samedi 9 février 2013 - par camus

« Minuit et demie » à Abbottābād

Traque et mort de Ben Laden vu par Kathryn Bigelow*

« Ce qui est créé par l’esprit est plus vivant que la matière  »**

« Raconter des histoires fabuleuses pour faire oublier des mensonges abyssaux »… « telle sera la constante stratégie de Shéhérazade adoptée par le président américain », cet État failli en guerre perpétuelle, dirigé hier par Bush Junior, aujourd’hui par Uncle Tom Obama… Conversation entre deux élus de l’establishment  : Ron Suskin, ancien éditorialiste du Wall Street Journal relate ci-dessous un échange - sans doute - avec Karl Rove, lequel était alors Secrétaire général adjoint de la Maison Blanche en 2001, poste qu’il quittera en 2006. Autant dire que Rove figurait parmi les conseillers les plus influents de GW. Bush !

Dialogue aux enfers entre deux initiés… « Nous appartenons vous et moi à ce qu’il convient d’appeler la « reality-based community », la communauté des gens objectifs : mais croyez-vous que des solutions efficaces puissent émerger d’une judicieuse analyse de la réalité observable ? »… « En vérité le monde ne marche plus réellement de cette manière. Nous Américains, nous sommes maintenant un Empire et lorsque nous agissons, nous créons notre propre réalité. Et pendant que vous étudiez studieusement cette réalité, nous ne perdons pas de temps, nous agissons et nous créons d’autres réalités nouvelles qui vous sont loisibles d’analyser… C’est ainsi que les choses se passent, pas autrement. Nous sommes les acteurs et les producteurs de l’histoire… À vous, vous tous, il ne vous reste qu’à étudier ce que nous créons. » 1. Non seulement la fiction dépasse donc désormais la réalité, mais elle est, elle constitue l’ultime et indépassable réalité… la plus parfaite, la plus cohérente, la plus universellement recevable et admise.

C’est la démonstration à laquelle s’est attachée Mme Bigelow, ex épouse de ce grand maître de l’illusion qu’est devenu au fil des ans et des films, James Cameron. D’un ensemble de faits et d’événements hétéroclites, ponctués d’ombres, de contradictions et de gros mensonges, Mrs Biglow est parvenue à retisser, à retailler sur mesure l’histoire de l’Amérique meurtrie, touchée dans ses œuvres vives, en son cœur symbolique de Manhattan, citadelle du Marché planétaire, lors de la chute - à la vitesse de la chute libre - des Tours jumelles… tout comme la tour N°7 non percutée ! Histoire pour incroyable qu’elle fût trouvera sa conclusion en apothéose du seul fait d’une femme, agent de la CIA, qui va consacrer – dès sa sortie du cycle secondaire – ses douze plus belles années à la traque de Ben Laden. Homme qui pour l’anecdote n’aura jamais revendiqué clairement la tragédie du 11 Septembre ailleurs que dans des vidéos – de l’avis des experts – plus ou moins grossièrement « bidonnées ».

La légende noire du grand méchant Golem Ben Laden

Le grand mérite de l’intelligente et fort habile œuvre de propagande que constitue « Zero dark thirty » est de retisser toute la légende qui s’est développée en halo autour et à partir de ce jour maudit du 11 Septembre 2001, afin de lui donner une cohérence virtuelle totalement inexistante dans la réalité… en tout cas pour qui se donne la peine de plonger dans le dossier, ses méandres, ses puits d’ombre et ses étincelantes contradictions.

Mais à quoi sert un tel film ? Ses finalités sont évidemment multiples. D’abord, incidemment, presque en passant, au tout début, à mettre en cause l’Iran… Un petit caillou subliminal qui balise le chemin des plus solides convictions dans l’esprit réceptif – parce que plongé devant l‘écran des salles obscures dans un état semi-hypnotique – du spectateur. En deux, afin d’administrer la démonstration que la torture de prisonniers - dépouillés de tout droit et de toute humanité - est une bonne chose, morale et utile, morale parce qu’utile. Les scènes d’interrogatoire musclé sont jalonnées de renvois à des actes terroristes que le récit attribue abusivement - en toute logique démonstrative, à la source centrale - la Maison mère du Mal, Al-Qaïda. Les attentats de Londres – ceux qui touchent l’allié britannique - servent d’arrière plan, mais pas un mot sur Madrid… De toutes façons, d’après Scotland Yard, la piste al-qaïdiste a été tôt abandonnée 2. Rien de plus complexe en effet que le terrorisme et les mercenaires qui servent le cas échéant de chiens de guerre, ou encore l’intervention d’autres types de prestataires, par exemple de droit commun, dans des opérations et au service de causes souvent antipodiques de celles publicitairement revendiquées.

