jeudi 29 août 2019 - par Dr. salem alketbi

Les guerres du 21e siècle

Bien que je sois convaincu que les expériences de l’histoire ne fournissent pas nécessairement une explication de tous les événements qui se déroulent dans le monde, ce qui se joue actuellement entre les États-Unis et la Chine révèle bien un scénario semblable à celui des conflits entre les grandes puissances à travers l’histoire.

Les guerres commerciales ne sont ni nouvelles ni fugaces dans l’histoire des relations internationales, bien que leurs effets, leurs scénarios et leurs limites d’application soient variables. La guerre commerciale qui fait rage entre Washington et Beijing est désormais un symptôme de la lutte entre les deux puissances pour l’hégémonie et l’influence sur le prochain ordre mondial.

Il est indéniable que les États-Unis sont la seule superpuissance à être à l’avant-garde de l’ordre mondial existant. A lui seul, sa puissance militaire en fera une force dominante pour les décennies à venir, on peut dire. Mais cela est remis en question si l’on tient compte des ressources globales des grandes puissances, surtout la puissance économique.

Il est vrai que la puissance économique seule ne crée pas un pôle mondial dominant. Mais elle est en mesure d’apporter un soutien considérable à toute grande puissance qui aspire à rivaliser avec les autres. La force militaire ne suffit pas à elle seule à garantir que les pôles garderont leur place. La Russie, successeur de l’ex-Union soviétique, n’a pas été en mesure de rivaliser avec les États-Unis depuis la fin de la guerre froide pour l’influence. Mais la Russie est revenue quand elle a pu reprendre des forces, et son économie s’est beaucoup redressée. Ce faisant, elle a obtenu les ressources nécessaires au conflit mondial, soit en finançant des programmes de développement militaire et d’armement, soit en étant capable de résister aux réactions et aux politiques des États concurrents, comme dans le cas des sanctions que lui ont imposées les Etats-Unis et l’Union européenne au sujet de l’Ukraine.

La Chine est aujourd’hui un pôle en plein essor. Elle espère être en tête de la scène mondiale en compagnie d’une ou de plusieurs puissances, et peut-être même un jour, seule. Personne ne peut nier cette ambition stratégique légitime. Or, il y en a qui essaient de la bloquer dès le départ, ou du moins de ralentir sa montée.

Depuis au moins cinq décennies, la littérature politique et la futurologie sur les sources de la puissance américaine ont fait leur apparition aux États-Unis. Des questions ont surgi sur la chronologie de la baisse et de la chute possibles de l’hégémonie américaine dans le monde. La plupart de ces études découlent de lectures d’expériences passées et du cycle de vie des grands empires historiques. Ils tentaient de tirer les leçons des causes de leur effondrement pour donner à l’Empire américain la capacité de continuer et d’aller à contre-courant de l’histoire.

L’une de ces leçons consiste à maintenir les éléments d’une puissance globale au plus haut niveau de rayonnement et un état de préparation optimal en développant constamment les capacités militaires et en assurant la supériorité sur tous les concurrents actuels et potentiels. Cela passe par la constante «  création  » de l’ennemi, qui mobilise constamment l’état de préparation américaine.

Dans le passé, ces études ont porté sur les civilisations de l’Est en général, y compris la civilisation islamique, et en ont fait l’ennemi menaçant. Mais il s’avère que c’est justement la Chine qui connaît la croissance la plus rapide et la plus grande menace pour les Etats-Unis. Ainsi, la stratégie Asia First a vu le jour à la fin de l’ère de l’ancien président Barack Obama. On a réévalué l’intérêt stratégique américain, surtout après l’augmentation de la production du pétrole de schiste et le déclin de l’importance du Moyen-Orient en tant que fournisseur majeur d’énergie pour les marchés américains.

Aujourd’hui, le rythme de la concurrence entre les États-Unis et la Chine s’est accéléré depuis de nombreuses années. La Chine a fait preuve d’une fermeté et d’une détermination sans précédent dans sa réaction à toute action américaine contre elle. Depuis l’arrivée au pouvoir du président Trump, le conflit a fait rage comme jamais auparavant, et enfin en ciblant le géant chinois des télécommunications Huawei dans une guerre considérée par les experts et les spécialistes comme une bataille pour tracer l’avenir.

