samedi 28 juin 2008 - par Alexandre Latsa

Gazprom à la conquête de la planète

Le Monde du 11 juin titrait que Gazprom envisageait de tout simplement devenir le premier groupe mondial, ce qui à l’évidence devient plus plausible chaque jour ! Alexeï Miller, qui toujours selon Le Monde "fuirait les médias comme la peste", aurait annoncé lors d’une réunion d’hommes d’affaires que : "Gazprom était certaine de devenir la première société mondiale dans sept ou huit ans, et pas seulement dans l’énergie... En se déployant tous azimuts (Asie-Pacifique, Amérique du Nord) et en investissant dans le gaz naturel liquéfié, les pipelines, le pétrole, l’électricité, le trading des hydrocarbures, le marché du CO2... Ainsi qu’en France, où il envisage d’être à terme l’opérateur de référence".

Au milieu de la première décennie la capitalisation boursière du groupe atteindra 1 000 milliards de dollars (contre 343 milliards actuellement), a estimé M. Miller notamment car : "la rareté des hydrocarbures va pousser le prix du baril à 250 dollars et les réserves gazières de GAZPROM seraient aujourd’hui huit fois supérieures à celles d’ExxonMobil, la première major occidentale concurrente ». En outre GAZPROM devrait investir en 2008 30 milliards de dollars (dont la prospection géologique) ce montant faisant de lui le N°1 du secteur pétrolier et gazier en termes d’investissements, loin devant Shell et BP.

Que l’on en juge par les chiffres : Gazprom « Газпром » est depuis 1954 le premier exploitant et le premier exportateur de gaz au monde. Depuis 2005, elle est aussi un acteur majeur sur le marché mondial du pétrole. Plu grosse entreprise de Russie, 3ième capitalisation boursière au monde nous l’avons vu, Gazprom a contribué pour 20% aux recettes budgétaires de l’état russe en 2005 et à 8% du PIB Russe. Elle emploie plus de 300 000 personnes. La société possède plus de 90% du gaz naturel russe, tout en contrôlant 16% des réserves mondiales. En plus de ses réserves de gaz naturel, et du plus grand réseau de pipelines au monde, elle détient des positions dans les banques, l’assurance, les médias, la construction ou l’agriculture...

L’Europe au main de Gazprom, l’interdépendance Energétique

Pour mémoire Gazprom a fourni à l’Europe occidentale 25 % de ses approvisionnements en gaz naturel en 2005. Les États baltes et la Finlande sont dépendants à 100%, l’Autriche à 55%, l’Allemagne à 37%, la France à 21%. Le gaz en direction de l’Union européenne est transporté essentiellement via l’Ukraine (80%) et la Biélorussie (10%). Après la résolution des crises Ukrainiennes et BiéloRusse en 2006 (pays essentiels pour le transit), l’Ukraine va dès 2009 acheter le gaz au prix Européen et Gapzrom a acquis en BiéloRussie 50% de la principale société Biélorusse Beltransgaz.

Cette Gazpromisation générale préoccupe l’Europe mais pour GAZPROM il ne s’agit que "d’interdépendance". Pour preuve la nouvelle relation entre Gazprom et GDF : Gazprom livrera jusqu’en 2030 12 milliards de mètres cubes de gaz par an à GDF qui, en échange, rétrocède à Gazprom 1,5 milliard de m3 pour alimenter la filiale de distribution de Gazprom en France.

Cette « interdépendance » se traduit également par le développement des bilatérales entre la Russie et certains états Européens, comme pour South-Stream avec l’Italie ou encore avec l’Autriche et la Slovénie qui viennent aussi de donner leur accord ou encore avec l’Allemagne via North Stream (dont la production devrait d’ailleurs augmenter), ce qui semble satisfaire l’UE.

Cette prise de position de la Russie via GAZPROM pour les approvisionnements vers l’Union rend quasi certain le succès de South-Stream, d’autant plus que le projet concurrent NABUCCO semble paralysé par les dissensions internes, entre Turcs et Francais notamment. Malgré tout, Gazprom cherche à rassurer les Européens, pour preuve la très récente proposition de Dmitri Medvedev de créer des consortiums gérant les conduits de transit, avec la participation de la Russie, de l’Union européenne et des pays transitaires.