Bref la torture est utile et légitime si elle sert à prévenir des actes de terreur imminents. Oui da ! Mais le film n’est guère probant dans sa démonstration, et ne pousse d’ailleurs pas le raffinement du détail vériste jusqu’à nous plonger dans l’horreur réelle de ce type de pratique : ici les questionnés sont des gens convenables qui évitent de hurler ou de répandre leurs excréments. De la torture « clean » en quelque sorte. Il en ressort cependant de cette laborieuse « démonstration » une impression déplaisante à savoir qu’au fanatisme islamiste répond un autre fanatisme, tout aussi barbare, mais celui-là badigeonné de bonne conscience supérieure… laquelle n’a justement pas en principe, l’excuse du fanatisme !

Au-delà, le film valide d’entrée de jeu le postulat de la culpabilité tout azimuts du monstre d’Abbottābād, le dotant d’une capacité de nuisance sans limites dans le temps et l’espace puisqu’à l’heure de sa mort il continue ici - dans la fable hollywoodienne - d’envoyer ses ordres de destruction aux quatre coins du monde. Réfléchissons une seconde : si le terrorisme existait tel qu’on nous le décrit, il y aurait chaque jour des dizaines de victimes tombant sous les coups improvisés d’artisans de la terreur. Comme ce n’est pas le cas, déduisons-en que le terrorisme n’est qu’un instrument spectral destiné à épouvanter l’Amérique et l’Occident pour les faire se tenir coi.

Mme Bigelow rempli à ce propos parfaitement son cahier des charges. L’Amérique matriarcale et héroïque triomphe de ses ennemis - ceux de la « Liberté », concept auquel il conviendrait impérativement et urgemment de donner un contenu recevable dans la conjoncture de l’actuelle crise morale et sociétale – et de la bureaucratie « lourdingue » de Washington, cela grâce à une frêle mais super entêtée petite rousse… Celle-ci porte le joli nom de Maya, sans doute « Maya l’abeille » 3 ou plutôt la « Maya la guêpe » parce que ses collègues hommes évitent prudemment de s’y piquer ! Curieusement, Maya, dans les grandes mythologies indo-européennes c’est aussi le voile de l’illusion, le monde trompeur des apparences masquant la réalité vraie. Maya est-elle à ce titre un clin d’œil destinés aux grands initiés ? Car, ne nous leurrons pas, les scripts, le scénario de ce type de film sont le résultat de minutieux travaux d’une foultitude de gens de grands talents, ils sont vus et revus par des équipes du Pentagone (contributeur financier de la production), et donc, si rien ne vient au hasard, tout par contre nous invite à lire entre et à travers les lignes.

De cet ultime point de vue, « Zero dark thirty » est une œuvre beaucoup moins haletante que son homologue propagandiste « Argo » de Ben Affelk… Reste que ce que le film – long, trop long - perd en intensité et en rythme, il le gagne en puissance de conviction… la fiction en se greffant sur des événements réels finit par s’imposer comme « Le » récit authentique, validant du même coup a posteriori, toutes les peurs d’une Amérique enfermée à triple tour, et pour longtemps encore, dans ses angoisses obsidionales… Pour au moins autant que dureront les guerres d’expansion et de conquête de l’Empire molochien du Marché affublé des oripeaux de la démocratie anarcho-libérale.

Quand la fiction scénographique se fait chair et sang

Évidemment Ben Laden n’est certainement pas mort lors de l’assaut lancé contre une banale villa à proximité d’Islamabad, capitale pakistanaise, comme voudrait nous le faire croire cette rouée stipendiée de Bigelow. Mais cela importe peu, l’important c’est que la légende naisse et perdure… ne sommes-nous pas entrés de pleins pieds dans « l’économie durable » ? Celui-ci serait en réalité passé de vie à trépas le 16 décembre 2001, aboutissement fatal d’une atteinte rénale grave… comme le laisse entendre une notice nécrologique publiée en Égypte le 26 décembre suivant 4.

