lundi 2 mars 2015 - par jacques casamarta

Cuba : La révolution est-elle toujours en marche ?

Cuba est un pays qu'il faut découvrir. La beauté de ses paysages, villes et villages, n'a d'égale que la générosité des gens, leur courtoisie, leur simplicité. C'est un pays riche de son histoire, de son patrimoine historique, culturel et social. C'est un pays où l'on se sent en sécurité où que l'on aille. Ca bouge, ça danse, ça chante à Cuba.... Pourtant, Cuba et son économie sont mal en point.

Cuba sous embargo 

L'embargo américain imposé au pays depuis plus de cinquante ans, est probablement générateur de cette situation, car aucun pays ne peut vivre aujourd'hui sans coopérations. Mais si l'embargo a indéniablement porté tord au pays et à sa population il ne peut à lui seul tout expliquer... En tous cas, les Cubains que nous avons interrogés à ce sujet attendent beaucoup des nouvelles annonces du Président Obama, à condition que celles-ci finissent par être définitivement entérinées aux États Unis. L'un d'entre eux, Julio que nous avons rencontré dans la ville de Trinidad, nous a confié son espoir, mais aussi son scepticisme. "Obama se dit aujourd'hui ami de Cuba, mais pour être ami il faut aussi respecter Cuba pour ce qu'il est" et de rajouter "il ne faudrait pas qu'il s'imagine manger Cuba, on ne laissera pas faire...". Julio est très avenant et fier de nous parler de son pays, de la résistance des citoyens de Trinidad face aux colons espagnols. Cuba a réalisé ses deux révolutions, mais "Fidel Castro a donné son identité au pays, un grand homme qui a fait beaucoup pour Cuba" insiste-il. 
Sur le bord des routes, et dans tout le pays, de l'est à l'ouest et du sud au nord, Cuba affirme son ancrage à ses révolutions et notamment sa dernière. 
"Un socialisme efficient, solidaire, combatif, soutenable"... Il valorise le travail, la production, le patriotisme... Plébiscite ses héros de révolutions à commencer par Fidel Castro, son frère Raul, le Che et tous les autres... 
Mais qu'en est-il exactement ? La révolution est-elle toujours en marche ? Et Cuba a-t-il aujourd'hui les moyens de sa politique, de ses ambitions maintes fois affichées ? 

 
Un peu d’histoire
Pour tenter une approche, plusieurs éléments sont à prendre en compte et en premier lieu, l'histoire du pays. Cuba est une île des Caraïbes et comme ses voisines elle a subit le poids de la colonisation. La sienne était espagnole depuis la découverte de l'île par Christophe Colomb au 16ème siècle où les indigènes indiens ont été chassés pour ne pas dire exterminés par les conquistadors dont le plus célèbre reste Diego Vélasquez.
 
Pays de l'esclavage il aura subit pendant plus de 4 siècles cette colonisation et aujourd'hui sa culture est afro-cubaine. La religion catholique, elle-même, a du s'adapter à cette réalité. Cette histoire aura profondément et durablement marqué le pays et l'architecture coloniale avec ses belles demeures est probablement ce qu'il reste de mieux de cette époque. 

C’est en 1898 que le pays fera sa première révolution pour conquérir son indépendance face aux espagnols. Le héros principal, mais qui n'aura pas survécu aux combats libérateurs reste incontestablement José Marti, poète, écrivain, journaliste, mais aussi et surtout fondateur du "parti révolutionnaire cubain ». Il reste encore aujourd'hui la grande figure historique dont on ne compte plus les statues, rues, places, dans les villes et même les villages. Cette mémoire est encore fortement présente dans la société cubaine d'aujourd'hui et continue de l'irriguer.
 
Mais Cuba s'est libéré de quatre siècles de colonisation espagnole, pour retomber aussitôt dans le néo-colonialisme où plus précisément sous la tutelle ou la domination de son puissant voisin du nord, les États Unis, qui feront du pays "le bordel des Amériques". Cuba était devenu le lieu de toutes les perversions et même le célèbre Al Capone dans les années 30 avait élu domicile dans le plus grand et majestueux hôtel de La Havane.
Ce n'est qu'en 1959 que Manuel Batista le dictateur à la solde des Etats Unis sera chassé du pouvoir par Fidel Castro, le Che, et ses compagnons d'armes. Une nouvelle page de l'histoire de Cuba s'ouvrira. 

JPEG - 111 ko
Révolucion invincible

Dans de nombreuses villes, les places de la Révolution ornées de statuts et autres monuments rappellent ces heures glorieuses. Des musées ou encore mausolées à l'image de celui de Santa Clara censé abriter les restes du Che et de 38 de ses Camarades tués en Bolivie le 8 octobre 1967 sont valorisés et accueillent des milliers de personnes par jour. 
Partout, durant notre séjour, nous avons eu le sentiment que les cubains en grande majorité étaient fiers de leurs révolutions... En tous les cas, ils en parlent, et dans la rue, les écoles, les musées et monuments, rappellent ces mémoires, même si aujourd'hui beaucoup ont le sentiment que la révolution est en panne de perspectives. Les raisons en sont probablement multiples. 

 
 
Cuba, pays de contrastes
Cuba a tenté de s'adapter et s'ouvrir, tout en essayant de rester lui-même, mais le pari n'est pas facile à tenir.
Pourtant Cuba a bien des atouts. Il y a des domaines ou il a réussi. Sa politique 

éducative lui permet de revendiquer aujourd'hui un taux d'alphabétisation de plus de 99% et tout le monde s'accorde à dire que la santé est gratuite pour tous. Des pays de l'Amérique latine qui se trouvaient au même niveau, voir bien plus développés il y a un siècle sont loin derrière aujourd'hui. Mais pour Miguel qui travaille à l'Alliance Française de Santiago "Cuba s'occupe de l'éducation et de la santé, mais on ne trouve pas suffisamment de stylos et les médicaments n'ont parfois pas la qualité nécessaire". Ce que nous confirmera à sa manière Rider, ingénieur à la compagnie électrique dans la même ville "les médicaments se payent en Pesos cubains, ils ne sont pas chers, mais ils sont rares à cause de l'embargo ... par contre on trouve dans les pharmacies des médicaments génériques fabriqués au pays, mais ils manquent souvent certaines molécules", donc moins efficaces. 

