Les Ramadan, père et fils, les États-Unis d’Amérique, le Qatar et les sursauts arabes
1. Ramadan fils
Tariq Ramadan, en compagnie de Youssef al-Qaradawi, le télé-islamiste attitré d’Al-Jazeera, Mufti des va-t-en-guerre, et de la Cheikha Mozah, 2 ème épouse (sur trois) de Hamad ben Khalifa Al Thani, l’Émir du Qatar, et fille de Nasser Al-Misnad, l’ancien chef de l’opposition à la Dynastie des Al Thani.
Tariq Ramadan est célèbre, entre autres, pour son fameux « Appel à un moratoire sur la lapidation » ; voir, à ce sujet, son article intitulé « Appel international à un moratoire sur les châtiments corporels, la lapidation et la peine de mort dans le monde musulman », paru sur le lien :
http://www.tariqramadan.com/spip.php?article258,
alors que la lapidation est, tout simplement, l’un des plus horribleset des plus affreux crimes collectifsque la communauté internationale se doit de condamner et de combattre comme tel,sans contorsions intellectuelles, ni gymnastique du cortex. Point barre.
Quant à la place occupée par Tariq Ramadan dans l’échiquierQatari, elle est succinctement décrite par les deux passages suivants, indiqué par a. et b. : le passage a. est extrait de mon article intitulé « Le qatarisme, ce fléau qui nous menace ! Aujourd’hui, la Tunisie, et demain, qui sait, la France ! », paru sous le lien :
http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/le-qatarisme-ce-fleau-qui-nous-135242
et le passage b. est extrait de l’article intitulé « Le Qatar, une métaphore de la France en phase de collapsus », paru sous le lien :
a. « Pour soutenir ce wahhabisme en France et dans les autres pays francophones, le Qatar ne se refuse rien. En effet, Cheikha Mozah bint Nasser Al-Misnad, deuxième et avant-dernière épouse de l’Émir du Qatar et sa favorite, trader-VRP-Internationale-de-luxe de ce pays, a recruté en 2012 le très médiatique Tariq Ramadan, pour les besoins de la cause, comme collègue du Grand Manitou de l’internationale Islamiste Youssef al-Qaradawi au Centre de Recherche sur la Législation islamique et l’Éthique, basé à la Faculté des Études Islamiques à Doha, Tariq Ramadan, réelle vedette, respectée et écoutée par le milieu islamiste de la diaspora musulmane francophone, de surcroît pour son aura, petit-fils même de Hassan al-Banna, fondateur de la confrérie des Frères Musulmans, et titulaire de la Chaire d’Études Islamiques Contemporaines à l’Université d’Oxford, Chaire financée, d’ailleurs, par l’Émir du Qatar [7]. Et il ne serait pas étonnant que, à l’instar de son collègue Youssef al-Qaradawi, qui est aussi et surtout le "téléislamiste" wahhabite par excellence d’Al-Jazeera canal arabe, Tariq Ramadan prenne l’habit du "téléislamiste" d’Al-Jazeera canal francophone ! Je tiens à avouer ici que j’ai toujours eu du respect pour Tariq Ramadan, en tant qu’intellectuel musulman, bien que mon islam se situe aux antipodes du sien [8], jusqu’au jour où j’ai appris son recrutement en tant que "VRP de luxe" du wahhabisme qatari ».
b. « La chorégie du Qatar : Nabil Ennasri, Tariq Ramadan, Mohamad Henniche et Mathieu Guidère (…) Particulièrement démasquée la duplicité du discours du petit-fils [Tariq Ramadan] du fondateur de la Confrérie des Frères Musulmans, une famille constamment adossée aux dollars pétro monarchiques des régimes les plus pro américains et les plus régressifs du Monde arabe, le père, Said, à l’Arabie saoudite, le fils, Tariq, au petit wahhabite du Qatar. Dans la stratégie du Qatar, Tariq Ramadan a vocation à assurer la relève de l’octogénaire Qaradawi dans son rôle prescripteur sur le plan théologique, parallèlement au rôle dévolu sur le plan politique, à Azmi Béchara, cet officiant chrétien d’Al Jazira, ancien député palestinien du parlement israélien. Un duo islamo chrétien destiné à assurer la maitrise du débat intellectuel panarabe dans ses diverses déclinaisons pour le compte du Qatar via les contrefeux de ses hommes-lige ».
Youssef al-Qaradawi est célèbre, entre autres, pour ses recettes, "islamiquement" licites, relatives au traitement des conflits conjugaux. Ainsi, voici ce qu’il a écrit sur la manière dont un musulman doit traiter son épouse « rebelle » : « après avoir tenté de rectifier de son mieux l'attitude de son épouse à l'aide de mots choisis, en usant de persuasion subtile et en raisonnant. En cas d'échec, il devra faire couche séparée, tachant ainsi d'éveiller son agréable nature féminine de façon à ce que la sérénité soit restaurée (…) Si cette approche échoue, il lui est permis de la battre légèrement, avec ses mains, en prenant soin d'éviter le visage ou d'autres parties sensibles. En aucun cas il ne pourra user d'une canne (stick) ou d'aucun autre instrument pouvant causer de la douleur ou la blesser » ; voir, à ce sujet la page 66 du livre suivant :
Samir Khalil Samir, Islam en Occident : les enjeux de la cohabitation (éd. Saint-Augustin, Saint-Maurice, Suisse, 2009).
