vendredi 6 janvier 2012 - par HORCHANI Salah

La nouvelle tendance du Ministère tunisien de l’Enseignement Supérieur !

On a tendance à oublier qu’à coté du Jasmin, le Printemps fait pousser, aussi, les Cactus !

Le fait d’armes le plus grave de la guerre d’usure proclamée par les Salafistes tunisiens contre la Révolution de Jasmin, qui va fêter, le 14 courant, son premier anniversaire, reste le sit-in dans les bureaux de l’administration de la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba (FLAHM), établissement qui compte 8.000 étudiants.
 
Le 28 novembre 2011, un groupe de Salafistes, dont la quasi-totalité est étrangère à l’Université, ont bloqué l’accès aux salles pour les étudiants qui devaient passer des examens ou rejoindre des cours, tout en organisant un sit-in, qui perdure jusqu’aujourd’hui, dans les couloirs de la Faculté, et comme ailleurs, leur revendication principale est la levée de l’interdiction du port du Niqab dans l’enceinte universitaire. Suite à la décision prise par le Conseil Scientifique de l’Etablissement, relative au maintien de cette interdiction, les sit-inneurs se sont confortablement installés, cette fois-ci, dans les bureaux de l’administration, interdisant au Doyen d’accéder à son bureau, agressant des étudiants, des administratifs et des enseignants dont le Doyen lui-même ; un enseignant sera même transporté aux Services des Urgences. En outre, ces sit-inneurs, dont seulement trois éléments appartiennent à la FLAHM, ont ajouté une autre revendication, à savoir de mettre fin à la Mission du Doyen qui, rappelons-le, est élu par ses paires.
 
Suite à ces dépassements inacceptables, à la dégradation de la situation sécuritaire et devant l'impossibilité d'assurer la sécurité des étudiants, des enseignants et du personnel administratif et ouvrier, le Conseil Scientifique de la FLAHM, qui s’est réuni le mardi 6 décembre 2011, a décidé la fermeture de l’établissement universitaire jusqu’au départ des individus étrangers et à la levée du sit-in, et a demandé, par la voie du Doyen, à Moncef Ben Salem, nouveau Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (et membre historique du Parti Islamiste Ennahdha) l’intervention des Forces de la Sécurité Publique afin d’évacuer les sit-inneurs, alors qu’il s’était toujours refusé à une telle intervention jusque là. Cette demande d’intervention des Forces de la Sécurité Publique, bien qu’itérée par la suite plusieurs fois, n’a eu, jusqu’à ce jour, aucune suite. Entretemps, devant l’absence d’une décision forte de l’Etat sommant ces intrus à quitter les lieux, la situation s’est aggravée par l’augmentation du nombre de sit-inneurs et de leurs agressions, de tous genres, contre tous ceux qui oseraient s’approcher de leur territoire.
 
Aussi, la Fédération Générale de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique a appelé «  à un Rassemblement de Protestation pour le mercredi 4 janvier 2012, devant le Siège du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, pour la défense de l’autonomie et des valeurs universitaires et pour exiger le levée du sit-in des personnes étrangères à la FLAHM qui veulent imposer par la force et par la violence de nouvelles règles pédagogiques oubliant qu'il s'agit de règles que, seule la profession, a le droit de fixer  ». Parmi les slogans scandés en arabe, lors de cette Manifestation on, peut citer «  Ministre sans capacité de décider, rentre chez toi et garde la maison », dont une variante est « Ministre ne respectant pas sa parole, rentre chez toi et garde la maison », et, évidemment, le fameux « DEGAGE », scandé, comme il se doit, en français. Cette Manifestation, qui a rassemblé des milliers de personnes, a été, sauvagement, réprimée par les forces de l’ordre se trouvant sur place, comme l’a souligné un Communiqué de la Ligue Tunisienne des Droits de L’Homme, diffusée au cours du Journal Télévisé, le soir même, sur la Première Nationale, « condamnant énergiquement ces violences et exigeant du gouvernement la levée du sit-in qui prend en otage la FLAHM ». Ce qui a conduit plusieurs Mouvements et Associations de la Société Civile à appeler leurs adhérents à soutenir et à rejoindre ce Mouvement de Protestation des Universitaires. Il faut donc s’attendre à ce que la protestation prenne de l’ampleur.
 
Lors de ce Rassemblement, les présents ont assisté à une première sans précédent, même à l’époque de Zinochet et de Bourguiba, digne des régimes les plus rétrogrades de la Planète : à partir des fenêtres des plus hauts étages des bâtiments du Ministère, furent déroulées des pancartes où étaient inscrits des slogans haineux et diffamatoires, insultant et stigmatisant les enseignants de la FLAHM, en les qualifiant de mercenaires, de vendus, de responsables de la décadence de leur Faculté,…, ainsi que des slogans obscurantistes tel que : «  Le Niqab, composante de l’identité  » qui laissent présager la nouvelle tendance de ce Ministère !
 
Etaient-ils inspirés par celui qui traitait Ali Douagi, Abou el Kacem Chebbi, Tahar Haddad,…de« clochards » et d’ « idiots » ! Cf. à ce sujet mon Article intitulé « Tunisie : Une Question-Réponse qui en dit long sur Moncef Ben Salem, notre Ministre « annoncé » de l’Education ! »
 
Salah HORCHANI


201 réactions


  • Henri François 6 janvier 2012 15:11

    A l’auteur,
    A ma connaissace les trublions ont été délogés par les forces de sécurité le 5 janvier. Il est bon toutefois de relativiser les faits évoqués dans cet article qui, rigoureusement eaxcts, n’ont concerné qu’un étabissment universitaire du pays. Les salafites représentent un faible minorité en Tunisie et leur activisme débridé ne fait pas tache d’encre, bien au contraire. Dans sa très grande majorité le peuple tunisien qui demeure musulman est très loin d’adhérer à une telle mouvance radicale.


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 6 janvier 2012 15:48

    @ Henri François

    Ce n’est pas leur premier coup et ce ne sera pas leur dernier !

    Ainsi, le dimanche 26 juin, un groupe de Salafistes, brandissant des drapeaux noirs et hurlant des slogans fondamentalistes, ont saccagé, au centre ville de Tunis, le cinéma Afric’Art et agressé, physiquement, des spectateurs et des Artistes qui s’y trouvaient pour la projection du film-documentaire « Ni Allah, ni Maître » de la réalisatrice Nadia El Fani, projection qui semble ne pas être du goût de ces barbus. Dans ce documentaire, Nadia El Fani se met en scène en train de discuter avec des Tunisiens de la rue sur la place de la religion dans la société et dénonce « l’hypocrisie sociale » qui règne en Tunisie, hypocrisie qui conduit, par exemple, une majorité de gens ne faisant pas ramadhan à se cacher. Elle y plaide pour une religion relevant, strictement, de la sphère privée.

    De même, après la diffusion par la Chaîne Nessma TV, le vendredi 7 octobre, du film franco-iranien « Persépolis », dont le thème est une tentative de prévenir les jeunes filles du risque de la Dictature Religieuse qui enverrait aux calendes grecques, à l’image de ce qui se passe aujourd’hui en Iran, les Principes d’Egalité et de Parité, un groupe constitué de 200 à 300 Salafistes ont, le dimanche 9 octobre [ deux semaines avant les élections pour l’Assemblée Nationale Constituante], attaqué, saccagé et essayé d’incendier les locaux de cette Chaîne, et un autre groupe s’est introduit dans le domicile de Nebil Karoui, directeur général de ladite Chaîne, et l’a saccagé et a, aussi, essayé de l’incendier. La séquence du film qui a rendu fous ces « agitateurs excités » est une séquence représentant Dieu sous les traits d’un vieil homme barbu, représentation humaine de Dieu qui serait proscrite par l’Islam.

    Nadia El Fani et Nebil Karoui ont fait l’objet de fatwas de mort contre eux par des, soi-disant, Chefs religieux Salafistes, la première pour athéisme et le second pour blasphème.

    Salah HORCHANI


    • Henri François 6 janvier 2012 17:40

      J’ai eu connaissance des incidents regrettables que vous énumérez, ils font partie de provocations répétées comme moi-même ai pu le constater à Kélibia avec la tentative tonitruante d’un meeting tenu par des barbus, drapeaux vert et drapeaux noirs au vent, place du marché, réunion qui s’est traduite par un fiasco monumental devant deux (facile à compter) pauvres bougres.
      Quant à leurs condamnations via des « fatwas », il vaut mieux en sourire.
      Il ne faut surtout pas tomber dans leur piège certainement tendu avec la complicité par le silence, du parti islamiste (modéré ?!!), mais vous avez raison, il faut se montrer vigilant et s’opposer à toutes leurs tentatives nauséabondes.
      Je suis convaincu que la maturité du tunisien, son intelligence auront raison de cet abcès. Je vous fais confiance. Le plus important est la rédaction de votre constitution et c’est elle qui demande d’ores et déjà toute votre attention. Lorsque celle-ci sera votée, l’Assemblée, le Gouvernement et le Président changés, alors oui, Inch’Allah, les salafites avec le parti religieux retourneront ailleurs à leurs chères études moyennageuses.
      Bien à vous. 


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 7 janvier 2012 12:07

    Message que le Doyen de la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba a envoyé, aujourd’hui samedi 7 janvier 2012 à 01 heure, aux membres du Conseil Scientifique de ladite Faculté :

     

    Chers tous,

    Il est 1 heure du matin, je viens de rentrer à la maison après avoir assisté à la deuxième descente des forces de l’ordre pour déloger les sit-ineurs qui étaient revenus à la Fac en début de soirée et avaient monté une tente imposante en face du bâtiment central (ou ce trouve les bureaux du secrétaire général et du doyen). J’ai été appelé à 10h15, l’opération a commencé vers 23h et s’est prolongée jusqu’à 0h15. Il n’y a pas eu de violence, mais ils ont essayé vainement de me rappeler qu’il y avait un accord avec le ministre pour qu’ils puissent protester loin de l’administration. J’ai répété à plusieurs reprises que le dialogue était déjà rompu.

    Le problème reste entier, on doit être vigilant.

    Désolé de vous avoir dérangé un peu tard, mais je pense qu’il est de mon devoir de vous tenir informé de la situation de votre faculté.

    Habib Kazdaghli

     


    • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 7 janvier 2012 12:33

      Le Doyen serait-il moins important que les Salafistes ?

      Le Doyen a mentionné dans son Message que les Salafistes « ont essayé vainement de » lui « rappeler qu’il y avait un accord avec le ministre ».

      Comment se fait-il que le Doyen n’ait pas été informé de cet accord ?

      Serait-il moins important que les Salafistes, aux yeux de notre Ministre Moncef Ben Salem ?

      Salah HORCHANI


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 7 janvier 2012 17:36

    Un « Message de Soutien d’Universitaires et Chercheurs à leurs Collègues tunisiens » :

    http://medias.lemonde.fr/mmpub/edt/doc/20120106/1626769_53cd_amis_de_la_tun isie.pdf?ROSAE_PREVIEW

     

    Salah HORCHANI


  • platon613 8 janvier 2012 07:57

    Elections en Egypte : Les islamistes toujours en tête

    Les islamistes sont toujours largement en tête dans les législatives égyptiennes. Le parti des Frères musulmans (Parti de la liberté et de la justice - PLJ) et le parti des fondamentalistes salafistes (Al-Nour - La Lumière) affirment avoir receuilli ensemble plus de 62% des votes...

    http://www.news26.tv/proche-orient/...


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 9 janvier 2012 00:58

     

    Tunisie : Mon Dieu, vers quel Régime nous nous enfonçons !

     

    http://www.lepost.fr/article/2012/01/08/2675855_tunisie-mon-dieu-vers-quel-regime-nous-nous-enfoncons.html

    Salah HORCHANI

     


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 10 janvier 2012 10:55

  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 10 janvier 2012 11:03
    « Nouvelles de la Faculté des Lettres de la Manouba (Tunisie) 
    (Tunis, le 9 janvier 2012)

    Par Habib Mellakh, universitaire, syndicaliste. Département de français, 
    Faculté des Lettres de la Manouba (Tunisie)

    Malgré le retour massif des étudiants de la FLAHM, quelques incidents ont empêché, ce matin, le déroulement de certains cours. IL en a résulté une atmosphère très tendue comparable à celle que la faculté a connue pendant les premiers jours de la crise et qui a vu la répétition d’un scénario devenu classique : une étudiante portant le niqàb se fait escorter, au moment où elle se dirige vers sa salle de classe par un groupe d’une quinzaine ou d’une vingtaine d’étudiants non inscrits pour la plupart à la faculté, acquis à sa cause et munis d’appareils photos et de caméras . Tandis que l’étudiante entre dans la salle de classe, certains d’entre eux en bloquent l’accès. D’autres y pénètrent pour faire valoir auprès de l’enseignant en charge du cours le droit de cette étudiante à y prendre part sans se découvrir le visage en violation du règlement intérieur qui interdit de se voiler le visage et qui empêche l’entrée des étudiants dans les salles de classe pour y semer le trouble. Le professeur essaye de convaincre l’étudiante de se découvrir le visage tandis que ses camarades qui ont fait irruption dans la salle filment la scène malgré l’opposition de l’enseignant qu’ils insultent parfois. Après le montage de la vidéo, il ne restera plus aucune trace de cette agression verbale. Cette vidéo est censée être utilisée comme une preuve contre l’enseignant, coupable d’avoir empêché l’accès au cours et pris en flagrant délit (sic !). Le film ou la photographie permettent aussi d’identifier ce professeur récalcitrant et l’expose aux représailles. C’est une forme d’intimidation et une menace à peine voilée. Quand l’enseignant n’arrive pas à convaincre l’étudiante, il quitte la salle. 

    Aujourd’hui sept enseignants (4 enseignants arabisants, deux anglicistes et un italianisant) ont dû quitter la salle après avoir été verbalement agressés et menacés par les intrus. La directrice du département d’anglais venue prendre la défense de son collègue a été physiquement agressée. Elle a porté plainte auprès du district de la garde nationale de la Manouba. Pendant que les enseignants sont humiliés et qu’ils sollicitent la protection des autorités, le ministre déclare qu’il ne pourra pas envoyer aux établissements d’enseignement supérieur de circulaire interdisant le port du niqàb pendant les cours, les examens et les séances d’encadrement tant que la constitution n’aura pas été rédigée ! ».

    Salah HORCHANI


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 10 janvier 2012 12:12
    « BEN SALEM, L’ HOMME ET L’OEUVRE 

    par Ali Toumi Abassi, dimanche 8 janvier 2012

     Ebauche d’un portrait du nouveau ministre de l’enseignement supérieur, en attendant la fin d’autres séances de pose 

    L’entretien accordé par le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique à la chaîne Hannibal, hier soir, est un événement marquant de la toute première décade du gouvernement de la troïka, d’obédience essentiellement nahdhaouie. Comme beaucoup de mes compatriotes, notamment les universitaires qui attendaient que Ben Salem s’expliquât sur l’actualité universitaire, j’avais les yeux chevillés sur l’écran, et je tenais absolument à me faire ma petite idée sur une personne qui était déjà, depuis deux semaines, un vrai personnage frayant la chronique, quasiment diabolisé, traité de toutes les impérities possibles et imaginables, un vrai « pendard » comme dirait Molière. Quelle ne fut ma surprise ! Je devrais même parler au pluriel, car je n’en revenais pas, à force de voir mes préjugés (favorables et défavorables) dégringoler un à un, pour en rester finalement sur le cul. J’annonce donc ainsi la couleur de mon propos, et je vais parler de la personne et du personnage. 

    L’homme est on ne peut plus sympathique. J’avoue que c’est un peu « mon type » en matière d’amitié. Son tailleur hors catégorie, le noeud forcé de sa cravate, sa coiffure d’adjudant-chef, son sourire et même ses éclats de rire à peine retenus et soumis à la simple contagion d’humeurs avec son vis-à-vis, sa voix douce et entravée, sa gestuelle spontanée et nouée de tics, sa posture enfin et son air bon-enfant, parfois assombri par une nuée de traumatismes de l’ancien prisonnier d’opinion, longtemps martyrisé dans les geôles de Ben Ali….Tout cela fait de lui un homme qu’on a envie de ménager et de tenir par la main, pour éviter qu’il se trouve mal ou qu’il se mette à sangloter. Comme personne, j’avoue qu’il me dédouane de toutes les humiliations que j’ai dû vivre avec mes anciens « patrons », de Charfi à Tekari, trop poseurs, trop filous, trop condescendants, à l’image de leur marionnettiste de président. Mais le hic c’est que Ben Salem n’est pas affecté au département de l’enseignement supérieur pour collectionner des affinités électives des téléspectateurs anachronique tels que moi, ou des accointances pour d’éventuelles campagnes caritatives ! Il est à la tête d’un ministère où il faut faire preuve de distanciation et mettre à profit des talents scéniques et intellectuels multiples.

     Le personnage du ministre a donc brillé par son absence hier soir, alors que tout le gratin universitaire, ainsi que le public estudiantin et sans doute beaucoup de détracteurs, prévenus de l’émission d’Hannibal, l’attendaient au tournant. Après la campagne médiatique en règle dirigée précisément contre Ben Salem et d’autres ministres nahdhaouis, annoncés par certains comme des parvenus qui perpétuent le clientélisme et le favoritisme datant de l’ère tyrannique révolue, après la crise de la Faculté de Manouba, où le gouvernement de Jébali a été soupçonné de sympathie avec les salafistes, et surtout après l’accueil musclé et humiliant fait aux manifestants de cette faculté dans l’enceinte de leur ministère, les esprits étaient entièrement montés, les partis sans appel étaient déjà pris et n’attendaient qu’une confirmation dans les propos de l’invité d’Hannibal. Qu’en était-il ? Jugeons plutôt sur pièces ! 

    Je ne parlerai ni de son louvoiement quand il s’agit de justifier le silence du ministère devant l’acte illégal des sit-ineurs obstruant les lieux du travail, entravant des fonctionnaires de l’état en exercice et agressant physiquement le doyen, des enseignants et des étudiants, ni de la volonté de minimiser la dangerosité des exactions perpétrées, autant à l’université que dans le reste du pays, ni des imprudences langagières absolument inattendues de la part d’un ministre, en noyant le poisson sur des questions essentielles (la liberté de confession, le droit au travail, les problématiques pédagogiques et scientifiques), au profit d’une sophistique juridique ou spirituelle, fabriquée de toutes pièces, comme si son interviewer et les téléspectateurs universitaires étaient nés de la dernière pluie… mais je dirai deux mots de ses sorties sur la littérature. Le propos était gros, ahurissant, choquant et devrait sérieusement inquiéter l’université. 

    D’après les déclarations que lui prête le journaliste et qu’il n’a pas désavouées, mais surtout selon ses affirmations en direct, regard tourné vers la caméra, comme pour dire : je persiste et je signe, Ali Douâji n’est pas à sa place sur son piédestal d’écrivain, car il était ce marginal appartenant à une horde de « taht essour » ( littéralement au pied de la muraille), un soûlard invétéré, et surtout l’auteur de boutades indignes telles que : « bawanitou kawmine enda kawmine sawaguirou » (les mégots de certains sont des cigarettes pour d’autres)… 

    Sauf ingénuité de ma part, il faudra croire que notre ministre n’est pas l’universitaire que nous connaissons et qui vit ici et maintenant, mais un Béotien, déconnecté des réalités quotidiennes ( il avoue sans sourciller ne pas lire les journaux), et encore plus de la réalité scientifique. Primo, il n’est pas attendu d’un ministre de l’enseignement supérieur de s’immiscer dans une spécialité qui n’est pas la sienne, et de se mêler d’une problématique (évaluation de l’art) pour laquelle il n’a aucune compétence. A moins de croire que l’enseignement et la recherche littéraires n’ont rien de spécifique, ne demandent pas la science infuse et monsieur tout le monde peut y avoir son mot à dire. A moins aussi de s’inspirer des présomptions ridicules de Ben Ali qui faisait accroire à ses thuriféraires qu’il s’y connaissait en informatique, autant qu’en agriculture, en médecine et en menuiserie, lorsqu’il s’adonnait à ses piteux exercices de style, lors des visites de terrain. Dans ce cas, Ben Salem devrait aussi montrer aux enseignants d’arts, de médecine et de botanique ce qui ne va pas dans leurs départements respectifs. Il ne devrait pas s’étonner qu’un littéraire intervienne dans son fief de matheux, pour lui montrer quand, comment et à qui il faut dispenser un enseignement sur l’équation de troisième degré ! 

    On peut bien admettre qu’il faut choisir des auteurs, des oeuvres, des genres, des thèmes adaptés à chaque niveau ( en passant du primaire, au secondaire et au supérieur). C’est bien un truisme pédagogique ! Mais il n’appartient pas au ministre, surtout s’il est un béotien en littérature, de décider des options qui relèvent uniquement du travail de commissions de spécialistes, désignées ad hoc. Autrement, le ministre ne ferait que tendre des lits procustiens dans les établissements, et s’amuserait à y dorloter des enseignants choisis conformément à des mensurations idéologiques. Les adeptes de Pol Pot et Ghaddafi s’y sont déjà inutilement aventurés… 

    Maintenant, le fond du problème, et je le rappelle non pas à l’intention du ministre que je désespère de convaincre, puisqu’il s’est déjà avoué comme un étranger à l’art en général et à la littérature en particulier, le fond du problème, dis-je, consiste à postuler qu’un énoncé littéraire, tel que celui qui est injustement et naïvement reproché à Douâji, ne se lit pas exclusivement, ni même prioritairement, au premier degré, sinon le discours littéraire se confondrait avec le discours commun. Un vers, une boutade, un texte, un thème littéraire s’inscrivent et se lisent d’abord dans la spécificité générale de la littérature, qui est la connotation. Ben Salem et les lecteurs non initiés à l’art de l’écriture ne comprendront jamais que la phrase imputée à Douâji (les mégots de certains sont des cigarettes pour d’autres), relève à la fois de la parodie, du genre humoristique qui est le sien et de sa stratégie de créateur insoumis à l’ordre établi esthétique, social et politique. Ce n’est pas une simple galéjade douajienne de pasticher le fameux vers de Moutanabbi : « Bitha khadhatil’ayamou bayna ahliha, massaîbou kawmine enda kawmine fawaidou » (Ainsi la vie en a-telle décidé, le malheur des uns fait le bonheur des autres), mais une géniale récriture digne d’une réflexion approfondie, dans le cadre d’une dissertation et même d’un essai. Je n’aurais aucun scrupule à proposer cette boutade de notre plus grand humoriste en examen de littérature pour les étudiants de master ou d’agrégation, car elle est à la croisée de plusieurs problématiques : l’intertextualité, la généricité et… la littérature engagée… 

    S’il faut supprimer Ali Douâji de l’enseignement et de la recherche littéraires, pour cause d’immoralité, il faudra sans doute aller jusqu’au bout de l’argument et fermer tous les établissements d’arts, de littérature et de culture. Car, comme l’art en général, la littérature est d’essence immorale, c’est-à-dire, en fait, amorale, et n’entend en aucun cas rivaliser avec les livres sacrés. Ali Douâji aurait dit « bawanitou kawmine enda kawmine sawaguirou », comme Guermadi a écrit « hobboun ka katifi’l allouchi ala kouskoussi » (un amour semblable à l’épaule du mouton sur le couscous), Al-Maarri qui a fait dire à Ibnou’l Karih, s’adressant à une femme de « Rissalatoul’ghofrâne » : « ahmilini zakafouna » (porte-moi à califourchon sur ton dos ), Imrouou’l Kaïss qui a dit : « Alyawma khamroun wa ghadan amroun » (buvons aujourd’hui et vaquons à nos affaires demain !), Rabelais qui a écrit « femme molle à la fesse », signifiant gaillardement « femme folle à la messe », et Sartre qui a écrit « toutes les femmes sont des putes, sauf ma mère par respect ». Douâji, et tous ces grands auteurs du même acabit seraient-ils donc à effacer de notre mémoire collective et de nos annales pédagogiques et culturelles ? Si oui, le modèle de la politique éducationnelle mijotée par notre nouveau ministre de l’enseignement supérieur serait, à terme, celui qu’on prête à Omar Ibnou’’l Khattab ayant conquis Alexandrie et ordonnant à son général, Amrou Ibnou’l’Ass, de brûler tous les livres de la fameuse bibliothèque de cette ville, pour n’y garder que les volumes du Coran !

     Il faut espérer que Ben Salem n’a pas trop médité ses propos et s’est fait simplement trahir par sa bonhomie et son inculture littéraire. C’est dommage que l’un des ministres du nouveau gouvernement, soupçonné a priori de conservatisme édulcoré, mette ainsi très maladroitement, très dangereusement le pied à l’étrier, sans s’y connaître en équitation. Autrement, il faut que les universitaires se préparent à un gros quiproquo avec leur nouveau patron et à des dysfonctionnements sans fin dans la gestion de l’enseignement supérieur. ». 

    Salah HORCHANI

  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 10 janvier 2012 14:27
    « « Essaraha Raha » : l’issue de secours de Moncef Ben Salem
     
    Par Mohamed Anis Abrougui
    08 Janvier 2012

    Hier, sur la chaine Hannibal TV, Samir el Wafi a invité à son émission « Essaraha raha » l’actuel ministre de l’enseignement supérieur Moncef Ben Salem. L’émission fut très intéressante et instructive dans la mesure où diverses problématiques de l’actualité nationale furent discutées à l’instar du sit-in de la faculté de la Manouba. D’un autre côté, l’émission a fourni un éclairage certain sur le personnage du ministre et son passé. L’intérêt n’est pas de répéter ici l’émission qui est en train d’être retransmise en boucle mais plutôt de tenter de dégager les objectifs d’une telle émission, pour arriver peut être à sonder les « intentions de l’auteur ». En effet, pour différentes raisons l’émission d’hier semblait être vouée à réconcilier le personnage du ministre avec l’opinion publique et rien d’autre.

    D’un côté, le plan de l’émission lui-même pourrait se résumer à ces quelques étapes : une première partie consacrée pour déballer tout ce que l’on critique chez le ministre et pour lui permettre de justifier toutes ses « gaffes » si l’on peut les appeler comme ça. Ainsi sa position quant à l’affaire de la Manouba est explicitée, ses déclarations concernant Ali Douaâgi et le groupe de « Taht Essour » ont été aussi justifiés et le ministre en a minimisé l’impact et la portée, et la vidéo qui a circulé sur Facebook le montrant en train d’attaquer Bourguiba et lancer un discours d’allégeance à Qatar a été aussi discutée. Voilà le ministre lavé de ses erreurs enfin justifiées. La deuxième étape fut consacrée à contrer toute sorte de rumeurs concernant le ministre et ses tendances idéologiques. La tentative du coup d’état auquel il fut mêlé en 1987 a été évoquée à ce propos. Ainsi, Moncef Ben Salem n’est pas un extrémiste et il est bien capable d’être le ministre de tous les tunisiens. La troisième partie fut consacrée au pathos : Moncef Ben Salem, le personnage qui a tant souffert, qui a été empêché d’assister aux funérailles de sa propre mère par le régime Ben Ali. Nul n’est besoin d’affirmer que sans que le téléspectateur ne s’en rende compte, en prétendant déballer tout le linge sale du ministre, Samir el Wafi le lave.

    De l’autre côté, on remarque la façon légère dont certains sujets ont été discutés à tel point que l’on pourrait reprocher à Samir el Wafi de ne pas avoir voulu coincer son interlocuteur et de lui avoir laissé volontairement des portes de sortie alors que le paradoxe sautait aux yeux. Tel est l’exemple de l’affaire Douaâgi : Moncef Ben Salem minimise la portée de son discours et affirme avoir oublié s’il avait tenu les propos cités par l’animateur de l’émission. Il affirme avoir été contre un texte enseigné en deuxième année, pas plus. Or, tout le monde sait et Samir el Wafi savait que ce la vérité est tout autre. Lorsque le ministre s’est dérobé pour se concentrer sur l’histoire du texte, el Wafi n’a pas insisté. Le même comportement fut enregistré quand il a discuté de la vidéo dans laquelle l’actuel ministre parle des origines juives de Bourguiba, attestées par un papier écrit de la main de sa femme. Aucun commentaire de l’animateur ne vient mesurer la véracité de ces propos. Pour ne citer que ces exemples, el Wafi survole les problématiques sans les discuter dans le fond, permettant à son interlocteur de retourner sa veste publiquement en reniant ses propos passés de manière parfois audacieuses pour ne pas dire choquantes.

    En définitive, l’émission n’a apporté rien de nouveau ou presque comme information puisque tout le monde connaissait ce que l’on reproche à Moncef Ben Salem et ce dernier avait déjà tenté de se justifier dans la presse, en vain. L’émission a repris les gaffes du ministre et lui a permis de mieux les justifier. Même la partie émouvante pour agir sur les sentiments des téléspectateurs n’est pas nouvelle : le CV du ministre qui circule sur internet est plus chargé de souffrances politiques que de travaux académiques. L’on pense que certaines contre-vérités qui sautaient aux yeux auraient pu être relevées par l’animateur, et puisqu’elles n’ont pas été relevées, l’on accuse les intentions de l’émission. Peut être que l’on attendait beaucoup plus de cette émission alors qu’il ne fallait pas. »

    Salah HORCHANI

  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 10 janvier 2012 14:49
    « La Tunisie admet-elle les deux poids deux mesures ? 

    Samedi, 07 Janvier 2012 Par Moncef BEDDA

    Deux événements ont retenu l’attention en cette première semaine de l’année 2012, à quelques journées du premier anniversaire de la Révolution de la liberté et de la dignité. L’un s’est déroulé devant le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. L’autre a lieu à la faculté des lettres de la Manouba.

    La protestation des enseignants et des étudiants a provoqué une réaction musclée, voire violente, de la part d’éléments en civil, appartenant apparemment aux forces de sécurité. Le sit-in de la Manouba a été déplacé de quelques mètres de la façon la plus pacifique et la plus démocratique qui soit, en présence d’un imposant déploiement des forces de l’ordre. 

    L’observateur aura été témoin d’un comportement à deux vitesses. La patience usée à déplacer de quelques mètres les occupants des locaux administratifs et du bureau du doyen jure avec la punition expéditive exercée sur les universitaires, les étudiants et les journalistes. 

    Le plus stupéfiant est la position du ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique qui a accusé sans ambages les médias d’avoir amplifié l’affaire de la Manouba. « J’accuse franchement les médias d’avoir été les premiers à amplifier cette affaire », a souligné M. Moncef Ben Salem. 

    D’ailleurs, ce n’est pas la première fois que les journalistes sont accablés de tous les maux dont souffre la Tunisie depuis que les urnes ont porté au pouvoir le mouvement Ennahdha. Le témoignage à cet égard de Om Zied, dont le parti est allié du parti islamiste, ne laisse aucun doute sur les intentions belliqueuses d’Ennahdha à l’égard des médias. 

    Ce n’est en tout cas pas en tirant à boulets rouges sur les chevaliers de la plume et en essayant de les marginaliser, que le gouvernement Jebali va rétablir la confiance qui fait grandement défaut parmi les Tunisiennes et les Tunisiens. 

    La mission de trois ministres à Gafsa a-t-elle été menée avec le succès escompté ? Elle était sensée traduire « la volonté du nouveau gouvernement de renforcer le contact direct avec les régions et de suivre de près la situation dans le gouvernorat de Gafsa, notamment, dans le bassin minier, de manière à rétablir la confiance entre les habitants de ces régions et le gouvernement ». 

    La situation est préoccupante. Il est temps que les autorités agissent et mettent à exécution immédiatement les promesses faites aux citoyens. C’est avec du concret que la société aura la preuve que la situation a évolué et que la transition démocratique est en bonne voie. L’action, la clarté et la transparence sont les seuls ingrédients capables de mener vers le succès. ».

    Salah HORCHANI

  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 10 janvier 2012 15:38
    « Qui, politise l’affaire du niqàb à la Manouba ?

    Par Habib Mellakh, universitaire, syndicaliste. Département de français, 
    Faculté des Lettres de la Manouba (Tunisie)

    Comment peut-on croire que les enseignants de la Manouba refusent l’accès aux cours, aux examens à une étudiante se voilant intégralement le visage parce qu’ils ont un parti pris politique ?

    Comment ne pas se rendre compte que ces mêmes enseignants acceptent cette étudiante dans l’enceinte de la faculté, à la buvette, justement parce qu’ils n’ont pas de parti pris politique et qu’ils respectent la liberté de croyance ?

    Pourquoi leur nie-t-on le droit de défendre un parti pris pédagogique qui considère que la relation interactive est à la base de la réussite de toute formation, que le principe fondamental garant du bon fonctionnement et du succès de la transmission et de la réception de la connaissance est la coopération entre des individus qui acceptent la communication et le dialogue ?

    Pourquoi oublie-t-on que la situation d’apprentissage est, comme toute communication, basée sur un pacte socio-éthique et sur une relation de confiance qui fait que l’enseignant a parfois été perçu comme un saint ? La fonction d’enseignant n’est-elle pas perçue comme un sacerdoce, justement parce qu’elle revêt un caractère quasi religieux par la vertu et le dévouement qu’elle exige ?

    Pourquoi autorise-t-on qu’on bafoue la dignité des enseignants en leur faisant le procès d’intention qui fait d’eux des satyres potentiels, tentés par le diable, incapables de résister à leurs désirs et succombant fatalement à des appétits libidineux ?

    Comment peut-on me confier la formation de l’esprit, si on me nie toute aspiration à une élévation morale ou spirituelle ou si on me soupçonne d’être habité par l’esprit du mal ?

    L’enseignant ne prétend en aucune façon diriger les consciences et refuse la tentation de l’endoctrinement mais il ne saurait accepter d’atteinte à sa dignité ou à son intégrité morale ni de soumission aux adeptes du prêt-à-penser ou à des directeurs de conscience qui prétendent soumettre le monde à leur idéologie. Ce sont ces directeurs de conscience qui, sous couvert de la liberté religieuse, manipulent ces étudiants et les instrumentalisent politiquement comme le montrent de nombreuses vidéos qui sont diffusés sur les réseaux sociaux et particulièrement sur la page Talaba-révolution de Facebook. Ce sont eux qui s’abritent derrière les libertés individuelles pour tuer la liberté. Ce qu’on oublie trop vite, c’est qu’ils ne sont pas dans la posture d’une minorité persécutée mais d’une minorité qui, en pays d’Islam, compte imposer sa lecture de l’Islam. Qui, politise l’affaire du niqàb à la Manouba ? ».

    Salah HORCHANI

  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 10 janvier 2012 18:15
    Message diffusé [à grande échelle, mais de façon confidentielle et personnelle] par les Partisans et/ou sympathisants de qui vous savez [sans se déclarer comme tels ; mais, au contraire, en se présentant comme étant apolitiques, à la manière de notre Ministre Moncef Ben Salem, dès le début des années 80] auprès de la Communauté Scientifique Internationale, pour défendre la Position de qui vous savez, concernant le port du Niqab ! 

    « Le problème d’étudiantes portant le Nikab (la burqua) est un problème général qui concerne la quasi-totalité des instituts universitaires en Tunisie. Il s’agit d’un nouveau problème qui a surgi après la révolution dans le contexte du soulagement des libertés personnelles. Cette liberté personnelle n’a pas été, à ce jour, réglementée par une loi et ce, à cause de l’instabilité politique du pays dans cette étape transitoire. 

    Vu la sensibilité de l’affaire, le gouvernement transitionnelle n’a pas voulu prendre une décision ferme dessus. Ce qui est raisonnable en quelques sortes. Les responsables universitaires ont dû alors prendre les choses en main et trouver une solution provisoire à cette question. La plupart ont su traiter le problème avec sagesse et précaution sauf à l’université de Manouba où l’affaire a pris une envergure assez grave. 

    La question qui se pose c’est pourquoi spécialement à cette fac que les choses ont-elles progressé de la sorte ? En examinant certaines données, on peut trouver quelques pistes qui nous aideront à trouver une explication. 

    En effet, il est important de signaler que le doyen est un membre actif d’un parti politique (le pôle moderniste) et que ce parti se voit sans pouvoir sur la scène politique, à cause de sa représentation minoritaire à la constituante et à sa non participation au gouvernement. D’autant plus que ses responsables ont exprimé leur mécontentement et leur frustration à l’égard du parti majoritaire : La Nahdha. Ils se sont même placés en tant que ’force de l’opposition’ en refusant de travailler d’une façon coopérative pour l’intérêt général du pays. 

    D’autre part, l’affaire du Nikab s’inscrit dans le cadre des libertés religieuses qui a fait l’objet du fameux dilemme islamisme/laïcité qui ne cesse de tourmenter notre pays depuis la révolution.

     A mon avis, je pense que le doyen ainsi que ses collègues ont traité l’affaire avec parti pris en adoptant une attitude de confrontation, chose qui a encouragé les manifestants à réagir avec violence.

     Il est à noter que le parti Nahdha a exprimé, depuis le début des évènements, sa condamnation de la violence ( agression du doyen) et a appelé le doyen à appliquer la loi d’une façon ferme pour rétablir l’ordre à l’université. Par ailleurs, il a expliqué qu’il respecte la liberté de porter le Nikab mais à condition que ça ne s’oppose pas à l’application des règlements administratifs nécessaires ».

    Salah HORCHANI

  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 10 janvier 2012 23:25
    « Nouvelles de la Faculté des Lettres de la Manouba (Tunisie)
     (Tunis, le 10 janvier 2012) 

    Par Habib Mellakh, universitaire, syndicaliste. Département de français, 
    Faculté des Lettres de la Manouba (Tunisie) 

    La volte-face de Moncef Ben Salem a encouragé le retour des sit-ineurs 

    La situation est de jour en jour plus tendue à la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba (FLAHM) et le sentiment d’insécurité gagne de plus en plus les enseignants et les étudiants surtout après l’agression physique dont Amel Jiidi, directrice du département d’anglais a été la victime hier après-midi et la menace de mort proférée à son encontre par un intrus qui s’est introduit à la faculté pour renforcer le groupe des défenseurs du niqàb et qui a été identifié par la garde nationale comme un jeune, habitant à la cité Ettadhamen et ne fréquentant aucun établissement d’enseignement supérieur. Une étudiante terrorisée hier, parce que la salle de classe où elle se trouvait a été envahie par le groupe, a dû sauter par l’une des fenêtres du rez-de-chaussée. Son témoignage a été recueilli par la garde nationale.

    Le feuilleton des cours empêchés de se dérouler (au nombre de trois) continue et deux devoirs surveillés n’ont pas eu lieu. Mais le nouvel élément dans l’épisode d’aujourd’hui a trait à la reprise du sit-in. Les sit-ineurs ont passé la nuit d’hier à la faculté, amenant le matériel sophistiqué des meetings politiques avec des haut-parleurs et des micros très performants, et accrochant, entre les arbres du parc, des pancartes rappelant leurs revendications, sauf qu’en guise d’auditeurs, ils n’ont eu qu’une poignée d’étudiants et des journalistes de la chaîne al Jazeera. Tous les ingrédients sont par conséquents réunis pour la reconstitution du contexte qui a prévalu avant la fermeture de la faculté. Les collègues inquiets, scandalisés ou atterrés estiment que la situation est devenue intenable, que les examens semestriels qui auront lieu dans quinze jours sont menacés et que les cours de rattrapage décidés par le conseil scientifique peuvent être suspendus. 

    Je n’ai pas voulu hier dans ce bulletin évoquer la menace de mort à l’encontre d’Amel Jiidi avant de m’assurer d’une prise en mains de l’affaire par la police, de peur d’être accusé d’amplification. Pourtant d’aucuns serinent jusqu’à aujourd’hui cette rengaine dans quelques médias. La prise en otage du doyen, la prise en otage de toute la faculté obligée de fermer ses portes et soumise jusqu’à aujourd’hui au diktat des sit-ineurs, l’agression qui m’a amenée aux urgences, Amel Jiidi menacée de mort, tous ces faits ainsi que les injures quotidiennes dont les enseignants sont abreuvés et les atteintes à la liberté du travail ne suffisent-ils pas pour convaincre nos détracteurs et l’état tunisien de la gravité de la situation ? Faudra-t-il que quelqu’un soit grièvement blessé ou qu’il meure à la faculté pour que l’on mesure les dangers réels encourus par tous ceux qui la fréquentent dans les circonstances actuelles ? Ces actes ne constituent-ils pas des délits punissables par le code pénal ? Ces faits ne sont-ils pas assez accablants pour que la justice se saisisse de l’affaire et traduise les coupables devant le tribunal ? Pourquoi livre-t-on la faculté aux sit-ineurs ?