« Un membre éminent du mouvement Taliban Afghan a annoncé hier la mort d’Oussama Ben Laden, le chef de l’organisation Al Qaïda, déclarant qu’il était décédé de mort naturelle [une embolie pulmonaire lié au syndrome de Marfan] à la suite de graves complications pulmonaires. Un fonctionnaire pakistanais, qui a demandé à garder l’anonymat, a déclaré à L’Observer [Islamabad] qu’il avait lui-même assisté aux funérailles de Ben Laden et avait vu son visage avant l’inhumation à Tora Bora il y a dix jours. Il a fait mention de trente combattants d’Al Qaïda ayant assisté à la cérémonie, ainsi que des membres de sa famille et ses amis Taliban. Ces adieux avant son dernier repos ont été accompagnés d’une salve de fusil. Le fonctionnaire en question a en outre déclaré qu’il est difficile de localiser l’emplacement de la sépulture, car selon la tradition wahhabite aucune marque n’a été laissée sur la tombe. Il a enfin souligné le fait qu’il est peu probable que les forces américaines aient jamais découvert la trace de Ben Laden ». 5

Autopsie d’une « exécution » extrajudiciaire

À l’époque des attentats du 11 Septembre 2001, la défaillance rénale de Ben Laden s’était sérieusement aggravée, au point qu’il avait dû faire – dit-on - l’acquisition de deux systèmes de dialyse à Dubaï. Dès cette époque, ses jours étaient déjà comptés. Surtout parce qu’il devait en principe se faire accompagner d’encombrants appareils de dialyse, d’un groupe électrogène et du carburant nécessaire à leurs fonctionnement… une gageure pour un homme traqué !

Une information qui va à contresens de l’hypothèse de sa survie sur une longue durée, soit plus d’une décennie. Notons d’ailleurs que l’information dissonante d’une mort rapide après la prise du réduit de Tora Bora, ne trouve pas sa source dans un seul et obscur organe de presse égyptien ! Ben Laden, mort et enterré en décembre 2001, l’information n’a pas été uniquement annoncée par de vulgaires conspirationnistes, mais tout aussi bien par Fox News à l’époque de son décès putatif, puis par le New York Times six mois plus tard, en juillet 2007… et ce, à l’instar de quelques ténors de l’armée américaine… ou encore de Pervez Mucharraf, alors président du Pakistan, des Services de renseignements israéliens ! Tous ONT déclaré en chœur que Ben Laden sous dialyse avait été emporté par une « affection rénale incurable ». Ce qui somme toute aurait été assez logique pour un homme traqué, épuisé, de surcroît hypertendu et diabétique.

Pour sa part, le publiciste Dan Rather n’hésitait pas à rappeler le 8 janvier 2002 sur la chaîne CBS que le 10 septembre 2001 – la veille du 11 – OBL était à Rawalpindi au Pakistan en traitement dans un hôpital militaire. Il n’était donc plus capable, déjà à cette époque de se terrer dans les gourbis de son fameux « complexe souterrain  » de l’Hindou Koush décrit à l’époque comme une forteresse tout droit sortie d’un roman de Ian Fleming, le père de James Bond. A-t-on en fin de compte mentionné un quelconque de dispositif de dialyse dans l’inventaire d’Abbottābād ? Non. Pas un mot ! Rien non plus dans le film, ni dans les vidéos prises lors de l’action commando. Bref si OBL avait survécu à l’hiver 2001 il aurait été, en vérité, un miraculé revenu de la maison des morts.

Pour clore ce chapitre, Mme Bhutto, ancienne premier ministre du Pakistan, accusera le 2 novembre 2007 les Services spéciaux pakistanais - ISI - d’avoir fait assassiné Ben Laden, cela tout en en désignant l’exécuteur. Elle périra quelques semaines plus tard, elle-même victime, le 27 décembre, dans l’explosion d’un véhicule piégé… sans qu’il soit évidemment possible d’établir un quelconque lien de cause à effet entre ses déclarations inconsidérées et sa brutale disparition.

