vendredi 10 février 2012 - par Surya

« Deux chauves se battant pour un peigne »

C'est reparti ! Ca chauffe à nouveau aux Malouines. L'Argentine prétend que les Malouines (Malvinas) sont argentines. Les Britanniques, qui y sont définitivement installés depuis 1833, prétendent que les Malouines (Falklands, qui est le nom officiel) sont britanniques. Ce dialogue de sourds a déjà engendré une guerre en 1982, et voilà que la tension monte à nouveau à quelques semaines du trentième anniversaire de ce conflit armé. Le Royaume Uni a dépêché sur place un destroyer, ainsi que le Prince William, pilote d'hélicoptère de son état, envoyé dans cet autre bout du monde en mission de six semaines. L'Argentine, de son côté, dénonce la militarisation de l'Atlantique Sud et se plaind auprès de l'ONU. Chacun voit en l'autre une nation belligérente prête à rallumer la mèche, le Royaume Uni affirmant que le déploiement militaire d'un seul bâtiment n'est qu'une simple manoeuvre défensive de routine, l'Argentine annonçant par la voix de sa Présidente ne chercher à récupérer ces îles que par la voie diplomatique et économique.

Certes, ce fut l'Argentine qui déclencha les hostilités en 1982 en envoyant ses troupes débarquer sur une terre qui n'était pas sous sa juridiction. Il faut dire que le gouvernement argentin de l'époque n'était pas ce qu'il est maintenant devenu, car la junte était alors au pouvoir, et l'on peut en effet penser que l'Argentine démocratique d'aujourd'hui saura cette fois éviter cet écueil de la guerre. Certains pensent que ce pays ne fait en réalité que convoiter, désormais, le pétrole de cette zone. Et sans pétrole ni position géostratégique de choix, quel intérêt auraient les Britanniques à vouloir conserver à tout prix ce bout de terre perdu au large de l'Amérique latine, battu par les vents, où vivent des colonies d'oiseaux, environ trois mille personnes et cent fois plus de moutons ?

Ces personnes, arguent les Britanniques, sont britanniques, descendantes de Britanniques (1), et affirment fermement vouloir rester britanniques. Les Argentins, quant à eux, enseignent à chacun de leurs enfants dans les écoles que les Malouines sont argentines et que les Anglais ont volé leurs îles. Cette revendication sur les Malouines est également perçue comme une façon de maintenir l'union nationale en Argentine. Les récupérer serait alors une mission patriotique. Les Malouines sont situées à plus de 12000 kilomètres des côtes Britanniques, et seulement à 480 km de celles de l'Argentine. Cela constitue-t-il un motif légitime de revendication ? Et si les Britanniques prétendent et que les Argentins prétendent eux aussi, alors à qui appartiennent vraiment ces Iles ? Ces deux pays ne seraient-ils en effet que "deux chauves se battant pour un peigne", selon les propres termes de Jorge Luis Borges à propos de la guerre des Malouines de 1982 ?

Les Malouines sont-elles une colonie ? Pour essayer de le savoir, il faut bien sûr remonter le temps et examiner de près le passé. Chose peu aisée vue que l'histoire des Malouines semble assez compliquée. Qui dit "colonie", dit alors, logiquement, "peuple colonisé". On peut penser (à priori, mais l'on peut aussi débattre de cette idée) que l'on ne colonise pas une terre inoccupée, surtout si elle n'appartient à personne. On s'en empare, plutôt, on s'y installe. Cela dit, il est difficile de nommer autrement que "colonie" une terre sur laquelle un groupe de personnes venues d'ailleurs, parfois de très loin, décident de s'établir. Quoi qu'il en soit, il n'y avait personne aux Malouines, aucun peuple "autochtone", lorsque les premiers immigrants ont débarqué. Si une terre appartient de droit au premier qui s'y est installé, plutôt qu'à son dernier occupant en date, alors reste à savoir qui y est arrivé le premier. Même ce sujet fait l'objet de polémiques et d'incertitudes.