    Les universitaires, dans leur écrasante majorité considèrent que l’affaire du niqàb les concerne tous et qu’elle n’interpelle pas uniquement les enseignants de la Manouba comme le montrent, du reste, la grève du premier décembre et le rassemblement du 5 janvier. Ils ne comprennent pas pourquoi la levée du sit-in n’a pas été suivie d’une arrestation des coupables. Ce a qui pu se passer après l’engagement des autorités à ratifier le règlement intérieur sur le niqàb par la publication d’une circulaire demeure, à leurs yeux, un mystère. Un conseil interministériel réuni jeudi 5 janvier pour discuter de la question du niqàb et la rencontre des membres du conseil scientifique de la Manouba avec le président de la république étaient portant porteurs de promesses que la double levée du sit-in avait confortées. Les universitaires ont également caressé l’espoir que la nécessité d’une politique gouvernementale cohérente en matière de niqàb conjuguée à la pression des universitaires amènerait le ministre de l’enseignement supérieur à s’aligner sur la position de Taïeb Baccouche, son collègue de l’éducation nationale dans l’équipe de Béji Caïd Essebsi, favorable à l’interdiction du niqàb dans les collèges, les écoles primaires et les lycées, dans un contexte identique à la situation actuelle et qui a vu la constitution de la Tunisie abrogée. La circulaire de l’ancien ministre de l’éducation nationale n’a pas pour autant été considérée comme illégale par le tribunal administratif et elle est actuellement reconduite par son successeur. La volte-face de Moncef Ben Salem, à qui les universitaires imputent le durcissement actuel dans les positions des sit-ineurs et qui est intervenue à l’occasion de l’émission Saraha Raha, révèle-t-elle des divergences au sein du gouvernement sur la question ? Si tel est le cas, les membres de l’actuelle équipe ont intérêt à accorder leurs violons parce que la situation risque de dégénérer, si l’on ne résout pas le problème. 

    Conscients de la gravité de la situation, le bureau syndical de l’enseignement supérieur de la Manouba, celui du syndicat du corps commun, celui des ouvriers et celui des fonctionnaires, appuyés par le bureau exécutif de l’UGTT envisagent d’organiser, dans les meilleurs délais, sous l’égide du bureau national de la FGESRS et de l’URT de la Manouba, une assemblée générale pour prendre les mesures susceptibles d’aider au déblocage de la situation. ». 

    Salah HORCHANI

  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 10 janvier 2012 23:55

    « Moncef Ben Salem : Que de la gueule..... 


    Par Ali Gannoun 
    Directeur de Recherche
    Université Montpellier 2 

    Mon ministre de tutelle est très diplômé, un peu trop peut être. Nous sommes des nains de la science devant l’immensité de son savoir. Il s’y connait même en généalogie, il affirme que »Bourguiba avait des racines juives et était sioniste« . Ma boulangère disait la même chose de Mr Ben Salem mais elle ne le traite pas de sioniste, elle est honnête et bien éduquée. 

    Que nous descendions d’Abraham, ceci est un fait historique que l’aspirant apprenti Professeur Ben Salem présente comme une découverte. C’est à la mesure de tous ces travaux en 40 ans de carrière : quelques bouts de papiers scientifiques qu’un étudiant en fin de thèse est capable de faire mais avec plus de brio. 

    Le nouveau ministre de l’enseignement inférieur est très fiévreux. Il délire le savoir !! Ses idées sont désordonnées et peu cohérentes, il passe du coq à l’âne avec la gravité d’un marchand de chaussettes qui nous explique l’importance du port du cache-nez avec les chaussettes courtes. Qu’il soit imbibé de croyance hallucinogène, je le comprends et je compatis même, mais qu’on nous le présente comme le nouveau Einstein je ne peux pas l’admettre !! La connerie a des limites !!!!

    Pour le sionisme de Bourguiba je lui rappelle juste une phrase de Golda Maeir ancien premier ministre israélien »méfiez vous de Bourguiba, c’est l’arabe le plus dangereux pour nous« . Mais peut être qu’à l’époque il écoutait »Gafla Tsir« ou jouait-il à la »kharbga« avec ses semblables qui sont aujourd’hui les nouveaux politiciens de »ouithni« (je reste poli !). 

    L’incompétence, la médiocrité et l’opportunisme caractérisent plusieurs membres du nouveau gouvernement. Ceci peut rassurer Mr Ben Salem, il n’est pas la »seule lumière« parmi ce déluge de ministres. 

    Et la Tunisie dans tout ça ? Et ben, nous aurons, pour noyer nos désespoirs et oublier nos chagrins, le Mc Do : un Coca, une barquette de frites, un sandwich puant le ketchup et la photo de Ghannouchi grand format en cadeau. Putain que j’en ai marre !!!! !...AH..... ! ».

    Salah HORCHANI

  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 11 janvier 2012 00:34

    « Communiqué sur la situation à la Faculté de la Manouba 


    Mouvement Ettajdid 
    Le 5 janvier 2012 

    A la suite des graves incidents survenus lors du sit-in du mercredi 4 janvier, devant le Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, des enseignants, des étudiants, des fonctionnaires et des ouvriers de la Faculté des lettres, des arts et des humanités de la Manouba (FLAHM) auquel ont appelé leurs syndicats respectifs, relayés en cela par la Fédération Générale de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (FGESRS), le Mouvement Ettajdid tient à exprimer sa profonde inquiétude face à la dégradation de la situation à la Faculté de la Manouba et au risque de pourrissement dû au mutisme de l’autorité de tutelle face aux revendications des représentants des enseignants et des étudiants exigeant l’évacuation des éléments étrangers à la Faculté et le déplacement du sit-in au sein de la faculté de manière à permettre le fonctionnement normal de l’administration et la reprise des cours.

    Il rappelle que la situation de blocage dans cette faculté perdure depuis plus d’un mois et que la poursuite de la part du ministère de cette politique d’indifférence risque de compromettre l’année universitaire et met près de huit mille étudiants face au spectre d’une année blanche. 

    La sortie de la crise exige de l’autorité de tutelle un minimum d’écoute et de signaux positifs face aux revendications des universitaires et des étudiants désireux de reprendre les cours. 

    Le Mouvement exprime sa ferme condamnation du traitement brutal qui a été réservé à certains sit-in ers, en particulier des journalistes et le secrétaire général de la FGESRS, ainsi que sa consternation face au contenu haineux et diffamatoire vis-à-vis des universitaires de pancartes affichées aux fenêtres du Ministère, qui mettent clairement en cause le dévouement des enseignants dans l’exercice de leur métier et leur sens des responsabilités. Il exige une enquête rapide de la part du Ministère sur les auteurs de ces pancartes. 

    Face à la prolongation de la crise et l’échec de toutes les tentatives de solution engagées jusqu’ici, les étudiants, les parents et les enseignants attendent du Ministre de l’enseignement supérieur qu’il assume pleinement ses responsabilités en mettant un terme au blocage actuel avant qu’il ne s’étende à d’autres établissements universitaires et exigent des autorités qu’elles fassent preuve au moins d’autant de détermination à dégager l’accès à la Faculté de la Manouba qu’elles en ont mis à dégager l’accès du Ministère.

    Pour le Mouvement Ettajdid,
    Le premier secrétaire, 
    Ahmed Brahim »

    Salah HORCHANI

  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 11 janvier 2012 09:50
    FLAHM : Une universitaire, agressée et menacée de mort par les Salafistes, porte plainte

    « Amel Jaidi, chef du département anglais et membre du conseil scientifique de la Faculté des lettres de La Manouba, a déposé, mardi 10 janvier 2012, une plainte contre deux étudiants de la faculté : une étudiante portant le niqab, qui l’a agressée verbalement, et un étudiant de 1ère année d’histoire qui l’a menacée de mort.

    Selon une déclaration qu’elle a faite à Shems Fm, Mme Jaidi a expliqué que, lundi à 9h30 du matin, une étudiante portant le niqab s’est présentée à son cours. L’enseignante lui fait comprendre « gentiment » qu’elle devait dévoiler son visage pour pouvoir assister à la séance, selon le règlement intérieur de la faculté. L’étudiante l’a, alors, agressée verbalement, puis elle est partie pour revenir avec un groupe d’individus fondamentalistes qui voulait imposer sa présence par la force. Ces personnes sont entrées dans la salle de classe sans autorisation, précise la professeur. Elles l’ont agressée, ainsi que les étudiants présents dans la salle, verbalement (certains la menaçant de mort dont un qu’elle a reconnu : un étudiant en 1ère année histoire) et physiquement (en la poussant).

    Pour ces individus, le niqab est une liberté individuelle et « tant que cette soeur ne pourra pas étudier, personne n’étudiera ». 13h30 rebelote, le groupe est revenu avec des renforts externes à la faculté, agressant verbalement les enseignants présents. Mme Jaidi a également indiqué qu’en plus de la plainte déposée, un rapport interne sera rédigé. ».

    Source :


    Salah HORCHANI

  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 12 janvier 2012 10:13
    « Retour des sit-inneurs à la faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de La Manouba

    Ce dogme qui veut gouverner l’université..

    Mercredi 11 janvier 2012 Par M.H.ABDELLAOUI

    Ahmed Chawki a sacralisé l’enseignant au point d’en faire un prophète. De nos jours, on assiste à des conduites qui ne font que l’opprimer, le contrarier et le déshonorer.

    Voilà une crise des valeurs qui ne cesse de se propager au sein de nos universités et établissements scolaires. De ce point de vue, ce qui s’est passé lundi à la faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de La Manouba en est un témoignage vivant. L’histoire ? Mme Amel Jiîdi, professeur chef du département anglais et membre du conseil scientifique, a fait l’objet d’une agression par une étudiante portant le voile intégral (niqab). Contactée, hier, à ladite université, elle nous livre sa version des faits : « L’incident s’est produit, hier, lundi, à 9h.30 devant la salle 323. On avait déjà entamé le cours quand une fille tout de noir vêtue s’est présentée en refusant de découvrir son visage, menaçant les étudiants que si elle n’était pas admise en cours, ce dernier n’aurait pas lieu. A ce moment-là, je suis intervenue, lui demandant gentiment de découvrir son visage, mais elle a refusé tout en m’insultant. Puis, ayant compris qu’il n’y avait pas moyen qu’elle assiste au cours sans découvrir son visage, elle m’a menacée de ramener toute la bande des salafistes et sit-inneurs qui étaient revenus depuis vendredi soir à la faculté des Lettres. Cinq minutes après, elle a débarqué avec près d’une vingtaine de barbus portant la tenue salafiste. Du coup, ils ont commencé à crier, à m’insulter et à me menacer. Je tiens à préciser, par la même occasion, que cette bande de salafistes était guidée par quelqu’un qui est connu pour son leadership au sein de la mouvance salafiste à l’intérieur de la faculté. Ce dernier a, ensuite, recommandé à ses compagnons de forcer le passage pour entrer en classe en m’agressant et, me poussant par derrière, j’ai failli tomber. Ce faisant, ils ont interrompu le cours pour insulter, par la suite, les étudiants en leur disant que si jamais cette soeur n’entrait pas en cours, ce dernier n’aurait pas lieu. A ce moment là, je me suis retirée avec mes étudiants et ils sont partis. L’après-midi, à 13h.30, j’étais dans mon bureau quand l’agent du département est venu m’informer qu’une collègue à nous venait d’être agressée dans la salle 313. En me rendant sur les lieux, j’ai trouvé la même bande accompagnée cette fois-ci d’autres individus qui n’appartiennent pas à la faculté et qui ne sont même pas des étudiants. En compagnie d’autres collègues, nous avons entamé une discussion avec eux, essayant de les dissuader de leur mauvaise action. Mais ils m’ont encore une fois agressée verbalement, puis, l’un d’entre eux s’est dirigé vers moi en me lançant qu’il s’agissait d’une affaire personnelle entre lui et moi et me menaçant de me liquider. Il m’a dit, à la lettre : « Moi, je ne parle pas beaucoup, je suis là pour agir »... Entre-temps, Mme Jîidi s’est tournée vers la justice : « C’est ce geste qui m’a poussée à porter plainte contre cette personne et le leader de la bande salafiste qui m’a agressée pour incitation à la violence. De surcroît, je trouve que le ministère de l’Enseignement supérieur est plus que jamais appelé à agir au plus vite pour trancher cette question. Autrement, si jamais notre ministère de tutelle ne prenait pas une position claire, il serait responsable de toute la violence qui pourrait se produire », conclut Mme Jiîdi. 

    Du temps gaspillé et après... A qui profite le désordre ? Est-on conscient de ce précieux temps que l’on est en train de gaspiller ? Est-ce un vrai combat pour des principes et des valeurs, ou sommes-nous en présence d’une instrumentalisation politique tout simplement ? A-t-on essayé de déterminer le profil et le statut social des sit-inneurs ? Des questions que l’on se pose au vu des perturbations qui ne cessent de secouer nos facultés. S’attardant sur la question du temps, M. Habib Kazdaghli, doyen de la faculté des Lettres, des Arts et des Sciences humaines de La Manouba, précise que, contrairement à ce que l’on pense, le sit-in n’a pas été levé. Il a été interrompu suite à l’intervention du ministère de l’Intérieur pour prendre une nouvelle forme : « Les sit-inneurs ont choisi de procéder autrement, en se déplaçant en groupe d’une vingtaine de personnes, munies de caméras pour filmer tout ce qui peut se passer dans une salle contenant une étudiante portant le niqab. Une manière d’intimider l’enseignant ou l’enseignante qui refuse de se soumettre à leur volonté. Il faut dire, dans ce sens, que la décision prise par le conseil scientifique de la faculté, le 2 novembre dernier, stipule que toutes les parties concernées sont appelées à respecter les mesures en vigueur, dont l’interdiction du port du niqab en classe°°, pour des raisons pédagogiques, ainsi que la préservation d’une bonne relation enseignant-enseigné, sur la base du respect mutuel. En d’autres termes, les filles qui portent le niqab peuvent accéder à la faculté, à la bibliothèque ; elles peuvent circuler en toute liberté au sein de la faculté. Elles doivent néanmoins découvrir leur visage en entrant en classe pour des raisons de sécurité et pédagogiques. Or, il se trouve que ce règlement intérieur n’est toujours pas accepté par les sit-inneurs, qui nous font perdre du temps là où l’on oeuvre tous à rattraper le rattrapable. Le scénario auquel nous assistons chaque fois est que, face au refus des filles portant le niqab de se soumettre à la loi en refusant de montrer leur visage, le professeur se trouve obligé de quitter les lieux devant l’impossibilité d’accomplir sa tâche dans les règles de l’art. Demander à une fille de se dévoiler est une exigence pédagogique à laquelle sont attachés tous les enseignants et pédagogues, faisant valoir qu’ils ont besoin de savoir à qui ils ont affaire. D’ailleurs, il faut que tous les acteurs de la société civile s’y engagent, et que les parents comprennent que cette exigence n’a pas d’autres soubassements que celui de l’intérêt des étudiants. De là, ils sont appelés à nous soutenir, en encourageant leurs enfants à respecter les lois en vigueur. Les différents syndicats nous soutiennent en cela »°°, fait remarquer M.Kazdaghli. 

    A la question de savoir si, derrière ce sit-in, ce n’est pas l’oisiveté, mère des vices, qui agit en sous-main, M. Habib Mallekh, universitaire et ancien secrétaire général du syndicat général de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, répond que les sit-inneurs ne sont pas des étudiants oisifs qui occupent leur temps en faisant des sit-in : « Ce sont des étudiants qui ont un certain nombre de convictions qu’ils défendent. Une de ces convictions est que les étudiantes doivent porter le voile intégral au sein de l’université et dans les salles de classe. Ils cherchent à nous imposer cette position dogmatique, ignorant que les lois propres à l’institution l’interdisent strictement. Nous respectons leur dogme mais ils sont également appelés à respecter les règles séculaires de la profession. Lesquelles règles exigent des méthodes pédagogiques bien déterminées pour la transmission du savoir à l’apprenant. Ils ignorent peut-être qu’en assimilant l’enseignant à un « animal libidineux » qui ne songe qu’à ses appétits charnels en regardant une étudiante, ils le blessent dans son honneur. Nos parents avaient, dans les années 60 et 70, une confiance aveugle en l’enseignant, au point d’accepter la punition corporelle qu’il infligeait à leur progéniture. Il faut continuer à défendre ces bonnes valeurs », considère M.Mallekh. Un avis partagé par M.Néji Argoubi, professeur de géographie, qui affirme, sur un mode allusif, qu’il y a nécessité de revoir la structure universitaire et les systèmes d’enseignement adoptés, afin de préparer des hommes et des cadres aptes à prendre la relève pour la prospérité du pays et le bien-être des Tunisiens... 

    S’exprimant sur les événements secouant la faculté de La Manouba, un sit-inneur rencontré dans la cour de l’université fait remarquer que le port du niqab est un droit qui doit être respecté partout et à tout moment, vu que cela relève des libertés individuelles. Il pense également que leur cause « est juste tant qu’elle puise dans les préceptes de la religion islamique ». ».

    .......................

    °° Voir le Commentaire suivant qui précise la position de la FGESRS (Fédération Générale de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique) concernant le Port du Niqab.

    Source :


    Salah HORCHANI

  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 12 janvier 2012 10:35
    La FGESRS (Fédération Générale de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique) appelle à une Interdiction absolue de cacher son visage au sein de l’Enceinte Universitaire 

    mardi 27 décembre 2011 par Salah HORCHANI 

    Remarque préliminaire : 

    Depuis quelques temps, et, aussi, depuis peu de temps, plusieurs Personnalités politiques appartenant, en particulier, au Mouvement Ennahdha, et, en général, à leurs alliés de la Troïka, essayent, par des déclarations ballon-d’essai, souvent de manière déguisée, de revenir sur l’interdiction du Niqab dans l’Enceinte des Universités. Parmi ces Personnalités, on peut citer Moncef Marzouki, notre nouveau Président de la République, Moncef ben Salem, notre nouveau Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, Tarak Dhiab, notre nouveau Ministre de la Jeunesse et des Sports, Rached Ghannouchi, le Président du Mouvement Ennahdha,… Toutes ces Personnalités motivent leur déclaration par, soi-disant, le Principe des Libertés Individuelles. Alors que le bon sens primaire commun montre que le port du Niqab est un danger, entre autres, pour la sécurité de tous dans l’Enceinte des Universités, est un danger pour celle qui le porte et ses camarades de classe dans les Salles d’Etudes, en particulier, les Salles de Travaux Pratiques, est un danger pour l’égalité de tous devant les examens et pour leur déroulement normal, et qu’il est contraire à ce qu’il y a de commun pour tous les types de Pédagogies, plus précisément : le Savoir ne peut se transmettre qu’à visage découvert. A moins que l’abandon de la Mixité soit la finalité cachée derrière le « bon sens » des dites Personnalités ! 

    C’est dans ce cadre, et, principalement, à l’attention de ce type de Personnalités, que je reproduis, ci-dessous, un Extrait d’une « Motion Générale » émanant de la FGESRS (Fédération Générale de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique), Extrait, initialement écrit en arabe, dont j’ai assuré la traduction en français : 

    Union Générale Tunisienne du Travail

    Fédération Générale de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique

    Tunis, 10 décembre 2011 

    Motion Générale (Extraits)
     
    Nous, Secrétaires Généraux des Syndicats de Base (…) de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, réunis en ce samedi 10 décembre 2011, au siège de l’UGTT, sous l’égide de la Fédération Générale de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, et ce, afin d’examiner l’Ordre du Jour suivant : 

    -Comment réagir face aux atteintes répétées aux Libertés Académiques et Individuelles perpétrées à l’Université Tunisienne ?

     (…) 

    Après avoir échangé les informations et avoir débattu à ce sujet, 

    1. Nous saluons tous les universitaires qui ont contribué à la réussite de la Grève de Protestation du 1er décembre 2011 pour défendre la Sacralité de l’Université et son Indépendance, pour repousser toutes les tentatives de violation des Libertés Académiques, pour dénoncer la violence qui a visé un nombre non négligeable d’enseignantes et d’enseignants. De plus, nous dénonçons fermement les quelques annonces isolées qui affirment ne pas vouloir se plier aux décisions de la Fédération Générale de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique et de la majorité des syndicalistes ; 

    2. Nous exprimons notre profonde inquiétude au sujet de la suspension des cours à la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba, empêchée par ce fait de remplir son rôle scientifique et académique, et cela comme conséquence directe du sit-in et de la violence verbale et physique exercée par des éléments étrangers à la Faculté ;

    3. Nous insistons sur la nécessité de laisser l’Espace Universitaire en dehors de toute surenchère politique ou idéologique afin que l’Université demeure l’espace de la production de la Science et de la diffusion de la Connaissance ; 

    4. Nous appelons tous les Conseils Scientifiques et tous les Conseils des Universités à arrêter des décisions écrites qui interdisent, clairement, à quiconque de cacher son visage au sein de l’Enceinte Universitaire, dans les Salles de Cours et dans les Salles d’Examen. Nous appelons, aussi, les Autorités de tutelle à prendre leurs responsabilités pour défendre les Libertés Universitaires, à parrainer les plaintes déposées contre quiconque ayant usé de violence envers les universitaires et à trouver les moyens adéquats pour appliquer l’Arrêté exigeant de ne pas cacher son visage à l’intérieur de l’Enceinte Universitaire. Nous affirmons également que nous refusons, catégoriquement, le retour de la Police Universitaire ;

    5. Nous affirmons notre refus de tout dialogue avec les éléments extérieurs à l’Université. Par contre, nous soutenons et encourageons la poursuite et l’approfondissement du dialogue avec toutes les parties prenantes dans les Affaires Universitaires (Enseignants, Etudiants, Personnel Administratif et Ouvrier) ; (…) 

    6. Nous réitérons notre ferme volonté de défendre la Sacralité de l’Université et les Libertés Académiques par tous les moyens légaux.

    Salah HORCHANI

  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 12 janvier 2012 11:27
    « Niqâb : les enjeux d’un accoutrement 

    Mercredi 11 janvier 2012 par Baccar Gherib  

    Avant, quand il m’arrivait de rencontrer ces lugubres silhouettes noires, c’était souvent des femmes venant de « pays frères », marchant soigneusement quelques pas derrière le mâle, le chef de famille, le patriarche. Le sentiment qu’elles m’inspiraient alors était, en premier lieu, la compassion. Aujourd’hui que les porteuses de Niqâb que je croise sont vraisemblablement mes concitoyennes, le sentiment qui l’emporte c’est toujours la compassion. Car si cet accoutrement est un choix spontané, il dénote forcément d’un mal-être, d’un malaise, d’une détresse psychologique. En effet, outre le fait qu’il consacre l’idée de la femme comme simple objet sexuel, qui doit être caché pour ne pas susciter les tentations voire la fitna, cet accoutrement signifie simplement le refus de toute communication avec l’autre. 

    A cet égard, les universitaires, à travers leur syndicat, ont vu juste en interdisant le Niqâb dans les salles de cours et d’examen, non pas pour des raisons idéologiques, ce qui les aurait mis sur le terrain glissant des faux débats identitaires, mais pour des raisons strictement pédagogiques. La relation pédagogique impliquant un échange entre enseignant et enseigné, elle ne peut avoir lieu si ce dernier soustrait son visage aux autres, empêchant par là toute relation humaine et a fortiori pédagogique. 

    De ce point de vue, le Niqâb n’est pas seulement un déni de féminité, mais un déni d’humanité ! Dès lors, qu’est-ce qui explique l’apparition de cet accoutrement déshumanisant, abaissant et humiliant pour la femme qui le porte ? D’autant plus qu’il est admis par tous qu’il n’a aucun soubassement ni justification d’ordre religieux ? 

    Et pourquoi ses adeptes visent-elles d’abord l’université ? A mon avis, le Niqâb a avant tout une utilité politique, qui est double pour nos nouveaux gouvernants : diversion et recomposition de la scène politique. 

    Diversion, d’abord, car il réussit à imposer un faux débat identitaire. Comme les tenues afghanes des hommes, le port du Niqâb veut véhiculer l’idée que ceux qui le portent seraient « plus musulmanes » que les autres, l’idée que notre société ne serait pas assez islamique en somme et que, partant, les autres seraient tous responsables de cette déviation par rapport à l’ordre juste, l’ordre divin. Le choix de l’université n’est donc pas fortuit, car elle est perçue comme un lieu de rationalité et de refuge des valeurs de la modernité. La polémique que le Niqâb y provoque réussit facilement à capter les feux de l’actualité et à imposer à l’opinion publique un faux débat. 

    Recomposition du champ politique, ensuite, car l’apparition du Niqâb et les polémiques qu’il suscite ont le don de faire paraître Ennahdha comme un parti modéré face à des extrémistes qui le débordent sur sa droite. Au moment où plusieurs partis estiment que les Tunisiens se situent politiquement au centre et s’auto attribuent, pour cela le qualificatif de « centriste », il est toujours bon, en effet, d’avoir à ses côtés un plus radical que soi qui, par son existence même, vous pousse automatiquement vers le centre. Et ce n’est sans doute pas un hasard que ce soit Dilou qui ait demandé l’organisation d’un « débat national » autour de la question du Niqâb !

     C’est pour cela que, tout en défendant ses valeurs, la citoyenneté et la république, le camp progressiste a tout intérêt à éviter ce vrai faux débat identitaire qui l’engluerait dans une polémique dont il n’a rien à gagner. Le Niqâb ne peut exister que par le défi, le scandale et la polémique. Si celle-ci venait à refluer, il est appelé à refluer lui-même et à demeurer dans le registre du phénomène marginal et anecdotique. » .

     Salah HORCHANI


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 12 janvier 2012 18:21
    « Manouba, le crime !
    jeudi 12 janvier 2012

    Par Ali Gannoun
    Directeur de Recherche
    Université Montpellier 2

    Je ne vais pas y aller par quatre chemins, ce qui se passe à l’université de Manouba est un crime, un crime contre les citoyens, la science, le pays, l’état et la république. Transformer un établissement d’enseignement supérieur en souk Oukath (sans les poètes) est une agression dont la Tunisie entière est en train de subir les conséquences. Elle témoigne de la démission de l’état et à l’installation de l’anarchie. Tous les dépassements qui ont eu lieu dans le pays ont une relation très étroite avec le laisser-aller qui règne dans cette Université. 

    L’agression des journalistes, les manifestations non spontanées organisées par des mercenaires pour soutenir le gouvernement provisoire, l’absence totale de bonnes perspectives économique et l’état général du pays témoignent de la gravité de la situation.

    La dérive totalitaire qui est en train de s’installer en Tunisie sonne définitivement la fin de l’état de grâce suscité après les premiers jours de la révolution et annonce l’entrée du pays dans une très grande récession économique et un large pourrissement politique dont on ne voit nullement la sortie. 

    Le gouvernement provisoire est un cas unique dans les démocraties modernes. 3 présidents (république, constituante et gouvernement) reçoivent les instructions d’un Cheikh sans aucun titre officiel sauf la présidence d’un parti politique. 

    La confusion, volontaire ou involontaire, est indescriptible et n’inspire aucune confiance. L’humeur du tunisien est morose et l’angoisse s’est définitivement installée dans son esprit. 

    Dans ce contexte, les afghans, saoudiens et yéménites, de passeports tunisiens, ont conquis la faculté de lettre pour s’en servir comme laboratoire de leur projet de société et de base arrière pour préparer la confiscation définitive des libertés en Tunisie. Le silence assourdissant du ministre de l’enseignement supérieur le rend complice de ce crime, au même titre que le premier ministre et le ministre de l’intérieur.

    Devant la lâcheté du pouvoir et face à cette destruction organisée de la science et de la connaissance ; il faut réagir, par la force s’il le faut, pour mettre fin à l’invasion des ennemis du progrès. L’université appartient au peuple souverain et doit servir la plus large majorité des citoyens. Ceux qui prétendent que ce lieu ne leur convient pas, ils peuvent s’installer ailleurs et profiter de la manne pétrolière de leurs maîtres. 

    Aujourd’hui l’université est victime d’attaques en règle d’une bande qui pratique le terrorisme intellectuel et qui cherche à détruire l’avenir d ’Ouled Echaab », ceux qui n’ont pas les moyens d’aller se payer les universités occidentales. Les preuves de ce crime barbare se trouvent dans les coeurs, les esprits et les regards des parents dépités. 

    Est ce le régime de Pol pot qui est le nouvel exemple de gouvernance en Tunisie ? Les khmers rouges (les Kamisses blancs) ont changé de tenues. Pour le voir il suffit de prendre le métro et d’aller à l’université de Manouba !! 

    Le crime est caractérisé et l’initiation au génocide intellectuel est amorcée. 

    Vite, il faut démarrer la lutte, vite, vite et très vite...
     !...AH... !".

     Salah HORCHANI

  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 12 janvier 2012 23:12
     »Nouvelles de la Faculté des Lettres de la Manouba (Tunisie)
    (Tunis, le 12 janvier 2012)

    Par Habib Mellakh Universitaire, Syndicaliste
    Département de français, Faculté des Lettres de la Manouba

    Le spectre de l’année blanche plane à nouveau sur la Manouba
    La tension s’est accrue pendant ces 2 derniers jours à la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba ( FLAHM), à la suite des menaces de mort proférées à l’encontre d’Amel Jiidi, Directrice du département d’anglais, par un jeune barbu demeurant à la Cité Ettadhamen, venu prêter main forte aux sit-ineurs. L’intention d’imposer le droit des étudiantes intégralement voilées à passer les examens quitte à en compromettre le déroulement, intention proclamée par les défenseurs du niqàb et signifiée d’une manière effrontée aux professeurs, , a également envenimé la situation. 
    C’est dans cette ambiance délétère que s’est tenue l’Assemblée Générale des enseignants de la FLAHM, convoquée pour débattre des actions susceptibles d’amener le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique à tenir ses promesses d’entériner par circulaire la décision prise par le conseil scientifique de la FLAHM d’interdire, pour des raisons pédagogiques, pendant les cours, les examens et les séances d’encadrement, tout vêtement pouvant cacher le visage.

    Les cent vingt enseignants présents, conscients des dangers qui guettent l’université et particulièrement la confiscation des libertés académiques et des prérogatives arrachées de haute lutte , se sont montrés déterminés à mettre fin aux atteintes à leur dignité, à sauver l’année universitaire, à défendre les prérogatives de l’enseignant, son droit à fixer les règles de la profession et décidés à faire valoir l’autonomie du conseil scientifique dans la prise des décisions d’ordre scientifique et pédagogique, conformément aux dispositions réglementaires en vigueur. La tenue de cette assemblée a été l’occasion d’un débat très constructif qui a débouché sur un consensus autour des positions et des mesures suivantes :

    1. La condamnation vigoureuse des menaces de mort proférées à l’encontre d’Amel Jiidi et des agressions subies par les enseignants, le personnel administratif et ouvrier. Si les enseignants se sont limités à une position de principe, alors qu’ils auraient pu décider de faire une grève de protestation en raison de la gravité de la situation, c’est parce qu’ils ont placé l’intérêt des étudiants au dessus des intérêts de la corporation. Ils demandent au rectorat de la Manouba et à la FGESRS d’engager des poursuites judiciaires à l’encontre des agresseurs et à l’administration de l’institution de prendre les mesures disciplinaires adéquates sanctionnant leurs agressions.

    2. L’engagement à ne ménager aucun effort pour assurer le déroulement des examens dans les meilleures conditions possibles. Ils se déclarent prêts, à cet égard, à être présents massivement pendant les surveillances et à imaginer une stratégie efficace qui permette de contrecarrer toute velléité de sabotage des examens. Le ministère est tenu pour sa part d’assumer la responsabilité qui lui incombe dans ce sens en prenant les mesures suivantes :

    a) La publication d’une circulaire ou, à défaut, d’un communiqué entérinant par écrit la décision du conseil scientifique du 2 novembre 2011 et la généralisant à toutes les institutions. Cette condition est nécessaire mais non suffisante pour assurer le déroulement des examens.

    b) La mise à la disposition de la faculté d’un service de sécurité composé de la police et de l’armée, analogue à celui qui a permis l’année dernière le bon déroulement du baccalauréat pour empêcher les éléments étrangers d’accéder à la faculté et de perturber ses examens. Il s’agit là d’une mesure à mettre en œuvre impérativement en complément de la première condition qui est nécessaire mais pas suffisante. Ce dispositif n’opère pas dans l’enceinte de la faculté.

    c) La protection de la faculté contre les éléments étrangers qui perturbent ces cours par le recours à un service d’ordre de caractère civil comparable à ceux qui assurent l’ordre dans certaines universités étrangères. 

    Si ces conditions ne sont pas réunies, les enseignants de la FLAHM s’excuseront parce qu’ils ne pourront pas assurer le déroulement des examens.

    3. L’appel aux universitaires pour qu’ils prennent par le biais des structures syndicales autorisées les décisions de soutien qui s’imposent à l’échelle nationale.".

     

    Salah HORCHANI


  • Yohan Yohan 12 janvier 2012 23:20

    Pas vraiment envie de vous plaindre. On vous avait prévenu, du moins, ceux qui savent que, chez vous, derrière un dictateur corrompu se cache trop souvent un salafiste en puissance. 
    Preuve que vous viviez dans une bulle, en méconnaissant les orientations de votre peuple.
    Parlons plutôt du printemps des cocus...


  • nenecologue nenecologue 12 janvier 2012 23:33

    Quand je pense que 40% des tunisiens de france ont votés pour les enturbanés ça me fait peur .Tiens mais oui c’est même la définition d’islamophobie : la peur de l’islam ...


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 13 janvier 2012 20:57
    « Les Tunisiennes et la Faculté de résistance
    Vendredi 13 janvier 2012 

    Par Lucas ARMATI

    Un an après la chute de Ben Ali, “Télérama est allé à la rencontre des Tunisiennes”. Sur le campus de l’université de Manouba, le ton monte. Des étudiants réclament le droit au niqab. Etudiantes et enseignantes racontent.

    Rafika Ben Guirat ressemble à toutes ces femmes que l’on croise avenue Bourguiba, les Champs-Elysées de Tunis : hauts talons, veste cintrée, chevelure dans le vent. Fin octobre, cette sémillante professeur de marketing et communication se rend à l’université de la Manouba, en banlieue tunisoise, pour donner un cours. Dans le grand patio ensoleillé de la fac, elle salue des étudiants. Avec son franc-parler, l’enseignante est très populaire. «  Quand je suis entrée dans l’amphi, j’ai compris dans le regard de mes élèves que quelque chose n’allait pas.  » Dans la classe, des types inconnus. A la porte, très vite, de l’agitation. En quelques minutes, une foule « énorme » s’amasse. « Mes étudiants m’ont suppliée d’arrêter le cours et m’ont escortée jusqu’à l’administration.  » On lui rapportera plus tard que la foule en voulait à sa tenue, jugée irrespectueuse... « J’avais pourtant une veste rouge, une robe blanche : les couleurs de la Tunisie ! » Secouée, Rafika Ben Guirat a tenu à reprendre les cours, comme si de rien n’était. Dans son petit bureau où les élèves défilent pour récupérer leur rapport de stage corrigé, elle confie, droit dans les yeux : «  Les médias ont voulu mettre ça sur le dos d’une islamisation de la société. Je crois surtout que ce sont quelques gars qui voulaient voir jusqu’où ils pouvaient aller. Ni plus ni moins. En aucun cas on ne fera de moi un symbole. »

    Depuis la victoire du parti islamiste Ennahda aux élections de l’Assemblée constituante, l’université de la Manouba focalise l’attention des médias. Sous le régime autoritaire de Ben Ali, balayé il y a tout juste un an, ce campus excentré, planté au milieu de nulle part, était considéré comme un foyer insoumis, avec ses mouvements étudiants récurrents, ses grèves administratives, ses profs qui autorisaient le foulard - ultime signe de résistance alors que le pouvoir pourchassait les islamistes. Aujourd’hui, ce pôle universitaire - 26 000 étudiants,
    dont 60 % de filles - est devenu malgré lui le symbole de la turbulente Tunisie postrévolutionnaire. Quelle place accordera l’université à l’islam, religion d’Etat mais tenue jusqu’ici à relative distance ? Respectera-t-elle le statut particulier des Tunisiennes, protégée par un code progressiste qui leur a permis d’accéder à l’éducation et à l’emploi (lire ci-dessous Filles de Bourguiba ) ? Avec leur quarantaine de députées d’un côté, leur discours ambigu de l’autre, les islamistes laissent planer le doute...

    Leurs revendications sont claires : que les étudiantes puissent assister aux cours et passer leurs examens en niqab. Le mois dernier, l’université a encore une fois cristallisé les tensions. Une trentaine d’étudiants a décidé d’occuper le modeste bâtiment de la direction de la faculté des Lettres, des Arts et des Humanités. Ils nous montrent les couloirs encombrés de matelas, posés à même le sol. Certains campent là jour et nuit. Sont-ils des salafistes, ces musulmans ultra orthodoxes ? Eux disent que non, mais leurs revendications sont claires : que les étudiantes puissent assister aux cours et passer leurs examens en niqab, le voile intégral. Au premier étage, ils ont installé une sono, qui diffuse non-stop des chants islamiques. A côté, les leaders du mouvement - longue barbe et tenue traditionnelle - enchaînent les interviews, mi-suspicieux mi-professionnels, pointant du doigt les « médias de gauche » et la direction de l’université, qui refuse de céder et a annulé cours et examens, pour protester contre leurs méthodes.

    Un peu à l’écart, une étudiante regarde cette agitation d’un air las. Voile violet, écharpe multicolore, Hajer est originaire de Tataouine, dans le sud désertique. Elle s’est inscrite à l’université de la Manouba pour suivre un troisième cycle d’anglais mais à cause de l’occupation les cours n’ont toujours pas pu commencer. « En attendant, je continue à payer mon loyer pour rien, se lamente-t-elle. J’ai parfois envie de tout arrêter et de rentrer chez moi. » 

    Pourtant, l’année écoulée fut pleine de promesses : les manifestations anti-Ben Ali auxquelles elle a participé malgré la peur, la chute soudaine du régime, la tenue des élections dont elle insiste pour nous montrer les photos... elle revit tout avec passion. « Avant, à l’école, on écoutait l’hymne national tous les matins, mais cela ne nous parlait pas. Désormais, je ressens toutes les paroles au plus profond de mon être, je suis fière d’être tunisienne. Persuadée que le parti saura résister à sa frange la plus extrême, Hajer a voté pour les islamistes d’Ennahda. Mais elle renvoie dos à dos les manifestants et l’université : « Il faut laisser les femmes porter le niqab si elles le souhaitent, les hommes boire de l’alcool s’ils le désirent. Seul Dieu peut nous juger. »

    Comme chaque matin depuis le début de l’occupation, le corps enseignant tient une réunion de crise dans le spacieux amphithéâtre Carthage. Beaucoup sont des femmes de la génération Bourguiba, ferventes avocates de la condition féminine. Ulcérées, elles ne comprennent ni les revendications des manifestants ni le flegme de certains étudiants. « Le niqab ne correspond pas à la tradition de la Tunisie ! s’écrie une prof de français. Et comment voulez-vous dialoguer avec vos élèves si vous ne pouvez pas voir leur visage ? » 

    Malgré le mauvais souvenir laissé sous Ben Ali par la présence d’un corps de police aux portes de l’université, le tout nouveau doyen s’est décidé à faire appel aux forces de l’ordre pour déloger les perturbateurs. La demande est restée lettre morte, jusqu’à la semaine dernière. Le pouvoir avait-il intérêt à laisser pourrir la situation pour discréditer les professeurs ? Beaucoup le croient, dépités par la déliquescence de l’enseignement supérieur. Tous évoquent les promotions réservées, sous Ben Ali, aux fidèles du régime ; les réformes imposées au chausse-pied, sans budget ; la valeur des formations en chute libre.. 