À partir de ces faits primaires – un état de santé particulièrement précaire engageant à court terme le pronostic vital – quelques esprits imaginatifs sont allés jusqu’à envisager que le corps d’OBL immergé en haute mer aussitôt après sa mort, aurait pu être congelé puis ressorti au moment opportun afin d’être le cas échéant exhibé - pensons à la dépouille de Che Guevara – ou mieux, afin de permettre une validation grâce à des tests d’ADN. Pourquoi pas ? Un scénario en tout cas guère plus absurde que celui de la traque victorieuse au bout de douze années, de l’homme recherché « mort ou vif » (et plutôt mort que vif, car les morts ne parlent pas). Triviale poursuite d’un fantôme que le FBI n’a jamais recherché - jamais - pour l’affaire des Tours jumelles 6, mais pour les attentats d’août 1998 contre les ambassades américaines de Dar es Salam en Tanzanie et de Nairobi au Kenya. N’y a-t-il pas ici de quoi se poser certaines questions ?

Afghanistan, Irak, après dix ans d’échec Obama abat son Jocker

Ainsi donc Ben Laden est réputé avoir été exécuté sans tambour ni trompette le 1er mai 2011 dans les faubourgs d’Islamabad, capitale du Pays des Purs, le Pakistan. Tout comme le suicide d’Hitler intervient un 1er mai 1945… coïncidence ? Quant à Saddam Hussein, il s’agit du 1er janvier 2007 ! Aussitôt le visage d’OBL paraîtra barré d’une croix rouge sanguinolente à la « Une » du magazine Time. Une croix rouge inventée en 1932, par Serge Tchakotine, apatride franco-soviétique, maître ès manipulations psychologiques des masses 7 !

Des rappels historiques utiles à dessiner les contours d’une éventuelle et fascinante opération de « communication » pour un président américain en mal de rattrapage… juste une semaine après la piteuse présentation à la presse d’un bulletin de naissance grossièrement falsifié aux dires de spécialistes. Un coup de tonnerre suffisamment retentissant pour faire taire ou pour souffler d’un seul coup toutes les rumeurs malveillantes courant depuis trois ans. Bruits tapageurs relatifs à une naissance hors du champ de la citoyenneté américaine… ce qui derechef le rendait inéligible, et moins encore rééligible. Ceux qui sont allés chercher le document sur le site de la Maison-Blanche et on « ouvert » via Adobe Illustrator, ont mis en évidence une incroyable « forgerie «  ! Des falsifications si (grossièrement) évidentes que l’idée vient immédiatement à l’esprit que leurs traces pourraient avoir été laissées tout à fait délibérément… laissées par un exécutant hostile au trucage de l’élection présidentielle ?! Reste qu’un bulletin de naissance « bidonné » constitue un merveilleux fil à la patte pour le cas où le titulaire de la Maison-Blanche aurait eu ou aurait pour le futur immédiat la velléité de ne plus jouer exactement sa partition…

Cadavre exquis et ADN express

À l’arrivée l’Opération Geronimo se sera soldée par un film à succès relatif, mais en l’absence de tout cadavre, sans photo, ni témoins, ni preuves matérielles probantes… à part un hélico spectaculairement « vaché » sur un mur d’enceinte et nombre de points d’exclamations et d’interrogations pour une affaire bouclée en 40 mn chrono... et en quatre « T » : Tomber du ciel, Tirer, Tuer, Tailler la route ! Resterait évidemment – avons-nous dit - à savoir qui a vraiment été tué dans la villa d’Abbottābād ? Car qui peut trouver convaincantes les vidéos présentées par le Pentagone où l’on voit le de cujus en train de regarder la télévision ? Du cinéma muet agrémenté d’un texte surajouté, où le chef d’Al Qaïda est pris de dos, seule une barbe blanche dépassant !

Les tests d’ADN sont par ailleurs un autre sujet de consternation : une poignée d’heures après la liquidation supposée d’OBL, des tests d’identification génétique confirmaient l’identité d’un « cadavre exquis » aussitôt abîmé dans les eaux océaniques. Ce qui au demeurant, loin d’en effacer la mémoire, risque d’en nourrir la possible légende. Pas de cadavre, pas de preuve… au contraire des corps exhibés de Saddam la tête à demi arrachée par la trop longue corde de son supplice, de l’« ennemi n°1 » Mesrine transformé en écumoire ou celui du « Che » blanc comme craie, abandonné de tous les siens…

Nul n’ignore que la reconnaissance par l’ADN nécessite un certain temps - les spécialistes parlent d’une journée au mieux - alors que les résultats ont été rendus publics dans les premières heures qui ont suivi l’opération ! Pour opacifier encore le tableau, ajoutons que le bunker, le compound d’OBL à « un million de $ » - chiffre magique - ne possédait pas de toit d’une épaisseur de 3 m, ni de murs extérieurs de 5 m de hauteur… cela se constate sur les clichés où l’on voit des badauds déambuler sous ces fameuses murailles dignes d’une place fortifiée… Même dame Bigelow n’a pas osé valider ce bobard, les murs de son décor sont hauts mais pas démesurés.

