mercredi 10 mai 2017 - par Taïké Eilée

Moscou 1999 : le 11-Septembre russe

Garry Kasparov a pointé une possible responsabilité de Vladimir Poutine dans l'attentat qui a frappé Saint-Péterbourg le 3 avril 2017. Nous avons vu que son argumentation ressemblait en tout point à celle de nombreuses personnalités, que les médias ont coutume de qualifier de "conspirationnistes" ; or, Kasparov n'a pas été affublé de ce qualificatif, et son discours a même été complaisamment relayé par CNN et Newsweek. D'où l'idée d'un "complotisme bon teint". Ses soupçons se fondent sur une série d'attentats qui ont émaillé le règne de Poutine, et qui auraient servi ses intérêts. Ils se fondent surtout sur les attentats qui ont ensanglanté Moscou en 1999, et qui ont précédé de peu l'arrivée au pouvoir de Poutine. 18 ans plus tard, des chercheurs tentent péniblement, au milieu des gravats d'une histoire officielle en partie dynamitée, de faire surgir une "vérité" que très peu semblent disposés à entendre. Leur combat, comme leur objet d'étude, peuvent nous renvoyer, sur bien des points, à la quête de vérité concernant les attentats du 11 septembre 2001.

Cet article est la suite de Attentat de Saint-Pétersbourg : Kasparov accuse Poutine [un complotisme bon teint ?], paru le 19 avril 2017 sur AgoraVox.

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Kashira Highway, Moscou, 14/09/1999

Il serait facile de railler le "complotisme" de Kasparov en ayant recours à une analyse d'ordre psychologique, du type de celle que l'on a pu lire récemment sous la plume du sociologue Gérald Bronner dans Pour la Science d'avril 2017 :

"Aux États-Unis, trois chercheurs en science politique – Christina Farhart, Joanne Miller et Kyle Saunders – ont fait récemment une curieuse constatation. Alors que dans ce pays, les partisans du Parti républicain sont statistiquement plus enclins à endosser des théories du complot que les Démocrates, la tendance paraît s'inverser ces derniers mois.

Immédiatement après les élections de novembre, une enquête sur un échantillon représentatif a en effet montré que la disposition à croire des énoncés conspirationnistes classiques a augmenté chez les Démocrates, alors qu'elle a baissé chez les Républicains, passant de 28 % à 19 % ! L'enquête portant sur l'adhésion aux mêmes énoncés, comment expliquer cette curiosité sociologique ?

Ceux qui se sont penchés sur les mythologies du complot ont parfois expliqué que le sentiment de perte de contrôle, de vivre dans un environnement sur lequel on ne pouvait plus agir, favorise les propositions intellectuelles de type conspirationniste, lesquelles visent à expliquer les phénomènes du monde comme étant dus à des volontés puissantes et occultes.

En ce sens, les interprétations conspirationnistes permettent d'évacuer le caractère arbitraire des événements en les rapportant à des intentions. Depuis la victoire de Donald Trump, les électeurs démocrates, conscients de ne plus être dans le camp des vainqueurs, développeraient donc un peu plus cette appétence pour des modes d'explication donnant un sens à ce sentiment de dépossession."

Kasparov appartient, dans la Russie de Poutine, au camp des perdants (il a, en outre, essayé de s'opposer à lui et a échoué) ; il peut donc être plus enclin qu'un autre à imaginer de sombres conspirations rendant compte de son échec face à un ennemi tout-puissant. Pourtant, le possible biais psychologique de Kasparov ne nous dit rien de la véracité ou de la fausseté de ses croyances. C'est pourquoi il faut se pencher sur ces attentats de 1999, sur l'examen des faits. Un examen qui reste, à ce jour, extrêmement sensible...

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David Satter

En effet, pas plus tard que le 19 janvier 2017, une conférence du journaliste américain David Satter (par ailleurs chercheur à l'Hudson Institute), qui devait se tenir au Centre de recherches internationales (CERI), à Sciences Po, a été annulée en dernière minute, sans explication. Elle devait porter sur les ressorts terroristes du régime de Vladimir Poutine. Selon Le Monde, "la direction du CERI aurait préféré appliquer un principe de précaution, étant donné le risque de rétorsion du régime russe envers Sciences Po et ses étudiants engagés en programmes d’échanges. L’un des chercheurs du CERI, inquiet, aurait plaidé avec succès auprès de la direction contre la venue du journaliste, arguant que l’image critique du laboratoire qui en aurait découlé pouvait être préjudiciable aux doctorants qui travaillent sur la Russie au CERI".

Un épisode fondateur entouré de mystères

Revenons donc sur les tragiques événements de 1999 en Russie. Entre le 31 août et le , une série de cinq attentats, dont quatre contre des immeubles d'habitation, a eu lieu dans plusieurs villes de Russie, qui ont fait 293 morts et un millier de blessés. Le 31 août, à Moscou, une bombe explose sur une place tuant une personne et en blessant une quarantaine. Le 4 septembre à 9h40, à Bouïnaksk (Daghestan), une voiture piégée explose près d'un immeuble de cinq étages logeant des militaires russes et leurs familles : 64 personnes sont tuées et 133 blessées. Le 9 septembre, peu après minuit, 300 à 400 kg d'explosifs détonnent au rez-de-chaussée d'un immeuble du sud-est de Moscou. Le bâtiment de neuf étages et 108 appartements est détruit : 94 personnes périssent et 249 autres sont blessées. Le 13 septembre, une puissante bombe éclate à 5h dans un sous-sol d'un immeuble sur la route de Kachirskoïé dans le sud de Moscou. Le bâtiment de huit étages s'effondre : 118 personnes meurent et 200 sont blessées. Le 16 septembre à 5h, un camion piégé explose près d'un complexe d'appartements de neuf étages dans la ville de Volgodonsk au sud de la Russie, tuant 17 personnes et en blessant 69.

