mardi 4 septembre 2012 - par Caleb Irri

Crise de la dette : le roi est nu

Lorsqu’on envisage la situation actuelle à travers l’hypothèse d’une gigantesque mystification concernant l’illusion monétaire, la compréhension des événements devient alors subitement plus aisée, d’un point de vue économique et social comme d’un point de vue géopolitique ; en même temps que les conséquences dune telle découverte ouvrent des perspectives qui effraient jusqu’à l’imagination.

Car s’il s’avère que le tas d’or sur lequel les Occidentaux sont assis depuis des décennies n’est que virtuel, alors c’est tout le passé récent de la domination occidentale qui se trouve ainsi remis en cause, en même temps que tout le discours idéologique qui l’accompagne.

Et c’est peut-être bien cela que ceux qui détiennent actuellement le pouvoir ne veulent pas que nous découvrions : ce n’est pas le système capitaliste qui ne fonctionne plus, mais bien la corruption généralisée qui a jusqu’à maintenant empêché son inévitable retournement – ce qu’auraient peut-être du mal à avaler les peuples qui en ont été victimes jusqu’ici.

Car puisque les dettes ne valent que le prix qu’on veut bien leur accorder (ce qui peut être « rien »), et que les Etats ne peuvent pas faire faillite, alors c’est comme si l’argent n’existait tout simplement pas. Et en réalité ce n’est donc qu’artificiellement que la domination occidentale a pu s’exercer sur les autres pays, une domination fondée sur ce « rien ». Une domination que les populations les plus fragiles auraient donc souffert injustement, contrairement à la « logique » du système qui veut que les plus grands pays (a fortiori les moins démocratiques) prennent le dessus, au moins d’un point de vue économique.

En admettant l’hypothèse de la mystification monétaire, il devient clair que si nous sommes parvenus à maintenir jusqu’à maintenant le niveau de vie des Occidentaux à un niveau supérieur à celui des autres grandes puissances, ce n’est dû qu’aux subventions et à la toute puissance diplomatique (ou peut-être faudrait-il dire la toute puissance puissance militaire) des Etats Occidentaux.

Sauf qu’aujourd’hui, avec la crise, ce sont toutes les coutures du manteau européen qui craquent une à une, si bien qu’on commence à voir à travers : la puissance des occidentaux n’est qu’une illusion, et seule la corruption du système a permis que nous nous maintenions à ce niveau aussi longtemps.

Il ne s’agit donc pas d’un problème national ni même européen, mais d’un problème mondial. Car ni les marchés ni les gouvernements ne peuvent se permettre d’attendre que le monde entier découvre l’incroyable réalité, à savoir que « le roi est nu », et que la puissance passée des Occidentaux n’est fondée que sur du vent. Ce serait alors comme reconnaître la responsabilité des « élites » de ce monde dans la misère structurelle des autres populations, en même temps qu’un aveu de culpabilité historique sur plusieurs décennies. Cela démontrerait aussi que le « retard » des pays émergents n’est dû qu’aux mensonges des Occidentaux, et que leur pouvoir n’est que le résultat de notre exploitation commune, qui elle-même ne tient qu’à notre crédulité.

Comment pourraient-ils donc aujourd’hui laisser faire ce retournement, avec les conséquences que l’on vient d’évoquer, et qui les condamnerait à abandonner leur pouvoir et leur puissance ?

Et en même temps, comment pourraient-ils faire payer des riches qui s’apercevraient alors assez rapidement qu’ils n’ont déjà plus rien ?

Ils sont coincés. Et le résultat de tout ça, c’est qu’ils préfèrent faire le pari qu’en menaçant l’Europe d’une explosion ils réussissent à imposer l’Empire Européen et son austérité perpétuelle (la règle d’or budgétaire) sans provoquer la révolution. Mais si les citoyens prenaient conscience que les Etats ne peuvent faire faillite et que les dettes ne valent que le prix qu’on leur accorde, alors leur pari sera perdu… à moins que d’envisager la guerre ; mais dans ce domaine, les Occidentaux sont sans doute encore les plus forts.

Mais nous, les peuples, que voulons-nous ?

-conserver notre niveau de vie intact à tout prix, c’est-à-dire au détriment de celui des peuples des autres pays ?
-accepter la baisse de notre niveau de vie pour permettre aux peuples des autres pays d’améliorer le leur ?
-ou bien prendre enfin nos responsabilités pour refuser et l’un et l’autre, et inventer ensemble une troisième voie qui ne nuise à personne ?