Alors, qui ? A qui appartenaient les Malouines avant de passer sous contrôle britannique ? Aux Argentins. L'Argentine a en effet possédé ces îles de 1820, apparemment, à 1833, date à laquelle les Britanniques en ont pris le contrôle. Mais nous verrons plus tard que ce n'est pas aussi simple que cela. En tout cas, logiquement, les Argentins et les Britanniques ne devraient pas être les seuls à revendiquer les Malouines, vu qu'il y a sans doute eu quelqu'un d'autre avant eux. On remonte un peu plus loin dans le temps, un peu comme le ferait un télescope dont la puissance nous permet de voir de plus en plus loin dans le passé de l'univers, et là, on tombe sur des Iles Malouines appartenant aux Espagnols. Gérées par la puissance coloniale établie... à Buenos Aires. On pourrait donc penser que les Espagnols ont également des droits sur les Malouines, puisqu'ils en ont également été les propriétaires légaux.

Mais au fait, de qui les Espagnols tenaient-ils donc les Malouines ? Cédées à l'Espagne en 1767 par... la France ! C'est en effet Bougainville qui fut le premier à s'y installer véritablement en 1764, en compagnie de nombreux marins Malouins. C'est d'ailleurs de la ville de Saint Malo que les Iles Malouines tirent leur nom français. Mais alors, pardi, c'est la France qui devrait revendiquer les Malouines !

"Rendez-nous... les Malouines ! Rendez-nous... les Malouines !!"

Mais au fait, euh... les Français furent-ils vraiment les premiers à débarquer ou s'installer aux Malouines ? Eh bien non. Avant Bougainville, le Britannique John Strong y débarqua en effet en 1690, et donna à l'archipel le nom de Falklands. Encore avant lui, c'est le Hollandais Sebald de Weelt qui débarqua en 1600, et nomma ces îles "Sebald". Et avant lui encore, il y a eu John Davis, navigateur et explorateur anglais, en 1592. Des Amérindiens auraient visité les Malouines au seizième siècle. Une chose est sûre, il n'y avait personne sur les îles lorsque le premier Européen y posa le pied.

Cet embroglio de différents propriétaires, découvreurs et visiteurs au fil du temps n'aide pas beaucoup pour se forger une opinion au sujet de qui a le droit de posséder légalement ce territoire, d'autant plus que l'on ne s'est pas jusqu'ici demandé si les nations successives en sont devenues propriétaires par la force, ou si elles les ont acquises, ou reçues gratuitement, de façon tout à fait légale.

Par le canon, ou la négociation ? A l'époque de la présence française sur les îles, le Capitaine britannique John Byron arriva en 1765 à l'ouest de l'archipel et y fonda en 1766, au nom du Roi George III, un port, dans lequel s'établirent des Britanniques. Ca ressemble à une prise de possession illégale mais, pour sa défense, il faut faire remarquer qu'il ne savait même pas que les Français se trouvaient déjà dans les parages. Puis les Espagnols auraient acheté l'archipel aux Français en 1767. Tant pis, continuons quand même à les appeler "Malouines"... Trêve de plaisanterie, après quelques déboires et avoir frôlé la guerre, le Capitaine Byron put regagner son port. Plus tard les Britanniques durent se retirer (partiellement ? les sources semblent diverger) en raison des tensions provoquées par la révolution américaine, mais, comptant visiblement revenir, ils prirent garde à poser une plaque commémorative mentionnant leur souveraineté sur le territoire. En 1806, le Gouverneur espagnol s'en fut aussi, après avoir également pris soin de poser sa plaque. Il demeura ensuite une présence espagnole dans l'archipel jusqu'en 1811. Et, à la lecture de Wikipedia, c'est là que l'on commence à s'arracher les cheveux, notamment parce que les différents articles ne relatent pas les détails de l'histoire de la même façon.

Pour simplifier, en 1820, la Frégate argentine ("Provincias Unidas del Río de la Plata", à l'époque) "Héroica" étant endommagée par une tempête, elle fit escale aux Malouines, et son Capitaine y planta tout naturellement le drapeau de la Province, revendiquant la possession au nom de la Province. (2) Les Provincias Unidas n'eurent toutefois jamais vraiment le contrôle de l'archipel en raison du contrôle partiel visiblement conservé par les Britanniques. Après une série d'incidents, les Britanniques décidèrent de réaffirmer leur souveraineté sur l'archipel. Ce fut chose faite en janvier 1833 quand, à la requête des Britanniques, le drapeau argentin fut descendu et remplacé par le drapeau britannique, sans qu'un seul boulet de canon ou aucune balle ne soient tirés. Il faut dire que l'armée argentine était composée majoritairement (3) de mercenaires britanniques, qui refusèrent de se battre contre leurs compatriotes. Les Argentins préfèrèrent donc se retirer. Alors, comment analyser cette défaite argentine, et que faut-il en conclure ?

