mercredi 16 avril 2008 - par Yannick Harrel

Lorsque l’ours danse avec le panda

Il est ces derniers temps beaucoup question de la Chine et de ses relations avec les pays occidentaux du fait de l’agitation au Tibet et du parcours de la flamme olympique. Pourtant, il est un point sur lequel on ne se focalise guère et qui prend pourtant une signification d’importance pour qui s’y intéresse : le rapprochement sino-russe. Une évolution grosse de conséquence pour les années à venir et portant en elle les fruits d’un repositionnement géopolitique majeur.

Ce rapprochement sino-russe pourrait passer de prime abord fort naturel, ne serait-ce d’une part par la proximité géographique [1] ou par l’idéologie marxiste partagée le temps de quelques décennies.

Cependant, à la loupe, ce rapprochement n’est pas si évident : sur le plan géographique tout d’abord, la contestation de certains territoires fut à l’origine d’un conflit frontalier en 1969 près de l’île Damansky/Zhenbao sur le fleuve Ousourri. Conflit qui fit craindre un embrasement bien plus généralisé entre les deux pays d’obédience socialiste d’alors (les chiffres concernant le nombre de victimes de part et d’autre est sujet à caution). Signalons en aparté que ce différend a été vidé par des négociations débutées en 1991 et ayant abouti à la signature d’un accord en 2004, un des nombreux signes d’une volonté d’apaisement commune après la fin de la Guerre Froide.

Ensuite, sur le plan idéologique, les relations furent rarement tout à fait paisibles entre les deux principaux pays prônant le marxisme dans le monde. Le Grand Bond en avant fut notamment un événement déclencheur dans le refroidissement des relations bilatérales puisqu’il remettait en cause la doxa soviétique en matière de planification économique et de contrôle des masses (la déstalinisation ayant été mal reçue par Mao, ce dernier voulant conserver une ligne dure de peur de voir son propre régime être contesté de l’intérieur). Khrouchtchev n’hésitera pas à invectiver l’homme d’Etat chinois en le traitant de nationaliste !

L’effondrement du régime soviétique puis l’insertion de la Chine au sein du capitalisme mondial (membre de l’OMC depuis 2001) permirent un lent rapprochement entre les deux Etats. Mais il fallait encore une impulsion particulière pour y donner réellement corps : l’arrivée de Vladimir Poutine allait amorcer un changement d’orientation conséquent.

La tentation occidentale et orientale du pouvoir russe

Dans son discours du 25 septembre 2001 au Bundestag, Vladimir Poutine tendit ouvertement la main à l’Occident et plus particulièrement à l’Europe. De même qu’à la suite du 11-Septembre 2001 il s’empressa d’assurer les Etats-Unis du soutien plein et entier de la Russie pour combattre le terrorisme à leurs côtés.

Si les relations russo-américaines ne furent guère probantes à moyen terme, le président russe plaça une grande confiance dans ses relations avec divers pays européens, prioritairement l’Allemagne, la France et l’Italie. Cette volonté d’ouverture culmina avec le front de la paix en 2003 aboutissant à un axe Paris-Berlin-Moscou opposé à la guerre en Irak. Rome n’y étant pas incluse du fait de sa participation à la guerre en Irak, mais n’empêchera cependant aucunement le pouvoir politique de conserver des liens fort ténus avec son homologue russe.

Vladimir Poutine pouvait de la sorte compter sur plusieurs alliés sur le sol européen et contrebalancer au sein de l’Union européenne l’hostilité ostentatoire de nouveaux pays adhérents lors de la vague de 2004 (Pologne, République tchèque et Pays baltes en tête). Seulement, les victoires électorales d’Angela Merkel, de Nicolas Sarkozy et de Romano Prodi affaissèrent singulièrement la ligne d’entente et signifièrent pour le pouvoir russe l’absence de contrepoids au sein du Vieux Continent. Avec en sus un raidissement de plus en plus ferme vis-à-vis du Royaume-Uni [2].

Véritable aigle bicéphale, la Fédération de Russie continuait à entretenir des liens de plus en plus étroits avec la République populaire de Chine. Principalement dans le domaine commercial et plus particulièrement militaire, avec la vente d’avions de combat comme de sous-marins. Le secteur énergétique n’étant bien entendu pas en reste avec divers projets de gazoducs et d’oléoducs pour contenter les besoins exponentiels de la Chine en hydrocarbures.

Mais le plus gros succès fut d’ordre diplomatique avec l’émergence de l’OCS, acronyme d’Organisation de coopération de Shanghai. Les principaux bénéficiaires étant les deux pays précédemment évoqués, menant de concert des exercices militaires avec les autres membres de l’OCS [3] tout en adressant un signal clair aux membres de l’Otan [4] qu’un nouvel espace de sécurité venait d’apparaître sans immixtion de la puissance américaine.

Un front unifié contre les séparatismes

Et c’est là où l’actualité a permis de mettre en relief une convergence de plus en plus affirmée des points de vue sino-russes pour qui sait décrypter les relations internationales. A ce titre, l’Occident a (sciemment ou non, mais peu importe au vu du résultat) consolidé un rapprochement qui, il faut le répéter, n’allait pas forcément de soi [5]. En guise de démonstration, on s’en tiendra à deux points majeurs de ces dernières semaines bien qu’il y ait plusieurs exemples encore à disposition : le Kosovo et le Tibet.

