vendredi 14 mai 2021 - par Laurent Herblay

Les cent jours de Biden (1/2) : tout ce qu’il doit à Trump

Avant même d’être élu, il était attendu comme le Messie. Son élection extrêmement serrée a été présentée comme un triomphe, en oubliant de mentionner que seulement quelques dizaines de milliers de voix avaient fait la différence. Au passage de ses 100 jours, les média français restent tout miel pour Joe Biden, en oubliant souvent qu’une part de sa réussite vient de son prédécesseur.

 

Quand Trump assure le succès de Biden

Certains journalistes sont incroyables. Attribuer ne serait-ce qu’une partie de la réussite de la stratégie vaccinale étatsunienne au nouveau président est franchement abusif. Le niveau de vaccination aux 100 jours de Joe Biden est quasiment exclusivement le produit de l’action de l’administration Trump, comme nous le savons bien en Europe. Ce n’est pas l’action du nouveau président à partir du 20 janvier qui a permis la vaccination, mais bien celle de son prédécesseur. Les commandes passées par l’UE deux mois avant son investiture n’ont permis de vacciner qu’un peu plus de 20% de la population à date, contre plus de 40% aux États-Unis et plus de 50% en Grande-Bretagne… Il fallait s’y prendre dès le printemps 2020 pour permettre un approvisionnement de masse par les laboratoires pharmaceutiques dès le début de l’année. Ici, Biden surfe sur le succès des choix de Donald Trump.

De même, la santé actuelle de l’économie étatsunienne doit beaucoup à l’ancien président. Alors que l’UE peine toujours à finaliser un plan chétif et tardif, Trump avait dégainé deux plans massifs, de 2200 milliards de dollars en mars 2020, puis de 900 milliards en décembre 2020, amortissant grandement la crise économique par rapport à une UE paralysée par son organisation et ses traités ubuesques, ce qui a permis la croissance de plus de 6% au premier trimestre. L’argent du plan Biden n’est arrivé qu’à partir de mi-mars. Résultat, le taux de chômage est déjà tombé à 6%, et, dès la fin de l’année, l’économie étatsunienne aura totalement effacé l’impact de la crise. Par comparaison, l’UE se dirige vers une reprise molle en 2021, du fait du fiasco vaccinal et de plans de relance bien modestes.

 Mieux, pour qui prend un peu de recul, il est frappant de constater à quel point le premier plan Biden est un prolongement des plans Trump, reprenant plusieurs de ses mesures phares : chèque d’argent envoyé aux ménages et allocation chômage majorée. Il est aussi renversant de faire la comparaison avec le plan d’Obama en 2009, dont Biden était le Vice-Président, qui avait largement oublié les classes populaires, pour concentrer la distribution d’argent aux entreprises… On peut reconnaître que Biden a eu le mérite de poursuivre la politique de Trump, plutôt que de vouloir faire table rase du passé récent. Les Etats-Unis ont ainsi expérimenté une forme de distribution d’argent façon hélicoptère, et il est frappant de constater qu’ils augmentent les allocations chômage quand Macron les baisse.

 Paradoxalement, l’influence de Trump est sans doute également forte en matière sociale et fiscale. Bien sûr, ici, les nouveaux plans annoncés par Biden, et les hausses d’impôts prévues pour les financer, sont à l’opposé de la politique fiscale menée par son prédécesseur. Mais parce qu’il s’agit aussi d’une rupture avec les politiques menées par les démocrates depuis des décennies, on peut y voir une forme de réaction au succès de Trump dans les classes populaires, qui impose aux démocrates de repenser leur logiciel économique s’ils ne souhaitent pas être battus en 2024. Ainsi Biden pourrait replacer le débat politique dans un cadre classique, où les démocrates prennent aux plus riches pour redistribuer aux autres, mettant ainsi Trump potentiellement dans la position du défenseur de l’oligarchie.

 Point trop ignoré, Biden est, à date un des présidents les moins populaires à ce stade, malgré le rebond de la croissance et la réussite vaccinale. Il est possible que les étatsuniens soient plus lucides sur ce qui est dû à l’administration précédente. Gageons que cela n’est pas neutre dans ses derniers plans économiques, qui semblent marquer une remise en cause de la pensée dominante.

 

A suivre : les nouveaux plans Biden sont-ils une révolution ?



12 réactions


  • pipiou2 14 mai 2021 16:37

    Herblay le Trumpiste triomphant smiley


  • Clark Kent Séraphin Lampion 14 mai 2021 17:34

    Forcément que c’est la même chose puisque c’est (presque) les mêmes qui tirent les ficelles.

    Les nuances jouent sur le politiquement correct, la discrimination positive, les questions sociétales (LGBT avortement et racisme), mais la politique étrangère et le statuquo social restent inébranlables dans ces deux camps de l’establishment que sont les Républicains et les Démocrates qui occupent le devant de la scène pendant que les vrais décideurs font leur business.

    Avec Reagan, ils avaient même embauché un comédien professionnel.


  • Eric F Eric F 14 mai 2021 18:27

    Effectivement, la campagne vaccinale « agressive » aux USA a été impulsée par Trump, qui avait poussé les feux pour que les labos sortent leur vaccin, et pour le faire valider puis déployer dès la fin 2020. Son successeur sur ce point a été dans une parfaite continuité.

