Chine en Algérie « just business »
La relation entre Pékin et Alger est méconnue, mais elle remonte à la guerre d'indépendance des années 60. La Chine est aujourd'hui la première partenaire économique des Algériens. C'est une relation d'affaires. Les Chinois construisent, investissent, s'enrichissent et leurs investissements maintiennent le régime FLN en place.
Spontanément, on n'associe pas les Algériens et les Chinois. Pas de frontières communes, pas d'histoire coloniale, des cultures très différentes... Pourtant, « dans l’adversité, Pékin vient de voler au secours de l’Algérie », nous écrivait, en avril 2020, l'honorable Huanran Yang, dans un article de « l'Observatoire Français des Nouvelles Routes de la Soie », une structure de propagande du gouvernement chinois installée en France.
Dans le style lyrique des journalistes officiels chinois, le rédacteur égrène les multiples coopérations entre le « vieil ami » chinois et le « plus grand pays d’Afrique ». Il est vrai que la relation entre les deux pays remonte aussi loin qu'à la guerre d'Algérie, lorsque la Chine de Mao armait secrètement le gouvernement provisoire de la République algérienne, le GPRA, par l'intermédiaire de l'Egypte de Nasser.
La Chine construit l'Algérie du 21e siècle.
Effectivement, la Chine est devenue le principal partenaire économique de l'Algérie ; devant la France, l'ancien colonisateur honni. Les équipes médicales chinoises envoient, non seulement, leurs spécialistes et leurs équipements pour aider les Algériens à faire face à la pandémie, mais elles construisent un hôpital. Il est vrai que l'hôpital est particulièrement destiné aux 40 000 travailleurs expatriés chinois. Car ces derniers constituent la plus importante communauté étrangère en Algérie, et la plus grosse communauté chinoise en Afrique. La plupart sont des ouvriers employés sur des grands chantiers de construction, comme La Grande Mosquée d’Alger, troisième plus grand édifice religieux au monde, ironiquement rebaptisée « Mosquée Bouteflika » ou l'opéra d'Alger. Il y a aussi le barrage de Draa Diss, l’autoroute Est-ouest ou la nouvelle ville de Sidi Abdellah, avec ses 55 000 logements prévus pour accueillir 300 000 habitants. À 365 dollars le mètre carré facturé, les entrepreneurs du bâtiment chinois sont imbattables.
L'Algérie écoule la camelote chinoise.
Si le FLN au pouvoir cherche à acheter la paix sociale et garantir sa pérennité par des travaux pharaoniques, la Chine y trouve son intérêt. Les travailleurs chinois fraient peu avec les Algériens, comme avec les Africains en général. Ils sont juste là pour le business. Au cours des quinze dernières années, la République populaire de Chine a vendu pour près de 55 milliards de dollars de sa camelote. Entre 2012 et 2015, selon les statistiques officielles, plus de 900 Algériens ont trouvé la mort à cause d’appareils de chauffage chinois défectueux. Et les médecins algériens sont inquiets des effets sur la santé des cosmétiques chinois importés.
L'Algérie s'est donnée à la Chine.
La Chine investit dans le pétrole algérien, à Zarzaïtine, même si, comparées à l’Angola ou au Soudan, les ressources algériennes sont modestes. Les entreprises chinoises modernisent surtout les ports, comme celui de Cherchell, pour garantir ses nouvelles routes maritimes. Depuis septembre 2018, Alger a effectivement signé son adhésion à l'entreprise de commerce mondiale initiée par Pékin, la « Nouvelle Route de la Soie ». L'argent de la Chine soutient le régime FLN en crise et Pékin trouve à Alger une porte d'entrée en Afrique
C'est, en quelque sorte, une union d'un type nouveau que vivent l'Algérie et la Chine. Il n'y aura, gageons-le, que peu d'enfants nés d'unions entre les deux races. On ne se mélange pas. Les Chinois sont là pour le business, c'est tout. C'est une sorte de mariage arrangé, certainement pas un amour passionnel. Quand on voit comment s'est fini l'histoire entre la France et l'Algérie, c'est sans doute mieux ainsi...
William Kergroach