Hormis cette toute Orthodoxe proposée aux Européens,(déjà traitée ici) l’empire GAZPROM est en train de construire deux autres immenses routes énergétiques, la route arctique, et la route Eurasiatique.

La route Arctique de l’énergie : la conquête du grand nord Américain

GDF a en effet fait entrer Gazprom dans un projet de terminal de gaz naturel liquéfié en ... Amérique du nord !

Le 15 mai 2008, Gazprom a signé un accord avec PETRO CANADA pour fournir 100% du gaz naturel à destination du terminal méthanier Rabaska. Qu’est ce que Rabaska ? Un partenariat entre trois sociétés (Gaz Métro, Enbridge et Gaz de France) consistant à construire un terminal capable d’accueillir des navires méthaniers qui transportent du gaz naturel liquéfié (GNL) avant que celui ci ne soit par la suite regazéifié pour être injecté dans le réseau de transport de gaz naturel du Québec et de l’Ontario. Cet accord signé entre PETRO CANADA et GAZPROM permettrait la fourniture cinq milliards de mètres cubes par année aux marchés du Canada et des Etats-Unis. Les bruits de couloir laissent entendre que le contrat d’approvisionnement pourrait être d’une durée de 25 ans et sa valeur pourrait dépasser les 20 milliards de dollars. La fourniture se fera par l’extraction du Gaz du gisement Chtokman. Découvert en 1988, Chtokman est situé dans la partie centrale de la mer de Barents, à environ 450 kilomètres au nord-est de la ville de Murmansk, en Russie. Le gisement est l’une des plus grandes réserves de gaz naturel au monde puisque ses réserves sont estimées à 2 % des réserves mondiales de gaz conventionnel. Les difficultés d’extraction arctiques du gisement nécessitent la construction d’un gazoduc sous-marin de 500 km de long soit le plus du monde, situé de plus en milieu polaire. En 2007, GAZPROM a annoncé que la collaboration d’extraction se ferait avec la société Francaise TOTAL, qui obtiendrait 25 % des parts du consortium, le reste à GAZPROM.

Cette « offensive outre-Béring », dans le grand nord Américain ne s’arrête pas la, Gazprom s’est dit également intéressé par le projet de gazoduc géant reliant l’Alaska au Canada et au reste des Etats-Unis. "Nous sommes intéressés par une participation à un projet d’ampleur comme la construction d’un gazoduc en Alaska et avons déjà soumis des offres à nos partenaires ConocoPhillips et British Petroleum", a déclaré récemment Alexeï Miller.

* Le projet, baptisé Denali, pourrait transporter 113 millions de m3 par jour, depuis le gisement de North Slope en Alaska jusqu’à l’Alberta (Canada) puis, via un second gazoduc, vers le reste des Etats-Unis. Ce projet (d’un coût final de plus de 20 milliards de dollars) serait l’un des plus grands projets privés jamais réalisés en Amérique du Nord.

* Le projet « Prirazlomnoye Oil Field  »ce champ de pétrole est situé dans la mer de Barents témoigne bien (tout comme le gisement Chtokman) de l’évolution fondamentale en cours au coeur de la stratégie GAZPROM pour la maîtrise des sources d’énergie : la diversification (gaz liquéfié, pétrole ...) et la conquête de l’arctique et de son potentiel jugé très prometteur via de nouvelles techniques Off-Shores.

* Yuzhno-Russkoye field est encore un exemple de l’alliance Russo Allemande visant à assurer la sécurité énergétique stable en Europe. Une gigantesque réserve de gaz et pétrole a en effet été découverte dans dans le district des Yamal-Nenets, les réserves seront exploitées par Severneftegazprom, en collaboration avec la société Allemande BASF AG. Ces réserves devraient notamment servir à alimenter le terminal North Stream dont GAZPROM vient d’annoncer la hausse des livraisons ce qui semble satisfaire l’UE.

* Le projet Zapoliarnoïe en Sibérie du nord, qui sera exploité en collaboration par Shell et Gazprom. Celui ci produira d’ici 2011 jusqu’à 30 milliards de mètres cubes de gaz par an et Gazprom espère maintenir ce niveau de production jusqu’en 2019. Les réserves avérées de Zapoliarnoïe représentent 3.400 milliards de mètres cubes de gaz, soit, selon certaines estimations, 7% de la totalité des réserves russes.

