lundi 25 janvier 2016 - par Maxime Chaix

Opération “Timber Sycamore” : la guerre secrète de la CIA en Syrie est principalement financée par les Saoud

Un article du New York Times vient de dévoiler le nom de code de la guerre secrète multinationale de la CIA en Syrie : il s’agit de l’opération Timber Sycamore, ce qui peut signifier « Bois de Platane » ou « de Figuier sycomore ». En 1992, les chercheurs syriens Ibrahim Nahal et Adib Rahme avaient publié une étude selon laquelle, « [b]ien que la largeur des cernes soit influencée par les facteurs du milieu, le bois de Platane d’Orient peut être classé parmi les espèces à croissance relativement rapide par rapport au hêtre ou au chêne. » Les groupes rebelles majoritairement jihadistes, qui ont proliféré en Syrie à partir de l’été 2011, pourraient donc être considérés comme des « platanes d’Orient » du fait de leur « croissance rapide » – sans qu’un lien ne soit forcément établi entre le nom de code de cette opération clandestine de la CIA et ce phénomène biologique. Il est également possible que « Sycamore » fasse référence non pas au platane mais au figuier sycomore, dont le « bois peut servir de combustible et le frottement de deux branches permet d’allumer un feu  ». 

Essentiellement, le New York Times a révélé dans cet article que l’Arabie saoudite a financé à hauteur de « plusieurs milliards de dollars » la guerre secrète de la CIA en Syrie. D’autres contributeurs étatiques à cette campagne de l’Agence sont cités par ce journal. Il s’agit de la Turquie, de la Jordanie et du Qatar. Or, bien que le montant exact des contributions de chaque État impliqué dans ces opérations n’ait pas été dévoilé, le Times nous informe que l’Arabie saoudite en a été le principal financeur. D’après ce journal, « [l]es hauts responsables états-uniens n’ont pas révélé le montant de la contribution saoudienne, qui constitue de loin le principal financement étranger de ce programme de fourniture d’armes aux rebelles combattant les forces du Président Bachar el-Assad. Néanmoins, des estimations ont indiqué que le coût total des efforts de financement et d’entraînement [des rebelles] atteignait plusieurs milliards de dollars. »

Le Times confirme ainsi les informations du Washington Postque j’avais analysées quelques semaines avant les attentats du 13-Novembre. En effet, en juin 2015, ce quotidien révéla que la CIA avait « mené depuis 2013 contre le régime el-Assad “l’une [de ses] plus grandes opérations clandestines”, dont le financement annuel avoisine le milliard de dollars. D’après ce journal, cette intervention secrète (…) s’inscrit dans un “plus vaste effort de plusieurs milliards de dollars impliquant l’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie”, c’est-à-dire les trois États notoirement connus pour soutenir les factions extrémistes en Syrie. » Grâce au New York Times, nous savons à présent que l’Arabie saoudite a été, « de loin », le principal soutien étatique de cette guerre secrète – notamment à travers l’achat massif et la livraison, par les services spéciaux saoudiens (GID), de missiles antichars TOW de marque Raytheon à des groupes affiliés à al-Qaïda, dont l’Armée de la Conquête

Toujours selon le Times, le chef de station de la CIA joue un rôle diplomatique plus important que l’ambassadeur des États-Unis en Arabie saoudite. Ainsi, entre le GID et la CIA, « l’alliance reste solide, puisqu’elle est renforcée par une liaison entre maîtres-espions. Ministre de l’Intérieur saoudien, le prince Mohammed ben Nayef a succédé au prince Bandar dans l’approvisionnement en armes des rebelles [en Syrie]. Il connait l’actuel directeur de la CIA John O. Brennan depuis l’époque où ce dernier était le chef de station de l’Agence à Riyad dans les années 1990. D’anciens collègues ont déclaré que ces deux hommes étaient restés proches (…) Le poste occupé autrefois par M. Brennan à Riyad est, bien plus que celui de l’ambassadeur US, le véritable lien entre le pouvoir états-unien et le royaume [des Saoud]. D’anciens diplomates se souviennent que les discussions les plus importantes ont été systématiquement menées via le chef de station de la CIA [dans la capitale saoudienne]. » 