2. Ramadan père
Saïd Ramadan, père de Tariq, gendre et héritier spirituel d’Hassan al-Banna (fondateur de la confrérie des Frères Musulmans), à droite de la photo, tenant une feuille blanche, reçu en audience en 1953, par le Président américain Eisenhower
Saïd Ramadan fut le contact par excellence entre le gouvernement américain et la confrérie, en tant qu’alliés contre Gamal Abdel Nasser, leur ennemi commun. Ainsi, longtemps, longtemps avant l’appui implicite apporté par les américains au courant wahhabite saoudien, en général, et à sa branche terroriste, en particulier, à l’époque de la guerre froide, pour contrer "l’ennemi communiste", appui qui a engendré Al-Qaida, "le 11 septembre", …, et, tout dernièrement, les attentats du marathon de Boston et l’horrible et sauvage attentat contre un soldat en plein centre-ville de Londres et en plein jour, les américains ont déjà joué la carte islamiste contre leur supposés ennemis, dans ce cas précis, c’était le nationalisme arabe représenté par Gamal Abdel Nasser.
3. Pour comprendre le Qatar en quelques chiffres
Autrefois nommé « Terre oubliée d’Allah », il est créé en 1971.
Environ :
a. 11 000 km2 de superficie, soit l’équivalent de celle du département de la Gironde, dont 86% de zones désertiques, du sable et des pierres à perte de vue, où la pluviométrie n'excède pas 70 mm par an, soit, à titre de comparaison, la moitié de la moyenne de celle des zones désertiques de la Tunisie ;
b. 2 000 000 d’habitants, ils étaient :
11 000 en 1900,
17 000 en 1940,
25 000 en 1950,
108 000 en 1970,
474 000 en 1990,
1 750 000 en 2010.
Source, entre autres :
http://eps.revues.org/index4931.html
c. 250 000 qataris dont, uniquement, au plus 70 000 qui travaillent et une centaine qui gouvernent, les plus hauts placés étant des membres de la famille régnante, à savoir :
Émir : Cheikh Hamad Bin Khalifa AL THANI
Prince Héritier : Cheikh Tamin Bin Hamad AL THANI
Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères : Cheikh Hamad bin Jassem bin Jabor AL THANI
Ministre de l’intérieur : Cheikh Abdallah bin Khaled bin Hamad AL THANI
Ministre d’État (sans portefeuille) : Cheikh Mohammed bin Khaled bin Hamad AL THANI
Ministre d’État pour les affaires intérieures : Cheikh Abdallah bin Nasser bin Khalifa AL THANI
Ministre des affaires municipales et de la planification urbaine : Cheikh Abdelrahman bin Khalifa bin Abdulaziz AL THANI
Ministre des affaires et du commerce : Cheikh Jassem bin Abdelaziz bin Jassem AL THANI ;
d. La quasi-totalité des qataris ayant, aujourd’hui, plus de 50 ans ont vécu sous des tentes ;
e. USD 80 milliards sont à investir annuellement, provenant des revenus du LNG (Liquefied natural gas) qui coulera encore pendant une quarantaine d'années.
4. Conclusion
Dans la famille Ramadan on est toujours, courageusement et bigotement, du côté du plus "fort" du moment, prêt à déstabiliser, par courants islamistes interposés, toute tentative de renaissance moderniste du Monde Arabe ! Avec la particularité qu’aujourd’hui, il n’y a pas, d’un côté, la puissance américaine et, de l’autre, un courant islamiste associé, mais l’associé islamiste est « Un pays [le Qatar] dont le quart de la superficie est occupée par une base étrangère relevant de la souveraineté de la première puissance planétaire [les États-Unis d’Amérique] (…) un pays sous tutelle (…) [dont] le souverain (…) est, au choix, un prince captif ou un souverain sous tutelle. Un gouverneur d’opérette ? Une marionnette ? Dans tous les cas de figure, un oxymore. Un tison incandescent américain planté sur le flanc de l’Arabie, alléché par l’idée de se substituer à la dynastie wahhabite [de l’Arabie saoudite] au leadership spirituel et politique du Monde sunnite (…) [un pays dont] le gisement gazier qui fait [sa] richesse (…) est la copropriété de l’Iran qui n’a toujours pas usé de son droit de forage. Le jour où cela se produira, le petit Qatar se fera tout petit petit petit (…) » (Extrait du dernier lien mentionné dans 1. ci-dessus).
Salah HORCHANI