L’Inde en quête d’énergie pour alimenter son développement
On parle beaucoup moins de l’Inde que de la Chine, parce que sur
la scène mondiale, l’Inde vient encore assez largement derrière la Chine en
terme de développement économique et industriel. Par ailleurs, l’opinion
publique semble en être restée en ce qui concerne ce pays aux images de la Cité
de la Joie, à celle des vaches sacrées se promenant nonchalamment dans les
villes, à celle d’un pays de castes, à la mousson, à l’Inde de l’Empire britannique telle qu’on la voit dans les films. Toutes images qui ne traduisent
pas le dynamisme d’un pays en plein développement.
Et pourtant l’Inde se développe également à grande vitesse, un
peu moins vite que la Chine, mais tout de même au rythme de 6 à 7 % par an de
croissance du PIB. Elle possède la première entreprise mondiale de production
d’acier avec Mittal. Elle est particulièrement en pointe dans les métiers de
l’informatique, mais du côté des logiciels. Et bien sûr, elle est à la recherche
d’énergie pour alimenter sa croissance. Riche en charbon, mais peu en pétrole et
en gaz, elle cherche à s’approvisionner chez ses voisins du nord, les pays de la
Caspienne et la Russie au-delà ainsi qu’en Iran, à partir duquel il est prévu la
construction d’un oléoduc via le Pakistan dans un proche avenir. Et le pays se trouve
en concurrence dans ce domaine avec... la Chine bien sûr qui lui a soufflé récemment
le contrôle de Petrokazakhstan.
Lors de sa récente visite en France, le Premier ministre indien,
Mammohan Singh, est venu très clairement demander à la France de l’aider à
développer le nucléaire civil, car, pour le militaire, c’est déjà fait. L’Inde
possède en effet l’arme atomique depuis 1998, n’a pas signé de ce fait le traité
de non-prolifération et a subi des sanctions, de ce fait, de la part des Etats-Unis jusqu’en
2001. Elle est donc considérée avec quelque suspicion dès que l’on parle de nucléaire, d’autant qu’elle est voisine d’un autre possesseur de l’arme
atomique, le Pakistan, avec qui elle a des conflits de frontières... Il lui est
donc interdit d’importer toute technologie sensible.
L’Inde manque dramatiquement d’électricité, et le nucléaire serait
une solution idéale pour ne pas rajouter encore une lourde charge sur un marché
du brut saturé, et surtout pour éviter de rajouter également des émissions de
CO2 supplémentaires. D’autant qu’avec 1.1 milliard d’habitants aujourd’hui et
1.6 en 2050, ses besoins sont et seront immenses.
Les Etats-Unis ont admis en juillet l’idée de fournir à l’Inde
des combustibles nucléaires civils par dérogation au traité de non-prolifération. Il reste à entériner aussi des modifications des statuts et des
règles établies par le groupe des pays fournisseurs de nucléaire (NSG) pour que
ces pays puissent fournir les équipements nécessaires à une industrie nucléaire indienne.
C’était la raison majeure de la visite en France de Mammohan
Singh, qui cherchait peut-être aussi à engranger un retour sur l’investissement de son pays dans 50
Airbus et 6 sous- marins franco-espagnols. Chirac l’a bien entendu rassuré sur
notre désir de les aider, et sur l’aide éventuelle d’Areva...
A suivre.