Les Argentins avaient-ils réellement le droit de hisser leur drapeau et revendiquer la possession de l'archipel lorsqu'est arrivé l'Héroica sur les côtes malouines ? Certes, la récupération de l'archipel, si l'on part du principe qu'il était bel et bien demeuré britannique, s'est faite sans effusion de sang, mais les Britanniques n'étaient pas non plus arrivés avec des bouquets de fleurs à la main, et nul doute que l'armée argentine ne se serait pas laisser ainsi expulser si elle avait eu les moyens de combattre. Une fois encore, une guerre a pu être évitée. Canon, non. Alors, négociation ?

Il demeure difficile de se faire une opinion quant à la souveraineté de l'archipel des Malouines si l'on ne se base que sur les faits historiques. 

A 480 kms des côtes argentines, à plus de 12000 des britanniques... En dehors des raisons vues plus haut, quelles motivations peut avoir l'Argentine à revendiquer les Iles Malouines ? Il semble logique que l'Argentine revendique aujourd'hui une terre située à seulement 480 kilomètres de ses côtes. Cependant, les détracteurs de l'Argentine font remarquer que ce qui compte, c'est le fait que le territoire revendiqué se trouve ou non dans les eaux territoriales du pays d'où émane la revendication. Or, les Falklands ne se situent pas dans les eaux territoriales argentines. Si cet argument est recevable, qu'est-ce que cela change, donc, que l'archipel se trouve plus proche, géographiquement parlant, de l'Argentine que du Royame Uni ? Il ne se trouve même pas dans la Zone Economique Exclusive de l'Argentine, puisque cette limite s'étend jusqu'à 200 milles marins au delà de celle des eaux territoriales d'un pays. (4) En conséquence, l'Argentine ne peut donc même pas revendiquer les Malouines comme zone de pêche exclusive. En 2009, l'Argentine a déposé devant l'ONU une demande d'élargissement de sa Zone Economique Exclusive, incluant une part de l'Antarctique disputée au Chili. Cette demande était-elle recevable ?

Et maintenant ? Les partisans du Royaume Uni ne manquent pas de faire remarquer que même si l'Argentine avait de bonnes raisons de considérer que les Malvinas lui appartiennent, il faudrait que ce pays balaye devant sa porte et rende au Paraguay les terres extorquées lors de la Guerre de la Triple Alliance

Et puis il y a le pétrole, qui ravive les tensions. Une prospection pétrolière dans les eaux malouines a été entamée en 2010. Les Argentins s'y sont fermement opposés et ont tenté de mettre des bâtons dans les roues des Britanniques. Le problème, c'est qu'actuellement les Falklands appartiennent de fait aux Britanniques, que cela soit justifié ou non, et ils ont par conséquent le droit de forer dans les eaux malouines et de posséder le pétrole qu'ils pourront y trouver. Il est difficile dans ce cas pour les Argentins de justifier leur "plaintes judiciaires devant les plus hautes instances, pour prospection et exploitation de ressources argentines". Qu'ils interdisent leurs ports aux navires britanniques transportant le matériel de forage est une autre histoire, et ils ont, on le suppose, parfaitement le droit de le faire.

Le problème des Malouines réside aussi dans le fait que chacune des parties, arguments à l'appui, considère que c'est dans son bon droit de vouloir posséder ce groupe d'îles. Les Britanniques, qui ne veulent pas entendre parler de céder les Falklands aux Argentins, refusent de négocier également en raison du fait que les habitants de l'archipel ne veulent en aucun cas devenir argentins.

A chaque anniversaire de la guerre de 1982, les tensions sont un peu ravivées. Cette fois, avec le trentième anniversaire qui approche, cela semble plus sérieux, et la situation est inquiétante.

Cependant, l'Argentine et le Royaume Uni sont-ils vraiment deux chauves se battant pour un peigne ?

Difficile, lorsque l'on n'est pas de parti pris, de se faire une opinion et prendre position. Peut-être faut-il, pour cela, approfondir un peu plus ses lectures, et pourquoi pas reprendre même le problème depuis le début.

Alors c'est reparti. L'Argentine prétend que les Malouines sont argentines, les Britanniques prétendent que les Malouines sont britanniques...

 

Notes.

(1) La majorité de ces trois mille personne est Britannique. Vivent également aux Malouines, selon Wikipedia-en, quelques Français, Portugais, scandinaves et Gibraltariens.

