimenter.

    Il y a quelques années aussi le Perou a accusé le Chili de se surarmer avec des objectifs de conquete. Le chili a renouvelé sa flotte de mirage avec des F15 (ou F16) d’occasions achetes aux hollandais si ma memoire est bonne. Le Chili a acheté 2 sous-marins a la France... laquelle vient de mettre, il y a quelques semaines, un satellite d’observation sur orbite pour eux.

    Le Perou n’a de cesse de franchir la frontiere maritime, tous les jours des bateaux peruviens ayant franchi la limite sont arraisonnés et detournés vers Arica par la flotte Chilienne

    Le Chili est un pays moderne, liberal possedant des ressources minieres importante et remuneratrice. Son economie fait envie, il n’y a qu’a regarder l’immigration bolovienne et peruvienne partout, a l’exception du sud (soumis a une immigration israelienne forte... et oui...)


    Personnellement je souhaite que la cours internationale rejette la demande du Perou, qui est infondé car le pays a signé le traité de paix avec ces conditions de délimitation.
    Faire semblan,t de soutenir les peruvien est mal caonnaitre la realité ici.


  • Anémone C. HUBERT 16 janvier 2014 06:39

    Effectivement. L’Argentine n’a rien à voir avec la guerre du Pacifique. Une grossière erreure de ma part- Merci.


    • HELIOS HELIOS 16 janvier 2014 14:41

      ... désolé pour les erreurs d’ecriture, il est toujours difficile de bien choisir la touche sur les petits claviers virtuels des telphones, de plus espagnols !

      Pour votre erreur, ce n’est pas grave....

      Le Chili n’est pas un pays belliqueux, les gens d’ailleurs se laissent faire, surtout par les argentins, mais ils ont tous horreur de l’injustice et les forces armées sont toujours pretes a agir pour defendre la justice interieure comme internationale.

      A Santiago actuellement, les chiliens sont raisonnablement inquiets, plus pour l’image de justice de leur pays, que pour la perte des hectares de mer.
      Ils ne comprendront surement pas, ou tres difficilement que la cours de justice ne leur donne pas raison alors qu’il existe un traité en bonne et due forme signé par le Perou et le Chili en 1929.

      Actuellement, et depuis 1986, les peruviens deplacent virtuellement la « borne » qui delimite le pays et vu l’angle de la ligne de concorde (la frontiere) cela deplace le debut de la ligne maritime... entre autre.


  • BRIATTE 24 janvier 2014 13:31

    Au XIX siècle on avait encore l’habitude de déclarer la guerre à son ennemi. Cependant, le gouvernement chilien a déclenché les hostilités sans préavis. La guerre du Pacifique a commencé avec la décision du Président chilien Aníbal Pinto d’occuper la région d’Antofagasta qui appartenait à l’époque à la Bolivie .

    Le 14 février 1879, trois navires chiliens sont arrivés, pour les bloquer, devant les quatre ports de la région (Antofagasta, Mejillones, Cobija et Caracoles) revendiquant en même temps ces territoires. Le même jour, les troupes chiliennes ont occupé le port d’Antofagasta.

    Par la suite, c’est seulement après la bataille de Calama (le 23 mars) où l’armée chilienne a mis en déroute des civils patriotes boliviens avec le martyr Eduardo Abaroa à leur tête, que le Chili a déclaré la guerre à la Bolivie, puis au Pérou le 5 avril 1879.

    Le Chili a décidé d’envahir le territoire bolivien suite à un différend sur des taxes que la Bolivie voulait imposer à l’exportation du salpêtre.

    C’est donc bien le Chili qui a déclenché les événements et déclaré la guerre à ses voisins, pour les intérêts de l’industrie salpêtrière dont une bonne partie se trouvait aux mains de compagnies anglaises.


    J.C. Cartagena.


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