vendredi 26 février 2010 - par TSAKADI Komi

Quel avenir pour les coups d’états en Afrique

L’Afrique vient de comptabiliser un énième coup d’Etat perpétré au Niger le 18 février dernier pour mettre fin au régime du Président Mamadou Tandja qui, après deux mandats consécutifs avait tripatouillé la Constitution pour rester au pouvoir. Ce coup d’Etat bien que condamné par la communauté internationale semble avoir été apprécié par la population et l’opposition politique.
 
Loin de moi l’idée de faire l’apologie, de défendre ou de justifier ce coup d’État quoique qualifié de pro-démocratique car ayant pour objectif de créer les conditions de l’essor de la démocratie, je me permets de faire le constat, que malgré l’adoption en juillet 1999, lors de son 35ème sommet à Alger (Algérie) par l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) devenue Union africaine (UA), de la déclaration condamnant l’usage du coup d’État comme mode d’accession de pouvoir en Afrique et les condamnations de la Communauté internationale, on assiste à une résurgence des coups d’Etat et tentatives de coups d’Etat réels et imaginaires ou inventés par certains dirigeants pour mettre en prison des adversaires politiques.
 
Il semble que ce texte et les condamnations de la communauté internationale peinent à mettre fin à la pratique de putsch comme mode de conquête de pouvoir, et que l’Afrique sera, sans nul doute, en proie dans les mois et les années à venir, à un nombre sans cesse croissant de projets de coups d’État, voire des coups d’État réussis. Les signes avant-coureurs sont perceptibles dans bon nombre de pays subsahariens.
 
Tout porte à croire que l’Union africaine et ses partenaires internationaux pourtant engagés dans la prévention des conflits tels que l’Union européenne, les Nations Unies, l’Organisation Internationale de la Francophonie… n’aient pas encore pris l’ampleur de ce phénomène, se contentant à l’annonce de chaque coup d’État ou tentative de coup d’État déjoué, de condamner sans s’attaquer aux causes sous-jacentes, notamment l’opposition muselée, le refus d’alternance, les élections truquées, le tripatouillage des Constitutions pour supprimer la clause de limitation des mandats à deux quinquennats ou pour léguer le pouvoir au fils du président décédé…
 
Cette recrudescence des coups d’État et des tentatives de coup d’État sur notre continent appelle à une réflexion urgente sur le mécanisme d’accession au pouvoir en Afrique. Pour ce faire, tout comme le bannissement des coups d’État, les fraudes électorales, les missions internationales d’observation électorale dévoyées, les tripatouillages des constitutions, la violence électorale … doivent être condamnés et sanctionnés.
 
Au risque de voir se proliférer dans les prochaines années, des coups d’État « libérateurs », pour changer de régime et favoriser l’alternance, les signes annonciateurs (bâillonnement de l’opposition, fraudes électorales, « tripatouillage » des Constitutions…) subsistant dans bon nombre de pays africains, il est impératif de repenser la gestion du pouvoir politique dans nos pays.
 
Il convient de renforcer les capacités des acteurs politiques à animer une vie politique apaisée et démocratique en Afrique, ce qui implique la reconnaissance d’un statut juridique à l’opposition et surtout l’exigence d’élections libres et transparentes pouvant conduire à des alternances démocratiques.
 
L’Union Européenne (UE) doit arrêter d’envoyer des missions d’observation électorale couteuses en Afrique qui ne profitent qu’aux observateurs internationaux, pour privilégier des programmes de renforcement des capacités du gouvernement et de l’opposition à organiser des élections libres et transparentes avec un fichier électoral fiable et des médiations électorales internes pour prévenir les fraudes, la corruption et la violence électorales.
 
A défaut d’élections libres et transparentes permettant de voir se succéder à la tête des institutions solides et pérennes (gouvernement, Parlement, Opposition…) des hommes et des femmes plus inspirés et animés par l’exigence de résultats, proposant des idées nouvelles et performantes pour sortir résolument les populations de la misère, nous assisterons toujours à la multiplication des coups d’État et des projets de coups d’État contre les dirigeants africains dont la mauvaise gouvernance et le refus de l’alternance cristallisent nombre de critiques.
 
 
Komi TSAKADI
 
 
 
 
 


9 réactions


  • finael finael 26 février 2010 18:30

    - S’il n’y avait pas tant de coups d’états et de rébellions en Afrique, à qui vendrions-nous des armes ?

    - Je remarque, et c’est tout à votre honneur - que vous ne parlez pas des multiples ressources de ce continent convoitées par des pays non africains (occidentaux, orientaux ... suivez mon regard). Mais ne serait-ce pas là aussi une cause de toute cette violence ?


  • ZEN ZEN 26 février 2010 18:44

    @ L’auteur
    Vous raisonnez comme si les dirigeants de nombre de pays africains ne subissaient pas des pressions économiques puissantes, voire ne dépendaient pas parfois du bon vouloir de puissances étrangères
    L’intérêt que suscite l’uranium n’est-il pour rien dans le coup d’Etat au Niger ?
    J’aimerais savoir
    Que dire de la RDC, soumise au pillage de nombreuses multinationales ?
    On peut aussi s’interroger sur le pouvoir au Gabon, tant chéri par les pétroliers français...
    Je ne parlerai pas de la Chine, qui joue sa petite partition, comme le suggère finael


  • Reinette Reinette 26 février 2010 22:13


    d’accord avec Finael et Zen

    l’Afrique, continent le plus pillé par des institutions internationales... aidées par les hommes corrompus au pouvoir smiley


    Un ouvrage sévère
    « Afrique, pillage à huis clos », quand le pétrôle africain finance le monde occidental ; l’auteur Xavier Harel, dénonce le régime congolais. « Non seulement le pays est mis à sac par un clan familial sans scrupule, mais ce dernier le fait avec la bénédiction de Paris ».

