mardi 17 juillet 2007 - par Philippe Vassé

L’Union européenne face à la Russie

Samedi 14 juillet, le Kremlin annonçait que le président Poutine avait signé un décret annulant la signature de l’ex-URSS sur le traité relatif aux Forces conventionnelles en Europe de 1990. Ce décret ouvre une crise nouvelle entre l’UE et la Russie...

Depuis plusieurs semaines, la tension monte avec régularité entre Moscou et l’Union européenne, mais aussi en arrière-plan, avec les Etats-Unis.

A peine revenu de discussions longues avec le président américain, et après avoir engagé une partie de bras de fer judiciaire et diplomatique avec la Grande-Bretagne, suite au refus russe d’extrader l’assassin présumé d’un ancien espion russe naturalisé anglais, Poutine annonce que le traité sur les Forces conventionnelles en Europe est désormais caduc.

Que peut signifier tout cela ?

Une stratégie calculée avec précision

A l’évidence, le Kremlin a suivi depuis plusieurs mois une stratégie calculée qui joue avec précision des contradictions et faiblesses de ses "adversaires- partenaires".

Cette stratégie vise à clairement manifester que personne ne peut et ne doit plus ignorer la Russie, sa force militaire en reconstruction rapide et sa puissance économique recouvrée.

Ce faisant, les autorités russes ont semé la zizanie au sein de l’Union européenne, car elles savent pertinemment que les enjeux des relations avec la Russie sont très différemment appréciés selon les gouvernements européens, que c’est là, avec les rapports américano-européens, le talon d’Achille de l’UE.

Le jeu du Kremlin, qui se fait clair maintenant pour beaucoup, est habile et fin. Il ressemble à une véritable tactique du jeu des échecs qui serait joué simultanément face à plusieurs joueurs aux intérêts différents : l’OTAN, l’OSCE (Organisation de la sécurité et de la coopération en Europe), les Etats-Unis, les pays de l’UE).

Poutine a analysé d’abord que l’UE est un lourd navire - poudrière instable et non-homogène, remplie de contradictions explosives qu’il suffit de faire bouger un peu pour que la crise soit manifeste et publique.

Ainsi, après avoir démontré la non-réactivité des autres membres de l’UE dans son différend avec Londres, il instille la menace évidente du réarmement russe aux frontières orientales de l’UE, indique qu’il va reconstruire son armée conventionnelle... et regarde ce qui va se passer.

Le président russe a voulu tester son analyse personnelle selon laquelle les gouvernements des 27 se divisent en trois tendances principales face à son pays : ceux qui sont tentés de s’appuyer sur les Etats-Unis pour répondre fermement, mais sans possibilité de nuire à la politique russe dans la réalité- groupe que le gouvernement de Berlin représente, comme la réaction allemande - communiqué du ministère des Affaires étrangères - le démontre ; ceux qui sont déjà absorbés par leurs affaires internes et ne peuvent prêter une trop grande attention aux gestes du Kremlin, qui se contenteront donc de signer des déclarations sans lendemain marquant "inquiétude et désapprobation" (Paris, Rome et Madrid) et ceux, plus à l’Est, qui sont tiraillés entre le souci des menaces et l’attrait des avantages commerciaux russes potentiels.

La vérification par les "faits" que Poutine attendait

Poutine voulait tester ses analyses sur l’UE et les capacités de réaction américaines dans la réalité. Il a obtenu les réponses qu’il prévoyait : il a annulé le traité de 1990 et ne s’est attiré que des communiqués impuissants, si on en juge ce que rapporte une dépêche AFP en date du 16 juillet.

L’OSCE a indiqué "qu’elle exprimait sa grande inquiétude et appelait tous les signataires du traité à apprécier les causes profondes de la décision russe".

La Maison-Blanche a eu ce commentaire significatif dans la situation présente : "Nous sommes déçus que la Russie se soit retirée pour le moment du traité. Mais nous continuerons à discuter avec eux (les Russes-NDLR) dans les prochains mois", a déclaré le porte-parole Gordon Johndroe.

