jeudi 16 juillet 2015 - par Frédéric MALMARTEL

Grèce – UE. Qu’est-ce qui cloche ? Le point de vue de l’Historien

Que se passe-t-il ? M. Tsipras s'accroche à l'euro ! Il semble bien qu'il ait tout fait pour que son pays reste dans l'euro. Et, il n'est pas seul, les Grecs, très majoritairement le suivent. C'est celà qui est complexe. Si M. Tsipras s'était contenté de trahir grossièrement la Grèce et les Grecs, son sort et celui des accords qu'il a passé serait déjà réglé ! Mais tel n'est pas le cas, le premier ministre grec, dans son acharnement thérapeutique à garder l'euro est accompagné par une frange importante de son peuple.

Alors que se passe-t-il vraiment ? La Grèce est aujourd'hui un pays qui tente d'être ce qu'il n'est pas, en l'occurence un pays prospère d'Europe du Nord ! C'est tout, ça ne va pas plus loin.

Voir un pays s'accrocher à une civilisation à laquelle il n'appartient pas, à un modèle économique, politique ou militaire surdimensionné pour lui, c'est un classique de l'Histoire ! Nous pourrions l'appeler le syndrome de la grenouille (qui veut se faire aussi grosse que le boeuf) !

Comment celà se termine-t-il ? Monsieur de la Fontaine nous l'a expliqué ! La grenouille explose !

Dans les années 20, dans la Turquie voisine, un certain Mustapha Kemal voulu faire de ce pays un état occidental, laïc et moderne ! Qu'en reste-t-il un siècle après ? Une république islamique, premier appui de Daesh !

En 1956, suite à la nationalisation par Nasser du Canal de Suez, la France, le Royaume Uni (et Israël) décident de punir l'Egypte comme celà se pratiquait à la fin du XIXem siècle ! Ces trois pays n'avaient pas mesuré que le monde avait changé depuis et qu'ils n'étaient plus les puissances domainantes. Résultat : une humiliation des trois pays en question et le triomphe à peu de frais du leader arabe !

De même, en 2003, quand les Américains veulent amener le modèle occidental en Iraq à coups de bombes, nous vîmes comment celà se termina.

On pourrait multiplier les exemples, mais revenons à la Grèce.

Tspiras et une partie du peuple grec sont victimes de l'illusion de l'euro. Ayant une monaie forte(!) malgré toutes leurs difficultés, ils ont le sentiment d'appartenir à un monde riche et puissant, même s'ils ne peuvent rien toucher de cette richesse de cette puissance. C'est l'illusion qui domine ! La France est victime de la même illusion. Notre économie et notre société plongent désormais dans un modèle du Tiers Monde ! L'euro fait sur nous l'effet d'une drogue ! Grâce à lui, on oublie un temps la descente aux enfers qui est à la nôtre ! On a la même monaie que les Allemands ou les Finlandais, alors on doit être aussi bons qu'eux ; n'est-ce pas ? Sauf qu'on a plus d'industrie, plus de contrôle des frontières, plus de sécurité dans les banlieues et même plus de laïcité face à l'islam !

Nous sommes en face d'une déconstruction de la société française. L'euro sert aux dirigeants à masquer cette déconstrution !

Retour en Grèce, encore :

La Grèce n'est pas, la Grèce n'a jamais été, la Grèce ne sera jamais une démocratie européenne à la, prospérité semblable à celle des Finnois ou des Flamands. La Grèce est un pays d'Europe Orientale, avec ses qualités et ses défauts. On peut le regretter, on peut s'en féliciter, mais c'est ainsi, et ce sera toujours ainsi !

Comme jadis, les Basileus, ces empereurs grecs de Byzance qui acceptèrent de vendre leur âme aux Occidentaux, en prétendant abandonner la religion orthodoxe en échange d'armées de secours contre les Turcs (qui ne vinrent jamais) échouèrent, M. Tspiras échouera. Parcequ'on ne pas transformer la Grèce et les Grecs, tout simplement. Parceque dire "On est dans l'euro" ne sauvera pas plus la Grèce que de dire "Nous sommes Catholiques" ne sauva Byzance ! Parce que, dans les deux cas c'est faux, et parce que plus personne n'y croit !