    Concernant l’aspect social, c’est du second degré, puisqu’il prend le contrepied de son prédécesseur pour la fiscalité sur les profits et très hauts revenus.


    • Eric F Eric F 14 mai 2021 19:29

      @Philippe Huysmans, Complotologue
      Je ne vends rien, et on ne m’a pas même donné un verre d’eau après la vaccination. Mais j’ai quand même la frite smiley


    • Eric F Eric F 15 mai 2021 09:42

      @Philippe Huysmans, Complotologue
      Je suis le mieux placé pour connaître la fausseté de ce que tu écris me concernant, donc soit tu crois en ce que tu écris et tu es parano, soit -ce qui est le plus probable- il s’agit d’artifice polémique.


    • julius 1ER 16 mai 2021 09:11

      @Eric F
      tu oublies un truc et Herblay avec ...(oublie j en doute ) c’est que Trump a lancé le pays dans la course aux vaccins ...soit d’autres l’ont fait. mais après par pur opportunisme il a oublié de plaider pour les vaccins auprès de ses supporters si bien qu’à la fin ... les Trumpistes sont ceux qui se vaccinent le moins !!!
      si çà ce n’est pas le comble de la Démagogie ??? qu’est-ce que c’est ???


    • Eric F Eric F 16 mai 2021 10:26

      @julius 1ER
      « les Trumpistes sont ceux qui se vaccinent le moins »
      Trump a longtemps défendu des positions covidosceptiques, mais il a quand même chopé le virus et été soigné aux anticorps monoclonnaux. Il a misé sur le vaccin non par sanitarisme mais pour faire repartir plus vite l’économie.
      Parmi ses supporters, il y a des courant complotistes genre Qanon, generalement vaccinophobes, envers lesquels Trump a eu une attitude ambivalente car ce sont les durs à cuire qui ont soutenu ses contestations des résultats du vote.


  • Florian LeBaroudeur Florian LeBaroudeur 14 mai 2021 19:16

    Il faut arrêter de faire des louanges sur les plans de relance massif.

    Si la croissance bidonné du PIB a rebondi, c’est uniquement le fait de l’injonction de la masse monétaire et non d’une véritable reprise de l’économie réelle.

    On veut faire mieux qu’en 2008 ou les plans de relance ont certes éviter le pire, mais n’ont fait que repousser la résolution du problème, à savoir celle d’une économie financiarisé et déconnecté aux calendes grecques.

    Mais nous ne sommes plus en 2008 et l’accumulation des faux-remèdes risquent de s’avérer pire que le mal.


  • barbarossa 14 mai 2021 20:45

    Trump a été défini par un politologue « sanglier » par ses méthodes peu orthodoxes. Il a été honni et vilipendé par toute la presse qui le détestait. Personnellement je ne partirai pas en vacances avec lui. Mais il faut tout de même reconnaître qu’il a eu le courage de ses opinions, a tenu en grande partie (là où il n’a pas été contré par une opposition politicarde  mais c’est le plus grand défaut du système électoral américain qui produit des cohabitations à longueur de mandats et qui privilégient la bataille systématique à l’intérêt du peuple). de ses engagements avec des grandes réussites. Aux dernières nouvelles il est en train de phagocyter le parti républicain (il a traité publiquement le chef républicain des sénateurs « fils de pute » et, pas plus tard qu’hier il a fait exclure du parti une importante élue qui le critiquait) à ce stade, un retour aux commandes n’est pas à exclure.

    L’augmentation des impôts sur les bénéfices envisagée par Biden est une balle dans le pied, les grands sponsors étant en train de verser leurs contributions dans les caisses de Trump (on parle déjà de plus de 100 millions, largement supérieurs à ce que les démocrates peuvent aligner). 

    Alors, prêts pour Trump II, le retour ?

    Trump s’était aussi retiré de ce marché des dupes que sont les accords de Paris (ce qui en définitive nous arrangeait bien malgré les invectives de circonstance de nos dirigeants). 

    Biden les réintègre (au moins à paroles) mais c’est loin d’être gagné. 


    • Réflexions du Miroir Réflexions du Miroir 15 mai 2021 16:23

      @barbarossa,
       Revenu après lecture du 2ème folio de l’article. Vous avez raison.
       Trump n’a jamais eu d’amis. Il ne sait pas ce que ce que peut être l’amitié. Il a toujours décidé seul et n’acceptait pas la controverse. Pas étonnant qu’il y ait eu une foule de seconds couteaux qui ont quitté le bateau même républicain.
        Au prochain goal... Le match Israël  Palestine...
        Quels sont les pronostics ?


  • Réflexions du Miroir Réflexions du Miroir 15 mai 2021 15:35

    @L’auteur,

      Tout le monde l’a compris, vous êtes pro-Trump.

      Dans ce but, vous omettez les points positifs de la nouvelle administration Biden comme le rapprochement des Etats Unis du style « Make the World great again » ; avec le reste du monde qui avait été cassé par Trump.

      Je pointe un œil sur le billet suivant.. 


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