Ces informations du New York Times renforcent la notion d’« État profond supranational » liant les hauts responsables des services spéciaux des États-Unis et de l’Arabie saoudite, ce qu’explique Peter Dale Scott dans son dernier livre. Ainsi, cet auteur démontre que les relations états-uno-saoudiennes constituent une véritable « boîte noire » :

« Dans les années 1980, William Casey, le directeur de la CIA, prit des décisions cruciales dans la conduite de la guerre secrète en Afghanistan. Toutefois, celles-ci furent élaborées hors du cadre bureaucratique de l’Agence, ayant été préparées avec les directeurs des services de renseignement saoudiens – d’abord Kamal Adham puis le prince Turki ben Fayçal. Parmi ces décisions, nous pouvons citer la création d’une légion étrangère chargée d’aider les moudjahidines afghans à combattre les Soviétiques. En clair, il s’agit de la mise en place d’un réseau de soutien opérationnel connu sous le nom d’al-Qaïda depuis la fin de cette guerre entre l’URSS et l’Afghanistan. Casey mit au point les détails de ce plan avec les deux chefs des services secrets saoudiens, ainsi qu’avec le directeur de la Bank of Credit and Commerce International (BCCI), la banque pakistano-saoudienne dont Kamal Adham et Turki ben Fayçal étaient tous deux actionnaires.

Ce faisant, Casey dirigeait alors une deuxième Agence, ou une CIA hors canaux, construisant avec les Saoudiens la future al-Qaïda au Pakistan, alors que la hiérarchie officielle de l’Agence à Langley “pensait que c’était imprudent”. Dans La Machine de guerre américaine, j’ai situé le Safari Club et la BCCI dans une succession d’accords conclus dans le cadre d’une “CIA alternative” ou d’une “deuxième CIA”, datant de la création en 1948 du Bureau de Coordination Politique (OPC pour Office of Policy Coordination). Ainsi, il est compréhensible que George Tenet, le directeur de la CIA sous George W. Bush, ait suivi le précédent de [William] Casey [, le directeur de l’Agence sous Reagan,] en rencontrant une fois par mois environ le prince Bandar, l’ambassadeur d’Arabie saoudite aux États-Unis – mais sans révéler le contenu de leurs discussions aux officiers de la CIA chargés des questions saoudiennes. »

Dans l’article du Times, le prince Bandar est présenté comme le principal architecte de cette politique de soutien à la rébellion en Syrie. En effet, ce journal confirme que « [l]es efforts saoudiens furent dirigés par le flamboyant prince Bandar ben Sultan, qui était alors le chef des services secrets [du royaume, et] qui demanda aux espions saoudiens d’acheter des milliers [de mitrailleuses] AK-47 et des millions de munitions en Europe de l’Est pour les rebelles [en Syrie]. La CIA a facilité certains de ces achats d’armements pour les Saoudiens, dont un vaste deal avec la Croatie en 2012. Durant l’été de cette même année, ces opérations semblaient hors de contrôle à la frontière entre la Turquie et la Syrie, les nations du Golfe transmettant de l’argent et des armes à des factions rebelles – y compris à des groupes dont les hauts responsables états-uniens craignaient qu’ils soient liés à des organisations extrémistes comme al-Qaïda.  » 

Ainsi, la guerre secrète de la CIA et de ses partenaires étrangers en Syrie a fortement encouragé la montée en puissance de Daech, que le Pentagone et ses alliés bombardent depuis septembre 2014 sans grande efficacité, le tout sur fond de polémiques. À partir de juillet 2012, à travers les politiques profondes du prince Bandar, les « platanes » jihadistes en Syrie ont connu une « croissance relativement rapide », avec le soutien actif de la CIA et de ses partenaires. Or, Bandar est si proche de l’Agence que l’on ne peut réellement dissocier ses actions clandestines de celles des services spéciaux états-uniens, du moins lorsqu’il était ambassadeur de l’Arabie saoudite à Washington (1983-2005) puis directeur des renseignements saoudiens (2012-2014). Dix jours avant les attentats du 13-Novembre, j’avais publié un article intitulé « La guerre secrète multinationale de la CIA en Syrie », dans lequel j’écrivais :