La route Eurasiatique de l’énergie : la conquête de l’orient

La politique de Gazprom ne concerne pas que l’Occident (Europe - Amerique du nord). Hormis les projet à destination de l’Europe (South Stream et North Stream), et de l’Amérique du nord (Shtokman), GAZPROM s’est lancé dans une conquète de l’Est et de l’Asie centrale, réelle route Eurasiatique de l’énergie. Comme la société l’explique parfaitement sur son site internet : l’établissement d’infrastructures (production, transport et système d’approvisionnement) en Sibérie et en extrême-Orient sont les plus grandes priorités pour Gazprom dans une perspective à long terme. Cette redistribution énergétique vers l’Asie pourrait même selon certains spécialistes amener à ce que d’ici 10 à 15 ans la Russie abandonne l’Europe pour ne se consacrer qu’à l’Asie.

* Blue Stream

Le gazoduc Blue Stream existe depuis novembre 2005 grâce à une participation de la compagnie russe Gazprom, de la compagnie turque Botas et de la compagnie italienne ENI. Il s’agit d’un gazoduc de 1213 km de long qui fournit le gaz russe via la mer Noire pour la Turquie.

Dès 2005, le président russe Vladimir Poutine et le président turc Recep-Tayyip-Erdogan envisagèrent la possibilité de l’extension du gazoduc Blue-Stream à partir de la Turquie à travers la Bulgarie, la Serbie, la Croatie jusqu’à la Hongrie, mais depuis le 23 juin 2007 et l’accord Italo-Russe (ENI et Gazprom) pour le projet « South Stream » c’est ce dernier qui remplacera une partie de l’extension prévue du gazoduc Blue Stream. Récemment, Gazprom a annoncé une augmentation de ses exportations de gaz naturel vers la Turquie de 22 millions à 30 millions de mètres cubes par jour.

* Le projet Altai

En mars 2006, Gazprom et la China National Petroleum Corporation ont signé le Protocole sur les livraisons de gaz naturel à la république populaire de Chine. Les premières livraisons Russes de gaz naturel sont prévues pour atteindre la Chine en 2011. Ces livraisons se feront par la région Altai, avec la création d’infrastructures destinées au marché Chinois, bien sur mais derrière également à toute la zone "Asie-Pacifique", jugée a potentiel considérable. La seule production Chinoise de gaz naturel pour 2004 à atteint 47,5 milliards de mètres cubes, ce qui équivaut à sa consommation annuelle pour la même année. La consommation dépassant les capacités d’extraction, le manque en gaz de la Chine devrait être de 130 milliards de mètre cube dès 2010. Il est donc clair que l’importation de gaz est vital pour la Chine. Pour ce faire, la Russie livrera du gaz en Chine via deux routes :

- la route Occidentale via un tronçon reliant la Russie au Xinjiang Uyghur, la région autonome de l’ouest de la Chine en passant par l’Altai (30 milliards de mètres cubes de gaz par an) avant de rejoindre le tronçon existant (dit est-ouest) vers la zone de Shanghai.

- La route Orientale via les champs gaziers de Sakhaline. Pour ce faire, la Russie va établir de nouveaux centres de production de gaz sur la péninsule de Yamal, en Sibérie orientale et en Extrême-Orient.

* Les projets Sakhaline sont destinés à la zone pacifique, à la Chine et à l’Amérique du nord :

- Le projet Sakhaline I prévoit l’exploitation de 3 gisements situés sur le plateau continental au nord-est de Sakhaline. Le projet avait été annoncé rentable en octobre 2001. Les réserves exploitables sont estimées à 307 millions de tonnes de pétrole et à 485 milliards de m3 de gaz.

Sakhaline II est d’une importace capitale pour la Russie ! Il s’agit de deux grands gisements de pétrole et de gaz, dont les réserves exploitables sont estimées à 150 millions de tonnes de pétrole et à 500 milliards m3 de gaz. Le projet prévoit en outre la création d’une importante usine de liquéfaction de gaz dont la quasi-totalité de la production doit être livrée au marché nord américain (donc la consommation augmente de 30% par an), mais aussi aux plus grands consommateurs de GNL au monde : la Corée du Sud et le Japon ! Un accord entre GAZPROM et la Banque Japonaise pour la coopération commercial vient d’ailleurs d’être signé puisque la BERD a préféré se désister au motif que celle ci : « favoriserait, en effet, plutôt l’investissement privé dans les anciens pays du bloc communiste qu’une entreprise renationalisée de fait ».
L’exploitation de Sakhalin II, qui se situe en mer d’Okhotsk devant l’île Sakhaline (au nord du Japon), prévoit la construction de deux plates-formes de forage intégrant pétrole et gaz (Lunskoye et Piltun Astokhskoye) dans des profondeurs d’eau respectives de 48 et 30 m. Sakhalin II est considéré comme un projet défi au vu des conditions géo-météorologiques locales.

