lundi 28 mars 2011 - par Mohamed BOUHOUCH

La Syrie : pays des coups d’Etat

La Syrie est l’une des plus vieilles civilisations du monde. Certains sites archéologiques découverts dans ce pays remontent à presque 2500 ans avant notre ère. Comme toute la région du Proche Orient la Syrie a connu, depuis l’antiquité, de multiples invasions et fut occupée notamment par les Phéniciens, les Hébreux, les Assyriens, les Babyloniens, les Perses, les Grecs, les Romains, les Byzantins, les Croisés, les Arabes, les Turc ottomans et enfin les Français en1920, un mandat qui a duré jusqu’en 1946. 

 De 1943 à 1970 on a vu se succéder à la tête de ce pays plus de 20 présidents dont une dizaine de militaires, soit en moyenne un chef d’Etat tous les 16 mois ce qui constitue à coup sûr un record d’instabilité politique. La plupart de ces changements ont été effectués à la suite d’un coup d’Etat. La seule année 1949 a connu trois présidents et quatre gouvernements. Dans un article publié dans l’Encyclopédie UNIVERCALIS ses auteurs notent que « Des officiers supérieurs éduqués à l’occidentale précipitent l’avènement d’une série de coups d’Etat. La conscience aigue de leur appartenance à l’arabisme, le traumatisme subi à la suite de la guerre en Palestine et la rancœur des vaincus de 1948 ébranlent le régime »

http://www.universalis.fr/encyclopedie/syrie/6-le-regime-des-colonels/

 Cette période a été en effet marquée par la guerre israélo-arabe de 1948, la crise de Suez en 1956, l’union avec l’Egypte (République Arabe Unie) le 1er février 1958, la guerre du 6 octobre 1967, en plus d’une grande activité géopolitique menée par les USA et la grande Bretagne pour d’une part contrecarrer l’action soviétique dans la région et d’autre part trouver un terrain d’entente entre Israël et les pays arabes pour la conclusion d’un accort de paix. Il a fallu attendre l’année 1971 et l’arrivée au pouvoir de Hafez al Asad pour que la Syrie connaisse enfin une stabilité de régime. Mais à quel prix ?

 Peu à peu le pays se tourne vers l’Est. Les officiers de l’armée sont désormais formés en URSS qui fournit à la Syrie la presque totalité du matériel militaire. Un grand nombre de formations politiques qui s’activaient dans le pays sont interdites. Seuls les partis favorables au régimes sont autorisés. Il reste cependant que le BAAS ARABE SOCIALISTE est le parti du pouvoir qui domine toute la vie politique de la Syrie, un appareil efficace entre les mains du président pour encadrer les masses populaires, constituer son organe de propagande, d’endoctrinement et bien entendu de contrôle de tous les services de l’Etat. Bachar Al Asad qui a succédé à son père en 2000, détient l’un des services de renseignent et de sécurité parmi les plus sophistiqués et les plus performants du monde, créé par son père. Ni les services américains ou israéliens n’arrivent à en pénétrer les rouages, ce qui explique la durabilité du régime et l’absence de toute force d’opposition véritable. Signalons à ce sujet que l’état d’urgence décrété en 1963 reste toujours en vigueur.

 La vague des soulèvements populaires qui secoue actuellement le monde arabe va-t-elle enfin inciter le peuple syrien à sortir dans la rue, à biser le silence, à braver la dictature de ce régime oppresseur. L’opposition aujourd’hui bâillonnée sera-t-elle en mesure de remplir convenablement son rôle et de servir de guide et de porte drapeau à ce peuple opprimé ? Le monde entier le souhaite. Depuis quelques jours les manifestations contre le régime de Bachar Al Asad ont commencé dans plusieurs villes syriennes, pourvu qu’elles continuent et persistent. La tache ne sera pas aisée. En effet, à l’instar de l’Algérie et de la Libye, la Syrie est une dictature bien assise, appuyée sur une armée moderne et bien structurée avec des officiers aguerris et un matériel très important. De plus le parti BAAS constitue à son tour une véritable milice et une police parallèle au service du pouvoir.