« [E]n juillet 2012, le prince Bandar était nommé à la tête des services spéciaux saoudiens, ce qui avait été analysé par la plupart des experts comme un signe de durcissement de la politique syrienne de l’Arabie saoudite. Surnommé “Bandar Bush” du fait de sa proximité avec la dynastie présidentielle du même nom, il était ambassadeur à Washington à l’époque des attaques du 11-Septembre. Depuis plusieurs années, cet homme intimement lié à la CIA est accusé par l’ancien sénateur de Floride d’avoir soutenu certains des pirates de l’air désignés coupables de ces attentats. Jusqu’à ce qu’il soit poussé vers la sortie en avril 2014, le Guardian souligna que “Bandar avait dirigé les efforts saoudiens visant à mieux coordonner les livraisons d’armes aux rebelles combattant el-Assad en Syrie. Néanmoins, il a été critiqué pour avoir soutenu des groupes islamistes extrémistes, risquant ainsi le même “retour de bâton” que celui des combattants saoudiens d’Oussama ben Laden rentrant au pays après le jihad contre les Soviétiques en Afghanistan dans les années 1980 – une guerre sainte qui avait été autorisée officiellement. (…) En 2014, un parlementaire états-unien avait déclaré sous couvert d’anonymat que la CIA était “bien consciente que de nombreuses armes fournies [par l’Agence] avaient terminé dans de mauvaises mains.” En octobre 2015, l’éminent expert de la Syrie Joshua Landis affirmaqu’“entre 60 et 80 % des armes que les États-Unis ont introduites [dans ce pays] sont allées à al-Qaïda et les groupes qui lui sont affiliés” ».

En d’autres termes, la CIA et ses alliés turcs et pétromonarchiques ont grandement favorisé la montée en puissance de ces groupes extrémistes en Syrie, dont al-Qaïda et Daech. Pour autant, cette politique profonde multinationale fut-elle délibérément choisie par la Maison Blanche ? La réponse à cette question n’est pas évidente. Comme je l’avais souligné en août 2015, l’ancien directeur du Renseignement militaire du Pentagone (DIA) Michael Flynn avait dénoncé sur Al-Jazeera l’irrationalité stupéfiante de la Maison Blanche sur le dossier syrien. À cette occasion, il révéla que les responsables de l’administration Obama avaient pris la « décision délibérée » de « faire ce qu’ils font en Syrie » ; en d’autres termes, ils auraient choisi de soutenir des milices anti-Assad que la DIA décrivait à partir de 2012 comme noyautées et dominées par des forces jihadistes. Dès cette année-là, Flynn et son agence informèrent la Maison Blanche du risque de voir émerger un « État Islamique » entre l’Irak et la Syrie du fait du soutien occidental, turc et pétromonarchique à cette rébellion. 

Afin de clarifier ses propos, il a ensuite expliqué à un journal russe que le gouvernement des États-Unis avait soutenu jusqu’à présent « une telle diversité de factions [anti-Assad qu’] il est impossible de comprendre qui est qui, et qui travaille avec qui. La composition de l’opposition armée syrienne, de plus en plus complexe, a rendu toute identification considérablement plus difficile. Pour cette raison, (…) du point de vue des intérêts américains, nous devons (…) prendre du recul et soumettre notre stratégie à un examen critique. À cause de la possibilité, très réelle, que nous soutenions des forces liées à État islamique (…), en même temps que d’autres forces anti-Assad en Syrie. » Selon le général Flynn, lorsqu’il dirigeait la DIA au Pentagone, cette agence recensait « autour de 1 200 groupes belligérants [en Syrie]. » De ce fait, le général Flynn pense « vraiment que personne, y compris la Russie, n’a une compréhension claire de ce à quoi nous avons affaire là-bas, mais sur le plan tactique, c’est vraiment très important de le comprendre. Une vision unilatérale de la situation en Syrie et en Irak serait une erreur. »

À cette complexité du terrain s’ajoute le traditionnel mode opératoire de l’Agence, qui est celui du « déni plausible » visant à dédouaner le gouvernement des États-Unis de toute action criminelle en ayant recours à des agents privés et/ou étrangers. Dans mon article sur la guerre secrète de la CIA en Syrie, j’avais souligné que 

« [l]e caractère multinational des opérations anti-Assad a aussi été une source majeure de confusion. Tout d’abord, bien que de nombreux services occidentaux et moyen-orientaux aient été conjointement impliqués dans ce conflit, il reste difficile de penser cette guerre secrète sous un angle multinational. En effet, les médias et les spécialistes ont eu tendance à dissocier les politiques syriennes des différents États clandestinement engagés dans la déstabilisation de la Syrie. Il est vrai que le renoncement des États-Unis à intervenir directement a suscité de vives tensions diplomatiques avec la Turquie et l’Arabie saoudite. Par ailleurs, l’hostilité du roi Abdallah à l’égard des Frères musulmans a engendré des dissensions majeures entre, d’un côté, le royaume saoudien et, de l’autre, le Qatar et la Turquie – ces tensions s’étant atténuées après l’intronisation du roi Salmane en janvier 2015. 

