jeudi 4 février 2016 - par Abdelkarim Chankou

Maroc : Moulay Hafid Elalamy, un ministre businessman anti-libéralement libéral !

MHE se contredit-il ou confond-il libéralisme et protectionnisme ? Il est vrai que les mesures antidumping sont prévues dans les accords de l’OMC. Mais-ce qu’il y a vraiment dumping dans le secteur de l’acier au Maroc ? Sachant que l’on ne parle de dumping que quand « une entreprise exporte un produit à un prix inférieur à celui qu'elle pratique normalement sur son propre marché intérieur ».

Le Maroc renforce ses mesures protectionnistes pour « protéger les aciéristes nationaux contre la hausse des importations de fer à béton, dont les prix à l'international ont fondu de moitié en une année. » Mais ce protectionnisme décrété par le département de Moulay Hafid Elalamy ? le libéral qui fait passer parfois ses affaires personnelles avant l’intérêt public ne concerne pas seulement le fer à béton utilisé dans l’immobilier mais aussi l’acier employé dans l’industrie, particulièrement l’automobile, un secteur très cher au ministre Moulay Hafid Elalamy (MHE). En effet MaghrebSteel, en grande difficulté depuis 2012, est le premier concerné par ces clauses de sauvegarde visant la protection de l’aciérie locale. L’aciériste se prépare à courte échéance de livrer à Renault Maroc près de 70.000 tonnes d’acier par an. Donc si l’on comprend bien, le ministre de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de l’Economie numérique (ce qui ne l’a pas empêché se payer Facebook) veut faire d’une « bière » deux coups : d’une part, augmenter le taux d’intégration de Renault Maroc qui est actuellement en dessous de 30 % en l’alimentant en acier usiné localement, et de l’autre calmer un géant mondial de l’acier, en l’occurrence ArcelorMittal qui co-détient, à parts égales, avec la Société nationale d’investissement (SNI) depuis 2006, environ 65 % de la Société nationale de sidérurgie (Sonasid), autre sidérurgiste local en difficulté et concerné par ces mesures de sauvegarde. Qui connaît le gréant ArcelorMittal ne devrait pas ignorer qu’il plie bagages dès que le marché ne fonctionne plus en sa faveur, or cette éventualité le ministre MHE n’en supporterait pas les conséquences, lui qui a fait de l’industrialisation accélérée du pays son cheval de bataille… C'est le 28 décembre 2015 que le ministère de MHE avait décidé de proroger pour les trois prochaines années la mesure de protection dont bénéficient la Sonasid et Maghrebsteel. Et c’est curieusement ce même jour que le magazine parisien Jeune Afrique Jeune Afrique a diffusé une interview du ministre businessman (qui admire son homologue français Emmanuel Macron) où il a déclaré entre autres que « Le Maroc a fait le choix d’une économie ouverte et libérale et tous les investisseurs étrangers y sont les bienvenus » !

Cheval de bataille

MHE se contredit-il ou confond-il libéralisme et protectionnisme ? Il est vrai que les mesures antidumping sont prévues dans les accords de l’OMC. Mais-ce qu’il y a vraiment dumping dans le secteur de l’acier au Maroc ? Sachant que l’on ne parle de dumping que quand « une entreprise exporte un produit à un prix inférieur à celui qu'elle pratique normalement sur son propre marché intérieur ». Comment savoir alors que les exportateurs étrangers qui inonderaient le Maroc d’acier le lui vendent à des prix inférieurs à ceux pratiqués dans leurs pays respectifs ? En attendant de savoir, une chose est sûre. Les industriels locaux qui recourent à des matières premières d’importation en boudant celles produites sur place ne le font pas toujours pour des histoires de sous mais parfois aussi pour des raisons liées à la qualité du produit. Quand on sait que l’un des points faibles des voitures Dacia fabriquées au Maroc par Renault est la tôle (que l’ont peut couper avec un rasoir) l’on comprend mieux pourquoi Renault est tenté par l’acier importé. « Nombre d’entreprises nationales attribuent leurs difficultés commerciales au dumping pour cacher leurs insuffisances notamment en matière de qualité alors qu’en réalité leur problème est justement la qualité de leurs produits qui sont très en deçà des standards requis », explique un spécialiste du Management de la qualité.

http://chankou.over-blog.com/2016/02/maroc-moulay-hafid-elalamy-un-ministre-businessman-anti-liberalement-liberal.html



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