(2) Petit détail sans importance, le Capitaine en question, David Jewett, était Américain, né dans le Connecticut. Cela donna tout de même l'occasion de quelques polémiques. Jewett s'était mis au service de la marine de la Province. Plus tard, il se mit au service de celle du Brésil, et combattit contre l'Argentine.

(3) A près de 80% !! L'article de Wikipedia qui relate ce fait ne nous apprend pas pour quelle raison.

(4) Pour mémoire, 1 mille marin = 1852 mètres. La limite des eaux territoriales, quant à elle, se situe à 12 milles marins. Convertisseur en ligne

Source de la carte.



25 réactions


  • amiaplacidus amiaplacidus 10 février 2012 10:27

    Tient, Cameron utilise les même astuces que la mère Thatcher : fomenter des troubles extérieurs pour faire passer la pilule de la paupérisation du peuple britanique.


    • Surya Surya 10 février 2012 10:58

      Bonjour Amaiplacidus,

      Le problème c’est qu’à l’époque de Thatcher, ce n’était (à priori, car après tout on ne connait de l’histoire que ce que l’on veut bien nous en dire) pas elle qui avait commencé. Les Falklands ont été envahies, elle a répliqué en envoyant ses troupes.

      Il est possible que cette fois la Grande Bretagne ait envoyé ce destroyer sur place avant même que les Argentins ne se manifestent. De plus, une fois que les Argentins se sont manifestés, Cameron n’y est peut être pas allé de main morte dans ses déclarations, en effet, oubliant que l’Argentine d’aujourd’hui n’est plus celle d’hier, aux mains de la junte militaire belligérante qui croyait redorer son blason en envoyant ses troupes aux Malouines. Mal leur en a pris car cette défaite leur a coûté le pouvoir et finalement, cela a contribué à ramener la démocratie en Argentine.

      Cela dit, il y a toujours eu des mouvements de troupe aux Malouines côté britannique, qui y maintiennent une force de dissuasion. Mais là c’est sûr qu’avec le 30ème anniversaire qui approche, les choses sont différentes.

      Dans l’article sur le pétrole mis en lien, l’auteur évoque le fait que la Présidente de l’Argentine cherche à redorer son blason en mettant sur le tapis le problème des Malouines. Je ne sais pas si c’est vrai ou pas, mais lorsque l’on sait à quel point ce sujet est rassembleur en Argentine, c’est possible après tout.


    • Surya Surya 10 février 2012 11:38

      Bonjour cogno3, vous dites :
      « Il serait plus compliqué aujourd’hui pour les Argentins de reprendre les Malouines, la présence militaire Anglaise y étant plus forte qu’en 82 »
      C’est peut être pour ça que les Argentins disent ne vouloir les récupérer que par la voie diplomatique ? Personnellement je n’y crois pas du tout à une récupération de ces îles par voie diplomatique, car je n’ai rien trouvé oour l’instant qui puisse laisser penser que les Britanniques changeront d’avis et finiront par accepter de négocier pour quitter les Malouines.
      N’oublions pas non plus les habitants qui sont Britanniques et veulent le rester. Cela signifierait leur exode de l’île, et leur remplacement par des habitants argentins. Pas évident à imaginer non plus.
      Pour l’instant la reconquête côté britannique ne semble donc pas à l’ordre du jour, quant à l’Oncle Sam, en 1982 il a commencé par être côté argentin pour essayer d’endiguer la progression communiste en Amérique Latine, puis ils se sont ralliés aux Britanniques. Je me demande bien ce qu’ils feraient si malheureusement un nouveau conflit armé venait à éclater un jour dans la région.


  • Maiwl 10 février 2012 13:52

    Très bel article, plaisant à lire.


    Il y a un sujet que vous n’abordez pas : si le Royaume-Uni cède les Malouines, comment pourra-t’il ensuite prétendre garder Gibraltar ou l’Irlande du Nord ?


    • Surya Surya 10 février 2012 14:35

      Bonjour Maiwl et merci,

      En effet, et vous ne croyez pas si bien dire : je ne sais pas si vous êtes au courant ou pas, mais l’Ecosse réclame de façon très pressante son indépendance et demandent un référundum à ce sujet. Ca fait grincer pas mal de dents outre manche !