Du fait de ces divergences, les politiques syriennes des États hostiles au régime el-Assad ont été trop peu analysées sous leur angle multinational. Plus exactement, les opérations occidentales ont été dissociées de celles des pays moyen-orientaux. Or, les services spéciaux de ces différents États ont mené jusqu’à présent des actions communes et coordonnées, dans l’opacité abyssale de la classification. En janvier 2012, la CIA et le MI6 ont lancé des opérations clandestines d’approvisionnement en armes des rebelles entre la Libye, la Turquie et la Syrie, avec de l’aide et des financements turcs, saoudiens et qataris. (…) [I]l s’est avéré que ces armements ont été livrés “presque exclusivement” à des factions jihadistes, selon le parlementaire britannique Lord Ashdown. D’après le grand reporter Seymour Hersh, “[l]’implication du MI6 a permis à la CIA de se soustraire à la loi en classant sa mission comme une opération de liaison.” Les actions de l’Agence en Syrie sont-elles mieux contrôlées aujourd’hui ? La question reste ouverte, mais la doctrine du “déni plausible” traditionnellement mise en œuvre par la CIA pourrait être un élément de réponse.

(…) Même si ce mode opératoire tend à brouiller les pistes, le rôle central de la CIA dans cette guerre secrète multinationale [en Syrie] ne fait plus de doute. En octobre 2015, le New York Times expliqua que “[l]es missiles antichars TOW de fabrication américaine ont fait leur apparition dans la région en 2013, à travers un programme clandestin [de la CIA] mené par les États-Unis, l’Arabie saoudite et d’autres alliés. Celui-ci vise à aider des groupes d’insurgés “sélectionnés” par l’Agence à combattre le gouvernement syrien. Ces armes sont livrées sur le terrain par des alliés des Américains, mais les États-Unis approuvent leur destination. (…) Des commandants rebelles ont éclaté de rire lorsqu’on les a questionnés sur la livraison de 500 TOW en provenance d’Arabie saoudite, déclarant qu’il s’agissait d’un nombre ridicule comparé à ce qui est réellement disponible. En 2013, l’Arabie saoudite a commandé [à Washington] plus de 13 000 [TOW].” 

(…) À la suite de l’entrée en guerre de la Russie, un ancien conseiller du Pentagone a confirmé au Washington Post que le recours à des partenaires étrangers impliquait le “déni plausible”, ce qui permet de couvrir les opérations de la CIA en Syrie : “Fabriqués par Raytheon, les missiles [TOW] proviennent principalement des stocks du gouvernement saoudien, qui en avait acheté 13,795 en 2013 (…) Puisque les accords de vente nécessitent que l’acheteur informe les États-Unis de leur destination finale, l’approbation [de Washington] est implicite, selon Shahbandar, un ancien conseiller du Pentagone. D’après lui, aucune décision n’est requise de la part de l’administration Obama pour que ce programme puisse continuer. “II n’y a pas besoin d’un feu vert américain. Un feu orange est suffisant”. “Il s’agit d’un [programme] clandestin et il peut techniquement être démenti, mais c’est le propre des guerres par procuration.”” Ainsi, la doctrine du “déni plausible”, qui implique des tierces parties sur lesquelles on peut rejeter la faute, semble expliquer pourquoi le rôle de la CIA et de ses alliés occidentaux dans cette guerre secrète est [à ce point] refoulé, déformé ou minimisé. »