JPEG - 223.2 ko
Artiste à Holguin
Sculpture sur bois

 

La culture, est aussi un domaine politique de prédilection. Chaque ville cubaine possède plusieurs musées, salles d'exposition, théâtres, ou maisons de la Culture... En près d'un mois passé à Cuba, à cheval entre ces mois de janvier et février 2015, nous avons pu pleinement profiter de concerts, spectacles de danse ou expositions dans des musées, théâtres, ou encore plus simplement sur des places publiques. Pour Vladimir, un sculpteur sur bois que nous avons rencontré à Holguín, il y a "beaucoup d'artistes à Cuba, l'art est très important pour le pays, mais malheureusement, les débouchés manquent" devait-il nous expliquer, tout en nous demandant de bien vouloir faire la promotion de ses œuvres dans notre pays. Il est clair que le développement des arts dans toutes ses dimensions est largement apprécié à Cuba, mais pour les artistes, il manque une certaine ouverture... Dans ce domaine aussi, l'embargo reste un carcan, dans la mesure où les artistes ne peuvent se rendre sur la terre la plus proche de leur île, les États Unis d'Amérique. 


 
Un autre aspect devenu culturel et patrimonial aujourd'hui, est un cas unique et mérite d'être relevé. Les vieilles voitures américaines ont quelque chose de surréaliste et en même temps elles donnent le sentiment d'être éternelles ou que le temps s'est figé. Encore aujourd'hui, plusieurs dizaines de milliers de ces véhicules, toutes marques et couleurs confondues sont en service. Elles sont au moins aussi vieilles que la révolution en 1959. Si le plaisir des yeux est là, la pollution dégagée par les gaz d'échappements est une gêne évidente. Néanmoins, cela nous amène à réfléchir sur l’évolution de nos sociétés occidentales et le rapport à la consommation où l'économie libérale impose aujourd'hui que les choses ne durent pas. Il y a probablement un juste milieu à trouver entre ces deux extrêmes. 

JPEG - 118.8 ko
Vieilles voitures américaines

En général, les gens mangent à leur faim à Cuba, il y a beaucoup de terres agricoles et le pays a développé une forte production dans le domaine agroalimentaire, même s'il semblerait que ce domaine, soit moins prospère que par le passé. A Santiago par exemple, la deuxième ville du pays, Julietta notre logeuse est très réaliste sur la situation du pays. Elle n'est pas facile dit elle. "Santiago dans un temps lointain était une cité ou il y avait entre 15 et 20 usines de production de canne à sucre, aujourd'hui il en reste 3 et la production est exportée. Les cubains utilisent le sucre du Brésil mais qui n'a pas les mêmes qualités gustatives". 
Mais la canne à sucre, la banane, le café, le cacao et le tabac restent et représentent encore une ressource importante, comme l'élevage de bovins et chevaux....
Les 3400 kilomètres parcourus durant ce séjour en près d'un mois nous auront permis de constater la variété de la faune et de la flore, la beauté de la forêt tropicale, mais aussi le travail de la terre, parfois avec des méthodes ancestrales, mais minutieusement exploitée pour donner de la ressource...
Car l'industrie n'est pas le point fort, même si la ville de Moa au Nord Est de l'île, place Cuba au 8ème rang mondial pour la production de nickel. 
 
Enfin, le secteur du tourisme. Il est devenu aujourd'hui le moteur du développement. C’est dans ce domaine surtout que Cuba semble s'être adapté le plus et ceux qui ont connu le pays il y a 15 ou 20 ans, trouvent que Cuba à déjà bien changé. 
 
Tous les jours, l'aéroport José Marti de la Havane et celui de Santiago de Cuba, déversent des milliers de touristes dans le pays. Beaucoup vont se concentrer dans les grands hôtels en ville ou sur la côte, en mal de belles plages. D'autres vont utiliser quelque chose qui est relativement nouveau à Cuba, et qui a permis tout en diversifiant l'offre, d'assurer en général une excellente prestation, les "Casa Particulare", des chambres d'hôtes chez l'habitant. L'économie du tourisme est ainsi devenue le premier apport de devises pour Cuba et c'est probablement pour une part non négligeable, ce qui permet au pays de résister à l'embargo américain. C'est une activité en plein essor, génératrice de nouveaux emplois pour certains et, un complément de salaire pour d'autres.
Le tourisme à ainsi développé des petits boulots et notamment dans les villes, le travail de "rabatteur", celui qui vous propose une "Casa Particulare, ou un restaurant" et qui a trouvé ainsi dans la situation économique difficile du pays, un moyen de gagner un peu d'argent et d'arrondir les fins de mois. A Santiago notre rabatteur s'appelle Felix, il a 56 ans et bénéficie d'un travail de fonctionnaire, "mais la vie est chère et pas facile" nous dira-il. Félix nous apprend qu’il y aurait "un millier de Casa Particulare, rien qu'a Santiago et que c'est Raul Castro qui a assoupli la politique cubaine en ce domaine". 
 