La question du Kosovo [6] fut un accélérateur du ressentiment russe à l’égard des pays occidentaux en ce sens que ces derniers bafouèrent non seulement le droit international, mais aussi l’avis contraire de la Russie, membre du Conseil de sécurité à l’ONU. Or, quel soutien majeur ce pays obtint-il dans son refus de reconnaître l’indépendance de cette province serbe ? La République populaire de Chine ! Il n’y a pas lieu, car tel n’est pas le thème de l’article, de s’étendre sur la question du Kosovo indépendant : le propos principal étant plutôt de souligner que les relations sino-russes furent confortées par cette unicité de vue sur la sécession de territoires.

Le Tibet, lui, vient très récemment de défrayer la chronique et les passions quelques mois avant l’ouverture des jeux Olympiques. D’office, les autorités chinoises se virent mises de l’index par les Occidentaux pour la façon dont elles s’occupaient des troubles affectant cette région. Les manifestations émaillant le parcours de la flamme olympique à Londres, Paris et San Francisco ne furent aucunement à l’ordre du jour à Saint-Pétersbourg : plus qu’un symbole, une volonté manifeste de montrer que l’hostilité à l’égard de la Chine n’avait pas lieu en Russie, surtout dans la ville du président russe. Du reste, Moscou réprouva la politisation et les menaces de boycott des jeux Olympiques tout en assurant Pékin de son soutien quant à la gestion par Hu Jintao des affaires intérieures [7].

Humiliée sur l’affaire du Kosovo, bousculée dans son jardin tibétain, Russie et Chine trouvent chacune dans l’attitude occidentale toutes les raisons de pérenniser leurs liens économiques, militaires et diplomatiques. Un tel ensemble géopolitique, s’il devait encore intensifier ses relations, aurait de quoi donner des sueurs froides aux Etats-Unis ainsi qu’à ses alliés. Il n’est pas dit que c’était là l’objectif premier des Occidentaux [8], mais il apparaît plausible que cette perspective soit celle qui nous attende dans les mois et années à venir, à moins de spectaculaires renversements d’alliances...

Et l’Europe dans cette danse ?

L’Europe, ce petit cap du continent asiatique, comme le disait avec à-propos Paul Valéry, veut-elle encore jouer un rôle prépondérant dans le monde ? Car il n’est ici question que de volonté. Et rien n’est moins sûr que cette dernière puisse avoir la détermination nécessaire de peser à nouveau dans les affaires du monde.

Sa parole devenant de plus en plus inaudible et sa politique étrangère calquée point par point sur celle du grand frère américain ne lui donne guère de crédit dans le monde, influence minée qui plus est par la difficulté de faire entendre autre chose qu’une cacophonie sur 27 voix.

Ce n’est pourtant pas faute de la part des responsables russes comme chinois de tendre la main. Cette main étant celle de l’indépendance et de la volonté d’œuvrer pour un monde multipolaire et d’ouverture. Les récriminations unilatérales fondées sur l’affect et l’émotionnel au détriment de la réflexion et de l’ouverture d’esprit ont pour l’heure seulement abouti au contraire des objectifs visés et ne feront que braquer les pays concernés.

Que les dirigeants européens se gardent bien de trop souvent montrer du doigt les déficiences de certains pays sans se voir eux-mêmes pointés du doigt pour leurs propres dysfonctionnements démocratiques et pour la non-application de concepts qu’ils s’enhardissent d’exporter.

Le panda dans les bras de l’ours, voilà une image saisissante, mais symptomatique d’une modification du puzzle géopolitique mondial. A charge pour l’Europe de choisir le rôle qu’elle entend désormais jouer au sein de cette nouvelle donne...

[1] 4 300 kilomètres de frontière commune. A titre de comparaison, les frontières cumulées de la France (Guyane comprise) sont de 4 072 kilomètres.

[2] Qu’aggravèrent l’exil londonien de Boris Berezovsky, oligarque et farouche adversaire de Vladimir Poutine ainsi que l’assassinat d’Alexandre Litvinenko dont le soupçon à l’égard des services russes n’a pour l’heure donné lieu à aucune preuve tangible.

[3] Signalons que le statut de membre observateur au sein de cette organisation a été refusé aux Etats-Unis en 2005.

[4] Il serait intéressant à ce titre d’approfondir le sujet sur le fait que le centre de gravité géopolitique se soit désormais déplacé avec la chute du Mur de Berlin de l’Europe vers l’Asie centrale. Et les récents événements du Tibet comme le problème récurrent de l’Afghanistan mobilisant un nombre conséquent de troupes alliées semblent donner poids à cette conjecture.

[5] J’ajouterai juste que, par exemple, la Chine et la Russie auraient pu participer à une véritable foire d’empoigne sur l’établissement de zones d’influence en Asie centrale, exacerbée singulièrement par les richesses en hydrocarbures contenues (et avérées) dans les sous-sols de ces anciens pays de l’Union soviétique. Or, il est apparu après 2001 qu’un bona diagnosis, bona curatio s’imposait au vu de l’influence galopante de l’hyperpuissance américaine et que toute nuisance réciproque ne pouvait que profiter à cette dernière.