Dans cet article, j’ajoutais que, « [c]ontrairement au mythe de l’“inaction” [militaire] occidentale contre le régime de Bachar el-Assad, la CIA a été massivement impliquée en Syrie, dans le cadre d’une intervention clandestine subventionnée par des budgets classifiés, mais également étrangers. Or, ces financements extérieurs et les milliards de dollars qu’ils mobilisent ne sont pas supervisés par le Congrès US, cette institution n’ayant pas le pouvoir d’exercer son contrôle sur des politiques ou des budgets étrangers. » En se basant sur les déclarations d’un parlementaire états-unien, le New York Times vient de confirmer cette absence de transparence due au recours à des financements étrangers :

« Tandis que l’administration Obama voyait cette coalition comme un argument séduisant pour le Congrès, certains parlementaires, comme le sénateur Ron Wyden – un Démocrate de l’Oregon –, ont demandé pourquoi la CIA avait besoin de l’argent saoudien pour financer cette opération, selon un ancien officiel états-unien. M. Wyden a refusé de répondre à nos questions, mais son équipe a publié une déclaration exigeant une plus grande transparence : “Des hauts responsables ont déclaré que les États-Unis sont en train de renforcer les capacités militaires opérationnelles de l’opposition anti-Assad. Or, les citoyens n’ont pas été informés sur les modalités de cette politique impliquant des agences états-uniennes, ou des partenaires étrangers avec lesquels ces institutions coopèrent.  »  

À l’aune des révélations du New York Times sur l’opération Bois de Platane, et sachant que le soutien de la CIA et de ses alliés en faveur d’al-Qaïda en Syrie est dorénavant de notoriété publique – y compris en France –, il est indispensable que les citoyens occidentaux demandent des comptes à leurs parlementaires. Comme l’avait courageusement dénoncé la parlementaire états-unienne Tulsi Gabbard trois semaines avant les attentats du 13-Novembre, « des armements US vont dans les mains de nos ennemis, al-Qaïda et ces autres groupes, des groupes islamistes extrémistes qui sont nos ennemis jurés. Ce sont des groupes qui nous ont attaqués le 11-Septembre, et nous étions censés chercher à les vaincre, mais pourtant nous les soutenons avec ces armes pour renverser le gouvernement syrien. (…) Je ne veux pas que le gouvernement des États-Unis fournisse des armes à al-Qaïda, à des islamistes extrémistes, à nos ennemis. Je pense que c’est un concept très simple : vous ne pouvez vaincre vos ennemis si, en même temps, vous les armez et vous les aidez ! C’est absolument insensé pour moi. » Il est donc urgent que les puissances occidentales élaborent et mettent en oeuvre des politiques plus rationnelles et pragmatiques afin de lutter efficacement contre le terrorisme, sans quoi cette forêt de « platanes » continuera de s’étendre dangereusement. 

 

Maxime Chaix



33 réactions


  • Clark Kent M de Sourcessure 25 janvier 2016 09:43

    « Timber Cycamore » ne signifie pas« bois de platane », mais « bois de cycomore », la femille du figuier et non pas de l’érable.

    L’érable-cycomore n’est pas un croisement, mais une appellation due à la forme des feuilles.

    • Maxime Chaix Maxime Chaix 25 janvier 2016 10:46

      @M de Sourcessure : Je ne suis pas botaniste, mais « [e]n Amérique du Nord, le nom vernaculaire du genre Platanus est Sycamore (American sycamore, California sycamore, etc.). » https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Sycomore Mes dictionnaires disent la même chose. Dans tous les cas, il va m’être difficile d’obtenir une confirmation de la part de la CIA... J’espère que la suite de l’article vous aura intéressé.


    • tonimarus45 25 janvier 2016 11:44

      @M de Sourcessure
      —l’auteur vous a repondu !!et comme le dit le canard enchaine«  »pan sur le bec«  »,non ????


    • Clark Kent M de Sourcessure 25 janvier 2016 15:14

      @tonimarus45

      Excusez-moi pour cette remarque totalement inutile et insignifiante.
      J’essaierai de m’abstenir à l’avenir, mis des fois, c’est plus fort que moi.
      Comme un tic.

    • trobador 25 janvier 2016 16:35

      @M de Sourcessure

      Ça parait évident que vous avez raison dans votre premier commentaire. Il suffit de voir dans quelles régions du monde poussent les figuiers sycomore : https://fr.wikipedia.org/wiki/Figuier_sycomore


    • Clark Kent M de Sourcessure 25 janvier 2016 17:32

      @trobador

      bien sûr que j’ai raison, 
      mais ce n est pas le sujet, et ça ne sert à rien d’embêter le monde pourça.