Les deux monnaies cubaines
D'autant que Cuba vit et fonctionne avec 2 monnaies : Le Pesos Cubain et le CUC, (la monnaie convertible pour les touristes) qui a remplacé le dollar en 2004, suite à une nouvelle crise avec les États Unis. Le CUC actuel représente 24 Pesos Cubains. Mais le salaire moyen à Cuba se situe entre 240 Pesos, (l'équivalent de 10 CUC) et 380 Pésos. Pour beaucoup de cubains, la recherche de cette devise, le CUC devient un objectif, une priorité, et c'est ainsi que les petits boulots se multiplient.
Certains n'hésitent pas à penser que cette situation crée une discrimination à l'égard des cubains, d'autres considèrent qu'il s'agit tout simplement d'un apport de devises pour le pays, mais il semblerait que le Pesos convertible, le (CUC) soit prochainement abandonné. 
 
Il est évident que le tourisme apporte une part non négligeable à l'économie insulaire, mais nous l'avons parallèlement constaté, il développe aussi des graves perversions qui touchent la société cubaine et en particulier sa jeunesse.
La prostitution n'est pas forcément visible à l'œil nu dans la rue, mais elle est pourtant bien réelle. Le tourisme sexuel est devenu au fil des ans un phénomène de masse à Cuba, comme malheureusement dans d’autres pays. De jeunes filles s'affichent dans les bars, restaurants et dans la rue avec des occidentaux dont certains, pourraient avoir l'âge de leur grand père. 
Heureusement tous les cubains avec qui nous avons échangé sur ce sujet, sont très conscients du problème et dans les propos, l’indignation est palpable. Cuba était devenu le bordel des Amériques dans les années 30, s’il n’y prend garde, cette situation va se reproduire
Il y a urgence à y mettre un terme et même si les autorités ont pris des mesures pour interdire l'accès aux hébergements d'occidentaux avec des filles cubaines, il est évident que cela est de loin insuffisant aujourd'hui.
 
Cuba a des atouts, il a su réagir dans plusieurs domaines, mais on le voit, il est aussi confronté à de graves problèmes ou enjeux, que l'embargo américain a eu tendance à amplifier, quand il ne les a pas créés.
 
L’effondrement du bloc Soviétique


Le deuxième élément d'analyse et qui à été un évènement de grande portée politique pour Cuba est l'effondrement de l'URSS dans la décennie 90 et du coup, la perte d'un soutien international de poids pour le pays et son économie.Ce soutien, permettait bon an mal an, de pallier, en tout cas en partie, aux méfaits de l'embargo américain. Le plus caractéristique et symbolique de ce soutien à été l'arrêt de la construction de la centrale nucléaire de Cienfuegos après la disparition de l'Union Soviétique. "Il y a bien eu une tentative de reprise des travaux avec la France mais les technologies n'étaient pas les mêmes et ainsi fut définitivement abandonné le projet de centrale" nous dira Rider, ingénieur à la compagnie électrique cubaine (Rente CTE Antonio Maceo) à Santiago de Cuba. Cet exemple n'est qu'à titre indicatif, mais suffisamment éloquent des difficultés rencontrées par le pays dans de nombreux domaines économiques. 

JPEG - 54.3 ko
Che Guevara
Mausolée Che Guevara

Avec la disparition de l'URSS, Il a fallu s'adapter... Mais cela n'a pas été facile, d'autant que "l'embargo est un embargo total" et comme le signalera Ornaldo de Santa Clara, "il suffit d'une petite pièce de fabrication américaine dans une grande machine venue  d'ailleurs, pour que l'ensemble soit soumis à embargo et donc interdit par les États Unis sur le territoire Cubain". 

 
Isolement politique pour Cuba
En troisième lieu, Cuba est donc aussi victime de son isolement politique. 
Avec cette nouvelle situation, la disparition du bloc dit "de l'Est", le pays s'est retrouvé plus isolé que jamais sur la scène politique internationale, même si de nouvelles coopérations et solidarités se sont ouvertes et amplifiées notamment avec le Venezuela du temps d'Hugo Chavez, que les autorités décrivent comme "le véritable et sincère ami du Cuba". 
 
Nous vivons aujourd'hui dans un monde qu'il faut qualifier "d'unipolaire" depuis la disparition du bloc soviétique, qui a échoué dans son aventure de libération humaine et qui s'est avéré incapable de réconcilier "socialisme et liberté" "socialisme et démocratie". 
 
Face à cette situation, le capitalisme s'est vite mondialisé et aujourd'hui c'est bien lui, qui dicte sa loi, impose ses normes sociales, économiques et régente ainsi le monde avec ce vent de libéralisme. Les reculs de civilisation sont imposés au nom "du réalisme économique", ou de la soit disant « nécessaire rigueur". Les inégalités ont créé un fossé pour ne pas dire un gouffre entre les pays dits "riches et ceux considérés comme pauvres". A l'intérieur même de nos pays, en Europe la paupérisation touche des millions de personnes aujourd'hui. Les débats sur la "dette", sont suffisamment révélateurs de l'état d'esprit des puissants dans ce domaine. Cette politique fait des ravages humains sur le continent africain, les pays du tiers monde depuis déjà plusieurs années, mais aujourd’hui l’exemple de ce qui ce passe en Grèce, en Espagne et dans d'autres pays européens est suffisamment révélateur de cette réalité qui est le résultat du monde unipolaire, du manque ou encore insuffisance de rapport de force progressiste en Europe et dans le monde. 
De grands organismes internationaux, comme la Banque Mondiale, le FMI, (Fond Monétaire International), l’OMC, (Organisation Mondiale du Commerce) ou encore l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) et pour l'Europe, la BCE (Banque Centrale Européenne) impulsent des politiques libérales, capitalistes au monde et tous ceux qui veulent s'en détourner sont ainsi marginalisés. C'est aujourd'hui le cas de nombreux pays dans le monde et Cuba fait partie de ceux-là. Jusqu'à quand pourra-t-il résister à ce libéralisme mondial et globalisé ? 
Construire l’alternative au libéralisme
Là est une vraie question qui doit interpeller tous les démocrates, les progressistes, tous ceux qui considèrent qu'un autre monde est possible, plus social, plus humain, plus équitable, un monde qui coopère et s'entraide, respectueux de l'environnement, solidaire et en paix. 
 