[6] Pour mieux comprendre la situation, lire cet article de Louis d’Âcre paru sur Agoravox.

[7] Dépêche de Reuters en date du 17/03/2008.

[8] Dans son édition du 11/04/2008, Le Figaro rappelle opportunément que la Chine en entrant dans le capitalisme mondial a aussi investi les circuits financiers occidentaux, notamment américains, et a limité les dégâts occasionnés par la crise du subprime en soutenant son système bancaire. De même que si le pays le plus peuplé du monde se décidait à revendre ses bons du trésor américains, il ne fait aucun doute que les Etats-Unis traverseraient l’une des crises économiques les plus graves de leur existence, si ce n’est la plus grave...



35 réactions


  • wawa wawa 16 avril 2008 16:01

    La raison première du rapprochement sino-russe est la fourniture de gaz sibérien et de denrée alimentaires de la russie à la chine, payés en reserve de devise et produit manufacturés. La chine ayant un besoin vital d’énergie et de nourriture. et la russie ayant besion de redevenir un pays politiquement puissant doit avoir le maximum de partenaire.

    Ce rapprochement est on ne peut plus naturel et ne méritait pas cet article confus


    • Yannick Harrel Yannick Harrel 16 avril 2008 16:21

      Bonjour et merci pour votre commentaire,

      Je me permets d’apporter quelques précisions utiles : 1) pour opérer un rapprochement géopolitique, la seule question énergétique ne suffit pas. Sans quoi selon votre logique l’Union Européenne, fort dépendante du gaz Russe, serait bien plus proche de la Fédération de Russie qu’elle ne l’est actuellement. Or nous savons que ce n’est pas le cas. Du reste, ce besoin aurait pu aussi bien dégénérer en conflit larvé ou ouvert entre la Chine et la Russie pour la possession de ces immenses réserves énergétiques en Sibérie (les guerres pour le contrôle des hydrocarbures est une réalité depuis plus d’une décennie). Le rapprochement entre ces deux Etats (je le répète et maintiens) n’était pas une conséquence induite de facto. 2) Je ne conteste pas que la Russie a besoin d’alliés mais je veux démontrer que son tropisme asiatique aurait pu être autre si l’Europe avait suivi une politique raisonnée sur ses rapports avec la Russie. Or ce pays-continent est singulier en ce sens qu’il a à la fois un pied en Europe et en Asie, et que le mouvement de balancier était favorable dans un premier temps à l’Europe (de par les élites occidentalisées des années 90) mais que de déception en déception, le mouvement s’est détourné du vieux continent pour osciller vers l’Asie et surtout la Chine.

      En espérant avoir répondu à vos interrogations,

      Cordialement


    • Prêtresse Prêtresse 16 avril 2008 23:00

    • Prêtresse Prêtresse 16 avril 2008 23:02

    • Prêtresse Prêtresse 16 avril 2008 23:05

    • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 17 avril 2008 00:15

      @ l’auteur. Il y a dix ans que je dis que si l’Europe et la Russie et ses pays limitrophes de culture occidentale s’unissent, on crera la premiere puissance du monde. Si on ne le fait pas, quelles que soient les manipulations qui réussissent à nous en empècher, le monde deviendra bipolaire, il est probable que la Russie basculera dans le camp de la Chine par pur jeu d’équilibre... puis ce sera la fin de notre civilisation. " Mais moi, je serai mort, mon frère...."

      Pierre JC Allard


    • Yannick Harrel Yannick Harrel 17 avril 2008 03:23

      Bonjour Pierre JC Allard,

      Ce que vous me dites me fait penser à la théorie de Mackinder (1861-1947) qui prétendait que celui qui contrôlait le heartland était amené à contrôler la majeure partie du monde. Certes on en est pas à cet objectif, mais un rapprochement singulier de nombreux pays Européens et de la Russie apparaîtrait favorable aux deux parties : économiquement comme diplomatiquement. Cependant, quant à savoir si les hommes politiques comme les Etats-majors soient prêts à ce genre de perspective, j’émets un doute sérieux... Sans compter qu’il n’y a pas de vision claire des instances Européennes au niveau des relations avec la Fédération de Russie : vu de l’extérieur ça apparaît très flou en tout cas. En revanche ce qui est certain c’est que la facture énergétique pèse de tout son poids dans les relations commerciales entre ces deux entités et plombe la balance commerciale des 27, soit 70 milliards d’euros de déficit en 2006 ! La timidité des exportations Européennes explique en partie cette perte de vitesse même s’il ne faut pas éluder le gros morceau qu’est la facture énergétique.

      Il est clair de toute manière qu’à l’heure actuelle l’UE n’est pas en position de force : coincée entre le marteau militaire Américain et l’enclume énergétique Russe, elle fait le dos rond et se contente d’expédients sans véritablement trancher pour ne braquer ni l’un ni l’autre...

      Cordialement


    • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 17 avril 2008 07:01

      @ l’auteur : Ni Heartland ni Rimland ; je vois le phénomène comme culurel, obéissant aux contraintes économiques, bien sûr, mais avec un vieil avtavisme qui finalement s’impose. Je parierais que l’on n’aura pas la Turquie dans l’Europe. Culturellement l’Europe ocidentales est encore le geant ; je crois que son avenir passe par l’adjonction de la Russie, plus réceptive, plutôt que par l’alliance actuelle avec les USA qui recouvre des divergences de plus en plus marquées. Bien sûr, il ya une composante géopolitique, mais je ne pense pas que ce soit le fond de la question.