    Pendant des années, le pouvoir s’est servi du statut des Tunisiennes comme d’une vitrine, pour avoir l’Occident avec lui.” Dalenda Larguèche, directrice du Credif 

    A l’autre bout de la ville, sur les hauteurs du quartier El Manar, Dalenda Larguèche reçoit dans son vaste bureau. Depuis trois mois, cette très chic professeur d’histoire moderne se partage entre l’université de la Manouba - où elle enseigne - et ses nouvelles fonctions de directrice du Credif, un important centre chargé de promouvoir les femmes, devenu outil de propagande sous Ben Ali. « Pendant des années, le pouvoir s’est servi du statut des Tunisiennes comme d’une vitrine, pour avoir l’Occident avec lui. L’institution que je dirige était instrumentalisée. Aujourd’hui, j’essaie de lui redonner de la crédibilité. » La mobilisation des professeurs de la Manouba, elle la soutient, y participe dès qu’elle le peut. Ce qui ne l’empêche pas de critiquer les erreurs des progressistes. « Pendant la campagne, les partis modernistes n’ont pas su s’emparer des vraies préoccupations du peuple. Ils ont axé leur discours sur la laïcité, en attaquant Ennahda. Dans l’esprit de beaucoup, c’est devenu une campagne anti-islam... ». Dans un haussement d’épaules, Dalenda Larguèche assure accepter les résultats des élections - « c’est le jeu de la démocratie  ». Mais, soucieuse de ne pas retomber dans les pièges du passé, elle se méfie de toute récupération politique.« Ce n’est pas à l’Etat de se charger de la question de la femme, mais à la bouillonnante société civile.  » 


    Depuis l’année dernière, les citoyens tunisiens n’ont pas cessé de se mobiliser, multipliant pétitions, manifestations, grèves. L’épicentre de cette passion démocratique se situe devant les grilles du palais du Bardo, où siège l’Assemblée fraîchement élue. Le lieu est devenu une agora cacophonique et vit au rythme des engueulades et des débats publics. Des féministes réclament des garanties, des mineurs de la région de Gafsa demandent du boulot, des anti-Ennahda crient leur méfiance, des anciens combattants exigent leur pension... Certains dorment sur place, dans des tentes montées à la va-vite. Pas question que les hommes politiques leur volent « leur » révolution !

    A 33 ans, Neila incarne cette Tunisie post-Ben Ali, vigilante et engagée. Volubile, cette doctorante à la Manouba a participé aux manifestations pour la défense des femmes. Mais elle s’énerverait presque quand on lui en parle : « Ces débats sont à côté de la plaque ! Avec bientôt un million de chômeurs, la priorité numéro un, c’est l’emploi ! » Dès les premiers jours de la révolution, celle qui se voyait appartenir à« une génération de lâches  » a monté via Facebook un groupe pour nettoyer l’avenue Bourguiba, où avaient lieu les plus importantes manifestations de Tunis. « C’est quoi cette schizophrénie de vouloir prendre son destin en main et de jeter son sandwich par terre ?!  » Les mois qui ont suivi, avec ses amis garçons et filles, Neila ne s’est pas arrêtée, s’engageant dans plusieurs associations pour aider l’intérieur du pays, très pauvre, ou former des observateurs impartiaux pour les élections. Aujourd’hui, elle sent un léger « reflux » dans la mobilisation. Découragement ? Fatigue ? «  Il faut réfléchir à de nouveaux modes d’engagement. Car si on ne trouve pas de solutions aux problèmes urgents, il ne faudra pas s’étonner de voir éclater une autre révolution, peut-être moins pacifique. Ça nous concerne tous, les hommes comme les femmes... »


    Filles de Bourguiba 

    Sans équivalent dans le monde arabo-musulman, le statut des Tunisiennes doit beaucoup au père de l’indépendance, Habib Bourguiba. Influencé par des penseurs progressistes du XIXe siècle, il instaure en 1956 le code du statut personnel, qui interdit la polygamie, bannit la répudiation et instaure le divorce judiciaire. Une révolution, suivie par l’octroi du droit de vote (en 1957), l’inscription de l’égalité hommes-femmes dans la Constitution (en 1959) et la libéralisation totale de l’avortement (en 1973). Aujourd’hui, les Tunisiennes sont éduquées (l’université compterait 60 % d’étudiantes) et bénéficient d’un accès non négligeable au travail (30 % des actifs). Cependant, d’énormes disparités subsistent entre villes et campagnes, les conditions d’héritage sont encore discriminatoires et les postes de décision réservés aux hommes. Composé de 41 membres, le tout nouveau gouvernement ne compte ainsi que 3 femmes dans ses rangs. ».


    Source :


    Salah HORCHANI
    …………………………………………

  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 13 janvier 2012 22:09
    « Je ne ferai pas de minute de silence en l’honneur des martyrs et travaillerai demain 14 janvier
    Vendredi 13 janvier 2012 

    Par Slimane Ben Miled

    Je ne ferai pas de minute de silence en l’honneur des martyrs et travaillerai demain 14 janvier, après être allé manifester contre le gouvernement. Permettez moi de vous expliquer pourquoi : 

    Les personnes qui sont mortes durant la Révolution ne sont pas tombées pour avoir droit aux honneurs et aux bouquets de fleurs. Elles sont tombées pour avoir le droit de vivre dans la Dignité, avoir du travail et surtout avoir de l’espoir dans l’avenir. Aujourd’hui on leurs propose, des souvenirs et des gerbes de fleurs. Ces honneurs sont offerts par les gens qui n’ont jamais participé aux manifestations et qui n’ont rien d’autre à proposer. Nous avons chassé Ben Ali par nos manifestations et notre hargne, nos demandes sont claires : Travail, Dignité, Démocratie et Liberté. Pendant que nous mourrions dans la rue, le gouvernement était soit au chaud à l’étranger bénéficiant des dollars du Qatar, soit collabo de Ben Ali. 

    Le gouvernement nous propose à la place de la Liberté, de l’obscurantisme religieux, à la place du Travail, des plans de rigueurs et une dictature de l’administration et à la place de la Dignité une répression policière et une contre information digne de Ben Ali. 

    Les honneurs posthumes sont l’aumône des contre-révolutionnaires à un peuple assoiffé de liberté. Je les laisses aux pauvres d’esprit et aux RCDistes reconvertis. ».

     Salah HORCHANI

  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 15 janvier 2012 09:56
    La Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba (FLAHM)
    Aperçu Historique

    La Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba (FLAHM) a été créée par la loi n°83–86 du 1 er septembre 1986, après avoir été l’annexe de la faculté des lettres, boulevard 9 Avril, dont elle a hérité les prestigieuses traditions universitaires qu’elle a su préserver depuis sa création grâce à la clairvoyante de ses enseignants. 

    Depuis, la FLAHM se porte garant d’un patrimoine universitaire et symbolique qui dépasse l’histoire d’une création et l’histoire d’un lieu. La FLAHM est considéré, de nos jours, un pilier de l’université de la Manouba dans le sens où elle a été le premier noyau de la nouvelle cité universitaire. Elle accueille, à elle seule, le tiers du nombre total des étudiants qui avoisine les trente mille étudiants. 

    A ses débuts, la FLAHM s’est contentée de former les étudiants du 1 er cycle dans les langues Arabe, Française, Anglaise, Allemande, Espagnole et Italienne à côté d’un enseignement en psychologie, philosophie et sociologie. Par la suite, et après avoir acquis son autonomie et s’est vue habilitée à délivrer des maîtrises en langues, on a remplacé les enseignements de psychologie, philosophie et sociologie par deux départements, l’un pour l’enseignement de l’histoire et l’autre pour l’enseignement de la géographie. 

    À partir de l’année universitaire 2000/2001, la FLAHM s’est orientée vers la création de filières courtes sanctionnées par un diplôme de technicien supérieur dans les domaines de la traduction et relations internationales, des langues appliquées et multimédia, de la géomantique, de la géographie appliquée, des langues appliquées au commerce international et du cinéma et techniques télévisuelles. 

    Toutefois, l’année universitaire 2006/2007 a vu l’engagement de la FLAHM dans le nouveau système d’enseignement universitaire « LMD » qui a exigé la généralisation des Licences Fondamentales au niveau de chaque département et de les consolider, dans une première phase, par des licences appliquées à un degré élevé d’employabilité. 

    Ceci fait que la FLAHM a gardé son authenticité pédagogique et scientifique qu’elle a connu depuis sa création en attendant les résultats de l’adhésion de la FLAHM à cette nouvelle dynamique créée par le nouveau système « LMD » et en particulier, au niveau de la détermination des programmes des Masters et des Doctorats. 


    Salah HORCHANI

  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 15 janvier 2012 10:14
    FLAHM : Les examens reportés au 24 janvier
    Samedi 7 janvier 2012

    Les examens du premier semestre à la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de La Manouba sont reportés au mardi 24 janvier 2012. Mais au préalable, des cours de rattrapage sont programmés du 7 au 20 du même mois, annonce le Conseil Scientifique de l’établissement, dans un communiqué publié hier.

    Les membres du Conseil Scientifique réaffirment leur attachement à l’obligation de garder le visage découvert en salles des cours et des examens. Ils appellent les Autorités de tutelle à généraliser cette mesure par un Texte de Loi.

    De leur côté, les sit-inneurs ont dressé leur tente, loin du Hall de la Faculté, pour poursuivre leur protestation contre l’interdiction à une étudiante, portant le Niqab, de passer les examens.

    Source :


    Salah HORCHANI

  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 15 janvier 2012 10:38
    « Pédagogie et niqab font-ils la paire ?
    Vendredi 13 janvier 2012

    Par Nihel BEN AMAR
    Enseignante universitaire, Maître de Conférences en génie chimique

    En tant que pédagogue, je ne peux être enchantée de la volonté d’une partie de la population de porter ou de faire porter le niqab dans l’espace pédagogique sous couvert de la liberté vestimentaire. Je rappelle à ceux-là que dans un pays de droit et de libertés, la liberté des uns s’arrête là ou commence celle des autres. 

    En dehors de toute polémique, je développe ici les raisons des professionnels du métier que nous sommes pour l’interdiction du niqab dans les salles de cours et les salles d’examens. Je passe outre les raisons sécuritaires et le devenir de ces monakibet sur le marché de l’emploi, raisons qui sont tout aussi importantes mais qui ne sont pas traitées ici car elles sortent du contexte pédagogique. 

    Le niqab,les examens et la preuve 

    Durant les examens, la tâche d’un enseignant-surveillant est de veiller au bon déroulement des épreuves et d’empêcher les volontés de fraudes. La réussite des étudiants méritants et non fraudeurs est sans équivoque l’objectif ultime recherché. Quels sont les outils à la disposition de l’enseignant-surveillant pour atteindre cet objectif ? 

    Le tout repose sur la communication non verbale qui s’appuie sur l’écoute, les actions et les expressions du visage. On envoie et on reçoit des signes non verbaux qui transitent par les expressions du visage, les gestes et les attitudes. Ce sont là les outils qui permettent à l’enseignant d’accomplir sa tâche de surveillance. Une face voilée rompt ce moyen de communication et empêche l’enseignant de faire son travail, ne voyant plus le visage (le regard et les expressions) pour se rendre compte d’une tentative de fraude ! De plus, la tenue en elle-même peut facilement dissimuler des moyens de communication modernes pour être en liaison avec l’extérieur en cours d’examen, « écouteurs et téléphone portable ». 

    A la faculté des Sciences humaines et sociales de Tunis, le 9 avril 2012 lors d’une épreuve de 8h30 à 10h30, ce fut le cas : une étudiante voilée a été prise en flagrant délit de fraude avec écouteur et téléphone portable. Avec une étudiante portant le niqab, ce type de fraude est certainement difficile, voire impossible, à détecter quand les expressions du visage pouvant trahir le fraudeur sont masquées. 

    Le niqab et l’enseignement 

    La méthode d’enseignement usuelle en Tunisie est l’enseignement en présentiel
    qui repose sur la communication verbale et non verbale entre l’enseignant et l’étudiant. La communication verbale est le moyen d’expression d’étudiants entreprenants qui interpellent l’enseignant pour des éclaircissements ou discussions. Les étudiants réservés et timides, même face à des lacunes, n’iraient pas apostropher leurs enseignants. Dans ce contexte, les indicateurs de perception du message sont les seuls signes non verbaux (les regards et expressions du visage) que les étudiants transmettent et suite auxquels l’enseignant peut répondre. Si la face est voilée, la communication est rompue et l’enseignement en présentiel perd tout son sens. 

    La solution 

    Si on est animé de la volonté de ne pas priver de savoir les monakabet et non par celui d’imposer par la force le niqab à une institution éducative républicaine, la solution est d’assurer à ces étudiantes un enseignement à distance. Nous avons en Tunisie une université virtuelle 


    qui pourra répondre aux demandes de ces étudiantes qui ne voient pas un intérêt à la communication non verbale en mettant à leur disposition des enseignements sur supports numériques ou à distance

    Ainsi l’absence de communication par l’expression d’un enseignement en présentiel est remplacée par la communication par l’écriture dans un enseignement à distance (via l’ordinateur). 

    Cette solution proposée n’est pas une sanction punitive et un moyen d’isolement de ces étudiantes, car la méthode a fait ses preuves dans plusieurs situations : éloignement géographique, cas d’étudiants employés... et est tout à fait adaptée à la demande de ces étudiantes. ». 

    Salah HORCHANI

  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 15 janvier 2012 11:18
    « Les islamistes face aux bikinis 
    Jeudi 12 janvier 2012

    Par Renaud Michiels

    Il faut interdire alcool et bikinis, clament des islamistes dans des pays vivant du tourisme, comme l’Egypte, la Tunisie, le Maroc ou les Maldives. Le voyageur doit-il s’inquiéter ?

    En Egypte, en Tunisie, les révolutions arabes ont débouché sur la montée en puissance des partis se revendiquant de l’islam. Au Maroc, le parti islamique PJD est devenu la première force du pays. Avec, partout, des menaces sur certaines libertés, en particulier les droits des femmes. Et par ricochet, sur les touristes. Dans le désordre : interdiction de l’alcool, des bikinis, des casinos, port du voile obligatoire, séparation des sexes. Des salafistes égyptiens ont voulu fermer les sites archéologiques qui contiennent des statues nues. Aux Maldives, les spas ont été temporairement fermés car ce seraient des lieux de débauche « anti-islamiques ». 

    Un « impact considérable » 

    Ces menaces effraient-elles les vacanciers ? Qui irait à Djerba, à Charm el-Cheikh ou sur une île de l’océan Indien si costumes de bain deux-pièces et alcool y étaient bannis ? « Pour ces destinations balnéaires, il est évident que ce serait un vrai problème, il y aurait un impact considérable », répond Prisca Huguenin-dit-Lenoir, porte-parole d’Hotelplan Suisse. « Mais ce n’est pas le cas, ça ne l’a jamais été. » Alors, pas d’impact sur le tourisme ? « Egypte, Tunisie ou Maroc doivent restaurer la confiance », répond Peter Brun, chargé de communication de Kuoni. « Les réservations augmentent de nouveau peu à peu même si le niveau d’avant les révolutions n’a pas été retrouvé. Mais les craintes sont liées à la sécurité, pas à des déclarations d’islamistes radicaux. » 

    La stabilité d’abord 

    « Pour l’Egypte, c’est un peu gelé, même si on s’attend à une reprise pour 2012, enchaîne Prisca Huguenin-dit-Lenoir. Mais les appréhensions sont liées à la stabilité politique, pas à des questions d’interdiction d’alcool ou de bikinis qui n’ont jamais été en vigueur », confirme Mme Huguenin-dit-Lenoir. Et tous deux de préciser que, menaces ou pas, il y a actuellement des offres à saisir. Des prix jusqu’à 30 ou 40% de moins que l’an passé pour l’Egypte, par exemple. 

    Mais demain ? Fini cocktails, bronzette et mixité ? Les voyagistes n’y croient pas. « Même pendant les révolutions, les stations balnéaires n’étaient pas touchées », note Peter Brun. « Ces pays savent l’importance du tourisme pour leur économie. » Les spécialistes du monde arabe semblent d’accord. « En Egypte, les Frères musulmans devront retrouver le niveau des recettes touristiques de l’époque de Moubarak pour préserver des millions d’emplois. Or le tourisme, cela signifie des filles aux bras nus et de l’alcool dans les bars », a plaidé Henry Laurens, professeur au Collège de France dans l’Express. 

    « Les déclarations les plus radicales sont venues de certains salafistes, pas des plus modérés. Et ces propositions musclées sont en partie électoralistes », détaille Hasni Abidi. « Ces pays ne vivent pas du pétrole mais du tourisme », note le directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen, à Genève. « Ceux qui sont au pouvoir savent que s’en prendre au tourisme, c’est s’en prendre à l’économie, au peuple, et c’est ne pas pouvoir tenir ses promesses électorales, qu’elles se revendiquent de l’islam ou pas. C’est aussi la certitude de perdre les élections suivantes. » Bref, pour ces pays de tourisme, francs, euros et dollars devraient passer avant la charia. 

    Quatre exemples 

    Tunisie : des hôtels sans mixité 

    Le tourisme, en 2010, faisait vivre quelque 2 millions de Tunisiens. Mais après la fuite de Ben Ali, la montée en puissance du parti islamique Ennahdha a suscité la peur. D’autant que Rached Ghannouchi, figure du parti, a évoqué des hôtels sans alcool ni bikinis, ou voulu des hôtels halal, sans bar ni discothèque, avec des étages réservés aux femmes. Ennahdha a obtenu 41% des voix.

    Pourtant, rien n’a changé. Secrétaire général du parti, Hamadi Jebali a lancé : « Est-il raisonnable de paralyser un secteur vital comme le tourisme en interdisant les boissons alcoolisées et le port de maillot de bain ou d’autres pratiques ? » Sa réponse : non. 

    Maroc : halte aux casinos 

    Peu de séjours balnéaires au Maroc, mais des villes phares : Marrakech, Casablanca, Tanger. C’est là que la menace a pesé : sur l’alcool, les loisirs. Une interdiction des casinos a été demandée. Fin novembre, le parti islamique PJD devenait la première force du pays. Mais au pouvoir, il a rassuré. Pas question d’« islamiser le Maroc », dit Lahcen Daouadi, secrétaire du parti. Ni d’interdire l’alcool. « On ne peut pas ! Si vous voulez avoir 20 millions de touristes, ce n’est pas possible. Si vous voulez acheter de l’alcool, c’est caché. Celui qui veut se servir se sert, mais il faut protéger les enfants, les jeunes. » 

    Maldives : spas « anti-islamiques » 

    Fin décembre, suite à la victoire des islamistes en Egypte, les religieux radicaux manifestent aux Maldives. Dénonçant les activités « anti-islamiques », ils visent l’alcool et surtout les spas, qui seraient des lieux de prostitution. Le 30 décembre, le gouvernement ferme tous les spas. Un choc dans ce pays qui vit des 850 000 touristes accueillis chaque année. Mais tout est rouvert quatre jours plus tard. Le gouvernement a voulu donner une leçon aux extrémistes. Le président Nasheed dira au Monde que la fermeture a permis de « rappeler à la population qu’elle vivait en grande partie des revenus du tourisme ». 

    Egypte : « Un tourisme plus halal »

    Contraires « à la morale islamiste et à la pureté des moeurs », alcool et bikinis seront bannis de l’Egypte. Les salafistes ont accumulé les déclarations : « Nous voulons un tourisme plus halal, avec des plages non mixtes. » Et, en décembre, les partis islamiques sont devenus majoritaires : 24% pour les salafistes, 37% pour les Frères musulmans. Mais on sirote toujours des bières à Charm el-Cheikh : les Frères musulmans ont assuré ne pas vouloir toucher au secteur. « Si quelqu’un peut trouver une activité qui rapporte 12 milliards de dollars par an, il pourra appliquer les restrictions qu’il veut », a plaidé le ministre du Tourisme. ». 


    Salah HORCHANI

  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 16 janvier 2012 20:08
    « Nouvelles de la Faculté des Lettres de la Manouba (Tunisie) 
    (Tunis, le 16 janvier 2012)

    Par Habib Mellakh Universitaire, Syndicaliste. 
    Département de français, Faculté des Lettres de la Manouba 

    Nouvelle escalade dans la crise à la faculté 

    Tandis que les enseignants et le personnel administratif et ouvrier ne ménagent aucun effort pour assurer les cours et préparer les examens du premier semestre malgré les perturbations, les provocations et les menaces et que le mouvement de soutien aux étudiantes intégralement voilées commence à s’essouffler en raison de la résistance de tout le personnel de l’institution, les sit-ineurs ont convoqué aujourd’hui une conférence de presse au cours de laquelle ils ont annoncé l’entrée de cinq étudiantes portant le niqàb dans une grève de la faim à partir de demain. 

    Cette nouvelle escalade dans la crise augure d’un durcissement de la position des sit-ineurs, après l’accalmie relative qu’a connue aujourd’hui la faculté. L’administration n’a en effet relevé que l’annulation de deux cours dont le déroulement a été saboté par les sit-ineurs, selon le scénario décrit dans les bulletins précédents. C’est le calme annonciateur de la tempête. 

    Pendant ce temps, les membres du conseil scientifique, les directeurs de département, les présidents de jury, les présidents des masters, le secrétariat général, le service des examens sont à pied d’oeuvre pour la réussite des examens semestriels et ils ont entamé la préparation de la session de janvier tout en sachant que son déroulement peut être compromis par la présence des sit-ineurs et la nouvelle escalade. 

    C’est pourquoi l’assemblée générale syndicale du 12 janvier a insisté sur l’urgence qu’il y a à réunir les conditions nécessaires à la tenue des examens : un texte clair et précis signé par le ministre entérinant la décision des conseil scientifiques de l’université tunisienne d’interdire le port du niqàb ou de tout autre voile pendant les cours, les salles d’examen et les séances d’encadrement, l’évacuation des sit-ineurs et la protection des examens par un dispositif sécuritaire opérant devant la faculté et dans ses alentours pour empêcher le sabotage des épreuves par des étrangers. 

    Ce sont ces revendications que transmettra le bureau national de la FGESRS au ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique demain à l’occasion d’une séance de négociations au cours de laquelle d’autres problèmes de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique seront abordés et discutés. ».

    Salah HORCHANI

  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 17 janvier 2012 15:10
    « Le Niqab en marche vers les lycées

    Par Aicha Bennys Slama

    On ne parle d’un fléau que lorsqu’il provoque de nombreux dégâts et qu’il est sans doute trop tard pour réagir. Ne faut- il pas étouffer le mal dans l’oeuf ?

    Dans un lycée de la délégation de la Manouba, le nouveau directeur (un barbu) , qui se trouve être aussi un imam règne en maître tout-puissant sur son institution. Citons quelques faits pour situer le personnage : par exemple, quand il doit réunir les professeurs pour une réunion de département, il ne convoque que les femmes voilées et pas les « safirats ». Un jour il a décidé aussi de retirer les interrupteurs de toutes les salles de classe pour faire des économies, et contribuer ainsi à lutter contre la crise économique que traverse notre pays. Quel ne fut alors sa fureur de voir les profs regarder la télévision dans la salle des profs en attendant l’heure de leur conseil de classe. Sacrilège. Il y a plus grave. 

    Dans ce lycée, deux élèves ont décidé un beau jour de porter le Niqab et ce avant l’allocution d’investiture de notre cher président de la république dont je qualifierai les propos avec tout le respect que je lui dois, « d’inconscients ». Ces jeunes filles ont donc été priées par l’administration et leurs professeurs de se dévoiler le visage ou de rester chez elles .Elles ont bien sûr choisi la deuxième option. Donc après le fameux discours présidentiel, ledit directeur s’est empressé de convoquer des amies de ces deux élèves, amies qu’il est allé lui-même chercher dans leur salle de classe pour leur demander d’avertir nos deux niqabées que la voie est enfin libre. Voici donc les deux fantômes de retour au lycée avec la bénédiction du maître des lieux. 

    Quant aux professeurs qui ont refusé l’entrée de leur classe à ces filles, ils ont été sommés par le directeur, furieux, de rédiger une lettre expliquant leur geste, lettre qui sera envoyée au ministère. Serait-ce une façon de les menacer et de les faire changer d’avis ? 

    Ce directeur ne voit-il pas plus loin que « sa barbe » ? Ne voit-il pas qu’il ouvre une brèche à une déferlante ? Mais peut-être est-ce le but ? 

    Doit-on attendre que la mésaventure de Mme Amel Jaidi, chef du département d’anglais et membre du conseil scientifique de la Faculté des lettres de la Manouba »qui a été agressée verbalement par une étudiante portant le Niqab« se reproduise. Un des étudiants a même menacé Mme Jaidi de mort. 

    Faut-il donc qu’il y ait mort d’homme pour réagir ?

    Doit-on risquer de compromettre une année scolaire en laissant cette « secte » agir à sa guise ? Comment expliquer le silence des ministères de l’enseignement ? Ne dit –on pas, qui ne dit mot consent ? 

    Que feront ces messieurs du ministère derrière leurs tout nouveaux bureaux, quand ils verront des filles en Niqab se présenter pour passer le bac ? Viendront-ils alors remplacer les professeurs pour vérifier les identités, et tout ce qui pourrait être caché sous leur voile sacré ? »

    Source :


    Salah HORCHANI

  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 17 janvier 2012 15:37
    « Tunisie : reprise du sit-in des partisans du niqab dans une faculté 
    Mardi 17 janvier 2012 

    AFP 

    Les partisans du niqab (voile islamique intégral) ont repris lundi leur sit-in, levé le 5 janvier, à la Faculté des Lettres de la Manouba, près de Tunis, et menacent d’entrer en grève de la faim à partir de mercredi si le niqab reste interdit dans les salles de classe. 

     »Nous maintenons nos revendications, nous poursuivons notre sit-in pacifique (...) nos soeurs, étudiantes portant le niqab, entameront une grève de la faim« dès mercredi, a déclaré à la presse Mohamed Al Bakhti, 26 ans. 

    Cet étudiant en 1ère année d’histoire, connu pour avoir été mêlé, selon la presse, aux incidents sanglants attribués à un groupe de salafistes jihadistes en 2007, coordonne la mobilisation pour le port du niqab en classe par les filles, y compris durant les examens. 

    Les partisans du niqab —un voile noir dissimulant entièrement le corps et le visage— avaient occupé à partir le 28 novembre les locaux de la Faculté de la Manouba, où sont inscrits quelque 13.000 étudiants, obligeant la direction de l’établissement à suspendre les cours le 6 décembre. 

    Enseignants et étudiants de la faculté avaient manifesté le 5 janvier devant le ministère de l’Enseignement supérieur pour réclamer l’intervention de l’autorité de tutelle. 

    Quelques heures plus tard, le sit-in était levé et les cours avaient pu reprendre le 9 janvier. 

    Le doyen de la Faculté Habib Kazdaghli a indiqué lundi à l’AFP que les protestataires avaient repris leur sit-in le soir même de sa levée et poursuivaient »illégalement« leur mouvement dans l’enceinte universitaire. Selon lui l’administration a recensé 20 actes d’agression contre des enseignants depuis la reprise des cours. Il a décrit un groupe de 15 à 20 personnes qui sont en faction, chahutent, filment les cours et s’en prennent aux enseignants dès que ces derniers refusent l’accès en classe à une étudiante en niqab. 

     »Le climat s’est beaucoup détérioré, nous sommes insultés, molestés et humiliés devant nos étudiants. C’est intolérable d’autant qu’il s’agit d’une petite minorité composée de quelques étudiantes et de personnes étrangères à la faculté« , a déclaré à l’AFP Amel Jaïbi, enseignante en anglais dans cette faculté. 

    Mme Jaïbi a indiqué que la police, qui enquêtait sur une agression dont elle avait été l’objet, avait découvert que son agresseur était »un homme recherché étranger à la faculté« . 

     »Nous ne sommes pas contre le niqab à l’extérieur, mais nous exigeons de dispenser nos cours et de faire passer les examens à visage découvert« , a poursuivi la chef du département d’anglais. ». 

    Source : 


    Salah HORCHANI

  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 17 janvier 2012 18:42

    "Tunisie : Six étudiantes en Niqab en grève de la faim à Manouba

    Mardi 17 janvier 2012

    Les Salafistes continuent de perturber les cours dans la cour de la Faculté de La Manouba. Six étudiantes portant le niqab ont entamé lundi une grève de la faim. Elles exigent de garder leur « masque » à l’examen.

    Selon Habib Kazdaghli, doyen de la Faculté des lettres, des arts et des humanités de Manouba, la semaine écoulée a été marquée par la suspension d’une vingtaine de séances, à cause de la poursuite du sit-in observé par des « étudiants du courant salafiste dans la cour de la faculté. »

    Ces derniers ont utilisé même des mégaphones pour diffuser des chants religieux, a-t-il dit à l’agence Tap. Ce qui n’est pas de nature à rendre les cours plus facile à suivre.

    Inquiet, le doyen a appelé les parties concernées à aider la direction et les professeurs de la Faculté à assurer le déroulement normal des cours et celui des examens prévus le 24 janvier 2012.

    Qui sont les « parties concernées », sinon les deux ministres de l’Enseignement supérieur et de l’Intérieur, Moncef Ben Salem et Ali Larayedh, tous d’eux issus du parti islamiste Ennahdha, qui brillent par leur passivité et leur laxisme.

    Par ailleurs, six étudiantes portant le « niqab » ont décidé d’entrer en grève de la faim, à partir de lundi. Et de faire du chantage. Elles disent qu’elles ne suspendront leur grève de la faim qu’après que l’administration revienne sur ses décisions et leur permette d’assister aux cours et de passer leurs examens sans se découvrir le visage, comme il est indiqué dans le règlement intérieur de la faculté.

    C’est une manière d’exiger le droit… à la fraude aux examens. C’est la seule explication plausible à ce comportement pour le moins douteux.".

    Source :

    http://www.kapitalis.com/proximite/53-societe/7847-tunisie-six-etudiantes-en-niqab-en-greve-de-la-faim-a-manouba.html

    Salah HORCHANI


  • COVADONGA722 COVADONGA722 17 janvier 2012 18:50

    yep confondre Démocratie et suffrage universel c’est s’assurer de voir le plus grand nombre
    imposer sa vision sociétale !!!


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 17 janvier 2012 19:28

    Sur la véracité des leitmotive du Parti Islamiste Tunisien au pouvoir Ennahdha

     

    Le leitmotiv du Parti Islamiste Ennahdha, usité tous azimuts, par ses Dirigeants, Partisans et Sympathisants, se résume en cette simple phrase : «  Nous sommes majoritaires, donc nous décidons  » dont une variante, à conclusion implicite, est : «  Le peuple nous a choisi, on est investi par la volonté populaire  ».

     

    Examinons la véracité des dits leitmotive. Sur le total du nombre de sièges à l’ANC, Ennahdha en possède aux environs de 41% ; ce qui implique que les affirmations «  Nous sommes majoritaires  » et « Le peuple nous a choisi, on est investi par la volonté populaire  » sont fausses. Si l’on considère, maintenant, les électeurs inscrits volontairement : 36%, environ, d’entre eux ont voté Ennahdha ; ce qui entraîne que les deux dites affirmations sont encore, un peu plus, fausses. Et, pour terminer, considérons les électeurs potentiels : le pourcentage de ces électeurs qui ont voté Enahdha n’est égal ni à 30%, ni à 25%, il est égal à environ 20% ; ce qui montre que les affirmations en question sont archi-fausses.

     

    Ainsi, nous pouvons dire, à la lumière de ce qui précède et à la lumière de l’Actualité, que les Islamistes [qui, rappelons-le, ont récupéré notre Révolution sans y avoir pris part] conduisent, aujourd’hui, les Affaires de la Nation, en gouvernant, de plus en plus, en solitaire, sans être investis d’aucune majorité. Appelons un chat, un chat : cette Gouvernance s’appelle un Coup d’Etat Constitutionnel.

     

    Salah HORCHANI

     


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 18 janvier 2012 01:01
    « Nouvelles de la Faculté des Lettres de la Manouba (Tunisie)
    Mardi 17 janvier 2012)

    Par Habib Mellakh
    universitaire, syndicaliste.
    Département de français, Faculté des Lettres de la Manouba (Tunisie)
     
    Accord pour un dispositif sécuritaire renforcé pendant les examens
    Assemblée générale syndicale à la FLAHM, le 19 janvier 

    Recevant aujourd’hui les membres du bureau national de la FGESRS, le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Monsieur Moncef Ben Salem leur a promis de protéger les examens semestriels de la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba grâce à un dispositif sécuritaire renforcé devant l’institution, capable d’empêcher le sabotage des épreuves par des étrangers. Le renforcement du personnel administratif et ouvrier en charge du contrôle de l’identité et de la sécurité a également été décidé par le ministre et annoncé pendant cette séance de négociations avec les représentants de la FGESRS. Ces deux mesures doivent, pour être efficaces, s’accompagner d’une nouvelle levée du sit-in par les forces de l’ordre.

    Par contre le ministre ne s’est pas clairement prononcé sur la publication d’ un texte (circulaire, note de service ou communiqué ) entérinant la décision des conseil scientifiques de l’université tunisienne d’interdire le port du niqàb ou de tout autre voile pendant les cours, les salles d’examen et les séances d’encadrement. Il a reporté cette décision à une date ultérieure et l’a subordonnée aux résultats d’une consultation auprès du tribunal administratif saisi par le ministère de cette affaire.

    Il s’agit vraisemblablement d’avoir un avis sur la compatibilité du texte proposé à la consultation avec les libertés individuelles et la particulièrement la liberté vestimentaire. C’est une première dans notre pays. IL s’agit en apparence d’une procédure visant à protéger les droits de l’homme et qui ne peut être qu’appréciée dans un pays qui est dans une transition démocratique. Mais à y regarder de plus près, l’on se rend compte qu’elle est étrange. C’est comme si, oubliant que la liberté vestimentaire n’est jamais absolue, on demandait au tribunal administratif, au nom de cette liberté vestimentaire, de donner son avis sur l’obligation du port de l’uniforme par des policiers ou des douaniers ou de la blouse blanche par le corps médical ou paramédical pendant le travail parce que des professionnels appartenant à ces secteurs souhaiteraient abandonner ces uniformes par caprice ou pour des motifs religieux (Qui sait si un jour une femme appartenant à la douane, ou une infirmière ne demanderait à porter le niqàb pendant son travail ?). Depuis quand un code vestimentaire doit-il être soumis à l’avis d’un tribunal administratif ? Les codes vestimentaires souples ou stricts ainsi que les règlements d’uniformes ont toujours existé dans toutes les civilisations et ont toujours été déterminés par la profession soit pour des raisons pédagogiques, soit pour des raisons d’hygiène ou d’autorité, sans aucune ingérence du pouvoir politique ou religieux. Pourquoi devrait-il en être autrement aujourd’hui en Tunisie alors que personne ne remet en cause la liberté vestimentaire en dehors des lieux de travail.

    La décision de s’en remettre au tribunal administratif est l’expression d’un profond malaise du ministre de la majorité nahdhaouie, confrontée à la rébellion des sit-ineurs mais obligé de tenir compte du point de vue de ses partenaires au sein de la coalition gouvernementale. 

    Après le soutien accordé par le Président de la république, Monsieur Moncef Marzouki au conseil scientifique de la Manouba le 5 janvier dernier et la position claire du président de l’assemblée constituante, Mustapha Ben Jaafar, favorable à l’interdiction du niqàb en classe, vendredi dernier, le gouvernement est entre le marteau et l’enclume. 

    Mais cet attentisme ne semble pas plaire aux enseignants de la Manouba, chaque jour confrontés aux dérapages verbaux et aux menaces des sit-ineurs et qui sont très inquiets, à six jours du déroulement des examens, à cause des atermoiements ministériels et de la tension qui monte de jour en jour. Ils se réuniront en assemblée générale syndicale le jeudi 19 janvier 2012 à 12h30 pour une nouvelle évaluation de la situation à la lumière des derniers développements selon une information communiquée par Khaled Nouisser, secrétaire général du syndicat de base des enseignants. ».

    Salah HORCHANI


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 19 janvier 2012 21:32
    « Nouvelles de la Faculté des Lettres de la Manouba (Tunisie)
    (Tunis, le 18 janvier 2012)

    Par Habib Mellakh
    universitaire, syndicaliste.
    Département de français, Faculté des Lettres de la Manouba (Tunisie)


    Mobilisation générale pour la réussite des examens et mise en garde contre les risques d’échec

    Les directeurs de département, les présidents des masters, les coordinateurs des sections, le secrétaire général de la faculté, le responsable du service des examens se sont réunis aujourd’hui sous la présidence du doyen. 

    Ce comité qui se réunit traditionnellement dans les institutions d’enseignement supérieur à la veille des examens semestriels aide le doyen à mettre en œuvre les décisions du conseil scientifique relatives à l’organisation des examens, aux règles régissant les délibérations et aux critères de rachat. 

    Etant donné le contexte qui prévaut à la faculté en ce moment, l’attention de ce comité s’est évidemment focalisée sur les mesures appropriées pour la réussite des examens semestriels. Les membres présents se sont déclarés mobilisés pour cet objectif malgré les difficultés rencontrées et les menaces qui pèsent sur leur déroulement.

    Ces enseignants, en charge de la responsabilité des examens, ont retenu, conformément aux prérogatives de la faculté et compte tenu des moyens dont elle dispose, des modalités internes très strictes et parfois draconiennes pour permettre une organisation rigoureuse des examens. L’interdiction absolue d’accès à la faculté pour toutes les personnes non concernées par les examens figure parmi ces décisions, ainsi que la mobilisation de tout le personnel enseignant, administratif et ouvrier. La faculté est d’ailleurs tenue de renforcer ce service de surveillance par le recours à l’aide des institutions voisines. Une demande dans ce sens a été faite à l’autorité de tutelle par l’assemblée dans une lettre signée par le doyen et qui suggère aussi au ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique trois mesures complémentaires majeures qui n’entrent pas dans les attributions de la faculté mais qui sont considérées comme indispensables à la tenue des examens :

    1. La levée du sit-in et l’engagement de poursuites judiciaires à l’encontre des auteurs d’agressions verbales ou matérielles et de menaces de liquidation physique dont le personnel enseignant, administratif et ouvrier a été la victime.

    2. La protection des alentours de la faculté par un dispositif sécuritaire performant analogue à celui qui a permis aux examens nationaux de 2011 de se dérouler dans de bonnes conditions.

    3. La publication par le ministère de tutelle d’un texte précis interdisant le port du niqàb et de tout autre voile cachant le visage pendant les cours, les examens et les séances d’encadrement dans le but de soutenir le règlement intérieur de la faculté.

    L’assemblée met également en garde l’autorité de tutelle contre les risques d’échec liés à l’absence de mise en œuvre de ces mesures.

    Pendant que toute la faculté est en alerte pour la réussite des examens, la perturbation de certains cours et de certains devoirs surveillés continue. Cinq cours et devoirs surveillés ont été aujourd’hui annulés en raison de l’entêtement des sit-ineurs à imposer la présence dans les salles des étudiantes portant le niqàb, tandis que les hauts parleurs hautement performants diffusant les harangues des leaders ont considérablement gêné le déroulement des cours et des devoirs surveillés.

    Plus grave est l’incident qui a eu lieu vers deux heures et demi de l’après-midi et qui a vu un étudiant, inscrit en première année histoire, légèrement blessé à l’œil à la suite d’une agression perpétrée par un jeune chômeur qui n’a pas hésité à utiliser son couteau, blessant légèrement à la main un gardien qui essayait de l’arrêter. Une plainte a été portée contre l’agresseur par la faculté auprès du district de la garde nationale de la Manouba. Triste destin, en ces jours sombres, d’une prestigieuse faculté condamnée à alimenter les potins et la rubrique des faits divers dans les feuilles de chou ! ».