Cela pose la question d'une alternative au libéralisme et l'enseignement qu'il nous faut tirer, c'est qu'il y a urgence à inventer cet autre futur, à montrer qu'une autre perspective politique peut mobiliser les progressistes à travers le monde, car nous ne reproduirons pas la révolution d'octobre 1917.
Cette révolution inachevée, qui a dérivé vers une sorte d'autoritarisme a fait son temps, avec ses victoires, ses espoirs et ses échecs retentissants. Mais il y a des enseignements à tirer, pour ne plus connaitre d'aussi graves désillusions, désenchantements, qui pour une part non négligeable sont aujourd'hui responsables de cette situation mondiale que nous connaissons et combattons. Le libéralisme, avec son cortège de souffrances, mais aussi les conflits et guerres qui se multiplient aujourd’hui sur la planète.

JPEG - 86.2 ko
l’Engagement

 
L’urgence aujourd’hui d’une troisième voie
Il y a bien aujourd'hui à défricher une troisième voie, qui ne soit ni la voie soviétique entachée de ces graves dérives démocratiques, ni le social libéralisme qu'une partie de la gauche et la droite veulent promouvoir à l'image des politiques européennes et mondiales aujourd'hui. 
Peut-être faut-il revenir sur quelques idées politiques déjà développées par le "Mouvement des Non Alignés" dans les années 60. Cuba d'ailleurs en faisait partie avec d'autres pays, issus notamment de la décolonisation, 
 
Le capitalisme s'est mondialisé et face à cette organisation tentaculaire, cette dictature de l'argent, il faut un contrepoids, un pendant progressiste, des perspectives politiques et démocratiques, des organisations internationales qui donnent du sens à l'émancipation, au respect et à la dignité humaine. Des perspectives qui nous amènent à croire qu'une autre politique est possible, que le rêve et l'utopie peuvent devenir réalité.
Cuba a besoin de solidarité et de perspectives hors du capitalisme pour s'ouvrir et respirer. Mais ce pays n'est pas le seul à souhaiter aller de l’avant, je pense à la toute jeune révolution au Burkina Faso en Afrique qui vient de se libérer d'une dictature vieille de près de 30 ans, je pense à la Grèce en Europe, qui tente dans la douleur de défricher une voie progressiste. Notre solidarité doit aller à tous ceux qui luttent.
Ca commence par là.



23 réactions


  • L'enfoiré L’enfoiré 2 mars 2015 10:26

    Bonjour,

     Bonne description du problème sans propagande excessive.
     Je ne sais si vous y avez été à Cuba. Ce n’est ps récent. 
     J’y retournerai un jour si le régime politique change.
     Une troisième voie de transition ? Peut-être.
     En voici, le texte : « Un Cuba libre, por favor »

    • lsga lsga 2 mars 2015 12:34
      pour être précis : le Che prônait la Révolution Permanente (Hasta la Victoria Siempre) en accord avec ce que préconisait Marx dans l’adresse de 1850 : 
       
      « Tandis que les petits bourgeois (ndlsga : comme Castro) veulent terminer la révolution au plus vite et après avoir tout au plus réalisé les revendications ci-dessus (ndlsga : étatisation de l’économie), il est de notre intérêt et de notre devoir de rendre la révolution permanente, jusqu’à ce que toutes les classes plus ou moins possédantes aient été écartées du pouvoir, que le prolétariat ait conquis le pouvoir et que non seulement dans un pays, mais dans tous les pays régnants du monde (ndlsga : ce que le Che est allé faire en Bolivie),l’association des prolétaires ait fait assez de progrès pour faire cesser dans ces pays la concurrence des prolétaires et concentrer dans leurs mains (ndlsga : et non pas dans celles de la bureaucratie d’État) au moins les forces productives décisives. Il ne peut s’agir pour nous de transformer la propriété privée, mais seulement de l’anéantir ; ni de masquer les antagonismes de classes, mais d’abolir les classes ; ni d’améliorer la société existante, mais d’en fonder une nouvelle. »
       
       
      Castro, comme Chavez, comme les Staliniens, sont contre-révolutionnaires. Ils arrêtent la Révolution, pour réinstaurer un pouvoir de type monarchiste, c’est à dire un pouvoir reposant sur une centralisation étatique, sur un bureaucratie toute puissante, sur un pouvoir militaire et policier d’État. C’est ce que Marx appelait du « Bonapartisme », et Gramsci du « Césarisme Politique ». 
       
       
      « la classe ouvrière ne peut pas se contenter de prendre tel quel l’appareil d’État et de le faire fonctionner pour son propre compte.Le pouvoir centralisé de l’État, avec ses organes, partout présents : armée permanente, police, bureaucratie, clergé et magistrature, organes façonnés selon un plan de division systématique et hiérarchique du travail, date de l’époque de la monarchie absolue. »
       


    • ticotico ticotico 7 mars 2015 22:43

      ça fait plaisir de lire un truc qui raconte ce pays vu avec des lunettes sans filtre idéologique... Ni miracle éclairant le monde, ni désastre absolu... Pour y avoir passé plusieurs années (et de plus j’ai l’intention d’y retourner pour longtemps) je sais qu’à Cuba les problèmes graves ne sont pas faciles à voir, de plus les cubains n’aiment pas trop en parler.

      La culture, c’est clair, fait partie des rares réussites du pays, la médecine ne fonctionne pas trop mal, mais quand on va voir un médecin à l’hôpital à la fin d’une matinée de consultation, son bureau déborde de tous les « cadeaux » faits par les patients qui savent que sans ces petits dons le résultat n’est pas aussi efficace.... l’éducation est sur la mauvaise pente depuis une quinzaine d’années, tous les parents cubains que je connais font suivre des cours du soir (au black, bien sûr) à leurs enfants.