Le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, a déclaré pour sa part au nom des Etats membres de l’OSCE "qu’ils allaient renouveler leurs efforts afin d’examiner rapidement et honnêtement les difficultés que soulignent cette décision et travailler ensemble afin de les surmonter".

Enfin, le ministre des Affaires étrangères, Frank Walter Steinmeier, qui a appris la nouvelle alors qu’il se trouvait en voyage officiel en Lithuanie a exprimé son opinion selon laquelle "cette information reflétait un grand problème", et de pointer le fond des choses en déclarant : "ce traité était l’élément central de l’architecture du désarmement international" .

Un jeu de billard "opportuniste"

De facto, le traité qui avait marqué le début d’une ère de désarmement multilatéral sur le plan des forces conventionnelles en 1990 est mort, comme en prend acte le gouvernement allemand par la bouche de son ministre des Affaires étrangères.

Poutine vient ainsi de se libérer officiellement de ce "carcan" , ce qui va lui permettre de reconstituer au plus vite des forces armées conventionnelles puissantes en toute quiétude. A n’en point douter, pour son opinion publique interne, le geste sera vue comme une marque renouvelée que la Russie compte à nouveau dans le monde.

Son initiative s’inscrit et se relie à l’effort d’armement massif en cours en Chine, ce qu’il peut sembler intéressant de souligner. De plus, il démontre l’impuissance à peser sur son pays tant des Etats-Unis que de l’UE, et cela, d’autres capitales et forces politiques vont le noter et s’en rappeler.

Le président russe ne cache pas qu’il doit nombre de ses succès sur le plan international pour son pays et lui-même avant tout à une situation "opportune" que les Etats-Unis ont eux-mêmes créée à leur propre détriment. Ses laudateurs ne se privent pas de le dire plus ou moins clairement selon les contextes de leurs discours.

En s’engageant dans les "bourbiers" militaro-financiers agfhan et irakien, le gouvernement américain a généré les conditions politiques des succès russes (et dans une moindre mesure chinois) actuels sur tous les plans : diplomatiques, militaires, économiques et politiques.

Certains estiment que les choix stratégiques militaires désastreux successifs du président Bush depuis 2001 ont fait le lit du réarmement et du retour de la Russie sur la scène mondiale. A l’évidence, même si d’autres facteurs sont aussi à prendre en compte, les erreurs continues du président Bush et son incompétence manifeste à comprendre les réalités dynamiques modernes ont contribué aussi aux succès du président Poutine dans ses objectifs politiques.

Les maux et les mots

La signature du décret d’annulation du traité, survenu en pleine fête nationale, n’a pas encore retenu toute l’attention des autorités françaises. Et pourtant, elles ne peuvent faire l’impasse sur le signification profonde de cet événement.

Ceci étant, et les processus internationaux étant liés intrinsèquement aux situations nationales, il est évident que la brusque rupture des rapports de force qui s’annonce ainsi dans la situation militaire en Europe n’échappera pas au gouvernement actuel. Et que cela engendrera ou, c’est selon, le contraindra à des choix et décisions politiques et financières qui n’ont pas été prévus.

Il se pourrait donc bien que les problèmes les plus inattendus, mais les plus dangereux pour le nouveau gouvernement et son président, ne proviennent pas du pays lui-même, mais de la situation internationale qui se dégrade vite, avec des conséquences dislocatrices au niveau européen.

Et, pour conjurer les maux qui s’amoncellent sur ce plan, il faudra plus que des mots aux autorités françaises et, derrière, européennes.

(Source essentielle de l’article : dépêche et commentaires annexes de l’AFP du 16 juillet 2007).



22 réactions


  • mandrier 17 juillet 2007 13:50

    M. Poutine est terriblement habile... C’est un fin judoka et aussi un bon joueur d’echecs...

    En face : des « couilles molles » « maternisées » depuis leur enfance et « sécurisées ». Des gens qui n’aiment pas les risques, et adeptes de leur confort !... Des gens qui ont le plus souvent peur de leur ombre... Qui regardent leurs pieds dans le métro ou le RER quand un allogène tousse avec l’accent racaille au fond de la rame !