    Salah HORCHANI


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 21 janvier 2012 10:15

    « Nouvelles de la Faculté des Lettres de la Manouba (Tunisie)
    (Tunis, le 20 janvier 2012)

    Par Habib Mellakh
    universitaire, syndicaliste.
    Département de français, Faculté des Lettres de la Manouba (Tunisie)

    Décisions de l’assemblée générale syndicale de la Manouba : :
    - Tenue des examens à la Manouba : un défi à gagner
    - Port du brassard rouge durant toute la semaine des examens en signe de protestation contre la violence dans les établissements d’enseignement supérieur

    Personne n’aurait parié, il y a une dizaine de jours, un denier sur la tenue des examens à la Faculté des lettres, des Arts, des Humanités de la Manouba à la date retenue par le conseil scientifique pour le démarrage de la session, c’est-à-dire le 24 janvier prochain.

    Tout le monde appréhendait le pire en raison du mépris des dispositions règlementaires affiché ostensiblement par les sit-ineurs, à cause de leur recours à la violence, à l’intimidation dans l’intention d’imposer la légalisation du niqàb et à une stratégie de l’escalade en vue de hâter le pourrissement de la situation.

    Mais la conjugaison des efforts du syndicat, du conseil scientifique, de la commission des jurys d’examen, de l’administration et les promesses faites par le ministre de protéger la faculté par un dispositif sécuritaire empêchant les personnes non concernées par les examens d’y accéder, a accru les chances d’un déroulement normal des examens, estiment les enseignants de la Manouba réunis hier, sous l’égide de monsieur Maher Selmi, secrétaire général adjoint de l’URT de la Manouba, en une assemblée générale commune et décidés à gagner le défi de la tenue des examens.

    Mais ils continuent à revendiquer la publication par le ministère, dans les meilleurs délais et de préférence avant les examens, d’un texte juridique appuyant leur position sur le niqàb. Seule, une mesure pareille est, à leurs yeux, susceptible de priver les sit-ineurs de l’argument du vide juridique qu’ils se plaisent à invoquer pour poursuivre leur sit-in et la perturbation des cours. Elle ébranlera, par ailleurs et à coup sûr, chez ces derniers la conviction, née à la suite des déclarations ambigües du ministre lors de son dernier passage sur le plateau de Hannibal TV, que le ministère n’est pas insensible à leur cause et leur fera lâcher du lest.

    Les enseignants se sont engagés à se mobiliser durant toute la semaine des examens pour assurer le déroulement normal de la session et à être présents même pendant les séances où ils ne sont pas concernés par les surveillances. Ils ont également mis en garde contre les risques d’interruption de la session à n’importe quelle étape de son déroulement si des perturbations étaient provoquées.

    Les violences dont les institutions du supérieur ont été récemment le théâtre ainsi que les agressions dont les enseignants ont été les victimes, et particulièrement celles qui ont touché au début de cette semaine la Faculté des Lettres de Sousse, ont suscité l’indignation générale.

    Les enseignants ont également passé en revue les agressions dont ils ont été les victimes à la FLAHM durant la semaine ainsi que celles qui ont touché, en octobre dernier, une collègue de l’Ecole Supérieure de commerce de la Manouba, pourchassée et abreuvée d’insultes par des étudiants à qui sa tenue vestimentaire ne plaisait pas et une autre collègue de l’Institut des Beaux arts de Kairouan, coupable d’avoir proposé l’étude d’une œuvre de Michel-Ange. Ils ont décidé le port du brassard rouge durant toute la semaine des examens en signe de protestation contre ces agressions.

    Par ailleurs, ils ont décidé de poursuivre les travaux de l’assemblée générale le lundi 23 janvier pour un suivi de la situation. »

    Salah HORCHANI


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 21 janvier 2012 11:48

    « Tunisie : Les faux leitmotive d’Ennahdha, prélude d’un Coup d’Etat Islamique Constitutionnel ! » :

    http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/tunisie-les-faux-leitmotive-d-108401

    Salah HORCHANI


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 21 janvier 2012 21:20

    « Tunisie : cinq nouvelles étudiantes en grève de la faim pour le port du niqab
    Samedi 21 janvier 2012

    Cinq étudiantes tunisiennes ont rejoint le mouvement de grève de la faim entamée
    mercredi par cinq de leurs camarades pour revendiquer le port du niqab (voile dissimulant le corps et le visage) en classe et durant les examens, a annoncé samedi le coordinateur salafiste de ce mouvement

     »Cinq filles en niqab ont rejoint la grève de la faim commencée par leurs camardes le 18 janvier et qui se poursuit dans une résidence privée« , a dit à l’AFP Mohamed El Bakhti, porte-parole d’un groupe salafiste actif à la Faculté des Lettres de la Manouba.

    Cet étudiant en première année d’histoire coordonne le groupe qui poursuit un sit-in de protestation à la faculté dans un bras de fer avec le corps enseignants et l’administration qui refusent l’accès en salle de cours des jeunes filles en niqab.

    Le doyen de cette faculté, Habib Kazdaghli, avait indiqué à l’AFP qu’il allait demander l’évacuation du groupe de protestataires avant le démarrage des examens semestriels prévu le 24 janvier.

    Ces examens qui concernent 13.000 inscrits ont été retardés à cause d’une suspension des cours lorsque des salafistes avaient voulu forcer l’entrée en salle de cours d’une étudiante en niqab, un voile noir dissimulant entièrement le corps et le visage, interdit par le conseil scientifique de la faculté.

    Les partisans du niqab avaient occupé les locaux de la faculté, obligeant la direction de l’établissement à suspendre les cours du 6 décembre au 9 janvier.

    Des incidents similaires et des violences ont opposé à la faculté des Lettres de Sousse (140 km au sud-est de Tunis) des étudiants islamistes à leurs camarades de gauche. ».

    Source :

    http://www.tv5.org/cms/chaine-francophone/info/p-1911-redir.htm?&rub=6&xml=newsmlmmd.431fe28b62c6c9bd34a35fd44711cbdf.351.xml

    Salah HORCHANI


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 23 janvier 2012 11:08

    Tunisie : étudiantes contre Salafistes - 66minutes de 22/01

    https://www.facebook.com/photo.php?v=231879793561578

    Salah HORCHANI


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 23 janvier 2012 15:18

    « Nouvelles de la Faculté des Lettres de la Manouba (Tunisie)
    (Tunis, le 23 janvier 2012)

    Par Habib Mellakh
    universitaire, syndicaliste.
    Département de français, Faculté des Lettres de la Manouba

    Sit-in des universitaires devant le ministère, si les examens étaient sabotés

    Le nombre des grévistes de la faim est passé à dix samedi dernier selon une dépêche de l’agence France-Presse qui cite Mohamed Bakhti. « Cinq filles en niqab ont rejoint la grève de la faim commencée par leurs camardes le 18 janvier » a déclaré ce porte-parole des sit-ineurs et coordinateur du sit-in à la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba, annonçant une nouvelle escalade dans la crise qui dure depuis environ deux mois et qui perturbe le fonctionnement normal de l’institution.

    Les organisateurs du sit-in mettent de plus en plus la pression sur le gouvernement et sur les enseignants afin qu’ils autorisent les étudiantes portant le voile intégral à suivre les cours et à passer les examens.

    Pendant que les grévistes de la faim poursuivent leur grève dans une résidence privée avec un suivi médical mais sans couverture médiatique et que les cours sont suspendus pour une durée de trois jours consacrée à la préparation de l’examen, les sit-ineurs qui les soutiennent continuent à occuper la FLAHM à moins de vingt quatre heures du démarrage de la session et ils sont prêts à perturber le déroulement des examens.

    « Qu’attendent les autorités sécuritaires pour les obliger à lever le sit-in ? » C’est la question angoissante que se posent les enseignants et les étudiants qui estiment que le statu quo, synonyme d’absence des conditions optimales de déroulement des examens, compromet la tenue de la session. Échaudés par l’expérience amère des deux derniers mois qui a vu les sit-ineurs s’incruster à la faculté pour y commettre impunément de multiples délits et infractions et, certains que les promesses n’engagent pas ceux qui les tiennent, ils ont fini par douter de la crédibilité des engagements pris par le ministre comme le montrent leurs réflexions exprimés sur les pages des réseaux sociaux et dans les assemblées et ils appréhendent de plus en plus que le gouvernement ne cède à la pression, ce qui nous entraînerait dans une voie sans issue.

    Les enseignants à cheval sur le principe, à leurs yeux, sacro-saint de l’autonomie pédagogique de l’institution ne sauraient accepter la confiscation de leurs prérogatives. C’est ce message qu’ils ont tenu à envoyer à l’autorité de tutelle au cours de l’assemblée générale syndicale commune tenue ce matin pour suivre l’évolution de la situation et prendre les mesures appropriées pour garantir un déroulement normal de la session. Malgré le statu quo qu’ils déplorent et bien que les autorités continuent à faire la sourde oreille à leur revendication légitime relative à la nécessité de réunir les conditions d’un bon déroulement des examens, ils s’engagent à faire l’impossible pour que les étudiants ne soient pas privés de leurs examens. Ils sont même prêts à essayer d’assurer leur déroulement en l’absence des garanties réclamées.

    Si malgré leur détermination et leur dévouement, les examens étaient sabotés, ils en feraient endosser la responsabilité aux sit-ineurs et au gouvernement, ils les suspendraient et ils organiseraient un sit-in devant le ministère pour l’amener à prendre les responsabilités qui lui incombent.

    Il convient de signaler que le secrétaire général du syndicat de base des enseignants de la FLAHM, Khaled Nouisser a été reçu ce matin, avant la tenue de l’assemblée, par Houcine Abassi, secrétaire général de l’UGTT, en présence de Mustapha Medini, secrétaire général de l’URT de la Manouba. Les deux responsables syndicaux l’ont assuré du soutien inconditionnel de l’UGTT et de l’URT dans cette phase très délicate de l’histoire de l’université où l’autonomie pédagogique des institutions universitaires est menacée et ils se sont engagés à participer à toutes les actions décidés par les universitaires. ».

    Salah HORCHANI


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 24 janvier 2012 00:44

    Et les agressions continuent !

    Des Salafistes agressant un Journaliste et un Avocat, devant le Palais de Justice de Tunis, lors d’un Rassemblement, pour la Défense de la Liberté d’Expression et de Création, qui a eu lieu hier lundi 23 janvier 2012.

    https://www.facebook.com/photo.php?v=238509369560959

    Salah HORCHANI


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 24 janvier 2012 15:53

    Tunisie : L’Etat des Lieux

    http://www.legrandsoir.info/tunisie-l-etat-des-lieux.html

    Salah HORCHANI


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 24 janvier 2012 21:51

    Deux autres Vidéos décrivant ladite Agression des Salafistes

    Si vous n’arrivez pas à accéder à la Vidéo, dont il est question ci-dessus, concernant l’agression des Salafisftes contre un Journaliste et un Avocat , je vous invite à consulter les deux Vidéos suivantes qui décrivent, aussi, ladite agression :

    https://www.facebook.com/photo.php?v=234583943287022

    http://www.youtube.com/watch?v=Xz10EW9qDFo

    Salah HORCHANI


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 25 janvier 2012 00:54

    « Tunisie - Les examens de la Manouba empêchés par des salafistes (mise à jour)

    Un groupe de salafistes de La Manouba a empêché, ce matin mardi 24 janvier 2012, les étudiants de la Faculté des lettres, des arts et des humanités de passer leurs examens. Ils ont attaqué et cassé les portes la salle d’examen du département arabe, selon une déclaration à Mosaïque FM de Mustapha Touati, un membre du Conseil scientifique de la faculté.

    Malgré l’accord passé entre le ministère de l’Enseignement supérieur en présence du ministre Moncef Ben Salem et le bureau national du Syndicat de base de l’enseignement supérieur, pour protéger la faculté et la faire évacuer des sit-inneurs, rien n’a été fait, a expliqué M. Touati.
    Les enseignants sont livrés à eux même et tentent par leurs propres moyens de maitriser ce groupe, a-t-il expliqué. Les responsables de la faculté ont appelé au secours les forces de l’ordre, le délégué de la région, le gouverneur, leur ministère de tutelle ainsi que le ministère de l’Intérieur mais personne n’est venu leur porter assistance, toujours selon le membre du conseil scientifique.

    A cette occasion Mustapha Touati a lancé un appel au ministre de l’Enseignement supérieur pour intervenir, lui rappelant l’importance de la tâche et de la mission qui lui a été dévolue.

    Mise à jour à 12:00 :

    Une enseignante sur place témoigne : »Nous sommes à la Manouba, 1er jour d’examen . La police appelée est absente. Dans le département où je surveille, les salafistes ont cassé la porte principale avec des jets de pierre. Ils ont forcé la porte principale malgré le cordon pour aller chercher des renforts. C’est dans une ambiance de terreur que nous passons les examens et le pire est à venir."

    Source :

    http://www.businessnews.com.tn/Tunisie---Les-examens-de-la-Manouba-emp%C3%AAch%C3%A9s-par-des-salafistes-%28mise-%C3%A0-jour%29,520,28931,3#com

    Salah HORCHANI


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 25 janvier 2012 01:24

    « Nouvelles de la Faculté des Lettres de la Manouba (Tunisie)
    (Tunis, le 24 janvier 2012)

    Par Habib Mellakh
    universitaire, syndicaliste
    Département de français, Faculté des Lettres de la Manouba (Tunisie)

    Une rude et terrible journée

    Les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent, jamais ceux qui les font. Les enseignants de la Faculté des lettres, des Arts, des Humanités de la Manouba (FLAHM) l’ont vérifié ce matin au moment du démarrage des examens et leurs doutes quant à la crédibilité des promesses ministérielles se sont avérés fondés.

    Aucun des engagements pris par les autorités n’a été honoré. C’est le constat amer fait par les professeurs surveillants, par le service d’ordre composé de fonctionnaires et d’ouvriers appartenant à l’institution et aux établissements voisins et renforcé par des collègues à la retraite, par les anciens doyens venus soutenir leur faculté dans la dure épreuve qu’elle traverse.

    Ni la promesse de la protéger par un dispositif de sécurité dissuasif aussi bien pour les personnes étrangères que pour les étudiants non concernés par les épreuves de la journée, ni celle d’obliger les sit-ineurs à l’évacuer n’ont été tenues pour des raisons obscures. C’est ce qui explique chez les sit-ineurs l’arrogance qu’ils ont affiché ce matin lorsque les différents cordons de sécurité chargés de l’ordre se sont déployés devant les départements, les amphithéâtres et les locaux des deux bibliothèques pour prévenir toute irruption des sit-ineurs dans ces espaces.

    Voyant le brassard rouge arboré par les enseignants pour dénoncer les violences subies par les universitaires depuis deux mois, ils ont tenté vainement de les provoquer :
    - Mais pourquoi portent-ils le brassard ? Que Dieu les maudisse ! dit l’un.
    - Qu’ils aillent en enfer ! renchérit l’autre.

    Vers neuf heures, appelés en renfort par une étudiante qui a tenu coûte que coûte à passer l’épreuve sans se découvrir le visage, ils se sont dirigés vers le bâtiment abritant le département d’arabe et ont abreuvé d’injures les membres du cordon de sécurité placé devant ce pavillon, puis ils les ont menacés de mort ou d’égorgement. Un jeune chômeur, après avoir proféré des menaces de mort il y a une quinzaine de jours à l’encontre de la directrice d’un département, récidive et s’adressant à deux collègues qui ont tenté de le calmer, leur dit :
    - A la faculté, nous organisons des sit-in mais à l’extérieur, nous tuons et nous égorgeons. Vous ne pourrez pas nous échapper, puisque nous vous filmons !

    Puis après avoir vainement tenté avec les autres membres du groupe des sit-ineurs de forcer l’entrée du bâtiment, il brise avec son brodequin le vitrage de la porte en aluminium pour essayer d’imposer le passage de deux étudiantes portant le niqàb. L’un des bris de verre tranchants touche au visage monsieur Slah Torkhani, fonctionnaire au service des publications. La plaie profonde au menton, qui en a résulté, a nécessité quatre points de suture.

    Les sit-ineurs appellent ensuite des renforts de l’extérieur qui arrivent mais ils ne peuvent forcer la porte principale de la faculté en raison de la résistance héroïque du service d’ordre. Un jeune escalade la porte et tombe sans gravité. Pris par ce qui semble une crise d’épilepsie, il est transporté aux urgences pour être soigné.

    Mis hors d’état de nuire grâce à la vigilance des enseignants et leur acharnement à assurer le déroulement des examens, les sit-ineurs ne trouvent pas mieux, dans une nouvelle escalade, que d’occuper à nouveau le bâtiment qui abrite l’administration centrale et le bureau du doyen.

    Mais ayant constaté que les étudiantes portant le niqàb n’ont pas pu passer les épreuves de la matinée, ils n’essayent plus pendant l’après-midi d’imposer leur présence dans les salles d’examen.

    Cette terrible journée vécue par les enseignants de la Manouba leur a permis de prouver à l’opinion publique et aux autorités qu’ils sont prêts à tous les sacrifices pour que leurs 8000 étudiants qui sont leurs enfants puissent passer leurs examens et qu’ils sont intransigeants quand on veut leur confisquer leurs prérogatives.

    Grâce au dévouement de l’ensemble du personnel prêt à braver le danger, nos étudiants ont pu passer leurs examens sans avoir été inquiétés et ils ne se sont même pas rendu compte des incidents qui ont émaillé la journée.

    Il faut des nerfs d’acier et un calme olympien pour pouvoir supporter de pareilles épreuves. Mais les enseignants ne sont pas prêts à revivre la tension qui a caractérisé cette journée de démarrage. Ils sont certes décidés à braver les difficultés mais à l’impossible nul n’est tenu.

    C’est la conclusion qui ressort des débats qui ont eu lieu pendant l’assemblée générale syndicale tenue aujourd’hui pendant la pause, entre les deux séances d’examen de la journée.

    C’est pourquoi les enseignants ont réitéré les exigences formulées et les avertissements lancés lors des précédentes réunions.

    Les contacts entre le secrétaire général de l’UGTT et le premier ministre d’une part et les démarches directes entreprises par le doyen auprès du ministre de l’intérieur ajoutés à la pression syndicale d’autre part, ont permis de lever le sit-in à dix huit heures, pour la troisième fois en l’espace de dix huit jours. Mais cette mesure sera inefficace si elle n’est pas accompagnée de la protection des environs de la faculté par un dispositif de sécurité à même d’empêcher les fauteurs en eau trouble de s’y introduire dans le but de perturber les examens.

    Le communiqué du président de la république dénonçant les actes de violence qui ont émaillé le déroulement de la première journée ainsi que son appel à faire respecter le règlement intérieur de la faculté augure-t-il de la prise de ce genre de décisions ou bien s’agit-il de sa part d’une simple déclaration de principe et de vœux pieux puisque la gestion du dossier de l’éducation ne fait pas partie de ses prérogatives ? Nous le saurons pendant les prochaines heures lorsque les enseignants de la Manouba rejoindront leur faculté pour y assurer une deuxième journée de surveillance. ».

    Salah HORCHANI


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 25 janvier 2012 23:33

    « Nouvelles de la Faculté des Lettres de la Manouba (Tunisie)
    (Tunis, le 25 janvier 2012)

    Par Habib Mellakh
    universitaire, syndicaliste
    Département de français, Faculté des Lettres de la Manouba

    Les enseignants de la Manouba condamnés à un travail de Sisyphe

    L’enseignant de la Manouba est un Sisyphe malheureux mais pas encore désespéré. Chaque fois qu’il croit avoir obtenu le départ définitif des sit-ineurs, ces derniers reviennent à la charge et occupent à nouveau l’institution. Et notre valeureux Sisyphe se remet à l’ouvrage avec beaucoup de courage, d’abord pour ne pas être l’otage du groupe des défenseurs du niqàb et pour obtenir ensuite à nouveau la levée de leur sit-in. Ce scénario s’est répété aujourd’hui pour la troisième fois en dix jours.

    A huit heures quarante cinq minutes, ce matin, alors que l’on croyait les sit-ineurs partis pour ne plus revenir, d’autant qu’ une quinzaine d’agents des brigades d’intervention de la garde nationale (BIG) s’était postée devant la faculté, un premier groupe composé d’étudiants de la FLAHM, non concerné par les examens et par conséquent non autorisé à accéder à la faculté, devenue depuis vendredi dernier un centre d’examen, a forcé la porte principale de l’institution. Il a contraint par la menace les enseignants, les agents et les ouvriers contrôlant cet accès à permettre l’entrée de quatre étudiantes portant le niqàb, bien qu’elles aient refusé de signer un engagement en vertu duquel elles acceptent, conformément aux dispositions réglementaires, de se découvrir le visage durant les séances d’examen. « On vous coupera les doigts, se sont-ils entendus dire, si vous ne nous laissez pas entrer !  » Cette scène s’est passée sous le regard indifférent des forces de l’ordre qui n’ont rien fait pour arrêter les agresseurs avançant qu’ils n’avaient pas reçu d’ordre dans ce sens.

    Les agressions verbales et physiques se sont poursuivies devant le département d’histoire et le département d’arabe où une collègue a été bousculée par l’un des défenseurs du niqàb. A ce groupe s’est joint le jeune chômeur évoqué dans mon bulletin précédent et poursuivi en justice pour avoir proféré précédemment des menacés de mort à l’encontre de certains collègues. Son impunité l’encourage à abreuver d’injures un enseignant, venu discuter avec lui, et à lui souhaiter la mort, à la suite de quoi ce dernier est pris d’un malaise. Le groupe menaçant réussit à forcer l’entrée des deux départements. Les assaillants pénètrent chaque fois dans les salles d’examen et y imposent les étudiantes intégralement voilées tout en filmant la scène pour prouver le refus des professeurs surveillants de les accepter. Ces derniers le font à leur corps défendant pour éviter la perturbation des examens mais ils informent les candidates que leurs copies ne seront pas corrigées en raison de leur refus de respecter le règlement.

    Durant l’après-midi le groupe, qui s’est renforcé par des intrus ayant escaladé les murs de la faculté, s’est rassemblé devant le département des langues et le département d’arabe. Une collègue pique une crise de nerfs puis s’effondre en larmes à la suite d’une invasion analogue à celle de la matinée et des menaces qui lui sont adressées et qui lui signifient que le groupe est décidé à empêcher le déroulement des examens si l’étudiante voilée n’était pas autorisée à composer.

    Ces actes tombent sous le coup de la loi. Il s’agit de délits dont le plus grave est l’entrave à un fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions par le recours à la menace et à la violence. Ces méfaits ont été rendus possibles à cause de la passivité des forces de l’ordre. Il ne sert à rien de lever le sit-in quand on ne fait rien le lendemain pour empêcher le retour des sit-ineurs. Ces derniers passeront la nuit à la faculté.

    Les enseignants réunis en assemblée générale ont décidé de poursuivre leurs efforts pour assurer le déroulement des examens.

    Une bonne nouvelle est venue aujourd’hui récompenser leur résistance et leur abnégation. Monsieur Mustapha Ben Jaafar, président de la Constituante, a souligné ce matin en recevant le doyen de la FLAHM « la nécessité de réunir les conditions à même de garantir le bon déroulement des examens …….mettant l’accent sur l’impératif de respecter les règles pédagogiques définies par le conseil scientifique » selon une dépêche de l’agence TAP. ».

    Salah HORCHANI


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 26 janvier 2012 14:14

    Tunis : « Marche pour Toutes les Libertés »

    Samedi 28 Janvier 2012, à partir de 12h00

    Place des Droits de l’Homme à Tunis

    http://www.legrandsoir.info/+pao-âmarche-pour-toutes-les-libertes-en-tunisie+.html

    Salah HORCHANI


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 26 janvier 2012 23:46

    « Nouvelles de la Faculté des Lettres de la Manouba (Tunisie)
    (Tunis, le 26 janvier 2012)

    Par Habib Mellakh
    universitaire, syndicaliste
    Département de français, Faculté des Lettres de la Manouba

    Sisyphe heureux

    Les enseignants de la Manouba ont réécrit ce matin le mythe de Sisyphe : leur abnégation, leur courage et leur endurance ont donné leurs premiers fruits.

    Les sit-ineurs ont déclaré forfait et ils ne sont pas venus imposer les étudiantes portant le niqàb, lesquelles, de leur côté, faute du soutien de leur section d’assaut, ont préféré ne pas se présenter dans les salles d’examen. Ils semblent avoir fait ce matin la grasse matinée à cause de la nuit blanche qu’ils ont passé à la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba.

    Que voulez-vous ? Ils n’ont pas dormi du sommeil du juste, non qu’ils aient des remords pour avoir agressé la veille et les jours précédents l’élite du pays, mais tout simplement parce qu’ils n’avaient ni matelas, ni couvertures. Seule, l’entrée couverte de l’amphi Ibn Khaldoun les abritait du froid. Pour une fois, les forces de l’ordre ont été efficaces après la visite du substitut du procureur de la république au tribunal de première instance de la Manouba qui a vainement demandé aux sit-ineurs de partir. Postés devant la faculté et certainement confortés par les ordres qu’ils ont reçus de leurs supérieurs, ils ont empêché les transporteurs venus en Isuzu fournir matelas et couvertures de remplir la mission dont ils ont été chargés par les commanditaires et instigateurs du mouvement de soutien aux étudiantes intégralement voilées.

    Excusez-moi, chers lecteurs, de ne pas avoir su résister à l’envie de faire de l’humour, dont la fonction cathartique n’est plus à démontrer et qui constitue l’antidote le plus efficace contre la tristesse engendrée par le calvaire que nous vivons et permettez-moi d’en rajouter un peu pour surmonter la tension parfois insoutenable et qui se mue en angoisse en ces jours sombres. Une hypothèse, émise par certains collègues sur le mode de la plaisanterie mais basée sur des déclarations des meneurs, attribue également l’absence de pression au fait que les sit-ineurs seraient allés quérir les services d’un huissier notaire pour qu’il fasse le constat de l’interdiction qui est faite aux étudiantes portant le niqàb de passer les examens. Mais cette démarche – et c’est pourquoi les collègues avançant cette hypothèse rient sous cape – montre que les défenseurs du niqàb ne sont pas au courant de deux arrêts du tribunal administratif datant respectivement du 11 et du 28 décembre Ces deux arrêts rejettent les recours intentés par deux étudiantes portant le niqàb pour invalider la décisions de la Faculté des Sciences de Tunis, à qui il est reproché d’avoir interdit à la première de passer les examens, et celle de la Faculté des Lettres de Sousse empêchant la seconde de s’inscrire dans l’établissement.

    La journée s’est poursuivie sur une note optimiste lorsque nous avons appris qu’une étudiante inscrite en troisième année de la licence appliquée qui tenait au démarrage de la session à son voile intégral, a accepté de passer l’épreuve de l’après-midi sans se voiler le visage.

    Mais la gaieté a cédé la place à la tristesse en fin d’après-midi lorsque les rapports soumis au doyen nous ont appris la survenue d’incidents analogues à ceux des deux premiers jours. Mais dans l’ensemble, les enseignants de la Manouba semblent avoir relevé avec les honneurs le défi de faire passer les examens dans des conditions extrêmement difficiles et exténuantes.

    Il ne reste plus que trois séances d’examen. Mais le plus dur est fait.

    La décontraction observée pendant la matinée a permis à l’assemblée générale syndicale quotidienne tenue à midi de ne plus se focaliser sur les évènements mais de réfléchir sur les moyens propres à redynamiser la vie culturelle de la faculté afin d’inculquer aux étudiants les valeurs universitaires, les règles de fonctionnement de l’institution et d’aborder avec eux les problèmes juridiques, institutionnels, culturels et civilisationnels qui se posent à la société tunisienne par le biais d’un programme de conférences et par la multiplication des clubs animés par les étudiants et pris en charge par les enseignants.

    La réussite n’est jamais absolue. Le succès est toujours relatif tout comme l’échec. Selon que l’on voit le verre à moitié plein ou à moitié vide on peut percevoir le succès relatif comme un échec relatif et vice-versa. Succès ou échecs relatifs – peu importe la formulation ou l’appréciation – à partir desquels on se remet en question et sur lesquels on s’appuie pour repartir de plus belle vers l’objectif que l’on s’est fixé ! C’est la leçon donnée par le mythe de Sisyphe.

    Nous pouvons imaginer à la fin de cette journée notre professeur de la Manouba comme un Sisyphe heureux parce qu’il continue à se battre et qu’il ne se laisse pas prendre au piège de la toile ourdie par les comploteurs et que tout comme Pénélope attendant le retour d’Ulysse, il tissera patiemment sa toile pour redorer le blason de cette prestigieuse institution et de ce sanctuaire de la libre pensée et de la liberté d’expression, et pour sauver les valeurs universitaires, les libertés académiques mises en cause par un dogmatisme stérile et périlleux. ».

    Salah HORCHANI


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 28 janvier 2012 01:13

    « Nouvelles de la Faculté des Lettres de la Manouba (Tunisie)
    (Tunis, le 27 janvier 2012)

    Par Habib Mellakh
    universitaire, syndicaliste
    Département de français, Faculté des Lettres de la Manouba

    Les fossoyeurs de la démocratie

    Les sit-ineurs ont été évacués hier soir vers dix huit heures. Les forces de l’ordre leur ont interdit de passer la nuit à la faculté. Le matin, ils sont revenus toujours dans le même but d’imposer les étudiantes portant le niqàb, ce qui contredit les allégations selon lesquelles ils ont levé le sit-in et mis fin à la grève de la faim pour avoir obtenu gain de cause. Mais la journée a été dans l’ensemble calme même si deux étudiantes se sont imposées à cause du souci des surveillants de ne pas perturber la concentration des candidats. De toutes les façons, elles ont été prévenues que leurs copies ne seraient pas corrigées en raison de leur refus de respecter le règlement. Deux germanistes ont passé cet après-midi les épreuves sans voile.

    Les enseignants réunis en assemblée ont fait le bilan des quatre premières journées de la session, qui a fait apparaître l’inefficacité des autorités sécuritaires incapables de protéger le personnel de l’institution. Elles ont soufflé le chaud et le froid tout au long de la semaine des examens et nous ont soumis au régime de la douche écossaise, promettant d’agir mais différant continuellement le moment de l’action ou l’annulant tout simplement. Leurs troupes étaient certes en état d’alerte mais elles ne sont jamais intervenues pour prévenir les perturbations en empêchant les éléments étrangers à la faculté d’y accéder parce que leurs chefs ne leur ont pas donné ce genre d’instruction si bien que la sécurité a été le talon d’Achille d’une organisation qui aurait pu être impeccable sans les carences sécuritaires .

    C’est la bravoure du personnel qui a permis d’éviter le pire et qui a compensé les défaillances des forces de l’ordre. Il faut dès maintenant, estiment les enseignants, inviter le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche scientifique à envisager le recrutement d’un service d’ordre des vigiles qui surveille et contrôle les entrées et qui peut appeler, en cas de problème, les autorités universitaires compétentes (doyen ou recteur selon la législation en vigueur) à demander l’aide des services de l’ordre public comme cela se passe à La Sorbonne par exemple. Le service d’ordre, qui a veillé au déroulement des examens, a joué le rôle de ces vigiles mais les brigades d’intervention des gardes nationales postées devant la faculté et sollicités par le doyen n’ont pas voulu répondre à son appel.

    Les enseignants ont également décidé de se joindre à la marche pour les libertés qui sera organisée le samedi 28 janvier par un collectif composé de plusieurs partis et associations dans le but de défendre les libertés académiques et la dignité des universitaires.

    Pendant le déroulement de l’assemblée, comme un athlète victorieux qui monte sur le podium pour recevoir sa médaille, l’un des sit-ineurs, en tenue de combat, brandit dans une attitude iconoclaste, après s’être hissée sur le socle élevé de la sculpture baptisée « Michket el Anouar » (la lanterne du savoir) , le drapeau noir du parti Ettahrir, parti panislamique appartenant à la mouvance islamiste et voulant la restauration du califat. Situé dans une position stratégique au milieu du parc, « Michket el Anouar », monument dédiée aux lumières, sert d’emblème à la faculté et a été réalisée pour rendre hommage, comme son nom l’indique, au savoir et à la science. Cette scène, emblématique des enjeux de l’affaire du niqàb, signifie la politisation de l’université, son asservissement aux idéologies, l’intention d’en faire l’instrument d’une propagande pour un nouveau projet de société inspiré d’une lecture dogmatique de l’Islam qui exclut les autres interprétations considérées comme des hérésies.

    Une approche pareille sonne le glas de la libre pensée pour lui substituer le prêt à penser qui fait de l’identité, au lieu d’un concept en perpétuelle construction, un concept figé et sclérosé. Elle trahit les véritables intentions des sit-ineurs qui s’abritent derrière la liberté religieuse pour imposer un projet politique totalitaire qui enterrera la démocratie naissante. J’ai vu dans le regard atterré d’une collègue, qui était l’un des témoins de cette scène inimaginable il y a une année, l’expression de la peur de voir le rêve caressé un certain 14 janvier se transformer en cauchemar. ».

    Salah HORCHANI


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 29 janvier 2012 00:18

    La Joie du Jour

    Aujourd’hui, par cette belle « Marche pour Toutes les Libertés », où nous étions des milliers, hommes et femmes, côte à côte, de toutes catégories sociales, de toutes orientations politiques démocratiques, de tous âges, à crier notre attachement à nos Libertés, à toutes nos Libertés, par cette belle Marche, nous avons redonné courage et espoir à tous ceux qui commençaient à avoir peur face à une poignée d’activistes ne respectant ni notre Foi, ni nos Lois !

    La marche pour toutes les libertés

    http://www.youtube.com/watch?v=xjjaT7y9WTw

    Salah HORCHANI


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 29 janvier 2012 11:19

    Les Universitaires de la FLAHM ont participé à la « Marche pour Toutes les Libertés »

    Le Slogan scandé par les Universitaires sur la Vidéo qui suit est :

    « L’université tunisienne libre, niqab dehors ! »

    https://www.facebook.com/photo.php?v=10150501960387665

    Salah HORCHANI


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 30 janvier 2012 02:07

    « Nouvelles de la Faculté des Lettres de la Manouba (Tunisie)
    (Tunis, le 28 janvier 2012)

    Par Habib Mellakh
    universitaire, syndicaliste
    Département de français, Faculté des Lettres de la Manouba


    La FLAHM, les acteurs de la vie politique et de la société civile unis contre la violence et pour la défense des libertés

    A l’appel des partis de l’opposition, des organisations non gouvernementales parmi lesquels la Ligue tunisienne des droits de l’homme et de toute la corporation des enseignants de la Faculté des Lettres et des Arts et des Humanités de la Manouba qui a rejoint vendredi après-midi l’initiative mais dont le nom n’apparaît pas sur la liste des participants pour des problèmes de coordination , des milliers de Tunisiennes et de Tunisiens ont participé aujourd’hui à « la marche de toutes les libertés » pour défendre la liberté d’expression, la liberté de pensée, la liberté de création, les libertés académiques et les droits de l’homme menacés par des groupes islamistes radicaux qui utilisent la violence pour imposer leurs idées.

    Les enseignants de la Manouba ne se sont pas engagés dans la manifestation à titre individuel mais comme un groupe solidaire faisant partie d’une institution désireuse de faire avec les autres composantes de la société tunisienne un front commun contre le fanatisme et consciente qu’elle a été ciblée par ces groupes parce qu’elle a toujours été, aussi bien du temps de Bourguiba que Ben Ali le porte- drapeau de la résistance contre l’atteinte aux libertés, aux principes démocratiques et le symbole de l’attachement aux libertés académiques.

    N’a-t-on pas souvent reproché aux chercheurs de notre faculté, spécialistes des études islamiques d’avoir transgressé tous les tabous et d’avoir nui par leurs nouvelles approches à l’Islam, alors qu’en s’écartant des lectures traditionnelles ou dogmatiques, ils ne faisaient que renouveler les recherches sur l’Islam, qu’enrichir la pensée islamique.

    Pourtant ces critiques acerbes souvent relayées par des menaces ne les ont jamais dissuadés de persévérer dans la même voie qui fait du respect des libertés académiques l’une des conditions importantes du développement de la recherche scientifique. Accusés d’hérésie, voués aux gémonies, ils sont depuis deux mois la cible d’une campagne de dénigrement savamment orchestrée par la page de Facebook Talaba-révolution, d’actes d’agressions verbales quotidiennes et de violences physiques moins nombreuses mais parfois violentes qui ont touché des fonctionnaires, des ouvriers et des étudiants, à l’image de celle qui a entraîné mon admission aux urgences de l’hôpital Kassab le 6 décembre dernier et celle subie par Slah Torkhani, fonctionnaire au service des publications le jour du démarrage des examens semestriels et qui lui a valu la pose de quatre points de suture au menton.

    La veille, comme par hasard, Hamadi Redissi, juriste et, à l’instar de chercheurs de la FLAHM, auteur d’ouvrages sur l’Islam qui n’ont pas eu l’heur de plaire aux défenseurs de l’orthodoxie musulmane et aux fanatiques, a été sauvagement agressé par des extrémistes religieux, venus assister au tribunal de Tunis au procès de Nessma-TV dont le patron a été traduit en justice pour « atteinte au sacré » à la suite de la diffusion du long-métrage d’animation français Persépolis doublé dans le dialecte tunisien et où figure une scène au cours de laquelle le héros, un enfant qui implore Dieu, essaye de l’imaginer au moment où il lui adresse ses prières, ce qui est proscrit par l’Islam. Le même jour, Zied Krichen, rédacteur du journal indépendant Al Maghrib connu pour sa dénonciation de l’extrémisme religieux et pour son soutien à la FLAHM, est tabassé dans le but évident de terroriser les militants au service de la liberté de la presse.

    Je pourrai multiplier à loisir les exemples prouvant la similitude de situation entre le vécu des enseignants de la FLAHM et celui des journalistes, des acteurs de la société civile et des avocats. Je n’en ai ajouterai qu’un seul. A la Manouba comme ailleurs, les auteurs des agressions sont restés impunis en dépit des plaintes déposées et de la présence de témoins ayant fait leur témoignage.

    La manifestation a été, par conséquent, l’occasion d’envoyer un signal fort à l’adresse du gouvernement pour qu’il traduise en justice les auteurs de toutes ces agressions.

    La conscience de participer à un front commun a poussé la corporation des enseignants de la Manouba à se joindre à la marche comme l’un de ses organisateurs mais la spécificité de leur situation l’a amenée à se singulariser d’abord en marquant spatialement la distance avec le reste du cortège. Cette façon de se démarquer a permis aux enseignants de la Manouba de mettre en exergue leur groupe et leur large banderole blanche brandie à tour de rôle pendant les trois heures de la marche et sur laquelle on pouvait lire l’inscription en grands caractères rouges, visible de loin et qui a servi de point de repère aux enseignants retardataires impliqués dans les surveillances de la dernière journée des examens : « Les enseignants de la Faculté des Lettres, des Arts, des Humanités de la Manouba manifestent pour la défense des libertés académiques et de la dignité de l’universitaire ». Cette manifestation dans la manifestation a eu pour effet positif de faire de la propagande pour la cause de la FLAHM, ce qui était du reste l’objectif recherché. A chacune des étapes de la marche, les journalistes et les citoyens photographiaient ou filmaient à qui mieux mieux notre groupe.

    Les slogans scandés ont aussi mis en évidence la spécificité du combat de l’université pour les libertés. C’est dans cet esprit qu’ils ont mis surtout l’accent sur son rôle majeur d’éclaireur pour la diffusion de la lumière du savoir, sur le respect des libertés académiques, des prérogatives des conseils scientifiques et l’attachement aux principes des élections à tous les niveaux.
    Beaucoup de citoyens et d’universitaires ont tenu, en signe de soutien à la cause de la FLAHM, à rejoindre notre mini-manifestation. Scandant à tue-tête et sans répit nos slogans grâce à leur voix de ténor, Ahlem Boussaada et Haikel Ben Mustapha se sont également improvisés en coryphées, nous invitant souvent à reprendre en chœur les slogans qu’ils nous proposaient. Des citoyens, reconnaissant en moi l’auteur de cette rubrique quotidienne, diffusée sur Facebook, sont venus nous assurer de leur admiration et de leur soutien ainsi que d’anciens étudiants des écoles normales supérieures de Tunis et de Sousse, d’anciens camarades de classe que je n’avais pas revu depuis 38 ans. Notre doyen, devenu aujourd’hui une star selon la formule élogieuse d’une collègue, dite d’un air taquin, est félicité par des citoyens qu’émerveillaient son abnégation et son endurance. D’autres manifestants sont venus spontanément nous aider à hisser notre banderole, comme pour nous signifier l’adhésion totale à notre combat. Je retrouve dans ce soutien l’écho des nombreux messages qui me sont parvenus sur Facebook ou par le courrier électronique et où leurs auteurs nous signifiaient leur appui inconditionnel. Khaled Nouisser, le secrétaire général de notre syndicat, égal à lui-même, toujours imperturbable (Plus discret, plus Bouddha que moi, tu meurs !), quitte le premier rang et se fond dans la masse anonyme des manifestants pour échapper aux photographes. Tout au plus, consentira-t-il une seule fois sur mon insistance à hisser la banderole de la FLAHM pour une photo souvenir, non pour être sous les feux de la rampe mais pour mettre en valeur le slogan inscrit sur la banderole. C’est ce qu’il m’a semblé percevoir dans son hésitation à répondre à mes sollicitations.