      Mais le problème de fond est que la corruption a totalement envahi le pays... obtenir un poste de direction à Cuba, c’est comme gagner le droit de détourner... rares sont ceux qui y résistent, vu qu’un salaire moyen (même de directeur) paye à peine la moitié de ce qu’il faut pour vivre. L’un des cas les plus remarqués était un directeur d’hôpital de la Havane qui avait détourné un million de dollars... il s’est fait arrêter devant tout le personnel... A côté de ça, il y a tous ces travailleurs qui ne s’en sortent pas avec leur salaire et vivent en permanence tiraillés entre la nécessité de ramener à manger à la maison et la crainte de passer quelques années en prison. 

      L’appartenance à une petite élite ou aux chiens de garde du régime aide quand même à vivre, les militaires voient leur fidélité achetée à coup de voitures chinoises toutes neuves pendant que les cubains de base (« cubano de a pie » dit-on... comme quoi l’accès à un mode de transport est un signe) voient leur maison s’écrouler progressivement et que le seul intérêt que leur témoigne le gouvernement est d’envoyer des cohortes d’inspecteurs qui se contentent de suivre la dégradation des bâtiments jusqu’au jour où ils déclarent la maison inhabitable et envoient ses habitants dans de tristes « albergues », sortes de refuges provisoires surpeuplés. 

      Tout ça, on a du mal à le voir quand on reste quelques semaines... Ce n’est pas parce que le capitalisme financier détruit tout ce qu’il touche que l’état cubain devrait être exonéré pour l’incompétence qui règne à peu près partout où il a le contrôle. Depuis des années, la grande majorité de ce qu’on trouve dans les magasin de la Havane vient d’ailleurs, Cuba ne produit à peu près plus rien. Même les poulets viennent du Brésil (mais aussi massivement des USA) l’huile est argentine, même le riz, production qui devrait être nationale est importé à 50 %... http://www.rutadearroz.com/noticias/val/2417/val_s/95/cuba-acepta-importar-300000-toneladas-de-arroz-vietnamita-en-2015.html
      Les récoltes de sucre catastrophiques de ce début de siècle (on est revenu au niveau de 1905 !) sont en large part causées par la désorganisation et l’incompétence, genre on se rend compte qu’il faut réviser les machines la veille du jour où elles devraient être en service...

      Il est donc d’autant plus remarquable que ce pays reste un endroit où les gens restent joyeux et ont envie de rire de tout. Je me rappelle en décembre 2012, alors qu’une rumeur de fin du monde liée au calendrier Maya agitait les esprits trop captivés par internet, une jeune cubaine vivant à l’étranger, de retour au pays demande à sa famille si cette crainte existait dans le pays, une vieille tante avait répondu « Oh, tu sais, ici, ça ne nous inquiète pas, la fin du monde a déjà eu lieu... »

  • asterix asterix 2 mars 2015 11:21

    Un article auquel on ne peut que souscrire, entendu qu’il est débarrassé de l’épouvantable caractère militant de ceux qui veulent vous faire prendre Cuba pour un paradis.
    Suivons ce que dit l’auteur :
    Cette révolution inachevée, qui a dérivé vers une sorte d’autoritarisme a fait son temps, avec ses victoires, ses espoirs et ses échecs retentissants. Mais il y a des enseignements à tirer, pour ne plus connaitre d’aussi graves désillusions, désenchantements, qui pour une part non négligeable sont aujourd’hui responsables de cette situation mondiale que nous connaissons et combattons.
    Ayant vécu quatre ans à Cuba, je partage entièrement cette analyse.
    Et celle-ci également :Cuba est un pays qu’il faut découvrir. La beauté de ses paysages, villes et villages, n’a d’égale que la générosité des gens, leur courtoisie, leur simplicité. C’est un pays riche de son histoire, de son patrimoine historique, culturel et social. C’est un pays où l’on se sent en sécurité où que l’on aille. Ca bouge, ça danse, ça chante à Cuba.... Pourtant, Cuba et son économie sont mal en point. Pourtant, il y a des domaines ou il a réussi. Sa politique éducative lui permet de revendiquer aujourd’hui un taux d’alphabétisation de plus de 99% et tout le monde s’accorde à dire que la santé est gratuite pour tous. Des pays de l’Amérique latine qui se trouvaient au même niveau, voir bien plus développés il y a un siècle sont loin derrière aujourd’hui.
    Et pour ne pas être en reste, la dernière aussi :

    La culture, est aussi un domaine politique de prédilection. . Dans ce domaine aussi, l’embargo reste un carcan, dans la mesure où les artistes ne peuvent se rendre sur la terre la plus proche de leur île, les États Unis d’Amérique. 
    J’en conclus que ce qui a foutu la révolution cubaine par terre, c’est d’abord la famille Castro. 
    Pourquoi ?
    Parce que Cuba est et reste une dictature communiste qui n’a pas pu faire face ni aux défis posés, ni aux attentes de son peuple. Les Etats Unis y sont pour quelque chose, c’est sûr.
    Mais il n’y a pas que cela, loin de là ! Si le Cubain est en général un brave type, disons plutôt pas pire qu’un autre, dès qu’il est embrigadé dans le système, il devient un voyou assoiffé de puissance, de passe-droits et d’intérêt strictement individuel
    Pourquoi ?
    Parce qu’il est protégé par un système pyramidal qui n’admet pas la moindre contradiction et le récompense de sa fidélité indéfectible à l’insoutenable.
    Tous les autres ( il n’y a plus que 20% des Cubains inscrits au Parti ) sont victimes de ce capitalisme d’état. En fait, ils sont esclaves, en souffrent et ne peuvent pas l’exprimer
    Voilà la vérité.
    Viva Cuba libre, c’est se débarrasser de ces deux extrêmes.
    La troisième voie, dit l’enfoiré.
    Il a raison

    • L'enfoiré L’enfoiré 2 mars 2015 13:35

      @asterix, Bonjour,Je m’attendais à ta réaction.Alors, allons y dans l’ordre.