    Quand il va faire froid, et que le gaz sera coupé, toutes les bonnes âmes qui auront froid dans leur bureaux, et qui n’auront pas le carburant nécessaire pour rentrer à la maison le soir trouveront d’excellentes vertus à M. Poutine !...

    Et oui, vous qui êtes aux premières loges à Taïpei, vous avez pu voir la belle flotte que les Chinois sont en train de se constituer avec l’aide des chantiers russes... A votre avis ? c’est pour quoi faire ?

    Saint-Mandrier


    • Philippe Vassé Philippe Vassé 17 juillet 2007 15:59

      Mandrier,

      Bien que certains de vos propos- dont je vous laisse la responsabilité- ne semblent pas en rapport avec l’article et son sujet, vous abordez en conclusion de votre commentaire la problématique, jusqu’ici peu développée dans les médias français et européens, de l’effort considérable d’armement chinois.

      Vous évoquez même à juste titre la création d’une flotte de guerre moderne et puissante. Ce qui est effectivement en cours, mais va encore nécessiter quelques années pour atteindre son terme.

      Ceci dit, je ne ferai qu’une remarque sur ce point intéressant : si certains analystes estiment que cet effort militaire substantiel est une menace à terme pour la paix et la sécurité, d’abord régionale, puis internationale, il faut aussi observer que le pouvoir chinois est confronté à d’autres problèmes bien plus urgents qui relativisent le sens et la portée stratégique et politique de cet effort militaire

      D’abord, personne à Pékin ne veut tuer la « poule aux oeufs d’or » des investissements extérieurs dans le pays par une politique belliciste quelconque, laquelle « poule » engraisse surtout les membres du régime et ses soutiens.

      On approchera de la vérité en constatant 1) que la Chine veut se faire respecter aussi sur le terrain militaire, 2) que cela contribue en même temps à asseoir ses liens ainsi que ses affaires commerciales et politiques vers l’Asie centrale et occidentale, 3) que cela donne aussi des emplois et des salaires à une classe ouvrière fortement atteinte par le chômage de masse depuis plusieurs années, qui trouve ici des moyens de subsistance nouveaux, ce qui relâche un peu la pression sociale explosive en Chine.

      Sur ce dernier point, on voit ressurgir, en Chine comme en Russie, des secteurs d’économie étatique puissants, pourvoyeurs dynamiques de travail. Le tout avec les ressources et les savoirs issus des capitaux étrangers !!!

      D’un certain point de vue, ce sont, en Chine surtout, les capitaux étrangers qui fournissent ainsi le carburant financier à l’effort militaire du pays et donc les moyens de la restauration d’un nouveau secteur étatique, avec en bonus la maîtrise de technologies de pointe...

      Les « capitaux générés par l’ouverture au marché capitaliste » nourrissant la renaissance de secteurs étatiques forts et dynamiques, certains voient là se dessiner une forme d’ironie historique !

      Bien cordialement vôtre,


    • Vilain petit canard Vilain petit canard 17 juillet 2007 16:13

      @ mandrier

      Vous dites qu’en face de Poutine, il y a « des gens qui ont le plus souvent peur de leur ombre... Qui regardent leurs pieds dans le métro ou le RER quand un allogène tousse avec l’accent racaille au fond de la rame ! », entendez, je suppose, les Européens.

      Ne confondez pas les gens que vous croisez tous les jours (et qu’apparemment vous méprisez) avec leurs dirigeants. Je serais très étonné qu’un quelconque Ministre des Affaires Etrangères de l’Union ait déjà pris le métro ou le RER.

      Ceci dit, la politique étrangère de l’Union est au point mort, je vous l’accorde. Mais ce n’est pas la peine de déverser votre bile, ou tout du moins, visez juste avant de la dégorger.


  • finael finael 17 juillet 2007 18:51

    Votre article ressemble à une volonté de relancer une « guerre froide » avec la Russie maintenant que l’URSS a disparu - tout en dénonçant bien entendu « l’autre » qui a commencé. Des expression comme « le Kremlin ... » me rappellent quelques souvenirs pas si anciens.

    Pire encore, dans votre développement, vous semblez - sans jamais le dire franchement - tenter de rappeler la situation de 1935 - 39 entre l’Allemagne nazie et les « molles démocraties occidentales ».