Ajoutons des voisins incrédules, terriblement sceptiques quant à la résidence d’OBL à deux pas de chez eux et… d’une école militaire ! En fait une assez banale villa comme tout nanti en possède au Pakistan, terre d’une grande violence où les gardes armés de kalachnikov font partie du paysage, tout comme les barbelés au sommet des murs d’enceinte. Un pays où les chauffeurs d’autocars fument de l’héroïne et doublent assez fréquemment en troisième ligne… sur des routes à deux voies… une application rustique de la théorie des jeux : le plus fou l’emporte !

Il fallait bien au final une histoire à la « Rambo » pour exalter la toute puissance des É-U (mise en échec pendant dix ans en Afghanistan par quelques bandes de gueux armées de pétoires) et parvenir à nimber de gloire une Administration Démocrate à bout de ressources. Obama était devenu, à l’occasion d’un coup de théâtre, Commander in chief, chef de Guerre à part entière, sur le modèle de son prédécesseur l’ineffable M. Bush. L’Amérique était donc « de retour » - Amerika is back - et son président après avoir en sus conduit une cérémonie mémorielle à Ground Zero, sur l’emplacement du WTC, a vu sa cote de popularité bondir de onze points 8. De la même façon, en déclenchant à la hâte une offensive contre les islamistes maliens, M. Hollande, au plus bas des sondages de popularité, faisait immédiatement oublier les trois militaires français qui venaient de trouver la mort en Somalie où leurs corps avaient été abandonnés à l’ennemi en conclusion d’un raid désastreux.

Western spaghetti et chasse à l’Apache

Pour ne pas conclure, disons que l’Amérique est possédée du génie démoniaque de la scénographie comme le prouve l’invention d’un récit exaltant une sordide opération de police punitive redoublée à l’arrivée par son épique réplique « fictionnelle »… une fiction créant une vérité mensongère sous forme d’une mise en scène en temps réel et en décors naturels. Étonnant jeu de miroirs spectaculaires… Avec en surcharge la convocation au balcon de l’imaginaire collectif, soit un western spaghetti sur le thème de la chasse au « peau rouge » : Oussama Geronimo ! Scénario enrichi, corrigé et affiné au fil des jours et du tournage pour finalement aboutir à un blockbuster oscarisé !

Retour au final sur le film à géométrie variable et à multiples versions 9.d’une exécution extrajudiciaire programmée… ici, la question se pose de savoir pourquoi le supposé Ben Laden ne pouvait être enlevé et jugé ?! La photo du visage meurtri et tavelé de violacé du terroriste diffusée de « sources pakistanaises », était en fait un hoax. Que le pseudo Ben Laden n’a jamais pris non plus en tant que « bouclier humain », l’une de ses épouses abattue en même temps que lui. Que celui-ci n’était pas armé… mais, dirent les membres du commando, il y avait « des armes dans la pièce, plus d’une » ! Que l’épouse en question se serait jetée sur les Navy seals, héroïques tueurs de dragons et de féroces vieillards. Ou encore, que l’’épouse n’est pas morte, qu’elle n’aurait été blessée qu’à la jambe… mais l’on ignore son sort, tout comme celui des vingt autres femmes et enfants de la maisonnée. Dans certains cas l’incuriosité médiatique se révèle sidérante. Les commères seront finalement récupérées par les Pakistanais - lesquels n’étaient pas au courant de l’opération – mais au final, ceux-ci se garderont bien de livrer leurs propres conclusions. Infirmer ou confirmer le décès du grand maudit. Rien n’a filtré. Mystère et boule de gomme !