C'est le seul point qui rassemble Allemands et Grecs : aucun des deux ne croit que la Grèce tiendra à terme dans l'euro et dans ses exigences !

Comme à l'époque de la chute de Byzance, le chaos et la ruine reviennent. On pourra tout ôter aux Grecs, sauf... le fait qu'ils sont Grecs ! A l'époque des Colonels, ce fut la chose qui mit la plus en colère Melina Mercouri : la réception d'une lettre lui disant... qu'elle n'était plus grecque !

Les mêmes causes produisant les mêmes effets, l'euro ne marchera pas plus en France. Comme tout empire qui se respecte, celui de l'euro se brisera, sûrement d'abord en deux parties ! Un euro du sud, un euro du nord... avant le naufrage !

Quelques voix se sont élevées qui ont compris : Marine Le Pen, Monsieur Dupont-Aignan, quelques dissidents des partis classiques, quelques, ultra, gauche ou droite !

Il reste que l'illusion, la drogue euro, garde un pouvoir d'attirance important ! Mais voilà le sevrage sera indispensable. Et le plus tôt sera le mieux !

En attendant, la Grèce plonge, nul doute qu'elle emportera d'autres pays avec Elle, à moins qu'un obscure parlement batave ou finlandais ne mette fin de façon inopinée, à cette sinistre farce qu'est l'euro-grec !



11 réactions


  • La Voix De Ton Maître La Voix De Ton Maître 16 juillet 2015 14:34

    Quand j’entends l’Europe prospère du nord, je sais pas pourquoi, mais je pense immédiatement à Roubaix.

    Ca doit être dans les gènes comme vous dites


  • zygzornifle zygzornifle 16 juillet 2015 15:08
    Grèce – UE. Qu’est-ce qui cloche ?....Ce sont les mêmes politiques vérolés et vermoulus qui se sont infiltrés dans le parlement donc ils continuent a saccager tout ce qu’ils touchent comme ils l’ont toujours fait .....

  • leypanou 16 juillet 2015 17:51

    " le premier ministre grec, dans son acharnement thérapeutique à garder l’euro est accompagné par une frange importante de son peuple. " : c’est ce qu’on nous rabâche partout en France, en particulier sur les chaînes de télévision ; on n’en sait strictement rien.

    Rappelez-vous de 2005 : à écouter mes MSM, la France allait voter à 90% pour le OUI.

    N’oublions pas : à peu près 200 députés grecs sur 300 (et des personnes clés du gouvernement ou ex-membres ont voté contre, dont le vice-ministre des Finances et la présidente de l’Assemblée nationale) ont voté la mise sous tutelle de la Grèce, en France, combien de députés et sénateurs ont voté le TCE ?


  • Frédéric MALMARTEL Le Kergoat [Frédéric MALMARTEL] 16 juillet 2015 21:46

    En complément, Tsipars a fait la même erreur que le gouvernement français en 1940 ! Il n’a vu que le champ de la bataille perdue, il n’a pas vu que la Guerre, elle allait être gagnée !

    Poutine lui a tendu la main en lui proposant des livraisons d’énergie gratuite !
    Les BRICS ont monté une banque qui n’attendait que de venir au secours de la Grèce !
    Les Etats Unis ne voulaient pas que la Grèce quitte l’euro de trouille qu’elle aille vers la Russie !
    Et, cerise le gâteau, le FMI était d’accord pour réduire la dette !

    En réalité, la marge de manœuvre de Tsipras était très large ! Il fallait juste être capable de voir au delà des événements et des acteurs immédiats ; au delà de l’épaule de Merkel et de son guignol de Hollande !

    Tsipras n’a pas su ! Au fond, il n’a pas la carrure d’un homme d’état. Il est et il restera un petit leader démagogique d’extrême gauche sans envergure ! Il n’aura pas fait illusion longtemps !

    ce sera une leçon, pour les gens de Droite comme moi : ne pas se laisser illusionner par ces ploucs gauchistes !

     smiley


    • jakem jakem 17 juillet 2015 15:18

      @Le Kergoat [Frédéric MALMARTEL]

      Je reviens sur la page parce que j’ai plus de temps.