    Vous semblez oublier :

    - Que l’Europe, et plus généralement l’OTAN n’ont JAMAIS respecté le traité. Bien au contraire.

    - Le dépeçage, non pas de l’URSS mais bel et bien du territoire multi-centenaire de la Russie (dont Kiev fut la première capitale) a été applaudi, et même encouragé par l’OTAN.

    - Les USA ont carrément installé des bases militaires dans ce qui a été le territoire de la Russie avant même que les Etats Unis ne soient créés.

    - Les années Eltsine ont vu le pillage pur et simple de la Russie par des organisations mafieuses soutenues par le FMI et la Banque Mondiale (relire « La grande désillusion » de Joseph E. Stiglitz, prix « nobel » d’économie, ex directeur ajoint de la BM et ex conseiller économique de Bill Clinton).

    - La Russie n’a JAMAIS au cours de son histoire attaqué une nation européenne. Par contre elle a été envahie à plusieurs reprises !

    - Comme l’ouverture des archives l’a révélé après la chute du communisme, l’URSS n’avait jamais conçu de plan d’invasion de l’Europe, contrairement à ce qu’une propagande omniprésente voulait nous faire croire.

    - Vous devriez savoir que l’armée russe est essentiellement conçue pour la défensive, n’est pas prête d’être en état de représenter une menace réelle et déployée à 75% face à la Chine.

    Alors vos propos alarmistes ne m’inquètent pas en ce qui concerne le « risque » russe, mais bien plutôt comme ce qu’ils sont : un appel à une nouvelle « guerre froide ».


    • Philippe Vassé Philippe Vassé 18 juillet 2007 03:43

      Finael,

      J’apprécie beaucoup vos remarques, mais observe que vous confondez faits et commentaires.

      L’article est purement factuel : qu’il rappelle ensuite ou non à des lecteurs des évévements passés est autre chose.

      Etablir des faits sourcés avec précision et incontestables, les mettre en évidence, les relier avec des processus tout aussi publics est simplement faire un travail d’information honnête sur ce qui est. A chacun(e) de se former ensuite sa propre opinion sur la base des seuls faits !

      Vous dites beaucoup de choses justes sur l’histoire de la Russie que je connais aussi très bien et que je partage.

      Il me semble d’ailleurs que mon premier article sur la Russie avait reçu de votre part un commentaire plus« équilibré ».

      Espérant que vous comprendrez que l’information et les faits ne peuvent obéir, ni à des préjugés, ni à des sentiments personnels, mais simplement à la nécessité de la vérité des faits établis et étayés,

      Bien cordialement vôtre,


    • finael finael 18 juillet 2007 13:20

      Je suis désolé, mais je n’expose que des faits : démontrez-moi qu’ils sont faux !

      Tandis que vous n’exposez, dans cet article que vos appréciations de certains faits, en en ignorant d’autres comme :

      « A l’évidence, le Kremlin a suivi depuis plusieurs mois une stratégie calculée ... »

      « Le jeu du Kremlin, qui se fait clair maintenant pour beaucoup ... ».

      « Poutine a analysé d’abord ... »

      Une « évidence » n’est pas un fait, ce que vous énoncez comme telles sont des suppositions, des appréciations, des commentaires. Vous « exposez » la pensée de Vladimir Poutine ! Seriez-vous télépathe ?

      Et pour rajouter des faits aux faits :

      Quand la Russie décide de rapprocher le prix de vente de son gaz à des pays indépendants (Pologne, Ukraine) des prix du marché, ce qui devrait contenter les défenseurs du libre-marché ceux-ci se mettent à crier « au loup » - n’y aurait-il pas là quelque contradiction et quelque russophobie ?

      Dans l’affaire Litvinenko « empoisonné au Polonium 210 », les révélations de Scotland Yard ont de quoi laisser sceptique :

      Le fait que puisqu’ils en auraient trouvé des traces dans de nombreux endroits, les victimes devraient se compter par dizaines.