    • Maxime Chaix Freedomfighter38 25 janvier 2016 21:02

      @trobador : Les deux traductions étant possibles, et sachant que « Sycamore » est « le nom vernaculaire du genre Platanus » en Amérique du Nord, nous ne pouvons hélas trancher – d’autant plus qu’il va m’être impossible d’obtenir l’avis de la CIA. Je reconnais néanmoins qu’il puisse s’agir d’un « figuier sycomore ». Un détail m’a particulièrement troublé. Selon Wikipédia, « [s]on bois peut servir de combustible et le frottement de deux branches permet d’allumer un feu. » Je vais donc le préciser dans une mise à jour sur mon site, car je doute qu’il soit possible de le faire sur Agoravox. 




       



    • Maxime Chaix Freedomfighter38 25 janvier 2016 23:09

      @M de Sourcessure : Voici ma mise à jour du premier paragraphe : « Un article du New York Times vient de dévoiler le nom de code de la guerre secrète multinationale de la CIA en Syrie : il s’agit de l’opération Timber Sycamore, ce qui peut signifier « Bois de Platane » ou « de Figuier sycomore ». En 1992, les chercheurs syriens Ibrahim Nahal et Adib Rahme avaient publié une étude selon laquelle, « [b]ien que la largeur des cernes soit influencée par les facteurs du milieu, le bois de Platane d’Orient peut être classé parmi les espèces à croissance relativement rapide par rapport au hêtre ou au chêne. » Les groupes rebelles majoritairement jihadistes, qui ont proliféré en Syrie à partir de l’été 2011, pourraient donc être considérés comme des « platanes d’Orient » du fait de leur « croissance rapide » – sans qu’un lien ne soit forcément établi entre le nom de code de cette opération clandestine de la CIA et ce phénomène biologique. Il est également possible que « Sycamore » fasse référence non pas au platane mais au figuier sycomoredont le bois « peut servir de combustible et [dont] le frottement de deux branches permet d’allumer un feu ». » (Source : http://maximechaix.info/?p=1770


  • zygzornifle zygzornifle 25 janvier 2016 09:53

    le guerre est déjà en Europe : ..... https://www.youtube.com/watch?v=44vzMNG2fZc


    • lsga lsga 26 janvier 2016 20:18

      @zygzornifle
      presque. Bientôt, on aura l’opération Lafayette : en cas de victoire des pro-russes en France (Lepen ou autre), la CIA financera une bonne guerre civile dans ce pays qui en a grand besoin. Vivement. 


  • Le p’tit Charles 25 janvier 2016 10:35

    Les USA sont le pire danger pour la planète...


  • leypanou 25 janvier 2016 10:41

    Article très instructif surtout pour ceux qui ne sont pas au courant du double jeu de certains états qui prétendent lutter contre Daesh.

    En attendant, l’inculte en géopolitique ne voit que le musulman qu’il voit dans les rues et se sent mieux protégé par la déchéance de nationalité.


  • Allexandre 25 janvier 2016 13:34

    Tout cela est dans le prolongement bien orchestré de la stratégie américano-sioniste, commencée dans les années 1990 avec la publication du livre-torchon de S. Huntington Le choc des civilisations,   Les sionistes, majoritaires dans le groupe des « néo-cons » depuis 1973, sont devenus les têtes pensantes de la Maison Blanche, qui en fut dépourvue pendant près de 20 ans. Il fallait trouver un nouvel ennemi à l’oncle Sam, et dans le même coup, à Israël. Les musulmans ont fait l’affaire. Tout a été fait pour les déclarer « bouc-émissaires » de l’Occident, en amalgamant à l’envi les termes de musulman et d’islamiste. En Europe, le relai a été largement assuré, en France notamment. Les seuls intellectuels français, ou prétendus tels, ont pour nom, BHL, Finkielkraut, Zemmour, E. Levy et j’en passe. Les intellectuels sans confession ou d’une autre confession brillent par leur absence, à M. Onfray près. La France est devenue un pays antisémite dans lequel l’appartenance juive vous fait courir un grave danger. C’est sûr, qu’un juif se voit mille fois plus qu’un Arabe ou qu’un Noir. Tout ceci est grotesque et cousu de fil d’or par les organisations patentées par Israël et par l’Elysée-Matignon, j’ai parlé de la LICRA et du CRIF, où tous nos élus se précipitent pour se faire houspiller ou pour être écartés s’ils ne sont pas venus. 

