samedi 25 avril 2009 - par Abolab

Energie, est-ce encore une question de temps ?

Dans un monde en proie aux divisions nationales et culturelles et à la guerre sécuritaire et économique, le problème de l’énergie, dépendant du seul et unique espace vital qu’est la planète Terre, est à l’origine de nombreuses inquiétudes individuelles et collectives. La prise de conscience toujours un peu plus marquée de l’épuisement des ressources naturelles, mais également de l’impact des activités humaines sur son environnement, conduisent à questionner la validité de nos modèles psychologiques et sociaux de développement.

La mondialisation et le développement entier de l’économie au niveau international, sont basés en grande partie sur le pétrole. Par contingence matérielle et géologique, le pétrole, dont la production naturelle repose sur des cycles de transformation très longs à l’échelle humaine, est en passe de devenir une denrée dont les réserves sont en déclin, sans que rien ne puisse en inverser la tendance. Ainsi, il a été établi par des organismes d’expertise internationaux que le pic de production pétrolière, au-delà duquel cette même production ne pourra qu’inexorablement décroître, se situerait à quelques années près dans la période actuelle, entre 2007 et 2010.

Nous vivons donc sans bien souvent nous en rendre compte -tant les médias semblent préoccuper par l’information-distraction, les idéologies personnelles ou de groupe, et la bêtise à court terme-, une période charnière dans le développement matériel des civilisations humaines, dont la richesse actuelle relative des principaux pays industrialisés, repose historiquement et quasi entièrement sur la consommation de pétrole. Sans pétrole, plus de moyens de locomotions individuelles ou collectives, plus d’industrie telle que nous les connaissons. Mais il ne s’agit pas d’imaginer un monde tout à coup exempt de pétrole, ce qui ne serait qu’une abstraction.

La lente décroissance de la production pétrolière qui va affecter l’économie mondiale pose ainsi un problème paradigmatique de développement de nos civilisations actuelles. Si les pays les plus industrialisés reposent pour une grande part sur la consommation de pétrole, la décroissance de cette production, dont le début est signalé par l’existence statistique d’un pic, va imposer tout naturellement à ces pays la recherche de nouvelles formes d’énergie pouvant possiblement remplacer le pétrole, et se substituer à sa consommation, afin de maintenir leur modèle de développement économique, ainsi que la structure des sociétés actuelles.

Si les solutions technologiques de substitution du pétrole s’avèrent inefficaces ou insatisfaisantes, comme c’est le cas avec les agrocarburants dans un monde toujours en proie à la famine et où la problématique agricole apparaît comme catastrophique dans certaines de ses régions, les sociétés actuelles devront inévitablement revoir leur paradigme de développement, face au risque de s’engager dans des politiques de régression et de conflits importants au niveau international. En effet, s’il existe des sources d’énergie multiples et notamment en ce qui concerne l’électricité, aucune alternative sérieuse au pétrole ne semble actuellement exister en ce qui concerne les carburants liquides.

Le débat public sur ces questions a également vu l’arrivée de manière assez récente la prise en compte des considérations environnementales, sanitaires et éthiques de la problématique énergétique. Ces considérations sont-elles compatibles avec un monde divisé en nations poursuivant chacune leurs propres intérêts particuliers ou regroupés en communautés, et donc chacune en compétition parfois guerrière avec le reste du monde ? En effet, la promotion du sentiment national, de valeurs isolatrices et conflictuelles que sont les valeurs culturelles fermées au sein de frontières distinctes, sont incompatibles avec la recherche de solutions globales à long terme, non seulement au problème énergétique, mais également aux problèmes alimentaires et matériels de l’humanité prise dans son ensemble, indépendamment des divisions arbitraires que l’homme a créé pour sa propre sécurité personnelle, physique et psychologique.

Et ces conditions arbitraires que l’homme a créé pour se protéger, ou s’isoler, ne sont-elles pas aujourd’hui déjà source de guerres et de conflits en tout genre ? Ne sont-elles pas en fait à la source de l’insécurité tant matérielle que psychologique qui existe sur la planète ? Si les conditions de l’insécurité sont déjà présentes actuellement et générées par les divisions idéologiques entre populations, nations et groupes dans leur recherche d’une sécurité qui n’existe pas, car toute relative, comme en témoignent les problèmes, guerres, et conflits insurmontables et sans fin que connaît l’humanité, le temps changera-t-il quelque chose à l’affaire ?

Les hommes créant des images d’eux-mêmes, nationales, religieuses ou autres, en tant que français, américain, italien, chinois, afghan, ou catholique, musulman, bouddhiste...etc, contribuant à la division de l’humanité, ne sont-ils pas responsables des guerres et des conflits de ce monde, dont le versant énergétique n’en est peut-être qu’un des aspects superficiels, bien que très visible et d’importance, car matériel ? Enfin, si ces images sont à la source de ces problèmes, images qui sont créées par la pensée, mettre fin à ces images est-il une question de temps ?