  • Taverne Taverne 10 février 2012 14:13

    J’ai mieux : deux poux se battant sur la tête d’un chauve. Chouette ! ça va relancer la production des Exocets. C’est bon pour notre balance commerciale. J’ironise...


    • Surya Surya 10 février 2012 14:38

      Ah oui, Taverne, c’est bien trouvé, ça  smiley L’avantage du peigne, c’est qu’il ne sert à rien aux personnes chauves. Cela dit, avec le pétrole, on se demande si de nos jours ils se battent toujours pour un peigne... Et en effet, la guerre ça sert souvent à relancer la machine économique...


  • easy easy 10 février 2012 14:13

    L’Historicité et le pédigrée d’un territoire n’est d’aucun secours pour départager son appartenance car c’est là un travail de juristes alors qu’au niveau international, c’est la loi de chaque Etat qui prévaut.

    Au niveau international et même sous l’égide de l’ONU, seul le rapport de force entre Etats concernés fait sens.



    Sur un forum comme celui-ci, pour en discuter avec une moindre utilité, il faudrait en rester à raisonner comme raisonnent les Chefs actuels. Il faudrait n’examiner que la balance des forces actuelles et toutes forces comprises.

    Il faudrait donc être fichtrement documenté et informé pour mener à bien ce travail de comparaison éclairant d’une décision.

    Du coup, nous pouvons procéder plus simplement et nous contenter de constater la situation actuelle d’où nous pouvons déduire que les Chefs des deux camps ont évalué que le rapport des forces était en faveur des Britanniques.

    Il y a un paramètre que je néglige alors, c’est celui de l’importance de la rue internationale, de la rumeur publique internationale à laquelle nous sommes en mesure de participer complètement sur ce forum. 
    Chacun des Etats considère ce paramètre dans l’examen du rapport de force. Mais la plupart du temps il le classe au dernier rang des importances.

    La Chine savait très bien qu’elle allait avoir la rue mondiale à dos en envahissant le Tibet. Mais elle n’a visiblement pas considéré ce paramètre comme important. 

    Idem quand nos chefs ont décidé de poursuivre nos essais nucléaires dans le Pacifique.

    C’est que la rue internationale, quand elle gronde contre un pays, peut être très aisément récupérée par les chefs de ce pays pour ressortir nationalement glorieux.


    • Surya Surya 10 février 2012 14:50

      C’est tout à fait pertinent ce que vous dites, Easy. Merci donc pour vos remarques.

      Ca n’est évidemment pas mon article qui va déterminer si les Malouines sont légitimement Britanniques ou devraient être cédées à l’Argentine. Ce n’est d’ailleurs pas pour cela que je l’ai écrit, mais bien pour montrer à quel point il est difficile de se faire une opinion sur cette question, et même comme il est facile de tourner en rond.

      Mais je ne souhaite pas me laisser influencer par la simple balance des forces actuelles dans la construction de mon point de vue, sinon c’est juste « la loi du plus fort », « celui qui hurle le plus fort qui a raison » etc...

      Je trouve primordial de toujours aller faire un tour du côté de l’histoire pour comprendre le présent, et même, au niveau des Etats, pour prendre des décisions justes et équitables. J’ai trop souvent le sentiment que ça n’est pas fait. Si l’on ne fait que constater la situation actuelle, on laisse de côté trop de paramètres primordiaux et l’on ne regarde le problème que dans sa superficialité.

      Pour ce qui est du Tibet, je ne suis pas sûre que la Chine se soit à ce point mis à dos la rue internationale. J’ai plus l’impression d’une vaste indifférence.


    • easy easy 10 février 2012 17:16

      Sur ce thème, il y a des débats à relancer constamment qui, quoique dépendant aussi et toujours de la loi de l’Etat le plus fort, offrent à la rue des arguments vraiment pertinents.

      Ce sont les débats sur les Etats qui souffrent d’un manque d’accès à la mer ou d’un accaparement d’eau en amont de leurs rivières.

      Offfh, ça ne produirait pas de changements concrets, faut pas rêver, mais au moins discuterions-nous en étant portés par une conviction éthique et archangiste forte.


  • Fergus Fergus 10 février 2012 17:26

    Bonjour, Surya.

    Comme cela a déjà été souligné, cet article est à la fois intéressant et très bien écrit. Difficile, quand on n’est pas directement concerné, de prendre parti. Cependant, je crois que c’est avant tout l’avis des habitants de ces îles qui devrait primer sur tout le reste. Et comme vous l’avez écrit plus haut, ils sont britanniques et entendent le rester.