    Journaliste au quotidien économique la Tribune, l’auteur décrit les mécanismes mis en place par le régime du président Denis Sassou Nguesso, avec l’aide de traders occidentaux, pour détourner l’argent du pétrole au profit de son clan.

    et aussi IMPORTANT : Pointes de flèches, bifaces, statuettes en terre cuite... Le trafic de ces témoins de l’histoire africaine ne cesse d’augmenter. Des archéologues réunis à Nouakchott sonnent l’alarme
    http://www.liberation.fr/week-end/010197431-afrique-sos-pillages


    • Reinette Reinette 26 février 2010 23:06


      Etant contre toute ingérance, je me refuse donc à donner des conseils aux Africains

      mais je « souhaiterai » que les peuples africains élisent _ de préférence _ des femmes ou/et des hommes ayant un véritable programme et une réelle volonté de développement pour leurs pays... surtout en ce qui concerne l’éducation scolaire ; et bien sûr en passant des « contrats » avec d’autres pays qui respecteraient les valeurs culturelles et d’entraides des Africains

      Un Jésus noir fait scandale en Italie  smiley smiley
      http://www.africamaat.com/Un-Jesus-noir-fait-scandale-en


  • Wynan Wynan 27 février 2010 04:06

    Je me demande bien si la démocratie telle qu’on l’entend dans le monde occidental est applicable en Afrique, car c’est le fruit d’un très long processus.

    Les peuples africains sont passés d’une organisation en Empires féodaux avant la colonisation, à des états pseudo démocratiques dans les années 1960. Et quoi qu’on en dise, la colonisation n’avait pas pour objectif d’exporter le modèle politique occidental qu’est la démocratie, je me demande donc si les états africains ne sont pas encore trop jeunes pour une démocratie effective.


  • Alpaco 27 février 2010 05:32

    Je viens de lire deux commentaires en mode « bisounours land », probablement forgés par notre passé de colonisateur esclavagiste non assumé.
    Depuis la décolonisation, des gouvernements illégitimes pour la plupart son maintenus au pouvoir en échange de contrats d’exploitation des matières premières. Au travers d’accords de défense bidons, pour valider la légitimité de gouvernements fantoches, qui on ont largement montré leur unique démarche d’enrichissement personnel au travers de leur incompétence à gérer réellement les intérêts de leur pays.

    que signifie :« L’Union Européenne (UE) doit arrêter d’envoyer des missions d’observation électorale couteuses en Afrique qui ne profitent qu’aux observateurs internationaux, pour privilégier des programmes de renforcement des capacités du gouvernement et de l’opposition à organiser des élections libres et transparentes avec un fichier électoral fiable et des médiations électorales internes pour prévenir les fraudes, la corruption et la violence électorales. » ?

    Cela signifie que l’on valide au travers de mission d’observation à la con, des élections truquées afin d’assurer les contrats avec les gouvernements pastiches. Et cela en opposition totale aux règles de démocratie que nous appliquons chez nous.

    Comme précisé par ZEN, l’afrique est la proie des interets des multinationales, US et Chinoises qui cherchent à reprendre le leadership économique sur les anciens colonisateurs (nous européens).

    « Etant contre toute ingérance, je me refuse donc à donner des conseils aux Africains ».
    Etant pour le droit des peuples à choisir son destin, j’encourage nos frères africains à resister et comme l’auteur de cet article à dénoncer les abus des gouvernements dans l’esprit de l’article 35 de la déclaration des droits l’homme de 1793 :

    « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. »

    L’auteur à raison de faire preuve de mesure dans son discours, nous ne sommes semble-t-il pas tous prêt à faire avancer l’histoire.


  • Mohammed MADJOUR (Dit Arezki MADJOUR) Mohammed MADJOUR 27 février 2010 11:11

    Un coup d’Etat militaire a le mérite de démontrer que l’institution de « DEFENSE NATIONALE » n’est pas noyée totalement dans la merde de la corruption politicienne !

    J’avais félicité les auteurs du coup d’Etat en Maurétanie parce que les « civils » qui étaient au pouvoir n’avaient ni la conscience, ni la compétence, ni la volonté de développer leur pays !

    J’ENCOURAGE TOUS LES PAYS D’AFRIQUE où somnolent les irresponsables, les corrompus, les apprentis dictateurs, les fossoyeurs, les incompétents et les régimes soumis aux néocolons... A NETTOYER LEURS ETATS, LEURS GOUVERNEMENTS ET L’ENSEMBLE DE LEURS INSTITUTIONS PAR LES MOYENS LES MOYENS LES PLUS EFFICACES ET A RENOUER RAPIDEMENT AVEC LES COMPORTEMENTS INDIVIDUELS ET COLLECTIFS ACCEPTABLES : LE RESPECT DES LOIS PAR TOUS !

    Un pays où les lois sociales ne valent rien ne peut rien construire, il restera éternellement à la disposition des pays intelligents...

    Mohammed MADJOUR.


  • Mohammed MADJOUR (Dit Arezki MADJOUR) Mohammed MADJOUR 27 février 2010 17:22

    @Reinette (xxx.xxx.xxx.83) 27 février 13:07

    Rainette préfère peut-être la douillette ambiance de l’esclavage avec un puissant OMNIPRESENT dominant une populace de petits SUJETS ?

     Rainette, Beurkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkk !

    Mohammed MADJOUR.


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