Sakhaline III enfin témoigne de la coopération ascendante entre la Russie et la Chine CF l’accord entre Rosneft et la corporation chinoise Sinopec, qui ont l’intention de procéder à la prospection du bloc de Veninsky ainsi que l’idée de livrer du gaz du gisement de Kovykta en Asie du Nord-Est.

GAZPROM vers le siècle Altaique ?

L’exploitation et l’utilisation des ressources en hydrocarbures ne concerne pas « que » le territoire Russe (Eurasien) mais aussi tout le Heartland de l’Asie centrale. La Russie via GAZPROM a ainsi développé toute une collaboration avec les états d’Asie centrale, dans le prolongement de l’axe Altai.

En Ouzbékistan ou la filiale locale de GAZPROM (ZAO Zarubezhneftegaz) va remettre en état le champ gazier Shakhpakhty, via TsentrCaspneftegaz et au Turkmenistan avec lequel a été signé l’accord de développement et d’entretien du Gazoduc-PreCaspien, (AsieCentraleCentre = ACA), principale route d’exportation du gaz du Turkménistan.

Afin de garantir des capacités de transit entre ces trois pays, Gazprom a élaboré un programme d’actions prioritaires signé en mai 2007 par les présidents du Kazakhstan, de la Russie, du Turkménistan et de l’Ouzbékistan) et une déclaration commune pour construire le Gazoduc-PreCaspien (signé par les Présidents du Kazakhstan, Russie et Turkménistan).

La fin 2007 et le début 2008 ayant mis en exergue ma main mise de Gapzrom sur l’Asie centrale et l’Europe, l’IRAN devient dès lors un acteur plus qu’essentiel. GAZPROM et le gouvernement iranien ont signé un protocole d’accord "pour coopérer dans le développement de champs pétroliers et gaziers, de même que dans des investissements et des études d’exploration". Sont concernés plusieurs sites du champ gazier de Pars-Sud dans le Golfe Persique et le gisement pétrolier d’Azadegan-Nord au sud de l’Iran. Gazprom participe déjà au développement des seconde et troisième phases de Pars-Sud, conjointement avec le français Total et le malais Petronas.

Moscou pousse en outre via GAZPROM à une collaboration russo-irano-qatari, c’est à dire les pays détenant 55% des réserves de gaz du monde. Néammoins Téhéran semble pour l’instant hésiter a totalement adhérer à la tactique GAZPROM de participer à la création d’une OPEP du Gaz, ce que semble craindre l’Union Européenne.

GAZPROM semble vouloir en effet « utiliser » l’IRAN pour conduire le gaz Iranien via le fameux projet de gazoduc Iran-Pakistan-Inde, qui devrait permettre de fournir 110 millions de mètres cubes de gaz iranien par jour vers l’Inde et le Pakistan.

L’extension du domaine de GAZPROM

A Ben-Aknoun en Algérie, Gazprom a récemment ouvert sa représentation permanente, oconfirmant le souhait des deux pays de poursuivreleur collaboration énergétique notamment en vue du : « ... projet de gazoduc Transalia, qui relie le Nigéria à l’Algérie pour l’approvisionnement européen et devrait acheminer 20 à 30 milliards de mètres cubes par an ».

Cette nouvelle avait avait affolé les pays européens, inquiets d’une éventuelle entente sur les prix et de la création d’un éventuel cartel du gaz sur le modèle de l’organisation des pays exportateurs de pétrole. GAZPROM a également entamé des explorations géologiques Off-Shores en Inde mais également au Vietnam, enfin au Vénézuela des négociations ont été entamées pour explorer et développer deux « champs » Off-Shore : Urumaco I and Urumaco II. Enfin récemment des négociations ont été entamées avec Israel pour la livraison de gaz.