    Voilà la démocratie française, le pays de la liberté d’expression et des droits de l’Homme, mais pas pour tous les hommes

  • Doume65 25 janvier 2016 17:50

    Article très intéressant mais cette assertion me trouble :

    « les missiles [TOW] proviennent principalement des stocks du gouvernement saoudien, qui en avait acheté 13,795 en 2013 »

    Comment fait-on pour acheter un 795ème de missile ?


    • Clark Kent M de Sourcessure 25 janvier 2016 18:21

      @Doume65

      on fait des copiés-collés de traducteurs en ligne qui ne tiennent pas compte de l’utilisation différente des séparateurs décimaux dans des pays différents.

    • trobador 25 janvier 2016 20:44

      @M de Sourcessure

      Résoudre les énigmes tout en sachant que ça ne sert à rien ! Vous collez à votre avatar (Philip Marlowe si je ne m’abuse), ça m’a bien fait rire. Merci.


    • Maxime Chaix Freedomfighter38 25 janvier 2016 21:11

      @M de Sourcessure : Copier-coller de l’article original du Washington Post et oubli d’ôter la virgule lors de la traduction. Je n’utilise jamais de traducteur en ligne. 


    • Maxime Chaix Freedomfighter38 25 janvier 2016 21:16

      @Doume65 : Copier-coller de l’article original du Washington Post et oubli d’ôter la virgule lors de la traduction. Merci du compliment ! www.maximechaix.info


    • raymond 26 janvier 2016 15:17

      @Freedomfighter38
      obtenir des missiles c’est bien mais la formation ?


  • franc tireur 25 janvier 2016 19:29

    sur le fait que bandar et faycal aient été si proches des kamikazes du 11 septembre ( financements et aide aux demarches administratives) l agent rossini pense que c est parce qu’ils pensaient pouvoir les retourner et infiltrer al caida . 

    hypothèse vraisembable pour ceux qui connaissent le milieu du renseignement.
    une autre hypothèse voudrait que bandar et faycal soient depuis plus de 30 ans de precieux relais de la géostratégie anglo americaine (depuis l afghanistan en passant par les balkans , la tchétchenie l irak ,la syrie..), impliqués dans l’immense scandale al yamamah ils ont directement accès a l’argent ( des milliards) qui finance les « blacks ops » . la turquie est l’autre pilier régional de cette géostratégie americaine.
    la wishbloweuse sibel emonds avait dailleurs révélé une certaine politique us en asie centrale , a savoir l engagement de mercenaires djihadistes via les services turcs et saoudiens , pour des operations de destabilisation aux portes de la Chine et de la Russie ( ouighours,daguestan etc) , ces deux géants qui contrecarrent les reves d’unipolarité americaine .


  • SPQR audacieux complotiste chasseur de complot stux 25 janvier 2016 19:35

    Article........ Excellent .....5/5....


  • Captain Marlo Fifi Brind_acier 25 janvier 2016 21:06

    Merci à l’auteur pour cette traduction de l’article du New York Times. C’est déjà lui qui avait publié en 2013, la nouvelle carte du Moyen Orient balkanisé, redécoupé pour les besoins des USA et de leurs vassaux.


    L’objectif de tout ce chaos, remis sans doute en question par l’intervention russe, était de découper 5 pays souverains (y compris l’ Arabie Saoudite) en 14 petits califats bien soumis. Et homogènes, les sunnites avec les sunnites, les kurdes avec les kurdes, les chiites avec les chiites, en éliminant au passage les minorités....

    Les USA ont donc fabriqué des mercenaires pour mener des guerres coloniales par procuration, tout en faisant croire qu’ils combattaient le terrorisme. La France n’a pas été en reste, Hollande a reconnu avoir livré des armes aux « gentils égorgeurs modérées », armes qui se sont retrouvées illico chez « les pas modérés du tout »...

    Ce que l’article ne dit pas c’est que le Pentagone n’était pas du tout d’accord.
    Les responsables du Pentagone voulaient combattre Daesh... Ils étaient tellement au courant de ce trafiquait la CIA, et les Saoudiens, qu’ils ont donné des renseignements au Gouvernement syrien pour l’aider à combattre les Islamistes ... « Echanges entre militaires ».