En ce qui concerne l’épouse de l’émissaire supposé d’OBL – celui qui a été pisté et a conduit à la tanière du « monstre » – elle semble bien avoir été tuée pour s’être, elle aussi, jetée – désarmée - sur les assaillants. Ironie involontaire, sur l’une des photographies [Reuters] des cadavres des hommes éliminés, baignant dans des mares de raisiné, apparaît sous la tête de l’un deux, un pistolet… à eau en plastique jaune ! Assurément, un détail qui tue. Formidable Amérique ! Pour le côté approximatif de l’opération, ultimement un hélico s’est écrasé sur un mur de séparation intérieure. Grâce au ciel l’opération n’a pas tourné à la débandade sur le modèle de la tentative avortée de sauvetage des diplomates américains retenus en otage à Téhéran, en 1980. Épisode qui valut sans doute sa présidence à Jimmy Carter. À Abbottābād, l’appareil endommagé a été détruit par le commando en se retirant… sa queue étant malheureusement restée intacte pour la plus grande joie des experts pakistanais et chinois.

Katleen Bigelow tête de pont du Pentagone à Hollywood

L’assassinat d’un Ben Laden - réel ou supposé - était censé clore le volet afghan de la guerre antiterroriste. Au contraire d’applaudir à ce magistral tombé de rideau, le Pakistan mauvais coucheur s’est offusqué de la violation de son espace aérien et plus encore de sa souveraineté par les appareils des Navy Seals ! À partir de là, Islamabad a commencé à prendre au sérieux le risque jusque là hypothétique d’une attaque américaine contre ses sites nucléaires en cas de crise majeure ou d’une accession au pouvoir des islamistes. Les supercopters 10furtifs à long rayon d’action ont en effet démontré par le truchement de l’Opération Geronimo, que la marine américaine possède indiscutablement la capacité de procéder à une attaque surprise des sites stratégiques pakistanais au cœur de son territoire. Adossé à la Chine, le Pakistan s’est donc aussitôt vu secouru par Pékin qui s’est empressé d’adresser à Washington - par retour de courrier - un sévère « avertissement », au demeurant parfaitement passé inaperçu des observateurs institutionnels.

En produisant et en récompensant un film qui ne fait que populariser un mythe auquel personne – en tout cas, pas les esprits cartésiens - n’a sur le moment vraiment cru, il s’est vraisemblablement agi d’établir pour le futur, une sorte de version/vérité officielle destinée à rendre un peu de cohérence et de brillant à une intervention somme toute assez contestable quant à ses résultats et à ses méthodes. Au fond, un film comme moyen de pallier « l’extrême confusion de la communication » de l’Administration américaine quant au déroulement de l’assaut lui-même et son environnement, à savoir l’épouvantable fiasco afghan et l’ouverture d’une plaie suppurante sur le Toit du monde. Comprendre : une extension du conflit Afghan aux zones tribales pakistanaises qui déstabilise un peu plus une région déjà sous haute tension !

Curieusement les mensonges d’État constants et récurrents dans la surenchère 11 des Administrations Bush et Obama n’ont pas atténué mais aggravé le discrédit dont les États-Unis, et à travers eux l’Occident tout entier, se voient affligés… Des mensonges certes mieux ficelés, plus cohérents, plus arrogants, mais au final désespérément pénalisant pour l’avenir de la civilisation occidentale. Ceux que diffuse le film de Mme Bigelow sont de cette espèce.

Car il est certain que nulle civilisation digne de ce nom ne peut s’édifier durablement sur le sable du mensonge. Au reste les dirigeants occidentalistes, bon comédiens mais exécrables politiques, se montrent soit imprudents, soit bien mal informés pour ce qui est de la disposition des masses à tout gober toujours et partout. Le retour de flamme viendra, n’en doutons pas, tôt ou tard…

Remercions pourtant M. Obama, sa fine équipe et Hollywood et sa nouvelle égérie, l’ex Mme Cameron, sponsorisée par le Département d’État et le Pentagone, d’avoir fait d’OBL un martyr. Symbole qui éclairera certainement d’un feu plus vif les révoltes à venir. On voit bien que l’exemple djihadiste a fait école au Maghreb et au Levant. Symbole non seulement d’un islam intransigeant et outrancier, mais également expression exacerbée du rejet d’un Occident qui finira par être demain plus haï qu’il n’est aujourd’hui convoité.