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Gazprom veut donner l’image d’une entreprise comme les autres. "Nous préférons être vus comme Batman plutôt que comme Godzilla", a ironisé Alexander Medvedev, directeur général de la filiale export du groupe, qui avait été au coeur du conflit entre la Russie et l’Ukraine au cours de l’hiver 2006-2007. Loin d’être le bras armé du Kremlin, il assure que la multinationale a un objectif prioritaire : "le profit".

La volonté de GAZPROM est pourtant claire : maîtriser les immenses ressources énergétiques du HEARTLAND Eurasien, car qui dirige le Heartland dirige le monde.

Pour lire la dernière interview de Alexei Miller dans le Financial Times, c’est ici.



10 réactions


  • Martin sur AgoraVox Martin sur AgoraVox 28 juin 2008 13:24

    Cet article nous éclaire sur la façon qu’ont les Russes de gérer leurs ressources : le bon sens, la protection des intérêts nationaux, la gestion sur le long terme. Le pouvoir politique russe a contribué à mettre le secteur russe de l’énergie à l’abri des prédateurs capitalistes internationaux. Le secteur des matières premières est également à l’abri des investisseurs étrangers. Partout les Russes gardent la majorité des parts du capital et donc sont en position du propriétaire décideur. De cette façon la Russie échappe aux dictats du mondialisme. La Russie est en position de sauvegarder ses spécificités, son identité.


    Les dirigeant des États membres de l’Union européenne par contre n’agissent pas dans l’intérêts des populations qui les ont élues car ils sont coupables de brader les bijoux industriels des pays dont ils ont la direction.

    La Fédération de Russie devrait être le modèle à suivre pour l’Union européenne !


    Les bouleversements dans le domaine de l’approvisionnement en énergie exigent que la société soit réorganisée. Il faut repenser le système de l’approvisionnement et de la distribution de l’énergie de telle manière qu’il soit capable de garantir les intérêts stratégiques des Européens.

    Un État est faible sur la scène mondiale quand il n’est pas en position de négocier et quand il ne peut que subir.

    Un État qui est faible sur la scène mondiale sera de plus en plus sujet à des chantages et à des ingérences de la part des États qui disposent de ressources en énergie – actuellement notamment le pétrole – et en général qui disposent de matières premières.


    Les dirigeants politiques russes ont su agir dans l’intérêt à long terme du peuple russe. On aimerait que les dirigeants des États membres de l’Union européenne agissent également dans l’intérêt à long terme des peuples qu’ils président.


    Malheureusement dans les États membres de l’Union européenne le mondialisme a fait ses ravages grâce aux cercles politiques qui se succèdent depuis des décennies au pouvoir et qui ont progressivement éliminé toute idée d’agir dans l’intérêt à long terme des populations dont ils ont en charge la gestion. Les dirigeants de l’Union européenne estiment qu’il n’y a pas de secteurs stratégiques qu’il faudrait préserver. 


    Les États membres de l’Union européenne ont chacun séparément de moins en moins de moyens pour s’imposer et même simplement pour négocier efficacement sur la scène mondiale. Sur ce point, les États européens ont certainement intérêt à agir de façon unie.

    Les pays aux économies fortement dépendantes du gaz, du pétrole, des matières premières importés vont vers de grandes difficultés. Certains pays anticipent la pénurie, en reprenant le contrôle de leurs énergie ou matières premières, comme la Russie, la Bolivie, le Venezuela, etc. Alors que les pays de l’Union européenne ne voient pas l’utilité du contrôle de certains domaines économiques qui sont pourtant d’un intérêt stratégique pour la communauté.

    Dans l’Union européenne, on se dépêche au contraire à mettre les domaines de production et de distribution d’énergie hors contrôle de l’État. Par exemple en France l’État laisse de plus en plus le marché décider à sa place, avec notamment les péripéties pendant et après la privatisation des entreprises Électricité De France et Gaz De France…

    L’indépendance énergétique sera pourtant cruciale dans les années à venir mais les choix idéologiques faits par les politiques au pouvoir dans de l’Union européenne et dans les États membres de l’UE nous conduisent vers la globalisation qui cherche en priorité à protéger les intérêts à long terme du capital international.


    Au niveau de l’Union européenne ou au niveau des États membres de l’Union européenne ne faudrait-il pas gérer comme relevant du domaine stratégique, donc sous surveillance de la collectivité, toute activité qui est liée à la production et à l’approvisionnement en énergie et aux matières premières ?