Le 22 septembre au matin, à Riazan, à environ 200 km au sud-est de Moscou, survient un incroyable incident, que nous décrit la spécialiste de la Russie Amy Knight :

"Les habitants d’un immeuble avaient signalé un insolite remue-ménage dans la cave et vu trois personnes dans une voiture aux plaques d’immatriculation partiellement camouflées décharger des sacs dont ils n’avaient pu distinguer le contenu. À son arrivée, la brigade anti-bombe découvrit que lesdits sacs ne contenaient pas seulement du sucre mais aussi des explosifs, notamment de l’hexogène, reliés à un détonateur.

Après avoir été examiné, l’ensemble fut expédié à Moscou par la section locale du FSB. L’immeuble fut totalement évacué. Les autorités locales retrouvèrent la voiture utilisée par les trois hommes, une Lada blanche, dans un parking situé à proximité. À leur grand étonnement, la piste des plaques d’immatriculation remontait au FSB. Et quand ils appréhendèrent deux des suspects, il s’avéra rapidement qu’ils étaient membres de l’agence. On les libéra presto, sur ordre de Moscou.

Après un jour et demi de silence, Patrouchev [directeur du FSB] annonça à la télévision qu’il s’agissait d’une fausse bombe, utilisée au cours d’un « exercice », et que les sacs ne contenaient que du sucre. La branche du FSB de Riazan et la police régulière, qui avaient ratissé la ville à la recherche d’autres explosifs, s’indignèrent. Comme l’expliqua un responsable de la police, « nos tests préliminaires ont montré la présence d’explosifs... Pour autant que nous sachions, le danger était réel. »"

La Douma a rejeté en 2000 deux motions demandant une enquête parlementaire sur cet incident et mit au secret les documents relatifs à celle-ci pour les 75 prochaines années. Lors d'une conférence en 2016, le journaliste David Satter affirma que la plupart des personnes qui avaient enquêté sur l'incident de Riazan avaient été assassinées.

Le 24 mars 2000, l'émission Independent Investigation, sur la chaîne russe NTV, traita de l'incident, mettant face à face des habitants de l'immeuble de Riazan visé par le soi-disant exercice et des représentants du FSB. On constate que les habitants ne sont pas du tout convaincus par l'explication officielle, pas plus d'ailleurs que d'anciens chefs locaux du FSB présents sur le plateau. Des extraits de cette émission sont visibles dans le documentaire Assassination of Russia, réalisé à partir du livre Blowing Up Russia : Terror from Within.

Dans ce film, on voit que les autorités russes elles-mêmes se sont emmêlées les pinceaux pour expliquer l'incident de Riazan. Le 24 septembre 1999, Vladimir Rushailo, le ministre de l'Intérieur, déclare qu'un véritable attentat terroriste a été déjoué à Riazan. Vladimir Poutine, alors Premier ministre de Boris Eltsine (après avoir dirigé le FSB entre le 25 juillet 1998 et le 9 août 1999), donne la même version et en profite pour saluer la vigilance des habitants de Riazan. Le même jour, Nikolai Patrushev, le directeur du FSB, rectifie et affirme qu'il s'agissait en réalité d'un exercice, et qu'en lieu et place des explosifs, il n'y avait que du sucre. Ce changement de version tient au fait que les poseurs de bombe venaient tout juste d'être arrêtés et identifiés comme des agents du FSB.

Les attentats de 1999 ont été officiellement attribués à des indépendantistes tchétchènes : "Immédiatement après l’explosion du 13 septembre, rapporte Amy Knight, Poutine affirma que les responsables des attentats commis dans la ville daghestanaise de Bouïnaksk et à Moscou étaient très probablement des terroristes liés à Oussama Ben Laden qui avaient suivi un entraînement en Tchétchénie." Comme le souligne John B. Dunlop, chercheur à la Hoover Institution, dans The Moscow Bombings of September 1999, ces attaques furent "le 11 Septembre des Russes" ; elles suscitèrent, écrit Knight, "une phobie du terrorisme – assortie d’un désir de vengeance contre les Tchétchènes". La journaliste Sophie Shihab qualifiera les attentats de 1999 d'« épisode fondateur du nouveau régime russe » dans Le Monde du 17 novembre 2002 ; en effet, ils participèrent à l'accession triomphale de Vladimir Poutine à la présidence le 7 mai 2000.