      Le Polonium 210 n’est productible que dans une douzaine de réacteurs au monde, or, pour toute substance de ce type, une analyse isotopique permet de déterminer l’endroit exact de sa production. Pourquoi cela n’a pas été fait ? ou, en tout cas, n’a pas été révélé ?

      Alors je suis en droit de me demander QUI a intérêt à relancer une « guerre froide » et à tenir de tels propos, certainement pas les russes.

      D’ailleurs, vous trouverez un appel à la prudence dans un journal comme « Le figaro » http://www.lefigaro.fr/debats/20070718.FIG000000025_la_guerre_froide_est_de passee.html

      Qu’on ne saurait accuser d’excès de russophilie, mais on peut trouver de nombreux faits supplémentaires sur le site des armées :

      http://www.armees.com/Quand-les-Britanniques-se-nuisent-a-eux-memes,23372.html


    • Philippe Vassé Philippe Vassé 18 juillet 2007 14:36

      Finael,

      J’avoue avoir un peu de mal à vous suivre.

      L’article est basé sur un fait central, public de surcroît : la signature par le Président russe d’un décret qui retire le nom de la Russie du Traité de 1990 sur la limitation des forces conventionnelles en Europe.

      Tel est le fait public de départ. Il a déjà et il aura une influence dans l’avenir sur les rapports entre la Russie et les divers pays de l’Union européenne.

      J’y ai intégré, pour que les lecteurs puissent apprécier le contexte général, des faits tout aussi publics, comme la crise diplomatique entre la Russie et la Grande Bretagne (sans insister, ni m’étendre sur le fond du dossier lui-même) et j’ai évoqué un autre fait public : les discussions tenues récemment entre les Présidents Bush et Poutine. Tout cela est relié au sujet même de l’article.

      Sur votre interpellation au sujet de l’usage du mot « le Kremlin » : effectivement, l’expression « le Kremlin » est une appellation habituelle du lieu du pouvoir central en Russie depuis au moins les années 1920. Cela est toujours le cas à ce jour.

      Je ne vois pas en quoi parler du Kremlin, où réside le Président russe, ou de l’Elysée pour la France, pas plus que de la Maison Blanche ou du 10 Downing Street, pourrait être intérprêté par qui que ce soit comme une volonté de « reprendre la guerre froide » !!!

      Le terme serait-il interdit d’usage public par une autorité que je ne connaîtrais pas, bien qu’utilisé largement dans les plus grande médias ?

      Ma perplexité s’accroît par le fait que j’ai aussi marqué mon accord avec plusieurs de vos observations concernant la Russie et son histoire, même si d’autres sont plus discutables, notamment votre point de vue sur les forces armées russes tournées à 75% vers (contre ?) la Chine...ou la faiblesse militaire russe que vous énoncez, laquelle est toute « relative ».

      Je note que c’est vous qui évoquez, avec le souci du détail précis et des chiffres, les forces militaires russes, leur dispositif et leur état selon vous.

      Concernant les analyses de Poutine, la presse russe et mondiale permet d’excellents recoupements et un vrai travail de synthèse à partir de ses déclarations et celles de ses conseillers. De plus, les faits eux-mêmes, notamment l’acte réalisé le 14 juillet dernier, les attestent.

      Il me semble bien que l’article est en tous points très équilibré, d’autant que, contrairement à vos craintes exprimées, que je peux comprendre, cet article n’est pas alarmiste du tout.... sur le strict plan militaire, mais pose une problématique politique à travers un jeu politique, diplomatique et commercial dont nul n’est plus dupe maintenant, face à l’Union européenne, comme le titre le spécifie clairement.

      Par ailleurs, personne de sensé en saurait confondre un exposé de problématiques publiques évidentes sur les actes médiatiques du Président russe avec une quelconque forme de russophobie.

      Comme je vous le disais, les faits sont publics et les opinions sur eux sont libres : vous avez le droit de les donner, mais encore faudrait-il ici que vous partiez de l’article, de son sujet et des faits qu’il donne.

      Espérant vous avoir rassuré sur le fait que je ne suis pas un « partisan d’une nouvelle guerre froide » (d’ailleurs, quel intérêt y aurais-je ?), mais un citoyen qui synthétise des faits pour montrer les processus existants, informe objectivement les lecteurs sur des faits connus autant que publics et s’exprime avec les sources à l’appui et suite à travail soigneux de recherches.