       

       PJCA


  • CAMBRONNE CAMBRONNE 16 avril 2008 17:25

    Bonjour Yannick Harrel

     

    Très bon article . il est interessant de constater que malgré les changements politiques les réalités geopolitiques ont la vie dure . De Gaulle n’appelait jamais la russie URSS car il s’agissait bien de ce pays hésitant entre l’orient et l’occident depuis plusieurs siècles . Les XVIII éme et XIXémé siècles furent très européens . Le Français la langue de l’élite . Voltaire une des grandes références . Les palais construits à l’imitation de versailles . Alors qu’auparavant l’orient était plus en vogue : Voir le Kremlin et la cathédrale St Basile .

    Le Stalinisme est une variante du système mongol , avec son autorité terrible comme celle d’YVAN .

    Une autre réalité à considérer : La présence de 25 Millions de chinois en sibérie . Plus ou moins tolérés et plus ou moins clandestins .

     

    Le communisme est pour ces deux pays un axe de référence . Les chinois n’y croient plus s’ils y ont cru un jour mais se servent de l’appareil pour maintenir l’ordre et continuer à se développer.

    Les russes y croient encore pour un certain nombre d’entre eux et non des moindres car c’est quand même une invention européenne mais ils font semblant de s’en être complétement dégagés pour leur image de marque .

     

    De toutes les manières si nous les traitons mal pour suivre les opinions publiques nous aurons à le regretter .

    C’est au moment où ces pays après avoir connu l’obscurantisme communiste le plus fort deviennent plus fréquentables que l’on choisirait de leur claquer la porte au nez . Ce serait ou c’est déja une erreur .

    Je pense que nous sommes d’accord sur ce sujet .

    Bien à vous


    • Yannick Harrel Yannick Harrel 16 avril 2008 19:34

      Bonjour Cambronne,

      Votre connaissance de la mentalité russe vous fait honneur et l’analogie architecturale de cette bicéphalie est effectivement visible dans la capitale au gré des bâtiments rencontrés.

      En réalité, fin XIXème siècle s’est déroulé en Russie un féroce combat intellectuel entre les occidentalistes et slavophiles. Il semblerait qu’après avoir cédé pendant tout le XXème siècle à une idéologie somme toute occidentale (on pourrait même y inclure après le marxisme la phase ultra-libérale d’Eltsine durant les années 90), il y ait dorénavant une volonté de favoriser une voie propre, une forme de sonderweg (prôné par la haute figure de Soljenitsyne entre autre) qui est en fait la redécouverte du versant asiate de la Russie.

      Et vous avez raison, il y a une immigration Chinoise conséquente en Sibérie, d’où une volonté des deux gouvernements de juguler le flux actuel. De récentes mesures douanières, bien plus draconiennes, ont été mises en place pour tarir le flot de cette transhumance.

      Cordialement


  • vieuxcon vieuxcon 16 avril 2008 18:59

    Bonjour,

    J’ai lu attentivement votre article. Je ne peux qu’être d’accord avec votre analyse.

    Vous auriez pu étendre votre étude à l’Afrique, qu’on voit dès à présent changer d’alliance, avec l’intéret supplémentaire, d’une main tendue, non pour la piller, mais pour l’aider. Si l’aide n’est pas trop le fait de la Russie, elle est surtout le fait de la Chine. Notre poids là bas, est tous les jours de plus en plus faible, et les nouvelles concession pétrolière se négocient différement. La Chine y est un acteur majeur.

    Le nouveau monde se dessine.. sans nous. Les JO et la question du Tibet ont pris un tour que je ne comprends pas vraiment, si ce n’est la volonté pour le bloc de l’ouest de faire oublier Guantanamo en montrant du doigt Lassa ? Mais le Tibet n’a aucune envie de se rapprocher des "valeurs" de l’occident.

    Serait ce la peur que l’Inde ne se mèle aussi de se rapprochement Sino-Russe, qui motive notre crainte ? Mettre le feu à la frontière est un vieux système des services secrets américains. Ils n’auraient pas oser ?


    • Yannick Harrel Yannick Harrel 16 avril 2008 20:01

      Bonjour,

      L’Afrique est un terrain de démarchage actif pour la Chine, vous avez entièrement raison. Les autorités Soudanaises par exemple ne cachent pas leur accointance avec leurs homologues Chinois. J’apprenais en outre récemment qu’une délégation Chinoise d’hommes d’affaires était en ce moment en Angola pour prospecter, avec la présence notable de Giao Jian, vice-gouverneur de la Banque du Développement de la Chine. Ce ne sont que des exemples épars mais qui dénotent un réel activisme de l’Empire du Milieu...

      Ne croyez pas pour autant que la Russie soit inactive sur ce continent : en Algérie comme en Lybie, elle se positionne comme notre adversaire le plus redoutable ! Je vous livre d’ailleurs un article du Figaro pour étayer mes dires.

      Quant à la politique Française en Afrique, je crains qu’elle n’ait guère brillé par ses succès ces derniers temps et que comme vous le notez, son influence va en déclinant...