On ne s’attendait pas à ce que la Chine prenne le contrôle de l’économie mondiale avant le milieu du siècle. Mais les dernières années laissent supposer que sa montée est en train de se faire bien avant. En fait, pour éviter les effets des sanctions, la Chine est poussée à chercher des solutions technologiques.

De fait, les sanctions alimentent la concurrence mondiale en matière de technologie et d’information. La concurrence donne naissance à de nouveaux concepts stratégiques tels que l’équilibre de la terreur technologique.

Le pouvoir est maintenant pour les meilleurs de l’informatique et de la technologie moderne. La guerre des techs comprend aujourd’hui la capacité de limiter le potentiel militaire conventionnel et non conventionnel des adversaires, voire de les paralyser par des attaques électroniques précises depuis des systèmes de lancement, de guidage et de contrôle.



5 réactions


  • Captain Marlo Fifi Brind_acier 29 août 2019 18:58

    Il est indéniable que les États-Unis sont la seule superpuissance à être à l’avant-garde de l’ordre mondial existant. A lui seul, sa puissance militaire en fera une force dominante pour les décennies à venir,

    Rêve ! L’auteur utilise la méthode Coué, le complexe militaro industriel américain est mal barré. Il s’agit d’un rapport interne, pas d’une évaluation extérieure.


  • Ilan Tavor aka Massada 30 août 2019 08:03

    Le pouvoir est maintenant pour les meilleurs de l’informatique et de la technologie moderne.
    +++++++

    La technologie anti-drones, récemment développée en Israël, permet de prendre le contrôle des drones ennemis et de les faire atterrir n’importe où. Prendre le contrôle des drones sans les endommager permet de les réutiliser et d’extraire les données que le drone avait collectées avant son interception.

     

    “Le système que nous avons développé peut détecter des drones hostiles jusqu’à une distance de trois kilomètres et demi et prendre le contrôle d’environ 200 drones en même temps“, a déclaré Asaf Lebovitz, chef de produit de Skylock, l’une des entreprises israéliennes qui ont développé la technologie.
     

    D’autres entreprises militaires fournissent également des systèmes dotés de capacités similaires à la technologie de Skylock. Elbit Systems a récemment dévoilé le système anti-drone ReDrone, disponible en modèles stationnaires et en tant que système portable que les soldats peuvent transporter sur le terrain. Elbit a déclaré que son système est unique dans sa capacité à prendre le contrôle simultané d’un certain nombre de drones et à les faire atterrir sans les endommager.


    • pemile pemile 30 août 2019 08:43

      @Ilan Tavor aka Massada "permet de prendre le contrôle des drones ennemis et de les faire atterrir n’importe où. "

      Mais cela ne peut fonctionner qu’avec certains modèles de drone pour lesquels une faille de sécurité est exploitable.


  • Spartacus Lequidam Spartacus 30 août 2019 10:27

    La guerre commerciale contre la Chine de Trump est souvent pensée comme un jeu a somme nulle ou le but serait l’hégémonie économique des USA. 

    En fait c’est une guerre de libéralisation des marchés.

    La Chine décourage les importations étrangères par des droits de douane, des subventions anti libre-échange.

    La Chine copie beaucoup et pratique le vol de propriété intellectuelle. Pour accéder aux marchés chinois, Il y a contrainte de transmettre la propriété intellectuelle.

    Si l’on en croit les chiffres, l’économie chinoise (13,4 milliards de dollars de PIB) se situe au deuxième rang mondial derrière les États-Unis (20,5 milliards de dollars de PIB). 


    Cependant, elle est répartie sur une population quatre fois la population Américaine. Avec un problème démographique, par les anciennes politiques de l’enfant unique elle vieillit plus vite ce qui signifie que dans les années à venir, elle sera moins productive et plus chère.

    Les Chinois trichent et survalorisent la croissance économique d’au moins 2% en moyenne par an depuis 15 ans. En fait elle est de 20 à 25% plus faible que les chiffres officiels. 


  • Ilan Tavor aka Massada 30 août 2019 10:50
    L’Iran a trouvé le maillon faible !Téhéran va envoyer une délégation en France la semaine prochaine

    L’Iran tente de pousser les Européens, qui veulent préserver le pacte, à prendre des mesures pour passer outre aux sanctions américaines, notamment afin de pouvoir exporter son pétrole, importante source de revenus pour ce pays.

    NO WAY


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