    Il était écrit que cette journée historique du 28 janvier nous procurerait beaucoup de bonheur. Nous avons fait entendre notre voix comme en témoigne l’écho très positif de notre mini-manifestation sur les pages de Facebook et sur les journaux électroniques. Le cercle de nos partisans s’élargit de jour en jour. Dans une déclaration publiée dans le journal électronique Al Masdar, Madame Sihem Badri exhorte les étudiantes portant le niqàb à respecter le règlement intérieur de la faculté et à ne plus hypothéquer l’avenir de l’écrasante majorité de leurs camarades et leur droit aux études en entravant la marche de la faculté.

    Une manifestation comme celle d’aujourd’hui fait apparaître une vérité de plus en plus évidente qui a été occultée au début de la crise pour des considérations politico-politiciennes : Le combat initié par la FLAHM est devenu de jour en jour celui d’une société qui est venue à bout du totalitarisme et qui n’accepte pas qu’il revienne. ».

    Salah HORCHANI


  • Yasmine 30 janvier 2012 20:50

    SOS Tunisie : les libertés menacées !

    http://www.petitions24.net/sos_tunisie_les_libertes_menacees

    Une centaine de Tunisiennes et Tunisiens à l’étranger, notamment en France, universitaires, chercheurs, acteurs de la société civile et citoyens, ont lancé cet Appel pour défendre les libertés menacées en Tunisie. Ils évoquent le combat de l’université de la Manouba. Ils s’alarment « de la dégradation des libertés acquises par la Révolution tunisienne » et demandent notamment « aux autorités publiques de mettre tout en œuvre pour rechercher les auteurs (des) violences, de les traduire devant les tribunaux et d’assurer sans délai la sécurité des personnes menacées ».

    Signez cet Appel et relayez-le, relayez-le !

    BRAVO pour la Marche contre la violence et pour les libertés samedi à Tunis !


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 1er février 2012 00:15

    « Depuis 2 mois, un groupe de salafistes maintient la pression pour faire accepter le port du nikab » :

    http://videos.arte.tv/fr/videos/tunisie_les_femmes_et_l_universite-6367132.html

    Salah HORCHANI


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 2 février 2012 11:10

    « Nouvelles de la Faculté des Lettres de la Manouba (Tunisie) 1/3
    (Tunis, le 1 février 2012)

    Par Habib Mellakh
    universitaire, syndicaliste
    Département de français, Faculté des Lettres de la Manouba


    De la liberté vestimentaire et de la controverse liée au niqàb
    ou
    un aspect de l’affaire du niqàb expliqué aux étudiants et à l’opinion publique

    La plupart des étudiants de la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba, fidèles à une mauvaise habitude qui est devenue une seconde nature dans la majorité des institutions universitaires tunisiennes, ont fait font depuis trois jours l’école buissonnière pour recharger leurs accus après une période de dix jours consacrée aux examens et aux révisions. C’est la raison pour laquelle nous n’avons pas enregistré d’incidents, ce qui me permet de mettre à profit cette « trêve » pour m’atteler à un travail d’ordre pédagogique dans le but de dépassionner un débat faussé par des analyses qui le réduisent à une opposition entre « des extrémistes religieux » et des « extrémistes laïcs » et par des considérations de politique politicienne. Expliquer l’origine de la polémique sur le niqàb, dissiper les méprises grossières, dues non seulement à la complexité du problème mais aussi à l’absence de repères culturels et juridiques pour cerner la question et relayées de bonne foi par certains médias induits en erreur par une campagne de désinformation savamment orchestrée par certaines parties me semble une entreprise nécessaire pour impliquer l’opinion publique et particulièrement les étudiants et leurs parents qui se tiennent à l’écart de la controverse parce qu’ils ne maîtrisent pas le problème ou qui préfèrent dans une attitude de neutralité typiquement tunisienne renvoyer dos à dos les protagonistes même si, dans leur for intérieur, ils soutiennent le point de vue des enseignants. L’analyse de la controverse sous l’angle de la conception de la liberté vestimentaire chez chacune des trois parties prenantes dans cette controverse – les universitaires, les défenseurs du niqàb et le gouvernement à majorité nahdhaouie – est la seule susceptible de permettre aussi bien aux acteurs qu’à l’opinion publique de prendre du recul , d’éviter le piège des jugements de valeurs et de d’aider à justifier le point de vue des universitaires dans cette polémique qui prend de plus en plus l’allure d’une confrontation entre deux logiques totalement antinomiques, à l’origine du bras de fer qui dure depuis deux mois. Traiter le problème comme l’expression des clivages entre la droite et la gauche, comme se sont plu à le faire certains journalistes me semble réducteur. Le considérer comme le prolongement des querelles entre « les modernistes mécréants » ulcérés par leur défaite aux élections de la Constituante et les islamistes choisis par les urnes, comme le font les défenseurs du niqàb, qu’ils soient acteurs ou observateurs dans cette affaire, me semble une attitude ridicule qui ne peut qu’exacerber les passions. Les universitaires, qu’ils soient de droite ou de gauche, musulmans pratiquants ou non pratiquants, sont quasi unanimes à s’opposer au port du niqàb dans les activités universitaires liées à la transmission du savoir ou à l’évaluation des connaissances. Le Président de la République, Monsieur Moncef Marzouki ou celui de la Constituante, Monsieur Mustapha Ben Jaafar, qui sont pourtant des hommes de gauche et qui font partie des vainqueurs de ses élections, ont pris fait et cause pour les universitaires non par parti pris politique ou idéologique ou pour des motivations antireligieuses – qui en Tunisie peut mettre en doute l’attachement de ces deux hommes politiques à l’Islam et à ses valeurs ? – mais en tant qu’anciens enseignants de la Faculté de médecine convaincus grâce à leur longue expérience que le contact visuel et la communication non verbale sont des éléments essentiels dans la transmission du savoir. Mais les défenseurs du niqàb à l’université et leurs maîtres spirituels contestent cette approche – regardez leurs prêches sur la page de Facebook Talaba-révolution, la page des sit-ineurs de la Faculté des Lettres, des Arts, des Humanités de la Manouba – non parce qu’ils nient l’impératif pédagogique mais parce qu’ils placent leurs convictions religieuses en matière vestimentaire, très peu partagés en Tunisie, au dessus de toutes les autres considérations.


    Au nom de la liberté de croyance et des droits de l’homme

    A partir de l’exemple des femmes du prophète, qui portaient le niqàb et qui étaient perçues de ce fait, comme des parangons de vertu et de pureté, ils concluent à la nécessité de faire du voile intégral une obligation pour les Musulmanes. Mus par ces considérations, ils revendiquent pour les étudiantes le droit d’en faire un habit dans tous les endroits publics en vertu d’une liberté vestimentaire exercée au nom de la liberté religieuse garantie par la Déclaration universelle des droits de l’homme. Il n’est pas dans les prérogatives du conseil scientifique de la faculté ni de son droit d’émettre un quelconque avis sur les croyances des gens et il les respecte au nom de la liberté de conscience et il ne peut que défendre leur exercice. Mais la sécurité de l’institution est de son ressort ainsi que les attributions pédagogiques. Confronté depuis le début de l’année à des incidents liés au port du niqàb, il affirme par écrit en date du 2 novembre 20011 la nécessité pour tous les étudiants de respecter le code vestimentaire en vigueur dans l’université tunisienne depuis sa création et qui oblige les étudiants inscrits dans les établissements d’enseignement supérieur à avoir le visage découvert dans l’enceinte de l’établissement pour des raisons de sécurité d’abord – le niqàb pouvant être un déguisement idéal pour n’importe qui souhaiterait commettre de actes répréhensibles – et surtout pour des raisons pédagogiques selon le principe fondamental garant du bon fonctionnement et du succès de la transmission et de la réception de la connaissance qui est la coopération entre des individus acceptant la communication et le dialogue et qui le font à visage découvert. Mais alors que toutes institutions du pays qui ont fait connaître leurs décisions aux médias – citons à titre d’exemple la Faculté des Lettres de Sousse , les 4 facultés de médecine du pays– maintiennent l’interdiction d’accès des étudiantes portant le niqàb à l’établissement, le conseil scientifique de la Manouba fait par la suite une concession de taille en assouplissant le règlement, se contentant dans les résolutions suivantes d’exiger le dévoilement du visage uniquement dans les cours, pendant les examens et pendant les séances d’encadrement pour ne pas être accusé de porter atteinte à la liberté de conscience même si les autres espaces exclus de l’interdiction du port du niqàb appartiennent à l’enceinte de la faculté et que cette licence comporte des risques pour la sécurité.

    Malgré cette souplesse dans l’application du code vestimentaire, des médias et des hommes politiques proches des défenseurs du port du niqàb ne cessent de parler de l’intransigeance du conseil scientifique, de son doyen, occultant cette concession pour faire passer les enseignants de la Manouba pour des gauchistes, ennemis de la religion ! (sic !).

    Mais quand on y regarde de plus près, l’on se rend compte que cette tolérance pose des problèmes autres que sécuritaires, des problèmes de société. Les défenseurs du niqàb sont toujours prompts à donner l’exemple de pays comme la Grande Bretagne autorisant le port du niqàb en milieu scolaire à l’appui de leurs revendications. Mais l’analogie n’est pas pertinente. Elle n’est que formelle. Dans les pays auxquels il est fait allusion, ce droit est accordé à une minorité dans le souci de respecter la différence religieuse. Nous ne sommes pas dans ce cas de figure en Tunisie. Il s’agit d’une minorité dans un pays musulman et non dans un pays catholique et la donne change. Ce sont des citoyens à part entière que la chose publique intéresse et qui aspirent à élargir la sphère de leur influence, comme le prouve la propagande actuellement menée à la faculté par cette minorité dont les tendances hégémoniques l’amènent non seulement à perturber les cours et les examens mais aussi à faire un harcèlement moral continu à l’adresse des étudiantes pour les pousser à porter le niqàb , ce qui risque d’engendrer, à moyen terme, des conflits religieux dont on n’a cure. Comme l’a dit le Président de la République à la chaîne de la télévision nationale le surlendemain de son investiture : « Nous avons assez de problèmes en Tunisie, des problèmes sociaux, des problèmes économiques pour en créer d’autres de toutes pièces ».

    Même si je m’aventure sur ce terrain un peu glissant par souci de ne pas occulter les problèmes et d’en montrer la complexité, qu’on me permette de faire une dernière objection, non comme pédagogue mais en tant que citoyen que le devenir de l’université intéresse au plus haut point, à ce raisonnement par analogie. Si on fait table rase de l’argument pédagogique et qu’on autorise le niqàb en milieu scolaire au nom de la liberté de conscience, pourquoi ne pas poursuivre l’analogie jusqu’au bout et permettre au nom de ce même respect des droits de l’homme, aux étudiants des confessions religieuses chrétienne et juive et d’autres secte musulmanes d’arborer les signes de leur appartenance religieuse ? A-t-on le droit d’arborer des signes d’appartenance sectaire ou politique dans l’espace réservé au savoir alors qu’il faut dépolitiser l’école et la mettre à l’abri des conflits politico-religieux ? N’est-ce pas faire courir le risque à notre université de l’entraîner dans des querelles religieuses et politiques à partir du moment où minorité agissante veut imposer à une majorité de nouvelles règles de communication à l’école au nom de la liberté religieuse ? Cette minorité oublie, ce faisant, que le principe général de la liberté vestimentaire a toujours été limité dans l’histoire de l’humanité par des normes sociales et par des codes vestimentaires stricts ou souples pouvant prévoir des uniformes réglementaires, qui sont établis par les établissements scolaires et les différentes professions en dehors de toute ingérence du pouvoir politique ou religieux pour des considérations spécifiques à l’activité professionnelle ou scolaire exercée. ».

    (à suivre)

    Salah HORCHANI


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 2 février 2012 11:20

    « Nouvelles de la Faculté des Lettres de la Manouba (Tunisie) 2/3
    (Tunis, le 1 février 2012)

    Par Habib Mellakh
    universitaire, syndicaliste
    Département de français, Faculté des Lettres de la Manouba

    (suite)

    Codes vestimentaires, parti pris pédagogique et parti pris professionnel

    Un code vestimentaire scolaire ou professionnel n’est imposé que dans les établissements ou dans les espaces publics où une formation est dispensée et où un métier est exercé. Il peut donner une indication au sujet de l’occupation de celui qui l’adopte : blouse blanche pour les médecins, robe noire des avocats, uniforme scolaire pour les élèves et pour les étudiants dans des institutions prestigieuses, uniforme particulier porté par les élèves des établissements d’enseignement professionnel, uniformes des forces de l’ordre etc. Mais il s’agit surtout sur le plan professionnel d’une mesure restrictive de la liberté personnelle justifiée par la nature du travail et qui provient des règles d’hygiène et de sécurité rendues obligatoires par la législation : gants médicaux, blouse, casque ou masques de protection.

    Un code vestimentaire scolaire limite la liberté des élèves et des étudiants pour des raisons liées aux conditions optimales de la transmission des connaissances. Il indique ce que les apprenants ne doivent pas porter, c’est-à-dire les vêtements inappropriés à l’activité et à la situation d’apprentissage comme les voiles couvrant le visage en tant qu’obstacles à l’interaction pédagogique, les habits susceptibles de dissiper l’attention de l’apprenant comme les habits que l’on porte pendant les mariages, les tenues légères etc. Le code vestimentaire scolaire est une norme sociale au départ non écrite, tacite et spontanément suivie par les apprenants mais qui peut être rappelée par écrit en cas d’infraction, comme l’ont fait par une pure coïncidence le 2 novembre 2011 le conseil scientifique de la Faculté des Lettres, des Arts, des Humanités de la Manouba, et les doyens des quatre facultés de médecine du pays dans des résolutions qui ont été portées à l’attention de l’opinion publique dès le déclenchement de la crise dans le cas de la FLAHM et le 25 janvier 2012 pour les facultés de médecine. Ce code vestimentaire est aussi un code professionnel valable pour les enseignants et pour le personnel administratif et ouvrier comme le souligne le procès-verbal de la réunion du conseil scientifique de la FLAHM. C’est ce code tacite interdisant de se voiler le visage dans les établissements scolaires qui était respecté par les jeunes filles scolarisées en Tunisie pendant la première moitié du siècle dernier. Les adolescentes à la fin du cycle primaire et au début du cycle secondaire portaient sur le chemin de l’école le sefsari mais elles l’enlevaient dès leur arrivée dans l’établissement. Les parents qui ne voulaient pas que leur fille soit dévoilée dans les espaces publics la retiraient tout simplement de l’école. Il n’y avait certes pas de mixité mais les instituteurs étaient surtout des hommes !

    Dans les institutions universitaires où une formation pratique est dispensée à côté d’un enseignement théorique la liberté personnelle est restreinte par un code vestimentaire scolaire et professionnel au nom à la fois d’un parti pris pédagogique et de considérations professionnelles. C’est ce qui ressort de la lettre envoyée au ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique par les doyens des facultés de médecine et où, pour justifier l’interdiction absolue du port du niqàb dans l’enceinte des facultés de médecine et dans les établissements hospitalo-universitaires, ces derniers se réfèrent à des motivations liées « aux spécificités de la formation médicale », à la formation fondamentale et à la formation pratique sans occulter les raisons de sécurité, que le conseil scientifique de la FLAHM a mises entre parenthèses dans un esprit de conciliation que personne ne veut relever car il est de bonne guerre de présenter le doyen de la FLAHM comme un homme intransigeant mû par des considérations politiques (sic !). « Ce genre de vêtement, lit-on dans cette lettre, dans une allusion au niqàb, est incompatible avec les impératifs pédagogiques dans le domaine médical et avec les exigences de sécurité dans les centres hospitalo-universitaires ». Ces impératifs pédagogiques sont classés dans ladite lettre en deux catégories :

    une première liée à la formation professionnelle. Elle concerne les stages organisés au profit des étudiants dans les CHU. De ce point de vue, trois arguments sont présentés par les doyens. Le premier concerne « l’uniforme professionnel réglementé par le ministre de la santé publique et qui exige de ne pas se voiler le visage ». Le second a trait au fait que « le port du niqàb se contredit avec le principe de la communication non verbale avec le malade et sa famille et qui constitue les 70% de la démarche d’élaboration d’un diagnostic médical et de la conduite thérapeutique à adopter ». Le troisième est lié au respect des règles d’hygiène et d’asepsie, le port du niqàb se contredisant dans l’argumentaire des doyens avec la nécessité d’avoir les mains propres : « de se laver les mains de façon répétée pour éviter d’être contaminé par les maladies infectieuses ».

    une deuxième catégorie d’arguments en rapport avec la formation théorique. Les doyens estiment sur ce plan que les cours théorique exigent « une communication verbale et non verbale avec l’enseignant indispensable du point de vue pédagogique ».

    Les procès-verbaux des différents conseils scientifiques, les motions syndicales nationales régionales et locales, les communiqués de l’UGET (Union Générale des Etudiants de Tunisie), les initiatives conjointes entre des institutions appartenant à la même spécialité, comme celle initiée il y a plus de deux mois par les facultés de médecine du pays et ses résultats, la rencontre qui s’est tenue hier à Sousse entre les doyens des cinq facultés des lettres et sciences humaines du pays, les déclaration des universitaires dans les médias nationaux montrent une détermination irrévocable de la profession à faire respecter le code vestimentaire en vigueur dans les établissements d’enseignement depuis leur création. Ce code, à l’origine non écrit et tacite a été rappelé par les décisions des conseils scientifiques de la plupart des institutions d’enseignement, publié et porté au moins à la connaissance des étudiants et de leurs parents. Il reste le code vestimentaire tacite dans les établissements, qui faute de niqàb, n’ont pas eu besoin d’aborder le problème.

    L’analyse précédente montre que ce code ne s’oppose pas aux droits des personnes en vertu d’un principe général de droit qui stipule que les restrictions aux libertés individuelles peuvent se justifier par la nature de la tâche à accomplir et proportionnés au but recherché, ce qui signifie que les impératifs pédagogiques et professionnels priment dans les espaces réservés à la formation théorique et pratique sur la liberté personnelle. La tâche de transmission des connaissances, d’un savoir aussi bien que d’un savoir-faire autorise le recours à un code vestimentaire qui oblige les apprenants à avoir le visage découvert et dans certaines spécialités comme la médecine les mains nues, dans un souci – et c’est là le but recherché – d’efficacité pédagogique et professionnelle. Les formateurs ne sauraient aussi céder à la pression de ceux qui exigent la légalisation du niqàb parce qu’ils ne sont pas prêts à se laisser confisquer les prérogatives pédagogiques qui leur ont été consenties par la loi en raison de leur compétence en la matière et qu’ils exercent par le biais de leur conseil scientifique.

    Du côté des défenseurs du niqàb, l’argument de la liberté vestimentaire que je viens de réfuter est brandi au nom d’une loi religieuse qu’ils considèrent comme supérieure et qui est récusée par tous les exégètes tunisiens et des plus controversées dans le monde musulman. La position doctrinale d’Ennadha exprimée par cheikh Rached Ghannouchi considère, d’ailleurs que le port du niqàb n’est pas une obligation. J’ai montré dans cette analyse les périls liés à la légalisation du niqàb qui plongeraient l’université tunisienne dans la spirale infernale des conflits politico-religieux à cause de cette controverse justement et des risques liés au mimétisme qui pourrait amener d’autres groupes à arborer des signes d’appartenance sectaire, alors que l’attitude la plus sage consiste à lui épargner ces querelles destructrices. ».

    (à suivre)

    Salah HORCHANI


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 2 février 2012 11:27

    « Nouvelles de la Faculté des Lettres de la Manouba (Tunisie) 3/3
    (Tunis, le 1 février 2012)

    Par Habib Mellakh
    universitaire, syndicaliste
    Département de français, Faculté des Lettres de la Manouba

    (suite et fin)

    La position doctrinale et politique du ministre

    Si l’interdiction du niqàb dans l’enceinte des institutions d’enseignement est une décision des plus sensées au niveau pédagogique et sécuritaire, que la position doctrinale d’Ennadha sur la question n’est pas une position dogmatique, que le ministre de l’enseignement supérieur ainsi que d’autres dirigeants nadhaouis sont convaincus du bien fondé de la position des enseignants, qu’est ce qui explique que le ministre diffère continuellement la publication d’un texte interdisant le port du niqàb dans les cours, pendant les examens et pendant les séances d’encadrement dans toutes les institutions universitaires alors qu’il l’avait promise depuis le 4 janvier dernier au secrétaire général de la FGESRS avant de se rétracter dans l’émission Saraha Raha le 7 janvier ?

    La promesse s’expliquerait-elle par la pression ce jour-là du rassemblement des universitaires ? Qu’est-ce qui justifie le revirement annoncé au cours de l’émission Saraha Raha de Hannibal TV ? C’est l’absence de constitution, explique-t-il, et il subordonne la publication d’une loi ou d’une circulaire dans ce sens à la promulgation de la constitution. Il revient à la charge le 25 janvier dans un entretien accordé au journal Al Maghrib où il précise : « Nous n’avons pas le droit de publier de loi dans ce sens parce quelle pourrait entrer en contradiction avec la nouvelle constitution. Nous attendrons la fin des travaux de la Constituante. Quand la Constituante aura achevé la rédaction de la constitution, nous promulguerons des lois et publierons des textes à la lumière des dispositions constitutionnelles ». Cette déclaration est surprenante parce qu’elle suppose que notre ministre est capable de prédire l’avenir et inquiétante parce qu’elle laisse entendre qu’il fera perdurer la situation de blocage jusqu’à la promulgation de la prochaine constitution avec les risques certains de nouvelles perturbations des cours et des examens. Un argument pareil pourrait paralyser la fonction législative de l’Assemblée constituante et le travail du gouvernement. Cette déclaration semble en outre se contredire avec la consultation soumise au tribunal administratif le 30 décembre 2011 au sujet du port du niqàb. Il est inutile en effet de demander l’avis de cette juridiction sur ce problème quand on affirme simultanément qu’on ne pourra pas légiférer en l’absence de constitution. Une autre énigme : pourquoi demander l’avis d’une cour qui a déjà statué sur la question et qui a publié un arrêt datant du 7 juillet 2011 déboutant une étudiante ayant présenté une plainte pour abus de pouvoir parce qu’elle n’a pas été autorisée par la Faculté des Sciences de Tunis en raison du port du niqàb à passer ses examens et un autre arrêt datant du 30 décembre 2011 rejetant le recours d’une étudiante de la Faculté des Lettres de Sousse empêchée de s’inscrire pour le même motif ? La cause n’est-elle pas entendue ?

    Monsieur Moncef Ben Salem ne saurait ignorer la fonction législative de la Constituante. Il sait pertinemment qu’on peut publier aujourd’hui un texte réglementaire sur le niqàb d’autant plus que ce qui lui est demandé, c’est d’appuyer les dispositions actuelles en vigueur et de demander à tous les contestataires de s’y soumettre ne serait-ce que parce qu’elles recueillent l’adhésion de l’extrême majorité des parties prenantes dans le conflit. Madame Sihem Bady, la ministre de la femme qui a demandé à l’infime minorité des étudiantes intégralement voilées de se plier à la volonté de la majorité des étudiants et de ne pas hypothéquer leur avenir, l’a bien compris. Monsieur le Ministre ne veut pas publier de texte comme le montrent les sous-entendus liés à la déclaration faite au quotidien Al Maghrib. Il se réfère à l’absence de constitution avec l’idée de derrière la tête de soumettre les codes vestimentaires aux dispositions de la future constitution. En d’autres termes, si une nouvelle disposition constitutionnelle fait de la religion la source de la législation, les codes vestimentaires devront alors changer pour se conformer au nouveau fait juridique et le port du niqàb sera légitimé. Ce serait une première dans notre pays où les codes vestimentaires sont habituellement définis par les professions en toute indépendance.

    Cette déclaration est révélatrice des intentions des nahdhaouis, ou du moins de l’une de leurs factions, de faire de l’Islam tel qu’ils le comprennent, la source de la législation. On ne m’objectera pas qu’Ennadhaa a sur le niqàb des divergences doctrinales avec les partisans du voile intégral. Mais elles sont secondaires. Pour Ennadha, ces islamistes sont des alliés politiques, idéologiques et électoraux naturels avec qui ils doivent composer et dont ils doivent prendre en compte les aspirations alors que le CPR et Ettakatol ne sont que des alliés stratégiques. Sommes-nous dans un processus révolutionnaire censé renforcer les acquis, réaliser les objectifs de notre révolution citoyenne et renforcer la république citoyenne que nous commençons à construire ou sommes-nous sur la pente raide qui risque, pour des raisons de politique politicienne, de nous mener inéluctablement – si on n’y prend garde– vers un régime liberticide ?

    Répondre à cette question est prématuré mais il est certain qu’on n’est pas sorti de l’auberge. C’est ce que montre malheureusement l’analyse de la situation. La position gouvernementale actuelle risque d’exacerber la polémique, les contradictions et d’encourager une rébellion contre un code vestimentaire scolaire qui n’est pas perçu dans le monde entier comme une atteinte à la liberté personnelle et une désobéissance à un règlement intérieur adopté par des instances élus démocratiquement en juin 2011, au lendemain de la révolution tunisienne et à qui le législateur donne des prérogatives de réglementation. L’attitude d’un ministre refusant de publier un texte qui pourrait débloquer la situation fait d’un conflit créé de toutes pièces par une infime minorité qui ne reconnaît pas les lois du pays et qui veut imposer son diktat, une affaire d’état qui mobilise toutes l’énergie des universitaires, des syndicalistes, de la classe politique, des animateurs de la société civile et qui fait perdre un temps fou et énormément d’argent au pays. Jusqu’à quand une minorité minuscule estimée selon le ministre à 90 étudiantes sur une population universitaire de 2800000 jeunes filles (cf. Al Maghrib du 25 janvier 2012), dont le combat n’a aucune légitimité au regard du droit tunisien et du droit international et encadrée par un groupuscule d’étudiants, tellement réduit qu’il ne peut pas se mobiliser ailleurs qu’à la FLAHM, continuera-t-elle à perturber impunément la marche d’une institution dont le seul tort est de défendre avec une grande rigueur les règles pédagogiques et la suprématie de la loi ? ».

    Salah HORCHANI


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 2 février 2012 11:35

    Tunisie : Quand un Fou de Dieu devient fou  ! 

    http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/tunisie-quand-un-fou-de-dieu-109120

    Salah HORCHANI


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 4 février 2012 14:08

    Un accueil particulier de Moncef Ben Salem !

    « Tunisie : un accueil particulier de l’islamiste Moncef Ben Salem, ministre de l’enseignement supérieur, par les étudiants de l’université de Sfax…Revanche d’Ali Douagi » :

    http://thalasolidaire.over-blog.com/article-tunisie-un-accueil-particulier-de-l-islamiste-moncef-ben-salem-ministre-de-l-enseignement-superie-98550881.html

    Salah HORCHANI


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 6 février 2012 15:59

    « Nouvelles de la Faculté des Lettres de la Manouba (Tunisie)
    (Tunis, le 5 février 2012)

    Par Habib Mellakh
    universitaire, syndicaliste
    Département de français, Faculté des Lettres de la Manouba

    L’université tunisienne et le tribunal administratif solidaires de la Manouba

    Une propagande malveillante continue à présenter la Faculté des Lettres, des Arts, des Humanités de la Manouba comme une institution rebelle, intransigeante ou très maladroite dans la gestion de l’affaire du niqàb quand les détracteurs qui participent à cette campagne de dénigrement décident d’être moins virulents dans leurs critiques. Faisant la politique de l’autruche et niant le réel, ces contempteurs prétendent qu’elle est isolée, privée du soutien des acteurs de la vie politique et de la société civile et des autres institutions considérées soit comme permissives ou « légalisatrices » du port du niqàb et, dans tous les cas, indifférentes à ce qui se passe à la Manouba. Ils occultent, de ce fait, les prises de position du président de la république, du président de l’assemblée nationale constituante, de plusieurs partis politiques, de la ministre de la femme et de la famille ( l’affaire du niqàb remettant en question le statut de la femme), de la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme, de l’UGTT, de l’URT de la Manouba, du bureau exécutif de la FGESRS, de son conseil des cadres et les actions syndicales menées pour revendiquer la publication d’un texte juridique interdisant le port du niqàb dans les institutions d’enseignement supérieur, telles que la grève générale de soutien organisée par les universitaires, le 1 décembre 2011, leur rassemblement le 1 décembre 2011 et le 4 janvier 2012 à l’appel de leur fédération.

    Les évènements survenus lors des derniers jours sont venus confirmer ce soutien et apporter un cinglant démenti à nos détracteurs malveillants ou mal informés. La publication par la presse de la position commune des quatre facultés de médecine du pays au sujet du niqàb, prise depuis le 2 novembre dernier mais ignorée du grand public et dont j’ai longuement rendu compte dans ma dernière chronique, la position des cinq doyens des facultés des lettres et sciences humaines du pays, réunis le 31 janvier dernier, qui exigent des étudiantes de se dévoiler le visage dans l’enceinte de l’établissement montrent un appui continu à la FLAHM. Elles prouvent aussi qu’en matière d’interdiction du niqàb, il y a plus royaliste que le roi et que la FLAHM a fait preuve de plus de « tolérance » ( ou a été plus laxiste du point de vue de ceux qui sont plus à cheval sur les principes) que les autres établissements qui ont généralisé cette interdiction à tous les espaces alors que la FLAHM la limite aux salles de classe, d’examen et d’encadrement.

    Par ailleurs, les gens qui focalisent sciemment sur la FLAHM, présentée comme opposée au niqàb parce que c’est un foyer de mécréants, oublient ou feignent d’oublier qu’avant la prise en otage du doyen le 28 novembre 2011, date de la médiatisation de l’affaire du niqàb et du début de la crise à la Manouba, il y a eu un précédent à la Faculté des Lettres de Sousse qu’ un groupe d’assaillants a attaquée au début de l’année universitaire parce que son administration a refusé d’inscrire à la faculté l’étudiante Maroua Saïdi qu’il a été impossible d’identifier en raison de son port du niqàb et de son refus de se découvrir le visage. Le cas de cette étudiante a été soumis au conseil scientifique qui a entériné la décision de l’administration, « étant donné les impératifs de la transmission du savoir qui exige du professeur qu’il connaisse personnellement ses étudiants, qu’il n’ y ait aucun obstacle à cette connaissance aussi bien dans un but d’évaluation du travail que de formation » selon la formule utilisée dans le rapport du doyen de la Faculté des Lettres de Sousse envoyé au tribunal administratif, saisi par l’étudiante pour abus de pouvoir. Dans son arrêt datée du 28 décembre 2011, cette juridiction déboute Maroua Saïdi de son recours visant l’annulation de la décision de la faculté parce que la liberté vestimentaire « à l’image de toutes les libertés individuelles ou publiques est soumise à l’obligation de tenir compte de l’organisation des services publics et de leur marche normale » et que le refus de l’inscription « s’inscrit dans le cadre des dispositions réglementaires en vigueur et des impératifs liés au bon fonctionnement du service public et à la garantie des intérêts des étudiants eux-mêmes » dans une allusion claire du juge à l’interaction pédagogique indispensable à la réussite de la formation des apprenants .

    Les détracteurs amnésiques ne se souviennent plus que, bien avant la survenue des incidents de la Faculté des Lettres de Sousse et de la FLAHM, la Faculté des sciences, des mathématiques et des sciences physiques de Tunis a interdit pendant l’année universitaire écoulée à l’étudiante Sana Akdiri, inscrite en 3ème année de la licence fondamentale de physique, de suivre les cours et de passer les examens à cause du port du niqàb. Pourtant l’étudiante s’est pliée à la décision des autorités universitaires parce qu’elle n’était pas soutenue par ce même groupuscule qui a semé la panique à la Faculté des Lettres de Sousse au début de l’année universitaire et qui perturbe depuis plus de deux mois le fonctionnement normal de la FLAHM, mettant sous tension constante et agressant souvent son personnel et ses étudiants.

    La décision de la faculté des sciences de Tunis a été validée le 7 Juillet 2011 par le tribunal administratif qui a pris en compte les arguments présentés par son doyen au sujet de la formation théorique et pratique reçue par les étudiants et les risques de fraudes liés au niqàb. L’activité d’enseignement, lit-on dans l’arrêt rendu par le tribunal administratif, citant le rapport du doyen, exige pendant les cours théoriques et les séances de travaux pratiques « une interaction pédagogique avec l’enseignant et la participation en classe », rendues impossibles par ce voile qui couvre le visage. Les séances de TP supposent en outre le port d’un uniforme règlementaire et l’interdiction de tout vêtement « susceptible de présenter un danger pour l’expérimentateur » dans les laboratoires, selon les termes du même arrêt.

    A côté de sa dimension pédagogique, la question du niqàb a une charge hautement idéologique et politique difficile à assumer par les institutions d’enseignement supérieur, qui n’ont pas voulu s’aventurer sur un terrain aussi glissant, parce qu’elle concerne le statut de la femme tunisienne, objet des débats les plus passionnés et les plus contradictoires depuis la Révolution. Ni la FLAHM, ni la faculté des sciences de Tunis, ni la Faculté des Lettres de Sousse n’ont voulu la médiatiser, jalouses qu’elles étaient de leurs prérogatives et pour qu’elle ne soit pas montée en épingle par les hommes politiques. Ce sont les violences exercées par le groupuscule qui a sévi aussi bien à Sousse qu’à la FLAHM, particulièrement le 28 Novembre et le 6 Décembre 2011 qui ont porté l’affaire devant les médias. Certaines institutions universitaires avaient même adopté un profil bas face à la présence de quelques étudiantes intégralement voilées comme le montre par exemple cette information publiée le 6 Juin 2011 par le journal électronique Leaders qui reprochait à l’administration d’un établissement de Tunis d’avoir permis à des étudiantes dont le visage était couvert par un niqàb de passer les examens malgré l’opposition du conseil scientifique et du syndicat. Et le journal de se faire l’écho des protestations énergiques d’un enseignant ayant une ancienneté de plus de 33 ans dont il ne cite pas le nom et qui a adressé une lettre au ministre de l’enseignement supérieur où il écrit en substance : « j’avoue que je ne peux pas dispenser pleinement mon cours quand je ne sais pas à qui je m’adresse. J’ai toujours veillé à ce qu’il y ait une interaction pédagogique entre mes étudiants et moi-même et je tiens à continuer à le faire. Le fait de m’adresser à des visages masqués me gêne énormément et fait que les conditions de travail ne sont plus propices à un enseignement d’un niveau scientifique valable ».

    Pour qui suit la chronologie des évènements, il est évident que le sit-in de la Manouba et les violences qui l’on suivi ont été la conséquence logique des évènements de la faculté des sciences de Tunis, de la faculté des lettres de Sousse où les doyens ont appliqué rigoureusement le règlement et de la décision du tribunal administratif rendue le 7 Juillet 2011. Devant l’obstination des universitaires à défendre le bon sens pédagogique et les prérogatives du conseil scientifique, que restait-t-il à faire sinon à recourir à l’argument de la force après la faillite du système de défense des partisans du niqàb, incapables de convaincre par la force de l’argument. Et si ces derniers ont choisi la FLAHM, c’est pour faire accroire auprès de l’opinion publique qu’ils sont victimes d’une discrimination politique et religieuse parce que le doyen de cette institution est adhérent à un parti politique moderniste et que ses enseignants sont des mécréants qu’il faut également combattre tout simplement parce que les islamologues de la FLAHM étudient l’Islam avec les outils de la linguistique, des sciences sociales et de la psychanalyse et qu’ils font des travaux d’exégèse non conformes à la doxa. Comme le dit l’adage : « Qui veut tuer son chien, l’accuse de la rage ».

    Cet historique est révélateur du conflit entre le droit exercé par les universitaires, en vertu de la loi qui les autorise à « légiférer » sur les questions scientifiques et pédagogiques, droit qui s’est manifesté dans l’interdiction du niqàb pour des raisons légitimes et légales approuvées par le tribunal administratif et l’arbitraire d’un groupuscule qui ne reconnaît pas ces prérogatives et qui est appuyé par un ministre dont l’attitude porte à croire qu’il rechigne à protéger les enseignants et qui refuse de valider par une circulaire leurs positions.

    Le ministre de l’enseignement supérieur et beaucoup de dirigeants nahdhaouis ne restent pas en effet insensibles à l’image de la victime que veulent se forger auprès de l’opinion publique les sit-ineurs de la Manouba. Dans une déclaration faite au Nouvel Observateur publiée dans le numéro du 2 février 2012, il reprend comme un leitmotiv l’idée qu’on ne peut pas légiférer sur le niqàb en absence d’une constitution, idée déjà développée dans l’émission d’Hannibal TV Saraha Raha et dans le quotidien Al Maghrib. Il n’exclut pas implicitement que les prérogatives des conseils scientifiques puissent être confisquées si la future constitution légalisait le niqàb et il exprime sa sympathie à l’égard des sit-ineurs de la Manouba : « Je trouve qu’ils se comportent de manière civilisationnelle(sic !). Il ne faut pas être dur avec eux. C’est dommage que certaines filles soient empêchées de passer leurs examens parce qu’elles portent le niqàb. Je m’étonne que des gens qui font partie de l’élite de la Tunisie soient incapables de gérer une petite affaire. D’autant que leur refus d’accepter des étudiantes voilées se trouvera peut-être un jour contraire à des lois futures. Pour le moment, il suffirait qu’elles suivent les cours dévoilées en se tournant vers un mur et qu’elles ne regardent pas le professeur. Et pour les examens, que des femmes contrôlent leur identité ». Les rôles sont inversés. Le bourreau devient une victime. Les agressions sont niées par omission et les agressés deviennent une élite incapable de gérer une aussi petite affaire que celle du niqàb, ce qui leur vaudra, si le ministre reste au gouvernement, la confiscation de leurs prérogatives pour incompétence (sic !). Pas une seule tentative de réfutation des raisons pédagogiques ayant motivé le refus des enseignants ni de remise en question du verdict et des attendus du tribunal administratif ne sont esquissées dans les déclarations du ministre. Autre indice d’un monde à l’envers : c’est la première fois dans notre pays qu’un gouvernement montre autant d’indulgence sinon de bienveillance face aux sit-ineurs au point qu’ils ont été pendant un mois les seuls maître à bord à la faculté et qu’ils se sont plu impunément pendant le mois restant à perturber ses cours et ses examens. Curieuse situation que celle d’un pays où le gouvernement regarde faire les violeurs des règlements universitaires et du code pénal sans réagir et où on adopte des règles de droit inédites en refusant d’appliquer la loi en vigueur sous prétexte qu’elle pourrait changer dans une année !