    Cordialement.


    • Surya Surya 10 février 2012 18:32

      Bonjour Fergus et merci,

      Il est sûr que si un référundum était organisé aux Malouines, il n’y aurait pas beaucoup de monde pour voter le rattachement à l’Argentine qui, il me semble, à l’air d’avoir des vues sur d’autres parties du Pacifique Sud, y compris l’Antarctique. Et si tout le monde demandait à étendre sa Zone Economique Exclusive comme ils l’ont fait, ce serait le chaos.
      Si encore l’histoire montrait clairement que les Britanniques n’avaient rien à faire aux Malouines... mais ce n’est même pas le cas.
      Si encore les Malouines se trouvaient dans la ZEE, à défaut de se trouver dans les eaux territoriales... mais ce n’est même pas le cas.
      J’essaye en fait de ne pas prendre parti, parce qu’en effet je ne maîtrise pas, loin de là, tous les éléments du « dossier », mais j’avoue qu’avec les éléments dont je dispose, c’est difficile de ne pas pencher d’un côté plutôt que d’un autre.
      Ca ne doit pas être facile pour les habitants des Malouines de vivre avec cette épée de Damoclès au dessus de leur tête. J’espère que ça va se calmer, au sens où l’Argentine ne va pas hausser le ton. Mais ça n’a pas l’air d’être leur intention de toute façon.
      Très bonne soirée à vous,


    • Fergus Fergus 10 février 2012 23:24

      Bonsoir, Surya.

      A propos de ZEE, rappelons que la France est au 2e rang mondial en termes de domaine maritime, un fait auquel j’avaiks consacré un article en mai 2011 (La France : un géant maritime).


    • Surya Surya 10 février 2012 23:40

      Bonsoir Fergus,

      Je me souviens en effet de votre article. Je ne sais plus si j’y avais mis un commentaire ou pas, je retournerai y faire un tour ce week end.
      Le problème des possessions d’outre mer en France (je réponds au com que vous étiez en train d’écrire ci dessus en même temps que j’écrivais le mien) est sûrement différent, si l’on prend le cas de la Nouvelle Calédonie ou de la Polynésie, par exemple, ces deux régions sont pour moi des colonies car un peuple a autrefois été colonisé et privé durant longtemps du droit à son identité.


    • Surya Surya 10 février 2012 23:41

      ci dessous, pas si dessus
      Bonne nuit  smiley


  • Alexis_Barecq Alexis_Barecq 10 février 2012 19:47


    Regardez une carte : les English n’ont rien à faire aux Malouines.


    • Fergus Fergus 10 février 2012 23:25

      Bonsoir, Alexis.

      Que dire alors de la France et de ses nombreuses possessions d’outre-mer ?


    • Surya Surya 10 février 2012 23:35

      Bonsoir Alexis_Barecq,

      Le problème est qu’il ne peut s’agir dans le cas des cartes d’opinions personnelles ou de réactions émotionnelles : les Malouines font-elles ou non, juridiquement parlant, partie de la zone maritime attribuée à l’Argentine ? Non. Se trouvant au delà, les Argentins n’ont pas (juridiquement parlant, je le rappelle) plus le droit de les revendiquer qu’un archipel se trouvant dans une zone plus éloignée de leurs côtes. Il y a un droit maritime, que les pays sont tenus de respecter. Il y a aussi un droit international. Ce n’est pas pour rien qu’ils ont demandé l’élargissement de leur ZEE.
      Qu’ils les veulent parce que c’est pour eux un enjeu patriotique, ou parce qu’ils détestent les « English » ’je ne pense pas que ce soit le cas) ou que sais-je, est autre chose.

      Si on regarde une carte, l’Italie, dans ce cas, devrait sûrement revendiquer la Corse. (Cela dit, si les Corses souhaitaient devenir italiens, alors le problème se poserait d’une autre façon. Mais les habitants des Malouines ne veulent en aucun cas devenir argentins) 


    • Jean-paul 12 février 2012 01:26

      @Alexis-Barecq
      Avant de dire des conneries regardez sur la carte ou sont les iles Guernesey et Jersey ,elles sont british .


  • krolik krolik 11 février 2012 01:58

    La guerre des Malouines en 1982 a eu des conséquences ignorées, largement au-dela de l’Atlantique -Sud.

    la France avait vendu des exocets (misile de fabrication française) à l’Argentine... et avec un exocet le Sheffield a été coulé, apparemment ils avaient oublié de mettre en route le brouilleur, les leurres..la faute ..