Sophie Shihab note que ces attentats recèlent "tant de mystères et de contradictions que la question n’en finit pas de se poser : et si cette série d’attentats n’était qu’une machination ?" Pour BiblioObs, le 13 octobre 2013, la question ne se pose même pas : ces attentats "ont été commis par les services de sécurité russes sous l’égide d’un certain Vladimir Poutine. (...) L’accablante énumération des faits rapportée par le spécialiste de la Russie John B. Dunlop dans un livre paru aux Etats-Unis en 2012 ne laisse plus de place au doute : déclarer la guerre à la Tchétchénie sous un prétexte mensonger a permis à un premier ministre fraîchement nommé par le clan Eltsine de se hisser au pouvoir."

Selon David Satter, ce "coup d'État" organisé par le FSB aurait eu pour but de protéger Boris Eltsine et sa famille de possibles poursuites criminelles, en plaçant à la tête du pays un homme de son clan, qui lui garantirait l'immunité. Compte tenu de l'impopularité d'Eltsine à la fin de son mandat (2 % d'opinions favorables), son candidat n'avait aucune chance de l'emporter... à moins d'une provocation. Les attentats détournèrent la colère populaire de l'oligarchie corrompue pour la rediriger vers les Tchétchènes. Poutine lança la guerre contre les supposés terroristes et devint le "sauveur de la Russie".

La théorie de l'opération sous faux drapeau ne fait certes pas l'unanimité parmi les chercheurs, comme on peut le voir sur Wikipédia ; il est néanmoins possible de l'émettre, au moins aux États-Unis, et, dans une moindre mesure, en France (l'annulation de la conférence de Satter à Sciences Po nous montre bien que l'on marche là sur des oeufs).

Des ressemblances avec les attentats du 11 septembre 2001

Les tenants de cette théorie font d'ailleurs souvent la comparaison entre les attentats de 1999 et ceux du 11-Septembre, essentiellement pour dire que là où les autorités russes se sont montrées réfractaires à toute enquête, les autorités américaines se sont montrées ouvertes et, avec bonne volonté, ont fait toute la lumière sur les événements de 2001 ; c'est ce qu'écrit par exemple Amy Knight :

"Mais, à la différence du gouvernement américain, les autorités russes ont contrecarré toutes les tentatives d’investigation sur les commanditaires et les causes de ces violences. Ce que la journaliste Ioulia Kalinina a formulé ainsi : « Les Américains, quelques mois après le 11 septembre 2001, savaient déjà tout – qui étaient les terroristes et d’où ils venaient... Nous, en général, nous ne savons rien. »"

On rappellera ici à Amy Knight que l'administration Bush ne voulait pas, de prime abord, d'une commission d'enquête, et que ce n'est que sous la pression des familles de victimes qu'elle a finalement cédé. On lui rappellera aussi que la Commission fit l’objet d'obstructions répétées de la part de la Maison Blanche et des services gouvernementaux, compromettant (aux yeux mêmes de l'ancien directeur du FBI Louis Freeh) la crédibilité du rapport final, au point que le vice-président de la Commission, Lee Hamilton, affirma qu'elle avait été «  mise en place pour échouer  ». Le journaliste d'investigation Fabrizio Calvi m'avait d'ailleurs confié en 2011 que la commission d'enquête était, à ses yeux, "la Commission des omissions". Il paraît donc plus juste de dire que l'opacité est évidente en Russie, assumée, tandis qu'elle est plus subtile aux États-Unis, où elle se drape dans les oripeaux de la transparence.

Le 11-Septembre russe et le 11-Septembre américain peuvent cependant être comparés sur de nombreux autres points. Si les deux événements n'ont pas laissé la même emprunte dans la mémoire collective, leurs similitudes, tant de leur réalité objective que dans l'interprétation que leur ont donnée des "chercheurs de vérité", sautent aux yeux. La comparaison entre les deux événements n'a pas pour fonction de suggérer que nous aurions affaire à deux opérations sous faux drapeau (dans le cas américain, du fait de l'implication avérée de terroristes d'Al Qaïda, une éventuelle manipulation interne ne pourrait pas être une simple opération sous faux drapeau, où le coupable désigné est en vérité totalement innocent), mais de mettre en évidence que certaines des questions, très légitimes, que l'on peut se poser sur les attentats de 1999 devraient pouvoir se poser, avec la même assurance (car fondées sur des bases assez semblables), sur ceux de 2001. D'autres questions, en revanche, ne sauraient, si l'on fait preuve de rigueur, être transposées d'un événement à l'autre.

Dans les deux cas, nous avons affaire à des attaques multiples (cinq, étalées sur deux semaines, dans le premier cas, quatre, étalées sur deux heures, dans le second), où des immeubles se sont effondrés. Dans les deux cas, les attentats ont servi de prétextes pour déclencher des guerres : la seconde guerre de Tchétchénie et la seconde guerre d'Irak (après celle d'Afghanistan). A chaque fois, ce sont des jihadistes liés à Oussama Ben Laden qui ont été désignés comme responsables. En Russie, comme aux États-Unis, les attentats ont été perçus comme des événements fondateurs d'une nouvelle ère (la "guerre contre le terrorisme") et d'un nouveau régime : d'un côté, celui de Poutine (qui s'apprêtait à prendre le pouvoir), de l'autre, celui de Bush et des néoconservateurs (qui venaient de prendre le pouvoir).