      Bien cordialement vôtre,


    • finael finael 18 juillet 2007 18:49

      Qu’est-ce qui est le plus hypocrite : se retirer d’un traité, ou le conserver et ne pas s’y soumettre.

      Les USA ont décidé d’installer des sites de missiles anti-missiles en Pologne et en Roumanie, ainsi que de puissants radars. Contre l’Iran ? Allons, regardez une carte !

      Déjà, en faisant entrer dans l’OTAN de nouveaux pays, autrefois membres du Pacte de Varsovie, l’occident a froidement violé le traité de diminution des forces conventionnelles en augmentant leurs propres forces de celles de ces nouveaux pays.

      Pourquoi ne le mettez vous pas en parallèle avec la décision des dirigeants russes ?

      Car je ne vois pas Vladimir Poutine comme un nouveau Staline décidant seul de plans machiavéliques.

      Par contre je me pose la question qui vient à l’esprit de tout enquèteur : A qui profite le « crime » ?

      Certainement pas à la Russie qui n’a aucun intérêt à relancer une course aux armements coûteuse alors qu’elle peine à reconstruire son économie. Bien sûr elle modernise quelque peu son armée, mais nous en faisons autant depuis plus longtemps.

      De plus la majorité de ses échanges commerciaux se font avec l’Europe.

      Pas à l’Europe non plus, qui a tout intérêt, au contraire, à intensifier ces mêmes échanges avec la Russie.

      Mais qu’en est-il de la plus grande puissance militaire mondiale, dont l’armée est bien plus adaptée à ce genre de conflit qu’à une guérilla en Irak et qui semble avoir toujours besoin d’ennemis extérieurs pour justifier sa politique ?

      Est-ce un hasard si c’est le principal client (au sens originel du terme) des USA qui envenime la situation ?

      Avez-vous suivi les liens que j’ai placé ?


    • Webes Webes 18 juillet 2007 19:25

      Finael a raison, le gouvernement Bush n a pour but que de trouver des debouches pour son industrie militaire comme en Asie avec le Japon.


    • Philippe Vassé Philippe Vassé 19 juillet 2007 04:53

      Finael,

      L’exposé de vos opinions et de faits argumentés sur le dossier que soulève l’article est intéressant, j’ai déjà eu l’occasion de le dire.

      Le fait est que le Traité est bel et bien mort maintenant. Certains, ici ou là, peuvent essayer de ne pas s’en inquiéter, tous ont bien reçu le message et devront en tenir compte d’une manière ou d’une autre à leur niveau (le Figaro ou le gouvernement français par exemple)

      La décision de Poutine prise au nom de la Russie va bien évidemment être justifiée par nombre de vos explications, notamment sur les projets d’armes américaines en Europe centrale et orientale.

      C’est là un aspect des choses, mais un aspect seulement. « Le sage ne doit pas regarder le doigt, mais le ciel ». En clair, il est nécessiare dce creuser sous les seules apparences qu’on nous présente.

      Votre dernier commentaire a ceci de très fécond qu’il aborde les problèmes que cette décision induit sur le plan européen et international. Ce qui nous ramène plus au débat ainsi initié et écarte les aspects- prétextes purement « militaires », qui, pour le moment, ne sont pas les plus essentiels sur cette affaire. Nous en convenons tous deux.

      J’ai suivi vos liens avec plaisir et ai constaté qu’aucun ne concevait l’acte de Poutine comme ce qu’il est au plus haut point : un acte politique et diplomatique face à l’Union européenne et, derrière elle, un rappel fort aux autorités américaines que la Russie ne devrait pas être « méprisée », ou, pour être plus « cru », « prise pour une idiote aveugle » (cf : buts évidents de l’installation d’armes américaines en Pologne et en République tchèque pour...« lutter contre l’Iran » !!!

      Ceci dit, il semblerait sage aussi de ne pas sous-estimer non plus les capacités tactiques et politiques de Poutine, comme l’ont fait beaucoup de dirigeants européens et américains jusqu’à récemment.

