jeudi 31 mai 2012 - par NewsofMarseille

Québec : Mes très chères études

Au Québec, les rues sont pleines d’étudiants en colère. En cause, un projet de loi visant à augmenter les droits de scolarité. En cause également, une loi « matraque » qui vise à stopper le mouvement. On a profité du passage de Québécois sur le campus de Luminy pour qu’ils nous expliquent ce « printemps d’érable ».

Au Québec, les frais d’inscription à l’université sont les moins élevés du Canada. Une année coûte 2 168 dollars canadiens (1 690 €). Le projet de réforme que contestent les étudiants, prévoit d’augmenter ces frais sur 5 ans. Une majoration de 325 dollars canadiens (253 €) par année, pour arriver en 2016-2017 à des droits universitaires de 3 793 dollars canadiens (2 957 €).

D’après le gouvernement, cette somme correspondra à 17% du budget de fonctionnement d’une université tandis qu’en 1968, les étudiants prenaient en charge 26% de ce budget. Une manière de modérer par les statistiques, un projet de réforme qui ne passe pas chez les étudiants.

Le libéralisme à l’épreuve de la rue

Un étudiant, quel que soit le montant des frais d’inscription, doit s’endetter pour étudier si sa famille ne peut en supporter la charge. Cette augmentation, c’est donc, pour les contestataires, un recul social et la financiarisation des étudiants.

Une politique libérale dont la rue ne veut pas. Les opposants reprochent à l’Etat une mauvaise gestion des universités (investissements immobiliers douteux, parachutes dorés, etc.,) que veut cacher la hausse prévue des frais de scolarité.

Et devant l’ampleur et la durée des manifestations, le gouvernement, avec à sa tête Jean Charest, a fait passer la loi 78. Surnommée la « loi matraque », elle restreint les droits de manifestations et a permis aux forces de l’ordre d’arrêter par centaines les étudiants qui défilent.

Carré vert contre carré rouge

Vous l’aurez peut-être remarqué, tous les soutiens et les participants à ce mouvement de contestation portent un petit carré rouge sur la poitrine. Apparu en 2004, lors de la protestation contre une loi sur l’aide sociale, les étudiants l’ont repris à leur compte en ce printemps 2012.

Et si nombreux sont les « carrés rouges », on trouve aussi des « carrés vert ». Des étudiants qui ne soutiennent pas nécessairement le gouvernement mais qui souhaitent la fin de la grève pour pouvoir retourner en cours et terminer leur année après quatre mois de perturbations.

Etudiants et gouvernement à la table des négociations

Depuis plusieurs semaines, le gouvernement faisait la sourde oreille aux revendications. Une situation qui a changé depuis ce lundi 28 mai puisque les responsables des principales associations étudiantes sont en pleine discussion avec les ministres. Une reprise de contact qui n’a pas empêché la police d’arrêter 84 manifestants présents devant le lieu des négociations.

Des négociations qui progressent et qui pourraient aboutir à un accord d’ici la fin de cette semaine. Reste que la question de la « loi matraque » n’est pas au cœur des discussions. La priorité est de trouver une solution sur la hausse des frais de scolarité, qui est à l’origine de ces quatre mois de manifestations.

A Luminy, nous avons rencontré un groupe de Québécois, deux professeurs et deux doctorants, présents pour un séminaire de mathématiques. Et s’ils ne sont pas directement concernés par cette réforme des frais de scolarité, c’est pour les générations futures qu’ils se battent.

Damien Isoard

Retrouvez également notre vidéo sur News of Marseille



2 réactions


  • le journal de personne le journal de personne 31 mai 2012 10:11

    Je fais moi-même mes comptes... mais ce sont toujours des contes de fées...
    Au présent perpétuel...
    Mais il y a toujours quelqu’un pour vous sortie de cette pensée magique... et de vous obliger à poser un pied dans le réel...

    C’est quoi ce vacarme ?
    Ce sont les étudiants canadiens qui hésitent à prendre les armes
     Et pourquoi est-ce qu’ils hésitent ? Parce que les uns prétendent que les carottes sont crues et les autres qu’elles sont cuites. Parmi eux, il y en a qui craignent le bâton, ignorent que c’est le bâton qui les craint... etc...etc...etc...
    Ils cherchent l’entrée... en crise et on n’arrête pas de leur montrer la sortie.
    Ils veulent la guerre et n’ont que faire du moindre traité de paix. La guerre à l’argent, la guerre aux bouffons... la guerre aux puissants. Ils se sont enfin rendus compte... que leur pire ennemi, ce n’est ni l’état dans tous ses états ni tout l’arsenal des lois liberticides mais l’individu... l’individualisme de toutes ces coquilles vides et avides à la solde du modèle américain.
    On me dit : de quoi je me mêle ?
    Il ne s’agit pas là de canada dry mais d’un gin pas tonique qui ne peut pas être digéré par une héritière de mai 68.
    N’empêche que je ne peux m’empêcher de dire, que si j’étais Vous... j’arrêterai toute étude.
    Un atermoiement illimité... Jusqu’à ce que les autorités daignent ouvrir gratuitement les portes de toutes les facultés... à tous ceux qui veulent bien les remplir
    http://www.lejournaldepersonne.com/2012/05/de-quoi-je-me-mele/


  • focalix focalix 31 mai 2012 12:47

    Le problème n’est pas spécial au Québec. Au Chili et au Royaume Uni notamment, les étudiants sont confrontés aux mêmes difficultés. Le phénomène prend une dimension mondiale.

    La logique qui prévalait jusqu’ici voulait que la génération active paie l’éducation de la suivante et les vieux jours de la précédente.
    Engraissée par l’explosion des frais d’études, l’oligarchie bancaire, qui a déjà perdu au poker les retraites des aînés, vient maintenant endetter les jeunes sur leurs ressources futures. Et quelles filières auront la préférence des banquiers ? Celles d’où sortiront les bons cadres aptes à renforcer leur pouvoir.

    Tenus par les couilles, les étudiants seront dans l’impossibilité de protester.
    Voilà comment sera assurée la paix sociale des prochaines décennies.
     
    Ou alors...
    On ne sait pas encore comment seront les révolutions du XXIème siècle, ni si elles seront plus ou moins meurtrières qu’au siècle dernier.
    Une chose est sûre, c’est qu’elles seront différentes, et l’on peut déjà percevoir quelques indices : les soulèvements des peuples arabes, les Indignés, les revendications de plus en plus politiques et de plus en plus radicales des banlieues, Wikileaks, les Anonymous par exemple.


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