    A cette époque il y avait les premiers essais en mer d’un sous-marin nucléaire d’attaque. Il plongeait pendant 6 heures et refaisait surface.. et là le pacha recevait les nouvelles.. Et il fut informé que le Sheffield avait été coulé par un exocet.. A ce moment le pacha du sous-marin pris le Jane’sDefence naval , et au feutre rouge fit une cfroix sur la silhouette du dit Sheffield.

    Ensuite, cette parole définitive : Champagne pour tout le monde !

    les pontons de Southampton, Bizerte, etc... ont laissé quelques traces dans notre « Royale ».

    Mais à la suite de ce succès, des Argentins sont venus en France pour acheter d’autres exocets.. Là ce fut un Niet, solidarité européenne.. pas question d’en livrer d’autres aux Argentins.

    Mais si vous ne voulez pas nous en vendre où pourrait-on en acheter ?

    Et bien on en a vendu à Saddam Hussein en Irak, vous pouvez lui demander.

    Et les Argentins d’aller à Damas..

    Effectivement nous avions des exocets, mais pendant la guerre avec l’Iran, une contre-attaque.. et les exocets sont passés en Iran.

    Et les Argentins décidés, en faisant trois tours d’avion sont arrivés à Téhéran.

    Et là aussi, un problème.. Oui nous avions trois exocets, mais nous ne les avons plus..

    Et la mission des Argentins s’est arrêtée là.

    Mais l’histoire avait eu une suite. de fait les Iraniens avaient récupéré trois exocets. Et un gars avait voulu comprendre le fonctionnement de ce missile, et il avait commencé à vouloir l’ouvrir.. saf que ces missiles étaient en position auto-protégée.. Et poum l’exocet a sauté..

    A ce moment un deuxième type est arrivé et a dit : J’ai compris, je vais ouvrir le second.. Et poum le deuxième type est parti en fumée..A ce moment les Iraniens ont compris qu’ils ne pouvaient rien tirer de ces missiles. Alors un gentil ambassadeur d’URSS à Téhéran a proposé un échange dee matériel. le troisième et dernier exocet était donc arrivé en URSS. Là les Soviets ont réussi à l’ouvrir.

    Des années plus tard j’ai rencontré un physicien russes qui avait expertisé le système autodirecteur infrarouge.. C’est lui qui m’a raconté la fin de cette histoire. Il avait trouvé que le système était très remarquable..Et ils avaient développé un système laser à éblouir les exocet, ou tout au moins à saturer l’autodirecteur... mais je ne vais donner les détails, ce serait trop long et cela ne serait que de la physique.

    @+

     


    • Surya Surya 12 février 2012 14:27

      Bonjour Krolik,
      Et après avoir vendu ces exocets aux Argentins, la France a ensuite, ai-je lu, aidé les Britanniques en 1982 en leur fournissant nombre d’informations capitales sur ces armes vendues, leur emplacement et des détails techniques par exemple.


    • krolik krolik 12 février 2012 15:19

      Oui, tout à fait.

      En vertu de la « solidarité européenne ».

      Mais c’est une histoire assez incroyable, ininventable, je trouve.

      @+


  • Georges Yang 12 février 2012 12:43

    On pourrait dire la même chose de la Réunion, île déserte découverte et redécouverte par les Arabes, les Hollandais, les Anglais et les Français, pourtant désormais personne ne conteste la souveraineté française


    • Surya Surya 12 février 2012 14:10

      Bonjour Georges Yang,
      C’est vrai, et si cette souveraineté était contestée, ce qui importerait sans doute le plus serait l’avis des principaux intéressés : les Réunionais eux mêmes.


  • HELIOS HELIOS 13 février 2012 05:37

    Chaque fois que les peruviens, les boliviens ou les argentins ont des problemes politiques, les gouvernants trouvent le moyen de detourner l’attention des populations en exasperant leur nationalisme.

    Nous pouvons dire la même chose en France, sauf que ce n’est pas le nationalisme qui prime mais de plus bas instinct, le dernier exemple vient bien de notre ministre de l’interieur et de ses propos sur les civilisations...

    Cela dit, en 1982 c’est la junte militaire argentine qui savait tres bien ce qu’elle faisait lorqu’elle a fait envahir les maloines. cela lui a permi de durer quelques mois, domage pour elle.