      Personne ne dit ici que c’est un nouveau Staline. C’est un chef d’Etat qui a des ambitions et des objectifs. Le but de mes articles est de les mettre en lumière en partant des faits, pas de juger ceux-ci, ni leur auteur.

      Cela est du domaine des commentaires qui, comme les vôtres, versent des éléments au débat et donc contribuent à la compréhension des citoyens sur ce dossier ou d’autres.

      Bien cordialement vôtre,


    • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 20 juillet 2007 00:55

      A Tous. On devrait se faire confiance entre internautes que nous voyons exactement les mêmes faits, en tirons à peu près les mêmes conclusions et n’en diffusons que ce qui sert nos visions du monde respectives. Ce qui nous sépare des médias traditionnels, c’est qu’il est improbable que nous soyons payés pour la faire et que nous le faisons donc avec plus de conviction et parfois plus transparence.

      Je souhaite vivement que l’Europe se rapproche de la Russie, l’accueille en son sein et devienne la première puissance mondiale, reprenant le flambeau de la culture occidentale des mains défaillantes des Anglo-saxons. Je ne suis pas le seul.

      C’est en fonction de cet objectif que je tente de comprendre la logique des gestes des acteurs et que je vois chaque jour les signes qui favorisent cette évolution, comme aussi les obstacles qu’y posent ceux qui ne la veulent pas.

      C’est dans cette grille de lecture que j’insère les interprétations qui sont données sur ce fil du dernier gambit de Poutine. Je vous en remercie. C’est un voeu et non une analyse, mais je crois qu’on est sur la bonne voie. smiley

      Pierre JC Allard http://www.nouvellesociete.org


    • finael finael 20 juillet 2007 13:39

      Je pense effectivement que la Russie ne doit plus être méprisée et qu’avec sa population de 250 millions d’habitants et ses ressources naturelles elle est en quelque sorte un « allié naturel » de l’Europe.

      Je ne nie pas que Vladimir Poutine soit habile, non plus d’ailleurs que le régime fasse montre d’un autoritarisme croissant. Mais le premier point est-il un mal pour nous ?

      N’oublions pas que le pouvoir russe doit composer avec sa propre population.


  • mandrier 17 juillet 2007 19:14

    1.- Mes propos ne sont que le reflet d’observations successives et multiples.... Que ce soit dans le métro, ou ailleurs !... La lecture de Chauprade et celle de Coutau-Bégarie m’incitent à relativiser beaucoup de choses...

    2.-Je me demande d’ailleurs ce qui se passerait en cas d’ultimatum...

    3.- Les ouvriers et ingénieur de la DCN Lorient construisent d’excellents bateaux...

    4.- Souvenez vous d’un exercice inter-armes chinois où l’équivalent de la dépense en munition de trois années de l’OTAN... Le CEMM Chinois avait déclaré à l’issue que son pays allait renouer avec la stratégie impériale des Han... Sans doute pour nous rappeler le pillage du Palais d’été ?


  • mandrier 17 juillet 2007 19:52

    Oui, au fait, j’apprécie beaucoup votre point de vue sur : 1.- Les frégates.... 2.- Les décisions du Tsar...

    Enfin, il va se passer quelque chose !


  • dan 19 juillet 2007 16:07

    Article remarquablement exposé et objectif-------------------toutefois il manquerait,pour être parfait, une allusion aux nombreuses interventions militaires américaines qui pourraient expliquer en partie l’attitude de la Russie comme le dit Finael.Ceci dit ce n’était pas le rôle de l’article de tout dévoiler mais aux commentaires de le compléter comme vous l’avez dit si justement.--------------Je vous félicite pour votre remarquable courtoisie et précicions dans vos dires,c’est si agréable de vous entendre.------------------------------J’en profite pour dénoncer une tendance profondément russophobe et en général un antislavisme très détestable dans les milieux occidentaux.