      D’où tenez-vous ces infos concernant les offres faites à la Grèce ? ( de la part de Poutine et de l’ensemble des BRICS ; un pays en particulier ? un porte-parole ?...)

      Quant à « l’accord du FMI » , il me semble que ce n’était qu’un avis ; pas une offre sûre et certaine signée au bas d’un document officiel.

      Vous exagérez en qualifiant Tsipras de pt leader démago sans envergure. Je ne roule pas pour lui mais tiens à le défendre de temps en temps.
      Il a obtenu des suffrages incontestables et a tenu, seul, face à toute la coalition des eurofachos.

      Dans le même registre de critique ad hominem : j’ai de la sympathie, et parfois de l’admiration pour N. D-A que vous avez rejoint, MAIS il n’en a pas encore fait autant.

      Pour l’avoir vu de temps en temps à la télé , seul, au milieu de détracteurs eurofachos, j’ai souvent été frappé par son incapacité à s’imposer. Il se laisse interrompre par n’importe quel minable journaliste, ne termine pas son raisonnement, et répond, comme un enfant pris en défaut, au journaleux.

      J’ai tous ses livres, et les ai réellement lus, et consulte régulièrement son blog, mais il lui manque qqchose. Je pense qu’il est un politicien ( et non un politicard) respectable qui a l’envergure d’un homme d’Etat, trop coincé pour affirmer ses idées.

      Répondez-moi, j’aimerais en parler plus longuement avec vous.


  • Le p’tit Charles 17 juillet 2015 08:25

    bof..Tsipras et les gens de la Graisse pompent le fric des peuples de l’UE..puisqu’ils sont assez con pour leur en donner à fond perdu.. ?

    Des voyous mon bon... !


  • jakem jakem 17 juillet 2015 12:11

    L’article est original et le point de vue me semble intéressant.

    C’est ce qui revient à donner raison au Général qui promouvait l’idée de l’Europe des Nations, dont aucune ne s’interdirait de relations avec des pays tiers, tout en privilégiant des coopérations au sein de l’Europe.

    Les Nations feraient de la politique et pas uniquement de la comptabilité basée sur un dogme.


  • bakerstreet bakerstreet 17 juillet 2015 12:12

    La Grèce est simplement fidèle a ce qu’elle a toujours été, un petit pays, où le « passé glorieux », est instrumentalisé un peu plus qu’ailleurs, et qui tente de faire des coups, en est-ouest, nord-sud... ;Plus ça va, plus c’est toujours pareil....L’europe et ses étoiles ont suivi l’époque de la grande idée, qui consistait à remettre le pays dans ses frontières de l’antiquité, c’est à dire, en reprenant pied sur la Turquie.....Beaucoup de tergiversations en 14, pour savoir à qui s’allier, en raison de profits attendus.....La Grèce se montra donc comme un épicier matois, préoccupé avant tout de ses intérêts. Les événements postérieurs ne lui seront pas favorables, et provoqueront des échanges de population avec la turquie, après l’occupation de Smyrne, en turquie, avec massacre de population locale. La Grèce a toujours ainsi trouvé son unité dans la recherche d’un grand destin, surdimensionné, en rapport avec ce passé mythique, et la défense paranoïaque contre un ennemi extérieur, plus ou moins fantasmé. 

    Ce qui donne aujourd’hui un surarmement démentiel, et une Merkell qui a pris la place de la tête de Turque. On pourrait développer davantage....Je doute que l’on puisse réformer ce pays là où tant se sont cassés les dents. Car l’unité de la Grèce, c’est aussi cela, quelque chose de non exprimé dans les textes, et qui unit les intérêts des gens différents, mais tous d’accord pour que rien ne bouge de façon tacite, au delà des postures de théâtre et les tergiversations : Une économie opaque à l’étranger, et dans laquelle ils ont leurs repères Grande Idée — Wikipédia

  • jvtirol 18 juillet 2015 17:34

    Très bon article qui ne se contente pas de la façade (les questions économiques ou financières), mais qui réfléchit à la psychologie des peuples, à leur histoire. Les Grecs ne seront jamais des Bataves, les Français ne seront jamais des Allemands, c’est pour ces raisons que l’ue est condamnée à se casser en deux : euro du nord, euro du sud.... un juste retour à la nature des choses, en somme !


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