    C’est ce contexte qui explique aujourd’hui la visibilité des positions de plusieurs institutions universitaires et la publicité qu’ils font à leurs démarches conjointes. La « fuite » relative à la position commune des doyens des quatre facultés de médecine du pays contre le port du niqàb dans leurs institutions, la démarche récente des cinq doyens des faculté des lettres et des sciences humaines du pays, réunis pour réitérer leur interdiction du voile intégral dans l’enceinte de leurs établissements et dont les résultats ont été répercutés par les médias relèvent d’une volonté d’envoyer un signal fort au gouvernement : les universitaires sont solidaires de la FLAHM et ne sont plus prêts à accepter la complaisance du gouvernement à l’égard des sit-ineurs. A cet égard, un évènement historique, qui est passé inaperçu, a eu lieu à la Faculté de Médecine de Tunis le 1 décembre 2011. Les enseignants de cette faculté ont suivi presque massivement ce jour-là le mot d’ordre de grève lancé par le bureau exécutif de la FGESRS pour soutenir la FLAHM, alors qu’ils ne sont pas affiliés à ce syndicat !

    Ce message ainsi que les décisions du tribunal administratif ont conforté les enseignants de la Manouba dans le bien fondé de leurs décisions. C’est ce qu’ont rappelé les enseignants réunis en assemblée générale commune le jeudi 2 février. Ils ont à nouveau exprimé leur colère face à l’inertie et aux duperies du gouvernement et ils ont salué la détermination de la FGESRS à prendre des positions très fermes dictées par le fait que les négociations avec le ministère de tutelle au sujet de l’affaire du niqàb semblent avoir abouti à une impasse.

    Dure, dure sera la reprise si le ministère ne prend pas conscience que les universitaires sont plus que jamais déterminés à défendre les compétences qui leur sont consenties par la loi et que le statu quo ne fera qu’envenimer la situation non seulement à la FLAHM mais aussi dans toutes les institutions du pays ! ».

    Salah HORCHANI


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 7 février 2012 01:54

    « Un voile sur la révolution »

    « Le Nouvel Observateur » a décidé de publier intégralement sur son site internet l’enquête d’Agathe Logeart consacrée, dans son numéro 2465, à la situation des femmes en Tunisie, sous le titre « Un voile sur la révolution » :

    http://tempsreel.nouvelobs.com/l-enquete-de-l-obs/20120206.OBS0675/l-enquete-pour-laquelle-le-nouvel-obs-a-ete-censure-au-maroc.html

    Salah HORCHANI


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 10 février 2012 00:21

    « Nouvelles de la Faculté des Lettres de la Manouba (Tunisie)
    (Tunis, le 9 février 2012)

    Par Habib Mellakh
    universitaire, syndicaliste
    Département de français, Faculté des Lettres de la Manouba

    Entretien du ministre de l’enseignement supérieur avec un journaliste de l’hebdomadaire Al Akhbar

    Le Doyen de la FLAHM accusé par son ministre de complot et « d’avoir crée de toutes pièces la crise du niqàb »

    « Le fanatisme politique à l’origine de la recrudescence de la crise à la FLAHM et à la Faculté des Lettres de Sousse » selon le ministre

    Dans un entretien avec un journaliste de l’hebdomadaire AL Akhbar publié aujourd’hui (le 9 février 2012) sous le titre : « je fais assumer au doyen de la FLAHM la responsabilité de l’explosion de la crise », Monsieur Moncef Ben Salem, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique donne son point de vue au sujet des causes de la crise à la FLAHM, des évènements survenus à la Faculté des Lettres de Sousse le 8 octobre 2011, de la violation de l’enceinte de la FLAHM par des éléments étrangers à l’institution, des violences subies par les enseignants et de son attitude à leur égard. Se félicitant que la crise ait été circonscrite aux deux institutions susmentionnées, il stigmatise « le jeu politique » et « le fanatisme politique » à l’origine de l’exacerbation des évènements.

    Après avoir absous les sit-ineurs de la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba des violences qu’ils ont commises pendant deux mois dans sa déclaration au Nouvel Observateur du 2 février dernier où il affirme qu’ils se comportent de manière civilisationnelle (sic !) » et « qu’il ne faut pas être durs avec eux », il revient à la charge pour minimiser cette violence qu’il rejette par principe mais dont il fait assumer la responsabilité à certains doyens dans une allusion limpide à Habib Kazdaghli, doyen de la FLAHM et Moncef Ben Abdeljelil, doyen de la Faculté des Lettres de Sousse. Interrogé sur sa réaction au sujet de la violence subie par les enseignants, il affirme : « Nous sommes opposés à la violence contre les professeurs et les autre corps dans l’enceinte de l’université et nous refusons le fanatisme, l’entrée des étrangers et nous essayons d’agir en ce sens. Mais nous demandons aussi de ne pas amplifier les faits. Nous savons aussi que l’histoire ne pardonne pas. Quelques doyens sont responsables de la recrudescence de ces actes de violence en raison de leur fanatisme politique. Eloignez l’université des affaires politiques et elle retrouvera son calme ! ».

    Rejoignant dans leurs analyses tous ceux dont l’imagination débridée a forgé de toutes pièces la thèse d’un complot à l’origine de la crise du niqàb, ourdi par le doyen de la FLAHM pour des raisons politiques, il s’acharne sur ce dernier, le met en pièces l’accusant d’avoir « créé de toutes pièces » la crise et même de l’avoir attisée. A l’interviewer qui voulait savoir ce que le ministre entend par « fanatisme politique » et s’il accuse « des parties appartenant au milieu universitaire d’avoir contribué à l’explosion de la situation, essentiellement à la FLAHM, ce dernier répond : « … En toute clarté, c’est le fanatisme politique du doyen de la FLAHM qui est à l’origine de la crise du niqàb à la Manouba. La solution existe. Mais il y a des parties qui ont exploité l’évènement. Je fais assumer gentiment à Monsieur Habib Kazdaghli la responsabilité du déclenchement de la crise. Le doyen de la FLAHM n’est pas le seul doyen de gauche en Tunisie. Mais il y a des cadres appropriés à l’exercice de l’activité politique et certainement pas l’université. Monsieur Kazdaghli aurait dû exercer la politique en dehors de l’enceinte de l’université ».

    Le journaliste d’Al Akhbar qui ne semble pas convaincu de cette lecture impute d’une manière très enrobée la responsabilité des évènements à la violence des sit-ineurs :
    - « Ne pensez-vous pas, dit-il au ministre, que l’entrée de quelques éléments salafistes, leur séquestration du doyen de la FLAHM, leur obstination à imposer l’accès aux classes des étudiantes portant le niqàb est une violation de l’espace universitaire, du genre de celle que vous venez d’évoquer ? »

    Le ministre, tout en exprimant une position de principe hostile au fanatisme et à la présence des « étrangers » quelle que soit leur appartenance politique et religieuse, enfonce le clou et porte des accusations très graves de complot ourdi contre le ministre qui n’épargnent ni le doyen, ni le conseil scientifique, ni les enseignants de la Manouba. De hauts fonctionnaires du ministère sont même impliqués dans ce complot :

    - « Nous avons étudié la question avec beaucoup de sérieux mais le fanatisme politique ne nous a pas permis de trouver une solution. Je fais endosser au doyen, au conseil scientifique et aux collègues de la FLAHM ce qui est dernièrement arrivé d’autant plus que Habib Kazdaghli a ignoré l’autorité de tutelle, son recteur, Monsieur Chokri Mabkhout, qu’il a contacté d’autres parties, qu’il a organisé le rassemblement devant le ministère, rassemblement dont les dessous ont commencé à être éclaircis . Nous avons surtout découvert que des directeurs de notre ministère avaient été impliqués dans ce rassemblement afin de créer une escalade dans la situation. Puis, il (Habib Kadaghli) a attaqué le ministère dans les médias. Il y a eu une préparation du rassemblement qui a vu la participation des étudiants et des enseignants. Il y a un directeur général au ministère parmi ceux qui ont planifié cela et qui ont appelé à la démission du ministre…. Le terrain est miné au ministère et certains ont engagé le syndicat sur cette pente dangereuse. »

    La chasse aux sorcières va-t-elle commencer ? Est-ce le prélude à une grande purge au sein du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche qui serait nettoyé des brebis galeuses en attendant que les brebis égarées rentrent au bercail ? Les prochains développements de la situation nous éclaireront sur ce chapitre. Mais il est à craindre que ce nouvel épisode ne creuse le fossé entre les universitaires et leur ministre et n’approfondisse la crise qui connaît en ce moment une petite accalmie en raison probablement du climat politique dans le pays et des caprices du climat qui n’encourage pas les sit-in. ».

    Salah HORCHANI


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 13 février 2012 23:46

    « Nouvelles de la Faculté des Lettres de la Manouba (Tunisie)
    (Tunis, le 13 février 2012)

    Par Habib Mellakh
    universitaire, syndicaliste
    Département de français, Faculté des Lettres de la Manouba

    Une salle de classe squattée et transformée en salle de prière

    Le groupuscule qui prend en otage la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba a pris possession samedi en début d’après-midi, après les cours, de la salle 153 qui se trouve dans le bâtiment réservé au département d’arabe. Il y est entré par effraction, a détaché le tableau du mur, où il était fixé et en a évacué les tables et les chaises pour la transformer en salle de prière. Il en a ensuite changé la serrure, privant aujourd’hui de cours les étudiants dont les travaux dirigés étaient programmés dans cette salle.

    Pourtant le doyen qui arrive à peine à pourvoir tous les groupes d’étudiants en salles et qui est, par conséquent, dans l’impossibilité de leur accorder une salle de prière, leur a promis qu’ils auraient dans le campus universitaire un lieu de prière digne de la grandeur de l’Islam dans un espace du campus mitoyen de la faculté.

    Après ce délit punissable par le code pénal, ceux qui ont adopté ce groupe continueront-ils à prétendre qu’il a des manières civilisées (sic !) ? Rappelons qu’une première tentative d’usurpation de la même salle a été faite le 29 novembre 2011 et qu’elle s’était soldée par un échec en raison de la résistance du doyen, de l’administration, des enseignants et des étudiants. Il s’agit d’un précédent grave.

    Demain ils pourraient violer d’autres espaces où se trouvent des équipements très chers puisqu’ils ont la certitude que, quoi qu’ils commettent comme infractions, ils resteront impunis ! ».

    Salah HORCHANI


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 13 février 2012 23:49

    « Que dire, que faire ?

    Que pouvons-nous dire, faire, pour soutenir nos collègues de (la faculté des Lettres de) Tunis ? Alors que Paris 8 se définit comme une “université Monde”. Que beaucoup de nos étudiants sont venus de cette université, que plusieurs collègues y ont enseignée jadis ou récemment, dont Foucault et Lapassade. » :

    http://canard-p8.blogspot.com/2012/01/que-dire-que-faire.html#comment-form

    Salah HORCHANI


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 14 février 2012 01:25

    « Nouvelles de la Faculté des Lettres de la Manouba (Tunisie)
    (Tunis, le 9 février 2012)

    Par Habib Mellakh
    universitaire, syndicaliste
    Département de français, Faculté des Lettres de la Manouba


    Entretien du ministre de l’enseignement supérieur avec un journaliste de l’hebdomadaire Al Akhbar

    Le Doyen de la FLAHM accusé par son ministre de complot et « d’avoir crée de toutes pièces la crise du niqàb »

    « Le fanatisme politique à l’origine de la recrudescence de la crise à la FLAHM et à la Faculté des Lettres de Sousse » selon le ministre

    Dans un entretien avec un journaliste de l’hebdomadaire AL Akhbar publié aujourd’hui (le 9 février 2012) sous le titre : « je fais assumer au doyen de la FLAHM la responsabilité de l’explosion de la crise », Monsieur Moncef Ben Salem, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique donne son point de vue au sujet des causes de la crise à la FLAHM, des évènements survenus à la Faculté des Lettres de Sousse le 8 octobre 2011, de la violation de l’enceinte de la FLAHM par des éléments étrangers à l’institution, des violences subies par les enseignants et de son attitude à leur égard. Se félicitant que la crise ait été circonscrite aux deux institutions susmentionnées, il stigmatise « le jeu politique » et « le fanatisme politique » à l’origine de l’exacerbation des évènements.

    Après avoir absous les sit-ineurs de la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba des violences qu’ils ont commises pendant deux mois dans sa déclaration au Nouvel Observateur du 2 février dernier où il affirme qu’ils se comportent de manière civilisationnelle (sic !) » et « qu’il ne faut pas être durs avec eux », il revient à la charge pour minimiser cette violence qu’il rejette par principe mais dont il fait assumer la responsabilité à certains doyens dans une allusion limpide à Habib Kazdaghli, doyen de la FLAHM et Moncef Ben Abdeljelil, doyen de la Faculté des Lettres de Sousse. Interrogé sur sa réaction au sujet de la violence subie par les enseignants, il affirme : « Nous sommes opposés à la violence contre les professeurs et les autre corps dans l’enceinte de l’université et nous refusons le fanatisme, l’entrée des étrangers et nous essayons d’agir en ce sens. Mais nous demandons aussi de ne pas amplifier les faits. Nous savons aussi que l’histoire ne pardonne pas. Quelques doyens sont responsables de la recrudescence de ces actes de violence en raison de leur fanatisme politique. Eloignez l’université des affaires politiques et elle retrouvera son calme ! ».

    Rejoignant dans leurs analyses tous ceux dont l’imagination débridée a forgé de toutes pièces la thèse d’un complot à l’origine de la crise du niqàb, ourdi par le doyen de la FLAHM pour des raisons politiques, il s’acharne sur ce dernier, le met en pièces l’accusant d’avoir « créé de toutes pièces » la crise et même de l’avoir attisée. A l’interviewer qui voulait savoir ce que le ministre entend par « fanatisme politique » et s’il accuse « des parties appartenant au milieu universitaire d’avoir contribué à l’explosion de la situation, essentiellement à la FLAHM, ce dernier répond : « … En toute clarté, c’est le fanatisme politique du doyen de la FLAHM qui est à l’origine de la crise du niqàb à la Manouba. La solution existe. Mais il y a des parties qui ont exploité l’évènement. Je fais assumer gentiment à Monsieur Habib Kazdaghli la responsabilité du déclenchement de la crise. Le doyen de la FLAHM n’est pas le seul doyen de gauche en Tunisie. Mais il y a des cadres appropriés à l’exercice de l’activité politique et certainement pas l’université. Monsieur Kazdaghli aurait dû exercer la politique en dehors de l’enceinte de l’université ».

    Le journaliste d’Al Akhbar qui ne semble pas convaincu de cette lecture impute d’une manière très enrobée la responsabilité des évènements à la violence des sit-ineurs :

    - « Ne pensez-vous pas, dit-il au ministre, que l’entrée de quelques éléments salafistes, leur séquestration du doyen de la FLAHM, leur obstination à imposer l’accès aux classes des étudiantes portant le niqàb est une violation de l’espace universitaire, du genre de celle que vous venez d’évoquer ? »

    Le ministre, tout en exprimant une position de principe hostile au fanatisme et à la présence des « étrangers » quelle que soit leur appartenance politique et religieuse, enfonce le clou et porte des accusations très graves de complot ourdi contre le ministre qui n’épargnent ni le doyen, ni le conseil scientifique, ni les enseignants de la Manouba. De hauts fonctionnaires du ministère sont même impliqués dans ce complot :

    - « Nous avons étudié la question avec beaucoup de sérieux mais le fanatisme politique ne nous a pas permis de trouver une solution. Je fais endosser au doyen, au conseil scientifique et aux collègues de la FLAHM ce qui est dernièrement arrivé d’autant plus que Habib Kazdaghli a ignoré l’autorité de tutelle, son recteur, Monsieur Chokri Mabkhout, qu’il a contacté d’autres parties, qu’il a organisé le rassemblement devant le ministère, rassemblement dont les dessous ont commencé à être éclaircis . Nous avons surtout découvert que des directeurs de notre ministère avaient été impliqués dans ce rassemblement afin de créer une escalade dans la situation. Puis, il (Habib Kadaghli) a attaqué le ministère dans les médias. Il y a eu une préparation du rassemblement qui a vu la participation des étudiants et des enseignants. Il y a un directeur général au ministère parmi ceux qui ont planifié cela et qui ont appelé à la démission du ministre…. Le terrain est miné au ministère et certains ont engagé le syndicat sur cette pente dangereuse. »

    La chasse aux sorcières va-t-elle commencer ? Est-ce le prélude à une grande purge au sein du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche qui serait nettoyé des brebis galeuses en attendant que les brebis égarées rentrent au bercail ? Les prochains développements de la situation nous éclaireront sur ce chapitre. Mais il est à craindre que ce nouvel épisode ne creuse le fossé entre les universitaires et leur ministre et n’approfondisse la crise qui connaît en ce moment une petite accalmie en raison probablement du climat politique dans le pays et des caprices du climat qui n’encourage pas les sit-in ».

    Salah HORCHANI


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 14 février 2012 08:07

    Tunisie : Les enseignants lancent un cri d’alarme par une suspension des cours pour 20 minutes

    Face à l’inaction des autorités envers les exactions et les abus commis à l’intérieur des établissements de l’enseignement et qui visent le cadre enseignant, les employés et même les ouvriers, aussi bien qu’au silence fortement fustigé des médias, les enseignants des collèges et des lycées effectueront, le mercredi 15 février 2012, une suspension des cours de 20 minutes (de 10h 05 à 10h20) exprimant ainsi leur indignation contre les conditions précaires dans lesquelles ils exercent leur métier.

    Le Syndicat des enseignants reproche également aux différents organes d’information de ne pas prêter assez d’attention aux différents problèmes qui touchent ce secteur.

    Salah HORCHANI

    Source :

    http://www.tunisienumerique.com/tunisie-les-enseignants-lancent-un-cri-d%E2%80%99alarme-par-une-suspension-des-cours-pour-20-minutes/103831


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 14 février 2012 08:22

    « Nouvelles de la Faculté des Lettres de la Manouba (Tunisie)
    (Tunis, le 12 février 2012)

    Par Habib Mellakh
    universitaire, syndicaliste
    Département de français, Faculté des Lettres de la Manouba

    Réaction syndicale contre les déclarations de Monsieur Moncef Ben Salem : une grève de protestation de deux heures à la Manouba

    Les dernières déclarations du ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique publiées dans le Nouvel Observateur du 2 février et dans l’hebdomadaire Al Akhbar du 9 février ont suscité un tollé général chez les universitaires et plus particulièrement chez les enseignants de la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba. De nombreux collègues m’ont fait part de leur ahurissement, sidérés qu’ils étaient de l’incompréhension manifestée par l’autorité de tutelle. Quoi ! Deux mois perdus d’un travail titanesque où ils ont réussi à convaincre l’opinion publique du bien fondé de leurs positions après avoir démontré dans tous les médias, sur les ondes des radios, sur tous les plateaux de télévision, dans les journaux électroniques, sur les colonnes de la presse écrite, dans les textes émanant du conseil scientifique et dans les motions syndicales que leur combat était apolitique, que leur doyen n’avait pris aucune décision de son propre chef, qu’il ne faisait qu’appliquer les décisions prises par le conseil scientifique à partir des recommandations de la base des enseignants comme en témoignent les documents et la chronologie des différentes réunions, pour aboutir à ce gâchis ! Ils avaient beau intervenir en chœur pour signifier que la motivation essentielle de leur résistance était, en termes très banals, le souci de donner un enseignement valable dans les cours, les séances de travaux dirigés, les séances de travaux pratiques. Mal leur en prit puisque l’autorité de tutelle ne les a pas entendus et qu’elle a même pris parti pour les frondeurs alors qu’elle avait cultivé l’ambiguïté jusque là.

    Pourquoi leur ministre n’a-t-il pas épousé le point de vue du Président de la République et du Président de la Constituante qui sont pourtant des hommes de gauche comme leur doyen mais qui ont pris fait et cause pour les universitaires non par parti pris politique ou idéologique mais en tant qu’anciens enseignants de la Faculté de médecine convaincus, grâce à leur longue expérience, que le contact visuel et la communication non verbale sont des éléments essentiels dans la transmission du savoir ? Monsieur Moncef Ben Salem, qui est un excellent mathématicien dont la réputation a dépassé les frontières du pays, sait mieux que quiconque que l’apprentissage des mathématiques, par exemple, nécessite beaucoup d’interaction pédagogique à cause de la complexité des notions et des abstractions mathématiques et de la nécessité de la multiplication des exercices ? S’il ne consent pas à l’affirmer dans les médias et dans un texte qui validerait la position pédagogique de tout enseignant, c’est lui qu’on doit suspecter de motivations politiques.

    Pourquoi n’admet-il pas que les professeurs sont mus par l’impératif de sauvegarder les valeurs universitaires, leurs prérogatives pédagogiques et scientifiques, les libertés académiques ou leur nie-t-il ce qui est en même temps un devoir et un droit ? Ces exigences, conditions nécessaires de l’efficience pédagogique, ne peuvent-elles pas être défendues sans qu’on accuse les universitaires de parti pris politique ? Ne doivent-elles pas être renforcées par toute université digne de ce nom ? Le principe de libertés académiques défini par le Comité des droits économiques, sociaux et culturels (CDESC) des Nations Unies comme « la liberté pour l’individu d’exprimer librement ses opinions sur l’institution ou le système dans lequel il travaille, d’exercer ses fonctions sans être soumis à des mesures discriminatoires et sans crainte de répression de la part de l’État ou de tout autre acteur (…) »et celui de l’autonomie institutionnelle considérée comme « le degré d’indépendance dont [un établissement] a besoin pour prendre des décisions efficaces, qu’il s’agisse de ses travaux, de ses normes, de sa gestion ou de ses activités connexes », principes dont le respect est exigé des Etats, ne sont-ils pas garantis par le droit tunisien et les textes en vigueur relatifs à l’enseignement supérieur en Tunisie ? Pourquoi le ministre ignore-t-il tous ces textes et se projette-t-il dans un futur dont seuls les devins seront capables de dire de quoi il sera fait, à moins qu’il n’envisage avec le parti au pouvoir de remettre en question ces acquis de l’université tunisienne, comme le laissent présager ses dernières déclarations ? Ne sait-il pas que les lois tunisiennes en vigueur ainsi que les recommandations internationales, comme celle relative à la condition du personnel enseignant de l’enseignement supérieur, adoptée par la Conférence générale de l’UNESCO en 1997, prévoient que les États ont l’obligation de protéger les institutions universitaires des menaces envers leur autonomie, quelle que soit leur origine et qu’ils sont aussi responsables de la sécurité des étudiants, des professeurs du personnel ouvrier et administratif ?

    Ce sont les réflexions formulées, en ce vendredi 10 février, par les collègues abasourdis que l’autorité de tutelle prenne non seulement la défense d’un groupuscule qui a fait d’une banale histoire de respect d’un règlement intérieur et d’un code vestimentaire universel, une histoire de liberté de croyance et une affaire politique mais qu’elle adopte aussi et surtout ses positions et légitime sa violence alors que le bon sens politique et le bon sens tout court auraient dû pousser le ministre à obliger ce groupuscule à respecter le règlement car, pour éviter les perturbations et parfois l’anarchie dont la FLAHM a été le théâtre, on aurait dû veiller à l’application de la loi en vigueur, même si l’on pense qu’elle est injuste et qu’elle peut être abrogée dans une année.

    - Le ministre serait-il mal informé ? Serait-il sous l’influence de l’aile dure de son parti ? se demande un collègue profitant de la pause café pour commenter les déclarations du ministre, devenues le sujet privilégié de discussion des enseignants, des fonctionnaires et des ouvriers en cette fin de semaine.

    - Mais non ! Il fait partie de l’aile dure de son parti, rétorque un autre, gêné que la discussion prenne cette tournure politique.

    - C’est la position du ministre qui est entachée de considérations politiques, renchérit un troisième, et non la nôtre !

    Sur les pages Facebook apparaît le même abasourdissement qui dénonce le dialogue de sourds ou l’autisme des autorités. « C’est à s’arracher les cheveux », « plus autiste que moi, tu meurs ! » et des formules équivalentes figurent parmi les commentaires les plus lus. Un facebooker, vraisemblablement mal informé sur la position syndicale, s’inquiète : « Pourquoi le syndicat ne réagit-il pas ? ».

    De fait, la réaction du syndicat ne s’est pas faite attendre. Le lendemain, les deux bureaux syndicaux de la FLAHM décrètent un arrêt de travail de deux heures le mardi 14 février 2012, à partir de 10h30 pour protester contre le diktat d’un groupuscule qui veut déposséder les enseignants de leurs prérogatives pédagogiques et scientifiques et leur imposer ses conceptions pédagogiques saugrenues, oubliant que la liberté vestimentaire s’arrête au seuil de la classe et même de l’université et que les enseignants sont les seuls maîtres à bord quand il s’agit de décider des modes de transmission de la connaissance et des codes vestimentaires assurant l’efficience pédagogique. Le communiqué syndical publié à cet effet dénonce « la poursuite par les étudiantes portant le niqàb et par le groupe qui les appuie à l’intérieur et à l’extérieur de la faculté, de la transgression du règlement intérieur », l’irruption violente dans les salles de classe, « la préméditation de la perturbation et de l’annulation de plusieurs cours » et la connivence des autorités actuelles avec partisans du niqàb. Au lieu d’imposer les règles de la transmission du savoir à visage découvert, éprouvées par plusieurs générations d’enseignants et d’élèves, le ministre encourage par ses déclarations la rébellion en ne protégeant pas le personnel de la faculté contre ses agresseurs, en soutenant ostensiblement et sans équivoque les frondeurs et en ne validant pas le règlement intérieur en vigueur dans toutes les facultés. Le communiqué recourt à un ton indigné et acerbe pour critiquer « la persistance de l’autorité de tutelle dans sa position irresponsable à l’égard des violations continuelles de l’espace universitaire, des atteintes à l’intégrité physique et à la dignité de ses différentes composantes et le refus de Monsieur le Ministre, en dépit de toutes les infractions commises, de publier un texte, imposant à tous ceux qui fréquentent l’établissement le dévoilement du visage dans l’enceinte universitaire et pendant toute la durée de leur présence en son sein » et « [ses] déclarations successives …….dans lesquelles il essaye de déformer la réalité en présentant les agresseurs comme des victimes et en considérant les enseignants comme des gens intransigeants, responsables de l’escalade, ignorant l’autorité de tutelle et complotant contre elle ».

    Cette grève de deux heures sera mise à profit par les deux syndicats pour organiser une assemblée générale qui étudiera les mesures et les actions à entreprendre pour défendre l’université et pour « pousser le ministère à assumer ses responsabilités dans la protection de l’établissement contre les violations et dans la garantie de son fonctionnement normal par le biais du respect de son règlement intérieur et la garantie de la sécurité de son personnel ». Cette assemblée se tiendra sous l’égide de l’URT de la Manouba et de la FGESRS dont le secrétaire général a mis en garde, dans Assabah Al Ousboui du 6 février l’autorité de tutelle contre les risques de dégradation de la situation en raison du refus par le ministère d’appuyer la position des universitaires sur le port du niqàb. ».

    Salah HORCHANI


    • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 14 février 2012 08:46

      L’ensemble des Publications Scientifiques de Monsieur Moncef Ben Salem, Ministre-de-l ’Enseignement-Supérieur-Candidat-au-Grade-de-Professeur-des-Universtés
      (d’après « Carthaginoiseries Éditions » et Slimane Ben Miled)

      Voici l’ensemble des Publications Scientifiques de Monsieur Moncef Ben Salem [la plus récente datant de 1982, c’est-à-dire il y a 29 ans !], d’après les Banques de Données spécialisées en Mathématiques.

      Monsieur Ben Salem possède, en tout et pour tout, 4 Publications [une dans une Revue Roumaine, deux dans des Revues Italiennes, de Rang B ou C, et une seule dans un Journal de rang A], une Communication dans une Conférence au KOWEIT et une Note (en collaboration) aux Comptes Rendus de l’Académie des Sciences (C.R.A.S).

      Il convient de souligner que sa Thèse couvre toutes ces Publications.

      Si Monsieur Moncef Ben Salem réussit à son Concours de Passage au Grade de Professeur de L’Enseignement Supérieur, toute personne ayant un dossier meilleur que le sien peut faire valoir ses droits à obtenir le Grade de Professeur de L’Enseignement Supérieur ; et notre Pays en compte des centaines dont certains sont au chômage !

      1) Ben Salem Moncef

       « On Tachibana space-time » : Rend. Sem. Fac. Sci. Univ. Cagliari 48 (1978), suppl., 37-44.

      (C’est une Revue d’une Université ITALIENNE considéré de rang C et 8 pages).

      2) Arca Giuseppe et Ben Salem Moncef

       « Variétés lorentziennes structurées par une connexion conforme spatiale principale » : C. R. A.S., Paris, Sér. A 289, 123-126 (1979).

      3) Ben Salem Moncef

       « Surface de codimension 2 à section minimale cylindrique dans un espace Riemannien » : Bull. Math. Soc. Sci. Math. Répub. Soc. ROUMANIE, Nouv. Sér. 25(73), 3-8 (1981).

      (C’est à dire un Journal de rang C et 5 pages).

      4) Ben Salem Moncef

       « Sur les espaces temps ayant la propriété de Poisson » : Atti Accad. Peloritana Pericolanti, Cl. Sci. Fis. Mat. Nat. 59, p. 25-33 (1981).

      (C’est à dire un Journal ITALIEN de rang B et 9 pages).

      5) Ben Salem Moncef

       « Variété hyperbolique ayant la propriété de Killing isotrope » : Algebra and geometry, Proc. Conf., KUWAIT, 1981, 79-82 (1982).

      (C’est un Proceeding, considéré équivalent à un journal de rang C, et 3 pages).

       6) Ben Salem Moncef

       « Espace-temps ayant la propriété harmonique » : Ann. Inst. H. Poincaré Sect. A (N.S.) 36 (1982), no. 2, 181-187.

      (Toujours peu de pages, 6 pages, mais le Journal est de rang A).

      Remarquez le nombre de pages !!!...

       En conclusion, les Travaux Scientifiques de Monsieur Moncef Ben Salem sont équivalents à ceux d’un jeune chercheur tunisien juste à la fin de sa Thèse.. !!...

       Salah HORCHANI


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 15 février 2012 13:53

    « Identification digitale pour les niqabées

    Habib Ellouze, ex-président du mouvement Ennahdha, et député à l’Assemblée Constituante, a défendu le droit des étudiantes à porter le niqab. « Comment peut-on permettre aux moutabarrija (les non-voilées) de suivre les cours, et exclure celles qui portent le niqab ? C’est injuste » a-t-il déclaré, dans une vidéo relayée par les réseaux de la jeunesse d’Ennahdha.

    M. Ellouze a toutefois précisé que rares sont les ulémas à avoir imposé le niqab comme une prescription religieuse. Habib Ellouze a ainsi exhorté les militants d’Ennahdha à défendre la liberté, en l’occurrence, celle de porter le niqab, les avertissant du danger de la discorde (avec les salafistes : NDLR).

    Quant à l’identification des niqabées, M. Ellouze préconise la reconnaissance à l’aide des empreintes digitales. En somme, la solution au problème du niqab, la panacée, à en croire le responsable Nahdhoui, serait une pointeuse à empreinte digitale, à installer à l’entrée des universités et des administrations... ».

    Source :

    http://www.mag14.com/actuel/35-societe/337-identification-digitale-pour-les-niqabees.html

    Salah HORCHANI


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 15 février 2012 14:07

    « Nouvelles de la Faculté des Lettres de la Manouba (Tunisie)
    (Tunis, le 14 février 2012)

    Par Habib Mellakh
    universitaire, syndicaliste
    Département de français, Faculté des Lettres de la Manouba


    Succès total de la grève des enseignants de la Manouba et poursuite de la lutte

    A l’appel des deux syndicats de base de la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba, les enseignants de cette institution ont observé ce matin une grève de deux heures suivie par l’ensemble du corps professoral pour protester contre les dernières déclarations du ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, accusant le doyen, le conseil scientifique et les professeurs d’avoir interdit le port du niqàb dans les cours, pendant les examens et les séances d’encadrement pour des raisons politiques et de comploter en vue d’obtenir le limogeage du ministre.

    Pendant l’assemblée générale, tenue à l’occasion de cette grève qui a vu une participation massive des enseignants de la FLAHM et la présence de plusieurs enseignants appartenant à d’autres institutions, venus soutenir les grévistes, ces derniers ont jugé diffamatoires les propos tenus par le ministre et ils les ont vivement condamné en conséquence et décidé, pour cette raison, d’exiger qu’il présente des excuses à tous ceux qui ont été calomniés. Ils porteraient plainte pour diffamation en cas de refus. Sur le plan sécuritaire, si l’autorité de tutelle, récalcitrante à assurer la sécurité des enseignants et à leur éviter les atteintes à leur dignité et à leur intégrité physique, fermée à l’idée de protéger l’enceinte de la faculté et ses salles contre leur violation continuelle par ce groupuscule, rétive à la soustraire aux menaces envers son autonomie, persistait à se dérober à ses responsabilités, ils présenteraient contre elle un recours en justice auprès du tribunal administratif. Ils ont par ailleurs insisté sur la nécessité de faire comparaître le plus rapidement possible les agresseurs devant le conseil de discipline et d’assurer le suivi des recours déposés devant la justice. Ils se réservent aussi le droit de faire grève chaque fois que les cours seront perturbés, si les revendications relatives à la protection de la faculté et de ses enseignants n’étaient pas satisfaites.

    Ces déclarations sont également dénoncées parce qu’elles inaugurent une nouvelle politique qui vise à porter atteinte à l’autonomie scientifique et pédagogique des institutions universitaires et au principe de la liberté académique. Les enseignants rappellent, à cet égard, que les codes vestimentaires dictés par un parti pris pédagogique ne sont pas des lois au sens juridique du terme mais constituent un règlement intérieur (ou si l’on veut une loi au sens large du terme) qui fait partie des prérogatives de la profession et qu’ils ne peuvent en aucun cas être contestés en raison de l’obligation faite aux autorités de respecter l’autonomie institutionnelle. Il est demandé à l’autorité de tutelle qui est une autorité morale ayant un droit de coercition le rappel de ce règlement par une note de service ou une circulaire chaque fois qu’il est enfreint dans une institution, afin d’y mettre fin à n’importe quelle rébellion ou désobéissance et pour qu’elle ne fasse pas tache d’huile dans d’autres institutions. Elle ne peut en aucun cas se substituer aux instances compétentes et légiférer à leur place.

    Le secrétaire général adjoint de l’URT de la Manouba, monsieur Maher Selmi et monsieur Houcine Boujarra, secrétaire général de la FGESRS, venus soutenir les grévistes et sous l’égide desquels s’est tenue l’assemblée générale ont promis, à la demande de l’assistance, de coordonner des actions au niveau régional puis au niveau national en vue de défendre l’autonomie institutionnelle, les libertés académiques et de protéger l’université des violations de son enceinte et des espaces où le savoir est dispensé. Monsieur Houcine Boujarra a profité de l’occasion pour informer les enseignants que les négociations avec le ministère au sujet des revendications matérielles, professionnelles, morales, qui ont été entamées avec le gouvernement précédent et mises sur la bonne voie, n’ont jamais repris avec le ministère actuel qui s’est dérobée à ses engagements d’assurer leur redémarrage ,et à la promesse de publication d’un texte obligeant les étudiantes à se découvrir le visage pendant les cours, les examens et les séances d’encadrement.

    La salle qui a été squattée samedi dernier, pour être transformée en salle de prière, a été rendue à sa vocation initiale en fin d’après-midi par l’administration de la faculté. Elle sera à partir de demain matin (15 février) à la disposition des enseignants et des étudiants, à moins que le groupuscule qui en a pris possession ne persiste dans sa volonté de changer son usage par la force.

    Auparavant, vers 14 heures, un huissier notaire est venu, à la demande du doyen, constater l’usurpation de la salle, la transformation de sa vocation, en présence d’un certain nombre de journalistes. Le doyen a intenté, sur la base de ce constat, un procès contre les membres de ce groupuscule, auprès du procureur de la République au Tribunal de première instance de la Manouba. ».

    Salah HORCHANI


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 17 février 2012 12:57

    « Nouvelles de la Faculté des Lettres de la Manouba (Tunisie)
    (Tunis, le 15 février 2012)

    Par Habib Mellakh
    universitaire, syndicaliste
    Département de français, Faculté des Lettres de la Manouba

    Un nouveau travail de Sisyphe

    La Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba continue à manger son pain noir. Depuis l’affaire de l’usurpation de la salle de classe, elle occupe à nouveau la rubrique des faits divers dans les feuilles de chou. Le groupuscule, qui la hante durant toute la journée et qui a pris ces derniers jours l’habitude de la quitter le soir après avoir empêché le déroulement de certains cours selon un rituel où se mêlent l’intimidation et la violence verbale, prend goût à un nouveau jeu dont il ne se lassera pas, tant il a la certitude de l’impunité : il a repris possession ce matin de la salle 153 pour en faire à nouveau une salle de prière. Il ne faut pas être un grand sorcier pour deviner que l’administration de la faculté sera astreinte dans les prochains jours à un nouveau travail de Sisyphe : refaire chaque soir ce que le groupuscule aura défait au début de la journée, rendre la salle à sa vocation d’espace réservé à l’enseignement. Les grands perdants seront les étudiants dont les cours ne seront plus assurés faute de salle.

    On ne comprend pas cet acharnement du groupuscule à vouloir bénéficier illico-presto d’une salle de prière alors que les salles de classe suffisent à peine aux besoins de l’institution et que le doyen lui a donné la promesse, dans le cadre de la coordination avec les autres institutions du rectorat de la Manouba, qu’il aura un lieu de prière digne de l’Islam dans un emplacement du campus, mitoyen de la FLAHM.

    Le conseil scientifique de l’institution s’est réuni en début d’après-midi pour examiner à nouveau cette question et pour répondre aux allégations du ministre accusant ses membres et le personnel enseignant de parti pris politique et de complot visant le limogeage de ce dernier. Il a également pris connaissance des derniers rapports décrivant les violences physiques et verbales subies par le personnel de l’établissement, les menaces visant les enseignants et les infractions à la loi commises par certains étudiants à l’occasion des examens semestriels.

    Il s’est déclaré d’autant plus indigné par les déclarations du ministre que les enseignants s’attendaient à être appuyés par ce dernier après avoir sollicité son soutien dans la dure épreuve que la faculté est en train de vivre et leur protection contre les agressions qu’ils subissent et les violations continuelles de leur institution et après avoir souhaité qu’il s’acquitte de ses obligations en la matière conformément aux traditions universitaires et aux dispositions réglementaires en vigueur. Il a, en outre, décidé d’utiliser le droit de réponse garanti par le code de la presse pour réfuter les accusations portées contre le corps enseignant.

    Abordant le volet disciplinaire, le conseil scientifique a recommandé la traduction dans les meilleurs délais des étudiants coupables de violences et d’infractions réglementaires devant le conseil de discipline. Au sujet de la salle de prière, il a rappelé que l’administration de l’institution ne s’était jamais opposée à la demande d’un lieu de prière mais que l’absence de salle rendait le projet pour le moment irréalisable. C’est pourquoi, les membres du conseil préconisent le recours à la solution de rechange proposée depuis le début de l’année d’un lieu de prière dans l’enceinte du campus universitaire, solution qu’il faut réactiver en coordination avec le rectorat de la Manouba. Le conseil n’exclut pas, pas par ailleurs, le recours à d’autres possibilités, à condition qu’elles soient viables et agréées par les autorités compétentes. ».

    Salah HORCHANI


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 20 février 2012 19:47

    « Nouvelles de la Faculté des Lettres de la Manouba (Tunisie)
    (Tunis, le 18 février 2012)

    Par Habib Mellakh
    universitaire, syndicaliste
    Département de français, Faculté des Lettres de la Manouba

    Conférence de presse de monsieur Moncef Ben Salem

    Le Ministre reconnaît l’autonomie institutionnelle en matière de niqàb mais refuse de prendre les mesures d’accompagnement susceptibles d’empêcher les violations de ce principe

    « Le tribunal administratif a estimé que tout ce qui était de nature à entraver le déroulement des cours était interdit. Mais le ministre ne peut pas intervenir. Cela n’entre pas dans ses prérogatives. Les directeurs et les doyens sont les seuls habilités à décider de ce qu’ils jugent utile dans cette situation ».