    L’Union européenne n’aurait-elle pas intérêt à resserrer ses liens avec la Fédération de Russie, qui dispose de très importantes réserves d’énergie et de matières premières ?


    Les Européens autochtones appartiennent à une branche de l’humanité qui s’est développée sur l’aire géographique qui va de Lisbonne, sur les bords de l’Océan Atlantique, à travers l’ensemble du continent européen, et qui en passant au nord de la Mer noire et de la Mer Caspienne, s’étend jusqu’à Vladivostok, sur les bords de l’océan Pacifique. Cette aire géographique devrait être la possible limite finale de l’expansion de l’Union européenne.
     

    Mais pour que les Russes aient envie de s’unir avec l’Union européenne, cette dernière devrait d’abord abandonner ses priorités mondialistes, pour enfin agir dans l’intérêt des peuples qui la composent.


  • Reflex Reflex 28 juin 2008 17:12

     Remarquablement documenté, l’exposé d’Alexandre Latsa mérite d’être conservé par quiconque planchera un jour sur le sujet. Son état des lieux et ses perspectives à moyen terme démontrent le rôle que continue de jouer l’énergie dans la sphère géostratégique. A l’heure où l’on renouvelle avec solennité la fondation du Bénélux, il est bon de constater la persistance de l’actualité du propos.

    Nous aimerions toutefois que M. Latasa, à l’exemple de l’Union Européenne empêtrée dans ses contradictions, n’en finissant pas de faire ses maladies de jeunesse, s’essaye à l’esquisse d’un futur qui tienne compte de changements autres que ceux dictés par la seule logique financière. L’Histoire n’est pas un toutou obéissant, tenu en laisse par les théoriciens. Il suffit d’imaginer ce qu’eut écrit M. Latsa à la veille de l’inattendue chute du mur de Berlin.

    Autrement dit, le probable mérite d’être mesuré à l’aulne de l’impondérable des peuples. 


  • Adama Adama 28 juin 2008 18:42

    C’est toujours avec plaisir que je lis vos articles.

    Un des commentateurs de ce fil voudrait que la russie fasse partie de l’Europe..

    Dites ça a un russe, cela le fera bien rire...

    Dasvidania tavaritch.


  • Alexandre Latsa Alexandre Latsa 29 juin 2008 10:17

    Aux lecteurs, je m’excuse 2 liens ont sautés

    La présentation de GAZPROM, le lien renvoyait vers le site du goupe tout simplement : http://www.gazprom.ru/eng/

    Et le lien sur la nouvelle relation entre Gapzrom et Gdf :
    http://www.francebourse.com/fiche_news_27859.fb

     

    Cordialement


  • Stephane Klein Stephane Klein 29 juin 2008 11:29

    Oula !Il est temps de virer la gaziniere et d’installer des panneaux solaires thermique en fait ....


  • Yannick Harrel Yannick Harrel 29 juin 2008 14:17

    Bonjour,

    Très bon article synthétique sur la première compagnie mondiale dans le domaine énergétique (hors secteur pétrolier), la deuxième étant... State Grid, le principal fournisseur d’électricité Chinois.
    Lorsque l’on sait que la Russie et la Chine ont des partenariats de plus en plus conséquents et fréquents sur les plans militaires et économiques, je pense que l’Europe peut trembler...

    Pour en revenir à Gazprom, c’est un bel exemple du pragmatisme économique adopté depuis une décennie par ce pays. Les Russes apprennent vite, en chutant parfois lourdement mais en se relevant de façon tout aussi impressionnante après avoir appris de leurs erreurs.

    Cordialement


  • zelectron zelectron 29 juin 2008 14:25

    On dirait que les "Agvoxiens" en général n’ont pas compris l’intérêt du sujet, mais c’est tellement en dehors de leurs préoccupations quotidiennes "de vues surtout pas plus loin que le bout du nez. "

    Article de forte valeur, sans trop de subjectivité (à propos des hypothèses)

    Je souscris à cette analyse, bravo

     


  • xoj 15 août 2008 17:18

    cela nous amene a reflechir de plus en plus vite sur d’autres energies au moins pour les particuliers :


    - Solaire , electrique nucleaire et echange calorique pour la maison.


    - electrique , ethanol , hydrogene ou autres pour les transports.

    ...ce qui se passe en fait, donc la totale dependance devrait finallement se reduire considerablement avec le temps.


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