 

crédit image : Tropos Dokumentar

"Le pic du pétrole imposé par la nature"



8 réactions


  • paul muadhib 25 avril 2009 16:38

    Salut abolab, a propos du pic oil, les info sont contradictoires, je n arrive pas a me faire une idee correcte a travers ce que j ai pu lire.n hesitez pas a fournir des liens sur le sujet.
    Sinon l epoque semble propice a quelque chose, dans quel sens ??
    a titre personnel je trouve que ca force l humain soit a la soumission, soit a la revolte ,soit a autre chose....
    je penche,pour ma vie sur le cote ..autre chose.
    salutations.


    • Abolab 25 avril 2009 20:56

      Salut Paul, sur la question du peak oil, je recommande le visionnage du documentaire indiqué en fin d’article qui est très bien fait. amitiés.


  • Thierry LEITZ 25 avril 2009 21:38

    Paradigme de développement ou modèle de référence du développement basé sur l’énergie abondante et commode d’utilisation, le pétrole.

    Les moteurs diesels des camions, navires, trains, voitures et centrales thermiques font littéralement « tourner » le système. Si le gas-oil ne disparaitra pas du jour au lendemain sa raréfaction progressive risque d’engendrer des crispations internationales dont on se passerait volontiers, et qui sont le corollaire du refus d’évoluer ensemble radicalement.

    Imaginer un monde avec moitié moins de transports, ceux restants étant de type ferroviaire puis électrique en local puis musculaire (vélo, cheval, pieds...)

    Ce qui supposerait des politiques massives et concertées sur les infrastructures, l’orientation des investissements, la standardisation des vecteurs énergétiques et leur accès à moindre coût partout sur terre.

    Difficile à mettre en oeuvre tant que les dirigeants -et les dirigés- raisonneront « national » et pire encore « paranationaliste » intoxiqués par ce concept fou de « compétition internationale »

    On est loin d’un début d’espérance de voir triompher la sagesse en ce bas monde qui consacre 1300 milliards de $ pour l’armement !

    Pour sauver la terre de l’injustice, peut-on compter sur les hommes qui précisément l’ont créée ? Nullement. Or ceux sont eux qui sont au pouvoir ou qui en sont passionnés.

    La vraie justice ne viendra que du Créateur. La terre est Sa propriété, nous en sommes bénéficiaires à titre gratuit... Sauf à considérer que l’obéissance aux lois de Dieu est notre loyer. Un loyer modéré en regard des prestations dont une partie seulement nous est accessible, un échantillon de vie (80 ans), temps limité pour jouir de la vie, mais suffisant pour l’apprécier et imaginer ce qu’elle pourrait être sans la domination humaine avide et brutale. (Psaumes 146:3 - Isaïe 45:18 - Daniel 2:44 - 2Pierre 3:13)

    Sous le Royaume de Dieu, la vie sera un paradis terrestre de joies renouvelées, et infinies comme la pérégrination d’un voyageur autour de la Terre, Ronde, à la fois finie et infinie.


    • Abolab 25 avril 2009 22:00

      Bonsoir,

      Dans votre message, tout va bien jusqu’à la deuxième phrase en caractère gras, et il apparaît que nous sommes en accord sur le diagnostic de la situation.

      Ensuite, il me semble que vous résolvez sa difficulté et sa complexité par une fuite dans l’imaginaire religieux et ses croyances, qui peuvent très bien être elles aussi d’authentiques illusions créées par l’esprit humain dans sa quête de pouvoir.


    • Abolab 25 avril 2009 22:35

      Je vous invite à la lecture d’un de mes précédents articles notamment sur cette question de l’héritage religieux chrétien, dominant en Europe.


  • nightflight nightflight 25 avril 2009 23:25

    Bonsoir Abolab ;

    Nous vivons dans un monde axé sur la consommation et le commerce.

    L’énergie est à l’image du fonctionnement que nous nous sommes donnés : Toutes nos sources d’énergie sont basée sur des échanges économiques, où toutes les ressources fossiles où minérales de la planète sont vendues à ceux qui produisent l’énergie, celle-ci étant finalement revendue au consommateur.

    Ce mode de fonctionnement a créé d’énormes intérêts doublés d’énormes investissements qui font que la donne changera avec difficulté.

    C’est ce qui explique, par exemple, la difficulté que nous ayons à envisager l’automobile électrique, et que d’ores et déjà un nouveau « business model » se profile à l’horizon (Je pense ici à Better Place), où les bénéfices réels d’un progrès, risquent d’être interceptés par d’habiles financiers.

    Là où un moteur électrique coute beaucoup moins cher à produire qu’un moteur à explosion, et où le rendement énergétique (Hors production électrique, mais cela peut évoluer) est très supérieur, nous risquons de voir apparaître une offre moins attractive que prévu.

