L’Afrique hérite, encore une fois, d’un chien de garde
Pendant que les armes continuent d’entrer à flots dans les pays africains meurtris par des conflits qui semblent insolubles, Tony l’Africain, Saint Bob, Bill le généreux et leur confrérie de bonnes âmes vont avoir à l’oeil le G8. Si seulement la richesse de l’Afrique pouvait se comparer à celle de ceux qui surveillent les pays riches censés l’aider.
Le premier ministre Tony Blair annonce donc, à King’s College, la création d’un Comité de suivi pour l’Afrique (Africa Progress Panel), sur lequel ne siègent nuls autres que Bob Geldof, Bill Gates, Peter Eigen de Transparency International et le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan.
In his first statement to the Panel, Secretary-General Kofi Annan stressed his commitment to use the full capacities of the UN system to promote African development, and urged the Panel to continue to provide a focus for the UN’s work in this area.Fort bien. Sauf que cet engagement du secrétaire général a été pris... en 1997. Et ce n’est pas l’ONU que le Comité de suivi va avoir à l’oeil, mais plutôt les nations les plus riches du monde (le fameux G8 qui représente à lui seul les deux tiers de l’économie mondiale ; non, vous n’avez pas mal lu : les deux tiers).
Les vrais décideurs
De toute façon, pour ce qu’il reste de crédibilité à l’ONU lorsqu’il est question de développement, aussi bien s’en remettre à ceux qui décident vraiment du sort économique du monde.
Justement, parlant de ces nouveaux surveillants des nouvelles promesses envers l’Afrique, vont-ils s’introduire à la réunion de la soixantaine de ministres réunis à Genève pour débloquer les négociations à l’OMC ?
Le G8 qui mène la danse à Genève, vous croyez, naïfs que vous êtes, qu’il s’en préoccupe, de l’Afrique ? Allez donc lire ceci, puis revenez pour la suite.
Tony l’Africain
Vous comprenez maintenant pourquoi le premier ministre de la Grande-Bretagne a créé son petit groupe d’observateurs. Blair doit se sentir bien seul lors des réunions du G8, lorsqu’il aborde la question de l’Afrique.
À moins qu’au fond, le premier ministre britannique n’ait la parole plus facile que le geste :
...en dépit de déclarations d’intention, l’engagement britannique dans les affaires africaines est resté sélectif et parfois égoïste, reposant sur des principes similaires à ceux des précédents gouvernements conservateurs et souvent justifié par des menaces pesant sur la sécurité plutôt que par des impératifs de solidarité et de développement.Fort intéressant, cet article sur une Grande-Bretagne travailliste qui aide d’abord ses alliés traditionnels en Afrique, et qui prône le libéralisme et la réduction de la dette comme solution à la pauvreté africaine endémique.Paul Williams. La Grande-Bretagne de Tony Blair et l’Afrique. The European Research Institute, université de Birmingham
Au moins une chose de bonne, dans la politique africaine de Blair : l’orientation récente de l’aide vers les États plutôt que vers les ONG.
Comme le disait fort à propos Clare Short, ministre du Développement international avant de démissionner pour protester contre l’intervention britannique en Irak : « Arrêtons de verser de l’aide pour des projets même bien intentionnés, et utilisons-la pour mettre en place des États compétents. » (La Grande-Bretagne de Tony Blair et l’Afrique, page 119).
Malheureusement, la compétence s’évalue encore à l’aune de l’amitié, dans la Grande-Bretagne de Blair.
Qui parie sur les chances du White Band de faire mieux ?