Dans les deux cas, des avertissements ont été reçus par les autorités, qui n'en ont pas tenu compte. Amy Knight note ainsi, au sujet des attentats en Russie :

"En juin 1999, deux journalistes occidentaux, Jan Blomgren du quotidien suédois « Svenska Dagbladet », et Giulietto Chiesa, correspondant de longue date du quotidien italien « La Stampa », annoncèrent qu’un acte de « terrorisme d’État » était sur le point de se produire en Russie. (...) En juillet, le journaliste russe Alexandre Jilin prévenait à son tour dans le quotidien « Moskovskaïa Pravda » que des attentats allaient avoir lieu à Moscou. Citant un document du Kremlin auquel il avait eu accès, Jilin écrivait que le but en serait de neutraliser les opposants à Eltsine, en particulier Iouri Loujkov, le maire de Moscou, et l’ancien Premier ministre Evgueni Primakov. Publié sous le titre « Tempête sur Moscou », l’article fut ignoré. La chose paraissait impensable. (...)

En tout état de cause, « The Moscow Bombings » fait clairement apparaître que le FSB était au courant des projets d’attentats. Comme nous l’avons dit, la rumeur d’actes terroristes imminents courait depuis juin 1999. Mais il y a plus significatif encore : le 9 septembre, jour de la première explosion à Moscou, un député respecté et influent de la Douma, Constantin Borovoï, était informé que la ville allait être victime d’un acte terroriste. Sa source ? Un officier du renseignement militaire. Borovoï a transmis cette information à des agents du FSB membres du Conseil de sécurité d’Eltsine, mais on l’ignora. Au moins un autre avertissement crédible fut signalé à l’appareil de sécurité ce jour-là sans provoquer la moindre réaction."

Inutile ici de rappeler les nombreux avertissements reçus par la CIA et le FBI dans les mois précédant le 11-Septembre, l'inaction de l'exécutif qui avait pourtant été alerté, ses dénégations et ses mensonges suite aux attentats (nous en avons déjà parlé ici ou ). En Russie, le député Constantin Borovoï a été alerté d'une attaque imminente à Moscou ; aux États-Unis, ce sont de hauts-gradés du Pentagone qui avaient reçu une alerte la nuit précédant l'attaque, les poussant à annuler leur vol, de même que le maire de Washington Willie Brown, ou encore l'écrivain Salman Rushdie (mis en garde le 3 septembre 2001 par la FAA).

En Russie, les autorités prétendirent que l'incident de Riazan était un exercice de sécurité mené par le FSB. Aux États-Unis, des exercices avaient bel et bien lieu au moment même des attentats (parmi lesquels une simulation de détournements d'avions, et la simulation par le NRO d'un crash d'avion). Dans les deux cas, les exercices, ou prétendus "exercices", ressemblaient comme deux gouttes d'eau aux véritables attentats.

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Daniele Ganser

L'incident de Riazan a certainement le même statut, aux yeux des sceptiques, que la chute du WTC 7 le 11 septembre 2001, annoncée prématurément par une journaliste de la BBC : celui d'une anomalie qui met la puce à l'oreille, et pousse ensuite à tout remettre en doute (tel est le cas pour l'historien Daniele Ganser). D'ailleurs, si Vladimir Rushailo et Vladimir Poutine ont tenu des propos contradictoires avec la version officielle, affirmant qu'un attentat avait été déjoué à Riazan, John Kerry a estimé, de manière tout aussi problématique, alors qu'il était candidat à l'élection présidentielle de 2004, que le WTC 7 avait été démoli de façon contrôlée pour des raisons de sécurité.

Cela dit, la chute du WTC 7 apparaît comme une "anomalie" troublante essentiellement à ceux qui ignorent que bien d'autres médias que la BBC l'avaient annoncée à l'avance (CNN, NY1, ABC, MSNBC, WPIX), tout simplement parce que les pompiers l'avaient eux-mêmes prévue, au point que le chef des pompiers de New York, Daniel Nigro, avait mis en place une "collapse zone" environ trois heures avant qu'elle ne se produise ; ceux que la chute du WTC 7 trouble encore ont pu aussi ne pas s'être donné la peine de prendre connaissance de l'étude du NIST, évoquant un effondrement intérieur précédant celui de la façade extérieure, qui nous éloigne de l'idée fautive selon laquelle le bâtiment serait tombé d'un coup, de manière parfaitement symétrique, et à la vitesse de la chute libre. En outre, il paraît difficile (c'est un euphémisme) d'imaginer une démolition contrôlée silencieuse, accompagnée d'aucun bruit d'explosions. Il suffit, pour s'en convaincre, d'écouter à ce sujet l'expertise de Mark Loizeaux, président de Controlled Demolition, Inc.