      Pour l’Inde, elle est devenue membre observateur de l’OCS en 2005. Statut qui fut refusé, je vous le rappelle, aux Etats-Unis ! Une forme d’ouverture à la demande expresse des autorités de New Delhi de participer à cette organisation qui illustre aussi ses bons rapports entretenus avec les Russes (tandis que le Pakistan, voisin honni, joue plutôt lui la carte Américaine). Seul bémol : les relations indo-chinoises sont cordiales mais sans plus car persistent certains désaccords, ce qui ne facilitera pas un rapprochement spectaculaire dans l’immédiat.

      Cordialement


  • Renaud Delaporte Renaud Delaporte 16 avril 2008 19:22

    Il manque quand même un élément important à votre analyse : la menace que les Etats-Unis font peser sur l’Asie par l’implantation de bases militaires dans les pays musulmans de l’ancienne URSS. Ces bases sont situées à proximité immédiate des frontières russes ou chinoises. Elles permettent le contrôle des voies de communication des Russes vers l’Océan Indien et des Chinois vers l’Europe. Imaginez des bases russes ou chinoises en Grèce ou en Yougoslavie et vous aurez une idée de la façon dont ces pays perçoivent la présence de troupes occidentales à leurs frontières.

    C’est à partir de leur implantation que c’est créée l’OCS.

    Pour faire bonne mesure, comme si les choses n’étaient pas assez claires, l’administration Bush s’est lancée dans une conquête du Moyen-Orient dont le pétrole n’est qu’un des enjeux.

    En reprenant à son compte la politique britannique du "Grand Jeux" (auxquels les britanniques restent associés), les USA ont réveillé chez les Russes et les Chinois les vielles craintes d’ambitions colonialistes qui n’étaient pas tout à fait assoupies.

    Les problèmes du Kosovo et du Tibet ne font que confirmer des événements dont Moscou et Pékin ont depuis longtemps tiré leurs conclusions.

     


    • Yannick Harrel Yannick Harrel 16 avril 2008 20:37

      Bonjour Renaud Delaporte,

      Les choses bougent comme l’on dit et les Américains ont été priés par le pouvoir local de remballer leurs affaires en Ouzbékistan mi-2005 par crainte des révolutions de couleurs supportées par les Etats-Unis. Du coup ces derniers envisagent de s’installer en Azerbaïdjan (de l’autre côté de la Caspienne par conséquent). Grosse différence entre hier et aujourd’hui : s’il y avait eu un accord tacite donné par la Russie à l’implantation de bases Américaines en 2001 du fait des attentats du 11 septembre et la lutte contre les talibans, il est dorénavant exclu de nos jours que cela puisse se faire aussi facilement sur un ancien territoire de l’ex-Union Soviétique. La Russie a repris du poil de la bête comme on dit et l’OCS se mettant en place a pour vocation à sécuriser cette zone géographique (même si l’Azerbaïdjan n’en fait pas partie mais est membre de la CEI).

      L’Asie centrale est passée trop souvent sous silence par les médias Français, or c’est un Moyen-Orient potentiel : des mouvances religieuses radicales, du pétrole, du gaz et des grandes puissances qui s’affrontent en sous-main. Tout ce qu’il faut pour générer une nouvelle zone sérieuse de conflits.

      Cordialement


    • Renaud Delaporte Renaud Delaporte 16 avril 2008 21:56

      "L’Asie centrale est passée trop souvent sous silence par les médias Français, or c’est un Moyen-Orient potentiel : des mouvances religieuses radicales, du pétrole, du gaz et des grandes puissances qui s’affrontent en sous-main. Tout ce qu’il faut pour générer une nouvelle zone sérieuse de conflits."

      Tout à fait d’accord avec vous.

      Bien à vous.

       


  • Internaute Internaute 16 avril 2008 19:39

    Article intéressant et bien étayé. Je note le point [4] qui montre l’échec de l’Europe. Il n’y a aucun rapport entre la chute du mur de Berlin et le déplacement du centre de gravité géo-politique à l’Est. L’Europe centrale ayant basculé à l’Ouest, cela aurait dû affaiblir la Russie et donner plus de poids à l’Europe. C’est exactement le contraire qui s’est passé.

     

    L’Europe a enfourché le mauvais cheval, celui des aboiements droits-de-l’hommistes et démocratiques. La Russie a eu la chance d’avoir Poutine, un homme équilibré qui fait ce qu’il peut pour faire avancer son pays tout en respectant ses partenaires et le droit international. Le récent refus de l’OTAN d’ouvrir ses portes à l’Ukraine et à la Géorgie sur pression de Moscou montre comment un seul chef capable peut faire bouger des puissances dix fois plus grandes que lui. Le PIB de la Russie vaut à peine 1,25 fois celui de la Belgique mais son poids politique, uniquement grâce à Poutine, est sur certains points supérieur à celui des américains.

     

    Si on continue à jouer aux cons comme on le fait sans penser aux intérêts européens, on risque de voir la production de gaz russe et le pétrole se ré-équilibrer entre l’Europe et la Chine. Préparez-vous à des hivers pas nucléaires mais bien froids quand-même.


