Naissance d’un nouveau parti politique algérien : jil jadid
Le 11 mars dernier, un groupe d’une cinquantaine de personnes, de divers horizons mais animés par un même idéal, s’est réunie dans une charmante ferme agricole de la Mitidja pour lancer les jalons d’un nouveau parti politique algérien. J’en faisais partie. Malheureusement, pour des raisons personnelles, j’ai dû quitter les lieux avant que la dite réunion ne débutât.

Le soir même, j’appelai mon ami, qui était à l’origine de cette bonne initiative, et ce, pour m’informer de la teneur des discussions et des décisions prises lors de cette première rencontre. Bien sûr, les gens qui sont venus de loin, d’un peu partout de l’Algérie et même de l’étranger (de Paris et de Bruxelles), ne sont pas venus uniquement pour admirer la nature en pleine éclosion en cette journée printanière et humer l’air pur et les senteurs dégagées par la terre récemment labourée et les néfliers et les abricotiers en floraison, mais pour discuter et se mettre d’accord sur le principe de la création de ce parti politique, particulièrement en cette période caractérisée par un vent de révolte qui souffle sur tout le monde arabe. Le principe de la création du parti Jil Jadid (c’est ainsi qu’on l’a appelé) étant acquis, on se sépara dans la bonne humeur et l’optimisme en un avenir radieux pour la nouvelle génération d’algériens. Il ne restait alors qu’à organiser une conférence de presse pour annoncer aux algériennes et aux algériens la naissance de ce parti politique. Ce rôle a été dévolu à l’acteur principal de cette initiative qui est connu déjà comme étant un homme politique au sens noble du terme (ancien SG du PRA) et qui jouit d’un certain prestige auprès des médias publics et privés par ses contributions politiques très pertinentes. Cette conférence de presse a eu lieu, effectivement, le 13 avril, soit un mois à peine après la première rencontre qu’on pourrait qualifier d’historique, et a eu un large écho auprès des lecteurs de la presse nationale. Même si les agréments aux nouveaux partis politiques sont, depuis au moins une dizaine d’années, bloqués au niveau du Ministère de l’intérieur, il est d’ores et déjà permis de rêver. Oui, le rêve est permis ! Non pas parce que je suis utopiste, non plus parce que je suis idéaliste, mais je crois fermement que ce nouveau parti politique fera parler de lui dans un proche avenir. Plus que ça, je crois fermement que ce nouveau parti politique contribuera largement à l’enracinement de la démocratie dans le paysage politique algérien. Et cela pour au moins une raison. Il est nouveau. Nouveau ne veut pas dire novice. Nouveau ne veut pas dire ignorant en matière de politique. Nous entendons par « Nouveau » le fait que, hormis son président qui, répétons-le, était secrétaire général du PRA, la majorité de ses membres fondateurs soient inconnus du sérail politique algérien ! Une chose est cependant sûre : ils ont tous la tête pleine d’idées. Et ce sont ces idées-là qu’ils ont envie de mettre, ensemble, en pratique pour le salut de l’Algérie. En parlant « d’idées », il me vient à l’esprit un ancien fait politique que je ne pourrais laisser sous silence quitte à sortir momentanément de l’esprit de cette lettre.
Rappelez-vous, lors de la nationalisation des hydrocarbures par feu Houari Boumediene en 1971, une crise politique avait embrouillé les relations diplomatiques entre l’Algérie et la France. Les français avaient alors, certainement dans le but de nous humilier, lancé le slogan suivant : « nous n’avons pas de pétrole mais nous avons des idées ». A l’époque, Je n’avais que 13 ans. Comme n’importe quel enfant de cet âge-là, je ne m’intéressais pas du tout à la politique. Mais, je rougissais à chaque fois que je pensais à ce slogan des français. Les français nous prenaient en quelque sorte pour des débiles mentaux, nous qui avions tout misé sur le pétrole. Sous notre ciel, c’était le règne de la pensée unique, du parti unique. De l’unicité en toute chose. Personne ne devait sortir du moule du FLN .Personne ne devait emprunter un chemin autre que celui tracé par « le conseil révolutionnaire ». Tous ceux qui voulaient envisager un projet de société au peuple algérien autre que celui imposé par les tenants du pouvoir étaient voués aux gémonies. Tous ceux qui avaient des idées à faire valoir étaient, au mieux, considérés comme des persona non grata par le pouvoir en place et au pire, poussés à l’exil. Pour ce type d’algériens qui avaient été contraints à l’exil, l’affaire était plus compliquée encore du fait de cette crise politique entre l’Algérie et la France. N’oublions pas qu’à cette époque-là, la France était la première destination des algériens, exilés ou non, et cela pour des raisons historiques (liées à la colonisation) et pratiques (d’ordre linguistique en particulier).
Aujourd’hui, tous les spécialistes qui s’intéressent à la question des hydrocarbures vous diront qu’on a atteint le fameux ‘peak oïl’ et qu’il faut donc réorienter la recherche vers des produits énergétiques de substitution, vers les énergies renouvelables. A moins de s’emparer des puits de pétrole de la Libye ! Ce que la France et les autres coalisés essayent de faire maintenant sous couvert de la résolution 1973 de l’ONU. Mais ceci n’est en fait qu’une parenthèse. Là où je veux en venir, c’est vous faire toucher du doigt l’importance qu’il y a à permettre aux algériens de bonne volonté, aux algériens jaloux de leur pays de développer et de mettre en pratique leurs idées. Car, tout comme le peuple français ou d’autres peuples de la terre, les algériens ne manquent pas d’idées ; que ce soit en politique ou dans d’autres domaines. L’âge d’or du pétrole est presque révolu. Et bientôt, nous n’aurons plus de pétrole. Qu’adviendra-il de nous ce jour-là si nous continuons à persévérer NON PAS dans le travail et la recherche scientifique mais dans la paresse et la médiocrité ?
Jil Jadid = Nouvelle génération.