A Riazan, on l'a dit, "les habitants d’un immeuble avaient signalé un insolite remue-ménage dans la cave et vu trois personnes dans une voiture (...) décharger des sacs (...). À son arrivée, la brigade anti-bombe découvrit que lesdits sacs (...) contenaient (...) des explosifs (...). Les autorités locales retrouvèrent la voiture utilisée par les trois hommes, une Lada blanche, dans un parking situé à proximité. À leur grand étonnement, la piste des plaques d’immatriculation remontait au FSB. Et quand ils appréhendèrent deux des suspects, il s’avéra rapidement qu’ils étaient membres de l’agence. On les libéra presto, sur ordre de Moscou". Cet épisode rappelle l'arrestation par la police de New York, le matin du 11-Septembre, de cinq jeunes Israéliens, après que des habitants d'un immeuble situé face aux Twin Towers ont signalé leur étrange comportement sur un parking. Lorsque la police examina leur van blanc, les chiens renifleurs d'explosifs réagirent positivement (même si le van n'en contenait pas). Le FBI affirma plus tard que deux de ces hommes étaient des agents du Mossad. Détenus durant 71 jours, il furent finalement libérés et renvoyés dans leur pays. La comparaison s'arrête cependant là, car, si ces probables agents israéliens avaient certainement eu vent, dans le cadre de leur activité de surveillance des réseaux islamistes du New Jersey, qu'une attaque se préparait (tel est l'avis de l'ancien agent de la CIA Vince Cannistraro), rien n'indique qu'ils en avaient une préconnaissance précise, et encore moins qu'ils aient pu y être eux-mêmes impliqués. 

Les observateurs sceptiques des attentats en Russie expliquent, à l'instar de David Satter dans un texte intitulé The Shadow of Ryazan : Who Was Behind the Strange Russian Apartment Bombings in September 1999 ?, que les prouesses techniques réalisées par les terroristes mis en cause dépassaient de loin leurs capacités et nécessitaient à coup sûr l'aide d'un service de renseignement :

"L'organisation des attentats à la bombe, notamment la vitesse et l'efficacité avec lesquelles ils ont été menés, suggère la participation d'un service de renseignement. (...)

Pour faire ce qu'on les accuse d'avoir fait sans l'assistance d'experts, les terroristes tchétchènes auraient dû être capables d'organiser neuf explosions (les quatre qui ont eu lieu et les cinq que les autorités russes prétendent avoir déjouées) dans des villes très distantes en l'espace de deux semaines. Ils auraient aussi dû avoir la capacité de pénétrer dans des usines militaires russes top secrètes ou dans des unités militaires pour obtenir l'hexogène.

Enfin, les terroristes tchétchènes auraient eu besoin de virtuosité technique. Dans le cas des immeubles d'habitation à Moscou, les bombes étaient placées pour détruire les éléments structurels critiques les plus faibles, de telle sorte que chacun des immeubles s'écroule "comme un château de cartes". De tels calculs minutieux sont la marque de spécialistes expérimentés, et les seuls endroits en Russie où de tels spécialistes étaient entraînés étaient les forces Spetsnaz, le renseignement militaire (GRU), et le FSB."

De même, on entendit de nombreux sceptiques, parmi lesquels des pilotes de ligne, considérer que les manoeuvres réalisées par les pirates de l'air du 11-Septembre dépassaient de loin leurs capacités, démontrées dans les écoles de pilotage qu'ils fréquentèrent aux États-Unis (un avis qui ne fait certes pas l'unanimité parmi les pilotes). Le Washington Post du 12 septembre 2001 nota ainsi, au sujet du vol 77, qui devait frapper le Pentagone : "Des sources de l'aviation dirent que l'avion était piloté avec une habileté extraordinaire, de sorte qu'il était hautement probable qu'un pilote entraîné était aux commandes". Or, le New York Times rapporta de son côté qu'un instructeur de vol, qui connut Hani Hanjour (le pilote présumé) sept mois auparavant, le considérait comme "un très mauvais pilote", allant jusqu'à dire : "Il ne pouvait pas voler du tout". Le 30 septembre 2001, le Washington Post renchérit :

« Sans aucun doute, les qualités de pilote d'Hanjour étaient faibles. [...] Il y a à peine un mois, des instructeurs du Freeway Airport à Bowie volèrent avec lui et le jugèrent inapte à piloter un avion par lui-même. Mais le matin du 11-Septembre, alors que le vol 77 se détournait de sa route vers Los Angeles pour foncer sur Washington et le Pentagone, Hanjour est censé avoir exécuté ce qu'une haute source de l'aviation a qualifié de "virage soigné et coordonné". »

Même type de réflexion chez l'ancien sénateur de Floride Bob Graham, répété presque dans les mêmes termes en 2003 et en 2016 : selon lui, il est invraisemblable que 19 individus, dont la plupart ne parlaient pas anglais, n'étaient jamais venus aux États-Unis et n'avaient pas une grande éducation, aient réussi par leurs propres moyens à se cacher pendant au moins 18 mois, à s'entraîner et ensuite à exécuter une attaque très compliquée, sans être démasqués. On sait que l'homme met en accusation l'Arabie saoudite et ses services secrets.