  • zygzornifle zygzornifle 26 janvier 2016 14:52

    le seule chose que les Saouds de financent pas ce sont es élevages de porcs Breton .....


  • JBL1960 JBL1960 27 janvier 2016 13:10

    Cet article est vraiment vraiment intéressant. Beaucoup de blogs le relaye et à raison. Pour ma part, j’ai récemment publié ce billet https://jbl1960blog.wordpress.com/2016/01/24/on-change-rien/ suite à une affirmation de Kerry concernant les liens avec l’Arabie Saoudite et combien rien ne devait changer.
    Je pense sincèrement que le plus troublant vient de la traduction de Vincent Emanuele « Comment j’ai aidé à créer l’EIIL que j’ai intégré dans ce billet ; https://jbl1960blog.wordpress.com/2015/12/27/je-suis-paumee-2/ et que j’avais soumis à l’approbation d’ Emanuele lui-même.
    Les entretiens de J.L. Izambert au sujet de la sortie de son livre »56" son riche d’enseignements aussi, je les ai traité sous l’intitulé Heure H, Point Zéro et Heure H, point zéro la suite sur mon blog. Il est difficile aujourd’hui de prétendre que l’on ne savait pas tout ça, non ? smiley


    • Pyrathome Pyrathome 31 janvier 2016 14:54

      @JBL1960
      Il est difficile aujourd’hui de prétendre que l’on ne savait pas tout ça, non ?
      .
      Et donc à fortiori, nos propres gouvernants, ces gros mythos/schizos patentés.....


  • Qwantix Qwantix 31 janvier 2016 19:29

    Pendant ce temps, notre cher « allié » turc…


    Can Dündar et Erdem Gül deux journalistes turcs, qui ont affirmé dans une série d’articles qu’Ankara arme les militants islamistes en Syrie, sont accusés d’espionnage pour « diffusion de secrets de l’état turc ». Tous deux travaillent pour Cumhuriyet (La République), le plus ancien journal indépendant de Turquie, qui véhicule des opinions laïques de centre-gauche. L’année dernière Dündar, qui est le directeur du journal, et Gül, qui est le chef du bureau d’Ankara, ont publié une série d’articles affirmant que le gouvernement turc fournit une aide militaire secrète aux groupes salafistes et djihadistes de Syrie.


    Dans ces articles, Dündar et Gül ont révélé qu’un convoi de camions a été intercepté en Turquie en route vers la Syrie. Selon les deux journalistes, les camions transportaient de grandes quantités d’armes et de munitions destinées aux rebelles syriens dans le cadre d’une opération secrète menée par l’Organisation Nationale de Renseignement (MIT), la principale agence de renseignement turque. Selon Cumhuriyet le MIT n’avait pas fourni les détails de l’opération à la police turque, qui a arrêté les véhicules, les a fouillé et constaté qu’ils étaient remplis d’armes" et de munitions. Le journal a également publié des séquences vidéo montrant les camions présumés.

    Quand l’histoire fut publiée, elle causa de fortes vagues dans le monde politique turc et contraint le gouvernement du président Recep Tayyip Erdoğan à démentir vigoureusement les accusations du journal. Le porte-parole du gouvernement alla jusqu’ à affirmer que les camions interceptés contenaient de l’aide humanitaire, et non des armes. Plus tard, cependant, les responsables turcs admirent que les camions transportaient des armes, mais qu’elles étaient destinées à la guérilla turkmène opérant en territoire syrien. Le Président Erdoğan, furieux contre Cumhuriyet avertit les journalistes d’investigation du journal qu’ils allaient « payer un prix élevé" pour avoir révélé des secrets d’État.


    Les deux journalistes ont été arrêtés en Novembre 2015 et sont toujours en détention. Mercredi dernier, le procureur de l’État a inculpé Dündar et Gül d’espionnage, de tentative de renversement du gouvernement turc par la force, et de soutien au terrorisme. Fait intéressant, les principaux plaignants dans l’affaire sont président Erdoğan et Hakan Fidan, le directeur du MIT. S’ils sont reconnus coupables, les deux journalistes Cumhuriyet encourent la prison à vie.


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