7 réactions


  • Marc DELON 28 mars 2011 10:20

    Oui, le peuple Syrien à droit à la liberté.
    Nous ne pouvons que soutenir cette volonté.
    Soulignons le rôle de l’Iran des mollahs en Syrie comme au Liban.
    C’est peut être, sans doute la, qu’il faut porter le fer.


  • Petitou Petitou 28 mars 2011 15:38

    A monsieur Lecomte.
    Je suis entièrement d’accord avec vous lorsque vous exhortez les Syriens à sortir dans la rue afin de se libérer de l’oppression. Mais entre nous, Bachar al Asad mettrait juste un terme à cette police politique, donnerait la liberté à son peuple de s’exprimer et de se réunir que cela me semblerait tout à fait suffisant. Sans oublier la libération de tous les prisonniers politiques qui croupissent dans de geôles minables et la fin de cette corruption qui gangrène l’activité économique.
    Il ne me semble en aucun cas souhaitable que le régime tombe car ainsi que vous l’avez dit le pays a enfin trouvé une stabilité qu’il n’avait pas connu depuis des siècles. Un pays aussi riche et multiconfessionnel tomberait dans l’anarchie et la guerre civile en moins de deux, chacun voulant sa part du gâteau et régler ses comptes avec ses voisins.
    Ce qui tue la Syrie c’est que les gens ne peuvent parler ni dans la rue ni même chez eux. Si Bachar comprend que cela a trop duré alors il gagnera la partie en évitant que son pays sombre dans le chaos. Voilà ce en quoi je rejoins votre devise : pour la liberté et la tolérance. Mais pas pour une démocratie qui n’est qu’illusoire dans touts les pays qui se parent de cette vertu et j’attends qu’on vienne me démontrer le contraire.


  • charly34 28 mars 2011 16:46

    Voici comment un dictateur tombe :

    1erement, il massacre son peuple et accuse ensuite des étrangers et de bandes armées de semer le chaos .

    2ement, il annonce finalement que le régime a compris le peuple et que les morts sont des martyres et forme ensuite des commissions d’enquêtes et punit les responsables de ces massacres.

    3ement, il annonce un train de reformes qui arrivent trop retard.

    4ement, cela ne marche pas, et le régime revient à la répression,

    5ement, plus il y a des morts, plus les revendications du peuple s’affirment,

    6ement : la chute inévitable du régime.


    • Génépy 29 mars 2011 10:49

      Je crois qu’il faut aussi 200 grammes de farine et des zests de citron.

      Soyez serieux Charly, il y a 1000 et unes manières de faire tomber un régime, et pas seulement dictatorial.


  • lauren91d 28 mars 2011 19:19

    Heureusement que tous les journaux ne pratiquent pas la désinformation !!!!!

     

    Résumé de l’article du « quotidien » :  http://www.lequotidien.lu/international/21642.html

    - les forces de l’ordre syriennes sont dépassée

    - les comités de quartiers sont multi-confessionnels et s’unissent pour se défendre

    - "Abdel Karim Rihaoui, président de la Ligue syrienne de défense des droits de l’Homme, a affirmé à l’AFP que "selon les informations en (sa) possession, la plupart des hommes armés ont été arrêtés par la population qui les a remis aux forces de sécurité. Ce sont des ressortissants arabes de différentes nationalités qui possédaient des armes et de grosses sommes d’argent.

     

    Syrie : Lattaquié ville fantôme, derniers jours de l’état d’urgence  28/03/2011 15:31:00

    http://www.lequotidien.lu/international/21642.html
    Les magasins et les écoles de cette ville de 450.000 habitants, située à 40 km du village natal du chef de l’Etat, étaient fermés lundi, après trois jours de violence, (Photo AP)

    Lattaquié, principal port de la Syrie, ressemblait lundi à une ville fantôme après la violence du week-end, alors que sous la pression d’une contestation sans précédent, Bachar al-Assad s’apprêtait à mettre fin à l’état d’urgence en vigueur depuis près de cinq décennies.

     Les magasins et les écoles de cette ville de 450.000 habitants, située à 40 km du village natal du chef de l’Etat, étaient fermés lundi, après trois jours de violence. "La ville est calme ce matin, mais les rideaux des magasins sont toujours tirés et les fonctionnaires ne se sont pas rendus à leur travail.