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Richard Clarke

En Russie, il est avéré que le FSB s'est invité dans la campagne d'attentats de septembre 1999, à Riazan ; reste à savoir si c'était pour tester la vigilance de la population, dans le cadre d'un exercice qui n'avait pas été annoncé (telle est la version officielle), ou si c'était pour poser une bombe et faire sauter un immeuble, la veille du premier bombardement aérien sur Grozny, la capitale tchétchène. Aux États-Unis, l'ancien "tsar" du contre-terrorisme Richard Clarke soupçonne la CIA d'avoir mené une opération clandestine (sous faux drapeau), par l'intermédiaire des services de renseignement saoudiens, pour "retourner" Khalid al-Mihdhar et Nawaf al-Hamzi, les deux fers de lance de l'opération du 11-Septembre selon son "cerveau" présumé Khalid Sheikh Mohammed. La clandestinité de cette mission aurait empêché l'Agence de transmettre ses renseignements au FBI. Selon Clarke, c'est son échec qui aurait permis à l'opération terroriste de se dérouler sans obstacle.

Dernière ressemblance (ou presque) entre les attentats russes et américains : comme le note Sophie Shihab, dans Le Monde du 17 novembre 2002, "les Tchétchènes n’ont jamais cessé de nier leur culpabilité dans les attentats de 1999", à commencer par Ibn al-Khattab et Chamil Bassaïev. Quant à Oussama Ben Laden, il a nié à plusieurs reprises sa responsabilité dans les attentats du 11-Septembre, avant que des cassettes ne le montrent tenir un langage différent ; cet apparent revirement, qui a pu troubler certains observateurs, n'en est pas un en réalité, Ben Laden préférant se présenter comme un incitateur des hommes qui ont pris part aux attentats, plutôt que comme un responsable direct. Il est important d'ailleurs de préciser que les dénégations initiales ne concernent que le seul Ben Laden ; Ayman al-Zawahiri a clairement revendiqué les attentats, de même que Khalid Sheikh Mohammed et Ramzi bin al-Shaibah, qui l'avaient fait en avril 2002, dans un entretien avec le journaliste égyptien Yosri Fouda, alors qu'ils étaient encore en liberté.

On le voit, certaines ressemblances entre les attentats russes et américains sont bien réelles (comme les avertissements reçus par les autorités, qui ne suscitèrent aucune réaction), alors que d'autres ne sont qu'apparentes ("dénégation" des responsables, "anomalie" dans le déroulement normal des attentats...) et n'apparaissent ainsi qu'aux yeux de ceux qui disposent d'informations partielles ou tronquées. Dans le cas du 11-Septembre, les organisateurs et les exécutants sont connus, et nul ne peut sérieusement défendre l'hypothèse d'une opération sous faux drapeau. Les zones d'ombre se situent essentiellement dans l'inaction de l'exécutif, l'opération que la CIA menait peut-être vis-à-vis de certains des terroristes, en relation avec les services saoudiens, et l'aide éventuelle que des agents de renseignement (saoudiens et pakistanais) ont pu leur apporter. Dans le cas des attentats de Moscou, l'incident de Riazan peut laisser envisager une implication plus grande des services de renseignement russes.

Une recherche menacée par l'autocensure, les biais d'experts et l'indifférence

D'aucuns pourront peut-être dire que le sujet abordé est si grave que, faute de preuve absolue, il ne faut pas insinuer, même avec la plus grande prudence, que des attentats (attribués à des ennemis bien réels : des terroristes islamistes) pourraient être (au moins en partie) des opérations sous faux drapeau. C'est la position que semble adopter Conspiracy Watch, par exemple, qui condamne (certes très discrètement) les accusations de Kasparov contre Poutine. Je dis "semble adopter", car, parfois, comme dans le cas de l'attaque chimique de Khan Cheikhoun, en Syrie, on lit qu'un simple "faisceau d'indices concordants laisse peu de doute", et semble donc faire office de preuve, quant à la responsabilité du régime de Bachar el-Assad.

Sur ce dilemme, une réflexion de David Satter mérite d'être entendue :

"Beaucoup de gens me disent : "Vous ne l'avez pas prouvé et vous ne pouvez pas le prouver", mais c'est un peu une perversion du vénérable principe de la doctrine anglo-saxonne de la présomption d'innocence. La présomption d'innocence est conçue pour protéger les individus contre le gouvernement. Cela ne s'applique pas à un gouvernement suspecté d'un crime de masse contre sa propre population."

Dans une autre conférence à l'Hudson Institute, en 2016, David Satter déclare encore :

"Pourquoi suis-je à ce point convaincu qu'il s'agit d'un acte de terrorisme accompli par le gouvernement russe contre son propre peuple ? En fait, ce n'est pas une théorie du complot, ce n'est pas une folle supposition, (...) mais plutôt une conclusion basée sur une abondance de preuves. Aux États-Unis, aujourd'hui, des gens sont en prison sur la base de preuves circonstancielles. (...) Et la plupart de ces preuves circonstancielles sont impossibles à contrefaire."

La preuve circonstancielle concerne les circonstances ou le contexte dans lequel un crime est survenu. Elle ne prouve pas que l’accusé a bel et bien commis le crime, mais suggère qu’il est possible d’établir un rapport entre le crime et l’accusé. Par exemple, si un détective trouve l’empreinte digitale de l’accusé sur le coffre-fort d’où des bijoux ont été volés, cette preuve lie l’accusé au coffre-fort car elle démontre que ce dernier a touché le coffre, mais elle ne prouve pas que l’accusé l’a ouvert et volé les bijoux.