    • Yannick Harrel Yannick Harrel 16 avril 2008 21:01

      Bonjour Internaute,

      Pas plus tard qu’hier, Angela Merkel a rappelé qu’il fallait renouveler urgemment l’Accord de Partenariat et de Coopération entre l’UE et la Fédération de Russie, surtout en matière énergétique. Le souci c’est que cet accord nécessite l’approbation des 27 pays membres de l’UE : une vraie gageure... Encore que la Pologne a exprimé son souhait de lever son veto à ce sujet suite à la fin de l’embargo sur la viande Polonaise par les autorités Russes.

      Cordialement


    • Proto Proto 17 avril 2008 10:11

      "L’Europe a enfourché le mauvais cheval, celui des aboiements droits-de-l’hommistes et démocratiques. La Russie a eu la chance d’avoir Poutine, un homme équilibré qui fait ce qu’il peut pour faire avancer son pays tout en respectant ses partenaires et le droit international."

      Peut-être mais ... et les Tchétchènes là-dedans ?

      Les français sont prêts à troquer leur tradition humaniste pour du gaz moins cher ?


  • nounoue david samadhi 16 avril 2008 21:01

    la mafia russe et chinoise au pouvoir du monde !

    que le futur va etre dur dur !


  • Yohan Yohan 16 avril 2008 21:42

    D’abord les deux pays sont voisins, logique qu’ils cherchent à optimiser cette proximité. Ensuite, ils ont en commun des problèmes avec des territoires qui cherchent à se défaire de l’emprise du pouvoir central. Ils sont complémentaires sur le plan économique et peuvent donc gagner à coopérer plus activement. Les autres grandes nations occidentales étant dans la mouise, que peuvent-elles leur offrir de plus ?


  • Charles Bwele Charles Bwele 16 avril 2008 22:08

    @ Yannick

    Très intéréssant comme tjrs tes articles sur le Far-East

    Pour élargir ta vision déjà très...large , te propose de lire ce texte du Cdt Sébastien Fontaine sur Diploweb :

    Quelles perspectives pour le partenariat stratégique sino-russe ?

    Toutes mes amitiés, Yannick.


    • Yannick Harrel Yannick Harrel 16 avril 2008 22:25

      Bonsoir Charles et merci de ta visite

      Si je continue à élargir ma vision sur de tels horizons je crains de me déclencher un véritable strabisme divergent ! Blague à part je vais lire avec grande attention ton article d’autant que j’observe que sa mise en ligne date d’avril 2008. Un bon point. Mais je subodore déjà que cet officier comme moi avons, peu ou prou, la même analyse générale de la situation.

      Cordialement

      PS : je n’oublie pas que tu nous dois un article sur l’USAF Cyber Command...


    • Charles Bwele Charles Bwele 16 avril 2008 22:41

      Je ferais en sorte de pondre ce truc sur le Cyber Command avant la mi-mai, en tt cas je ferais mon possible. Diverses obligations + décalage horaire avec l’Europe me laissent de moins en moins de marges pour rédiger mes articles, du moins pas avant septembre...

      Amicalement


    • Yannick Harrel Yannick Harrel 16 avril 2008 22:54

      Je taquinais un peu sur le Cyber Command  même s’il est vrai que je serai un de tes premiers lecteurs attentifs. Mais inutile de te presser : la qualité avant la quantité

      J’avais envisagé un temps d’écrire un article sur le sujet mais je préfère t’en laisser la primeur, m’en allant chasser sur d’autres terres, à l’est, très à l’est...

      Cordialement


    • Charles Bwele Charles Bwele 16 avril 2008 23:27

      En effet, quand on traite un sujet comme la cyberguerre en général, et le Cyber Command en particulier, faut être ultra-méticuleux dans la composition, d’autant plus que c un sujet bien plus complexe qu’on ne le croit... Donc, je prendrais un tantinet mon temps...

      A+


    • wangpi wangpi 17 avril 2008 02:46

      pas du tout, ni peu ni prou, cet officier a pondu un rapport circonstancié, aux analyses sérieuses et profondes qui renvoient vos analyses à peu près trois ans en arrière.

      quant à vos prospectives, elles apparaissent d’autant moins intéressantes qu’elles sont visiblement fondées sur une connaissance très superficielle du sujet.

       

      merci charles.


    • Yannick Harrel Yannick Harrel 17 avril 2008 04:11

      Bonjour Wangpi,

      Le Cdt Fontaine et moi sommes d’accord sur pas mal de points, là où nous nous éloignons légèrement c’est sur la question de la pérennité des relations sino-russes. Pour l’instant il m’apparaît (et ce ne sont pas des analyses antédiluviennes comme vous semblez l’énoncer un peu hâtivement) que ces dernières soient plus en train de se resserrer que de se déliter. Les dernières manoeuvres militaires conjointes en août 2007 (et dont la confirmation à été faite le 29 février 2008 qu’elles seront renouvelées périodiquement) ont été un réel succès. Maintenant des frictions, économiques principalement, continueront d’exister : il ne faut pas se leurrer (comme cela arrive par ailleurs entre partenaires Européens). Mais leurs intérêts communs sont plus forts que leurs désaccords, du moins tant que les occidentaux perdureront dans une attitude hostile à leur égard, soudant les deux Etats dans l’adversité. Ensuite, je ne fais pas de futurologie, je constate que ce rapprochement est effectif et que les évènements géopolitiques sérieux de ces dernières semaines (pas besoin de remonter à trois ans vous voyez) confirment une unité de vue : ce qui va se passer dans x mois / années, je le laisse aux amateurs de boules de cristal ou de tireuses de tarot, je peux juste avancer des conjectures tout en restant prudent en raison de nombreux facteurs.