  • dan 19 juillet 2007 17:00

    Contrairement à ce que laisse entendre la pensée unique ultralibérale qui sévit en Occident,je constate avec satisfaction que les pays qui voient leur puissance et cohésion sociale augmenter sont ceux qui intègrent un fort secteur étatique comme la Chine et dorénavant La Russie.L’auteur parle d’ironie de l’histoire,j’emploierais plutôt l’expression classique du marxisme « ruse de l’Histoire »-------------------------------On a enterré un peu trop vite le marxisme et le socialisme scientifique.On a confondu l’état marxiste avec l’étatisme et le communisme avec le collectivisme.Or c’est la force de l’Etat bras armé de la Nation qui régule et rassemble dans un tout organique rationnel les tendances individuelles anarchiques dispersées pour le bienfait de la communauté tout entière et l’exercice des libertés individuelles dans la justice et la sécurité pour tout un chacun.


  • Internaute Internaute 19 juillet 2007 21:20

    L’article est tandencieux et ne s’appuie sur aucuns faits réels à part une vague référence à une dépêche de l’AFP.

    Dans la mouvance de la trilatérale et de Zbignew Zbrezinski qui traîne une haine viscérale contre la Russie, les faiseurs d’opinion mentent systématiquement par omission et mettent en avant les faits qui les intéressent en oubliant les autres.

    Les Russes ont respecté unilatéralement pendant des années le traité de non prolifération alors que les européens ne l’ont pas fait. Il est normal qu’ils sortent de ce marché de dupe et heureusement qu’ils ont Poutine au Kremlin.

    Ils se retrouvent sous une menace nouvelle des USA qui fomentent la révolution dans tout leur pourtour et utilisent les anciens alliés d’Europe de ’lEst pour y installer des bases. Si l’on n’a pas envie que les Russes se réarment il faudrait commencer par ne pas les menacer. Des manoeuvre sont prévues avec la flotte américaine en Mer Noire avec débarquement de troupes et de matériels à Sébastopol.

    Quand aux faramineux budgets de la défense Russe et Chinoise dont l’auteur parle en cachant bien entendu son montant, il est du même ordre que celui de la défense française soit 36 milliards d’euros par an.

    Il faudrait donc en déduire, selon la propre logique de l’auteur, que la France s’est lancée dans une course au armements mettant en péril la paix mondiale. C’est du délire de propagandiste.

    La provocation américaine d’installer des bases militaires en Pologne soit disant pour surveiller un pays qui n’a pas de fusées balistiques ne mérite pas d’autre réponse que l’installation de fusées Russes à Cuba pour se protéger d’une future attaque venant du Costa-Rica. Heureusement qu’il y a encore quelqu’un de pondéré au Kremlin, épaulé en cela par l’excellent ministre des affaires étrangères Sergei Lavrov.


  • Internaute Internaute 19 juillet 2007 21:26

    L’Union Européenne n’est pas face à la Russie. Elle est un allié naturel de la Russie. Les allemands ne s’y sont pas trompés et l’ancien président Gerard Shroeder a pris la direction d’un énorme projet gazier entre l’Allemagne et la Russie.

    Aujourd’hui le danger planétaire est représenté par les USA et l’Israël. En s’appuyant sur la Russie les européens de l’ouest trouveront le moyen de contrebalancer les forces du mal dont nous voyons chaque jour l’ombre noire s’étendre sur la planète.


  • michel 67 20 juillet 2007 15:07

    poutine n’en a absolument rien à en foutre car il sait parfaitement que les européens ne sont que des putes avec une grande gueule, et que dès qu’ils froncent un sourcil tous ces braves dirigeants se cachent et attendent que l’autre fasse quelque chose. Mais rassurez vous il parait qu’il transforme la sibérie en vaste luna park pour sports d’hiver si si c’est vrai je vous le jure. Ah au fait quand il demande du pognon aux européens ces mêmes se bousculent au portillon pour lui en donner


  • vinvin 1er août 2007 17:58

    Bonjour.

    A INTERNAUTE !

    Exactement, vous avez parfaitement raison.

    Il n’ y a pas que la Corée du Nord, l’ iran, la Syrie, et autres....qui fassent partie de « l’ axe du mal ».

    Les USA et Israel en font également partie, et sont un danger planétaire pour la paix dans le monde.

    Bien cordialement.

    VINVIN.


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