    C’est la réponse donnée par monsieur Moncef Ben Salem, ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique selon Mosaïque FM – et reprise pratiquement dans les mêmes termes par tous les médias de la place – aux journalistes qui l’interrogeaient, à l’occasion du point de presse qu’il a tenue hier, sur les derniers développements de la situation dans l’affaire du niqàb et plus particulièrement sur l’avis du tribunal administratif au sujet du port de ce vêtement dans l’enceinte des établissements d’enseignement supérieur. Le ministre a fini par donner raison à l’institution universitaire et à reconnaître l’autonomie institutionnelle en la matière après avoir pris connaissance de cet avis sollicité le 30 décembre 2011 par le ministère. Malgré la formule adoptée qui est ambiguë – puisque le port du niqàb n’entrave pas le déroulement des cours mais l’interaction pédagogique – (mais c’est le journaliste de Mosaïque FM qui est à l’origine de cette ambiguïté de la formulation), il valide le règlement intérieur adopté par les conseils scientifiques des établissements d’enseignement supérieur, reconnaissant d’après le quotidien Al Maghrib aux responsables qui président à leurs destinées « le droit d’interdire le niqàb [ à comprendre comme la nécessité de se découvrir le visage et non de porter un autre vêtement) pendant l’inscription, les séances de formation, les examens et d’imposer le dévoilement du visage en cas de nécessité ». Le directeur des affaires juridiques au ministère, monsieur Ali Kabadou reprend la même idée quand, il déclare à l’envoyé de la Télévision nationale Tunisienne : « Les conclusions de la consultation sont claires en ce qui concerne le domaine d’intervention du doyen. Il a le droit de demander le dévoilement du visage chaque fois qu’il est question de fournir une prestation dans le service public dont il assure le bon fonctionnement ».

    Ce sont là les revendications des universitaires depuis le début de la crise, justifiées au nom de l’autonomie institutionnelle et des prérogatives scientifiques et pédagogiques considérées comme la chasse gardée des enseignants, comme en témoignent cette rubrique quotidienne qui a rendu compte de toutes les motions syndicales nationales ou locales, de toutes les résolutions des différents conseils scientifiques . Mais ces doléances ont toujours été rejetées, particulièrement lors des déclarations du ministre au Nouvel Observateur du 2 février, appuyé par des dirigeants nahdhaouis très influents comme monsieur Sadok Chourou dans une interview accordée au journal HaKaïk et publiée le 10 février, et monsieur Habib Ellouze dans une vidéo relayée par les réseaux de la jeunesse d’Ennadha et commentée par le journal électronique MAG 14. Le corps enseignant de la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba se trouve rassurée par cette nouvelle position ministérielle, issue de l’avis du tribunal administratif, et les collègues estiment que la lutte que la FLAHM mène depuis presque 3 mois est en train de porter ses fruits, d’autant plus que les auteurs de ces déclarations font de la surenchère à qui mieux mieux pour donner raison aux partisans du niqàb.

    Mais cette nouvelle attitude des autorités déçoit en revanche ces derniers qui, rebelles au règlement intérieur, souhaitaient la légalisation du port de ce vêtement par une décision ministérielle. L’un des meneurs de la fronde contre l’administration de la FLAHM ne cache pas sa déception. Il a confié à l’un de nos collègues qui lui suggérait de solliciter du ministre, en l’absence de locaux dans la faculté, l’affectation d’un lieu de prière dans le campus universitaire : « On ne peut pas compter sur monsieur Ben Salem. Il s’est avéré être un laïc ». De son point de vue, le ministre ignore la loi divine et consulte des instances qui, comme le tribunal administratif, commettent le sacrilège de se référer aux lois positives !

    Les résultats de cette consultation n’ont pas surpris les enseignants et les observateurs de la scène universitaire puisqu’ils confirment les arrêts du tribunal administratifs des 7 juillet et 28 décembre 2011 rejetant le recours de deux étudiantes empêchées de porter le niqàb. Nous nous étions du reste étonnés de voir le ministère solliciter cette consultation dès lors que ces deux arrêts ne pouvaient que faire jurisprudence. Mais nous avons fini par comprendre les motivations d’un ministre, acculé après la lutte des universitaires de reconnaître la légitimité de leur position en matière de niqàb, mais très embarrassé de le faire dès le début de son mandat, pour ne pas créer de discorde entre Ennadha et les sit-ineurs, défenseurs acharnés du niqàb. C’est cet embarras et non la position du tribunal administratif qui explique la confirmation de son refus de publier un texte obligeant les étudiantes à se conformer à la stricte observance du règlement intérieur. Ce refus est une sorte de clin d’œil qui leur est adressé pour leur signifier qu’il ne cautionne pas, politiquement parlant, la position du tribunal administratif mais que le nouveau contexte de transition démocratique dans lequel vit le pays l’oblige, à son corps défendant, de tenir compte de la consultation.

    A propos de ce texte, il faut lever un énorme malentendu. Les universitaires n’ont jamais demandé à leur ministre de se substituer à eux et de « légiférer » à leur place. Et quand le tribunal administratif juge que le ministre ne doit pas intervenir dans l’affaire du niqàb, c’est parce que la réglementation des codes vestimentaires n’est pas de son ressort mais fait partie des prérogatives de la profession. Mais ces réserves mises à part, cela ne lui interdit nullement d’appuyer le règlement intérieur de l’institution par un communiqué, une note de service ou une circulaire comme nous l’avons toujours réclamé et particulièrement dans notre motion syndicale du 20 janvier. Ces textes ne sont pas des décisions mais ils donnent, à propos d’une réglementation particulière (règlement intérieur, décrets, arrêtés) déjà adoptée, des informations que l’autorité administrative fait parvenir aux destinataires (étudiants, enseignants, cadre administratif), quand elle constate des carences, des infractions dans l’application des règlements pour les amener à rectifier le tir.

    Que l’on assimile, par conséquent, correctement ces notions pour ne plus invoquer ni « vide législatif », ni « vide constitutionnel » mis en avant par le ministère chaque fois qu’il veut se dérober à ses responsabilités comme autorité tenue de faire appliquer toutes les dispositions réglementaires en vigueur , de soutenir les établissements quand ils ont des difficultés à les appliquer surtout lorsqu’elles bénéficient d’une quasi unanimité dans la profession concernée, de brandir toute la panoplie des mesures disciplinaires prévus en cas d’infraction et de protéger les enseignants contre les violences des frondeurs ! Les juristes sont d’ailleurs sidérés du recours à ce genre d’arguments parce que dans les pays démocratiques et dans les républiques civiles la liberté vestimentaire, comme liberté individuelle, fait partie certes des dispositions constitutionnelles mais elle n’est pas absolue : elle est limitée par les codes vestimentaires professionnels ou scolaires.

    Le retour obsédant dans le discours de monsieur Moncef Ben Salem des formules telles que « vide constitutionnel », « vide juridique », « lois futures », « future constitution », ne trahit-il pas chez le ministre le secret espoir de voir aboli le code vestimentaire universitaire actuel, lorsque la prochaine constitution qui fera, selon les vœux des nahdhaouis, de la religion la source de la législation, sera promulguée ?

    Dans son point de presse, le ministre a minimisé à nouveau les violences dont les enseignants ont été les victimes, les qualifiant d’incidents et il n’a évoqué à aucun moment le recours à des mesures de sécurité pour les protéger.

    L’autorité de tutelle reconnaît l’autonomie institutionnelle en matière de niqàb. C’est un progrès, estiment les universitaires, mais son refus de prendre les mesures d’accompagnement susceptibles d’empêcher les violations de cette règle comme la publication d’un texte, sous forme de communiqué ou de circulaire, interdisant le niqàb – ce qui fait partie de ses prérogatives – et surtout les mesures de sécurité à même de dissuader les frondeurs de persévérer dans les violences verbales et physiques, les irruptions dans les salles de classe dont ils sont coutumiers depuis bientôt trois mois, ne permettra pas à la FLAHM de fonctionner normalement et de sortir de la crise. ».

    Salah HORCHANI


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 21 février 2012 22:36

    « Nouvelles de la Faculté des Lettres de la Manouba (Tunisie)
    (Tunis, le 21 février 2012)

    Par Habib Mellakh
    universitaire, syndicaliste
    Département de français, Faculté des Lettres de la Manouba

    Grève de protestation des enseignants de la Manouba et rassemblement des universitaires devant le ministère

    L’avis du tribunal administratif au sujet du port du niqàb dans l’enceinte des institutions universitaires ? Le groupuscule qui encadre les étudiantes intégralement voilées n’en a cure. La sécurité des enseignants ? Les autorités s’en lavent les mains quand elles ne pensent pas avoir affaire à de fieffés comédiens passés maîtres dans l’art de l’amplification. Le sens des responsabilités pédagogiques et de l’attachement à l’autonomie institutionnelle chez les enseignants ? Ils en font un impératif et une culture.

    Ce cocktail virtuellement explosif a fait dégénérer la situation à la faculté de la Manouba au début de cette semaine et particulièrement ce matin. Le groupuscule a fait irruption vers 10 heures et demie dans la salle du professeur Souhail Chemli pour imposer la présence d’une étudiante portant le niqàb. Refus de l’enseignant qui invoque le code vestimentaire en vigueur dans l’établissement et la position du tribunal administratif qui le soutient. Abreuvé d’injures et de propos répugnants voire grossiers, bousculé par de jeunes hommes en furie, menacé par un parapluie brandi comme une arme, le collègue n’a dû son salut qu’aux étudiants et aux enseignants venus à son secours.

    La veille et au cours de la séance de l’après-midi, Madame Leyla Bellili, directrice du département d’histoire a été agressée verbalement et menacée par des membres du groupuscule pour avoir voulu faire respecter la loi.

    Réagissant à ces violences devenues sempiternelles, les deux syndicats des professeurs ont décrété, en application de la motion syndicale du 14 janvier, une grève d’une journée et demie qui a été suivie massivement cet après-midi et qui sera observée demain durant toute la journée pour protester contre l’atmosphère d’insécurité qui règne à la faculté. Les enseignants de la FLAHM se joindront également au rassemblement des universitaires qui aura lieu, à l’appel de la FGESRS, demain à partir de 10 heures et demie pour protester contre le blocage par le ministère des négociations avec le syndicat de l’enseignement supérieur au sujet des revendications morales, professionnelles et matérielles et plus particulièrement au sujet de l’affaire du niqàb dans laquelle le tribunal administratif vient de confirmer la légalité de la position des enseignants. ».

    Salah HORCHANI


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 29 février 2012 23:47

    Recrudescence de la violence à la Faculté de la Manouba, interruption des cours

    Après la relative rémission qui a succédé aux troubles que la Faculté des Lettres des Arts et Humanités de la Manouba a connus durant plusieurs semaines, aujourd’hui (mardi 28 février ) le spectre de la violence est réapparu pour provoquer l’interruption des cours.

    À l’origine des incidents, c’est encore une fois le niqab. Une étudiante portant cet accoutrement a été empêchée de suivre les cours au département d’arabe conformément aux règlements instaurés par le Conseil scientifique. Aussitôt un groupe de jeunes intégristes a fait irruption dans la salle de classe pour agresser l’enseignant pendant l’exercice de ses fonctions.

    Une autre enseignante a dû subir le même traitement. Ces incidents graves ont engendré une atmosphère de tension au sein de l’institution, ce qui a poussé les enseignants à suspendre les cours.

    Très vite, le corps enseignant s’est réuni avec le syndicat de base de la Faculté. Soutenus par quelques étudiants, les professeurs se sont rassemblés devant le siège du Rectorat de la Manouba en guise de protestation. On croit savoir qu’une réunion doit se tenir demain à la Faculté afin d’examiner la situation. En tout état de cause, devant le silence et la passivité des autorités et au rythme où vont les choses, le risque d’une année blanche n’est pas exclu.

    Source :

    http://www.webdo.tn/2012/02/28/recrudescence-de-la-violence-a-la-faculte-de-manouba-interruption-des-cours/

    Salah HORCHANI


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 1er mars 2012 08:21

    « Nouvelles de la Faculté des Lettres de la Manouba (Tunisie)
    (Tunis, le 26 février 2012)

    Par Habib Mellakh
    universitaire, syndicaliste
    Département de français, Faculté des Lettres de la Manouba

    A ma faculté sinistrée et à mes collègues toujours debout
    en hommage à leur combat

    Le combat de celui que le poète fait accéder à la dignité d’un prophète

    قم للمعلم وفه التبجيلا
    كاد المعلم أن يكون رسولا
    أحمد شوقي

    Dieu garde à l’instituteur, à l’enseignant
    Une place dans les rangs bienheureux des voyants
    Des anachorètes, des prophètes, des visionnaires et des saintes légions

    « Pas de nouvelles. Bonnes nouvelles ! N’est-ce pas si Lahbib ? », me lance, dans une allusion à l’interruption momentanée de cette chronique, l’une de mes amies sur Facebook, mais néanmoins vieille connaissance qui suit régulièrement l’évolution de la situation à la Faculté des Lettres de la Manouba et que j’ai rencontrée hier devant le Ministère de l’Intérieur à l’occasion de la manifestation de soutien à l’UGTT.

    De retour chez moi, je trouve dans mon courrier électronique le message d’une ancienne professeur résidant à l’étranger pour qui j’ai beaucoup d’affection et d’estime qui me demandait des nouvelles de la grève de la FLAHM du 22 février et du rassemblement des universitaires le même jour. C’est à ce moment là que m’est revenu à l’esprit le message d’une collègue qui, le 26 janvier dernier, m’écrivait à 22h30, au plus fort de la crise : « J’attends ton bulletin ! J’attends encore un peu ? » et que je me suis rappelé que cette chronique avait permis avec d’autres moyens de lutte de constituer puis de raffermir la chaîne de solidarité nationale et même internationale avec la FLAHM moralement sinistrée à la suite de sa prise en otage par le groupuscule des partisans du niqàb.

    Toutes mes excuses à l’adresse des « abonnés » de cette chronique pour avoir différé la relation des évènements survenus le 22 février alors que je me devais d’en rendre compte en temps quasi réel ! Je reprends donc mon travail de Sisyphe dont l’utilité est à nouveau confirmée par ces sollicitations, n’en déplaise à un détracteur anonyme qui, ironisant à propos de ma persévérance, m’écrivait au moment même du rassemblement des universitaires toujours par courriel que je devais être lassé de « peigner la girafe », que mon dévouement pour la cause était inutile, les dés étant jetés et la cause perdue, que j’étais idiot de me mesurer à plus fort que moi, moi qui m’étais effondrée le jour de l’agression qui m’a amené aux urgences, qu’il était temps de tourner casaque, de ne plus ramer dans les sens contraire des vents et des opportunités, avant de me suggérer d’éviter le courroux de mes supérieurs hiérarchiques en cessant de faire paraître cette publication.

    De ces menaces à peine voilées, je n’en ai cure mais je fais mon mea culpa de professeur accaparé ces derniers jours par les corrections des examens semestriels, le versement des notes, la présidence d’un jury, soucieux de faire son devoir dans les délais impartis et acculé par cette charge de travail importante et cette exigence à se consacrer uniquement à ses étudiants.

    Ecrire, à propos du rassemblement du 22 février décidé par le bureau national de la FGESRS, que les universitaires ont bravé les pluies torrentielles et le mauvais temps pour venir nombreux à ce rassemblement serait mentir. Nous étions dans le meilleur des cas deux cents personnes et même moins selon les estimations d’autres collègues. Les précipitations exceptionnelles qui se sont abattues dans la nuit du 22 au 23 février sur le grand Tunis et qui se sont poursuivies dans la matinée du 22 février expliquent en partie cette démobilisation en raison de l’impossibilité pour de nombreux universitaires bloqués par la circulation et obligés de faire demi-tour, de joindre le lieu du rassemblement. Le souvenir des inondations de 2003 est encore vivace dans les esprits à un point tel qu’il a développé chez de nombreux Tunisois la phobie des pluies torrentielles, ce qui explique aussi le très fort taux d’absentéisme constaté chez les étudiants de la FLAHM à la fin de la semaine qui vient de s’achever. D’autre part, l’organisation d’un rassemblement non accompagné d’une grève nationale ne pouvait que réduire l’ampleur de la protestation. Enfin certains professeurs de la FLAHM, qui d’habitude viennent nombreux à ces rassemblements à la suite d’une culture du militantisme dont ils sont bien imprégnés, en ont été dissuadés non seulement à cause des intempéries mais aussi en raison de la correction des copies d’examen. Les caprices de la météo ont également empêché les enseignants de la FLAHM à joindre leur faculté ce jour-là, l’accès à la Manouba ayant été rendu impossible parce que les routes avaient été coupées à la suite des pluies si bien que l’assemblée générale qui devait se tenir le jour de la grève a été reportée au lendemain, que la FLAHM était également désertée par un très grand nombre de ses étudiants pour la même raison et qu’aucun journaliste n’a pas pu se déplacer pour couvrir la grève. Aucun cours n’a eu lieu et le mouvement a été suivi massivement. Mais l’obligation de présence lors de la grève qui est une exigence morale n’a pas été respectée.

    Malgré leur petit nombre, les manifestants n’ont pas cessé pendant plus de trois heures de scander et de répéter des slogans réclamant le démarrage des négociations avec le ministère, la prise en charge par ce dernier des véritables problèmes de l’université et ils ont, à maintes reprises, exhorté l’autorité de tutelle, à avoir le courage politique de résoudre le problème du niqàb qui fait perdre un temps énorme et beaucoup d’énergie à toutes les parties prenantes pour se consacrer à la réforme du LMD, à la révision du statut des enseignants chercheurs et des textes organisant la vie universitaire.

    A côté de la banderole appelant le ministère à la satisfaction des revendications morales, professionnelles et matérielles des universitaires, une large banderole des enseignants de la FLAHM affichait leur détermination à défendre la dignité de l’universitaire et les libertés académiques. On pouvait lire aussi sur sept pancartes réversibles des slogans qui se sont fait l’écho de ces deux grands thèmes mobilisateurs et les ont développés. Certaines de ces formules étaient tellement percutantes que le téléjournal de 20 heures de la Télévision Nationale Tunisienne les a mises en exergue par le recours à des plans rapprochés et des travellings avant. Elles constituaient souvent des réponses à la conférence de presse tenue par le ministre le 16 février dernier. On peut en citer à titre d’exemple :

    -  »La publication d’une note appelant le respect du règlement intérieur ne demande pas la promulgation d’une constitution «  ;
    - »La position du ministère au sujet du niqàb est une position politique préjudiciable au savoir«  ;
    - »Le dévoilement du visage dans l’enceinte de l’université est une nécessité dictée par le fonctionnement normal du service public« 
    .

    Les autres slogans ont mis l’accent sur la protection par le ministère des enseignants et de l’institution et ont insisté sur l’un des sujets liés à l’affaire du niqàb, considéré comme l’un des plus sensibles de l’actualité universitaire ces derniers temps au point d’avoir provoqué la grève du 22 février : l’humiliation de l’enseignant, autre signe des misères de notre Temps. La dignité de l’universitaire et de l’enseignant est tellement bafouée aujourd’hui – les collègues du secondaire en savent aussi quelque chose, eux qui ont observé dans tout le pays, le mercredi 15 février, vingt minutes d’arrêt de travail pour protester contre les violences de plus en plus nombreuses qu’ils subissent – que le prince des poètes, Ahmad Shawki, doit se retourner dans sa tombe, lui qui a fait accéder l’enseignant à la dignité d’un prophète, au spectacle désolant de ces professeurs de la Manouba livrés à la furie de leurs agresseurs. L’idée saugrenue de fabriquer une machine à remonter le temps me vient alors à l’esprit pour pouvoir vivre à une époque où l’on pouvait écrire les vers célèbres d’ Ahmad Shawki, emblèmes du sacerdoce de l’éducateur, qui résonneront pour l’éternité dans l’âme de tous ceux qui, reconnaissants, accorderont toujours à l’éducateur la distinction qu’il mérite sans passer pour des extraterrestres :

    «  Salue l’instituteur et rends lui les honneurs
    Car l’instituteur a une place dans les rangs bienheureux des prophètes
     ».

    L’envie me prend à la suite de Shawki de développer cet hommage en paraphrasant Baudelaire bénissant le poète :

    Dieu garde à l’instituteur, à l’enseignant
    Une place dans les rangs bienheureux des voyants
    Des anachorètes, des prophètes, des visionnaires et des saintes légions
    .

    Remonter le temps pour pouvoir revivre des scènes d’un âge d’or où d’anciens élèves aujourd’hui disparus, sexagénaires ou même octogénaires de feu mon père, si El Moncef, qui était ce qu’on appelait à l’époque un instituteur unilingue de français, dans la prestigieuse école coranique moderne El Arfanya, se mettaient spontanément à réciter la Fatiha et à louer ses mérites quand à l’occasion d’une rencontre fortuite ils apprenaient que j’étais le fils de leur maître, tels Tahar Ayachi, journaliste à La Presse qui a écrit un hommage à El Arfanya et à ses instituteurs dans un article publié en février 1999 sur les colonnes de ce quotidien !

    Une pensée émue pour Albert Camus m’étreint le cœur à la lecture du slogan : «  Pas d’enseignement, pas d’activités, tant que la dignité de l’enseignant sera foulée ! ». C’est après sa mère, à Louis Germain, l’instituteur grâce auquel il a pu poursuivre ses études et devenir un brillant élève qu’Albert Camus pense et qu’il rend dans une lettre émouvante, en signe de gratitude, l’un des hommages les plus beaux d’un élève à son maître, après avoir appris qu’il était le lauréat du prix Nobel de littérature en 1957 : «  Sans vous, sans cette main affectueuse que vous avez tendue au petit enfant pauvre que j’étais, sans votre enseignement, et votre exemple, rien de tout cela ne serait arrivé. Je ne me fais pas un monde de cette sorte d’honneur. Mais celui-là est du moins une occasion pour vous dire ce que vous avez été, et êtes toujours pour moi, et pour vous assurer que vos efforts, votre travail et le cœur généreux que vous y mettiez sont toujours vivants chez un de vos petits écoliers qui, malgré l’âge, n’a pas cessé d’être votre reconnaissant élève  ».

    Moi, qui sans prétendre à l’illustre rang où Shawki place l’enseignant, aspire à une élévation morale et spirituelle, voilà que les niqabées et leurs défenseurs me renvoient de moi l’image avilissante d’un obsédé sexuel, incapable de dompter ses appétits charnels et d’un satyre potentiel dont il faut prévenir les tentations libidineuses en empêchant tout contact visuel entre lui et ses étudiantes (sic !) !

    La déclaration du secrétaire général de la FGESRS, rendant compte de la réunion de la délégation syndicale avec le conseiller du ministre chargé des relations syndicales interrompt ma méditation intérieure et me ramène sur terre. J’y apprends que le ministère a accepté de négocier avec notre syndicat au sujet des revendications matérielles et professionnelles. Concernant le niqàb, j’arrive à comprendre grâce à ma connaissance des figures de rhétorique et de la psychanalyse freudienne de que notre délégation a reçu la sempiternelle réponse du berger à la bergère. A nos détracteurs tentés de dire que la montagne a accouché d’une souris, je ne me départirai jamais de mon optimiste pour rétorquer : « Nous sommes faits d’un minerai de haute teneur et notre foi en nos valeurs nous fera soulever des montagnes ! ». ».

    Salah HORCHANI


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 1er mars 2012 08:46

    « Nouvelles de la Faculté des Lettres de la Manouba (Tunisie)
    (Tunis, le 28 février 2012)

    Par Habib Mellakh
    universitaire, syndicaliste
    Département de français, Faculté des Lettres de la Manouba

    Nouvelle grève de protestation des enseignants, rixes et échauffourées entre étudiants

    La situation a dégénéré à nouveau ce matin vers dix heures et demie à la faculté des lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba à la suite de deux nouvelles agressions perpétrées par le groupuscule qui occupe la faculté. La professeur Samia Yazidi a été empêchée d’assurer son cours et a essuyé les quolibets et les insultes d’une bande déchaînée. Le professeur Souhaïl Chemli est devenue la cible privilégiée de ces assaillants qui s’en sont pris à lui pour la deuxième fois en huit jours. Aujourd’hui ce sont deux niqabées appuyées par leurs partisans qui se sont particulièrement distinguées en défonçant la porte de la salle affectée à ce dernier, après l’avoir abreuvé d’un concert d’injures d’une rare intensité.

    Dégradation de biens publics et participation à la dégradation de biens publics, entrave à des fonctionnaires dans l’exercice de leurs fonctions, outrage à un fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions, ces délits dont les membres du groupe se sont rendus coupables aujourd’hui, sont des infractions à la loi dont ils sont coutumiers depuis trois mois et qui sont sanctionnées par le code pénal tunisien en vertu de plusieurs articles dont l’article 116, qui stipule que « quiconque exerce ou menace d’exercer des violences sur un fonctionnaire public pour le contraindre à faire ou à ne pas faire un acte relevant de ses fonctions » commet une infraction pénale. Mais ils n’ont jamais été traduits en justice pour ces délits ni même sérieusement inquiétés malgré les récidives, et les plaintes déposées par l’administration et les victimes de ces agressions. Cette énigme intrigue les enseignants à la FLAHM qui se sentent de plus en plus abandonnés par les autorités et livrés à leurs agresseurs. Exaspérés par les humiliations, les violences physiques et morales, les menaces, le harcèlement programmé qu’ils subissent depuis trois mois et l’indifférence des autorités, ils ont traduit leur ras-le-bol la semaine dernière par une grève d’une journée et demie.

    Mais aujourd’hui un fait nouveau dans la riposte des enseignants doit être mis en exergue. En plus du débrayage de protestation qu’ils ont spontanément effectué, ils ont manifesté, pour la première fois depuis le début de la crise à l’intérieur du campus de la Manouba, scandant des slogans où ils ont insisté sur leur détermination à assurer leurs enseignements tout en fustigeant les empêcheurs de tourner en rond, les saboteurs de leurs cours. Aspirant à être des enseignants assidus dans une université libérée des intrus, à assurer des cours dans une faculté libérée des milices et des sections d’assaut, ils ont répété en chœur : « جامعتنا حرة حرة و الدراسة مستمرة » (Notre université doit être libérée et nos cours continuellement assurés). Cette idée a été ressassée dans des formules difficilement traduisibles par un traducteur soucieux de respecter la rime et l’esprit du slogan. Elle a été reprise par de nombreux intervenants lors de l’assemblée générale qui s’est tenue aujourd’hui. Les enseignants de la FLAHM sont partis de l’idée que le contrat de travail entre l’universitaire et l’Etat tunisien comportait une obligation de moyens en vue de protéger le fonctionnaire, d’assurer sa sécurité dans l’exercice de ses fonctions, d’empêcher les agressions dont il pourrait être la victime, obligation figurant explicitement ou d’une manière allusive dans de nombreuses lois ainsi que dans les recommandations internationales, comme celle relative à la condition du personnel enseignant de l’enseignement supérieur, adoptée par la Conférence générale de l’UNESCO en 1997. Estimant que le contexte actuel de leur institution a engendré de graves périls pour leur sécurité et considérant que l’Etat est récalcitrant à offrir les moyens visant à assurer cette sécurité, condition sine qua non du fonctionnement normal du service public de l’enseignement dont il a la charge, ils ont revendiqué à nouveau le droit de travailler dans des conditions de sécurité normales. Ils se sont déclarés prêts à reprendre le travail dès demain si l’autorité de tutelle débarrasse la faculté des intrus et assure les conditions de leur départ définitif, c’est-à-dire le recrutement d’un corps de vigiles dépendant du doyen et, en attendant, le recours à des forces de sécurité disposées près de la faculté pour aider son personnel à filtrer les entrées. Par contre si les autorités continuent à être laxistes en fermant les yeux sur les violences, alors qu’elles devraient faire preuve d’une « tolérance zéro » pour toute perturbation des études, ils s’excuseront de ne pouvoir assurer leur mission en raison de la défaillance de l’Etat, peu soucieux de respecter le droit à la sécurité des enseignants et des étudiants et refusant de fournir les moyens pour le faire. Ils tiennent à assurer à toutes les parties que ce n’est pas le droit à manifester pacifiquement qui est en cause mais les violences exercées dans le but d’empêcher l’application d’un règlement intérieur que le tribunal administratif vient de valider.

    Un autre fait nouveau mérite aussi d’être signalé. Les étudiants, qui vivent aussi dans l’insécurité parce que continuellement menacés par le groupuscule selon les confidences de beaucoup d’entre eux, se sont joints à la manifestation des enseignants qui a été suivie par un rassemblement devant la Présidence de l’Université de la Manouba. Le Recteur de la Manouba, qui a reçu une délégation composée d’enseignants et d’étudiants l’a assurée de son soutien total et de sa détermination à aider la faculté dans la lutte qu’elle mène pour imposer le respect des valeurs universitaires et pour la défense de la sécurité des cours.

    De retour à la faculté, les manifestants semblent avoir été provoqués par le groupuscule des partisans du niqàb. Il en a résulté des rixes et des échauffourées entre les étudiants des deux bords. De nombreuses étudiantes se sont évanouies, terrorisées par le spectacle des scènes de violence qui ont opposé les deux camps.

    Depuis hier, on sentait venir les nouveaux troubles, le groupuscule ayant amorcé une nouvelle escalade en empêchant le déroulement de six cours et obligeant les enseignants travaillant dans les amphithéâtres à déclarer forfait et 1200 étudiants concernés par les cours dans ces espaces à en être privés à cause du terrible boucan occasionné par les haut-parleurs du groupuscule, occupé à animer une séance de prédication selon une coutume maintenant bien établie. Il a aussi à nouveau squatté la salle 153 pour l’affecter à la prière. Cette escalade semble n’être qu’un échauffement en prévision de la journée du vendredi 2 mars qui s’annonce terrible. En effet, c’est ce jour-là que sera traduit devant le conseil de discipline de la FLAHM le premier groupe d’étudiants coupables d’infractions et d’actes de violence. ».

    Salah HORCHANI


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 1er mars 2012 08:55


    « Nouvelles de la Faculté des Lettres de la Manouba (Tunisie)
    (Tunis, le 29 février 2012)

    Par Habib Mellakh
    universitaire, syndicaliste
    Département de français, Faculté des Lettres de la Manouba

    Les enseignants de la Manouba ne sont pas en grève

    Les enseignants de la faculté des lettres de la Manouba ne sont pas en grève. Mais ils font le constat amer de l’impossibilité d’accomplir leurs tâches pour des raisons indépendantes de leur volonté. Ce n’est pas à eux d’assurer leur propre sécurité, celle des étudiants et celle de l’institution dans un contexte où les autorités continuent à être défaillantes et où le déroulement des cours devient extrêmement périlleux en l’absence des conditions de sécurité minimales. Ils réclament le recrutement d’un corps de vigiles dépendant du doyen et, en attendant, le recours à des forces de sécurité disposées près de la faculté pour aider son personnel à filtrer les entrées.

    C’est le message qu’ils ont tenu à transmettre aux autorités lors de leur assemblée générale syndicale tenue ce matin à la FLAHM. Ils se sont mis d’accord pour organiser tous les jours et à tout moment une assemblée générale pour évaluer la situation sur le plan sécuritaire et juger de la possibilité d’une reprise des cours. C’est le même message qui a été transmis par le doyen de la FLAHM et par le recteur de l’université de la Manouba tant au ministère de tutelle qu’aux médias venus solliciter leur point de vue sur l’évolution de la situation.

    Il ressort également de l’assemblée tenue ce matin que les enseignants de la FLAHM appréhendent la journée du 2 mars qui verra la comparution devant le conseil de discipline d’un premier groupe d’étudiants, parmi ceux qui ont été coupables d’agressions et d’infractions aux règlements de la faculté. Le recteur et le doyen ont appelé les autorités à protéger la faculté ce jour-là car on s’attend au pire, la défense de l’institution par son propre personnel et ses enseignants pouvant s’avérer insuffisantes pour pallier les risques de dégradation de la situation et pourrait nous entraîner dans une spirale infernale et provoquer ce que tout le monde craint. ».

    Salah HORCHANI


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 2 mars 2012 22:17

    200 universitaires français avec Habib Kazdaghli [Doyen de la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba (FLAHM) ] contre le niqab :

    http://mag14.com/actuel/35-societe/386-200-universitaires-francais-avec-habib-kazdaghli-contre-le-niqab.html

    Salah HORCHANI


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 2 mars 2012 22:37

    « Nouvelles de la Faculté des Lettres de la Manouba (Tunisie)
    (Tunis, le 1 mars 2012)

    Par Habib Mellakh
    universitaire, syndicaliste
    Département de français, Faculté des Lettres de la Manouba

    Les enseignants de la Manouba suspendent l’exercice du droit au retrait

    Une grande confusion a caractérisé dans les médias, auprès des étudiants, de l’opinion publique et même chez les enseignants la qualification de l’action menée par les enseignants de la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba au cours des deux derniers jours. Le caractère inédit de ce type d’action en Tunisie, l’absence de culture juridique chez beaucoup d’acteurs de la scène syndicale, même quand il s’agit des droits reconnus ou méconnus des travailleurs, sont à l’origine de ce cafouillage terminologique.

    Alors que ces termes sont inappropriés au niveau juridique, on parle tantôt de grève ouverte, tantôt de suspension des cours. Le bureau syndical de la FLAHM a toutefois précisé que les enseignants n’étaient pas en grève mais qu’ils étaient dans l’impossibilité d’assurer leurs cours à cause de périls réels encourus, sans trouver le terme adéquat pouvant se substituer à cette formule périphrastique qui est « le droit au retrait ». Il ne le dit pas par pure rhétorique ou parce que que la grève ouverte fait peur et pour atténuer l’effet d’une annonce pareille mais par référence à cette notion à laquelle on n’est pas familiarisé.

    Ce droit est reconnu en France et dans d’autres pays pour les fonctionnaires et pour les ouvriers et défini dans le code du travail français comme le droit pour le salarié de « se retirer » d’une situation de travail présentant un « danger grave et imminent pour sa vie ou sa santé ». La durée du droit au retrait dépend de la nature du danger et de sa persistance. Droit individuel mais pouvant être exercé collectivement, il n’entraîne ni sanction, ni retenue sur salaire. Même si le droit tunisien ne le reconnaît pas – il n’en existe aucune mention, ni dans le code du travail, ni dans la loi sur la fonction publique – et que les enseignants de la FLAHM n’en avaient aucune connaissance, ils ont estimé qu’ils pouvaient, en vertu du bon sens, se prévaloir du danger vécu pour se retirer et qu’ils n’étaient pas dans une situation de grève, puisque cette action est définie par le législateur comme un arrêt de travail volontaire dans le but de faire aboutir des revendications professionnelles.

    L’objectif de ce retrait était de pousser l’autorité de tutelle à leur éviter le risque d’être à nouveau agressés par « les sections d’assaut » implantées à la Manouba grâce au recrutement d’un corps de vigiles réclamé depuis les examens semestriels ou, à défaut, et dans l’attente de l’engagement de ce service de fonctionnaires dépendant du doyen, par l’appel aux forces de l’ordre pour aider les agents de la faculté à filtrer les entrées.

    Les enseignants de la FLAHM ont organisé aujourd’hui deux assemblées générales syndicales pour un suivi de la situation et une évaluation, en début de matinée et en début d’après-midi, de la permanence du risque d’agression ou de sa disparition, en vertu de la définition du retrait qui lie sa durée à la persistance du danger.

    Au cours de l’assemblée tenue le matin, les enseignants ont jugé que l’autorité de tutelle n’avait pas offert les conditions de sécurité requises pour une reprise du travail. L’assemblée de l’après-midi a pris connaissance des communiqués du ministère et du rectorat diffusés en début d’après-midi pour dénoncer les violations continuelles de la faculté par le groupuscule des partisans du niqàb et les agressions répétées contre les enseignants et pour exprimer le soutien total de ces deux autorités aux professeurs agressés et leur souci de les protéger. Même s’il ne résout pas le problème sécuritaire et qu’il n’est pas signé ni par le ministre en voyage, ni par un représentant de l’autorité, le communiqué émanant du cabinet du ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique ainsi que l’engagement du ministère à solliciter un cordon de sécurité pour protéger les enseignants à l’occasion de la traduction devant le conseil de discipline de la FLAHM des étudiants coupables d’agressions et d’infractions, ont eu le don de constituer aux yeux des enseignants, un progrès à même de justifier la suspension de l’exercice de leur droit au retrait.

    Toutefois, ils se sont déclarés mobilisés pour entreprendre toutes les actions jugées utiles chaque fois que leur sécurité serait menacée et que leur dignité serait bafouée et pour revendiquer la publication par le ministère d’une note de service validant le règlement intérieur de la faculté selon les termes d’un communiqué commun publié en fin d’après-midi par les deux syndicats de la FLAHM. ».

    Salah HORCHANI


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 4 mars 2012 20:21

    Les filles au niqab devant le Conseil de Discipline

    Le barbu,Mohamed Bakhti, salafiste extrémiste et défenseur du niqab à la Faculté des lettres, des arts et des humanités de la Manouba est traduit devant le conseil de discipline, ce vendredi 2 mars . On lui reproche d’avoir transformé sans permission une salle de cours en un lieu de prière. Une accusation rejetée par ses collègues salafistes qui ont fait savoir que la direction de la faculté avait déjà donné la permission d’en prendre.

    Bakhti est impliqué, selon nos sources, d’avoir agressé verbalement une enseignante de l’établissement . Elle a porté plainte devant la justice.

    Six étudiantes en niqab devraient être traduites, elles aussi, devant le conseil de discipline pour avoir perturbé le déroulement normal des cours. Une atmosphère très tendue règne dans la Faculté depuis ce matin. les salafistes profitant du silence du ministère de tutelle, affirment leur engagement à défendre leurs droits ainsi que soutenir leurs collègues jusqu’au bout.

    Un grand nombre d’étudiants ont commencé à se rassembler devant la direction de la faculté .Il y a ceux qui soutiennent les étudiantes portant le niqab et les barbus et qui considèrent cette décision comme arbitraire et la qualifient de « provocation », et en face ,ceux qui appuient la décision des autorités académiques qui ont déféré les étudiantes du niqab devant le conseil de discipline , car elles enfreignent la marche normale de la faculté.

    La tension monte, et la situation pourrait d’un moment à l’autre dégénérer, au vu des accrochages verbaux ,très sévères ,échangés par les protagonistes.

    Rappelons que le Conseil Scientifique de la Faculté a interdit ,depuis novembre dernier ,le port du niqab pendant les cours et les examens.

    Avec le silence troublant du ministre de l’enseignement supérieur , Moncef Ben Salem du parti islamiste Ennahdha ,les salafistes se permettent de continuer leurs menaces et la pression ,tenant en otage les milliers d’étudiants qui risquent une année blanche suite aux multiples arrêts de cours dans cette faculté.

    Source :
    http://www.tunisiefocus.com/politique/tunisie/les-filles-au-niqab-devant-le-conseil-de-discipline.html

    Salah HORCHANI


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 7 mars 2012 08:09

    « Nouvelles de la Faculté des Lettres de la Manouba (Tunisie)
    (Tunis, le 6 mars 2012)

    Par Habib Mellakh
    universitaire, syndicaliste
    Département de français, Faculté des Lettres de la Manouba

    Nouvelle escalade de la violence et de la tension à la Manouba

    - Les étudiants empêchés d’accéder aux salles de cours et aux amphithéâtres
    - le bureau du doyen mis sens dessus dessous par deux niqabées
    -Un fonctionnaire en réunion avec le doyen évite de justesse une pierre lancée à l’intérieur de ce bureau
    - Le dilemme cornélien des enseignants pris entre le danger lié à l’absence de sécurité et l’intérêt des étudiants.

    Depuis une semaine, les évènements et les incidents violents se succèdent à la Faculté de la Manouba à une allure démentielle et le chaos s’installe petit à petit après une courte accalmie observée pendant les deux premières semaines du mois de février.