    Si nous avions la sagesse de normaliser les profits en intégrant un plafonnement des bénéfices, en fonction de l’investissement initial, et que nous instaurions des mécanismes économiques correctement interfacés les uns avec autres, avec la mise en place de systèmes régulation dignes de ce nom (Comme dans tout processus industriel), nous pourrions peut être sortir de ce modèle économique qui pèse comme un boulet.

    Car la réalité est bien crue : Le niveau technologique auquel nous sommes parvenus permettrait à présent de répondre aux besoins de chacun, et d’éradiquer la misère et la guerre. Malheureusement, les sphères financières sont venues pervertir et vampiriser les bénéfices liés à la technologie, qui auraient du être équitablement réparties entre tous les humains.

    Notez bien que les finances internationales actuelles ne sont que l’évolution d’autre maux qui ont existé dans le passé, chaque individu (Ou presque) de se monde ayant pour objectif d’accumuler le plus de biens possibles, peut être pour se mettre à l’abri du besoin (Instinct de conservation), peut être parce l’égo ressent beaucoup de bien être à posséder plus, peut être encore parce que nous avons trop souvent tendance à prolonger les structures du passé (Manque d’analyse et de créativité), je vous avoue que je ne sais pas très bien.

    Quoi qu’il en soit, le résultat est que les phénotypes les plus favorables se hissent au niveau des sphères dominantes et remporte la mise. A cet égard, il est regrettable que l’altruisme ne fasse pas partie des fonctions vitales au même titre que le fait de devoir respirer et manger.

    Il faut d’ailleurs admettre que les modèles alternatifs au modèle libéral ont échoué à offrir des alternatives viables.

    Pour alimenter le dernier volet du commentaire de Thierry LEITZ, je dirais que si l’on est croyant, on peut croire que tout ce qui existe appartient à Dieu, ce qui ne dédouane pas pour autant de constater que dans le monde qui est le notre, et même si l’on peut considérer que l’être humain est beaucoup plus qu’un animal, chaque entité vivante s’adapte à son milieu ou disparaît, et qu’il semble à notre charge de trouver les solutions aux problèmes qui sont les nôtres. Le supplément que nous possédons par rapport aux autres formes de vie, étant que le Créateur nous a laissé des instructions pour que les choses aillent dans le bon sens.


  • Jean Lasson 25 avril 2009 23:34

    @ l’auteur,

    « [...] aucune alternative sérieuse au pétrole ne semble actuellement exister en ce qui concerne les carburants liquides. »

    Je suis partiellement en désaccord avec vous. Distinguons les modes de transport.

    • Bateau : l’alternative pourra être la chaudière nucléaire (que ce soit souhaitable ou pas),
    • Train : l’électricité (électrification des voies ferrées qui ne le sont pas encore),
    • Transport routier (camion, bus, car, voiture) : l’alternative sera l’électricité (batteries rechargeables). Les solutions techniques existent et sont au niveau du moteur à combustion interne, sauf en ce qui concerne l’autonomie. Mais les réseaux d’échange-minute de batteries dans les stations-service sont déjà en développement, notamment aux USA. La faible capacité des batteries est en partie compensée par le bien meilleur rendement du moteur électrique comparé au moteur à combustion interne : 80 % pour l’électrique, alors que nos moteurs à explosion ont un rendement autour de 20 % (avec une limite théorique indépassable de 25 %). Bilan, une voiture électrique parcourt 100 Km avec l’équivalent énergétique d’un litre d’essence. 
    • Avion : là, oui, rien ne peut aujourd’hui remplacer le kérosène (peut-être l’hydrogène, mais sans moi, merci smiley )

  • Abolab 26 avril 2009 21:46

    On peut également remarquer que les alternatives au pétrole énumérées ne sont pas des sources directes d’énergie -bien que le pétrole subisse lui aussi des cycles de transformation et de raffinage-, mais pour la plupart, des productions d’énergie industrielle coûteuses, et aux impacts environnementaux et sécuritaires certains (pensons juste au nucléaire et à ses implications). Les énergies dites renouvelables (solaire, vent, géothermie, marées...) représentent quant à elles actuellement un pourcentage minime de la production globale d’énergie, tandis que la production d’hydrogène de manière industrielle se fait elle aussi à partir d’essence, de gazole, voire de bioéthanol. Dans ces conditions, la décroissance de la production pétrolifère et ses implications géopolitiques sont un réel problème que la technologie n’est pas actuellement en mesure de résoudre dans toute sa complexité, sans compter le manque d’implication politique, médiatique et industrielle autour de ces questions, dans le débat public.

    Pour quelques liens d’informations supplémentaires sur le Peak oil (en anglais), voir par exemple le site du documentaire référencé dans l’article :
    http://www.troposdoc.com/


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