      Je n’ai pas vécu très longtemps à Cuba, l’espace d’une quinzaine de jours. Mais le choc a bien existé et les impressions suivies des intuitions se sont manifestées.

      Quand je suis parti, de ce que j’allais rencontré ne se trouvait pas dans les guides touristiques. Cet esprit de « revolucion » perpétuel, de tension ne fonctionne pas dans la durée. Or, elle existait pour les habitants, affichée sur tous les murs à la gloire des révolutionnaires initiaux. 

      Heureusement, je n’ai pas assisté aux longs discours du « Presidente ». Je ne le pourrais pas. Je n’ai pas reçu la formation pour cela. J’aime la diversité d’opinion et pas un déversement de mots qui disent par toutes les phrases la même chose. 

      Le communisme, le marxisme n’existent plus si ce n’est par la force.

      Pourquoi ? Parce que tout a changé dans le monde, parce que l’envie de voir le monde, d’aller constater si l’herbe est plus verte ou moins engluée par des idéologies trop conservatrices n’existent pas ailleurs. Les idées qui portent un avenir et sont rémunérées à juste titre, doivent être créatrices de nouvelles ambitions, sinon elles meurent morte-nées. 

      Le « cuc », la monnaie locale converties en euros. démontrent très bien que cela ne marche pas dans la longueur, à espérer qu’il le reste « convertible ». Il a suffi que l’ouverture avec les USA s’est produite, pour qu’il remonte. 

      On ne vit pas en autarcie aujourd’hui. Que l’on aime ou non la mondialisation, elle existe. En fait, elle a toujours existé dans les mouvements de peuple. Nous sommes tous des métis à partir d’une génération données. Alors fermer les frontières pour n’importe quelle raison... faut pas rêver. 

      Oui, c’est un pays à découvrir, mais il faut s’en donner les moyens. Quand les routes le permettent et que les avions ne sont pas arrêtés dés qu’il pleut un peu plus que d’habitude.

      Oui, heureusement que la danse et la musique empêche de trop penser à s’évader.

      Chanter sa peine, sa limitation d’horizon, oui, un Cubain sait le faire très bien.

      J’aime les Antilles, les grandes Antilles.

      Samedi, je rencontrais Dany Laferrière à la Foire du Livre. Haïtien d’origine, québécois d’adoption.

      Un beau pays aussi, qui sait se mettre au boulot contre l’adversité naturelle. Qu’adviendrait-il d’un tremblement de terre à Cuba ? Il a connu les Tontons Macoutes. Ce genre d’organisation existe toujours quand une dictature s’impose par la normalité. Le système pyramidal est une obligation dans ce genre de régime. « Pour vivre heureux, vivons caché » est la devise de la norme. Fermer sa gueule est la manière plus crue de le dire.

      Ferrat , un communiste de la première heure, a compris que cela ne marche pas et que pour vivre il n’y avait que deux manières la jungle ou le zoo.


    • asterix asterix 2 mars 2015 17:37

      Un livre à lire absolument si on veut appréhender la réalité cubaine
      Trilogie sale de La Havane par Pedro-Juan Gutiérrez
      Collection 10/18 numéro 3453
      Gutiérrez vit toujours à Habana. Son livre est disponible partout dans le monde
      Sauf à Cuba, el païs de la libertad...
      Du Henry Miller à la sauce salsa. Un mec tout à fait dingue et, cojonès, il en a...
      Autre chose que cette conne de Yoanni Sanchez que les pro-Castro nous servent à toutes les sauces. Lui ne ment pas, c’est vraiment la vie de tous les jours, de tous les excès, toutes les combines.
      Si après cela vous aimez toujours Cuba, personne ne vous retient d’y aller.
      Ni d’en sortir puisque vous êtes et restez un extrangero


  • PASCALE LARENAUDIE 2 mars 2015 11:57

    Un bel article réaliste qui décrit bien la situation à Cuba.
    Revenue de Cuba, le mois dernier, je partage l’analyse qui est faite.

    L’accueil est remarquable, on ressent, en parlant avec les cubains, une grande fierté pour leur pays.
    Une dame nous disait, nous ne sommes pas envieux de l’autre et nous nous réjouissons de ce qui peut arriver de bien à notre voisin...

    A Cuba, je n’ai pas ressenti de tristesse, ni d’amertume mais une vie qui s’organise au jour le jour...les visages ne sont pas crispés

    Pourvu qu’ils ne se laissent pas engloutir par un modèle de société que nous sommes de plus en plus nombreux à rejeter et qui de statut d’esclave (comme dit dans le commentaire précédent) les ferait tomber dans un autre statut d’esclave...

    Une troisième voie est possible. Il ne suffit plus de l’espérer, il faut maintenant la construire


  • Alren Alren 2 mars 2015 18:26

    C’est facile de dire que Cuba n’est pas un paradis terrestre !

    Où est-ce qu’il y en a un sur cette planète dont bénéficient tous les habitants ?


    Les dirigeants cubains ont favorisés la santé et l’éducation.

    Au moment où, ici, en France, 5e ou 6e puissance mondiale, des gens renoncent à des soins médicaux faute de revenus, je trouve que ce n’est pas rien que la préservation de la santé soit gratuite !

    Le taux d’alphabétisation de 99 % de la population serait à comparer à celui de nombreux pays que ce soit dans la région ou dans le reste du monde. Il serait bien aussi et plus judicieux de comparer le niveau de culture générale des jeunes citoyens. Et là, la comparaison pourrait se faire avec les jeunes des USA, ceux qui croient que c’est le soleil qui tourne autour de la Terre et serait bien incapables de repérer l’Italie sur une mappemonde.