Daniele Ganser reconnaît, lui aussi, qu'il n'a pas la preuve formelle de la démolition contrôlée du WTC 7, mais estime que sa probabilité est "haute", et qu'il se doit donc d'en parler dans ses conférences, prudemment. Son goût pour la vérité, quoi qu'elle lui coûte, lui vaut l'opprobre de ceux qui subordonnent la recherche de la vérité au souci de leur réputation (nous verrons cependant bientôt que ce "goût de la vérité" est largement biaisé). C'est ainsi que, lors d'une conférence à l'université de Tübingen, en Allemagne, il révéla qu'un professeur de cette université, apprenant son invitation, s'était empressé d'écrire à l'organisateur de la rencontre, le professeur Rainer Rothfuß, pour lui dire que la venue de ce "théoricien du complot suisse" faisait courir un grave danger pour la réputation de l'université. Rainer Rothfuß tint bon, il ne plia pas sous la pression. A l'inverse de la direction de Sciences Po, qui désinvita, en vertu du principe de précaution, David Satter, lequel s'était pourtant exprimé précédemment dans de nombreuses universités, comme à Columbia et à Chicago, et dont le dernier livre, The Less You Know, the Better You Sleep, a été publié par les éditions de Yale University.

Il ne s'agit pas ici d'être pro-russe ou pro-américain (ce que semblent être certains des "chercheurs de vérité" mentionnés dans cet article), mais de défendre le droit à la recherche sur des sujets capitaux, sur lesquels les gouvernements rêvent de poser un lourd couvercle. John B. Dunlop voit ainsi dans son livre, The Moscow Bombings of September 1999, le « travail préliminaire » à une enquête russe officielle, si elle devait jamais voir le jour. Il s’appuie, nous dit-on, "sur les articles de fond de la presse russe, les propos de responsables des services de sécurité, les témoignages oculaires et les analyses de journalistes et chercheurs occidentaux". Cette tâche ressemble, au moins dans l'esprit affiché, au travail monumental réalisé sur le 11-Septembre par le chercheur indépendant Paul Thompson, dont l'ouvrage The Terror Timeline aurait dû, idéalement, constituer la base d'une enquête indépendante.

Comme le dit à raison Mathias Girel, maître de conférences en philosophie à l’ENS Ulm, qui a participé à dénoncer "la conspiration des industriels du tabac" : "Quelqu’un qui fait l’hypothèse d’un complot n’est pas irrationnel, il le devient s’il n’accepte pas la charge de la preuve et tout le patient travail empirique qui en est le corollaire." Néanmoins, il convient d'admettre que la lenteur du travail de recherche sérieux, couplée à l'obstruction des enquêtes officielles par les autorités, voire leur totale absence, ne peuvent que susciter spéculations et croyances au sein du public, l'homme ordinaire n'étant pas, qu'on le déplore ou non, un disciple de Pyrrhon... Des spéculations qui peuvent d'ailleurs être nourries par la parole a priori crédible, mais parfois fort légère, de certains chercheurs qui, en dépit de leur prudence affichée, se laissent quelque peu emporter sur la pente de leurs croyances ou de leurs désirs.

Citons le cas de Daniele Ganser, engagé dans un combat pour la paix, et porté de ce fait à charger la barque des faiseurs de guerres américains. C'est ainsi qu'il se base, pour forger son opinion sur le WTC 7, sur l'avis du Pr. Jörg Schneider, émis en 2006, soit deux ans avant la parution du rapport du NIST en novembre 2008 ; il y a manifestement là un problème de méthode, car on ne saurait sérieusement mettre en cause une étude scientifique en ayant recours à l'avis d'un expert qui n'avait pas encore pu en prendre connaissance. Ganser se base aussi sur les avis unanimes des "Architectes & Ingénieurs" du 9/11 Truth Movement, dont nombre des membres n'ont pourtant pas les qualifications requises pour juger de ce sujet, et il omet de mentionner les avis autorisés contraires. Il reprend aussi l'idée fausse d'un effondrement complet à la vitesse de la chute libre, prétend que les médias n'ont pas rapporté la chute du WTC 7, hormis BBC World, ce qui est faux, explique à son auditoire crédule que Larry Silverstein, le propriétaire du complexe, a commandé la démolition contrôlée du WTC 7, ce qui est encore faux ; la signification de l'expression "pull it" (évacuer l'immeuble des hommes qui s'y trouvent, non pas le démolir) a été depuis longtemps tirée au clair par le recoupement de nombreuses sources et de témoignages de pompiers. L'historien affirme encore que le passeport de Satam al Suqami a été miraculeusement retrouvé dans les débris du WTC, ce qui, une fois de plus, est faux ; il a été retrouvé dans la rue avant les effondrements, tout comme des cartes de crédit et d'autres effets personnels appartenant aux passagers des avions. Ganser n'est probablement pas un menteur, un manipulateur, il se trompe sûrement de bonne foi ; il n'en reste pas moins que son analyse du 11-Septembre est entachée d'une multitude d'erreurs et qu'elle participe à l'intoxication du public, qui, effet de halo oblige (l'homme est agréable à regarder et sympathique), a tendance à lui faire confiance.

