Pétrole : enfin un spéculateur !
Le gouvernement américain avait créé un organisme spécial pour détecter les spéculateurs éventuels qui auront été à l’origine de l’envolée des prix du pétrole et des matières premières. Cette commission réunissait autour d’un noyau de personnes de la CFTC, Commodity Futures Trading Commission, un certain nombre de spécialistes de différents ministères, de la FTC (Federal Trade Commission), de la SEC, l’AMF américain, de l’Agence gouvernementale de protection des consommateurs, etc. Elle avait pour but d’éclairer les pouvoirs publics dans leur tentative de mettre sur pied une législation qui empêche justement le développement de la spéculation.
Le premier rapport de cette Task Force affirme n’avoir pas vraiment pu trouver trace de spéculations dans les hausses de cours de ces derniers mois. Il faudrait pour cela que l’intervention des supposés "spéculateurs" - considérés comme les intervenants sur le marché des futures pétrolières n’ayant pas l’intention d’accepter de livraisons physique de produits -, ait précédé systématiquement les augmentations de cours du baril. Or, au contraire, la commission a constaté que "la plupart de ces courtiers spéculateurs avaient classiquement modifié leurs positions à la suite des changements de cours" et non pas dans une tentative de manipuler ces cours ou de provoquer leur évolution dans le sens désiré par eux.
Par contre, disent ces experts, l’envolée des cours entre janvier 2003 et juin 2008, reflète directement les facteurs fondamentaux de l’offre et de la demande. L’économie mondiale, ajoute-t-il, a crû à un rythme inégalé depuis plusieurs décennies et cette robuste croissance s’est traduite par des hausses substantielles de la demande particulièrement en provenance des pays émergents. L’offre, en sens inverse, a eu de la peine à s’adapter et compte tenu de l’extrême difficulté de remplacer le pétrole par des produits de substitution, des augmentations très importantes de prix ont eu lieu pour rééquilibrer l’offre et la demande.
Moralité donc, il n’y a pas manipulation des cours, mais évolution normale d’un marché de l’offre et de la demande déséquilibré.
Et puis la Task Force a enfin réussi à en localiser un. Il s’agit d’un Hollandais, Optiver Holding BV, qui aurait pendant onze jours de rang en mars 2007 pratiqué la technique dite du "Frapper à la fermeture" qui consiste à prendre des positions juste avant la clôture du marché et de les couvrir tout de suite après cette clôture. On peut gagner de l’argent comme cela et en l’occurrence les efforts de ce spéculateur se sont traduits par un gain d’1 million de dollars.
Autre moralité : la montagne a accouché d’une souris.
La mission continue vers des marchés d’autres matières premières.