    La culture c’est aussi un bonheur pour celui qui la reçoit. Maintenant qu’on comprend que les richesses matériels ne seront pas assez répandues pour une population en croissance continue, il est sage de se tourner vers les richesses spirituelles que représentent la culture et l’art.


    On sait que les pays dont le niveau de vie est élevé doivent tous cette prospérité soit parce qu’ils abritent l’argent de la fraude fiscale comme la Suisse, le Liechtenstein ou le Luxembourg, ou bien qu’ils ont un sous-sol très riche. Mais les pays receleurs de fraude fiscale ou de trafics criminels ne peuvent pas être nombreux par définition. Quant aux sous-sols riches, sauf exception, les probabilités les réservent aux pays de forte étendue. Ce n’est pas le cas de Cuba.


    « On se sent en sécurité à Cuba. » Combien de gens aimeraient en dire autant, dont les Étasuniens qui connaissent les affres des massacres de malades mentaux consécutives à la vente libre des armes !

    Combien de Français aimeraient vivre dans un pays où les inégalités soient moindres, ce qui provoque des tensions sociales, des violences et du banditisme.


    Les Cubains voient bien ce qu’ils ont gagné avec la Révolution castriste. Ils voient bien ce qu’ils perdraient si une « révolution de couleur » promue par la CIA, les faisait retourner à l’époque de la dictature Batista !


    La « révolution » ne peut pas être permanente. Après elle, il faut vivre au quotidien. Quotidien qui serait bien meilleur à Cuba si l’ONU faisait son travail, à savoir condamner résolument l’embargo étasunien. Mais il faudrait pour cela que son siège ne soit plus dans le pays qui agresse le plus les autres peuples !


    • asterix asterix 2 mars 2015 20:26

      @Alren
      A te suivre, je ne comprends pas pourquoi les Français qui veulent vraiment un monde idéal ne se sont pas déjà tous réfugiés à Cuba.
      Oh putain, pardon por la Virgen del Cobre, y’en a pas un seul !
      Hic ! C’est à cause de l’embargo sur le gros rouge...


    • asterix asterix 2 mars 2015 20:33

      J’oubliais ; tu sais pourquoi l’argent de la prospérité ne se trouve pas à Cuba ?
      Parce que el Chieffe de la Revolucion aurait certainement tout piqué pour l’engranger dans sa cassette personnelle.
      Quel monde de fous, on ne sait vraiment plus à qui se fier ! 


    • CN46400 CN46400 2 mars 2015 21:21

      @asterix

       C’est vrai, el chieffe de la Révolution n’est qu’un Harpagon, qui a réussi... la critique à ce niveau, c’est un compliment. Quand on a trop aimé, la haine nous aveugle. Sauf que si les frères sont encore là, et bien là, 56 ans après, 62 après la Moncada, c’est qu’ils ne sont pas tout à fait aussi idiots que vous le prétendez. Ou bien qu’il y a entre eux et le peuple cubain des liens qui nous échappent !

    • asterix asterix 2 mars 2015 21:37

      Et un petit séjour à l’hopital. Parlons de cet hopital dans lequel tu n’es certainement jamais allé...
      C’est Fidel qui inspecte un dispensaire de province.Comme tout le monde a été prévenu à l’avance et qu’il y a 300 bérets noirs pour veiller sur sa sécurité, le cérémonial de bienvenue n’a pas été trop écourté. Son hélicoptère l’attend, il ne lui faudra pas 20 minutes pour aller de là jusqu’à son cayo privé. L’hopital choisi est sur le chemin pour qu’il gagne du temps. Branle-bas de combat, companeros ! Exceptionellement, toutes les paillasses ont été recouvertes d’un linceuil, pardon d’un beau drap de lit blanc.
      El Commandante demande au médecin-chef de l’accompagner pour l’inspection. Ils arrivent au premier lit, y’a un mec couché, blanc comme un cadavre et qui tousse de tous ses poumons :
      - alors compadre, tout va bien ?
      - oh oui, Commandante ! Surtout depuis le traitement...
      - quel traitement ?
      - la medication, Commandante, la medication !
      - ah oui et c’est quoi ?
      - una desinfection, Commandante. Trois fois par jour on m’en badigeonne les poumonsà la brosse, Commandante !
      - c’est bien. As-tu un souhait à formuler ?
      - un tobacco, Commandante. Un Cohiba grandon, Commandante !
      Fidel se retourne vers le médecin chef :
      - va lui en chercher un. Et pronto, sinon je te fais fusiller
      Il passe au second malade
      - et toi, de quoi souffres-tu ?
      - tengo mal a la cabessa, Commandante. C’est épouvantable, Commandante. Mais cela va beaucoup mieux depuis le traitement
      - quel traitement ?
      - la desinfection, Commandante. Una medicacion, on m’en badigeonne les tempes trois fois par jour. Cela va beaucoup mieux, Commandante
      - c’est bien, as-tu un souhait à formuler ?
      - le 33ème tome de vos pensées, Commandante. Donnez-le moi à lire. Le mal de tête disparaîtra d’autant plus vite, Commandante
      Fidel se retourne à nouveau vers le médecin-chef :
      - dépêche-toi d’aller en demander un exemplaire à mon ordonnance. Et pronto, sinon je te fais fusiller !
      Le médecin-chef s’exécute.
      Fidel passe au 3ème malade :
      - Et toi, de quoi souffres-tu ?
      - d’hémoroïdes, Commandante. Sanguinolentes,Commandante ! J’ai mal au c... mais cela va beaucoup mieux depuis le traitement
      - quel traitement ?
      - no sé, Commandante. Una desinfection qu’on me badigeonne à la la brosse trois fois par jour. Cela me soulage vachement, Commandante. Muchas gratias, Commandante !
      - c’est bien, as-tu un souhait à formuler ?
      - Un rouleau de papier-cul, Commandante. Les taches de sang, vous comprenez, Commandante ?
      Fidel se retoune à nouveau vers le médecin-chef :
      - Va lui en faire chercher un. Et pronto, sinon je te fais fusiller
      Le médecin-chef s’exécute, il commence à trembler.
      Fidel passe au 4ème malade, il a un goître pas possible :
      - et toi, de quoi souffres-tu ?
      - la garganta, Commandante. J’ai avalé une arête avec un poisson autour et cela fait trois semaines que cela enfle, Commandante ; Mais cela va beaucoup mieux depuis le traitement. Viva la Revolucion, Commandante !
      - quel traitement ?
      - una desinfection, Commandante. A la brosse trois fois par jour, Commandante. Cela s’améliore lentement, meerci Commandante.
      - c’est bien. As-tu un souhait à formuler ?
      - oh oui, Commandante ! Oh oui, alors ! Mais c’est difficile à dire, Commandante !
      - je suis ton chieffe, tout ce que je veux doit se réaliser. Quel est ton souhait ?
      - J’voudrais... j’voudrais une brosse pour moi tout seul, Commandante !