      Pour le reste, ne confondez pas article généraliste et mémoire circonstancié je vous prie. Je regrette, peut-être tout autant que vous, l’elliptisme dont j’ai du faire preuve à plusieurs endroits de mon article mais c’était ça ou un pavé qui n’aurait pas permis d’intéresser plus de lecteurs. Il y avait tellement d’éléments à insérer que cela aurait été à terme indigeste si je m’étais laissé aller. Croyez moi j’ai l’habitude des mémoires mais Agoravox n’a pas vocation à être l’hébergeur de ce type de document.

      Maintenant si vous désirez faire profiter de vos lumières sur ce thème aux lecteurs d’Agoravox (dont je ferai parti avec plaisir) je serai attentif à votre prochain article.

      Cordialement


  • Aux_Larmes_Citoyen 16 avril 2008 22:48

    @ l’auteur

    merci pour cet article remarquablement étayé, assez exhaustif, dont je partage à peu près tous les développements et conclusions.

    Un détail me frappe, il est pour moi exceptionnel : c’est la première fois que j’ai la joie profonde de lire, après un bon article, un fil de commentaires argumentés, aimables, respectueux de l’opinion d’autrui, quasiment vierge de trolls haineux, de réflexions débiles, d’insultes anti-sarkozy -sans rapport avec le sujet du jour- de pub pro Modem ou autres joyeusetés hélas courantes sur Agoravox.

    Quel Pied !

     Merci !


  • nounoue david samadhi 17 avril 2008 01:11

    enfin la mafia chinoise et la mafia russie, et si les chinois revendaient tous les bons du trésor en dollars et achetaient des euros qu’est ce qui ce passerait ! à suivre après les jo à moins d’un boycotte généralisé je ne vois pas comment ceux qui sont sur le point de dominer le monde et ont une organisation bien ficelé et organiser dans la chaire pourraient échouer je parle bien sur des ultra capitaliste ex pseudo communiste !
    2008 année de désobéissance civique avant de voir arriver l’année du pucage obligatoire pour avoir droit à la sécu ...
    chauf chauf marcel ...
    merci à cette état qui éduque ces citoyens pour ensuite leurs écraser le citron sa promet pour la suite !


  • Krokodilo Krokodilo 17 avril 2008 18:15

    Un article du New-York Times (maintenant en accès payant) qui a un rapport avec votre article, surtout le dernier chapitre :

     

    To the Western eye, it is a bizarre phenomenon : small Asian nation-states should be balancing against the rising China, but increasingly they rally toward it out of Asian cultural pride and an understanding of the historical-cultural reality of Chinese dominance. And in the former Soviet Central Asian countries — the so-called Stans — China is the new heavyweight player, its manifest destiny pushing its Han pioneers westward while pulling defunct microstates like Kyrgyzstan and Tajikistan, as well as oil-rich Kazakhstan, into its orbit. The Shanghai Cooperation Organization gathers these Central Asian strongmen together with China and Russia and may eventually become the “NATO of the East.”

     

    http://www.howardwfrench.com/archives/2008/01/26/waving_goodbye_to_hegemony /

     

    Comme je m’interesse plus particulièrement à l’aspect linguistique, il est évident que ces basculements géostratégiques auront des retentissements sur les zones d’influence des langues. Déjà nombre de pays asiatiques étudient le chinois, nombre d’Etatsuniens aussi, les instituts Confucius poussent comme des champignons (bientôt un au Maroc). Pour l’anglais en Asie, c’est le début du déclin, et en Russie, ils comprennent maintenant que ce n’est pas la seule langue "internationale".


    • Yannick Harrel Yannick Harrel 19 avril 2008 05:11

      Bonjour Krokodilo,

      Une vision intéressante d’un point de vue linguistique. En vérité il me semble que Moscou disposait déjà d’un institut très renommé en langues orientales dont était sorti si je ne m’abuse Evgueni Primakov (ancien Ministre des Affaires Etrangères puis Premier Ministre sous Boris Eltsine) : le Московский институт востоковедения (МИВ) et si je ne me trompe, c’est dorénavant le prestigieux МГИМО qui a repris le relais (l’équivalent Moscovite de notre Sciences Politiques Paris). Mais des Instituts Confucius existent déjà en Russie bien entendu. De plus, 800 millions de locuteurs parlant le mandarin de par le monde, ça donne un poids certain qu’on ne peut négliger, surtout couplé à la montée en puissance économique de la Chine !

      Pour le reste, l’article du New-York Times semble aussi accréditer l’émergence d’un OTAN Asiatique mais sans contrôle Américain. Ce qui inquiète à la fois les stratèges du Pentagone et rassure les membres de cette organisation.