Nous avons peu de temps devant nous, car les événements se précipitent – et nous savons désormais clairement que les élections ne sont pas le moyen approprié pour faire entendre la voix du peuple.

Il nous faut donc nous préparer à un changement de paradigme majeur, historique, tout en résistant à celui qu’on veut nous imposer. Et puis il faut attaquer le système par là où il pèche : l’argent. Car le seul argent qui existe réellement est celui que nous gagnons par notre labeur. Nous en sommes propriétaires. Nous avons le droit de le reprendre, il est à nous.

J’ai parlé il y a quelque temps de « faire chanter les marchés » . Et c’est bien de cela qu’il s’agit.

-Dans un premier temps il faut informer les peuples des heures sombres qui les attendent si nous ne faisons rien pour l’empêcher .
-ensuite, il faut convenir de la nécessité de nous réunir, de nous rassembler pour réfléchir ensemble à cette troisième voie
-organiser , préparer la sédition
-menacer d’un « bankrun » pour obtenir le Référendum d’Initiative Citoyenne, l’audit citoyen de la dette et la mise en place d’une Assemblée Constituante.
-il faut une date appropriée pour interpeller le maximum de citoyens
-un lieu de rencontre virtuel et réel (internet est le média idéal )
-les « indignés » peuvent être la base de réflexion mondiale qui fasse le lien entre toutes les contestations.

Caleb Irri
http://calebirri.unblog.fr



13 réactions


  • Robert GIL ROBERT GIL 4 septembre 2012 10:34

    Mais pourquoi emprunter à des banques privées, alors que l’on pourrait emprunter à bon marché à la BCE ? Et bien en 1973 V.G.D’Estain et G. Pompidou réforment la banque de France en lui interdisant toute possibilité d’avance au trésor, la banque de France perd alors son rôle de service public. En 1976 R. Barre décide que l’Etat payera les intérêts de sa dette au delà du taux d’inflation, et en 1993, F. Mitterrand et J. Chirac, en application du traité de Maastricht, décident que l’Etat doit obligatoirement passer par les banques privées pour se financer...............
    http://2ccr.unblog.fr/2012/01/31/l%E2%80%99europe-ses-dettes-et-son-avenir/


  • Francis, agnotologue JL 4 septembre 2012 10:50

    Bonjour,

    ce texte manque de rigueur, et on cherche en vain un sens, désolé, je ne vois là qu’une enfilade de perles plus ou moins contrefaites.

    Prenons cette phrase : "Car puisque les dettes ne valent que le prix qu’on veut bien leur accorder, et que les Etats ne peuvent pas faire faillite, alors c’est comme si l’argent n’existait tout simplement pas."

    Quel rapport, entre le fait que les États ne peuvent pas faire faillite, et la confiance dans la monnaie ? D’ailleurs, il me semble voir dans cette phrase, une contradiction : en effet, c’est au contraire, si les États étaient susceptibles de faire faillite, que les dettes ne vaudraient rien, non ?


    • caleb irri 4 septembre 2012 22:40

      @ JL

      Bonjour, 

      c’est vrai que cette phrase peut paraître abrupte, sans doute car j’ai la fâcheuse habitude de croire que mes lecteurs ont lu tous mes articles (ce que je ne leur souhaite pas !).

      Pour revenir au sujet, c’est effectivement une question de confiance : Les Etats ne peuvent pas faire faillite (http://calebirri.unblog.fr/2012/06/09/pourquoi-leurope-nexplosera-pas/), car si on peut vendre des terrains il n’est pas encore possible de vendre les êtres qui vivent dessus (nous). Cela implique qu’un Etat qui refuse de payer ses dettes se retrouve dans le cas de l’Equateur décrit ici (http://calebirri.unblog.fr/2012/08/25/mais-ou-est-donc-passe-largent/), à savoir que sa dette perd de la valeur dès qu’un Etat refuse de l’honorer. Et si donc cette dette n’a de valeur que par rapport à la confiance qu’on met dans l’emprunteur de pouvoir rembourser, un Etat qui refuse de payer peut théoriquement se retrouver « sans dette ». Comme si, donc, les milliards de dettes ne valaient rien , comme si tout cet argent n’existait pas vraiment. A moins que de lui faire la guerre bien sûr...