Outre les intimidations, l'autocensure et les analyses biaisées d'experts, le dernier danger qui guette face à ces lourds problèmes, c'est l'indifférence du public, voire même sa complaisance. Comme le remarquait l'ancien dissident soviétique Sergueï Kovalev fin 2007 : "J’ai rencontré des gens persuadés que les accusations étaient vraies, et qui n’en ont pas moins voté Poutine avec la même conviction. Leur logique est simple : les vrais chefs exercent le genre de pouvoir qui est capable de tout, y compris commettre des crimes." Un point de vue que n'aurait pas contredit l'ancien parlementaire britannique Michael Meacher, qui, tout en admettant la responsabilité d'Al Qaïda, avait affiché ses soupçons quant à l'attitude étonnamment passive des autorités américaines dans les mois précédant les attentats du 11-Septembre : "Les gens n'aiment pas y penser, mais les gouvernements peuvent être impitoyables..." On le voit, soit que l'on détourne le regard, soit que l'on trouve le moyen de justifier l'injustifiable, on est généralement peu porté à affronter des questions par trop effrayantes touchant les agissements de ses dirigeants. La recherche sur les attentats de 1999, comme sur ceux de 2001, aurait pourtant besoin du soutien de citoyens qui, sans sombrer dans la paranoïa, ne s'empresseraient pas davantage de se mettre la tête dans le sable.



8 réactions


  • franc tireur 10 mai 2017 16:49

    « Quant à Oussama Ben Laden, il a nié à plusieurs reprises sa responsabilité dans les attentats du 11-Septembre, avant que des cassettes ne le montrent tenir un langage différent (ce revirement reste inexpliqué à ce jour) »


    L’explication plausible est qu’OBL était alors hebergé par le régime taliban ,dirigé par un Mollah Omar en désaccord avec cette opération ,le régime étant en pourparler avec Washington pour des histoires d’oléoduc.

    Excellent article .


    • Taïké Eilée Taïké Eilée 11 mai 2017 00:35

      @franc tireur
      Merci !

      Concernant votre hypothèse, j’avais relevé dans un précédent article que les négociations, engagées en février 2001, entre Américains et Taliban, au sujet de la construction d’un pipeline, s’étaient soldées par un échec le 2 août 2001 (selon WSWS et l’Irish Times). Cela dit, il n’est pas impossible que les Taliban, qui avaient proposé aux Américains de leur livrer Ben Laden s’ils leur fournissaient les preuves de sa culpabilité, aient demandé à leur hôte de tenir ce discours, dans l’espoir d’éviter la guerre, ou simplement de gagner du temps.


  • antiireac 10 mai 2017 19:43

    Un bien long texte pour arriver à la conclusion que c’est bien putin le responsable de tout ce merdier.


    • Taïké Eilée Taïké Eilée 11 mai 2017 00:19

      @antiireac
      C’est votre conclusion. L’article ne tranche pas sur ce point. J’expose seulement les raisons qui poussent Kasparov et certains chercheurs à croire à la responsabilité du clan Eltsine (dont Poutine). L’enjeu (pour moi) n’est pas de désigner des coupables, sans preuve. Il est de comprendre ce qui amène certaines personnes à penser ce qu’elles pensent. Et, comme je ne suis pas partisan, j’estime que les citoyens et les chercheurs ont le droit d’enquêter sur ces sujets sensibles, avec la prudence qui convient, que les soupçons portent sur le pouvoir américain ou le pouvoir russe (ou un autre). A la différence des médias russes comme RT, si prompts à dénoncer des complots américains, mais qui hurlent au complotisme lorsque les accusations visent Poutine. A la différence aussi de nos grands médias occidentaux, pas gênés de relayer des thèses complotistes sur Poutine, mais ulcérés lorsque des thèses du même genre visent le bloc atlantiste. Bref, j’essaie d’être un esprit libre, autrement dit de ne pas instrumentaliser l’esprit critique dans un combat politique partisan.


    • Fanny 11 mai 2017 02:43

      @antiireac
      Les attentats étant bien souvent montés, suscités, favorisés par des instances étatiques ou para-étatiques (comme le disait un ancien professeur de notre école de guerre), tout est possible, à Moscou comme ailleurs.


    • V_Parlier V_Parlier 11 mai 2017 23:40

      @Taïké Eilée
      "J’expose seulement les raisons qui poussent Kasparov et certains chercheurs à croire à la responsabilité du clan Eltsine (dont Poutine)« 

      Le »dont Poutine« est de trop pour moi. Même les reportages français néo-biographiques sur Poutine montrent bien que Poutine a complètement échappé au clan Eltsine, lequel avait prévu de le placer au pouvoir comme un pion. Ainsi, supposer qu’il était partie prenante des combines du clan Eltsine ne me convainc pas quand on voit la suite de sa politique (plutôt raisonnable quoique certains en pensent et considérant la situation catastrophique de départ) sur la Tchétchénie. Si attentat sous faux drapeau il y avait, ce ne serait pas du côté de Poutine que je chercherais, mais bien de celui des lécheurs du »monde libte".


    • V_Parlier V_Parlier 11 mai 2017 23:42

      @Fanny
      Sauf que quand c’est Kasparov, grand adorateur de la junte de Kiev, qui s’en occupe, ça perd tout de suite de son éclat...


  • Dom66 Dom66 11 mai 2017 01:19

    Y a eu du ménage ici… !!


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