     La majorité des écoles sont fermées", a affirmé un habitant, Issam Khoury, joint par téléphone. Ce journaliste et directeur du Centre de développement écologique et social a assuré que "les forces de l’ordre n’étaient pas prêtes et ont été surprises par l’intensité de la violence".

    Des renforts de l’armée sont arrivés la nuit de samedi à dimanche pour rétablir l’ordre et la journaliste de l’AFP avait constaté dimanche une importante présence sécuritaire sur les grands axes. La nuit tombée, dans les quartiers de cette ville où coexistent des sunnites, des alaouites et des chrétiens, des comités de quartiers se sont constitués pour se protéger contre l’intrusion de personnes étrangères, a indiqué M. Khoury. La journaliste de l’AFP a vu, dans des ruelles, des jeunes qui avaient placé des pneus, des blocs de béton et des plaques de bois pour ériger manifestement des barricades de protection.

    Ces trois derniers jours, 13 militaires et civils ont été tués ainsi que deux insurgés, et il y a eu plus de 185 blessés, selon un bilan officiel et hospitalier. Durant le week-end, des jeunes armés de bâtons et de couteaux avaient attaqué des magasins et des habitants alors que des francs-tireurs postés sur les toits d’immeubles ont pris pour cible des passants. M. Khoury a indiqué qu’il était « trop tôt car une enquête est en cours » pour déterminer qui étaient ces hommes. Selon les autorités, il s’agit de « fondamentalistes » qui cherchent à semer la division confessionnelle dans la ville. Abdel Karim Rihaoui, président de la Ligue syrienne de défense des droits de l’Homme, a affirmé à l’AFP que "selon les informations en (sa) possession, la plupart des hommes armés ont été arrêtés par la population qui les a remis aux forces de sécurité. Ce sont des ressortissants arabes de différentes nationalités qui possédaient des armes et de grosses sommes d’argent".

     

     Par ailleurs, pour la première fois depuis l’arrivée au pouvoir du parti Baas, le Parlement syrien a observé dimanche soir une minute de silence "en témoignage de respect aux martyrs tombés, et aux protestations et revendications populaires". Selon des organisations des droits de l’Homme, environ 130 personnes ont été tuées ces deux dernières semaines notamment à Deraa, dans le sud du pays, épicentre de la révolte contre le régime. Dans ce régime de parti unique, les députés ont aussi prié le président Assad de venir expliquer les mesures de démocratisation promises, a indiqué lundi à l’AFP le député Mohammad Habache. Il devrait annoncer notamment la fin de l’état d’urgence imposé en 1963 lors de la prise du pouvoir du partis Baas, l’instauration du pluralisme politique et une plus grande liberté de la presse. Toutes ces mesures devraient atténuer le caractère autoritaire du régime sans toutefois mettre fin immédiatement aux pratiques répressives des services de sécurité. Des dizaines de contestataires ont été arrêtés lors des manifestations de vendredi en Syrie, a affirmé dimanche l’Observatoire syrien des droits de l’Homme, basé à Londres, publiant une liste de 41 noms.

     

    http://www.lequotidien.lu/international/21642.html

    - forces de l’ordre dépassées, comités multi-confessionnels unis pour se défendre

    - Rihaoui, Ligue syrienne droits de l’Homme, à l’AFP "la plupart des hommes armés arrêtés par la population et remis aux forces de sécurité. Ce sont des ressortissants arabes de différentes nationalités avec des armes et de grosses sommes d’argent."

     


  • ELCHETORIX 28 mars 2011 19:51

    bonjour
    ne nous y trompons pas , la SYRIE ne tombera pas dans le « giron » impérialiste sioniste de l’EMPIRE US et ses vassaux , ni plus tard l’IRAN !
    Ces pays sont souverains et libres de ne pas être assujettis au NOM et son bras armé israèl , quant à améliorer leur système économique et social c’est au peuple et représentants de ces pays à résoudre la question !
    RA .


  • caius 29 mars 2011 10:24

    La Syrie est un cas très particulier au sein des pays dits arabes car alors que la population y est majoritairement sunnite, ce sont les membres de la secte chiite des Alaouites qui, malgré le discours officiel laïc du régime, monopolisent les postes de direction dans l’administration et l’armée.


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