      Cuba linda... Rigoler à se fendre la gueule. Hasta siempre, Commandante !
      -
       


    • jacques casamarta 2 mars 2015 22:18

      @asterix
      La caricature ne fait pas avancer le débat,

       Merci à Alren de garder les yeux ouverts et de rester libre.
      Me concernant, c’est la première fois que je me rendais à Cuba et je m’attendais à voir un pays en grande difficulté, comme on nous l’explique dans les pays occidentaux, et ce n’est pas du tout cela que j’ai trouvé. Par certains cotés il vivent mieux que nous, car nous avons perdu beaucoup de choses. C’est mieux en le disant..... 

    • jacques casamarta 2 mars 2015 22:24

      @Alren
      Merci pour cette analyse pleine de bon sens et constructive. 


    • asterix asterix 3 mars 2015 06:04

      @jacques casamarta, ta dernière intervention est totalement contraire à la thèse que tu défends...
      J’en profite et en resterai là, car j’attends Fortin au tournant, pour saluer cordialement CN matricule je ne sais plus combien, un homme de gauche qui garde les yeux ouverts.
      Gauche et dictature n’ont jamais fait bon ménage. Les Castro brothers qui sont des génies du mal ont fait un mal fou à la cause


  • antyreac 2 mars 2015 21:37

    Pas de pitié pour cette dictature communiste moribonde tant qu’elle ne retrouvera pas ses marques démocratiques...


    • jacques casamarta 2 mars 2015 22:21

      @antyreac
      Je pense que tu ne connais pas Cuba et il est toujours facile de loin de caricaturer. Ca ne te grandit pas 


    • asterix asterix 3 mars 2015 06:07

      @jacques casamarta., je suis Charlie Castro...
      et quand on caricature de près car on connait Cuba, qu’en penses-tu ?


    • asterix asterix 3 mars 2015 06:13

      @jacques casamarta, je suis Charlie Castro
      Et quand on caricature parce qu’on connait bien, pourquoi t’en offusquer ?


  • CN46400 CN46400 3 mars 2015 08:36

       Il suffit de se pencher un instant sur le déroulé de cette histoire pour comprendre que si les frères Castro n’étaient animés que par le pouvoir et ses atours, ils auraient pu choisir une autre voie, celle de la facilité. Partie de la grande bourgeoisie cubaine, cette fratrie extrèmement intelligente, aurait, avec la bénédiction des USA, pu dominer cette île. Et ceci sans courir le risque de devoir prendre des dispositions pour pouvoir échapper à plus de 600 tentatives d’assassinat ou d’engager des régiments dans la lutte militaire contre les blancos sud-africains.

      La peinture des Castro sur un fond de Duvalier père et fils, est pittoresque mais nullement convaincante. On peut ne pas les aimer, mais comment expliquer la longévité de leur pouvoir sans observer objectivement la situation politique cubaine ? Et sans tenir aucun compte du ressort anti-yankée des peuples d’Am-sud et cubain en particulier ?
      

    • asterix asterix 3 mars 2015 12:56

      @CN46400
      Une longévité au pouvoir qui n’est due qu’au simple fait qu’il n’y a jamais eu d’élection libre et pluraliste depuis 1959.
      Due également à la main de fer de ces deux grands démocrates vis à vis d’un peuple
      Un pays idyllique dont se sont échappé des centaines de milliers d’individus
      ...dont beaucoup de balseros qui ne sont jamais arrivés en Floride. Noyés par la tempête ou simplement pour avoir vu leur bateau arrosé par une rafale envoyée par hélicoptère ( cfr l’affaire du petit Ellian ) Comme Fidel laisse aux requins le soin de finaliser le boulot, c’est, comme on dit « pas de traces, pas de coupables ». 


    • L'enfoiré L’enfoiré 3 mars 2015 16:34

      @asterix, Dans le top 15 des dictateurs restés le plus longtemps au pouvoir, dans l’ordre :


      Fidel Castro, Kim Il-sung, Mouammar Kadhafi, Omar Bongo, Gnassingbé Eyadéma, , Fransisco Franco, Mobutu Sese Seko, Mohammed Hosni Moubarak , Joseph Staline, Mao Zédong/Tsé-Toung, Zine El Abidine Ben Ali , Saddam Hussein, Bénito Mussolini, Augusto Pinochet, Adolf Hitler ...

      Tout est dit, il suffisait de compter les années...   

  • Mohammed MADJOUR (Dit Arezki MADJOUR) Mohammed MADJOUR 3 mars 2015 09:11

    Gardez ceci en tête : Cuba qui vient d’être d’être investi de près par les USA va mal finir ! Plus il y aura « d’échanges », plus il y aura de « problèmes » jusqu’à ...l’anarchie  ! Le verrouillage par les USA a trop duré et sans aucune raison, la décompression se fera d’une manière telle que personne ne pourra maitriser la situation...après les Casrtro !


Réagir