 

* « Zero dark thirty », film cinq fois proposé pour les « Oscars » 2013, parmi lesquels celui de la meilleure œuvre.

** Charles Baudelaire 1887 « Fusées ».

Notes

(1) « Le magicien de la Maison Blanche » Le Monde diplomatique déc.2007

(2) Lors d’une table ronde qui s’est tenue au Sénat le 29 janvier 2010 sur le thème « Où en est Al-Qaïda », l’ancien chef du bureau de coordination des recherches et opérations anti-terroristes de1980 à 1985, nommé ensuite au poste de directeur du Service de renseignement de sécurité à la Direction générale de la sécurité extérieure, déclare considérer que la « nébuleuse terroriste » al-qaïdiste a cessé d’exister (ou d’être opérationnelle) depuis 2002 ! www.dailymotion.com/video/xc6jyy

(3) « Die Biene Maja und ihre Abenteuer » 1912 - Maya l’abeille et ses aventures – de l’Allemand Waldemar Bonseils, a fait l’objet d’une transcription sous forme de dessins animés austro-nippons au milieu des années soixante-dix.

(4) Al Wafd. Vol 15 No 4633

(5) welfarestate.com - Traduction (vérifiée) de P. Lombard

(6) fbi.gov/wanted/topten

(7) Cf. « Le viol des foules par la propagande politique » Paris 1939

(8) Terribles échecs politique, moral et militaire en Irak et en Afghanistan assortis de la promesse non tenue de fermer le bagne cubain de Guantanamo (245 détenus), et celui, afghan, de Bagram (600 prisonniers dits du champ de bataille non protégés par les Conventions de Genève). Ce dernier peut-être plus terrible encore parce qu’oublié des hommes, des dieux et des journalistes.

(9) Différentes versions qui se syncrétisent dans la version hollywoodienne : « Lundi version n°1 : Ben Laden vivait dans une luxueuse villa évaluée à un million de dollars. Il aurait été tué lors d’un échange de tirs nourris et aurait utilisé une femme, la sienne, comme bouclier humain, laquelle aurait également été tuée. Mardi version n°2 : Ben Laden n’était pas armé et n’a pas utilisé son épouse comme bouclier : elle s’est jetée au devant des assaillants. Elle n’est pas morte mais a été blessée à la jambe. Mercredi version n°3 : il n’y a pas eu d’échange de tirs ; seul l’un des messagers de Ben Laden, qui habitait dans la villa, a ouvert le feu dans les premières minutes de l’attaque et a été rapidement abattu. Il est le seul résident à avoir tiré sur les commandos -Taïké Eilée- agoravox.fr 7 mai 2011

(10) Il s’agirait d’un prototype furtif de super Black Hawks - quatre chars d’assaut volant – version améliorée et furtive de ceux qui se sont si bellement illustrés à Mogadiscio en 1993. Voir le film de Ridley Scott « La chute du faucon noir ». Quatre heures de vol ont été requis pour couvrir les 740 miles (soit 1191 km à 295 Km/h) pour atteindre les côtes de la Mer d’Oman et regagner le porte-avion de recueil. Notons pour la micro histoire que trois mois après l’Opération Geronimo, le 2 mai 2011, soit le 7 août 2011, un hélicoptère « Chinook » se serait écrasé en Afghanistan après avoir été touché par deux grenades RPG-7 tirées par la résistance, entraînant la mort de trente-huit hommes dont trente Navy Seals parmi lesquels 17 membres du commando d’Abbottābād ! Sans commentaire.

(11) Cf. « Body of lies » de Ridley Scott 2011

 



3 réactions


  • Gonzague Gonzague 9 février 2013 11:31

    « Uncle Tom Obama » 

    wè ta tro rézon c k1 négrot ki a bezoin de bon blans pour fer 2 la politik lol

    Non mais ca va pas la modération de laisser tel quel ce genre de propos ? « Uncle Tom Obama »... 

  • CASS. CASS. 10 février 2013 13:56

    11.9 = les netanyahu le mossad, et les bush et des juifs amerloc, en paravent et ok avec Emirat arabie saoudite. le ben laden n’est pour rien dans cette histoire, et le scénario la mise en scéne etc organisés par le gouvernement obama n’est qu’une fiction.


  • parzifal 1er mars 2013 18:07

    Merci Camus pour cette très bonne contribution !


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