jeudi 8 mai 2008 - par Euros du Village

G. Kepel et F. Heisbourg : Quelles conditions pour réussir l’Union pour la Méditerranée ?

Discussion entre deux spécialistes reconnus des problématiques méditerranéennes.

Le premier est un des académiques français incontournables lorsque l’on traite des questions liées au Proche et au Moyent-Orient, le second est président du Conseil d’administration du prestigieux International Institute for Strategic Studies (IISS) basé à Londres et grand spécialiste des questions géopolitiques dans la région. Ce sont ces deux "sages" des questions méditerranéennes que les Euros du Village vous proposent d’écouter débattre du projet d’Union pour la Méditerranée. Des conditions préalables à sa réussite, notamment en tirant les enseignements de l’échec du processus de Barcelone, aux difficultés internes à la région, G. Kepel et F. Heisbourg partagent au moins l’idée que le moment n’a jamais été aussi opportun pour que l’Europe agisse enfin dans la région.
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G. Kepel est le premier à prendre la parole sur la question de la "méthodologie" à suivre pour réaliser l’Union pour la Méditerranée. Ce dernier répond ainsi que l’étape incontournable dans la construction d’un projet de ce type est la définition des frontières avant tout géographiques du projet. Se plaçant en porte-à-faux avec les propositions initiales de M. Guaino et, en partie, avec celle formulée récemment au niveau du Conseil européen, G. Kepel défend l’idée d’une nouvelle "Venise" qui engloberait non seulement tous les pays européens mais aussi, au-delà des pays riverains de la Méditerranée, les pays du golfe arabo-persique. Revenant sur l’échec de la stratégie américaine dans la région, il juge le "timing" de la proposition française excellent.

G. Kepel et F. Heisbourg

Gilles Kepel est un politologue français, spécialiste de l’Islam et du monde arabe. Il est professeur des universités et directeur de la chaire « Moyen-Orient Méditerranée » à l’IEP de Paris. Par ailleurs, il est directeur scientifique du premier cycle Moyen-Orient Méditerranée de l’IEP à Menton. Il est diplômé en arabe et en philosophie, il a deux doctorats, en sociologie et en science politique. Il a aussi enseigné à la New York University en 1994 et à la Columbia University, également à New York, en 1995 et 1996.


François Heisbourg est président du Conseil d’administration de l’International Institute for Strategic Studies (IISS), basé à Londres, et expert du projet Strengthening the Global Partnership du Center for Strategic and International Studies basé à Washington. Il est ancien membre de la représentation permanente de la France à l’ONU, ancien conseiller au ministère français des Affaires étrangères, ancien vice-président de MATRA Défense Espace et ancien directeur de la Fondation pour la recherche stratégique.

F. Heisbourg revient de son côté sur l’échec européen du processus de Barcelone, né notamment de ses dimensions trop politique (niveau de décision) et bureaucratique (méthode) ayant négligées la société civile. Au-delà des objectifs purement politiques, l’Union pour la Méditerranée devrait selon lui aussi prendre en compte les dimensions économiques, sociales et sociétales prenant ainsi le contre-pied du processus de Barcelone, qualifié de "tout sauf rusé" tant sur les objectifs que sur la méthode.

Répondant ensuite à la question de la capacité de l’UE à relever le défi de l’Union pour la Méditerranée, G. Kepel a rappelé que la "fenêtre d’opportunité" de l’UE pour agir dans la région n’a rarement été aussi large. L’échec américain dans la région laisse ainsi selon lui un créneau vide pour l’UE, créneau qui, s’il n’est pas rapidement occupé, risquera d’entraîner une grande instabilité à tous les niveaux. L’Union européenne se trouve ainsi aujourd’hui "mise devant ses responsabilités". Renchérissant l’analyse faite par F. Heisbourg de l’échec de Barcelone ("tout le monde s’en foutait de Barcelone"), G. Kepel appelle également de ses vœux la mise en place de coopération dans les domaines économique, social et universitaire. L’échec de "l’Union de Guaino (en référence à la proposition initiale formulée par le conseiller du Président français)" tient quant à lui à la coloration trop bureaucratique dont elle était teintée. Si la présidence française veut réussir, elle doit ainsi "être capable de mobiliser, au-delà de la société française, sociétés européennes et sociétés du Sud".