      Cordialement


  • franc 18 avril 2008 16:02

    l’Europe soi-disant démocratique commet une erreur monumentale et l’erreur à ce niveau est une faute et une faute de cet ampleur est un crime de ne pas se rapprocher et s’allier à ces deux immenses pays futures premières puissances du monde

    La Russie aurait due être dans l’Europe et non la Turquie

    Ah oui et les droits de l’homme !

    L’Europe et la France en particulier n’a que ce mot à la bouche,(j’aime bien l’expression de Internaute " les aboiements droit-de-l’hommiste"),ce qui ne les empêche pas de fricoter et de s’allier avec les pires dictatures et tyrannies dans le monde,dictacteurs africains et tyrans islamistes quand ils ne sont pas complices voire les souteneurs des génocideurs

    L’Europe capitaliste,l’Europe maffieuse,l’Europe de CLEARSTREAM,cette connasse,pleine d’orgueil,de suffisance et d’arrogance,si un jour elle devait crever et elle en prend le chemin,je ne verserais pas une larme

     


  • abersabil abersabil 19 avril 2008 20:21

    On s’étonne de la dance entre oursidés, mais pas du tout de celle entre le coq et l’aigle, il est claire que le premier est une proie non négligeable du deuxième, cela va sans commentaire.


  • Quousque Tandem Alain Bondu 20 avril 2008 12:17

    Comme cela a déjà été dit par d’autres, la particularité de ce fil est que non seulement l’article de départ est un régal, mais que la quasi-totalité des commentaires est de la même qualité.

    Quelques remarque personnelles  :

    1-les considérations "Droit-de-l’Hommiste" en géopolitique étrangère doivent à mon avis entrer en ligne de compte, même s’il faut bien les tempérer, comme l’expliquent fort bien et l’article et les commentaires.

    2- Sur le Tibet, nous assistons en "live" à l’émergence de la nouvelle hyper-puissance (pour reprendre l’excellente terminologie de Védrine). Le Tibet est-il un pays ou une province chinoise ? Imagine-t-on les états-Unis décider unilatéralement et par la force, aujourd’hui, que le Mexique est un nouvel état US ? Poser ces questions, c’est constater que la Chine a désormais des possibilités politique que les US n’ont plus. Derrière les considérations humanitaires, il faut rappeler que la puissnce de la Chine, déjà énorme pour les raisons déjà connues (masse et motivation de la population, récupération d’une énorme part de la production industrielle de masse, accumulation de réserves financières, etc.) acquiert en plus au Tibet d’énormes réserves minières et le pouvoir de chantage que donne le contrôle de l’eau sur toute une région hypersensible, jusqu’au Pakistan et au-delà. Le poids politique de ce pays ainsi agrandi a pu être considéré comme disproportionné dans les chancelleries, et je suppose que la tentative de nos états de mobiliser les opinions publiques contre l’annexion du Tibet par la Chine, par le biais des médias, n’obéissait pas qu’à des considérations morales... Mais médias contre médias, les chinois ont semble-t-il trouvé immédiatement la bonne parade en mobilisant leur propre opinion publique intérieure.

    3-¨Parmi les conséquences du rapprochement sino - soviétique aurait pu être ajouté l’aide politique donnée de façon à peine discrète à l’Iran, ce qui permet de fixer une partie des moyens diplomatiques occidentaux.

    4- Le temps où il n’y avait qu’une seule hyperpuissance étant terminé, la question qui se pose à nous devient :"Et la France (ou l’Europe -rayer la mention inutile) dans tout cela ?" Il est clair que pour le jeu de balance qui vient immédiatemet à l’esprit l’Europe à 27 est trop cacophonique, au moins à perspective prévisible, mais il reste que parmi les bonnes raisons qui ont présidé à la création de l’Europe (garantir la paix, atteindre la taille critique sur les plans politiques et économiques, etc.) seule la taille politique peut être remise en cause dans les conditions actuelles. Notons à ce propos que les US n’ont pas été les seuls à pousser à une croissance forcée de l’Europe pour la stériliser politiquement (faire tourner la mayonnaise en y versant trop d’huile d’un seul coup !). Je me rappelle clairement que Gorbatchev avait fait le même calcul, et que c’est une des raisons (parmi d’autres) pour lesquelles il n’avait pas tenté de s’opposer à la dislocation de l’Empire... On prônait voici quarante ans exactement l’imagination au pouvoir. Le souhait est plsu que jamais d’actualité !

    Encore merci pour votre article et vos contributions stimulantes.

    Alain.

     


  • Yannick Harrel Yannick Harrel 29 avril 2008 16:10

    Pour corroborer mes dires, je me permets d’ajouter cette dépêche de l’AFP tombée aujourd’hui :

    MOSCOU (AFP) — Le président russe élu Dmitri Medvedev, qui entrera en fonction le 7 mai, a annoncé mardi qu’il effectuerait son premier voyage à l’étranger au Kazakhstan, ex-république soviétique d’Asie centrale, et dans la foulée en Chine. "Comme je l’ai promis dans la nuit après mon élection, j’irai d’abord au Kazakhstan, une puissance amie, et du Kazakhstan j’irai en Chine", a-t-il déclaré lors d’une rencontre avec la presse.

    Il n’y a aucun hasard dans ce choix de destinations diplomatiques, surtout pour un nouveau Président. Aux chancelleries Européennes d’en tirer les conséquences utiles...

     


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