    • nicolas_d nicolas_d 4 septembre 2012 23:37

      La dette donc il suffirait qu’on décide de s’en tamponner le coquillard.


    • bigglop bigglop 4 septembre 2012 23:40

      Que représentent les taux d’intérêts des prêts consentis par les marchés financiers aux états pour leurs dettes souveraines ?
      Ce taux couvre deux risques :
      - le risque de non-paiement, bien évidemment
      - le risque de conversion pour le risque de sortie, d’éclatement de la zone euro et le retour aux monnaies nationales.

      Quelle est la proportion de monnaie (convertie en dollar) qui va à l’économie réelle par rapport à celle qui reste dans l’économie financière (spéculative) ?

      Finalement, nous sommes assis au milieu d’une immense décharge de capital fictif.

      Il nous manque une volonté politique pour organiser (secrètement) un défaut coordonné des dettes publiques de la zone euro pour ensuite la monétiser en la transformant en une seule dette européenne. Le premier grand pas.


    • Francis, agnotologue JL 5 septembre 2012 09:25

      Bonjour caleb irri,

      Pour aller un peu plus loin,

      je crois que l’alternative est la suivante : l’État souverain ne peut pas faire faillite ; un Etat qui fait faillite n’est pas un État souverain.

      Et effectivement, vous avez raison : si un État est souverain, sa dette ne vaut que ce que cet État veut bien lui reconnaitre (notamment, il peut la monétiser, ou s’asseoir dessus).

      Mais si un État n’est plus souverain que dans les mots, alors, la perspective est complètement différente. De fait, avec une monnaie commune, les États ne sont plus souverains, et sont donc susceptible de faire une sorte de faillite ; c’est bien ce que l’on observe, en UE, non ?


    • Francis, agnotologue JL 5 septembre 2012 10:57

      "Selon Chomsky, la clé du développement et du progrès économique résiderait dans l’indépendance et la souveraineté des États. Ainsi, prenant pour exemple le Japon, « seul pays du Sud à s’être développé et industrialisé par lui-même », il tire la conclusion selon laquelle "la souveraineté, qui implique la capacité d’un pays de maîtriser son économie nationale et de participer aux marchés internationaux à ses propres conditions, est essentielle au progrès économique." (par aniKoreh, )


  • adeline 4 septembre 2012 12:26

    Le roi et le peuple


  • vachefolle vachefolle 4 septembre 2012 13:16

    (ProfesseurForex.com) – La balance commerciale de la Zone Euro est ressortie sans surprise en fort excédent de 10,5 milliards (désaisonnalisée), contre +12,7 milliards pour la balance courante une heure plus tôt.

    En données brutes, l’excédent atteint 14.9 milliards d’Euros pour le mois de juin contre 9.5 milliards anticipé et 7.1 milliards précédemment.

    Pour rappel, la balance courante englobe la balance commerciale, la balance des services , la balance des transferts courant (dons, aides…) et la balance des revenus (dividendes, flux d’intérêt…).

    Donc tous les mois, la zone Euro s’enrichie... Pas mal pour une économie moribonde.


  • CARAMELOS CARAMELOS 4 septembre 2012 22:03

    Au fond qu’est ce que l’argent ? Un peu de papier et de l’encre ! Imagniez vous dans 20000 ans avec vos Euros, il est previsible que la dette de la France s’éleverait à 50.000 milliards d’Euros. On a encore le temps de rie.


  • Taverne Taverne 5 septembre 2012 10:32

    Avec les urnes,
    Un homme sans burnes,

    Avec nos voix,
    Un homme sans voix,

    Avec Ubu,
    Plein de cocus !


  • Laurenzola Laurenzola 6 septembre 2012 19:19

    @Auteur
    Je pense que les réactions à votre article semblent montrer qu’il n’y pas suffisamment d’explications sur l’intérêt de mettre en place, et au plus vite, une assemblée constituante, seule façon de rendre véritablement au peuple, son destin.

    Il faut considérer cette approche comme l’unique façon d’encadrer efficacement, toute dérive de conflits d’intérêts dans les instances de pouvoir, qu’elle qu’en soit leur nature.

    Sur ce point, les explications d’Etienne Chouard, très visibles sur le net, finirons de persuader tout Homme ayant un minimum de bon sens.

    Merci de votre contribution à un monde plus humain.


Réagir