Selon F. Heisbourg, à la question "est-ce que l’Europe peut et est ce que l’Europe va réussir". A la première question, M. Heisbourg répond qu’a priori l’UE peut réussir car son poids économique et commercial est supérieur à ceux des Etats-Unis et de la Chine. Il rappelle néanmoins que ces variables "objectives" ne suffisent pas à garantir la réussite du projet et que les motivations des Européens sont très inégales dans le projet. Critiquant l’approche initiale adoptée par MM Guaino et Sarkozy et ayant conduit à des tensions avec l’Allemagne, M. Heisbourg explique aussi que la réussité du projet dépendra de la mobilisation sur les rives Sud et Est du bassin méditerranéen. Les obstacles sont ainsi nombreux : conflit israélo-palestinien, mais aussi tensions algéro-marocaines et libano-syriennes constituent ainsi des entraves potentielles avec lesquelles il faudra composer et qui détermineront aussi la réponse à la question "l’Europe va-elle réussir ?".

Par Pierre ROCA, Mathieu COLLET , Benoît ROUSSEL, Filip ENGEL, Begum BULAK



5 réactions


  • W.Best fonzibrain 8 mai 2008 13:28

    cette idée d’union mediteranéene se résume à fixer les population du sud pôur pouvoir faire un tri des meilleures elements immigrable,et neutralise aussi toute velleité d’une union africaine independante de l europe et du reste du monde.

    bref super programme


  • katalizeur 8 mai 2008 15:51

    heill sbourg est le neo con incontournable des" talk show" televisés (c dans l’air etc ....)quand il s’agit de pourrir les arabes et les musulmans en particulier

    @ l’auteur qu’es ce que ce fumeux institute (iisi) a de prestigieux.....rien

    pour ce qualificatif, je vous moinse pour le reste toujours le meme bavardage n’est il pas monzieur heil sbourg


  • bernard29 candidat 007 8 mai 2008 18:14

    vraiment pas envie d’écouter ce vaniteux de François Heisbourg. Tout à fait d’accord avec Kataliseur sur ce point.

    Un exemple déclaration de Heisbourg ;

    • - M. Heisbourg explique aussi que la réussité du projet dépendra de la mobilisation sur les rives Sud et Est du bassin méditerranéen ....

    Ca c’est sûr , si tout le monde est mobilisé , y a pas de soucis ; et comme dit l’autre "il n’y a pas besoin de sortir de Saint Cyr" ou de l’Institut de streatégy mondiale dont le siège est à Londres, mais qui nous représente dans la représentation française à L’ONU. "Un payé à rien foutre" oui !


  • W.Best fonzibrain 8 mai 2008 18:22

    j ai lu pas mal de livre de keppel,et meme si je partage pas ses point de vu,il est tres bien documenté,dans al quaida dans le texte j ai appris que les mentor,les penseurs qui ont creé le neoconservatisme sont d’anciens trotkiste dont beaucoup sont juifs,et leurs argument fétiche est que les democratie sont trop molle pour pourvoir et survivre l’attaque des pays fasciste et pouvoir imposer ce systeme democratique.delirant !!!!!!!!

    mais keppel fait le jeux de cette fausse guerre contre le terrorisme en melant des faits reel relatif à la nebuleuse islamiste et la manipulation qui en faite par les usa.

    il est fort l’animal,je vous conseille de le lire mais ne le croyez pas,fitna (le livre pas la video) par exemple nous montre bien son parti pris


  • dom y loulou dom 9 mai 2008 02:42

    on demanderait surtout aux pays méditerranlens de ne pas tomber dans ce vil piège sioniste inventé uniquement pour torpiller l’europe. Diviser encore et encore voilà le but de cette manoeuvre, comme ce fut le cas déjà de la création de la communauté européenne, les pays européens étaient bien plus unis avant l’avènement de la CE...

     

    Ensuite on s’est dit ok, on pourrait améliorer l’ensemble du coup avec ce bastringue, mais ce bastringue est voulu coercitif, dictatorial. Chaque jour qui passe nous en donne les preuves accablantes.

    Ferait aussi un beau squat le parlement européen non ?


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