    Actuellement c’est Cristina Fernandez Kirshner, epouse de l’ex-president aux tentations sarkozystes (il a ete viré pour les même raisons que notre president va l’etre, apres que le FMI et la classe economique ait sucé le sang des argentins. ils n’avaient pas l’euro mais le dollar !!!

    Madame Fernandez, apres un premier mandat catastrophique ayant favorisé une partie des argentins, comme chez nous a été réelu, faute d’alternative politique, toujours comme chez nous. Pour se perpetuer a la tete de l’etat et surtout finir son mandat en paix, elle melange, encore comme chez nous, sa vie privée et sa fonction ---- elle a annoncé un cancer a la thyroide qui ne s’est pas confirme... --- 
    Elle fait tout pour controler le pays d’une main de fer, en soumettant la presse, tres populaire sur ses supports physiques (journaux papiers) en taxant fortement et en controlant la vente de cette matiere premiere indispensable pour diffuser les idées.

    Elle est en cela secondé par son fils, un vrai petit kim-jong-il en puissance, probablement le futur president si elle reussi dans son entreprise de sequestration du pouvoir. Le fils en question ne s’appelle pas Jean, il n’y a pas d’epad, mais l’esprit y est.

    donc ses gesticulations pour recuperer les malouines, alors qu’elle sait pertinament qu’elle ne recuperera rien du tout sont strictement liees a la politique interne.. Elle s’appuie actuellement sur le Mercosur en demandant a ses partenaires d’effectuer un blocus des iles, mais deux pays sont un peu reticents :

    d’abord l’uruguay --- qui est a l’argentine ce que le koweit est a l’irak, la 19eme province) qui voit d’un mauvais oeil la perte du quasi monopolistique transit maritime dans son port de Montevideo....

    ensuite le chili, qui a la seule ligne aerienne avec les malouines, une fois par semaine qu’empruntent evidement des chiliens, mais aussi les residents argentins des iles... mais là n’est par leur point de detail, puisque le chili fait face a des demandes répetées de la bolivie pour obtenir une sortie a la mer. Accepter la souveraineté argentine sur les malouines serait pour le chili accepter qu’une revendication de souveraineté soit possible, validant de fait la demande de la bolivie.... pas simple n’est-ce pas.

    Madame kirshner n’a pas formelement demandé au chili de suspendre ses vols, elle s’est contenté de rendre plus difficile les acces a certains aeroports argentins aux compagnies chiliennes (il y en a deux) afin de leurs faire comprende tout l’interet d’une saine cooperation. Comme rien n’est simple, il reste quand même quelques points de frictions de frontieres non regles a ce jour entre ces deux pays, ce qui complique encore un peu....

    A ce jour, seul les batreaux battant pavillon « Falkland » peuvent rencontrer quelques difficultées, mais il semblerait que ce ne soit que tres theorique, la loi du commerce etant actruellement la plus forte.

    En bref, Madame kirshner joue son action politique (calamiteuse) sur des themes qui n’ont rien a voir avec une bonne gouvernance, mais n’en est il pas ainsi dans beaucoup de pays ???


    Les anglais ont bien raison de prendre les devants en installant un bateau suffisament armé pour qu’un tentative « hostile » entraine un etat de fait a la chypriote. Un sous marin (nucleaire ?) circulerait egalement dans les parage. Les militaires argentins, ne sont plus assez fous pour tenter l’impossible, mais leurs patrons politiques n’ont peur de rien... alors, il faut bien comprendre de quoi il s’agit. Pretendre que l’angleterre n’a pas les moyens ets completement idiot. Il faut simplement que les uns et les autres soient persuadés de perdre pour que rien ne se passe.

    Dernier point inverifiable, bien entendu,... qui est lie a l’amitié musulmano-argentine... oui, oui, elle existe bien... et certains parlent « de detournement de force » en obligeant les anglais a mobiliser du materiel sur un autre theatre que le golfe persique rendant une decision d’attaque occidentale plus risquée.

    Rappelons au passage que les argentins sont tres forts dans ce domaine, puisqu’ils ont attendu que la bolivie et le perou declare la guerre au chili en fin du 19eme siecle, que les uns et les autres s’eppuisent, au nord, en combats pour attaquer le sud du chili et prendre une grande partie de la patagonie qui ne leur appartenait pas !.


    Voila, j’espere que vous m’avez lu jusqu’au bout....


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