    Après les agressions subies au début de la semaine dernière par les professeurs Samia Yazidi et Souhaïl Chemli et le défoncement de la porte de la salle occupée par ce dernier, ce qui a poussé les enseignants à exercer leur droit au retrait, après le sit-in organisé vendredi dernier par « des envahisseurs » brandissant les drapeaux de partis islamistes non reconnus, venus des environs soutenir les étudiants déférés devant le conseil discipline, nous avons vécu aujourd’hui une autre journée terrible et à plusieurs égards insolite, caractérisée par une escalade inattendue, ou du moins, dont l’ampleur n’était pas annoncée d’autant plus que le ministère, par le biais du cabinet du ministre, avait dénoncé jeudi dernier les actes de violence subies par les enseignants et indiqué que les mesures disciplinaires intérieures étaient les mieux appropriées pour mettre fin à ce fléau de la violence, sans compter le fait que le verdict prononcé par le conseil de discipline était jugé clément par de nombreux observateurs ( un non lieu, un avertissement, un blâme, 2 renvois de six mois, un renvoi d’une année).

    En bonne logique, une fois que les sanctions ont été entérinées par l’autorité de tutelle et publiées – cela s’est passé hier matin – le ministère aurait dû prendre les mesures d’accompagnement nécessaires pour calmer l’atmosphère et empêcher les étudiants renvoyés de la faculté d’y accéder pour qu’ils ne nuisent plus. La protection attendue par les enseignants et qui aurait été perçue comme une dissuasion par les perturbateurs ne venant pas, les défenseurs du niqàb en ont profité à nouveau pour empêcher le déroulement des cours des groupes 1 et 2 de la deuxième année arabe. Les étudiants de ces deux groupes (80 environ) ont, en guise de riposte, décidé ce matin d’interdire à tous les étudiants de l’institution d’accéder à leurs départements dans le but de pousser l’administration et le ministère à trouver une solution définitive au problème. Il ne s’agissait pas d’une grève générale ou d’un boycottage des cours comme l’ont laissé entendre certains journalistes collaborant avec des journaux électroniques mais d’une nouvelle prise en otage de la faculté décidée par de nouveaux protagonistes. Pourtant ces étudiants n’ont pas bronché pendant cinq mois alors que leurs cours étaient continuellement perturbés, que six jours auparavant, ils avaient manifesté dans le campus universitaire de la Manouba pour soutenir leurs professeurs victimes de la violence des partisans du niqàb et pour demander le respect du règlement intérieur de leur institution. Qu’ils paralysent aujourd’hui la faculté (seuls quelques rares cours ont eu lieu quand des étudiants, surtout ceux des masters et de l’agrégation, ont pu par un escalier dérobé, après avoir trompé la vigilance des sentinelles, accédé aux bâtiments abritant leurs départements), est d’autant plus suspect que les étudiants coupables d’agressions et d’infractions ont été sanctionnés et qu’une solution est possible grâce à l’application de ces sanctions. Qu’ils réclament le départ du doyen et qu’ils reprochent à l’administration de la faculté son impuissance à l’occasion de leur manifestation devant les bureaux de l’administration centrale est d’autant plus surprenant qu’ils n’ont cessé de soutenir jusque dans les derniers jours la position du conseil scientifique de l’établissement et qu’ils réclamaient la semaine passée le départ du ministère. Que penser de ces incohérences et de cette volte-face que rien n’annonçait ? Beaucoup de collègues scandalisés crient à la manipulation.

    Cette situation tendue et propice à tous les dérapages a poussé deux niqabées qui en voulaient au doyen et au conseil de discipline, l’une pour avoir écopé d’un renvoi de six mois, l’autre parce qu’elle comparaîtra prochainement devant l’instance disciplinaire, à faire irruption dans le bureau du doyen qui était en réunion avec un employé de la direction des affaires estudiantines, pour mettre ses documents, ses affaires, sens dessus dessous. Après l’intrusion sauvage, le bureau visité par les journalistes et le substitut du Procureur de la République présentait un aspect de désolation : des documents, des parapheurs, des livres, des revues et des journaux jonchaient le sol et étaient parfois froissés mais rarement déchirés. On aurait dit qu’une tornade était passée par là.

    Le doyen est allé à la suite de cette agression porter plainte auprès du district de la Garde Nationale à la Manouba. Longtemps après son départ, l’une des étudiantes a simulé, selon les témoignages des membres de l’administration présents, un malaise après avoir mesuré la gravité de son forfait, prétendant avoir été violenté par le doyen et réclamant le SAMU. Ses camarades en ont profité pour lancer, via la page Talaba-révolution de Facebook, leur page sur le réseau social, un appel aux salafistes des quartiers voisins pour qu’ils viennent renforcer leurs rangs. Répondant à cet appel, une vingtaine de leurs militants se masse vers dix huit heures devant la porte de la faculté. Une dizaine parmi ces recrues pénètre dans l’enceinte de l’établissement pour rejoindre le groupuscule attroupé devant l’administration centrale. Vers dix neuf heures, un projectile lancé – à en juger par son impact – avec une force inouïe dans la direction du bureau du doyen défonce une vitre, traverse un rideau, effleure un fonctionnaire en réunion avec le doyen et trois de ses collègues et atterrit au beau milieu du bureau après s’être fracassé en deux. Plus de peur que de mal ! Mais le sentiment d’insécurité s’empare de plus en plus du personnel enseignant, administratif et ouvrier.

    Demain, les enseignants se réuniront en assemblée générale à midi et demie, pendant la pause entre les deux séances de la journée. Ils n’ont pas décidé de faire valoir leur droit au retrait car ils sont pris dans un dilemme cornélien. Ils pensent à leur sécurité mais ils sont soucieux de faire éviter aux étudiants le spectre de l’année blanche. C’est, du reste, pourquoi ils ont suspendu la semaine dernière l’exercice de leur droit au retrait.

    Mais pourront-ils continuer à être stoïques alors qu’une menace réelle plane désormais sur leur intégrité physique et qu’ils essuient continuellement les humiliations depuis maintenant plus de trois mois sans que personne ne songe à les protéger ? »

    Salah HORCHANI


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 7 mars 2012 09:18

    La faculté des lettres de la Manouba sombre dans le chaos

    Au lendemain du verdict rendu le 5 mars par le Conseil de discipline de la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba, concernant les six étudiants auteurs de graves dépassements en janvier dernier, l’enceinte de la faculté a été le théâtre, mardi 6 mars, d’incidents qui ont troublé les cours.

    Des étudiants et étudiantes non contents des sanctions qui vont du non-lieu jusqu’au renvoi d’un an en passant par un blâme et une expulsion de six mois, ont empêché l’accès à différents département dont celui d’Arabe, revendiquant leur droit aux études. Peu d’enseignements ont pu avoir lieu, mais dans une atmosphère délétère.

    Il est à noter que deux étudiantes ont fait irruption dans le bureau du doyen provoquant des dégâts importants. Après avoir été évacuées, un renfort est venu leur apporter soutien. De nombreux étudiants se sont massés devant les locaux de l’administration. Il en est résulté une situation de forte tension, ce qui a conduit le doyen à faire appel aux forces de l’ordre. À FLAHM on ne voit toujours pas le bout du tunnel.

    Source :
    http://www.webdo.tn/2012/03/06/la-faculte-des-lettres-de-la-manouba-sombre-dans-le-chaos/

    Salah HORCHANI


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 8 mars 2012 09:09

    « Nouvelles de la Faculté des Lettres de la Manouba (Tunisie)
    (Tunis, le 7 mars 2012)

    Par Habib Mellakh
    universitaire syndicaliste
    Département de français, Faculté des Lettres de la Manouba

    Terreur salafiste à la Manouba

    - Le drapeau tunisien profané
    - « Où est le doyen ? Je vais le frapper d’un coup de couteau », vocifère une niqabée
    - « L’un d’entre vous est-il le doyen mécréant ? », nous dit un salafiste hystérique qui essaye de nous agresser
    - Les salafistes des quartiers voisins de la FLAHM se postent devant l’entrée principale de l’institution et empêchent les étudiants d’en franchir le seuil
    - Les étudiants de l’UGET pourchassés par les salafistes : un bilan de deux blessés

    De mémoire d’enseignant sur le point d’achever la trente neuvième année de sa carrière, je ne me souviens pas avoir été témoin d’une journée aussi cauchemardesque que celle que je viens de vivre aujourd’hui. Il m’a été donné d’assister sous le régime de Bourguiba et de Ben Ali à de nombreuses crises, à des moments dramatiques à l’université mais je n’ai jamais vu des scènes aussi terrifiantes où une faculté, des enseignants et des étudiants sans défense ont été livrés par les autorités à l’hystérie d’un groupuscule politique. Des étudiants rcédistes ont, certes, pu parfois attaquer des institutions universitaires à l’occasion d’élections des représentants des étudiants au sein des conseils scientifiques mais ces agressions n’ont jamais été perpétrées par des milices rcédistes et les enseignants ont toujours été épargnés.

    Ce groupuscule politique qui a pris en otage aujourd’hui notre faculté était composé d’une centaine de salafistes et de membres du parti Ettahrir, arborant les drapeaux de leurs partis respectifs. Ces miliciens dont certains ont été reconnus comme des commerçants ayant pignon sur rue dans des quartiers populaires voisins de la faculté et qui rappellent par leur uniforme – habit afghan et brodequin militaire – , leur comportement violent, leurs chants, les groupuscules fascistes et extrémistes qui ont sévi dans d’autres contrées, sont venus réclamer le départ du doyen élu de la FLAHM. Bloquant l’accès à la faculté, ils ont empêché tous les étudiants d’en franchir le seuil et interdit aux voitures d’y pénétrer. Cette interdiction a suscité la rage de beaucoup d’étudiants désireux de rejoindre les salles de cours, très critiques à l’égard de l’autorité de tutelle accusée de connivence avec les partisans du niqàb, mais impuissants devant les menaces des salafistes, impressionnants par leur force physique, grossiers à souhait et dont le regard, les gestes et les propos arrogants dissuadaient de nombreux étudiants à persévérer dans leurs tentatives de forcer le blocus. Ce barrage humain érigé par les salafistes semblait plaire à quelques étudiants arabisants auxquels on a fait accroire que la détermination des enseignants à refuser les niqabées avait engendré l’impasse, les avait privés de cours et qu’il fallait les faire plier en recourant à la politique du pire.

    Vers dix heures et demie, l’obstination de la majorité habituellement silencieuse renforcée par des militants de l’UGET a fini par avoir raison du blocus. Mais seuls quelques cours ont eu lieu à cause du forfait de nombreux étudiants craignant dès le départ de se mesurer aux salafistes et préférant rentrer chez eux et en raison de la décision prise par les militants de l’UGET d’organiser une assemblée générale devant l’administration centrale pour contrecarrer la démonstration de force des salafistes.

    La joute verbale, par assemblées interposés, opposant salafistes et ugétistes se transforme en une altercation sur le toit de l’ancien poste de police lorsque des salafistes ont enlevé le drapeau tunisien et l’ont remplacé par le drapeau noir du parti Ettahrir. Cette profanation de l’emblème national, perçue comme une atteinte à l’unité de la Nation et un affront à ses valeurs et au sang versé par ses martyrs a suscité une réaction très noble et très héroïque chez une jeune étudiante qui, contrant le sectarisme du salafiste, s’est précipitée pour hisser à nouveau le drapeau national et qui, bien que sauvagement bousculée est parvenue à ses fins avec l’aide d’autres camarades.

    Ce sacrilège n’est pas sans rappeler une autre scène où l’un des sit-ineurs, en tenue de combat, brandit dans une attitude iconoclaste, après s’être hissée sur le socle élevé de la sculpture baptisée « Michket el Anouar » (la lanterne du savoir) et située au milieu du parc , ce même drapeau noir du parti Ettahrir. Cette scène qui s’est déroulée à la fin des examens semestriels, et qui est emblématique des enjeux de l’affaire du niqàb, signifie la politisation de l’université, son asservissement aux idéologies, l’intention d’en faire l’instrument d’une idéologie sectaire, d’une propagande pour un nouveau projet de société inspiré d’une lecture dogmatique de l’Islam qui exclut les autres interprétations considérées comme des hérésies.

    L’élément nouveau aujourd’hui qui réside dans la profanation de la bannière nationale confirme ce projet sectaire.

    Ces salafistes, après un échange d’accusations et d’insultes mutuelles avec les ugétistes, pourchassent ces derniers à l’extérieur de la faculté, blessant deux d’entre eux selon des témoignages concordants. De retour à la faculté, ils essaient de semer l’épouvante à l’intérieur de l’établissement. Alors que j’étais en train de discuter de la situation avec un groupe de trois collègues, l’un des salafistes qui semble avoir mis les pieds à la faculté pour la première fois, plus hystérique que les autres et suivi par une horde déchaînée, courant à une allure vertigineuse vers l’administration centrale qui abrite le bureau du doyen, toise notre groupe et nous dit : « L’un d’entre vous est-il le doyen mécréant ? » et il nous aurait agressé sans l’interposition énergique de l’un des étudiants qui a craint le pire. Une niqabée vocifère : « Où est le doyen ? Je vais le frapper d’un coup de couteau »,. Et le groupe de continuer sa course folle vers le bureau du doyen à qui je téléphone et qui m’apprend qu’il n’est plus dans son bureau.

    A peine sorti de la faculté, je suis témoin de la cavalcade d’un groupe conduit par une jeune fille et pourchassé par un groupe de barbus. Bien qu’essoufflée et en proie à une grosse panique, elle m’informe qu’elle est journaliste freelance, qu’elle travaille pour la BBC et qu’elle est poursuivie, elle son groupe, pour avoir filmé les salafistes en train de tabasser un étudiant de l’UGTT, l’objet de la poursuite étant bien entendu la confiscation de la caméra du groupe pour récupérer le film accusateur . Un citoyen remarquant le désarroi arrête sa voiture et nous avons le temps de nous y engouffrer.

    Que les salafistes sèment la terreur à la faculté, qu’ils menacent de mort le personnel, qu’ils cherchent le doyen pour l’agresser ou le poignarder, tout cela n’émeut nullement les autorités qui se murent dans un silence complice. Les requêtes du doyen auprès des autorités sollicitant l’intervention des forces de l’ordre pour mettre fin à l’attaque des salafistes et au chaos qu’elle a générée n’ont pas été prises en considération. Nous sommes devenus coutumiers de cette attitude qui n’étonne plus venant d’autorités qui nous ont aussi habitués à prendre la défense des agresseurs ou qui nient le réel en évoquant la fabulation des enseignants ou le déforment en parlant de l’amplification des faits. Vers dix sept heures, le sit-in est levé par les sit-ineurs eux-mêmes selon les informations qui me sont parvenues.

    Cette journée dramatique a entamé, il faut l’avouer, le moral des collègues les plus jeunes mais la détermination à sauver l’année universitaire et à défendre les valeurs universitaires a pris le pas sur la fatigue constatée chez le personnel enseignant un peu éprouvé par trois mois d’un combat stoïque. C’est le constat qui a pu être fait à l’occasion de l’assemblée syndicale tenue aujourd’hui qui sera suivie d’autres assemblées générales d’évaluation lors des prochains jours ».

    Salah HORCHANI


    • SNOOP 8 mars 2012 09:38

      vous étes bien gentil mais en quoi cela nous concerne t’il ?
      les tunisiens ont voté, librement...pour des islamistes, non ?
      ben, qu’ils assument !


    • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 8 mars 2012 10:19

      @ SNOOP

      Bonjour,

      Peut-être que cela ne vous concerne pas, mais, au jour d’aujourd’hui, il y a 919 lecteurs d’Agoravox qui ont cliqué sur « J’aime » et 11 qui ont cliqué sur « Tweeter » ; ce qui constitue, à ma connaissance, un record de la Rubrique !

      Si vous trouvez mieux, je vous saurais gré de me corriger.

      Salah HORCHANi


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 9 mars 2012 15:13

    « Lettre ouverte à Monsieur Moncef Ben Salem, Ministre tunisien de l’Enseignement Supérieur » :

    http://blogs.mediapart.fr/blog/salah-horchani/090212/lettre-ouverte-monsieur-moncef-ben-salem-ministre-tunisien-de-l-en-0

    Salah HORCHANI


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 9 mars 2012 15:29

    Une déclaration, qui en dit long, du Ministre tunisien de l’Enseignement Supérieur

    Une déclaration de Moncef Ben Salem [alias MBS, alias Monsieur Big Salafiste], Ministre tunisien de l’Enseignement Supérieur, passée inaperçue dans nos médias, qui explique son laxisme dans les évènements de la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba et dévoile son Projet de Réforme Sociétale pour notre Université, déclaration faite hier jeudi 8 mars 2012, en marge de la Conférence de Presse au Palais Présidentiel de Carthage, après la signature du Protocole de Coopération Scientifique et Technologique entre la Tunisie et la Turquie, et ce, humour de son auteur (ou, plutôt, de l’Histoire), le jour de la célébration de la Fête Internationale de la Femme :

    « Je ne suis ni pour ni contre le niqab en cours, je constate qu’il y a des professeurs qui enseignent dans le Golfe où toutes les filles portent le niqab et ça ne pose pas de problème », a-t-il dit, accusant « les médias et le conseil scientifique de l’université de la Manouba » d’avoir amplifié le problème.

    http://www.intellego.fr/details-actualite/education/tunisie-niqab—le-ministre-de-l-enseignement-desavoue-le-doyen-de-la-manouba/3524

    Salah HORCHANI


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 9 mars 2012 15:51

    Amel Aloui, la femme du 8 mars tunisien !

    Condamnée à la prison sous Zinochet, Amel Aloui a défié les salafistes qui voulaient enlever le drapeau tunisien, hissé au-dessus d’un bâtiment de la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba, pour mettre leur drapeau noir à sa place. Seule, elle a grimpé au-dessus du toit pour aller défendre le drapeau tunisien.

    http://www.youtube.com/watch?v=volEd9fqK8g&feature=share

    Salah HORCHANI


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 12 mars 2012 18:54

    Le syndicat des enseignants et l’Union des Étudiants appellent à une mobilisation nationale

    L’incident de l’outrage au drapeau Tunisien à la faculté de la Manouba a dangereusement bousculé les évènements et a attisé la colère des étudiants et des professeurs lesquels ont exprimé leur indignation en se regroupant devant le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche scientifique le vendredi dernier.
    Le syndicat des enseignants et l’Union des Etudiants appellent à une mobilisation nationale

    Plusieurs partis se sont prononcé sur cette affaire pour condamner cet acte. Pour leur part, le Ministère de l’Enseignement Supérieur et celui de l’Intérieur ont rendu le doyen de la faculté de la Manouba responsable des évènements qui secouent cet établissement universitaire depuis le mois d’Octobre 2011.

    En effet, M. Ali Larayadh a déclaré que le ministère de l’intérieur est innocent de toutes les accusations portées à son encontre tout en pointant du doigt le doyen de la faculté de la Manouba. Larayadh a rendu M. Habib Kazdaghli responsable de la persistance des troubles au sein de la faculté en expliquant que les unités de la sûreté ont essayé à maintes reprises d’intervenir pour mettre fin à cette mascarade et rétablir l’ordre, mais le doyen de la faculté, par manque de sérieux, a refusé toute intervention des forces de l’ordre ! 

    Jugeant les déclarations de Larayadh et de Ben Salem, une manœuvre pour éluder leur part de responsabilité dans cette affaire, le secrétaire général du syndicat des enseignants, Hessine Boujarra a indiqué que les deux ministères en question ont fait du doyen de la faculté de la Manouba un agneau de sacrifice au lieu de mettre en exécution les mesures susceptibles de remettre les salafistes à leur place et sanctionner les personnes impliquées dans les affaires d’agressions contre les étudiants et les professeurs. 

    Parallèlement au syndicat des enseignants et à la fédération de l’enseignement supérieur, l’Union des Etudiants a sévèrement critiqué le silence et l’indifférence du Ministère de l’Enseignement tout en menaçant de préparer à une mobilisation nationale dans le cas où le Ministère n’abandonnerait pas sa politique de procrastination, rapporte Essabah.

    Source :
    http://www.tuniscope.com/index.php/article/12146/actualites/bien-etre/etudiants-524511

    Salah HORCHANI


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 13 mars 2012 19:11

    Tunisie : 5 doyens pointent du doigt le ministère de l’enseignement supérieur

    « L’éventuel échec de l’actuelle année universitaire et les graves conséquences qui peuvent en découler incomberaient au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique », estiment les doyens des facultés des lettres et des sciences humaines de Tunis, de Sfax, de la Manouba, de Sousse et de Kairouan, réunis lundi à Tunis.

    Dans un communiqué issu de cette réunion, les doyens de ces facultés dénoncent « la duplicité du discours » du ministère de tutelle. Ils affirment que le département appelle, d’une part, au respect des décisions des doyens et des conseils scientifiques prises, conformément au règlement intérieur de chaque établissement et intervient, d’autre part pour demander de satisfaire les revendications des étudiants salafistes qu’ils considèrent comme « légitimes ».

    Les doyens appellent à la nécessité de veiller à la sauvegarde du caractère académique des établissements universitaires qui doivent rester des espaces d’enseignement, de recherche et d’encadrement.

    Ils condamnent, en outre, l’outrage au drapeau national, symbole de souveraineté nationale, faisant part de leur refus d’imputer la responsabilité de la situation à la Faculté des lettres, des arts et des humanités de la Manouba à son doyen.

    Source :
    http://www.espacemanager.com/macro/tunisie-5-doyens-pointent-du-doigt-le-ministere-de-l-enseignement-superieur.html

    Salah HORCHANI


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 13 mars 2012 19:22


    Une année universitaire en péril… Le Ministère de l’Enseignement en est responsable

    Les doyens (des facultés de Lettres et des Sciences Humaines de Tunis, Sfax, Sousse et Kairouan ont exprimé leur opposition à la politique mise en œuvre par le Ministère de l’Enseignement Supérieur. Soulignant que le Ministère adopte un double discours, ils ont expliqué que d’une part, le Ministère prétend respecter les démarches adoptées par les doyens quant à l’organisation interne des établissements dont ils sont en charge. D’autre part, il prône des interventions auprès des doyens afin de légaliser les revendications des groupes salafistes.

    Concernant les évènements de la Manouba, les doyens ont indiqué que « l’invasion » de la faculté par les extrémistes religieux ne peut être considérée comme un incident improvisé, sans oublier de noter que l’approche du Ministère en charge ne peut résoudre le problème. D’ailleurs, ils ont condamné les accusations de Moncef Ben Salem et d’Ali Larayadh portées à l’encontre du doyen de la faculté de la Manouba, Habib Kazdaghli, tout en mettant en évidence la tentative désespérée par laquelle les ministres en question espèrent échapper à leur part de responsabilité.

    Source :
    http://www.tuniscope.com/index.php/article/12168/actualites/bien-etre/ment-391810

    Salah HORCHANI


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 14 mars 2012 23:45

    « Nouvelles de la Faculté des Lettres de la Manouba (Tunisie)
    (Tunis, le 12 mars 2012)

    Par Habib Mellakh
    universitaire, syndicaliste
    Département de français, Faculté des Lettres de la Manouba

    « Touche pas à mon drapeau, touche pas à mon doyen ! »

    La terreur salafiste, la profanation du drapeau national et la désignation d’Habib Kazdaghli par plusieurs ministres du gouvernement provisoire comme le responsable des dernières violences salafistes à la Manouba suscitent l’indignation des universitaires. Les doyens des cinq facultés des Lettres du pays, le conseil scientifique de la Faculté des Lettres, des Arts, des humanités de La Manouba, réunis aujourd’hui dénoncent ces dérapages. La conférence mensuelle des doyens des facultés de médecine de Tunis exprime son soutien total à Habib Kazdaghli et aux enseignants de la Manouba. Le Conseil des cadres de la Fédération générale de l’Enseignement Supérieur et de la Recherchent Scientifique, réuni samedi dernier a décrété une grève générale au mois d’avril, entre autres, en signe de protestation contre les dérives salafistes. Le 8 mars dernier, 2000 étudiants du campus universitaire de la Manouba et les enseignants de La FLAHM ont choisi la journée mondiale de la femme pour manifester devant l’Assemblée Nationale Constituante pour les mêmes raisons. Tels sont les faits saillants des derniers jours et les ripostes universitaires et syndicales recensées à la fin de la semaine dernière au début de cette semaine en relation avec la crise à La Manouba.

    C’est le ministre de l’intérieur qui a ouvert mercredi dernier, lors d’une émission de la Télévision Nationale consacrée aux évènements dramatiques de la journée, le bal des accusations pour faire endosser au doyen de la FLAHM la responsabilité de la dégradation de la situation et pour en faire un bouc émissaire dans une affaire où tous les témoignages concordent pour incriminer les silence et la passivité des autorités gouvernementales : « Il n’a pas fait appel aux forces de l’ordre » a-t-il déclaré en substance au cours de l’émission et il a fait du doyen l’instigateur de l’affaire du niqàb « pour des raisons éminemment politiques ». Le démenti du doyen publié dans tous les médias ne dissuade pas les salafistes, prompts à croire la version qui les arrange, d’attaquer dans les médias et les chaînes de télévision le doyen injustement désigné à leur vindicte. Qui veut tuer son chien l’accuse, bien sûr, de la rage.
    « Haro sur le baudet ! »

    Le ministre voulait-il alerter l’opinion salafiste en désignant publiquement le coupable ? Je ne voudrais pas faire de procès d’intention mais en regardant l’émission, c’est la formule de la Fontaine dans Les Animaux malades de la peste qui m’est venue à l’esprit pour rendre compte de la situation parce qu’elle sied à merveille dans un contexte où le doyen sert de bouc émissaire. « Haro sur le baudet ! », semblait lancer le ministre à l’adresse des téléspectateurs. « Haro sur le doyen ! » semble avoir repris en chœur la meute déchaînée des contradicteurs et des traqueurs qui en veulent à la FLAHM et son doyen pour leur résistance héroïque au harcèlement continu et à nul autre pareil dans l’histoire de notre pays d’une secte dont l’objectif est de faire plier l’institution universitaire, de soumettre ses règlements à son diktat, de faire de ces derniers le reflet de leur idéologie avant de s’attaquer aux libertés académiques. La rengaine ressassée par les détracteurs jette l’anathème sur ce « grand criminel », ce grand maudit de Khazdaghli, ce grand Satan, « l’agent du Mossad », le franc-maçon, le laïc, le suprême mécréant et recourt à un vocabulaire puisé dans le champ lexical de l’hérésie et de la trahison pour en faire le grand coupable. Les salafistes interviewés dans ces médias rivalisent à qui mieux pour l’abreuver d’insultes et le vouer aux gémonies. Le gourou de la secte à la Manouba, Abou Yadh n’y va pas de main morte, déclinant les variantes de cette même rengaine le vendredi 9 mars dans l’émission d’Hannibal TV Ala Attarik à l’occasion d’un rassemblement devant la FLAHM organisé par les salafistes, la veille vers vingt heures et couvert par la chaîne satellitaire. Interrogé sur la profanation du drapeau national qui a suscité la consternation et l’indignation de tous les Tunisiens, toutes tendances confondues, il a minimisé la gravité de l’acte et on avait l’impression qu’il ne la mesurait pas, déclarant préférer l’emblème noir de l’internationale islamiste, considéré comme l’emblème du Prophète, au drapeau national, ignorant que ce dernier symbolise l’appartenance arabo-musulmane de la Tunisie par son croissant et son étoile à cinq branches figurant les cinq préceptes de l’Islam. Il a considéré que le profanateur du drapeau ne devait pas être traduit devant les tribunaux et qu’il n’accepterait de le livrer à la justice que lorsque Habib Kazdaghli, « le grand criminel », « l’agent du Mossad » - et il prétend détenir les preuves de cette accusation –sera jugé par les tribunaux. Il n’a pas caché, dans cet entretien, être à l’origine, de la rébellion des étudiants salafistes et a annoncé qu’il avait suspendu, en concertation avec les défenseurs du niqàb, le mouvement de contestation pour donner au ministère la possibilité « de tenir ses promesses ». Les masques sont tombés. Nous avons là l’aveu – si besoin était –que l’action des salafistes est d’ordre politique et qu’elle s’inscrit dans la droite ligne de la contestation salafiste des derniers mois qui a vu le mouvement s’attaquer aux symboles de la liberté et que ce sont les politiciens du mouvement qui tirent les ficelles de toute cette agitation.

    Le jeudi 8 mars, le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique entre dans la danse pour reprendre presque mot à mot les propos qu’il a tenus dans l’hebdomadaire de langue arabe AL Akhbar le 9 février dernier, incriminant les enseignants de la Manouba et leur doyen : « J’accuse clairement mes collègues (de la Faculté) de ne pas être à la hauteur pour résoudre ce problème. Le doyen n’a pas fait ce qu’il fallait faire pour résoudre le problème pacifiquement et il a des arrière-pensées politiques », a-t-il asséné en marge d’une conférence de presse au palais présidentiel de Carthage, tenue à l’occasion de la visite du président turc en Tunisie.
    « L’affaire de la Manouba est un faux problème. Nous avons 96 filles dans toute la Tunisie qui portent le niqàb dans les 193 institutions universitaires, et il n’y a de problème nulle part sauf à la Manouba », a poursuivi M. Ben Salem.
    « Je ne suis ni pour ni contre le niqàb en cours, je constate qu’il y a des professeurs qui enseignent dans le Golfe où toutes les filles portent le niqàb et ça ne pose pas de problème », a-t-il ajouté, « accusant les médias et le conseil scientifique de la Faculté de la Manouba d’avoir amplifié le problème ».

    L’aveu est de taille. Le ministre aurait voulu que les universitaires tunisiens adoptent la réglementation en vigueur au golfe, oubliant que nous sommes dans un pays souverain qui a ses lois et oubliant l’avis qu’il a sollicité auprès du tribunal administratif au sujet du port du niqàb dans les institutions universitaires et la position claire et nette dudit tribunal quant à son interdiction pendant les cours, les examens et chaque fois que l’étudiante sollicite un service auprès de l’administration. Le ministre n’a-t-il pas reconnu dans sa conférence de presse du vendredi 17 février que l’institution universitaire avait le droit d’interdire le niqàb dans les situations ci-dessus évoquées ? Pourquoi cette volte-face et ce double discours ?

    M. Rafik Abdesselem, ministre des affaires étrangères, s’est lui aussi mis de la partie dans l’émission Saraha Raha d’Hannibal TV, diffusée samedi dernier pour incriminer le doyen de la Manouba dans la même optique du lynchage médiatique.
    Au lieu de reconnaître, dans l’affaire du niqàb la responsabilité d’une minorité minuscule, qui s’est rebellée contre les lois en vigueur, au lieu de protéger les enseignants contre les actes de violence des salafistes, au lieu d’aider l’institution à appliquer les mesures disciplinaires que son conseil de discipline a prises, les autorités se rangent du côté des salafistes. Alors que c’est leur silence, leur inertie et leur proximité politique vis-à-vis des salafistes qui contribuent au pourrissement de la situation, voilà qu’ils accusent le doyen et le corps enseignant d’incompétence et de manipulation politique. Dans l’émission d’Hannibal TV diffusée ce soir après les informations, M. Ben Salem se plaint d’endurer une dure épreuve depuis son arrivée au ministère à cause de l’affaire du niqàb. Mais il ne doit pas la faire assumer à notre doyen. Parodiant la célèbre chanson de Gavroche dans Les Misérables, je dirai :

    « Si le ministre a bu le calice jusqu’à la lie,
    Ce n’est pas la faute à Kazdaghli.
    Si les salafistes font appel aux miliciens,
    Ce n’est pas la faute au doyen.
    Si le ministre n’est pas convaincant,
    Ce n’est pas la faute aux enseignants ».
    « Touche pas à mon drapeau, touche pas à mon doyen ! »

    Ce statut de bouc émissaire réservé au doyen, la terreur salafiste et la profanation du drapeau national ont suscité la consternation et l’indignation des universitaires. Les doyens des cinq facultés des lettres et sciences humaines du pays, le conseil scientifique de la FLAHM, réunis aujourd’hui pour examiner la situation à la suite des derniers développements ont tiré la sonnette d’alarme, mettant en garde contre la menace de l’année blanche.

    Le communiqué publié à la fin de la réunion par les cinq doyens condamne vigoureusement « l’atteinte portée à notre drapeau national parce qu’il constitue l’un des symboles de la souveraineté nationale et de l’identité nationale que l’université a contribué à forger en collaboration avec les autre catégories sociales et grâce aux sacrifices qu’elles ont consentis ».

    Les doyens se sont déclarés « fiers de l’attitude de l’étudiante Khaoula Rchidi » propulsée à la stature d’une héroïne nationale parce qu’elle a hissé la bannière nationale arrachée par un salafiste au risque de sa vie et qui a été décorée dans la matinée des insignes de l’Ordre de la République par le Président de la République en compagnie de sa camarade Amel Aloui qui est venue à son secours lorsqu’elle avait été sauvagement agressée par les salafistes.

    Le communiqué contredit les allégations ministérielles selon lesquelles tout est bien dans la meilleure des universités possibles sauf à la FLAHM. Les doyens ont tenu à exprimer leur inquiétude au sujet de la recrudescence de la tension dans leurs établissements à la suite des problèmes liés au niqàb et leur peur d’un « surcroît de tension ». Rétablissant la vérité, ils ont réfuté les allégations selon lesquelles la FLAHM est la seule institution à souffrir du problème quasi insurmontable des salafistes : « La tension liée aux conditions de déroulement des enseignements, de l’encadrement et de la vie académique en général » née du problème salafiste « n’est pas un problème spécifique à la FLAHM ».lit-on dans le communiqué qui relève le fait que « la presque totalité des facultés des lettres et sciences humaines du pays a connu et continue à connaître des troubles dans leur fonctionnement normal en raison du comportement des extrémistes religieux ».

    En conséquence, les responsables des cinq facultés « refusent de faire porter au doyen dans son institution (en l’occurrence Kazdaghli à la Manouba) la responsabilité du pourrissement de la situation » et considèrent cette attitude comme une dérobade et « un refus par le pouvoir d’assumer ses responsabilités nationales et comme une volonté flagrante de la part de certaines parties gouvernementales d’impliquer l’université dans les conflits politiques ».
    Vraisemblablement ulcérés par la duplicité du ministère, « ils rejettent son double discours qui prétend d’une part respecter les mesures internes prises par les doyens et les conseils scientifiques et d’autre part s’ingère dans leurs affaires dans le but de les exhorter à satisfaire les revendications des groupes salafistes et à les considérer comme légitimes ».

    A la fin de leur communiqué, les doyens « réitèrent leur détermination à assurer le bon fonctionnement de leurs institutions et font assumer à l’autorité de tutelle la responsabilité de l’échec possible de l’année universitaire actuelle et ses conséquences désastreuses sur nos étudiants, leurs familles et la communauté nationale en général ».
    Les doyens des quatre facultés de médecine de Tunisie, réunis en conférence mensuelle, ont tenu à signifier dans une lettre envoyée au doyen de la FLAHM leur dénonciation des actes de violence commis par les salafistes « qui menacent l’indépendance et la sécurité de tous les établissements d’enseignement supérieur » et l’expression de leur « soutien total » et leur « inamovible appui dans cette lutte contre ces agissement hautement condamnables ».

    Réfutation des déclarations gouvernementales par le conseil scientifique de la FLAHM

    Le conseil scientifique de la FLAHM a examiné la dégradation de la situation à la faculté au cours de la semaine dernière caractérisée particulièrement par les évènements dramatiques du 7 mars dernier, le rassemblement des salafistes des quartiers voisins devant la FLAHM au cours de la soirée du 8 mars, les déclarations des ministres de l’intérieur et de l’enseignement supérieur, la présence permanente au sein de l’institution des étudiants renvoyés et leurs continuelles perturbations des cours. Il a tenu à dénoncer la profanation du drapeau national, à condamner les déclarations des deux membres du gouvernement susmentionnés faisant du doyen le bouc émissaire à sacrifier sur l’autel de la vindicte salafiste, à réfuter les déclarations du ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique à l’hebdomadaire Assabah al Ousboui au sujet du conseil de discipline.

    Au sujet du drapeau national, le conseil rappelle que contrairement aux allégations du ministre de l’intérieur, cet emblème avait un support fixé au mur extérieur de la faculté, comme le montrent d’ailleurs les images vidéos publiées dans les médias, et n’était pas hissé à l’intérieur de l’établissement, « que le doyen a demandé à deux reprises l’intervention des forces de l’ordre pour éviter le retrait du drapeau sans compter que la défense du drapeau national et l’interdiction de sa profanation est un devoir national et qu’on n’a pas besoin d’être sollicité pour le faire », comme l’a si bien compris l’héroïque Khaoula Rchidi « qui a essayé d’empêcher le salafiste de faire descendre le drapeau, de son propre chef, sans avoir reçu d’instructions de quiconque et qui était mue par un sentiment patriotique ».

    Le conseil considère les déclarations des deux membres du gouvernement « rendant le doyen et l’administration de la faculté responsables de la détérioration de la situation comme une mystification de l’opinion publique et une incitation des contrevenants à la loi à récidiver ».

    Au sujet du conseil de discipline, le conseil « s’étonne des déclarations du ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique à l’hebdomadaire Assabah al Ousboui, daté du 12 mars où il a considéré la tenue du conseil de discipline comme une escalade et où il a nié avoir eu connaissance de sa date et de ses décisions ». Il les réfute en rappelant que « le directeur général de l’enseignement supérieur en a été informé au cours de la visite qu’il a rendue à la faculté avant la tenue du conseil de discipline, qu’il a été prié d’intervenir auprès du ministère de l’intérieur pour protéger la faculté », que « le conseil de discipline a pris ses décisions en vertu de ses prérogatives et mû par le devoir de protéger l’institution contre ceux qui font fi de sa réglementation intérieure » et « que son verdict a été ratifié par une décision administrative émanant du président de l’université ».

    Répondant aux accusations et insinuations selon lesquelles le doyen est l’esclave d’un agenda politique et qu’il jouit d’un pouvoir absolu mis au service de sa finalisation, le conseil scientifique « insiste auprès de l’opinion publique sur le fait qu’il est une instance élue librement, directement et en toute transparence et que le doyen est élu par ses collègues, que cette instance veille au bon fonctionnement de l’administration et à l’application des mesures pédagogiques et que ses décisions sont prises collégialement et non par le doyen ».

    Le communiqué s’achève sur un appel au ministère de tutelle pour « assumer ses responsabilités historiques dans la protection de l’institution et pour garantir son autonomie et sa neutralité et ce, en publiant un texte obligeant les étudiants au respect de son règlement intérieur et empêchant les intrus et les sit-ineurs qui s’évertuent à pourrir la situation et à perpétuer l’anarchie d’y accéder bien que certains d’entre eux aient été traduits devant le conseils de discipline et renvoyés de l’établissement ».

    Ripostes syndicales et universitaires

    Il ne faut pas terminer sans évoquer les ripostes syndicales et les actions menées par les associations universitaires, par les syndicalistes ou programmées par eux. Le Conseil des cadres de la Fédération générale de l’Enseignement Supérieur et de la Recherchent Scientifique, réuni samedi dernier a décrété une grève générale au mois d’avril, entre autres, en signe de protestation contre les dérives salafistes. Le 8 mars dernier, 2000 étudiants du campus universitaire de la Manouba et les enseignants de La FLAHM ont choisi la journée mondiale de la femme pour manifester devant l’Assemblée Nationale Constituante pour les mêmes raisons.

    Enfin, répondant à l’appel du Forum universitaire tunisien, association de réflexion sur les problèmes de l’université et de défense des valeurs universitaires, une cinquantaine d’enseignants issus d’établissements différents sont venus vendredi 9 mars à la FLAHM avec un drapeau tunisien à la main, exprimer leur indignation à cause de la profanation de l’emblème national, « leur refus du règne de la terreur et de la violence » et « leur attachement aux valeurs académiques ».".

    Salah HORCHANI


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 1er avril 2012 22:44

    « URGENT : Appel à Informer nos Constituants, pour préserver notre Université de toute dérive et sauver la FLAHM » :

    http://www.tiwinoo.com/urgent-appel-%C3%A0-informer-nos-constituants-pour-pr%C3%A9server-notre-universit%C3%A9-de-toute-d%C3%A9rive-et-sauver-l

    Salah HORCHANI


  • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 1er avril 2012 22:48

    « Salah Horchani : Chapeau bas et Merci, Monsieur le Constituant Samir Taieb ! » :

    http://www.tiwinoo.com/salah-horchani-chapeau-bas-et-merci-monsieur-le-constituant-samir-taieb.html

    Salah HORCHANI


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